La Nouvelle Génération
Chapitre 11 : Tomoe et Manji
Nadeshiko se sentit soudain toute petite devant cette femme au regard sévère. Sa voix, étrangement aigre-douce, s'infiltra en la jeune fille et lui procura une sensation glacée. Mais son regard l'attirait comme un aimant. Ces yeux bleus-gris qui la fixèrent durant un long instant avant d'accrocher leur emprise mystérieuse sur Lionel. Mais il ne semblait troublé pour rien au monde.
Yelan : Lionel. Voici donc ta fille dont tu m'avais parlé dans ta lettre.
Lionel : Exact mère. Et voici ma femme, Sakura.
Yelan dévisagea Sakura et s'inclina légèrement en signe de respect. Son regard se reporta sur Lionel.
Yelan : Je suis heureuse de te revoir mon fils. Combien de temps resteras- tu au manoir ?
Lionel : Environ deux semaines. Je veux faire découvrir à Nadeshiko la ville où j'ai grandi. J'irai aussi voir le reste de la famille... Stéphanie, Shiehua et Huaren.
Yelan : Bien. Allons dîner sous le pavillon si vous le voulez. Hueimei, dis au cuisinier de servir au jardin. N'oublie pas de demander aux servantes de nous apporter du vin et du cocktail non-alcoolisé pour la jeune demoiselle.
Hueimei : Je reviens mère. ( S'éloigne )
Yelan : Tiens, Futeie, je ne t'avais pas remarquée. Comment vont tes affaires présentement ?
Futeie : On a réglé une affaire importante dernièrement. Une longue histoire... Pour me récompenser, la compagnie d'avocats m'a donné mon chauffeur privé pour un certain temps. Leurs récompenses sont toujours dans ce genre.
Yelan : Eh bien... On dirait que tout va pour le mieux. Suivez moi, je vais vous conduire au pavillon.
Yelan se retourna une dernière fois pour saluer les ancêtres de la famille Li puis, soulevant les pans de sa longue robe bleu foncé en velours et descendit les petits escaliers du sanctuaire avant de prendre l'avance sur les autres afin de leur montrer le chemin. Ils arrivèrent bientôt près d'un grand et magnifique pavillon à la structure de fer peinte en vert forêt où s'enroulaient de la vigne sauvage. Une table vitrée était posée en dessous, entourée de chaises de jardin très belles, en fer noir. Yelan s'asseya sur la chaise au bout de la table et invita ses hôtes à prendre place. Futeie prit place à sa droite, Lionel à côté de Futeie, Sakura à gauche en face de lui et Nadeshiko à côté de sa mère. Seul la chaise à la gauche immédiate de Yelan restait vide pour Hueimei. Cette dernière les rejoignit bientôt, suivie de servantes en tabliers blancs portant des plats. Ils disposèrent une montagne de sushis au centre de la table, accompagnés de rouleaux de printemps fumants et de riz. De petits bols blancs en céramique contenaient les sauces nécessaires pour déguster les rouleaux prirent place près des mets. Des assiettes aux motifs fleuris leur furent distribuées ainsi que des verres transparents dans lesquelles coulèrent le vin et le cocktail commandés. Les servantes disposèrent les baguettes et, après s'être inclinées, s'en allèrent sans un mot. Le repas débuta.
Lionel : Que devient Stéphanie ?
Yelan : Elle s'est mariée à un jeune homme nommé Watsuki Edogawa. Il est fidèle et très présent pour sa fiancée. Elle vient parfois me voir et me décrit son bonheur durant de longues minutes. Ils ont deux enfants, mais leurs noms m'échappent.... Je pense que c'est Tomoe et Manji.
Lionel : Wow ! Je suis oncle trois fois ! Si on compte Chang, la fille de Shiehua.
Yelan : Oui, la famille s'est agrandie... Ça me réjouit énormément. Après les malheurs des années passées...
Lionel : Malheurs ?
Yelan : Oh, c'est une autre histoire, ne t'inquiètes pas, mon fils...
La conversation se porta ensuite sur les occupations de chacun. Nadeshiko décrivit son école et ses cours, tout en nommant ses nombreux amis. Yelan l'écouta attentivement. Lorsque le dîner prit fin, Nadeshiko alla porter quelques rouleaux de printemps à Kirjala et un ou deux sushis. La chatonne dévora son repas et agita sa queue tigrée.
Kirjala : C'est délicieux, dis donc ! Alors, que faisons-nous cet après- midi ?
