Chapitre 3
... Conséquences.
Bétalu par Delphine
« Vous avez... Oh, Remus... Vous auriez du me consulter avant d'aller voir Harry...» La voix de Dumbledore était doucement réprobatrice, comme si Lupin n'avait rien fait de pire qu'inverser les bannières de Gryffondor et de Poufsouffle au dessus du foyer central lors du festin de rentrée.
Snape se sentit très las, d'un seul coup. Le dernier meeting de mangemorts avait été éprouvant et il n'avait pas eu le temps de se remettre de tous les endoloris que lui avait décoché le Seigneur, enragé de ne pas avoir encore pu faire sortir Lucius et ses sbires d'Azkaban.
Donc il se sentait particulièrement irrité et peu enclin à laisser passer les imprudences commises ou tolérées par ces Gryffondors de tous poils.
« Ou, vous auriez pu vous couper la langue et la donner en pâture à l'hippogriffe qui passe son temps à geindre au dessus de nous. » Grogna-t-il, assez mécontent du manque de sarcasme suintant de sa voix doucereuse. Il commençait à fatiguer.
« Allons, Severus. » Réprimanda gentiment le directeur alors que les autres sorciers jetaient à Snape des regards de reproche.
« Quoi ? Vous allez me dire que 'ce n'est pas si grave' ? Ou 'il voulait bien faire' ? Ne me faites pas rire. Vous savez ce qu'on dit sur le pavage de l'enfer...
- Vous exagérez, Severus. » Fit Arthur Weasley en fronçant les sourcils.
Snape leva les bras vers le ciel en signe d'impuissance.
« Ben voyons. Vous ne vous doutez pas, bien entendu, de ce que va provoquer SA stupidité ?» Répondit-il en pointant Remus.
Tonks s'agita sur son siège.
« Je sais au moins que cela peut aider Harry à se sentir mieux ! Bien entendu, ce n'est pas comme si cela VOUS importait...» Répondit Mr Weasley avec hauteur.
« Vous avez absolument raison, Arthur. Le bien être de votre Golden Boy m'indiffère totalement. En ce qui me concerne, s'il souhaitait en finir avec ce qui lui sert d'excuse comme vie, je lui fournirais moi même le poison... »
La salle ne fut plus qu'un brouhaha de protestations offusquées et Snape grimaça alors que ses oreilles souffraient le martyre : Tonks braillait comme une truie qu'un boucher maladroit essaierait d'égorger.
« SILENCE ! SILENCE ! » Cria Dumbledore. Les membres de l'Ordre se rassirent, lançant des regards haineux en direction de Snape.
Qu'avait-il dit encore une fois ?
Cette bande d'hypocrites ne voyait-elle donc pas à quel stade d'auto-apitoiement se trouvait leur soit disant sauveur ? Le simple fait de tuer sa chouette le pousserait à se jeter du haut d'un pont avec un parpaing attaché au pied.
Non content d'être le fils de James Potter et de Lily Evans (ce qui en soi était suffisant pour vouloir en finir avec la vie), le gamin avait été élevé dans une famille moldue dépourvue du plus petit sentiment affectueux à son égard (chose qu'il n'avait aucun mal à concevoir) et placé à 11 ans chez les Gryffondors. Les Gryffondors ! Pouvait-on espérer destin plus funeste ?
En outre, il subissait les conséquences désastreuses de la prophétie bancale et abracadabrante d'une folledingue abusant de substances hallucinogènes, et avait, pendu à ses basques, un mage noir animé par la vengeance et le goût du sang.
Sans oublier qu'il était la ligne de mire de tous les journalistes de Grande Bretagne qui passaient des louanges les plus écœurantes aux accusations les plus aberrantes (cet été, l'Ensorceleur avait titré « Quel avenir pour Harry Potter après la chute de Celui-Que-L-On-Ne-Doit-Pas-Nommer ? Ministre de la Magie ou nouveau Seigneur des Ténèbres ? » Affligeant.). Il ne pouvait pas faire un pas dans le monde magique sans être le centre de l'attention, pas toujours bien intentionnée, de tous ceux qu'il croisait. Bien entendu, le gamin, complètement inconscient, mettait systématiquement ses deux pieds dans la bouche. Bref...
