Chapitre 5 : Cauchemardesque Tempête
Harry regardait les rideaux de son baldaquin sans vraiment le regarder, les yeux vides, plongé dans ses pensées. Cette première journée dans le passé, même sans les cours, avait été la plus éprouvante depuis des mois.
Les maraudeurs avaient été très gentils, ne lui posant aucune question et tentant pourtant de l'intégrer et de l'inviter avec eux. Mais Harry ne pouvait pas rester à côté de Peter sans vouloir l'égorger, et il ne supportait pas les coups d'oeils meurtriers venant de Sirius, ce qui l'avait fait se coucher tôt.
Il savait que ce ne serait pas facile d'être dans le voisinage des maraudeurs, mais Sirius semblait tellement le garder à l'œil que la vie en serait presque impossible. S'il faisait le moindre pas le trahissant, son futur parrain le remarquerait et les quatre amis le coinceraient de suite.
A quelle heure on y va ? demanda Peter en murmurant. Dans une heure ça devrait aller. Souffla Sirius Oui, mais parlez moins fort, on n'est pas sûr que Harry dort !
La suite ne fut qu'un enchaînement de murmures, mais Harry en avait entendu assez pour savoir de quoi les garçons parlaient. La pleine lune devait être le soir même, ce qui expliquait l'absence de Remus –Il était parti en fin d'après-midi, prétextant devoir rendre visite à sa mère malade- et la nervosité des trois autres amis.
Harry s'endormit rapidement, la fatigue ayant eu raison de sa curiosité des animagus.
****
Harry se réveilla en sursaut. Il lui avait semblé entendre un grand bruit, mais le dortoir était parfaitement silencieux. Harry se mit en position assise et se prit la tête entre les mains.
Ayant pris de la potion pour sommeil sans rêve, il pensait pouvoir dormir tranquille, mais il avait fait un étrange rêve qui lui paraissait si réel qu'il s'était réveillé brusquement.
Harry revit quelques éléments de son rêve et s'y rattacha pour reconstituer ce dernier.
Il se rappelait avoir vu le parc de Poudlard, calme, et la seconde d'après celui-ci était dévasté, les arbres arrachés. Harry tenta de se rappeler la cause de cette hécatombe mais il ne se rappelait que de flashs imprécis et flous.
Le jeune homme se leva et alla à la fenêtre, cherchant à trouver un réconfort dans la nuit profonde. Une pluie fine tombait sur le parc encore vert de l'école, mais de gros nuages noirs s'avançaient peu à peu, faisant frissonner Harry.
Et soudain, ce fut le déclic. Harry vit comme un flash : La pluie tombant plus fort que jamais et le vent arrachant des branches aux arbres.
Le Survivant cligna des yeux deux fois, et lorsqu'il rouvrit les paupières... Plus rien. Le parc était toujours tel quel, et le pluie tombait si doucement que s'en était reposant.
Harry se tourna, et alla se recoucher lentement, incertain de ce qu'il se passait. Mais alors qu'il allait poser sa tête sur l'oreiller, il sortit précipitamment des couvertures et fonça vers le premier lit près de lui, celui de James. Il ouvrit les rideaux en grand et son cœur fit un bond en voyant les couvertures vides. Il fit de même avec le lit de Peter, et celui de Sirius, sans plus de résultat.
Sans même réfléchir, Harry passa ses vêtements et prit sa baguette avant de se sortir de la pièce en courant.
Au dehors, le vent commençait à se lever, et les nuages noirs annonciateurs de pluie se rapprochaient...
****
Un cerf majestueux se tenait à l'orée de la forêt, regardant avec ce qu'on pourrait appeler de l'amusement un gros chien noir poursuivre un petit rat. A côté de lui, un loup faisait de même.
Les quatre animaux venaient de passer plus de trois heures à explorer le parc, et faisaient une pause avant de faire de même avec la forêt. Mais leur plan changea lorsqu'ils virent une silhouette s'approcher en courant, encore floue à cause de la pluie qui tombait et du vent.
Réagissant au quart de tour, Patmol vint près du cerf et poussa le loup de tout son poids, l'entraînant dans la forêt. La présence d'un humain non loin de lui allait éveiller les sens du loup et le pousser à attaquer, ce qu'il fallait a tout prix éviter.
James, toujours sous sa forme de cerf, alla au couvert des arbres pour ne pas être aperçu. Seulement, l'humain qui arrivait semblait savoir exactement où aller, et cet endroit se trouvait non loin d'eux.
Soudain, Cornedrue entendit une voix crier.
James ! Sirius ! Peter ! Remus !
Intrigué, il s'avança et parvint enfin à reconnaître la personne : Harry. Celui-ci arriva, haletant, non loin du cerf sans pour autant le voir. Reprenant sa respiration, il murmura un sort et sa baguette tourna dans sa main jusqu'à pointer un arbre : celui derrière lequel se trouvait James.
Harry s'élança et fut à l'abri des arbres en quelques secondes, et il dévisagea le cerf tandis que ce dernier faisait pareil.
Harry retenait son souffle face à son futur père animagus. Il avait bien sûr son patronus pour comparaison, mais ce n'était rien face à cet animal majestueux qui gardait la tête haute.
James de son côté regardait le nouveau venu, les yeux affolés, les cheveux noirs trempés.
James, je t'en prie, reprends forme humaine !
Hésitant un court instant, James finit par faire ce que lui demandait son quasi sosie.
Harry, que fais-tu là ? et comment sais-tu pour... A plus tard les explications ! Trouvons les autres, et vite ! Que se passe-t-il ?
Mais Harry s'était déjà mis à courir, baguette en avant tandis que celle-ci tournait d'elle-même, pointant diverses directions. James reprit sa forme animale et le suivit.
Harry soupira de soulagement lorsqu'il vit un gros chien noir au bout d'un des chemins, accompagné d'un rat et ...
« Oh mon Dieu, j'avais oublié Remus ! » Songea Harry en se maudissant.
Il n'avait plus le choix à présent, et il continua sa course vers les trois animaux.
Dès qu'il ne fut plus qu'à une cinquantaine de mètres, le loup garou se releva et s'élança pour atteindre l'odeur d'humain qui s'approchait, au plus grand désespoir de Sirius et Peter qui ne savaient que faire.
Harry pointa sa baguette sur l'animal approchant et prononça une étrange formule. Aussitôt, le loup garou fut immobilisé, au plus grand soulagement du Survivant qui n'était pas sûr de l'efficacité de son sort.
James arriva quelques secondes après, suivi de Patmol et Queudver.
Qu'est ce qu'il y a ? Demanda Sirius en reprenant forme humaine. Pourquoi... Lunard est immobile... et surtout, qu'est ce qu'il fait là ?
