CHAPITRE 24.

Ils restèrent quelques secondes sans voix, fixant au loin le château avec étonnement. Fatigués par la tournure imprévue des événements, ils tentèrent de reprendre leur souffle. Bill sentit sous ses pieds une eau tiède bouillonnante , il avait perdu ses bottes pendant le voyage, ainsi que son sac.

« Bon, et bien on a plus qu'à nager jusqu'au rivage » affirma-t-il, se mettant à nager énergiquement en direction de la rive.

« Ca va pas ? il y a au moins 3 miles qui nous séparent du rivage! On mourra bien avant d'atteindre le château ! Bill, on est des sorciers, on a qu'a transplaner ! »

Bill, s'arrêta dans sa brasse, et se retourna vers Tonks

« Histoire de Poudlard : On ne peut pas transplaner dans l'enceinte du territoire .»

« Ne me dis rien... Préfet ? »

« Préfet en chef même ! » dit il avec un entrain méconnaissable.

La jeune fille soupira longuement, et se mit à nager derrière lui avec difficulté.

Ils mirent une demi-heure à regagner la côte, le souffle court et les jambes sclérosées .

Arrivés sur le bord du lac ; ils se laissèrent tous deux tomber sur l'herbe accueillante du parc et s'y reposèrent un peu. Allongé sur le ventre, Bill se tourna vers le château où il aperçut deux silhouettes se détacher dans un massif de fleurs. La première était longue et élancée, tandis que la seconde était plus replette et agitée. Bill, son courage à deux mains, se releva et décida de marcher vers le château. Il tendit une main à Tonks pour l'aider à se relever, visiblement plus exténuée que lui après tant d'efforts. Tout doucement, ils s'approchèrent du massif, où les deux personnes étaient en pleine conversation.

« Albus, arrêtez de remuer cette terre ! Poussez vous, laissez moi faire, donnez moi cette pioche . »

« Vous savez professeur Chourave, je n'aurais jamais penser que jardiner était un tel labeur. Vous devez avoir des muscles d'acier. »

« Oui, c'est vrai ma foi. Allez y, touchez mon bras. »

« Non, je n'oserais pas... »

« Si si , allez y !»

« Je vous assure, non... »

« TOUCHEZ MON BRAS ! ! ! ! »

« Ah oui, effectivement , c'est ... impressionnant ! »

« Donnez moi donc ce bulbe Albus , je vous prie. »

« Vous savez ? J'ai toujours pensé que la jardineraie de Poudlard manquait d'exotisme. Que diriez vous si je faisais venir quelques graines de palmiers ? Histoire d'égayer un peu ... »

Le professeur Dumbledore restait songeur, appuyé sur sa bêche , alors que Madame Chourave, qui ne semblait pas l'écouter, plantait grossièrement les bulbes dans la terre.

Tonks et Bill, épiaient avec timidité la conversation , leurs têtes sortant des herbes hautes, tels des prédateurs.

Dumbledore leva les yeux et se tourna vers sa compatriote.

« Professeur, je crois que nous avons manifestement de la visite. A moins que vous ayez planté, sans m'en avertir 2 jeunes pousses de sorciers. Bill, Nymphadora , sortez donc de ce buisson, avant que celui-ci ne vous fasse du mal. »

Comme des enfants fautifs, ils s'extirpèrent l'un après l'autre du massif , et adressèrent au professeur Chourave un salut de la main. Celle-ci s'empressa de pester contre eux, les accusant de piétiner ses plates bandes. Le professeur Dumbledore, manifestement d'humeur joyeuse, leur serra la main.

« Je vois que vous avez pris la voie des eaux. Vous êtes trempés ! Venez donc vous sécher dans le château. Professeur, cela vous dérange si je vous laisse terminer seule le reste du travail ? »

Madame Chourave ne leva pas les yeux, elle lui fit signe de la main de partir, et replongea dans son compost.

Dumbledore, Bill, et Tonks, marchèrent en silence jusqu'à l'école, montèrent les escaliers et arrivèrent dans le bureau du directeur.

Bill s'assit dans un gros fauteuil de velours sans dire un mot, Dumbledore ferma la porte derrière lui.

« Personne ne vous a suivi ? » demanda-t-il, le ton plus grave et ferme que quelques instants auparavant.

Tonks et Bill échangèrent un regard interrogateur, et firent non d'un signe de tête.