Et pour couronner le tout, cet imbécile avait trouvé le moyen de se prendre d'affection pour ce malade homicide de Black. Cet attachement, malsain et hautement ridicule, n'en était pas moins réel. Et Snape, bien que trouvant cette idée absolument aberrante (mais guère étonnante de la part de Potter), avait rapidement compris que Potter considérait Black comme LA figure paternelle.
Donc, non content d'avoir été privé de ses parents, il se trouvait séparé éternellement de celui qu'il aimait comme son propre père. Ajoutez à cela son impuissance (avait-on vu, de mémoire de sorcier, élève plus incompétent que Potter ? Oui, Neville Londubat) et cette écœurante culpabilité qui confinait à l'auto apitoiement et il y avait de quoi avaler assez de strychnine pour vaporiser un troupeau d'hippogriffes. Et Snape n'était pas homme à dénier le droit de tout individu à disposer de sa vie surtout si, comme dans le cas de Potter, il s'agissait d'une œuvre de salubrité publique.
Bien entendu, Snape n'aurait jamais admis publiquement avoir connaissance de la situation familiale et psychologique de Potter. Sinon, comment continuer à le traiter comme s'il était gâté pourri sans manquer de crédibilité ?
« Severus... » La déception teintant la voix du directeur était coupa court à ses pensées. Snape lui jeta un regard inquiet. La seule chose qu'il détestait était de décevoir le Directeur. « Je sais que vous ne pensez pas ce que vous venez de dire. Néanmoins, je dois vous demander de restreindre ce genre de remarques dans les conditions présentes. Harry souffre profondément. En grande partie par ma faute... »
Une vague sonore de protestation couvrit les paroles d'Albus.
« C'est faux, Albus, vous le savez bien ! » se récria Arthur Weasley.
« Un malheureux concours de circonstance. » Déplora Minerva.
« Nous avons tous une part de responsabilité : l'année dernière a été éprouvante, nul n'aurait pu prévoir ce qui allait se passer... » Fit Tonks en secouant la tête.
Snape se retint de jeter un regard meurtrier à ce ramassis de Gryffondors ineptes.
Seul Lupin gardait le silence, les yeux fixés au sol.
Cette anomalie de la nature cachée sous une enveloppe humaine faussement inoffensive était peut être la seule autre personne voyant les choses clairement.
Bien entendu que le directeur avait une part de responsabilité dans les événements du mois de juin dernier. Snape ne croyait pas que le ménagement des susceptibilités des uns et des autres soient d'une quelconque aide en la matière. Un homme était mort. (Pas une grande perte du point de vue de Snape, mais cela n'enlevait rien à sa disparition.) Et 6 enfants avaient bien failli le suivre (Snape préférait ne pas qualifier le degré d'importance de cette perte pour le monde magique...).
Même s'il ne servait à rien de tirer des plans sur la comète et d'essayer d'imaginer si la Terre aurait pu être carrée au lieu de ronde si les atomes s'étaient assemblés différemment, il n'en restait pas moins que certaines décisions du directeur étaient soumises à controverse.
Non, Snape n'aimait pas ménager les susceptibilités. Et il ne croyait pas non plus que l'ignorance fut une bénédiction. De son point de vue, Potter aurait dû être mis au courant dés le début de ce qui était réellement arrivé à ses parents, de ce que lui voulait Voldemort, du lien malsain qui les unissait et de cette fichue prophétie. Bien entendu, le Directeur ne voulait que le bien de Potter. Comment aurait-il pu en être autrement ? James Potter avait toujours été son préféré... Bref, le Directeur, le cœur tendre, comme tous les Gryffondors, préférait prémunir le gamin de tout ce qui pourrait le blesser, plutôt que de le forcer à faire face aux réalités de la vie.
Et, bien évidemment, cela amenait systématiquement à des catastrophes innommables, Potter étant le digne fils de son père. Et de sa mère... Ajouta mentalement Snape. On oubliait un peu trop facilement l'influence d'Evans sur son rejeton à son goût. Potter et Evans. Les deux sorciers qui n'auraient JAMAIS dû être autorisés à mélanger ce qui leur servait de gènes afin de pondre un enfant.
