Disclaimer : les  personnages et les lieux que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent malheureusement pas (merci à JKR pour son oeuvre ! ) Mais l'histoire, et tout ce que vous ne reconnaissez pas, vient de ma petite tête bouillonnante!! Bonne lecture...



Chapitre 2 : sorciers, cracmols et molbus


(A/N : non, non, il n'y a pas de faute de frappe. J'ai écrit "molbus" intentionnellement...)


Elle cessa de courir après plusieurs minutes. Le sable était déjà brûlant, bien qu'il ne soit encore que huit heures. Après une telle course dans le sable, ses jambes ne pouvaient plus la porter. Elle s'écroula au pied d'une dune, bouleversée, pleurant tout ce qu'il lui restait de larmes.

"_ Pourquoi moi ? POURQUOI MOI ? hurla-t-elle.

Mais elle ne pleurait pas à cause de cette école. Ce qui le rendait si triste, c'était l'attitude de son père. Pourquoi ne réagissait-il jamais comme un père normal ?

Elle entendit hululement joyeux du hibou auprès d'elle. Elle leva la tête. Il semblait l'avoir suivi sur la plage, avec le formulaire dans le bec, qu'il déposa auprès d'elle. Elle trouvait ça plutôt drôle, de la part d'un oiseau. Elle lui sourit et tendit la main vers lui. Il s'approcha et se laissa vers gratouiller la tête.

_ Tu es bizarre pour une chouette… Dans ton monde, tous les hiboux sont des facteurs ?

L'oiseau hulula de satisfaction sous l'effet des caresses.

_ Bon, je suppose que tu es pressé. Il va falloir que je m'y colle, puisque je n'ai pas le choix ! dit-elle en souriant.

Elle déplia le formulaire. C'était un feuillet de plusieurs pages.

_ Il va me falloir des heures pour tout remplir…

Le hibou s'installa près d'elle, comme pour la seconder dans sa tâche.

Max s'assit en tailleur sur le sable et déplia le formulaire sur ses genoux.


Formulaire d'inscription au collège Poudlard


Note préliminaire : le dépouilleur étant conçu pour ne fonctionner qu'avec une encre spéciale, nous vous remercions de bien vouloir remplir les pages suivantes à l'aide de la plume ci-jointe.


Max fouilla dans l'enveloppe en parchemin et en retira un petite plume d'oie grise. Surprise, elle gribouilla sur un coin de l'enveloppe, pour vérifier que cette méthode fonctionnait.

_ Bizarre, murmura-t-elle pour elle-même. Est-ce qu'on écrit toujours avec des plumes d'oiseaux là-bas ?

L'oiseau ne répondit pas, sa contentant de l'observer avec ses grands yeux fixes.


NOM : GREY

Prénoms : Maxine Hana

Date et lieu de naissance : 1er avril 1964

Nom et prénom du père : GREY Paul Jean


Elle s'arrêta soudain sur les trois petites cases à cocher, à côté des noms des parents. Au-dessus de l'une d'elles, elle lut la mention : Sorcier ; au-dessus de la suivant : Cracmol ; et, au-dessus de la dernière : Moldu.

_ Cracmol ? Molbu ? C'est quoi ça, encore ?

Elle se tourna vers le hibou, s'attendant presque à le voir répondre. Mais il ne broncha pas.

_ Tu es d'une aide précieuse… lui lança-t-elle ironiquement. Bon, je verrai ça plus tard…

Elle lut la ligne suivante et eut un pincement au cœur :


Nom et prénoms de la mère :


D'une plume timide, elle écrivit : ALCEA Gabriele Hana

Puis, d'une main plus ferme, elle cocha la case portant la mention Sorcier.

La suite indiquait ceci :


Si vos deux parents sont Moldus, merci de passer directement à la page 3.


_ Je ne sais pas trop ce que c'est que ça "Molbu"… Je vais quand même remplir la suite. Au cas où.


Si vos parents sont sorciers, préciser la période à laquelle vos parents ont suivi leurs études, leur école, ainsi que la maison dans laquelle ils ont été affectés :

Père :

Mère :


Max barra la ligne d'un trait en diagonale. Pour sa mère, elle n'en savait rien. A vrai dire, elle ne connaissait vraiment rien d'elle. Elle se souvenait simplement qu'elle est très gentille, vraiment belle et qu'elle chantait très bien. Le reste… Il valait mieux ne pas s'en souvenir…

Elle n'eut pas longtemps à se demander ce qu'elle pourrait bien y mettre. Alors qu'elle réfléchissait, la plume se déroba sous ses doigts et se mit à écrire d'elle-même :


Mère : Gabriele ALCEA, collège Poudlard, 1941 à 1948, Gryffondor.