La répugnance avec laquelle Sirius l'avait désigné alla droit au cœur de Harry qui sentit l'eau lui monter aux yeux. Mais ce n'était pas l'instant de s'en préoccuper et il se secoua intérieurement.
Je suis désolé d'avoir immobilisé Remus, mais étant un loup garou il m'était menaçant et j'avais absolument besoin de vous parler.
Lorsqu'ils comprirent que Harry était au courant de la lycanthropie de Remus, les trois amis pâlirent, mais le survivant ne leur laissa pas le temps de parler.
Ecoutez moi ! Il va y avoir une tempête ici, il faut rentrer ! C'est trop dangereux de rester dehors! Une tempête ne nous arrêterait pas ! Nous sommes les maraudeurs ! dit James en bombant le torse. Vous tenez à être en danger de mort ? C'est votre choix ! Mais je ramène Remus à la cabane hurlante !
James sursauta en entendant parler de la cabane, dont eux seuls connaissaient l'entrée. Avant qu'il n'ait pu réagir, Harry avait pointé sa baguette sur Remus et celui-ci avait disparu.
Harry baissa le bras qui tenait sa baguette quand il fut agrippé par la gorge et soulevé en l'air.
Maintenant, tu vas me dire qui tu es, siffla Sirius. Sirius ! lâche le !
Celui-ci acquiesça de mauvaise grâce, et Harry se frotta la nuque qui le faisait souffrir.
Ecoutez, Remus est à l'abri à la cabane hurlante, maintenant il faut rentrer ! Pourquoi devrait-on te faire confiance ! Pourquoi serais-je venu vous chercher sinon ?
A l'instant où il terminait sa phrase, un éclair zébra le ciel et la pluie se fit plus violente. Harry tressaillit et fixa les trois amis, toujours hésitants.
Si on rentre avec toi... Tu nous expliques qui tu es !
Harry fixa James avec nervosité. Ce qu'il lui demandait était impossible et il le savait, mais il fallait essayer.
Je ne te promets rien... Mais je vous en prie –son regard se fit suppliant- rentrons !
Peter, James et Sirius se regardèrent une dernière fois, avant d'acquiescer et de courir à la suite de Harry.
Le ciel était à présent recouvert de ces étranges nuages d'un noir de jais. Ils paraissaient surnaturels, et James frissonna en les regardant. Un autre éclair zébra le ciel, illuminant le parc sombre. La pluie se faisait de plus en plus violente, le vent de même.
Les quatre adolescents courraient à perdre haleine, mais il semblait qu'ils n'atteindraient jamais le château. Le vent contre eux, ils avaient plus l'impression de reculer d'avancer.
Soudain, Harry entendit un cri et se retourna à temps pour voir Peter être emporté par le vent vers le lac. Ce dernier était très agité, la surface habituellement calme faisait de grosses vagues qui s'abattaient avec violence sur la plaine.
En face d'un véritable combat intérieur, Harry se mordit les lèvres.
« Si je ne le sauve pas, il meurt noyé et mes parents ne sont pas trahis. » Songea le survivant.
Mais les paroles d'Hermione lui revinrent en tête. Il ne pouvait pas jouer avec les éléments... L'influence dans son futur en serait désastreuse ! Voldemort ne serait pas détruit lorsque Harry aurait un an, et peut-être aurait-il le pouvoir !
« James, Sirius ! Rentrez vite, je m'occupe de lui ! »
Et il poussa les deux meilleurs amis dans le dos, puis se précipita vers le lac, aidé par le vent qui le poussait dans cette même direction.
Peter s'était débattu contre une force de la nature impossible à maîtriser, et avait fini par tomber dans le lac glacé. Harry enleva son pull tout en continuant de courir, et le jeta à terre avant de plonger dans le lac à la suite du traître.
Il fonçait à travers les vagues, respirant quand il en avait l'occasion, se rapprochant de plus en plus de Peter. Il finit par attraper son bras.
« Accroches toi le mieux possible, je te ramène à la rive ! »
Le garçon fit ce qu'il lui demandait, et Harry battit l'eau avec plus d'énergie encore pour atteindre enfin une surface dure : la plaine. Des vagues violentes s'abattaient sur sa tête, le plongeant plus profondément dans l'eau, et chacune le faisait peiner encore plus.
Plusieurs fois, Harry voulut abandonner et se laisser entraîner au fond du lac. Mais résistant à cet attrait, il repartait de plus belle vers la rive qui semblait inaccessible.
Après ce qu'il semblait des heures de lutte et qui n'était en fait que quelques minutes, Harry sentit ses doigts cogner de la terre. Il s'élança d'un geste désespéré vers l'avant et s'accrocha au rebord, tirant de son autre main Peter qui fit de même.
C'est alors que Sirius et James aidèrent le traître à se hisser sur la berge. Harry, de l'eau coulant sur son visage, vit avec effarement qu'aucun des deux amis n'était rentré comme il l'avait demandé.
Lorsque Peter eut retrouvé le contact rassurant du sol, les deux animagus hissèrent Harry qui se débattit sous leur poigne. Lorsque lui aussi fut sur la berge, il se releva d'un bond et toisa les deux amis.
Je vous avais dit de rentrer ! Vous êtes fous ou vous le faites exprès ? Et pourquoi tenais-tu tellement à ce qu'on soit partis ? Tu voulais attaquer Peter ! Sirius ! Crois-tu vraiment qu'il aurait sauté dans le lac s'il voulait l'attaquer, au lieu de le laisser bêtement couler ?
Harry interrompit les regards meurtriers de Sirius à son égard et ceux de James vers son meilleur ami en sortant sa baguette et en la pointant vers Peter. Les deux maraudeurs sursautèrent, et Sirius cria.
Tu vois ! Je te l'avais dit !
Mais Harry ne fit que lancer un sort de séchage au garçon trempé, avant de s'adresser à lui.
Suis moi ! Tu as besoin d'être au chaud, et en nous voyant partir les deux autres vont peut-être se décider à rentrer !
Peter acquiesça, et se remit à courir en compagnie d'Harry, et des deux autres qui les suivirent rapidement. La vue déjà floue d'Harry causée par son absence de lunettes était aggravée par le vent qui soufflait de plus en plus fort, et les rideaux de pluie qui tombaient sur le parc.
Alors qu'ils approchaient du château, un bruit se fit entendre et Harry se retourna à nouveau, conscient du danger, et vit une énorme branche d'un des arbres du parc être arraché par le vent et être emportée... vers eux.
Harry fit marche arrière et se précipita vers Sirius. Il s'élança et se projeta sur son futur parrain, le faisant tomber à terre. Au moment même, la branche tomba à l'endroit où il se trouvait quelques secondes auparavant.
Avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, Sirius fut relevé par Harry qui se remit à courir. Peter était arrivé au château et se tenait sur les premières marches, attendant ses amis.