Snape reporta son attention vers le Directeur qui venait de lui parler.
Qu'avait-il dit ?
« Oui, vous avez une part de responsabilité dans la mort de Black. A mon sens moins par ce que vous lui avez caché sur leur lien mental que parce que vous le favorisez honteusement. » Il resta sourd à l'exclamation furieuse de Weasley et retint un petit sourire suffisant.
« Je ne vois pas comment Harry est 'favorisé', comme vous dites ! » Fit remarquer Molly Weasley, tendue comme une harpe. « En tous cas, il ne l'est pas par vous, c'est certain.
- Non, madame. En effet, je ne crois pas que l'indulgence soit le réflexe adapté lorsque l'on traite avec un Potter ! » Il cracha ce dernier nom comme une insulte.
Molly Weasley rougit et son mari posa une main apaisante sur son bras.
« C'est pourtant un comportement adapté lorsque l'on a affaire à un enfant blessé, maltraité et soumis à des pressions bien trop lourdes pour quelqu'un de son âge. » Répliqua-t-elle quand même avec hauteur. « Au nom du ciel, professeur Snape ! Harry a vu un de ses camarades d'école mourir devant lui ! Un psychopathe est à ses trousses quasiment depuis sa naissance ! Il a même été attaqué par un détraqueur et a passé devant les membres d'une cour prêts à le condamner par simple souci de préserver leur position au sein du ministère ! Son parrain est mort sous ses yeux ! Son PARRAIN, l'homme choisi par ses parents pour les remplacer après leur mort ! Je pense que rien que pour cela, Harry mérite d'être traité avec gentillesse et soin, et non pas houspillé et rabaissé plus bas que terre comme vous le faites ! »
Snape regarda la petite femme boulotte de haut.
Il appréciait difficilement d'être rappelé à l'ordre par une femme incapable d'inculquer un minimum d'éducation, de bienséance, de politesse, de respect et de sens commun dans la horde de marmaille lui servant de descendance.
« Madame Weasley, Potter ne peut s'en prendre qu'à lui même s'il souffre. Après tout, s'il avait simplement obéis aux ordres qui lui avaient été donné et s'il avait étudié un temps soit peu l'occlumencie au lieu de tout rejeter en bloc, il n'en serait pas là. Cet enfant, depuis le jour où il a passé les portes de Poudlard n'a fait que provoquer des catastrophes et se précipiter tête baissée dans les ennuis, sans réfléchir une seule seconde. Une telle accumulation de bêtise crasse, d'inconscience, d'incompétence et de manque de discernement ne justifie pas de faire preuve d'indulgence mais de fermeté ! Et en l'occurrence, » il se retourna d'un mouvement fluide, tout en mouvement de cape, vers Remus, pointant un doigt accusateur vers lui. « Lupin a fait tout sauf ça ! Qu'est-ce que vous vous imaginez que Potter va faire, maintenant que vous lui avez livré sur un plateau d'argent l'embryon de possibilité de sauver Black ? »
Lupin leva les yeux sur lui, la colère brillant au fond de ses prunelles ambrées.
« Vous vous trompez, Snape. Mais cela n'a rien de nouveau, après tout. Harry ne fera rien. Il a la tête sur les épaules. Si je l'ai convaincu qu'il n'y a vraiment aucune chance de sauver Sirius, il laissera tomber.
- 'Si' vous l'avez convaincu ?
- Je reformule : je l'AI convaincu.
- Oh vraiment ?
- Oui, vraiment. Je suis convaincu, et ce n'est pas vous qui allez me contredire, professeur Snape, qu'il vaut mieux tuer un espoir avant qu'il ne naisse. Harry déteste être laissé dans l'ignorance. Les événements de l'année dernière en sont la preuve. Il valait mieux lui donner une vérité tronquée que de le laisser chercher les réponses seules, avec tous les risques que cela implique.