Max avait eu un mouvement de recul lorsque la plume s'était mise à bouger. Mais quand elle la vit écrire les informations qu'elle ignorait sur sa mère, elle se pencha sur le formulaire et ouvrit de grands yeux.

Quand elle eut terminé, la plume retomba au bord du papier, comme s'il ne s'était rien passé. Max la regarda avec des yeux ronds et dit tout haut :

_ Comment tu sais tout ça, toi ?

Évidemment, la plume ne broncha.

_ Je deviens complètement folle, songea-t-elle. Je fais la conversation à une chouette qui m'apporte une lettre sans queue ni tête, et maintenant, je parle à une plume qui écrit toute seule ! Ou ce monde est vraiment bizarre, ou c'est moi qui disjoncte !

Pourtant les mots étaient bel et bien là, sur le formulaire, devant elle.

_ Peut-être qu'ils peuvent jeter des sorts pour que les objets pensent à notre place… Ca doit être drôlement pratique pour les examens !

Elle hésita un instant, regardant la plume de travers, puis elle la saisit brutalement, comme si elle avait peur qu'elle ne s'envole. Mais c'était redevenu un objet inanimé. L'oiseau hulula joyeusement.

_ C'est pas la peine de te moquer de moi ! J'aimerais bien te voir à ma place…

Elle avait pris son ton fâché, mais le hibou ne sembla pas s'en émouvoir le moins du monde. Si Max n'avait pas été si sceptique, elle aurait juré qu'il lui souriait. Inconsciemment, elle lui rendit ce pseudo-sourire. Elle se demandait si les hiboux-facteurs portaient des prénoms dans le monde des sorciers. Tout devait certainement être très différent du monde qu'elle connaissait. Soudain, elle prit conscience qu'elle ne connaissait absolument rien de cet univers.

_ Je vais avoir l'air d'une idiote, si je débarque là-bas en touriste…pensa-t-elle. Il faudra que je demande à Papa s'il connaît des trucs.

La dispute du matin lui revint à l'esprit, mais elle coupa tout de suite cours à ses réflexions.

_ Je verrai ça plus tard. Qu'est-ce qu'ils me demandent ensuite ? "


Lorsqu'il avait vu le sang sur le bras de sa fille, Paul s'était immédiatement calmé. C'était la première fois qu'il la frappait. Depuis des années, depuis la disparition brutale de sa femme, il s'était souvent demandé comment il réagirait le jour où il faudrait lui annoncer qui elle était et ce qui l'attendait. Il avait imaginé de nombreux scénarios ; mais la violence n'en faisait pas partie.

Max claqua brutalement la porte. Il s'en voulait amèrement, tenta de la retenir. Mais il la connaissait. Elle s'emportait tellement facilement… Tout le contraire de sa mère. A croire qu'elle faisait tout pour ne pas lui ressembler. Mais le destin la rattrapait, inévitablement. Comme la magie… Elle ne pourrait pas éternellement échapper à ce monde. C'était déjà un miracle de l'avoir tenue à l'abri pendant 6 ans…

Voyant le sang qui s'était répandu sur le sol, il prit une éponge et entreprit de faire disparaître les traces de son accès. Il s'inquiétait, mais pas pour Max. Il ne s'était jamais vraiment inquiété pour elle. Elle était toujours si réfléchie, si raisonnable, si sage. A part ces crises de colères et ses petits caprices, c'était une enfant sans aucun problème. Enfin… Le problème, c'était qu'à 10 ans, elle n'était déjà plus vraiment une enfant. La faute à qui ?

Il n'eut pas le temps de se lamenter sur son lamentable instinct paternel, car quelqu'un frappa à la porte de la cuisine. Instinctivement, elle pensa que Max avait fini de bouder, mais cela semblait un peu tôt. A voir sa mine furieuse quand elle était sortie, il lui faudrait facilement 2 heures pour se calmer.

Il leva la tête vers le visiteur et sursauta lorsqu'il découvrit son identité. Rapidement, il jeta l'éponge rougie dans l'évier. C'était le moment où jamais de montrer (ou plutôt de faire croire) qu'il était à la hauteur de son rôle de tuteur.

"_ Greg ?!

Le visiteur sourit. C'était un grand homme, plutôt bien bâti, avec des cheveux blonds coupés courts, un visage aimable. Rien de bien dangereux s'il n'y avait eu ce dernier détail : il portait une robe de sorcier.

