CHAPITRE 5 bis.
«
Je vais me faire tuer , je vais me faire tuer...Elles sont trop
petites ces chaussures. Pffff Je suis mal là...Il va me tuer
,je suis très très mal. Hmpfff faut que je m'arrête,
point de coté. Tiens, j'avais jamais remarqué cette
statue ... Dans quoi j'ai marché ? Allez, j' y
retourne...Roh mais je vais dire quoi comme excuse ? J'ai trop
mangé moi, je cours comme un vieillard .Aille ! Pardon
Monsieur, je suis désolée, je ne vous avais pas vu ! Un
accident de balai ? Non, j'ai déjà donné cette
excuse la semaine dernière...Quand j'y repense d'ailleurs...
Bonjour ! Ma carte d'auror ? Hmm attendez je vais la retrouver.
Vous pouvez me tenir ça ? C'est bizarre, j'étais
persuadée de l'avoir mise dans ma poche hier...Attendez,
peut être dans l'autre poche...Tiens, je pensais l'avoir
perdu ce machin .Eric, je vous en supplie ,faites moi une fleur, vous
me reconnaissez ? Le Ministre va me tuer, je suis en retard pour la
réunion. Merci Eric, vous êtes un ange ! Je vous
revaudrai ca ! Quelle foule ici .Il est vraiment vilain ce gobelin.
Ah non, c'est pas un gobelin, c'est un enfant. Il est mignon
votre bébé ! Allez dépêche toi sale
ascenseur . Mais c'est pas possible, le monde est contre moi ce
matin. Pom Pom Pom , toujours la même musique. C'est fou
cette chaleur . Mais de toute façon, que voulez-vous, il n'y
a plus de saison. Mon lacet est défait. Oui, c'est bien
votre fesse dans mon visage Perkins ! C'est joli ça , c'est
du coton ? Pardon madame, votre balai me chatouille la jambe. Ah ? Ce
n'est pas un balai ? Mais c'est répugnant votre animal !
Vous avez un permis pour avoir ça en Angleterre ? !Allez au
quatrième étage, au département de contrôle
et de régulation des créatures magiques .Si vous ne le
faites pas, je n'hésiterai pas à vous dénoncer.
Ah, niveau 2, je descends ici. Poussez vous s'il vous plaît.
Tiens, t'as changé de coiffure toi ? Ca te va bien ! Pardon,
pardon, excusez moi , laissez moi passer. Rohhh je vais me faire
tuer. C'est fou, je cours vite quand même ! Je demanderai à
Kingsley de me chronométrer un jour. J'y suis presque, pfff
il va me tuer... »
« Hum, hum »
«
Oh non...Il ne me manquait plus que ça... »
Tonks
s'arrêta dans sa course effrénée. La sueur
perlait sur son front, ses côtes se soulevaient difficilement
.Elle connaissait d'avance sa sentence.
Elle se retourna
lentement telle une condamnée ,vers une femme habillée
tout de rose tenant à la main un calepin. Tonks se gratta le
front avec gêne tandis que la femme écrivait
frénétiquement dans son carnet.
« Dolorès
! quelle joie de vous voir !» dit la jeune fille d'un ton
faux tout en essayant de réguler sa respiration.
«
Mademoiselle Tonks, je pense que vous et moi avons un réel
problème. » répondit Dolorès Umbridge
d'une voix mielleuse et condescendante.
« Un problème
? »
« Vous arrive-t-il d'être ponctuelle ? Je
pense que nous allons devoir faire un tableau de présence au
Ministère pour surveiller les retards . Note à moi-même
: Ecrire un décret sur ce sujet...» murmura-t-elle, une
lueur malsaine luisant dans le regard.
« Je vais...faire un
effort, promis. Maintenant, excusez moi, j'ai du trav... »
«
Et puis nous avons à parler de votre tenue .» ajouta
Umbridge sans se soucier de ce que Tonks tentait de lui dire.
«
Ma tenue ? Quel est le problème avec mes vêtements? Vous
n'aimez pas les Bizzar'sisters ?»
« Je vous
rappelle que vous êtes employée du Ministère,
vous vous devez de venir travailler dans une tenue disons...moins
négligée. Groupe de musique ou pas. »
«
Allons, Vous n'aimez pas bouger votre petit corps sur de la musique
endiablée ? » demanda-t-elle en mimant des pas de danse
ridicules.
Umbridge la fixait en souriant, grattant d'avantage
dans son calepin. Elle ne semblait pas comprendre ce qu'on lui
disait et continuait à sourire bêtement. Tonks baissa
les bras et se passa la main dans les cheveux
«
Manifestement pas... Oui, mais vous savez Dolorès, c'est
assez dur de pratiquer le métier d'auror en chaussures à
talons. » ajouta Tonks vexée. « Maintenant,
veuillez m'excuser, mais vous m'avez mise en retard pour ma
réunion avec Mr Fudge. » termina-t-elle en tournant le
dos à Umbridge et recommença à courir dans les
couloirs de l'étage.
Le département ne lui
avait jamais semblé aussi vaste , au bout de quelques minutes
douloureuses pour sa capacité pulmonaire ,Tonks atteignit
enfin la salle de conférence du Ministère. Elle ouvrit
la porte discrètement.
Des flashs d'appareils photo lui
agressèrent la rétine .Elle contourna la foule de
journalistes et rejoignit sur le bord de l'estrade le groupe
d'aurors .Cornelius Fudge , derrière un grand bureau
semblait submergé par les questions des chroniqueurs. Les
employés et les aurors restaient passivement en retrait sans
ne rien dire. Le retard de Tonks ne gêna nullement l'assemblée.