Nadeshiko : Papa a dit que l'on va aller voir grand-tante Stéphanie et son mari, Watsuki. J'ai hâte de rencontrer ma petite-cousine Tomoe et mon petit- cousin Manji !
Kirjala : Et moi, que vais-je faire ?
Nadeshiko : Tu pourrais sûrement venir avec nous. Je te cacherais. Papa a dit qu'ils ont un grand jardin alors tu pourrais aller y faire de l'exercice.
Kirjala : D'accord.
Sakura ( derrière la porte de la chambre ) : Nadeshiko ? ( Cogne ) Es-tu la ??
Nadeshiko : Vite, dans le placard !!!
Nadeshiko cacha son amie dans le placard et ouvrit à sa mère en affichant un sourire angélique.
Nadeshiko : Tu m'as appelée ?
Sakura : Prépare-toi, nous allons voir ta grand-tante. Tu parlais à quelqu'un ?
Nadeshiko : Non... Pas du tout... Laisse moi prendre mon sac et je reviens.
Nadeshiko enfouit Kirjala dans son sac à dos orange et sortit de la chambre en suivant sa mère. Ils accompagnèrent Futeie jusqu'à sa voiture personnelle et la petite famille s'engagea sur le chemin poussiéreux en cahotant. Le manoir Li s'éloignait derrière eux tandis qu'ils quittaient la petite lande campagnarde pour rejoindre la bruyante activité de la ville. Nadeshiko resta silencieuse tout le long du voyage, observant les voitures qui s'entassaient de peine et de misère sur le boulevard. Des centaines de klaxons résonnaient autour d'elle, lui faisant presque tourner la tête. Finalement, après presque une heure passée dans le bouchon de circulation, les passagers se retrouvèrent transportés dans un petit village chic de la banlieue de Hong-Kong. Nadeshiko aperçut une coquette résidence en pierres rouges où la voiture s'arrêta. Contente de se dégourdir les jambes, l'adolescente sortit du véhicule noir en respirant un bon coup d'air frais. Lionel monta les trois petits escaliers menant au porshe et cogna trois coups sur la porte de chêne massif. Une femme aux cheveux noirs coiffés en deux chignons leur ouvrit et un grand sourire illuminait son visage alors qu'elle sautait au cou de Lionel.
Femme : Lionel !!!! Oh mon dieu !!! Je suis si contente de te revoir !!!!
Lionel : Stéphanie ! Mais tu as bien changé dis donc !
Stéphanie : Sakura ! ( Va lui donner l'accolade )
Sakura : Ravie de te revoir de nouveau Stéphanie !
Stéphanie ( crie derrière elle ) : Tomoe ! Manji ! Venez dire bonjour !
Un garçon aux cheveux noirs tout ébouriffés et une fillette aux longs cheveux raides d'environ 7 ans avec une expression d'indifférence sur le visage arrivèrent suivis d'un homme habillé en jardinier. Nadeshiko ne les trouvait pas beaucoup souriants comparés à leur père qui affichait ses dents blanches toutes bien alignées d'un air aimable.
Homme : Bonjour ! Vous devez sûrement être Lionel ! Je suis Watsuki Edogawa, le mari de Stéphanie.
Lionel ( lui serre la main ) : Bonjour Watsuki ! Je suis Lionel, le cousin de Stéphanie. Voici ma femme, Sakura et ma fille, Nadeshiko.
Watsuki : Enchanté, mesdemoiselles. Je faisais un peu de jardinage dans la cour, excusez mon accoutrement... Tiens, bonjour Mlle Futeie !
Futeie : Bonjour Watsuki.
Watsuki : Nous nous sommes vus au Jardin Takawado ! Comment vont vos rosiers mamzelle ?
Futeie : Vos trucs m'ont bien aidé, ils ont repris de la vigueur. Merci bien.
Stéphanie : Watsuki est horticulteur.
Sakura : Vous devez avoir de la chance ! Côtoyer toutes ces fleurs ! Moi qui adore les regarder !
Watsuki : Ce sont de vraies merveilles... Comme Stéphanie d'ailleurs !
Stéphanie ( rougit ) : Ne dis pas de bêtises ! Allez, venez je vous prépare une tasse de thé !
