CHAPITRE 6 bis.
Apres
les malheureux incidents de la matinée, Tonks s'exila dans
son cubicle du département des aurors. Un petit coin de bureau
désordonné, où cohabitaient papiers
administratifs, emballages de bonbons et un vieil échiquier
sorcier.
Elle s'acharna sur des dossiers en retard concernant la
recrudescence de la magie noire en Europe de l'Est, mission à
laquelle elle avait participé quelques mois auparavant.
Une
pile de parchemins sur son bureau , elle lisait à grande
vitesse, raturant des paragraphes, écrivant de longs rapports
d'une plume usée et sale .
Malgré sa
concentration, elle s'endormit peu à peu sur la photo d'Igor
Karkaroff.
« Tonks ? Oh ! »
Elle leva la tête,
décoiffée et l'oeil grand ouvert tel Amastor
Maugrey.
« Hmm qu'esssskispass Kingsleeey? »
«
Tu parles Golbabil ? »
« Un peu, j'ai des notions. »
dit elle en nettoyant la photo sur laquelle elle avait bavé et
en se frottant les yeux.
« Regarde un peu par là... »
Il leva discrètement le pouce.
Elle regarda par dessus le
petit mur de son bureau et se rassit aussitôt , en fronçant
les sourcils.
« Ragnok ? Mais qu'est ce qu'il fait ici ?
» lui demanda-t-elle en chuchotant.
« Régler
ses comptes j'imagine... Fudge a prévenu qu'il ne
recevrait personne dans son bureau. Ragnok quant à lui, a dit
qu'il ne bougerait pas d'ici tant qu'il n'aurait pas eu un
entretien avec le Ministre. Il est hors de lui.
Et comme Croupton
n'est plus là , il n'y a personne pour comprendre ce qu'il
essaie dire en Golbabil. Il crie dans les couloirs , tout le monde
est mort de rire. » énonça Kinglsey en retenant
lui même un hoquet moqueur.
Elle regarda sa montre et se
leva rapidement.
« Je peux pas, j'ai rendez vous avec
un ami. Trouve Percy Weasley, qu'il se débrouille. Fudge l'a
mérité après tout. »
Tonks se leva,
rassembla ses affaires et prit son sac, Kingsley la suivit. Ils
passèrent devant Ragnok qui s'égosillait contre une
cafetière sans succès.
Elle se pencha vers lui et
lui chuchota quelque chose à l'oreille. Le vieux gobelin la
regarda quelques instants avec stupeur, et éclata d'un rire
sonore . Il la salua d'un signe de la main .
Les cris du gobelin
retentirent à nouveau dans le Ministère, mais ponctués
de rires aigus cette fois-ci.
Tonks appela l'ascenseur , la
porte s'ouvrit à elle. Son collègue courût et
retint la porte par la force du bras.
« Tu lui as dit quoi
? » demanda-t-il un sourire en coin.
« Fudge creak
terwaneiz vitrov kiskurk »
« Ca veut dire quoi ? »
questionna-t-il impatiemment.
« J'ai pas le droit de le
dire. Moi aussi je peux avoir mes petits secrets. Au revoir Kingsley
! » ajouta-t-elle béatement tandis que la porte
mécanique se refermait sur elle.
Tonks marchait
rapidement sur le chemin de traverse, déambulant entre les
passants. Les pavés glissants de la ruelle escarpée
luisaient au soleil de midi, tandis que des chouettes hululaient
tranquillement sur les enseignes métalliques des magasins
.
Passant devant la terrasse de Florian Fortarôme, elle
reconnut une coiffure familière derrière un large
journal.
« Désolée Olivier, j'ai un peu de
retard ».
Le jeune homme baissa son journal et lui répondit
par un sourire généreux.
« C'est pas
grave...T'as une vilaine tête toi.»
Tonks détourna
son regard vers une citrouille décorative sur la table ne
voulant aborder les incidents matinaux du Ministère.
«
C'est quoi cette marque sur ton bras ? »
Olivier Dubois
regarda a son avant-bras avec un rictus de dégoût.