Lorsque tous furent enfin à l'abri, ils entrèrent dans le hall et sursautèrent lorsqu'ils y découvrirent Dumbledore. Il les fixait, le visage réprobateur.
Messieurs, j'aimerais savoir ce que vous faisiez dehors en pleine nuit, et de par ce temps ! Eh bien... Plus tard ! Occupons nous d'abord de monsieur Pettigrow.
Celui-ci tremblait de tous ses membres, épuisé par son voyage dans le lac. Dumbledore s'avança vers lui et lui posa une main rassurante.
Vous semblez assez bien, et je vois que les compétences en sort de séchage de notre invité sont élevées. Mais allez à l'infirmerie, vous y passerez la nuit.
Le futur père et le futur parrain d'Harry lui firent un sourire rassurant, tandis qu'eux-mêmes redoutaient la sanction.
A votre tour messieurs... Avez-vous conscience des risques que vous avez encourut ? Explication !
Mais avant qu'un des deux maraudeurs aient pu réagir, Harry avait pris la parole.
Excusez nous monsieur le directeur, c'est ma faute... Je n'arrivais pas à dormir, et comme eux non plus je leur ai demandé de me faire visiter le parc.
Pour mieux jouer son rôle, Harry baissa les yeux, faussement honteux.
Tout d'abord, vous refusez de me dire qui vous êtes et ce qui vous est arrivé, et ensuite vous entraînez les élèves de cette école dans des aventures qui auraient pu leur coûter la vie ! Êtes vous inconscient ? Je... Je voulais juste découvrir... Vous serez sanctionner pour cela ! Etant donné que vous n'appartenez à aucune maison, aucun point ne sera enlevé pour votre cas... Mais vous aurez une semaine de retenue pour vous apprendre à ne pas transgresser nos règles !
Harry acquiesça, conscient de la chance qu'il avait de ne pas avoir de sanction plus sévère. Dumbledore se tourna alors vers les maraudeurs qui regardaient l survivant avec surprise.
Quand à vous messieurs, je crois que vous avez assez compris la leçon en risquant la vie de messieurs Black et Pettigrow... J'enlève cinquante points à Gryffondor. Est-ce que... Nos parents seront mis au courant ? Demanda James, inquiet. Non, mais bien votre directrice de maison. Allez dormir à présent !
Et d'un coup de baguette, Dumbledore sécha les vêtements humides des trois adolescents, avant de se tourner et de quitter le hall.
Harry, sans plus attendre, monta les escaliers et parcourut le couloir, silencieux, avant de donner le mot de passe à la grosse dame et d'entrer dans la salle commune. Sirius et James le suivaient, murmurant, puis ils bloquèrent le passage pour leur dortoir à Harry.
Tu avais promis une explication ! menaça Sirius. Je vous ai sauvé la mise, et la vie à tous les deux ! C'est insuffisant !
Harry le fusilla du regard.
Eh bien tu t'en contenteras ! cracha-t-il, avant de ressortir de la salle commune pour se calmer.
Sirius regarda l'endroit où se tenait Harry, quelques secondes avant.
Tu as un secret Harry, et je trouverai ce que c'est... Marmonna-t-il, furieux.
Il monta au dortoir et regarda les quelques affaires de Harry. Sur sa table de nuit se trouvait ses lunettes, et une cape, ainsi que la fiole contenant la potion de sommeil sans rêve.
Sirius eut un sourire cruel, et il marmonna des paroles que James ne saisit pas, trop occupé à se déshabiller.
- Très bien... Puisque tu ne veux pas dire qui tu es, tu le diras peut-être dans tes rêves...
****
Lorsque Harry fut de retour dans la salle commune, il avait froid mais était calmé. Sans plus attendre, il décida d'aller se coucher puisqu'il ne lui restait que quelques heures avant le lever.
Arrivé au dortoir, il alla à son lit et se déshabilla en vitesse. Lorsqu'il fut dans la chaleur de ses draps et que ses étourdissements cessèrent quelque peu, Harry saisit la fiole de potion de sa table de nuit. Il l'ouvrit et la porta à sa bouche. Il prit un temps avant de remarquer que rien ne coulait, et, la baissant à la hauteur de son visage, il vit qu'elle était vide.
Furieux, il se leva et alla au lit de Sirius. Il ouvrit les rideaux pour découvrir les deux amis le fixer, James légèrement honteux et Sirius, son éternel sourire.
Qu'as-tu fais de ma potion, demanda l'adolescent, rouge de colère, à Sirius. Va demander à l'évier, il l'a sûrement vu passé !
Harry se retint de se jeter sur son futur parrain, et tenta de se calmer.
Pourquoi as-tu fait ça ? C'est simple ! Puisque tu refuses de nous dire qui tu es, tes rêves nous renseigneront peut-être ! Mais enfin... c'est ridicule, je... James !
Son sosie avait les yeux posés sur les draps face à lui, n'osant le regarder.
Je suis désolé Harry... mais tu sais trop de choses nous concernant, et nous ne savons rien de toi... tu nous caches trop de choses. Très bien, dit froidement Harry. Si c'est ça que vous faites lorsque je vous sauve la vie, j'y penserai à deux fois avant de le refaire !
Et sans plus de paroles, Harry se dirigea vers son lit, s'y installa, et ferma les rideaux d'un geste brusque.
Pendant une heure, Harry résista à la tentation de dormir, de fermer simplement les yeux, sachant que les deux amis écoutaient probablement tout ce qu'il se passait.
Pourtant, à cinq heures du matin, Harry ne put plus résister à l'attrait de son oreiller, et il y posa la tête. Il était endormi moins de cinq minutes après, et il tomba dans un cauchemar après dix minutes de sommeil.
James et Sirius sursautèrent en entendant les premiers gémissements. Pendant une heure et demi, ils avaient tendu l'oreille, cherchant à entendre le moindre bruit venant du lit du nouveau venu, mais rien... A présent qu'ils relâchaient leur attention, Harry avait fini par s'endormir.
Viens, on va plus près de lui ! On entendra mieux...
James acquiesça, et tous deux se levèrent silencieusement et allèrent s'asseoir par terre, à côté du lit du Survivant qui bougeait en tous sens.
****
Harry fixa avec haine la cousine de son parrain qui riait à perdre haleine.
Alors Baby Potter, tu regrettes ton défunt parrain ? Je le vengerai et tu regretteras ton geste !
C'est alors que Voldemort apparut devant lui, ses pupilles rouges fixant Harry avec amusement. Il était assis dans une grande pièce froide, sur un trône en bronze où un énorme dessin de la marque des ténèbres était gravé.