_ Bonjour, Paul, dit-il, l'air de rien.

_ Euh… Bonjour…

Le dénommé Greg était resté dans l'encadrement de la porte et semblait attendre qu'on l'invite à entrer. Paul était très troublé et l'idée ne paraissait l'effleurer.

_ Puis-je entrer ? demanda-t-il, toujours aussi poliment.

Paul fit un effort surhumain pour retrouver sa contenance et répondit, sur un ton nettement moins poli.

_ Oui. Tu ne t'es pas gêné pour entrer dans la maison…

_ Je suis désolé de passer ici à l'improviste, surtout après tout ce temps, mais…

_ A l'improviste ? Façon de  parler… Je m'attendais assez à te voir débarquer ici avec un tas de trucs…

_ Je ne suis pas armé, si c'est ce qui t'inquiète ! répondit Greg mi-amusé, mi-agacé. Alors, Max a eu sa lettre ? Tu l'as lue aussi ?

_ Évidemment !

Ce Greg l'avait toujours fait tourner en bourrique. Apparemment, presque 6 ans de séparation ne l'avait pas changé.

_ Et ? demanda l'intrus.

_ Et quoi ? Comment tu crois que j'ai réagi ? Vous venez me prendre la dernière personne qu'il me reste !

_ Elle ne t'appartient pas, Paul.

_ A vous non plus.

_ Nous voulons juste la protéger.

_ Ouais…lança-t-il, d'un air plus que sceptique. Comment Gabriele…

_ C'était un accident, tu le sais très bien !

Silence.

_ Et Max, comment l'a-t-elle pris ?

_ Bien.

_ Oh… Ca explique sans doute pourquoi je l'ai vu s'enfuir en pleurant…

_ Elle est surprise, mais elle est forte. Elle s'y fera.

_ Et toi ?

_ J'ai le choix, peut-être ?

_ Oui.

Paul, intéressé, tendit l'oreille sans laisser paraître. Mais, voyant que l'autre ne poursuivait pas, il enchaîna :

_ Explique !

_ Si tu es capable de t'occuper de Max, d'assurer sa protection, etc…Et de prouver tout ça, bien sûr… Tu peux la garder.

Paul eut un rire très faux.

_ Je ne peux ni prouver tout ça, ni même le faire… Tu le sais bien.

_ Dans ce cas…

Encore un silence. Décidément, c'était le jour !

Paul hésita, puis continua :

_ Comment sais-tu que c'était aujourd'hui ?

_ Je travaille là-bas.

_ Tu veux dire : dans cette école ?

Greg hocha la tête et ne put s'empêcher de sourire en voyant l'expression soulagée de son hôte.

_ Comme ça, je pourrais m'occuper d'elle.

_ Bon courage ! s'exclama Paul, près à se laisser aller.

_ Elle est si terrible que ça ? Tu m'inquiètes…

C'était faux, bien sûr, mais il fallait essayer n'importe quoi pour mettre Paul en confiance et orienter la conversation sur Gabriele.

_ Elle n'est quand même pas aussi turbulente que sa mère à son âge ? demanda-t-il d'un ton léger.

Paul ne répondit pas et ravala son esquisse de sourire. La discussion en venait à son point sensible. Pour ce qui est de la confiance, c'était visiblement raté… Paul n'était peut-être qu'un Moldu, mais c'était un Moldu rusé et bien informé.

_ Dis-moi simplement ce que je suis obligé de savoir, poursuivit Paul, les yeux toujours baissés.

_ Toujours aussi téméraire… ne put s'empêcher de penser Greg.

_ Tu sais tout, ajouta-t-il. Il n'y a rien de bien en plus.

_ Rien de bien ? Dis plutôt que ça a empir

_ C'est vrai. Tu as des infos ?

_ Non. Mais pour que tu viennes chercher Max avec un an d'avance, ça doit être assez grave.

Après un silence, Greg continua :

_ Oui, c'est grave. C'est presque l'anarchie, tout le monde vit dans la crainte. Pour le peu qui vivent encore…

_ Et tu crois vraiment que Max sera plus en sécurité dans ce monde ?

_ Ils se fichent de savoir dans quel monde elle vit ! Quand ils décideront qu'ils ont besoin d'elle, ils ne se préoccuperont pas de ça et se débrouilleront pour la trouver… Alors, il vaudra mieux qu'il y ait des gens compétents pour la protéger.

_ Compétents ?

L'humeur sinusoïdale de Paul remontait dans les notes tendues. Il fallait le détendre, le mettre en confiance.