«
Un hématome, à cause d'un cognard. Tu sais , Ils ont
failli m'amputer. »
« Arrête ton jeu Olivier.
Ca marche avec tes groupies mais ça ne prend plus sur moi. »
«
J'aurais essayé. » ajouta-t-il en pliant le journal et
le posant sur la table.
Ils commandèrent 2 cafés
ainsi que des sorbets à la betterave, spécialité
du glacier.
Un groupes de jeunes sorcières s'avança
vers leur table en gloussant.
« Monsieur Dubois ? »
Olivier
leva la tête de sa crème glacée et leur sourit
allègrement.
« Oui, c'est moi » dit il en
montrant sa dentition parfaite.
Tonks regarda les adolescentes
avec mépris tout en mangeant sa glace. Elle eut une envie
irrésistible de la leur envoyer en pleine figure.
«
Dîtes, on peut avoir un autographe ? » demanda la plus
maquillée de toutes.
Il sortit sa plume de sa poche et
signa tour à tour les carnets, chapeaux ,baguettes et bras des
jeunes filles qui en demandaient d'avantage. Elles repartirent
comme elle étaient arrivés, en gloussant de rire.
Tonks
les suivit du regard quelques secondes, sa cuillère à
la bouche puis se tourna vers son ami.
« C'est exactement
pour ça que je t'ai quitté . » dit-elle .«
On ne peut jamais être tranquilles l'espace d'une heure.
»
Olivier avança son visage près du sien .
«
Mais je n'y peux absolument rien ! Bon raconte moi, comment vont
les amours pour toi ? »
Tonks le regarda avec autant de
mépris que pour les jeunes filles.
« Ca pourrait
aller mieux. »
« Je sais ce qu'est ton problème.
Regarde, prend ce potiron.» dit il en attrapant la citrouille
sur la table.
« C'est moi le potiron ? »
demanda-t-elle en s'appuyant les bras croisés sur le dossier
de sa chaise.
« C'est bon le potiron, c'est sucré,
le goût nous est familier... »
« Qu'est ce que
tu essaies de me dire avec ta métaphore vexante ? »
«
Que le potiron, on s'en lasse vite. » Il sortit de sa poche
une boite de bonbons. « Mais prend cette dragée. Le goût
est toujours différent, plein d'imprévu et de
surprises. C'est excitant les surprises !
Tonks s'appuya
d'avantage contre le dossier de son fauteuil, le regard noir.
«
Donc, en gros , je suis un fade et brave cucurbitacée ? »
«
Oui. »
Elle se leva avec furie et sortit de sa poche trois
mornilles qu'elle lança sur la table.
« Bien
Olivier. Je crois que je vais te laisser jouer au marchand tout seul.
Notre amitié va en rester là. »
« Ne te
vexes pas Tonks ! » s'écria-t-il en la tirant par le
bras pour la faire se rasseoir. « Ce que j'essaie de te dire,
c'est qu'il faut que tu apprennes à être moins
gentille. Fais toi désirer , joue avec les nerfs des hommes.
Bref, montre leur que t'es pas un potiron » ajouta-t-il en
avalant une dragée surprise de façon désinvolte.
«
Beurk...Foie de veau... » dit il en recrachant le bonbon par
terre.
Une heure plus tard, après quelquesglaces
supplémentaires ,elle quitta Olivier pour retourner travailler
au Ministère où la situation fut plus que chaotique.
Kingsley et elle restèrent en retrait et jouèrent une
grande partie de l'après-midi aux fléchettes.
«
Au moins, on peut être rassurés. Rita Skeeter a
apparemment prit une année sabbatique , on ne risque rien du
coté de la presse. » dit il en lançant
énergiquement une fléchette sur la cible recouverte de
photos de Sirius black.
« Hmm c'est vrai ca. C'est
bizarre d'ailleurs cette retraite de sa part, ca ne lui ressemble
pas. Kingsley , c'est à toi de tirer ! »
« Ah
oui, pardon... En fait, la seule crainte du Ministère reste le
Chicaneur. Et encore, cette feuille de chou n'est jamais prise au
sérieux... »
« J'imagine les gros titres.