« Bien, dans ce cas, nous n'avons pas de doute à avoir. Je devrais faire surveiller le lac plus sérieusement, pour ne pas avoir de problèmes. »

« Professeur ? Comment se fait-il que nous ayons atterri à Poudlard ? Nous étions a Gringotts lorsque... » interrogea Bill.

Tonks regarda Dumbledore, les yeux écarquillés :

« Un réseau de communication aquatique ! »

Le directeur, assis derrière son immense bureau, acquiesça .

« Exactement Nymphadora. Il existe plusieurs réseaux de communication comme vous le savez. Il se trouve que l'un d'entre eux consiste à relier les lacs et étendues d'eaux de lieux sorciers. Gringotts est relié à Poudlard, qui est également connecté à la Bulgarie par le biais de l'école Durmstrang, ainsi qu'au Ministère de la Magie. Malheureusement, ce moyen de communication est beaucoup moins fiable que les tableaux, miroirs et cheminées . Ce qui explique votre arrivée incongrue ici. »

« Mais comment avez vous ...»

« ...découvert l'existence de ce réseau ? » ajouta le vieil homme semblant lire dans les pensées de Bill. « Eh bien cela s'est passé il y a quelques années déjà. Phineas Nigellus, alors directeur de Poudlard, eut la surprise de découvrir un matin , 5 gobelins morts flottant à la surface de l'eau. Les pauvres s'étaient noyés dans la nuit après avoir atterri accidentellement dans le lac. Apres expertise, on a découvert que Gringotts communiquait avec l'école. Bien sur, nul n'est capable d'expliquer ce phénomène, et peu de personnes connaissent le procédé. Malgré tout, je vais demander aux êtres de l'eau de monter la garde à l'entrée du lac, pour ne pas que ce genre d'événement ne se reproduise à nouveau. »

Tonks, assise confortablement aux cotés de Bill, se frottait le menton, l'air songeur.

« Vous pensez que des personnes indésirables pourraient s'infiltrer dans le château ? » demanda-t-elle.

« Je ne veux pas porter de conclusion hâtive, mais je redoute une attaque probable d'un des lieux concernés par ce réseau de communication » continua Dumbledore. « La fontaine de la fraternité , située dans le Ministère est aussi connectée au réseau. »

Bill semblait enfin comprendre .

« C'est pour cela que je dois étudier les plans souterrains du Ministère ? »

Dumbledore le regarda longuement, derrière ses lunettes demi lunes.

« Oui, exactement. Bill , tu dois surveiller de plus près la liaison entre la banque et le Ministère. Je n'ai pas peur des gobelins, mais plutôt de certaines personnes qui pourraient emprunter ce passage. » Le regard du directeur s'attarda sur la jeune fille. « Nymphadora, tu as trouvé un moyen pour éloigner l'oncle et la tante de Harry demain soir ? »

« Je pensais à un salon gastronomique , un congrès moldu sur l'automobile... » Toujours assise dans son fauteuil, elle tourna la tête vers la fenêtre du bureau, apercevant ainsi le professeur Chourave en train de jardiner au loin. « Ou alors... Un concours ? Le concours du plus beau jardin de moldus ! » affirma t-elle fière de sa trouvaille.

Dumbledore se leva de son fauteuil, et claqua dans ses mains.

« Bien, tout est dit dans ce cas ! Restez donc ce soir dormir ici, l'école est presque vide. Je dois retourner au square Grimmaurd pour une réunion, mais j'expliquerai aux autres le motif de votre absence. Installez vous chez les griffondor , je vais demander à un elfe de maison de vous préparer deux chambres pour ce soir. »

« Merci professeur , mais ne vous dérangez pas pour nous .» répliqua Tonks .

« Oui, nous aviserons ... » ajouta Bill très gêné.

Dumbledore les salua , les raccompagna à la porte de son bureau et s'enferma seul dans la pièce.

Bill et Tonks redescendirent les marches , gagnèrent la salle commune de Gryffondor et s'arretèrent face au tableau de la grosse dame .

« Tonks ? tu connais le mot de passe ? »

« Non...Comment on fait ? On retourne voir Dumbledore ? »

« Impossible, il doit être parti désormais. »

« Bon, et bien on va trouver un endroit où dormir ce soir. »

« Impossible, on n'a pas le droit de faire ça, c'est contraire au règlement. »

« Bill, ca fait 6 ans que tu n'es plus préfet... »