Potter, Potter... Tu n'as pas encore compris que tu ne peux rien contre moi ? Je te tuerai Voldemort, siffla l'adolescent, les yeux brillants de rage. Je te tuerai ne serais-ce que pour venger Sirius ! Tu es plein de colère, de rage... Mais ça ne t'aidera pas.
Harry eut un sourire sarcastique.
Mais j'ai connaissance de la prophétie, ce que toi tu n'as pas ! J'ai bien d'autres moyens de l'obtenir que le ministère... mais j'avoue que c'était divertissant ! Surtout le passage de la mort de ton parrain... pathétique !
Harry sentit la nausée le gagner lorsqu'il vit des mangemorts amener deux prisonniers... Ron et Hermione.
Ne les touchez pas ! Mais, vois-tu, ils me sont d'une grande utilité... Alors tu vas me donner le contenu de la prophétie et je les relâcherai... Non ! Harry ne l'écoute pas !
Alors que Harry assistait, désespéré, au spectacle de Voldemort levant la baguette et la pointant vers sa meilleure amie, il se réveilla en sursaut.
Ses draps lui collaient à la peau à cause de la sueur, et sa cicatrice le brûlait. Il était pris de violentes nausées et sa vision était floue.
Harry, calme toi ! Sirius, va chercher de l'aide, vite ! Qui voudrais-tu que j'appelle hein ? Et puis il a rien de grave, c'est qu'un cauchemar...
Mais lorsqu'il eut fini sa phrase, Harry se tourna sur le côté, pris d'un haut le cœur, et vomit le peu de nourriture qu'il avait mangé ces derniers temps. James, qui avait reculé précipitamment, réagit.
T'es convaincu maintenant ? alors va chercher Pomfresh, et grouilles toi !
Sirius s'élança hors de la chambre, dévalant les escaliers. Harry, le front brûlant, délirait, murmurant des paroles que James ne parvenait pas à saisir, sauf certains qu'il avait interprété comme étant des prénoms.
Harry, Pomfresh va arriver... Ca va aller...
Il semblait tendu, ne pouvant s'empêcher de se considérer coupable du cauchemar étant donné que s'était de sa faute et de celle de Sirius si Harry n'avait pas eu sa potion pour sommeil sans rêve... Le futur père du Survivant comprenait à présent pourquoi Harry en avait besoin.
Attendant la venue de l'infirmière avec inquiétude, James regarda l'horloge magique qui se trouvait sur sa table de nuit. Il était presque six heures, Harry n'avait même pas dormi une heure complète. James jeta un coup d'œil à Harry dont les yeux bougeaient à toute vitesse, comme fous. Son corps était secoué de tremblements incontrôlables et il continuait de délirer.
James vit alors que sa cicatrice était d'un rouge sang. Il bougea la mèche de cheveux noirs qui était devant et approcha son doigt de la cicatrice pour la toucher. Mais alors que son index n'était plus qu'à quelques centimètres, la porte s'ouvrit, laissant le passage à son meilleur ami et à l'infirmière du château.
Aussitôt, Pomfresh fut près d'Harry, poussant James sur le côté. Elle toucha le front de Harry qui était toujours brûlant, regarda sa cicatrice avec attention, écouta les murmures du jeune garçon, et, moins de trois minutes après être entrée, elle avait tendu sa baguette sur le corps d'Harry et le faisait léviter.
Attendez ! Qu'est ce que vous faites ? Je l'emmène à l'infirmerie immédiatement, ce garçon est dans un état grave...
Sirius et James se regardèrent, légèrement honteux.
Monsieur Potter, allez prévenir immédiatement le directeur ! Monsieur Black, avertissez votre directrice de maison ! Et ne traînez pas, plus nous attendons, plus le cas de ce jeune homme s'aggrave.
Les deux garçons acquiescèrent et sortirent précipitamment de la pièce sans se regarder, tandis que la femme, baguette levée, faisait bouger le corps jusqu'à l'infirmerie.
****
Que se passe-t-il Pompom ? C'est ce jeune homme monsieur le directeur ! Je ne comprends pas ce qu'il se passe avec lui...
L'infirmière en était presque à s'arracher les cheveux. Elle avait pendant près d'un quart d'heure chercher ce qu'il se passait... Impossible de trouver !
Je lui ai donné un remède contre la fièvre, mais sa cicatrice est toujours brûlante, et je lui ai donné une potion pour la nausée, rien n'y fait ! Et il délire toujours... Avez-vous interrogé messieurs Black et Potter à son sujet ? Non Minerva, j'étais bien trop occupée à l'amener ici.
Dumbledore et McGonagall se tournèrent immédiatement vers les deux adolescents qui les avaient appelé et qui avaient le regard à terre.
Que s'est-il passé messieurs ?
James regarda Sirius, mais celui-ci évitait perpétuellement son regard, tant et si bien qu'il joua franc jeu.
Tout a commencé lorsque nous étions dehors... Il est arrivé près de nous et a dévoilé qu'il connaissait certains de nos... Secrets. Ensuite il nous a sauvé de la tempête, mais il ne voulait pas nous dire qui il était et comment il connaissait ces... secrets. Alors nous avons pris sa potion pour le sommeil sans rêve. Nous espérions comprendre qui il était, souligna-t-il plaintivement en voyant le regard furieux du directeur et celui choqué des deux femmes. Nous règlerons ça plus tard. Expliquez nous ce qu'il s'est passé ensuite. Et bien il s'est endormi tard et nous écoutions... Il s'est mis à remuer et à gémir... Il prononçait des mots que je n'ai pas compris. Ensuite il s'est réveillé, son front était brûlant et sa cicatrice était très rouge... Il a vomi et pendant que Sirius allait vous chercher –Il se tourna vers madame Pomfresh, il a déliré...
Dumbledore fixait James. Voyant qu'il ne mentait pas, il soupira.
Sauriez vous vous souvenir de certains mots ? De phrases ? Quand il dormait, il parlait de tuer, et il a crié certains noms... Et quand il était réveillé il parlait de vous monsieur le directeur... Il disait aussi des prénoms, et puis quelque chose comme manger des morts ? Je n'ai pas bien compris...
Dumbledore sursauta.
A-t-il dit mangemorts ? Oui, c'est cela !
Le directeur sembla soudainement alarmé.
A-t-il parlé de quelque chose d'autre ? A-t-il parlé de Voldemort ? Oui, il a dit quelque chose qui ressemblait... Qui est-ce ?
Le vieil homme ne lui répondit pas, trop occupé à jeter des regards significatifs à McGonagall qui semblait affolée.
Très bien messieurs, retournez à votre dortoir vous avez cours demain... Je vous attends dans mon bureau après le dernier cours pour parler de votre comportement.
Les deux adolescents acquiescèrent, comprenant qu'ils n'avaient pas à discuter étant donné leur faute. Ils sortirent tous deux de la pièce, tandis que les trois adultes regardaient Harry qui se calmait peu à peu...