Futeie, Lionel, Sakura et Nadeshiko suivirent leurs hôtes jusqu'à un salon bien coquet où leur furent servis des tasses de thé fumantes. Après avoir terminé la sienne, Nadeshiko demanda à explorer le jardin, ce que Stéphanie approuva avec un grand sourire. Donc, pendant que les adultes parlaient, Nadeshiko sortit explorer le jardin. Il était somptueux. Des myriades de fleurs colorées s'étalaient sous ses yeux ravis. Une petite fontaine agrémentait l'endroit de son doux bruissement et une petite véranda était aménagée. Nadeshiko voulu faire sortir Kirjala pour qu'elle prenne l'air mais la chatonne sommeillait paisiblement. N'osant pas la déranger, la jeune fille déposa délicatement son sac par terre et s'asseya au bord de la fontaine où barbotaient des poissons rouges aux larges queues blanches dentelées. Soudain, une silhouette se dessina au dessus de son reflet et Nadeshiko se retourna en poussant un cri de surprise. C'était Manji.
Nadeshiko : Tu m'as fait peur dis donc ! Tu es Manji n'est-ce pas ? ( Il fait un signe de tête affirmatif ) Moi c'est Nadeshiko.
Manji : Tu connais la légende des piliers de pierre ?
Nadeshiko : Quoi ??? ( Dans sa tête ) Ne me dites pas qu'il connaît mes pouvoirs et le fait que je voudrais voir les Sept Piliers ?
Manji : Les piliers de pierre qui sont cachés chez Grand-mère Li.
Nadeshiko : Chez Yelan ?
Manji : Oui. On raconte qu'à toutes les nuits d'éclipse de lune, les fantômes des piliers se réunissent.
Nadeshiko : Les fantômes des piliers ? De quoi ont-ils l'air ?
Manji : On raconte qu'il y a trois femmes et quatres hommes. Tous des chinois. Ils mettent leur main sur les piliers en prononçant une sorte de formule magique et que tout s'illumine. Mais ensuite, on ne sait pas ce qu'ils font. Le hasard veut qu'une éclipse soit prévue ce soir.
Dans l'esprit de Nadeshiko résonnèrent alors les paroles de Kirjala dans l'avion qui la menait à Hong-Kong.
« Des pilliers d'au moins 4 mètres qui soutiennent un plafond en voûte, un peu comme dans la Grèce Antique. Ils représentent chacun un élément. L'amour, la sincérité, l'amitié, la lumière, l'équilibre, la création et l'intelligence. C'était un lieu de rendez-vous privilégié de l'Ordre du Soleil Rouge. C'est là qu'ils se réunissaient le plus souvent. Chaque membre avait un pilier unique. Malwalosce avait celui de l'amour, Kyla Hidoshi, la voyante, avait celui de l'intelligence. Clow Reed possédait l'amitié, Malika Lozako, la cousine de Kyla, avait l'équilibre, Sheyo Itamaki, l'expert en arts martiaux, avait la création et le grand chef, Sanjiro Hemukawa avait l'ultime ; la lumière. »
Nadeshiko : Tu crois aux histoires de fantômes ?
Manji : On ne peut pas dire que je n'y crois pas.
Nadeshiko : Mais pourquoi me racontes-tu ça à moi ?
Manji : Tu le comprendras.
Voix de fille : Manji ?
Tomoe venait de sortir par la porte arrière de la maison. Nadeshiko la trouva tout de suite mystérieuse avec ses grands yeux verts et ses cheveux qui tombaient sur ses épaules comme des rideaux.
Tomoe : Que fais-tu ici ?
Manji : Je discutais avec notre petite-cousine. Tu sais que c'est l'éclipse ce soir ?
Tomoe devint livide. Ses yeux s'agrandirent de surprise. Son regard passa de Nadeshiko à Manji. Elle échappa l'arrosoir qu'elle tenait dans ses mains qui se renversa à ses pieds.
Tomoe : Les fantômes reviennent ce soir ?
Manji : Oui.
Tomoe : Je ne veux pas... Je...
Nadeshiko : Qu'as-tu Tomoe ?
Tomoe : Je... Je... Non...
Tomoe n'en dit pas plus et ramassa son arrosoir. Elle entra dans la maison en tremblant.
Nadeshiko : Qu'est-ce qu'elle a ?
Manji : On ne sait pas pourquoi mais à toutes les éclipses de lune, Tomoe fait d'affreux cauchemars. Elle me dit qu'une sorcière aux cheveux rouges veut la tuer mais elle ne me révèle jamais les autres détails. Tomoe est très sensible et elle déteste avoir ces visions. Elle ne se confie qu'à moi. Ma sœur pense souvent que le diable va venir la chercher et que les visions qu'elle a sont mauvaises. Elle pense que son don est nocif et qu'il causera un malheur.
