Chapitre quinze : Destinée

Lord Voldemort se mouvait avec une aisance déconcertante malgré sa grande taille. Il parvenait à éviter les attaques des trois garçons réunis sans se faire toucher à aucun moment. Will pestait tandis qu'il se jetait de nouveau dans la mêlée, son poignard à la main, le bras tendu devant attendant le moment du choc. Voldemort lui tournait le dos. C'était le moment ou jamais. Il se rua, courut si vite que son cœur cognait dans sa poitrine si fort qu'il le sentait se heurter contre ses côtes. Alors le couteau s'enfonça dans le corps décharné de l'homme. Il le retira, frappa de nouveau de toutes ses forces, encore et encore. La cape du sorcier se teintait peu à peu de rouge, couleur de son sang qui se répandait en abondance. Le corps de Voldemort sembla alors s'affaisser peu à peu tandis que sa propre vue se voilait, mue par une force inconnue, ses paupières se fermait. Soudain, Will sentit une vive douleur dans son dos. Il sentait Kirjava lui planter ses griffes dans le dos, au plus profonds de sa chair qu'il pouvait atteindre.

-Will, réveille toi, ce n'est pas le moment de dormir.

Will secoua la tête. Son regard retrouva toute sa clarté et Will vit devant lui l'homme, debout, un sourire aux lèvres.

-Tu t'agitais dans tout les sens sans raison, dit Kirjava, tandis que Will et Harry se faisait frapper.

Will regarda autour de lui. Harry, la lèvre inférieure en sang, semblait épuisé, tandis que l'autre Will gisait inanimé sur le sol dur de la vaste pièce. Il se donna une gifle et reparti au combat.

- Mon hypnose est déjà terminé, ricana Voldemort. Je savais que tu tiendrais face à mes images...

Il chassa Harry d'un revers de sa baguette et ce dernier tomba à son tour au sol, le souffle coupé, envoyé balader par un éclair rouge.

-Ton couteau est intéressant. Donne le moi.

Will serra le manche en bois de rose plus fort que jamais. Voldemort approchait, la main tendue. Il pouvait lire dans les yeux du garçon une détermination infinie, mais aussi la peur. Will, lui, voyait dans le regard de l'homme un manque d'humanité et une cruauté terrible.

-Non, dit celui-ci.

Voldemort approcha encore un peu, plus menaçant.

-Donne le moi !

-Jamais.

Alors Voldemort se rua sur le jeune homme et celui-ci tendit le bras par réflexe. La lame du poignard s'enfonça dans la chair de l'homme et disparut entièrement dans les replis de sa cape. Il eut un hoquet, un dernier soubresaut, et il tomba au sol. Will serra le poignard et l'essuya d'un geste sur son pantalon de toile, puis il se tourna vers Harry.

-Voila, c'est terminé.

Harry resta coit.

-Ben quoi ? Tu n'es pas d'accord ?

-C'est trop facile.

-Trop facile ? Tu rigoles ? Regarde tout nos amis. On est les derniers debout !

Will sentait la colère monter en lui, mais elle fut soufflé par un courant d'air glacé qui le traversa et lui glaça les entrailles. Suivant ce souffle, il vit que Will s'était relevé et brandissait sa baguette.

-W...Will ?

-Vous attendez quoi ? Regarde derrière toi, idiot !

Will se retourna lentement, et son regard rencontra une robe de couleur noire, un trou à hauteur de l'estomac.

-Coucou, dit la voix glacée de Voldemort. Je suis encore là !

Son sourire s'effaça et il saisit le bras de Will et le tordit avec une force que le garçon ne soupçonnait pas.

-Ca m'a fait presque mal tu sais, mon petit Will !

Avec un craquement sec, Will sentit les os de son bras se briser comme du bois mort sous la poigne de cet homme. Il serra les dents mais ne put retenir un gémissement de douleur.

-Ca fait mal ? dit il avec une inquiétude feinte.

Il relâcha Will qui s'effondra en tenant son bras. En un éclair, Pantalaimon se rua sur l'homme et le projeta au sol.

-Pan... ? murmura-t-il

Il savait qu'un homme touchant le daemon d'une autre personne était interdit, et pourtant Pan venait de se jeter sur l'homme. Il se tourna vers Lyra et vit qu'elle luttait contre une nausée qui l'envahissait peu à peu.

-Pourquoi.... Commença-t-il.

-Parce que ce n'est pas un homme, expliqua Lyra.

Elle jetait des regards furtifs dans toutes les directions, comme si elle cherchait quelque chose.

-Regarde.

Elle désignait le combat dans son dos. Pantalaimon la martre mordait sauvagement le chat noir qu'ils avaient vu en entrant.

-Qu'est ce que....