Harry regardait les rideaux de son baldaquin sans vraiment le regarder, les yeux vides, plongé dans ses pensées. Cette première journée dans le passé, même sans les cours, avait été la plus éprouvante depuis des mois.
Les maraudeurs avaient été très gentils, ne lui posant aucune question et tentant pourtant de l'intégrer et de l'inviter avec eux. Mais Harry ne pouvait pas rester à côté de Peter sans vouloir l'égorger, et il ne supportait pas les coups d'oeils meurtriers venant de Sirius, ce qui l'avait fait se coucher tôt.
Il savait que ce ne serait pas facile d'être dans le voisinage des maraudeurs, mais Sirius semblait tellement le garder à l'œil que la vie en serait presque impossible. S'il faisait le moindre pas le trahissant, son futur parrain le remarquerait et les quatre amis le coinceraient de suite.
A quelle heure on y va ? demanda Peter en murmurant. Dans une heure ça devrait aller. Souffla Sirius Oui, mais parlez moins fort, on n'est pas sûr que Harry dort !
La suite ne fut qu'un enchaînement de murmures, mais Harry en avait entendu assez pour savoir de quoi les garçons parlaient. La pleine lune devait être le soir même, ce qui expliquait l'absence de Remus –Il était parti en fin d'après-midi, prétextant devoir rendre visite à sa mère malade- et la nervosité des trois autres amis.
Harry s'endormit rapidement, la fatigue ayant eu raison de sa curiosité des animagus.
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Harry se réveilla en sursaut. Il lui avait semblé entendre un grand bruit, mais le dortoir était parfaitement silencieux. Harry se mit en position assise et se prit la tête entre les mains.
Ayant pris de la potion pour sommeil sans rêve, il pensait pouvoir dormir tranquille, mais il avait fait un étrange rêve qui lui paraissait si réel qu'il s'était réveillé brusquement.
Harry revit quelques éléments de son rêve et s'y rattacha pour reconstituer ce dernier.
Il se rappelait avoir vu le parc de Poudlard, calme, et la seconde d'après celui-ci était dévasté, les arbres arrachés. Harry tenta de se rappeler la cause de cette hécatombe mais il ne se rappelait que de flashs imprécis et flous.
Le jeune homme se leva et alla à la fenêtre, cherchant à trouver un réconfort dans la nuit profonde. Une pluie fine tombait sur le parc encore vert de l'école, mais de gros nuages noirs s'avançaient peu à peu, faisant frissonner Harry.
Et soudain, ce fut le déclic. Harry vit comme un flash : La pluie tombant plus fort que jamais et le vent arrachant des branches aux arbres.
Le Survivant cligna des yeux deux fois, et lorsqu'il rouvrit les paupières... Plus rien. Le parc était toujours tel quel, et le pluie tombait si doucement que s'en était reposant.
Harry se tourna, et alla se recoucher lentement, incertain de ce qu'il se passait. Mais alors qu'il allait poser sa tête sur l'oreiller, il sortit précipitamment des couvertures et fonça vers le premier lit près de lui, celui de James. Il ouvrit les rideaux en grand et son cœur fit un bond en voyant les couvertures vides. Il fit de même avec le lit de Peter, et celui de Sirius, sans plus de résultat.
Sans même réfléchir, Harry passa ses vêtements et prit sa baguette avant de se sortir de la pièce en courant.
Au dehors, le vent commençait à se lever, et les nuages noirs annonciateurs de pluie se rapprochaient...
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Un cerf majestueux se tenait à l'orée de la forêt, regardant avec ce qu'on pourrait appeler de l'amusement un gros chien noir poursuivre un petit rat. A côté de lui, un loup faisait de même.
Les quatre animaux venaient de passer plus de trois heures à explorer le parc, et faisaient une pause avant de faire de même avec la forêt. Mais leur plan changea lorsqu'ils virent une silhouette s'approcher en courant, encore floue à cause de la pluie qui tombait et du vent.
Réagissant au quart de tour, Patmol vint près du cerf et poussa le loup de tout son poids, l'entraînant dans la forêt. La présence d'un humain non loin de lui allait éveiller les sens du loup et le pousser à attaquer, ce qu'il fallait a tout prix éviter.
James, toujours sous sa forme de cerf, alla au couvert des arbres pour ne pas être aperçu. Seulement, l'humain qui arrivait semblait savoir exactement où aller, et cet endroit se trouvait non loin d'eux.
Soudain, Cornedrue entendit une voix crier.
James ! Sirius ! Peter ! Remus !
Intrigué, il s'avança et parvint enfin à reconnaître la personne : Harry. Celui-ci arriva, haletant, non loin du cerf sans pour autant le voir. Reprenant sa respiration, il murmura un sort et sa baguette tourna dans sa main jusqu'à pointer un arbre : celui derrière lequel se trouvait James.
Harry s'élança et fut à l'abri des arbres en quelques secondes, et il dévisagea le cerf tandis que ce dernier faisait pareil.
Harry retenait son souffle face à son futur père animagus. Il avait bien sûr son patronus pour comparaison, mais ce n'était rien face à cet animal majestueux qui gardait la tête haute.
James de son côté regardait le nouveau venu, les yeux affolés, les cheveux noirs trempés.
James, je t'en prie, reprends forme humaine !
Hésitant un court instant, James finit par faire ce que lui demandait son quasi sosie.
Harry, que fais-tu là ? et comment sais-tu pour... A plus tard les explications ! Trouvons les autres, et vite ! Que se passe-t-il ?
Mais Harry s'était déjà mis à courir, baguette en avant tandis que celle-ci tournait d'elle-même, pointant diverses directions. James reprit sa forme animale et le suivit.
Harry soupira de soulagement lorsqu'il vit un gros chien noir au bout d'un des chemins, accompagné d'un rat et ...
« Oh mon Dieu, j'avais oublié Remus ! » Songea Harry en se maudissant.
Il n'avait plus le choix à présent, et il continua sa course vers les trois animaux.
Dès qu'il ne fut plus qu'à une cinquantaine de mètres, le loup garou se releva et s'élança pour atteindre l'odeur d'humain qui s'approchait, au plus grand désespoir de Sirius et Peter qui ne savaient que faire.
Harry pointa sa baguette sur l'animal approchant et prononça une étrange formule. Aussitôt, le loup garou fut immobilisé, au plus grand soulagement du Survivant qui n'était pas sûr de l'efficacité de son sort.
James arriva quelques secondes après, suivi de Patmol et Queudver.
Qu'est ce qu'il y a ? Demanda Sirius en reprenant forme humaine. Pourquoi... Lunard est immobile... et surtout, qu'est ce qu'il fait là ?