Nadeshiko : Un don ?
Manji : Ma sœur peut voir l'avenir. Moi je vois le passé.
Nadeshiko : Tu es sérieux ?
Manji : Très sérieux. Parfois cela m'aide à déterminer les événements qui arriveront mais ce n'est pas aussi précis que les prédictions de Tomoe.
Nadeshiko : Essaie de me prédire quelque chose.
Manji : Dans environ 10 secondes, un corbeau va se poser sur la branche du pommier qui pousse derrière toi et il va manger la chenille dont l'œuf a éclos là il y a trois jours.
Dix secondes plus tard, un gros corbeau se posa sur la branche et prit une chenille verte qui vagabondait sur la branche, dans son bec. Il l'avala d'un trait, lissa ses plumes et reprit son envol en croassant. Nadeshiko en resta bouche bée.
Manji : Tu vois que je te dis la vérité... Si tu veux une autre preuve, le papillon qui s'est posé sur la fleur orange il y a deux minutes va venir se poser sur la fontaine et puis sur ta tête avant d'aller boire le nectar des fleurs de l'autre côté du jardin... Tout ça... Maintenant.
L'insecte aux couleurs chatoyantes quitta son perchoir parfumé qu'était la fleur orange et effectua les déplacements que Manji avait prédits.
Nadeshiko : Mais pourquoi tout me dire à moi ? C'est très... dangereux de révéler ces informations, tu sais.
Manji : Tu as le cœur pur... Et en plus, tu as un secret toi aussi. Un secret qui ressemble au mien.
Nadeshiko ( en pensée ) : Il lit dans les cœurs et les esprits... Ce garçon est vraiment à part...
Manji : Et si nous allions voir Tomoe ? La pauvre doit être traumatisée...
Nadeshiko : Euh... D'accord...
Un peu nerveuse, Nadeshiko suivit Manji qui lui tenait la main. Le petit garçon la guida à l'étage et entra dans une chambre aux couleurs reposantes qui s'harmonisait avec des couvre-lits aux motifs de planètes. Tomoe qui était assise sur son lit, les yeux rougis et les joues humides de larmes, leva timidement la tête. Manji lâcha la main de Nadeshiko pour aller l'enlacer comme seul un frère attentionné peut le faire. Après leur accolade, Manji invita Nadeshiko à s'asseoir sur son lit, à la gauche de celui de Tomoe où il avait pris place.
Manji : Tomoe... Raconte-nous ce que tu sais.
Tomoe ( renifle ) : Sur quoi ?
Manji : Les rêves que tu fais.
Tomoe : Pourquoi je le devrais ?
Manji : Parce-que Nadeshiko doit le savoir.
Tomoe : Oh... D'accord... ( Prend une grande inspiration ) À toutes les éclipses de lune, je fais le même rêve. Je suis dans le jardin de Grand- mère Li, l'astre du ciel se couvre. Les lucioles tournoient autour de moi. Je vois les sept piliers. Sortis de nulle part arrivent Sept Fantômes. Quatres hommes et trois femmes. Ils mettent leur main chacun sur un pilier, prononcent une formule et les pierres où leurs mains sont posées s'illuminent. Cette vision là s'efface pour laisser place à... Une fille qui te ressemble un peu, le visage dans le noir, accompagnée d'une chatonne ailée et d'un garçon aux oreilles pointues, qui est debout sur l'arche d'un temple au coucher du soleil. Ensuite, je me sens aspirée dans un tourbillon et je me retrouve dans une grande salle...
La respiration de Tomoe s'accéléra. Nadeshiko devina que c'était le début de la partie cauchemardesque de son rêve.
Tomoe : Par terre il y a 13 bougies noires autour d'un cercle magique. Soudain, je me retourne et une fille aux cheveux rouges, portant une très belle robe noire me prend par la gorge. Elle m'étouffe et me jette au milieu du cercle des bougies noires. Il y a comme des sables mouvants... J'ai de plus en plus de mal à respirer... J'entends le rire de la fille... Le rire du diable. La dernière chose que j'entends en me réveillant est... « L'aube se lèvera, le crépuscule mourra » et une chanson qui dit « Amakané, zoubach leo taman oyazo leiya eterna remo zaba xiao len. » Pendant que j'étouffe sous la vase, je vois Manji, ma mère, mon père subir le même sort. Ils saignent... Ma respiration devient de plus en plus difficile... et ensuite, je me réveille. Je ne veux pas que ça arrive !!!!
