Disclaimer : les personnages et les lieux que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent malheureusement pas (merci à JKR pour son oeuvre ! ) Mais l'histoire, et tout ce que vous ne reconnaissez pas, vient de ma petite tête bouillonnante!! Bonne lecture...


Ce chapitre est dédié à mon parrain, qui s'est envolé le 29 octobre 2003, ainsi qu'à tous ceux qui nous ont quitté, toujours trop tôt...

Chapitre 19 : dire adieu

Max se demanda où on l'amenait. Elle ne se souvenait pas d'avoir fait quelque chose d'interdit, ou d'avoir une note vraiment exécrable...

Après quelques minutes, elle reconnut le chemin : elle allait vers le bureau de Dumbledore. Elle suivit les trois adultes dans l'escalier de pierre. La dernière fois, la pièce et son environnement ne lui avaient pas paru aussi sinistres.

" Assieds-toi, Miss Grey."

Dumbledore avait un petit sourire triste, très différent de son sourire habituel.

Max s'exécuta. La sensation de malaise grandissait de manière très inquiétante en elle.

" Qu'est-ce qui passe ? Qu'est-ce que j'ai fait ? demanda-t-elle timidement."

Le sourire du directeur s'effaça un peu plus. Greg baissa les yeux au sol.

" Tu n'as rien fait du tout, Miss Grey. Mais, malheureusement... Nous avons une mauvaise nouvelle à t'annoncer..."

Ma réfléchit à toute vitesse. Il n'y avait rien dans sa vie qui pouvait aller mal. Sauf... Son père...

" Papa ? gémit-elle."

Dumbledore avait complètement perdu son petit sourire. Max sut qu'elle avait raison.

" Papa ? répéta-t-elle."

Greg passa son bras autour des épaules de sa nièce.

" Je suis vraiment désolé, Max..."

""" """ """

Les flammes vertes, à peine visible à travers les larmes qui ne cessaient de couler le long de ses joues...

Les cahots du transport, à peine perceptibles entre les sanglots qui la secouaient...

L'atterrissage dans une rue déserte et grise.

Le voyage dans le métro bondé, des minutes interminables à se sentir compressée entre les vies bruyantes et égoïstes des passagers. Ils ne savaient pas, eux...

Un hôpital moldu lugubre, toujours aussi comble, avec les allées et venues incessantes des médecins débordés et des patients exigeants. Pour elle, rien n'était plus pressé. C'était déjà trop tard...

Un long couloir sombre, désert, sans aucun bruit, nu, désolé. Ici, les patients n'avaient plus un mot à dire...

Les évènements qui suivirent l'entrevue dans le bureau de Dumbledore passèrent sans que Max les remarquât. Elle était ailleurs. Elle ne voulait plus jamais se retrouver dans ce monde qui la faisait tant souffrir.

Un médecin en blouse blanche les mena vers une haute table. Il observa les deux visiteurs d'un oeil attristé.

" Il était trop affaibli. Nous n'avons rien pu faire..."

Après un silence embarrassé, il poursuivit :

" Je vous laisse seuls quelques minutes. Si vous avez besoin de moi, je suis juste à côté..."

Il souleva légèrement le drap et s'éloigna.

Un cri avorta dans la gorge de Max. Le médecin moldu se retourna et soupira tristement. Pauvre gamine...

Pas une seule fois le mot "mort" n'avait été prononcé. Malgré elle, Max avait continué à penser que ce n'était pas si grave que les visages tournés vers elle le laissaient croire. Peut-être que son père avait eu un accident de voiture et était blessé ? Peut-être qu'il était simplement malade ?

Mais, non. Au lieu de cela, il dormait. Les yeux clos, le visage pâle, les cheveux en bataille, une ombre naissante sur les joues, il dormait.

Max voulut tendre la main pour le réveiller, mais son oncle la retint.

" Il faut le réveiller, dit Max avec une toute petite voix. Il fait froid ici..."

Des larmes brillantes perlèrent au bord des yeux de Greg. Était-elle donc tellement digne de pitié ?

Elle regarda son père endormi. Soudain, quelque chose lui heurta l'esprit. Il ne bougeait pas. Pas du tout. Il n'y avait pas le léger tressaillement du sommeil. Pas même le mouvement répétitif de sa cage thoracique.