- Très Serpentard de votre part. » Dit Snape d'une voix onctueuse, s'attirant un regard meurtrier de la part du loup garou. « Mais pour l'occasion, totalement mal avisé. Le mot 'impossible' n'existe pas dans le vocabulaire de Potter. Vous lui avez donné toutes les informations dont il avait besoin pour commencer ses... Ah, recherches. Je vous gage que dans les 3 mois, Potter aura réussi à se frayer un chemin dans le département des mystères et qu'il passera lui même le portail. Autant pour le destin de votre Sauveur de l'Humanité. »
Il se rassit dignement et lança un regard soutenu au Directeur, qui soupira.
« Remus, mon ami... Severus pourrait être dans le vrai.
- Pourrait ? Quand me suis-je trompé sur le compte de Potter ? Quand il a forcé les sécurités autour de la pierre philosophale ? Ou quand il a aidé Black à se sauver il y a 2 ans ? Ou quand...
- Oui, Severus. » Interrompit le Directeur avec patience. « Vous avez démontré régulièrement une excellente analyse du comportement de Harry. Néanmoins, le point n'est pas là. Remus, votre soucis du bien être de Harry ne fait aucun doute, mais vous avez peut être, sans le vouloir, aiguillé l'esprit de notre jeune ami vers des directions mal avisées. Harry est un jeune homme très courageux, mais un peu trop prompt à agir. Comme son père... »
Lupin hocha la tête et Snape haussa un sourcil.
Potter père n'était pas en cause à ce niveau là.
La tête brûlée avait toujours été Evans. James Potter était sournois et même s'il était inconstant et enclin à laisser ses envies le guider, il était très loin d'être aussi inconscient et irréfléchi que son épouse.
Snape garda pour lui son opinion.
Grand bien face à chacun de voir en Potter la copie conforme de son géniteur en oblitérant systématiquement l'influence d'Evans.
En ce qui le concernait, Harry Potter était aussi détestable que son père : gâté, favorisé par ses professeurs, devant ses avantages et sa réussite à la seule renommée de son nom, et pétri de tous les préjugés de son damné père. Mais il n'avait pas que les indénombrables défauts de James Potter, il avait également ceux de Lily Evans : son impulsivité, son caractère épouvantable, son manque de tempérance et ses yeux.
Potter avait les yeux de Lily.
De grands yeux verts, aquatiques, sereins.
Des yeux de la couleur apaisante des Serpentards...
Se secouant, il reprit la parole.
« Et bien, qu'allons nous faire, maintenant ? »
Une dizaine de paire d'yeux bovins se fixèrent sur lui.
« A quel sujet ? » Demanda Schakelbot d'un ton coupant.
« Suite à la magnifique démonstration d'incompétence et de stupidité de Lupin, que faisons nous au sujet de Potter ?
- Rien. » Répondit le Directeur.
« Rien ? » Répéta Snape d'un air méprisant.
« Rien. » Confirma le Directeur. « Agir maintenant ne ferait que renforcer les possibles dégâts. Si Harry a des soupçons, quoique nous fassions par rapport à ce que lui a dit Remus ne fera que les renforcer et l'encourager...
- Et nous ne voudrions pas encourager Potter à se précipiter vers le danger, n'est-ce pas ? » Interrompit Snape avec sarcasme. Le Directeur n'avait fait que cela depuis 5 ans.
« Absolument. Nous allons observer Harry. S'il y a le moindre problème, nous aviserons. »
Snape se retint de lever les yeux au ciel.
Les Gryffondors étaient de vraies cigales...
La destruction du monde était en marche depuis le jour où Harry Potter était venu au monde.
Pourquoi était-il le seul à voir cela ?
« Chère Hermione,
Je vais avoir besoin de ton aide, de tes conseils et de ton incroyable cerveau. Je ne peux pas t'expliquer par courrier. Retrouvons nous jeudi matin 11h au chemin de Traverse avant notre rendez vous avec Ron pour nos courses de rentrée. Ne dis rien à Ron pour le moment, je préfère avoir d'abord ton avis sur la question avant de le mêler à ça. Si tu es d'accord avec moi après que je t'ai tout dit, nous lui exposerons tout ça l'après midi en faisant nos courses pour la rentrée.