Nadeshiko : Certains de tes rêves se sont déjà réalisés ?
Tomoe : Oui. En réalité, ce sont mes cauchemars qui se réalisent... J'avais rêvé un jour que mon petit lapin mourrait écrasé sous une voiture dans la rue. Pourtant, sa cage ne s'ouvre jamais sauf quand je la nettoie et que je le nourris. Mais un jour, il a réussi à sortir et est allé dehors... Il est mort exactement comme je l'ai rêvé... Et si ce rêve là se réalise aussi, je vais perdre tous ceux que j'aime... Et je ne veux pas que ça arrive !!!! ( Pleure )
Nadeshiko ( essuie les larmes de Tomoe ) : Tout va bien, Tomoe. Ça n'arrivera pas, je te le jure.
Manji : Ce soir, va voir les fantômes.
Nadeshiko : Mais qu'est-ce que je vais devoir faire ? Et si ils veulent...
Manji : Ils ne te feront rien. Tu es spéciale et cette particularité te permettra de leur parler. Si ils montrent de l'agressivité envers toi, montre-leur ça.
Manji prit une amulette dans un tiroir et le donna à Nadeshiko. Un symbole de protection était peint sur la plaque de bois vernis carrée.
Manji : Garde-la précieusement. Je te la donne.
Nadeshiko : Merci Manji...
Ce soir là, à la table du souper, Nadeshiko mangea peu, tournant et retournant entre ses doigts l'amulette de Manji. Elle regardait l'horloge frénétiquement, comme le jour où elle était allée dans le Labyrinthe d'Anarmaya.
Yelan : Quelque chose ne va pas, Nadeshiko ?
Nadeshiko : Non, tout va bien, grand-mère. Je n'ai pas trop faim, c'est tout. Je peux aller dans le jardin ?
Yelan : Mais bien sûr.
Nadeshiko : Merci grand-mère.
Nadeshiko sortit dans le jardin des Li et les effluves parfumées des fleurs l'entourèrent. L'allée baignée de la lueur du soleil couchant serpentait entre les rosiers blancs. Nadeshiko suivit la petite route, cherchant les sept piliers. Elle passa devant un petit étang où les joncs abritaient des poissons argentés et écouta le dernier chant du rossignol joyeux perché quelque part au sommet d'un chêne noueux. Après presque dix minutes de marche parmi la flore, elle commençait à désespérer. Une idée logique lui parvint à l'esprit. Courant le long du chemin en sens inverse, Nadeshiko rentra dans le manoir Li et grimpa les escaliers quatre à quatre jusqu'à sa chambre. Kirjala qui lisait paisiblement, dressa les oreilles et releva la tête vers son amie.
Kirjala : Où étais-tu ?
Nadeshiko ( essoufflée ) : Dans le jardin... Comment... On retrouve... Des lieux magiques ?
Kirjala : Pourquoi tu veux savoir ça ?
Nadeshiko : Tomoe... Manji... L'éclipse... Les fantômes... je veux les voir !
Kirjala : Tu parles des Sept Piliers ? C'est donc ce soir... Bien. Je vais t'aider. On va utiliser une incantation qui nécessite quelques ingrédients... Il fait encore soleil, donc ça sera facile. Vas dans le jardin me chercher une rose blanche fanée et un Lys Tigré. Essaie de me trouver un briquet ou des allumettes et un bol s'il te plaît... Et une Obsidienne, tu sais, les pierres noires.
Aussitôt, Nadeshiko redescendit dans le jardin et rapporta les fleurs demandées à Kirjala. Elle se glissa en douce à la cuisine où plusieurs servantes faisaient la vaisselle en bavardant, dos tourné à Nadeshiko. La jeune fille fouilla dans quelques tiroirs et trouva un bol et une boîte d'allumettes provenant d'Amérique, sûrement un souvenir de voyage pensa la magicienne. Restait à trouver l'Obsidienne. Nadeshiko monta à l'étage et alla voir dans la chambre de sa Grand-mère. Heureusement vide.
Nadeshiko ( pense ) : Où est-ce qu'elle range ses bijoux ? Ah, ce coffre là- bas... Ça doit être ça...
Nadeshiko, un peu mal à l'aise d'emprunter ainsi des choses sans la permission de Yelan, aperçut un superbe coffre à bijoux en or posé sur une commode. Elle l'ouvrit et fouilla parmi les colliers de diamants et de perles, les bracelets en ivoire sertis de rubis, les boucles d'oreilles en émeraude ou en topaze, les bagues serties de quartz roses et trouva finalement une minuscule chaîne en or où pendait une grosse Obsidienne, une pierre noire légèrement tachetée, aussi appelée « Pierre de Lumière ». Soudain, une voix la fit sursauter et son cœur manqua de flancher.