" Il ne respire plus..."

Greg resserra son bras autour d'elle.

" Il ne respire plus..."

" Sortons, Max."

Il la força à reculer.

" Non ! s'écria-t-elle. Non ! Je ne veux pas le laisser tout seul..."

Max se raccrochait à un infime espoir auquel elle ne parvenait même pas à croire.

" C'est fini, Max. On ne peut plus rien."

Ces mots lui fendaient le coeur. Il aurait voulu que cela se passe autrement. Mais il fallait qu'elle soit confrontée à la réalité. Ce ne serait pas la dernière fois.

" Viens."

" NON !"

Son cri perçant retentit dans la pièce. Cela aurait dû réveiller son père... Mais plus rien ne pouvait désormais le réveiller.

Alors, la sensation de malaise s'envola d'un coup, et Max fondit en larmes.

""" """ """

Lorsqu'elle réussit enfin à rouvrir les yeux, elle était assise sur un banc, dans le grand parc verdoyant de Poudlard.

" Ca va mieux ?"

Elle leva les yeux vers son oncle. Comment pouvait-elle aller bien ? Elle n'avait plus de mère, ni de frères. Et aujourd'hui, elle venait de perdre son père...

" Tiens..."

Il lui tendait un gros morceau de chocolat, qu'elle refusa d'un geste.

" Mange-le. Ca te fera du bien."

Elle prit le chocolat par réflexe mais attendit quelques secondes avant de le porter à sa bouche. Son oncle était bien capable d'avoir ensorcelé le chocolat pour qu'elle se sente moins triste. Mais elle n'avait pas la moindre envie qu'on lui vienne en aide ou qu'on la prenne en pitié. Elle voulait juste qu'on la laisse seule avec sa souffrance.

Elle se força quand même à manger le chocolat. Presque aussitôt, elle se sentit plus légère. Pas plus joyeuse, simplement moins préoccupée. Elle ne se demandait plus ce qu'elle allait faire à présent. Elle se laissait simplement aller. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort...

""" """ """

Il n'y a personne. Pratiquement personne.

Ni famille, ni amis. Juste moi, Greg, mes grands-parents, Dumbledore. Que fait-il là ?

Personne.

Personne pour dire adieu. Personne pour voir le cercueil descendre dans la terre.

Dire adieu.

Adieu.

""" """ """

" Miss Grey, s'il vous plaît..."

Max s'arrêta dans son élan puis recula de quelques pas pour laisser sortir les autres élèves. Elle détestait ça. Elle détestait quand un prof la retenait à la fin du cours.

Depuis une semaine, c'était tous les jours comme ça. Flitwick l'avait regardée de ses yeux humides. McGonagall avait eu une moue désolée. Onirus paraissait toujours gêné devant elle. Hellébore soupirait sans cesse avec un air de pitié. Warjan lui parlait constamment avec une voix profondément affectée.

Seuls Binns et Lygaeus ne semblaient pas prendre en compte l'évènement. Binns, étant déjà mort depuis longtemps, n'était plus préoccupé par celle des autres. Quant à Lygaeus... Il restait égal à lui même, froid, distant.

C'était les seuls repères que Max conservait depuis l'enterrement. Les seules marques qui lui permettaient de retrouver une continuité dans sa vie. Comme il y avait eu avant et après "autrefois", il y aurait avant et après la mort de son père. Sa vie était déjà scindée en différentes parties, et elle n'avait que onze ans. Elle n'avait que onze ans et elle était déjà vieille.

L'indifférence apparente de certains de ses professeurs lui apparaissait comme une bouée de sauvetage. Tout n'avait pas été complètement bouleversé. Tout n'allait pas brusquement changer parce qu'elle, une gamine insignifiante, avait perdu le dernier parent qu'il lui restait. La vie devait continuer, malgré la mort, la douleur et le malheur.

Mais quand Lygaeus la retint à la fin du cours, cet après-midi là, elle comprit que ses derniers repères s'envolaient. Elle aurait voulu partir, fuir la vérité, simplement se retrouver dans un univers où rien ne changeait, où tout était constant, à jamais.

" Je voudrais vous dire un mot, reprit le professeur de sa voix neutre."

Rien, ni dans le ton qu'il employait, ni dans son apparence, ne laissait voir un quelconque sentiment.