La répugnance avec laquelle Sirius l'avait désigné alla droit au cœur de Harry qui sentit l'eau lui monter aux yeux. Mais ce n'était pas l'instant de s'en préoccuper et il se secoua intérieurement.
Je suis désolé d'avoir immobilisé Remus, mais étant un loup garou il m'était menaçant et j'avais absolument besoin de vous parler.
Lorsqu'ils comprirent que Harry était au courant de la lycanthropie de Remus, les trois amis pâlirent, mais le survivant ne leur laissa pas le temps de parler.
Ecoutez moi ! Il va y avoir une tempête ici, il faut rentrer ! C'est trop dangereux de rester dehors! Une tempête ne nous arrêterait pas ! Nous sommes les maraudeurs ! dit James en bombant le torse. Vous tenez à être en danger de mort ? C'est votre choix ! Mais je ramène Remus à la cabane hurlante !
James sursauta en entendant parler de la cabane, dont eux seuls connaissaient l'entrée. Avant qu'il n'ait pu réagir, Harry avait pointé sa baguette sur Remus et celui-ci avait disparu.
Harry baissa le bras qui tenait sa baguette quand il fut agrippé par la gorge et soulevé en l'air.
Maintenant, tu vas me dire qui tu es, siffla Sirius. Sirius ! lâche le !
Celui-ci acquiesça de mauvaise grâce, et Harry se frotta la nuque qui le faisait souffrir.
Ecoutez, Remus est à l'abri à la cabane hurlante, maintenant il faut rentrer ! Pourquoi devrait-on te faire confiance ! Pourquoi serais-je venu vous chercher sinon ?
A l'instant où il terminait sa phrase, un éclair zébra le ciel et la pluie se fit plus violente. Harry tressaillit et fixa les trois amis, toujours hésitants.
Si on rentre avec toi... Tu nous expliques qui tu es !
Harry fixa James avec nervosité. Ce qu'il lui demandait était impossible et il le savait, mais il fallait essayer.
Je ne te promets rien... Mais je vous en prie –son regard se fit suppliant- rentrons !
Peter, James et Sirius se regardèrent une dernière fois, avant d'acquiescer et de courir à la suite de Harry.
Le ciel était à présent recouvert de ces étranges nuages d'un noir de jais. Ils paraissaient surnaturels, et James frissonna en les regardant. Un autre éclair zébra le ciel, illuminant le parc sombre. La pluie se faisait de plus en plus violente, le vent de même.
Les quatre adolescents courraient à perdre haleine, mais il semblait qu'ils n'atteindraient jamais le château. Le vent contre eux, ils avaient plus l'impression de reculer d'avancer.
Soudain, Harry entendit un cri et se retourna à temps pour voir Peter être emporté par le vent vers le lac. Ce dernier était très agité, la surface habituellement calme faisait de grosses vagues qui s'abattaient avec violence sur la plaine.
En face d'un véritable combat intérieur, Harry se mordit les lèvres.
« Si je ne le sauve pas, il meurt noyé et mes parents ne sont pas trahis. » Songea le survivant.
Mais les paroles d'Hermione lui revinrent en tête. Il ne pouvait pas jouer avec les éléments... L'influence dans son futur en serait désastreuse ! Voldemort ne serait pas détruit lorsque Harry aurait un an, et peut-être aurait-il le pouvoir !
« James, Sirius ! Rentrez vite, je m'occupe de lui ! »
Et il poussa les deux meilleurs amis dans le dos, puis se précipita vers le lac, aidé par le vent qui le poussait dans cette même direction.
Peter s'était débattu contre une force de la nature impossible à maîtriser, et avait fini par tomber dans le lac glacé. Harry enleva son pull tout en continuant de courir, et le jeta à terre avant de plonger dans le lac à la suite du traître.
Il fonçait à travers les vagues, respirant quand il en avait l'occasion, se rapprochant de plus en plus de Peter. Il finit par attraper son bras.
« Accroches toi le mieux possible, je te ramène à la rive ! »
Le garçon fit ce qu'il lui demandait, et Harry battit l'eau avec plus d'énergie encore pour atteindre enfin une surface dure : la plaine. Des vagues violentes s'abattaient sur sa tête, le plongeant plus profondément dans l'eau, et chacune le faisait peiner encore plus.
Plusieurs fois, Harry voulut abandonner et se laisser entraîner au fond du lac. Mais résistant à cet attrait, il repartait de plus belle vers la rive qui semblait inaccessible.
Après ce qu'il semblait des heures de lutte et qui n'était en fait que quelques minutes, Harry sentit ses doigts cogner de la terre. Il s'élança d'un geste désespéré vers l'avant et s'accrocha au rebord, tirant de son autre main Peter qui fit de même.
C'est alors que Sirius et James aidèrent le traître à se hisser sur la berge. Harry, de l'eau coulant sur son visage, vit avec effarement qu'aucun des deux amis n'était rentré comme il l'avait demandé.
Lorsque Peter eut retrouvé le contact rassurant du sol, les deux animagus hissèrent Harry qui se débattit sous leur poigne. Lorsque lui aussi fut sur la berge, il se releva d'un bond et toisa les deux amis.
Je vous avais dit de rentrer ! Vous êtes fous ou vous le faites exprès ? Et pourquoi tenais-tu tellement à ce qu'on soit partis ? Tu voulais attaquer Peter ! Sirius ! Crois-tu vraiment qu'il aurait sauté dans le lac s'il voulait l'attaquer, au lieu de le laisser bêtement couler ?
Harry interrompit les regards meurtriers de Sirius à son égard et ceux de James vers son meilleur ami en sortant sa baguette et en la pointant vers Peter. Les deux maraudeurs sursautèrent, et Sirius cria.
Tu vois ! Je te l'avais dit !
Mais Harry ne fit que lancer un sort de séchage au garçon trempé, avant de s'adresser à lui.
Suis moi ! Tu as besoin d'être au chaud, et en nous voyant partir les deux autres vont peut-être se décider à rentrer !
Peter acquiesça, et se remit à courir en compagnie d'Harry, et des deux autres qui les suivirent rapidement. La vue déjà floue d'Harry causée par son absence de lunettes était aggravée par le vent qui soufflait de plus en plus fort, et les rideaux de pluie qui tombaient sur le parc.
Alors qu'ils approchaient du château, un bruit se fit entendre et Harry se retourna à nouveau, conscient du danger, et vit une énorme branche d'un des arbres du parc être arraché par le vent et être emportée... vers eux.
Harry fit marche arrière et se précipita vers Sirius. Il s'élança et se projeta sur son futur parrain, le faisant tomber à terre. Au moment même, la branche tomba à l'endroit où il se trouvait quelques secondes auparavant.
Avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, Sirius fut relevé par Harry qui se remit à courir. Peter était arrivé au château et se tenait sur les premières marches, attendant ses amis.