Oui, je sais, ma lettre n'a aucun sens.
S'il te plait, ne pose pas de question pour le moment, attends jeudi.
Bien à toi,
Harry »
« Tu es en train de te moquer de moi, c'est bien cela ?
- Non, 'Mione, je suis très sérieux. »
Harry se retint de rouler des yeux devant l'expression dubitative de la jeune fille.
« Harry, c'est de la folie douce ! Les magiscientifiques du département des Mystères ne sont arrivés à rien en prés de 30 ans et toi tu t'imagines réussir là où ils ont échoué ?
- Peut être qu'ils ne cherchent pas là où il faut.
- Oh et nous oui ?
- Hermione, ce n'est pas à toi que je vais apprendre que nous avons réussi là ou des adultes plus âgés et plus expérimentés que nous ont échoué.
- Harry Potter, ne commence pas à prendre la grosse tête, tu veux ?
- Je ne prends pas la grosse tête ! Je dis juste que... Ecoute : Ron a vaincu un troll, tout seul. Et nous avons déjoué les énigmes des professeurs de Poudlard, que je considère comme étant les sorciers adultes les plus inventifs et intelligents que j'ai jamais rencontrés. Tout ça en 1ère année ! Et on a sauvé Ginny du souvenir de Jedusor, et j'ai tué un Basilic en 2ème année. Tu veux que je continue ? »
Hermione prit une bouchée de son Sunday et suçota la cerise d'un air pensif.
« Tu n'y crois quand même pas ?
- A la possibilité de sauver Sirius ? Si. »
Hermione roula des yeux.
« Non, je ne parle pas de ça. Enfin si... Mais ce que je veux dire... Enfin, Harry, ne me dis pas que tu te prends pour heu... Enfin...» Elle hésita.
« Que je me prends pour quoi, au juste ?
- Superman.
- Superman ? » Répéta Harry platement.
Hermione hocha la tête.
« D'après toi, je me prends pour Superman ?
- Pas exactement... » Elle sembla gênée. « C'est juste que tu as... Harry, tu as tendance à agir comme si tu étais invulnérable ou comme si ton devoir dans la vie était de sauver le monde...»
La mâchoire de Harry se répandit au sol.
« Mais c'est faux ! Je ne me prends pas pour le sauveur du monde ! »
Hermione piqua sa cuillère dans sa glace et touilla nerveusement.
« Oui... Oui, je sais que tu ne penses pas comme ça. Je sais cela. Mais tu agis comme si. Enfin, Harry, soit honnête avec toi même : à chaque fois qu'il se passe quelque chose, tu interviens. Tu fonces dans le danger sans réfléchir. Et c'est vrai que tout s'est toujours bien fini... Plus ou moins... Je veux dire... A part pour Cédric et Sirius... A chaque fois tu as réussi : tu as empêché Voldemort de s'emparer de la pierre philosophale, puis de tuer Ginny. Et tu as libéré Hagrid et sauvé Buck. Et Ron aussi, même s'il n'était pas vraiment en danger... Et tu nous as tous sauvé dans le département des mystères, l'année dernière. Mais...
- Mais quoi ?
- Harry, tu as eu de la chance. Tu as eu une chance incroyable. A chaque fois. Je ne dis pas que tu n'es pas intelligent, ou courageux, ou agile. Je dis juste que tu prends toujours des risques sans réfléchir et que si tu t'en sors, c'est par chance, pas... Pas parce que tu es... Une sorte de super sorcier... »
Elle se mordilla les lèvres, une expression inquiète sur le visage, craignant visiblement qu'il prenne mal ce qu'elle venait de lui dire.
Harry exhala lentement puis regarda son amie droit dans les yeux.
« Je sais bien Hermione. Je ne suis pas stupide. C'est juste que... Je ne peux PAS ne rien faire. 'Mione, s'il y a une seule chance, une seule... Tu ne penses pas que ça vaut le coup ?
- Harry... » Elle secoua la tête. « Tu... Tu devrais en parler à Dumbledore...