Le chat se débattait frénétiquement et il parvint enfin à s'échapper des mâchoires du daemon, puis il le griffa de toutes ses forces, le forçant à reculer. Will chercha Kirjava du regard et le trouva au sol, blessé. Dans la fureur du combat, il avait prit la douleur physique de son daemon pour la sienne et n'avait rien remarqué. Il se rua sur lui et le prit dans ses bras.

-Ca va Kir ?

-J'ai la patte arrière gauche cassée. Je ne peux pas vous aider désolé. Lyra poussa soudain un gémissement et elle s'effondra, alors que Pan s'évanouissait sous les attaques incessantes de Destinée. Will ne pouvait se résoudre à laisser Kir tout seul. Il se sentait responsable de ce qui lui arrivait. Dans un éclair de lumière blanche passa soudain un daemon que Will reconnut comme celui de Will. Le daemon, dont la fourrure reflétait la lumière, se heurta aux attaques du chat. Il arborair une forme de loup impressionnant, dont les crocs luisaient à la lumière du soleil. Les babines retroussées, il claquait des dents en directions du chat qui jouait des griffes. Le loup frappa le chat de son poitrail musclé et le renversa. Il repartit à l'attaque en sens inverse et ses mâchoires se refermèrent sur le cou de l'animal, devenu poupée de chiffon entre les mâchoires puissantes de son adversaire. Padeant secouait à présent le chat dans tout les sens, lui arrachant poils, peau et chair, répandant un peu de sang dans toutes les directions.

-Arrête !!!!

La voix de la Mort s'était élevée, claire et pure, mais il y perçait la douleur et la peur. Padeant se retourna vers Will qui acquiesça. Il desserra alors son étreinte et laissa retomber le corps du chat, grièvement blessé. Entre temps, le corps de Voldemort s'était volatilisé et Will s'en aperçut à cet instant seulement.

-Maintenant tu vas nous expliquer, dit Lyra avec force.

C'était plus un ordre qu'une demande. La Mort acquiesça en sanglotant et commença son récit d'une voix faible.

-Je suis désolée de vous avoir fait subir tout ça !!! Je n'avais pas le choix. Vous savez que votre destinée à tous était de détruire la Destinée. Et bien pour se faire, vous deviez lutter contre ce chat, et par la même occasion contre moi. Mais vous deviez agir sans en avoir conscience. C'est pourquoi j'ai inventé cette histoire de sorcier qui voyage dans les mondes. Cet homme existe vraiment, mais il ignore tout de ce qui se passe ici.

-Alors qui est cet homme qui est apparu tout à l'heure et contre qui nous avons lutté ? demanda Will.

-Ce n'était pas un homme, seulement une illusion très consistante. Elle devait vous conduire ici et vous faire accomplir votre destinée.

-Depuis tout à l'heure vous parlait de ça, mais qu'elle est notre destiné bon sang ? s'écria Lyra.

La Mort laissa échapper un soupir de faiblesse.

-Tu n'as pas deviné ? Vous deviez vaincre Destinée.

-Ce chat ? C'était ça notre destiné ! dit Lyra avec ironie.

-Ne t'y trompe pas, ce chat, comme tu dis, était en fait une puissante magie, qui m'emprisonnait ici, sur cette terre maudite. Sans elle, je peux enfin partir pour me reposer et rejoindre les autres morts dans les atomes de la terre entière, dans tout les univers.

Un ultime soubresaut eut raison d'elle et son corps se désintégra eu à peu, comme de la poussière soufflée par du vent.

-Merci.

Tel un murmure, cette phrase resta suspendu dans l'air immobile de la pièce.

-Je ne peux pas croire que ce chat était une « puissante magie » ! C'est impossible voyons, railla Lyra.

-En tout cas, il semblerait que la Mort soit définitivement disparu, ajouta Harry.

-Non je ne crois pas.

Tous se tournèrent vers Will et Padeant. Le daemon reniflait le corps du chat qui bougeait encore.

-Il n'est pas mort ? demanda Lyra.

Le chat eut un sursaut et il parla soudain d'une voix grave et rauque, à la surprise de tous, comme s'il avait perdu l'usage de la parole depuis longtemps et venait de le retrouver.

-Non, pas encore. Bientôt. Pour tout vous dire... je ne suis pas Destinée. Je suis l'âme de la mort, son daemon en quelque sorte.

Il marqua une pause.

-Vous avez uniquement libéré son esprit. J'ai autrefois était extirpé de son corps et placé dans ce corps par une puissante magie. Seuls les Elus pouvaient nous sauver en me délivrant. Mais pour cela, nous devions renier la vie et le Destin. Alors nous vous avons forcé la main, désolé.

Avec un soupir de soulagement, il expira et disparut, comme soufflé comme une bougie, laissant les jeunes gens dans le plus profond désarroi.