Ce n'était pas dans ses habitudes de retenir un élève après les cours "pour lui dire un mot". Ca n'arrivait que quand l'élève avait de sérieuse difficulté en Défense Contre les Forces du Mal, ou qu'il allait recevoir une retenue. Max ne rentrait dans aucune de ses catégories. Mais, peut-être qu'il avait aussi "un mot à dire" aux élèves qui venaient de perdre leur père ?

Max leva son visage vers lui, sans un mot. Ses yeux étaient secs d'avoir trop pleuré.

" Compte tenu des... circonstances... poursuivit Lygaeus."

Compte tenu de la mort prématuré de mon père... pensa Max.

" Vous êtes dispensée du devoir que j'ai donné à faire pour lundi."

J'ai le droit de ne rien faire afin d'avoir tout le loisir de penser à ce que j'ai perdu...

" Si vous le souhaitez, bien sûr."

Car les professeurs et vous même croyez que c'est ce qu'il y a de mieux pour que je récupère, quoi que j'en pense...

Silence. Les yeux dans les yeux. Soutenir le regard étrange de Lygaeus était une épreuve dont aucun élève n'était encore sortit vainqueur. Mais aucun d'eux non plus n'était orphelin à onze ans.

" Merci, répondit Max d'un ton sec, sans baisser les yeux. Je n'ai pas besoin de privilège. Je vous rendrai ce devoir lundi."

Imperturbable, le professeur se remit à classer des papiers.

" Comme vous voudrez."

Nouveau silence. Max restait plantée devant le bureau, attendant qu'on lui dise de se retirer.

" Vous pouvez..."

" Je n'ai pas besoin de votre pitié ! hurla-t-elle."

Les portes des salles de classe avaient beau être épaisses, tout le monde, dans le couloir adjacent, avait dû l'entendre.

Une lueur fugitive passa dans l'oeil bleu de Lygaeus. Cet homme était-il donc capable de sentiments ?

" Je n'ai pas besoin de votre pitié... répéta Max, plus bas."

La lueur ne réapparut pas. Le professeur était blindé, armé contre toute tentative d'examen psychologique. Ou bien il n'avait aucun coeur, ou bien il avait un moyen pour dévier ses sentiments vers un substitut.

" Je n'éprouve aucune pitié pour vous, Maxine."

Max sursauta. Personne ne l'appelait jamais "Maxine", d'habitude. Même ses parents, lorsqu'ils devaient la réprimander, ne l'appelaient jamais comme ça. Pourtant, c'était déjà la deuxième fois qu'il la nommait ainsi, depuis le début de l'année.

" Seulement de la compassion."

Quelle différence ? se demanda-t-elle.

" Cherchez dans un dictionnaire. Au revoir."

Et il quitta la pièce, la laissant seule.

""" """ """

Quelle différence ?

""" """ """

Plus que quelques jours avant les vacances. Les examens venaient de se terminer, au grand soulagement de tous les élèves.

" Une chocogrenouille, Max ?"

Max refusa poliment la proposition de Linn. Cette dernière la regarda avec des petits yeux tristes. Max commençait à en avoir par dessus la tête de cette pitié. Ou de cette "compassion". Franchement, elle ne voyait pas la différence. Enfin, au moins, Lygaeus ne lui avait plus reparlé en particulier depuis ce jour là.

" Ca va ?"

Séléné aussi avait l'air de s'inquiéter pour elle. En ait, tout le monde avait l'air de s'inquiéter pour elle, alors que tout ce qu'elle voulait, c'était qu'on la laisse tranquille.

Max hocha la tête en se forçant à sourire.

" J'ai chaud, répondit-elle. Je vais prendre l'air sur le balcon."

Le balcon qui reliait les différents dortoirs des filles de Serdaigle était désert à cette heure de la soirée. La brise nocturne la rafraîchit un peu.

Elle avait vraiment chaud, et pourtant, elle tremblait. C'était le même genre de sensation que... Encore un mauvais présage ?

Elle passa la main sur son front. Il lui parut brûlant. Elle avait pros l'habitude de rester tard en plein air. Elle avait peut-être attrapé froid ?

Tant pis... C'était toujours mieux que de devoir supporter la pitié (ou la compassion) des autres.