- NON ! » Siffla-t-il, furieux. « Non, je n'en parlerai pas à Dumbledore ! Pour qu'il m'offre un bonbon et me renvoie dans ma chambre comme un enfant, en me disant de 'laisser faire les adultes' ? Dans le cas ou, bien entendu, il me DISE quoique ce soit au lieu de me laisser dans l'ignorance !
- Harry, ce que tu dis n'est pas juste. Ce n'est pas la faute de Dumbledore si Sirius...
- Non, » coupa Harry, « mais tout ce qu'il avait à me dire c'était 'au fait, Harry, ce que tu vois dans tes rêve, ce n'est pas obligatoirement la réalité. C'est peut être Voldemort qui t'envoies des images pour t'embrouiller' !
- Harry... » Commença Hermione, l'air triste.
« Non ! » Cracha Harry, se contrôlant suffisamment pour conserver sa voix basse, afin de ne pas alerter Florian Fortescue. « Je sais que je suis le seul coupable dans la disparition de Sirius. Mais je ne lui pardonnerai jamais ne m'avoir caché CA ! C'est MA tête, c'est MON esprit ! J'ai le droit de savoir quand une espèce de mort vivant mégalomane essaie de s'amuser avec !»
Hermione serra les lèvres, les yeux embués de larmes fixés sur son Sunday en train de fondre.
« Oh, mais il ne faut pas pleurer, ma mignonne ! Une glace qui fond, ce n'est pas la fin du monde ! »
Harry et Hermione sursautèrent et jetèrent un regard paniqué à Marbella Fortescue, la femme de Florian.
« Florian ! Deux autres sundays ! Harry a fini et la petite Hermione a laissé le sien fondre ! »
Elle s'empara prestement des deux coupes et les ramena à l'intérieur du magasin.
« Excuse moi, » commença Harry, mal à l'aise. « Je n'avais pas à te crier dessus... »
Hermione secoua la tête.
« Ce n'est pas grave... Je comprends ce que tu ressens...
- Hermione... On ne me dit jamais rien... Je suis trop jeune pour qu'on me dise quoi que ce soit mais pas pour affronter la mort ? Il ne me dit jamais RIEN. Et après il me tape affectueusement sur la tête et me donne des points pour avoir tuer un monstre ou combattu Voldemort. Tu ne trouves pas ça aberrant ? »
Hermione le regarda un moment avant d'éclater de rire.
« Qu'est-ce que j'ai dit ? » Se fâcha Harry.
« Ho... Ho, ri... Rien... Ha... Rry... C'est... C'est Nerveux ! » Et elle pouffa de plus belle, ce qui ravit Florian Fortescue quand celui-ci vint leur ramener leurs sundays frais.
Une fois que la jeune fille se fut calmée, elle observa gravement Harry.
« Très bien. Je vais t'aider. Par quoi on commence ? »
Harry se laissa aller en arrière et contempla le ciel, d'un bleu lumineux, au dessus de lui.
« Coupures de presse ? Il faut essayer de trouver où était le portail avant d'arriver au ministère. Après... On pourrait contacter l'ancien propriétaire ? Je suis sur qu'il sait comment il fonctionne.
- Je ne suis pas d'accord. S'il le savait, il aurait déjà libéré ceux qui ont passé le portail. Par contre, la presse c'est une bonne idée.
- Ouah, j'ai eu une bonne idée ? » Sourit Harry.
Hermione lui lança un regard désabusé.
« Tu as souvent de bonnes idées, mais tu tires trop vite des conclusions et tu fonces avant de réfléchir.
- Hum. Ca n'a jamais eu l'air de t'embêter, vu comment tu cours à ma suite, en général.
- Uniquement pour t'éviter de faire des bêtises. » Répondit-elle avec un sourire soudain éclatant.
Harry leva les yeux au ciel.
« Ben voyons... Et qu'est-ce qu'on fera quand on aura trouvé l'endroit ?
- Il faut qu'on connaisse l'origine du portail. On pourra peut être comprendre comment il fonctionne si on sait quel type de sorciers l'a construit...
- Ce serait tellement plus simple si on pouvait récupérer les infos collectées par le département des mystères... » Grogna Harry.