Lorsque tous furent enfin à l'abri, ils entrèrent dans le hall et sursautèrent lorsqu'ils y découvrirent Dumbledore. Il les fixait, le visage réprobateur.
Messieurs, j'aimerais savoir ce que vous faisiez dehors en pleine nuit, et de par ce temps ! Eh bien... Plus tard ! Occupons nous d'abord de monsieur Pettigrow.
Celui-ci tremblait de tous ses membres, épuisé par son voyage dans le lac. Dumbledore s'avança vers lui et lui posa une main rassurante.
Vous semblez assez bien, et je vois que les compétences en sort de séchage de notre invité sont élevées. Mais allez à l'infirmerie, vous y passerez la nuit.
Le futur père et le futur parrain d'Harry lui firent un sourire rassurant, tandis qu'eux-mêmes redoutaient la sanction.
A votre tour messieurs... Avez-vous conscience des risques que vous avez encourut ? Explication !
Mais avant qu'un des deux maraudeurs aient pu réagir, Harry avait pris la parole.
Excusez nous monsieur le directeur, c'est ma faute... Je n'arrivais pas à dormir, et comme eux non plus je leur ai demandé de me faire visiter le parc.
Pour mieux jouer son rôle, Harry baissa les yeux, faussement honteux.
Tout d'abord, vous refusez de me dire qui vous êtes et ce qui vous est arrivé, et ensuite vous entraînez les élèves de cette école dans des aventures qui auraient pu leur coûter la vie ! Êtes vous inconscient ? Je... Je voulais juste découvrir... Vous serez sanctionner pour cela ! Etant donné que vous n'appartenez à aucune maison, aucun point ne sera enlevé pour votre cas... Mais vous aurez une semaine de retenue pour vous apprendre à ne pas transgresser nos règles !
Harry acquiesça, conscient de la chance qu'il avait de ne pas avoir de sanction plus sévère. Dumbledore se tourna alors vers les maraudeurs qui regardaient l survivant avec surprise.
Quand à vous messieurs, je crois que vous avez assez compris la leçon en risquant la vie de messieurs Black et Pettigrow... J'enlève cinquante points à Gryffondor. Est-ce que... Nos parents seront mis au courant ? Demanda James, inquiet. Non, mais bien votre directrice de maison. Allez dormir à présent !
Et d'un coup de baguette, Dumbledore sécha les vêtements humides des trois adolescents, avant de se tourner et de quitter le hall.
Harry, sans plus attendre, monta les escaliers et parcourut le couloir, silencieux, avant de donner le mot de passe à la grosse dame et d'entrer dans la salle commune. Sirius et James le suivaient, murmurant, puis ils bloquèrent le passage pour leur dortoir à Harry.
Tu avais promis une explication ! menaça Sirius. Je vous ai sauvé la mise, et la vie à tous les deux ! C'est insuffisant !
Harry le fusilla du regard.
Eh bien tu t'en contenteras ! cracha-t-il, avant de ressortir de la salle commune pour se calmer.
Sirius regarda l'endroit où se tenait Harry, quelques secondes avant.
Tu as un secret Harry, et je trouverai ce que c'est... Marmonna-t-il, furieux.
Il monta au dortoir et regarda les quelques affaires de Harry. Sur sa table de nuit se trouvait ses lunettes, et une cape, ainsi que la fiole contenant la potion de sommeil sans rêve.
Sirius eut un sourire cruel, et il marmonna des paroles que James ne saisit pas, trop occupé à se déshabiller.
- Très bien... Puisque tu ne veux pas dire qui tu es, tu le diras peut-être dans tes rêves...
****
Lorsque Harry fut de retour dans la salle commune, il avait froid mais était calmé. Sans plus attendre, il décida d'aller se coucher puisqu'il ne lui restait que quelques heures avant le lever.
Arrivé au dortoir, il alla à son lit et se déshabilla en vitesse. Lorsqu'il fut dans la chaleur de ses draps et que ses étourdissements cessèrent quelque peu, Harry saisit la fiole de potion de sa table de nuit. Il l'ouvrit et la porta à sa bouche. Il prit un temps avant de remarquer que rien ne coulait, et, la baissant à la hauteur de son visage, il vit qu'elle était vide.
Furieux, il se leva et alla au lit de Sirius. Il ouvrit les rideaux pour découvrir les deux amis le fixer, James légèrement honteux et Sirius, son éternel sourire.
Qu'as-tu fais de ma potion, demanda l'adolescent, rouge de colère, à Sirius. Va demander à l'évier, il l'a sûrement vu passé !
Harry se retint de se jeter sur son futur parrain, et tenta de se calmer.
Pourquoi as-tu fait ça ? C'est simple ! Puisque tu refuses de nous dire qui tu es, tes rêves nous renseigneront peut-être ! Mais enfin... c'est ridicule, je... James !
Son sosie avait les yeux posés sur les draps face à lui, n'osant le regarder.
Je suis désolé Harry... mais tu sais trop de choses nous concernant, et nous ne savons rien de toi... tu nous caches trop de choses. Très bien, dit froidement Harry. Si c'est ça que vous faites lorsque je vous sauve la vie, j'y penserai à deux fois avant de le refaire !
Et sans plus de paroles, Harry se dirigea vers son lit, s'y installa, et ferma les rideaux d'un geste brusque.
Pendant une heure, Harry résista à la tentation de dormir, de fermer simplement les yeux, sachant que les deux amis écoutaient probablement tout ce qu'il se passait.
Pourtant, à cinq heures du matin, Harry ne put plus résister à l'attrait de son oreiller, et il y posa la tête. Il était endormi moins de cinq minutes après, et il tomba dans un cauchemar après dix minutes de sommeil.
James et Sirius sursautèrent en entendant les premiers gémissements. Pendant une heure et demi, ils avaient tendu l'oreille, cherchant à entendre le moindre bruit venant du lit du nouveau venu, mais rien... A présent qu'ils relâchaient leur attention, Harry avait fini par s'endormir.
Viens, on va plus près de lui ! On entendra mieux...
James acquiesça, et tous deux se levèrent silencieusement et allèrent s'asseoir par terre, à côté du lit du Survivant qui bougeait en tous sens.
****
Harry fixa avec haine la cousine de son parrain qui riait à perdre haleine.
Alors Baby Potter, tu regrettes ton défunt parrain ? Je le vengerai et tu regretteras ton geste !
C'est alors que Voldemort apparut devant lui, ses pupilles rouges fixant Harry avec amusement. Il était assis dans une grande pièce froide, sur un trône en bronze où un énorme dessin de la marque des ténèbres était gravé.
Potter, Potter... Tu n'as pas encore compris que tu ne peux rien contre moi ? Je te tuerai Voldemort, siffla l'adolescent, les yeux brillants de rage. Je te tuerai ne serais-ce que pour venger Sirius ! Tu es plein de colère, de rage... Mais ça ne t'aidera pas.