Quelques heures supplémentaires dans son lit n'auraient pas
nuit au bon déroulement de la conférence que le
ministre dirigeait d'une main de fer. Elle se posta comme à
l'accoutumée près de Kingsley qui suivait intensément
le déroulement des opérations.
« Sujet du jour
? » lui demanda-t-elle à voix basse.
« Ton
renvoi du Ministère pour cause de retards injustifiés.
»répondit Kingsley sur le ton de la conversation.
«
Très drôle...C'est pas toi qui vient de te coltiner le
discours moralisateur d'Umbridge après avoir couru un
marathon. »
« Bien fait va. » ajouta-t-il en
montrant du doigt un homme assis au premier rang de l'hémicycle.
« Vous. Allez y, posez votre question. »
L'homme
désigné se leva , tout le monde se tût.
«
Brian Saucester, Hibou International. Monsieur le Ministre,
pensez vous que les gobelins se joignent à la prochaine
confédération sorcière de la fin du mois ? »
Cornelius Fudge le regarda un instant et fouilla dans ses
nombreux parchemins disposés sur son pupitre.
« Et
bien, voyez vous Monsieur...Saucester, j'ai bien peur que les
gobelins et le Ministère ne puissent encore une fois trouver
un accord stable concernant leur statut au sein de notre communauté.
»
Kingsley désigna une petite femme trapue au
troisième rang de l'amphithéâtre.
«
May Tubbler, du Sorcerer's Week. Mais Monsieur le ministre,
ne craigniez-vous pas ainsi ,déclencher chez la population
gobeline un regain de protestation comme a pu le connaître le
pays aux siècles précédents ? »
Fudge
pâlit aux mots de la journaliste et plongea à nouveau
dans ses fiches.
« Mrs Tubbler , il en a toujours été
ainsi. Les hommes se chargent de la direction du pays, et les
gobelins se contentent du reste. C'est élémentaire
!»
Tonks sursauta aux dires du ministre et sortît
de son demi-sommeil.
Kingsley se passa la main sur le visage.
«
C'est pas vrai...Mais qu'est ce qu'il a fait ce co... »
En un instant, une explosion de contestations retentit
.L'assemblée se souleva, les journalistes abondèrent
de questions, les flashs crépitèrent. Les paroles du
Ministre provoquèrent un esclandre général,
certains crièrent à l'injustice tandis que Fudge
bouche-bée, regardait ses compatriotes ,l'air paniqué.
«
Mais qu'ai je dit de mal ? » leur souffla-t-il les yeux
écarquillés.
Kingsley prit Tonks par le coude.
«
On évacue. On va arrêter le massacre pendant qu'il est
encore temps. »
L'auror monta sur l'estrade près
du ministre et fit de grands gestes de ses bras.
« Mesdames
et Messieurs, la conférence s'achève, veuillez sortir
en silence . Le ministre ne répondra plus à aucune
question. »
La salle hua de plus belle , des papiers
volèrent en tout sens en direction de Fudge qui restait
désarmé derrière Shacklebot.
Tonks courut
vers les portes de la grande salle qu'elle ouvrit rapidement. Elle
demanda aux journalistes de quitter la pièce. Certains ne se
laissèrent pas faire et tentèrent de revenir à
la charge.
« Le plus mauvais ministre que le monde magique
ait jamais connu ! »
« Une honte ! Un jour noir pour
la déclaration des droits des créatures magiques ! »
«
Le petit théâtre de la cruauté ! »
«
Oui à l'indépendance des gobelins ! Non à la
suprématie des bureaucrates ! » cria un homme qui
déchira la Gazette des sorciers .
Tonks courait à
nouveau, mais cette fois-ci pour retenir la foule éparpillée
et dissipée.
« Messieurs, je vous en prie, veuillez
quitter la pièce ! » implora-t-elle , tentant de retenir
un homme faisant le double de son poids. « Dawlish, donne moi
un coup de main ! » demanda-t-elle en s'égosillant à
un auror qui malmenait brutalement et sans raison une
journaliste.
Il fallut 15 minutes pour rétablir la
situation catastrophique de la conférence. Fudge se retira
dans son bureau, laissant la besogne aux aurors surchargés.
Lorsque
tous les journalistes eurent quittés la pièce, Tonks et
son acolyte s'assirent sur l'estrade, contemplant avec désolation
la grande porte close.
Elle nettoya avec peine une griffure sur
son bras.
« Elle m'a fait ca avec sa plume .» dit
elle en grimaçant à la vue du sang. « On aurait
du les laisser faire, les laisser se ruer sur Fudge. »ajouta-t-elle
en posant son front sur ses genoux.
Kingsley fixait toujours la
porte, les mains jointes et une expression de dépit se lisant
sur ses traits.
« On aurait pu...Mais on ne peut pas. C'est
dur à dire, mais travailler pour Fudge, c'est mettre en
berne toutes ses convictions et ses idéaux. On se doit de
s'écraser face à lui. »
Tonks releva la
tête, la marque du tissu de son pantalon striant son front, les
joues rougies par la colère.
« Mais on peut pas
cautionner ça ! Tu l'as entendu parler cet abruti ? Et
Dawlish qui n'hésitait pas à jouer de la baguette
avec les journalistes, tu l'as vu ? ! Depuis quand punit-on les
gens qui ont raison et laisse-t-on les ignorants diriger ? »
Elle se rassit et pensa à ce qu'elle venait de dire. La
réponse était évidente. « Depuis
toujours... » murmura-t-elle dans un sarcasme.
La
journée ne faisait que commencer.