Yelan : Nadeshiko ? Que fais-tu ici ?
Nadeshiko : Euh... Grand-mère ! Je... voulais... regarder tes bijoux... J'explorais la maison et j'ai vu... Je suis désolée... Je n'aurais pas dû.
Yelan : Ce n'est pas grave... Je sais que tu ne voulais rien voler... ( Sourit et prend le collier des mains de Nadeshiko ) Tu as trouvé mon vieux collier.
Nadeshiko : Il est joli.
Yelan : C'est un cadeau qui me vient d'un ami très cher. Un certain Utsuki Kouroï. Je devais avoir ton âge quand je l'ai eu à mon anniversaire. Je te le donne.
Nadeshiko : Mais... Grand-mère... C'est trop... Garde-le.
Yelan : J'insiste... ça te fera un souvenir de Hong-Kong.
Nadeshiko ( sourit ) : Merci. Je l'apprécie beaucoup.
Yelan : De rien, ma petite.
Nadeshiko sourit et prit le collier avant de sortir de la chambre. Soulagée que sa grand-mère n'ait pas remarqué son manège, elle alla dans sa chambre. Le soleil commençait à disparaître et l'orangé du ciel faisait place au bleu de la nuit. La lune commençait à se préciser. Une pleine lune. Nadeshiko étala les ingrédients devant Kirjala.
Kirjala : Merci... Bon, on a pas beaucoup de temps. L'éclipse va commencer dans moins de trois heures et le soleil se couche. ( Émiette la rose blanche dans le bol ) Tiens le Lys et donne moi les allumettes. Répète après moi. Que le cadeau de la terre, au feu soit consumé.
Nadeshiko : Que le cadeau de la terre, au feu soit consumé.
Kirjala : Qu'en ces cendres brûle l'éternité. ( Met le feu à la rose et fait signe à Nadeshiko d'ajouter le Lys ) Esprits voyageurs, montrez moi la voie.
Nadeshiko ( ajoute le Lys qui se consume avec la rose ) : Qu'en ces cendres brûle l'éternité. Esprits voyageurs, montrez moi la voie.
Kirjala : Montrez nous le chemin qui conduit aux Sept Piliers, lorsqu'à minuit l'heure aura sonné !
Nadeshiko : Montrez nous le chemin qui conduit aux Sept Piliers, lorsqu'à minuit l'heure aura sonné !
Kirjala prit l'Obsidienne dans ses pattes et les avança au dessus du feu. Nadeshiko y posa les siennes par dessus la pierre. L'Obsidienne rayonna un court instant alors que les cendres des fleurs s'éteignaient. Kirjala et Nadeshiko lâchèrent la pierre qui tomba dans le bol.
Kirjala : Maintenant on doit attendre... La magie va faire effet dans trois heures.
Au moment où elle prononçait ces mots, Yelan Li regardait par la fenêtre les constellations naissantes. Son regard gris acier se perdit dans le ciel.
Yelan : C'est commencé...
À suivre...
Salut Ici Opaline !! Ce chapitre m'a pris beaucoup de temps à écrire, j'espère que vous appréciez le résultat !! J'espère que je ne vous endors pas trop avec mes longs textes. Lol. J Un petit scoop pour la suite... Sakura va bientôt jouer un rôle très important dans l'histoire et Dawn va refaire surface ! je vous laisse le suspens. !! Envoyez moi vos commentaires bien vite, je les attend avec impatience ! En passant, un gros merci à la très sympathique Kari qui publie mes fics fidèlement ! Écrivez-moi en grand nombre !
!
Opaline
Chapitre 11 : Tomoe et Manji
Nadeshiko se sentit soudain toute petite devant cette femme au regard sévère. Sa voix, étrangement aigre-douce, s'infiltra en la jeune fille et lui procura une sensation glacée. Mais son regard l'attirait comme un aimant. Ces yeux bleus-gris qui la fixèrent durant un long instant avant d'accrocher leur emprise mystérieuse sur Lionel. Mais il ne semblait troublé pour rien au monde.
Yelan : Lionel. Voici donc ta fille dont tu m'avais parlé dans ta lettre.
Lionel : Exact mère. Et voici ma femme, Sakura.