_ Tu sais ce que je veux dire ! Tu es sans doute un bon père, mais maintenant, il lui faut plus que ça. Il faut qu'elle apprenne la magie, pour se défendre elle-même.

_ Je sais. Je suis résigné.

Paul leva enfin les yeux vers son beau-frère et demanda :

_ Quand ? "


Max détourna les yeux du petit hibou qui lissait ses plumes et s'obligea à se tourner vers le formulaire. Il avait beau être "magique", ce fichu papier d'inscription était aussi ennuyeux que n'importe quel papier d'inscription…

"_ Et puis zut ! Papa saura mieux que moi…

Elle ne pensait plus vraiment à la dispute du matin. Ils avaient l'habitude, même si aujourd'hui, c'était vraiment particulier. D'habitude, elle culpabilisait d'être aussi irritable ; aujourd'hui, elle continuait à en vouloir à son père. Mais elle était assez sage pour savoir qu'il valait mieux se taire et faire semblant de rien, plutôt que de crier en vain. C'était juste que, parfois, elle avait du mal à se contrôler…

Elle trouverait bien un moyen d'en savoir plus avant de partir.

Elle se leva et siffla pour attirer l'attention du hibou.

_ Tu viens ? On s'en va.

Obéissant, l'oiseau vint se poser sur son bras. Max réprima une grimace de douleur quand les serres s'enfoncèrent dans son bras.

Elle marcha lentement vers la maison, la tête toujours aussi pleine de questions. Soudainement, elle regarda dans  l'enveloppe si elle n'avait pas oublié un papier. Mais, non, il n'y avait rien de plus.

_ C'est où Poudlard ? demanda-t-elle à la chouette.

A l'entente du nom de son employeur, l'oiseau émit un petit bruit de joie.

_ Ca m'avance beaucoup… J'espère au moins que ce n'est pas trop loin. Je suis sûre que tonton Frankie ne saura pas s'occuper de Papa comme il faut…

Lorsqu'elle parvint au perron de la maison, elle fut saisie d'une légère appréhension. Mais elle prit une profonde inspiration et un air de grande indifférence, et pénétra dans l'antre.

Elle fut surprise d'entendre une voix d'homme qu'elle ne connaissait pas. Elle se fit alors la plus discrète possible, comme quand elle jouait au détective, dans la cour de l'école. Elle se glissa subrepticement le long du couloir et tendit l'oreille vers la cuisine. En collant bien son œil, elle pourrait peut-être voir qui c'était.

_ Salut Max !

Découverte… Elle ferait un bien piètre détective.

Elle leva la tête vers l'homme. Encore un des ces bonhommes de l'assistance sociale ? Mais soudain,  elle le reconnut.

_ Bonjour, oncle Greg, dit-elle simplement, cherchant son père du coin de l'œil.

C'était bien la dernière personne qu'elle s'était attendue à voir, celui-là. Ca faisait des années qu'elle ne l'avait pas vu. C'était même étrange qu'elle s'en souvienne encore…

Son père souriait. C'était de plus en plus bizarre. En général, ce genre de blagues était réservé au 1er avril, le jour de son anniversaire.

Profitant du contexte, la chouette quitta l'épaule de Max et entra dans la cuisine.

_ Tu te souviens de moi ? C'est super !

Max ne voyait pas vraiment en quoi ça pouvait bien être "super", mais elle se força à sourire. Le regard de son oncle loucha sur l'enveloppe qu'elle portait à la main. Il l'avait vue, elle ne pouvait plus la cacher, elle allait être obligée de mentir, alors qu'elle détestait ça.

_ Tu as fini de remplir ton formulaire d'inscription à Poudlard ? demanda-t-il.

Max écarquilla les yeux. Comment savait-il ? Son père avait sous-entendu qu'in valait mieux évité d'en parler… Devant son air ébahi, Greg éclata de rire. Il se recula dans la lumière de la cuisine pour la laisser entrer. Elle s'aperçut alors qu'il portait une drôle de robe, comme celle de Mickey dans le dessin animé "L'Apprenti Sorcier", mais plus sombre. Ca expliquait beaucoup de choses…

_ Ne t'inquiètes pas, je suis au courant ! Je travaille à Poudlard. C'est moi qui t'ai fait envoyer la lettre.

Là, le soupçon s'imposait. Un oncle dont on était sans nouvelles depuis des années, qui refait surface pour l'envoyer dans une prétendue école de Magie contre son gré, dans un accoutrement digne du Carnaval, et le tout embrumé de mystères. C'était digne d'un roman…

Son oncle la prit par les épaules.

_ Allez, viens. On va parler…