« Et comment on ferait ? On entre par la grande porte et on se présente comme le groupe de recherche du portail de la mort ? »
Harry haussa les épaules devant le sarcasme. On entrait dans le ministère comme dans un moulin, de toute façon... Il leva son nez de son Sunday et observa la foule. Il tressaillit en voyant une tête rousse apparaître dans la cohue, se dirigeant droit vers eux.
« Voilà Ron. Qu'est-ce qu'on lui dit ? »
Hermione cligna des yeux, surprise.
« Ben... On lui dit tout, non ?
- C'est juste que... » Harry hésita. Ron était son meilleur ami, bien sur qu'il devait lui dire... Seulement, dans sa dernière lettre...
« Harry ? » Interrogea Hermione, perplexe.
Harry lui jeta un regard ennuyé.
En 3ème année, quand il avait reçu son Nimbus 2000 de la part de Sirius, c'était Ron qui s'était enthousiasmé et Hermione qui avait prévenu les professeurs. Il lui en avait toujours voulu pour cela, même si tout ce qu'elle avait voulu faire c'était le protéger.
Mais la situation était différente, aujourd'hui.
Après l'épisode de la cabane hurlante, Hermione avait toujours eu un faible pour Sirius. Harry avait toujours pensé que c'était parce que Sirius était le premier à s'être pris d'affection pour Pattenrond, alors que ses deux meilleurs amis détestaient le chat.
Ron admirait Sirius, mais... Mais il avait failli perdre son père l'année précédente et, depuis, il était beaucoup plus circonspect quand à la prise de risque. Oh, il n'hésitait pas à se jeter dans la mêlée, mais il réfléchissait à 2 fois avant de laisser ses amis faire de même. Un peu comme Sirius avec lui.
« Hermione... Je n'imaginais pas te dire ça un jour mais... Ron est trop sérieux pour pouvoir nous aider pour le moment. »
Hermione ouvrit de grands yeux.
« Tu veux lui cacher ?
- Juste pour le moment ! » Répondit Harry avec précipitation. « On n'est pas sur de pouvoir faire quoique ce soit. Tant qu'on n'a pas plus d'info... Hermione, s'il s'inquiète pour nous, s'il pense qu'on prend trop de risques, il ira en parler directement à son père... Et on risque de ne plus pouvoir rien faire...
- Harry... Juste pour ton information : si TU prends trop de risques à mon goût, c'est moi qui irait en parler à Mr Weasley, au directeur ou au professeur Mc Gonnagal. Voire aux trois. »
Harry ferma brièvement les yeux.
« S'il te plait, Hermione. Juste le temps qu'on fasse des recherches ? De toute façon, ça va le saouler, les recherches ! »
Hermione l'observa un moment, le visage fermé avant de répondre, sans entrain :
« C'est d'accord...
- Qu'est-ce qui est d'accord ? » Demanda Ron, essoufflé, se laissant tomber sur une chaise à coté de Harry.
Harry regarda Hermione qui gardait la même expression.
« Hermione va m'aider en potion, cette année...
- Oh, brillant ! Moi aussi tu m'aideras ?
- Evidemment. » Répondit Hermione. « Je ne vais pas te laisser derrière. » Elle jeta un regard significatif à Harry.
« Hum... Ca va ? Tu as l'air d'avoir couru... » Demanda Harry en ignorant l'expression d'Hermione.
« J'ai bien cru arriver en retard ! Il y avait un de ces mondes au chaudron baveur. Vous êtes là depuis longtemps ?
- Le temps de manger deux glaces. Tu en veux une ?»
Ron jeta un regard d'envie aux Sunday avant de soupirer.
« Maman veut qu'on mange tous ensemble à Dotterfall... Pas le temps pour une glace. » Dit-il d'un air de regret. « En fait, je suis venu vous chercher.
- C'est quoi Dotterfall ?
- Un nouveau restaurant. » Répondit Hermione. « Il a ouvert la semaine dernière. La critique gastronomique de la gazette en parlait cette semaine. »
Harry n'écouta plus, observant Ron et sentant la culpabilité le ronger.
A suivre