Yelan dévisagea Sakura et s'inclina légèrement en signe de respect. Son regard se reporta sur Lionel.
Yelan : Je suis heureuse de te revoir mon fils. Combien de temps resteras- tu au manoir ?
Lionel : Environ deux semaines. Je veux faire découvrir à Nadeshiko la ville où j'ai grandi. J'irai aussi voir le reste de la famille... Stéphanie, Shiehua et Huaren.
Yelan : Bien. Allons dîner sous le pavillon si vous le voulez. Hueimei, dis au cuisinier de servir au jardin. N'oublie pas de demander aux servantes de nous apporter du vin et du cocktail non-alcoolisé pour la jeune demoiselle.
Hueimei : Je reviens mère. ( S'éloigne )
Yelan : Tiens, Futeie, je ne t'avais pas remarquée. Comment vont tes affaires présentement ?
Futeie : On a réglé une affaire importante dernièrement. Une longue histoire... Pour me récompenser, la compagnie d'avocats m'a donné mon chauffeur privé pour un certain temps. Leurs récompenses sont toujours dans ce genre.
Yelan : Eh bien... On dirait que tout va pour le mieux. Suivez moi, je vais vous conduire au pavillon.
Yelan se retourna une dernière fois pour saluer les ancêtres de la famille Li puis, soulevant les pans de sa longue robe bleu foncé en velours et descendit les petits escaliers du sanctuaire avant de prendre l'avance sur les autres afin de leur montrer le chemin. Ils arrivèrent bientôt près d'un grand et magnifique pavillon à la structure de fer peinte en vert forêt où s'enroulaient de la vigne sauvage. Une table vitrée était posée en dessous, entourée de chaises de jardin très belles, en fer noir. Yelan s'asseya sur la chaise au bout de la table et invita ses hôtes à prendre place. Futeie prit place à sa droite, Lionel à côté de Futeie, Sakura à gauche en face de lui et Nadeshiko à côté de sa mère. Seul la chaise à la gauche immédiate de Yelan restait vide pour Hueimei. Cette dernière les rejoignit bientôt, suivie de servantes en tabliers blancs portant des plats. Ils disposèrent une montagne de sushis au centre de la table, accompagnés de rouleaux de printemps fumants et de riz. De petits bols blancs en céramique contenaient les sauces nécessaires pour déguster les rouleaux prirent place près des mets. Des assiettes aux motifs fleuris leur furent distribuées ainsi que des verres transparents dans lesquelles coulèrent le vin et le cocktail commandés. Les servantes disposèrent les baguettes et, après s'être inclinées, s'en allèrent sans un mot. Le repas débuta.
Lionel : Que devient Stéphanie ?
Yelan : Elle s'est mariée à un jeune homme nommé Watsuki Edogawa. Il est fidèle et très présent pour sa fiancée. Elle vient parfois me voir et me décrit son bonheur durant de longues minutes. Ils ont deux enfants, mais leurs noms m'échappent.... Je pense que c'est Tomoe et Manji.
Lionel : Wow ! Je suis oncle trois fois ! Si on compte Chang, la fille de Shiehua.
Yelan : Oui, la famille s'est agrandie... Ça me réjouit énormément. Après les malheurs des années passées...
Lionel : Malheurs ?
Yelan : Oh, c'est une autre histoire, ne t'inquiètes pas, mon fils...
La conversation se porta ensuite sur les occupations de chacun. Nadeshiko décrivit son école et ses cours, tout en nommant ses nombreux amis. Yelan l'écouta attentivement. Lorsque le dîner prit fin, Nadeshiko alla porter quelques rouleaux de printemps à Kirjala et un ou deux sushis. La chatonne dévora son repas et agita sa queue tigrée.
Kirjala : C'est délicieux, dis donc ! Alors, que faisons-nous cet après- midi ?
Nadeshiko : Papa a dit que l'on va aller voir grand-tante Stéphanie et son mari, Watsuki. J'ai hâte de rencontrer ma petite-cousine Tomoe et mon petit- cousin Manji !
Kirjala : Et moi, que vais-je faire ?
Nadeshiko : Tu pourrais sûrement venir avec nous. Je te cacherais. Papa a dit qu'ils ont un grand jardin alors tu pourrais aller y faire de l'exercice.
Kirjala : D'accord.
Sakura ( derrière la porte de la chambre ) : Nadeshiko ? ( Cogne ) Es-tu la ??
Nadeshiko : Vite, dans le placard !!!
Nadeshiko cacha son amie dans le placard et ouvrit à sa mère en affichant un sourire angélique.