La cime des arbres brillait à la lumière vive de la pleine lune. Max se demanda s'il y avait des loups-garou dans la Forêt Interdite. Mais, non, Dumbledore ne devait pas être assez stupide pour laisser ses élèves aussi près de créatures dangereuses...

Un courant d'air la fit frissonner. Il faisait étrangement froid pour un mois de juin.

" On va se coucher, Max... Tu viens ?"

Alyce avait passé la tête par l'entrebâillement de la fenêtre.

" Non, je reste encore un peu. Je ne suis pas fatiguée pour l'instant."

" OK. Mais ne reste pas trop longtemps ou tu vas tomber malade..."

Alyce eut un faible sourire d'encouragement. Max n'en éprouva que du dégoût. C'était gentil de la part de ses amis et de tout son entourage, de la soutenir dans cette épreuve. Mais plus ils se sentaient triste pour eux, pour elle était triste, elle aussi. Ils ne se rendaient pas compte qu'ils lui faisaient plus de mal que de bien...

Un oiseau, un rapace sans doute, tournoyait au dessus du parc. Max eut l'impression qu'il la fixait un instant. Ses yeux avaient quelque chose de curieusement familier. Comme si...

Un miaulement interrompit ses pensées.

" Némésis... Qu'est-ce que tu fais là ? Tu vas attraper froid..."

Le chat répondit par un nouveau miaulement sonore.

" Oui, je sais, moi aussi je dois rentrer... Attends encore un peu, ma belle."

Le chat sauta sur le rebord du balcon et suivit l'oiseau de ses brillants yeux bleu nuit.

" T'as vu, Némésis, il a les yeux de la même couleur que toi, on dirait..."

Elle caressa le chat entre les épaules. Némésis se mit à ronronner bruyamment. C'était le seul être vivant de son entourage proche qui ne semblait pas affecté par la mort de son père. C'était aussi son dernier cadeau...

Après quelques minutes, le chaton commença à mordiller la main de sa maîtresse.

" D'accord, d'accord, on rentre..."

Max jeta un dernier coup d'oeil avant de refermer la fenêtre du dortoir. L'oiseau avait disparu.

Elle déposa le chat sur son lit. Les autres filles semblaient dormir à poings fermés. Elle commença à se déshabiller, mais un bout de papier qui rainait sur le sol attira son attention. C'était une feuille de papier à lettres.

" Je n'ai même pas pu lui écrire une dernière fois... murmura-t-elle."

Elle avait envie de pleurer, mais les larmes ne venaient plus.

Elle se pencha pour ramasser la feuille volante. Elle ne l'avait pas encore atteinte, lorsqu'une violente douleur lui transperça le crâne. Elle se retint de crier et tomba à genoux par terre, la tête entre les mains.

Il faisait beaucoup trop chaud dans cette pièce. Comment les autres pouvaient-elles réussir à dormir par une telle chaleur ?

Son front était inondé de sueur, ses cheveux collaient à ses mains, qu'elles tenaient serrées autour de son crâne.

Puis la douleur parut se calmer. Max se releva. La tête lui tournait. Elle avait chaud mais était parcourue de frissons glacés. Et chaque parcelle de sa peau la brûlait.

Sa vue se brouillait peu à peu.

Némésis miaula d'un air interrogateur.

Max voulut appeler Alyce pour la réveiller, mais sa voix s'étrangla dans sa gorge sèche et aucun son n'en sortit.

Elle s'assit sur le bord de son lit, attendant que le malaise passe. Mais après quelques minutes, son état ne s'était pas amélioré. Elle avait dû attraper un bon coup de froid.

Elle se leva prudemment et sortit du dortoir en se tenant aux murs. Il lui fallut plusieurs longues minutes pour atteindre le bas de l'escalier. Elle n'aurait certainement pas la force d'aller jusqu'à l'infirmerie à pied. Il valait prévenir Onirus qu'elle était malade. Elle tira de toutes ses forces sur le cordon bleu qu'on lui avait montré le jour de la rentrée. C'était la première fois qu'elle l'utilisait.

Puis, à bout de forces, elle se laissa glissa à même le sol.

Lorsque Onirus arriva dans la salle commune par la cheminée, il trouva Max affalée par terre, ne parvenant même plus à ouvrir les yeux.

""" """ """

A bientôt pour le tout dernier chapitre...

Thaele Ellia