Fudge, mangeur de gobelins ! Je suis sure qu'ils en sont
capables ! »
Le temps passa incroyablement vite. Fudge ne
fit pas réapparition dans les bureaux, Ragnok retourna à
la banque après avoir attendu le Ministre plusieurs
heures.
Tonks rassembla ses affaires et quitta son bureau.
Elle transplana directement à Grimmauld Place, monta les
marches menant à sa chambre pour y déposer ses affaires
et redescendit ensuite pour rejoindre le reste des habitants de la
maison.
Trottinant dans le couloir, elle dépassa la porte
ouverte de la cuisine et revint très vite sur ses pas ,à
reculons.
Dans la cuisine se tenait un jeune homme d'apparence
assez négligée qui fouillait avidement dans les
placards. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle , cherchant
quelqu'un du regard pour savoir si la présence de l'inconnu
était normale.
Tonks se pencha vers lui tandis qu'il
fouillait le buffet.
« Si j'étais toi, j'irais
plutôt chercher dans la chambre de Sirius ! » dit elle
clairement en le fixant.
Il se retourna , dévoilant son
visage sous une longue mèche de cheveux roux qu'il remit
derrière son oreille.
« Et...Tu es ? »
«
Tonks, appelle moi comme ça. Alors c'est toi William Weasley
? Tes frères m'ont parlé de tes exploits en Egypte !
»
«Appelle moi plutôt Bill et je ne
t'appellerai pas Nymphadora .»
Elle le regarda, étonnée
qu'il sache son prénom et rougit lorsque celui cit lui
sourit en retour.
« T'as laissé traîner ta
carte d'auror sur la table du salon . Je trouve que les cheveux
roses te vont mieux personnellement ... »
Elle se passa la
main dans les cheveux, flattée, et récupéra sa
carte qui lui avait tant manqué en début de journée.
«
Enchantée de te connaître William . Je sens qu'on va
bien s'entendre tous les deux ! »
« Ah, je vois
que tu as fait connaissance avec ma cousine ! » s'exclama
Sirius en entrant dans la pièce .
Une bouteille à
la main, il s'assit a leurs cotés. « T'en auras bien
besoin pendant que tu vivras ici ! » Il fit apparaître 3
verres et les servit. « Allez les jeunes, cul-sec et sans
glaçons ! Ma devise ? Toujours pure ! »
Tonks
coincée entre son oncle et Bill accepta le verre avec plaisir,
bien que mal à l'aise. Tous les trois discutèrent
quelques minutes quand Molly Weasley les appela de sa voix
claironnante pour le dîner.
La table, comme la veille
était chargée de mets plus impressionnants les uns que
les autres. Un peu ensuquée par la liqueur de Sirius, Tonks
s'assît près de Bill et tenta de suivre le rythme des
diverses conversations.
« Et tu arrives a travailler avec
les gobelins sans encombres ?» demanda-t-elle en se servant un
verre de vin.
« Hmm.Je travaille pour eux mais pas avec eux.
Ce n'est pas vraiment l'amour fou...» répondit il en
attrapant la carafe de vin. Elle voulut en faire de même. Leurs
mains se frôlèrent accidentellement. Elle retira sa main
, il la servit galamment .
« Merci » dit elle en
portant le verre à ses lèvres. « Donc, dis moi
William, tu vas dormir ici ? Enfin, loger dans ma chambre ? Non, je
veux dire...euh Tu restes dormir à la maison ? demanda-t-elle
, maudissant l'alcool qui parlait en son nom.
Bill se resservit
à nouveau en riant. Il s'étira longuement et attrapa
une autre bouteille de vin . En face, Mrs Weasley le regarda d'un
air maussade.
« Bill, mon chéri ? tu as perdu tes
bonnes manières en Egypte ? Je ne t'ai pas élevé
comme ça il me semble.»
Il se redressa .
«
Ah oui pardon...Mademoiselle Tonks, encore un peu de vin ? Puis-je
essayer de vous enivrer d'avantage ? »
"Mais bien sur
mon cher! Je ne suis pas un potiron!"