Harry eut un sourire sarcastique.
Mais j'ai connaissance de la prophétie, ce que toi tu n'as pas ! J'ai bien d'autres moyens de l'obtenir que le ministère... mais j'avoue que c'était divertissant ! Surtout le passage de la mort de ton parrain... pathétique !
Harry sentit la nausée le gagner lorsqu'il vit des mangemorts amener deux prisonniers... Ron et Hermione.
Ne les touchez pas ! Mais, vois-tu, ils me sont d'une grande utilité... Alors tu vas me donner le contenu de la prophétie et je les relâcherai... Non ! Harry ne l'écoute pas !
Alors que Harry assistait, désespéré, au spectacle de Voldemort levant la baguette et la pointant vers sa meilleure amie, il se réveilla en sursaut.
Ses draps lui collaient à la peau à cause de la sueur, et sa cicatrice le brûlait. Il était pris de violentes nausées et sa vision était floue.
Harry, calme toi ! Sirius, va chercher de l'aide, vite ! Qui voudrais-tu que j'appelle hein ? Et puis il a rien de grave, c'est qu'un cauchemar...
Mais lorsqu'il eut fini sa phrase, Harry se tourna sur le côté, pris d'un haut le cœur, et vomit le peu de nourriture qu'il avait mangé ces derniers temps. James, qui avait reculé précipitamment, réagit.
T'es convaincu maintenant ? alors va chercher Pomfresh, et grouilles toi !
Sirius s'élança hors de la chambre, dévalant les escaliers. Harry, le front brûlant, délirait, murmurant des paroles que James ne parvenait pas à saisir, sauf certains qu'il avait interprété comme étant des prénoms.
Harry, Pomfresh va arriver... Ca va aller...
Il semblait tendu, ne pouvant s'empêcher de se considérer coupable du cauchemar étant donné que s'était de sa faute et de celle de Sirius si Harry n'avait pas eu sa potion pour sommeil sans rêve... Le futur père du Survivant comprenait à présent pourquoi Harry en avait besoin.
Attendant la venue de l'infirmière avec inquiétude, James regarda l'horloge magique qui se trouvait sur sa table de nuit. Il était presque six heures, Harry n'avait même pas dormi une heure complète. James jeta un coup d'œil à Harry dont les yeux bougeaient à toute vitesse, comme fous. Son corps était secoué de tremblements incontrôlables et il continuait de délirer.
James vit alors que sa cicatrice était d'un rouge sang. Il bougea la mèche de cheveux noirs qui était devant et approcha son doigt de la cicatrice pour la toucher. Mais alors que son index n'était plus qu'à quelques centimètres, la porte s'ouvrit, laissant le passage à son meilleur ami et à l'infirmière du château.
Aussitôt, Pomfresh fut près d'Harry, poussant James sur le côté. Elle toucha le front de Harry qui était toujours brûlant, regarda sa cicatrice avec attention, écouta les murmures du jeune garçon, et, moins de trois minutes après être entrée, elle avait tendu sa baguette sur le corps d'Harry et le faisait léviter.
Attendez ! Qu'est ce que vous faites ? Je l'emmène à l'infirmerie immédiatement, ce garçon est dans un état grave...
Sirius et James se regardèrent, légèrement honteux.
Monsieur Potter, allez prévenir immédiatement le directeur ! Monsieur Black, avertissez votre directrice de maison ! Et ne traînez pas, plus nous attendons, plus le cas de ce jeune homme s'aggrave.
Les deux garçons acquiescèrent et sortirent précipitamment de la pièce sans se regarder, tandis que la femme, baguette levée, faisait bouger le corps jusqu'à l'infirmerie.
****
Que se passe-t-il Pompom ? C'est ce jeune homme monsieur le directeur ! Je ne comprends pas ce qu'il se passe avec lui...
L'infirmière en était presque à s'arracher les cheveux. Elle avait pendant près d'un quart d'heure chercher ce qu'il se passait... Impossible de trouver !
Je lui ai donné un remède contre la fièvre, mais sa cicatrice est toujours brûlante, et je lui ai donné une potion pour la nausée, rien n'y fait ! Et il délire toujours... Avez-vous interrogé messieurs Black et Potter à son sujet ? Non Minerva, j'étais bien trop occupée à l'amener ici.
Dumbledore et McGonagall se tournèrent immédiatement vers les deux adolescents qui les avaient appelé et qui avaient le regard à terre.
Que s'est-il passé messieurs ?
James regarda Sirius, mais celui-ci évitait perpétuellement son regard, tant et si bien qu'il joua franc jeu.
Tout a commencé lorsque nous étions dehors... Il est arrivé près de nous et a dévoilé qu'il connaissait certains de nos... Secrets. Ensuite il nous a sauvé de la tempête, mais il ne voulait pas nous dire qui il était et comment il connaissait ces... secrets. Alors nous avons pris sa potion pour le sommeil sans rêve. Nous espérions comprendre qui il était, souligna-t-il plaintivement en voyant le regard furieux du directeur et celui choqué des deux femmes. Nous règlerons ça plus tard. Expliquez nous ce qu'il s'est passé ensuite. Et bien il s'est endormi tard et nous écoutions... Il s'est mis à remuer et à gémir... Il prononçait des mots que je n'ai pas compris. Ensuite il s'est réveillé, son front était brûlant et sa cicatrice était très rouge... Il a vomi et pendant que Sirius allait vous chercher –Il se tourna vers madame Pomfresh, il a déliré...
Dumbledore fixait James. Voyant qu'il ne mentait pas, il soupira.
Sauriez vous vous souvenir de certains mots ? De phrases ? Quand il dormait, il parlait de tuer, et il a crié certains noms... Et quand il était réveillé il parlait de vous monsieur le directeur... Il disait aussi des prénoms, et puis quelque chose comme manger des morts ? Je n'ai pas bien compris...
Dumbledore sursauta.
A-t-il dit mangemorts ? Oui, c'est cela !
Le directeur sembla soudainement alarmé.
A-t-il parlé de quelque chose d'autre ? A-t-il parlé de Voldemort ? Oui, il a dit quelque chose qui ressemblait... Qui est-ce ?
Le vieil homme ne lui répondit pas, trop occupé à jeter des regards significatifs à McGonagall qui semblait affolée.
Très bien messieurs, retournez à votre dortoir vous avez cours demain... Je vous attends dans mon bureau après le dernier cours pour parler de votre comportement.
Les deux adolescents acquiescèrent, comprenant qu'ils n'avaient pas à discuter étant donné leur faute. Ils sortirent tous deux de la pièce, tandis que les trois adultes regardaient Harry qui se calmait peu à peu...