Nadeshiko : Tu m'as appelée ?
Sakura : Prépare-toi, nous allons voir ta grand-tante. Tu parlais à quelqu'un ?
Nadeshiko : Non... Pas du tout... Laisse moi prendre mon sac et je reviens.
Nadeshiko enfouit Kirjala dans son sac à dos orange et sortit de la chambre en suivant sa mère. Ils accompagnèrent Futeie jusqu'à sa voiture personnelle et la petite famille s'engagea sur le chemin poussiéreux en cahotant. Le manoir Li s'éloignait derrière eux tandis qu'ils quittaient la petite lande campagnarde pour rejoindre la bruyante activité de la ville. Nadeshiko resta silencieuse tout le long du voyage, observant les voitures qui s'entassaient de peine et de misère sur le boulevard. Des centaines de klaxons résonnaient autour d'elle, lui faisant presque tourner la tête. Finalement, après presque une heure passée dans le bouchon de circulation, les passagers se retrouvèrent transportés dans un petit village chic de la banlieue de Hong-Kong. Nadeshiko aperçut une coquette résidence en pierres rouges où la voiture s'arrêta. Contente de se dégourdir les jambes, l'adolescente sortit du véhicule noir en respirant un bon coup d'air frais. Lionel monta les trois petits escaliers menant au porshe et cogna trois coups sur la porte de chêne massif. Une femme aux cheveux noirs coiffés en deux chignons leur ouvrit et un grand sourire illuminait son visage alors qu'elle sautait au cou de Lionel.
Femme : Lionel !!!! Oh mon dieu !!! Je suis si contente de te revoir !!!!
Lionel : Stéphanie ! Mais tu as bien changé dis donc !
Stéphanie : Sakura ! ( Va lui donner l'accolade )
Sakura : Ravie de te revoir de nouveau Stéphanie !
Stéphanie ( crie derrière elle ) : Tomoe ! Manji ! Venez dire bonjour !
Un garçon aux cheveux noirs tout ébouriffés et une fillette aux longs cheveux raides d'environ 7 ans avec une expression d'indifférence sur le visage arrivèrent suivis d'un homme habillé en jardinier. Nadeshiko ne les trouvait pas beaucoup souriants comparés à leur père qui affichait ses dents blanches toutes bien alignées d'un air aimable.
Homme : Bonjour ! Vous devez sûrement être Lionel ! Je suis Watsuki Edogawa, le mari de Stéphanie.
Lionel ( lui serre la main ) : Bonjour Watsuki ! Je suis Lionel, le cousin de Stéphanie. Voici ma femme, Sakura et ma fille, Nadeshiko.
Watsuki : Enchanté, mesdemoiselles. Je faisais un peu de jardinage dans la cour, excusez mon accoutrement... Tiens, bonjour Mlle Futeie !
Futeie : Bonjour Watsuki.
Watsuki : Nous nous sommes vus au Jardin Takawado ! Comment vont vos rosiers mamzelle ?
Futeie : Vos trucs m'ont bien aidé, ils ont repris de la vigueur. Merci bien.
Stéphanie : Watsuki est horticulteur.
Sakura : Vous devez avoir de la chance ! Côtoyer toutes ces fleurs ! Moi qui adore les regarder !
Watsuki : Ce sont de vraies merveilles... Comme Stéphanie d'ailleurs !
Stéphanie ( rougit ) : Ne dis pas de bêtises ! Allez, venez je vous prépare une tasse de thé !
Futeie, Lionel, Sakura et Nadeshiko suivirent leurs hôtes jusqu'à un salon bien coquet où leur furent servis des tasses de thé fumantes. Après avoir terminé la sienne, Nadeshiko demanda à explorer le jardin, ce que Stéphanie approuva avec un grand sourire. Donc, pendant que les adultes parlaient, Nadeshiko sortit explorer le jardin. Il était somptueux. Des myriades de fleurs colorées s'étalaient sous ses yeux ravis. Une petite fontaine agrémentait l'endroit de son doux bruissement et une petite véranda était aménagée. Nadeshiko voulu faire sortir Kirjala pour qu'elle prenne l'air mais la chatonne sommeillait paisiblement. N'osant pas la déranger, la jeune fille déposa délicatement son sac par terre et s'asseya au bord de la fontaine où barbotaient des poissons rouges aux larges queues blanches dentelées. Soudain, une silhouette se dessina au dessus de son reflet et Nadeshiko se retourna en poussant un cri de surprise. C'était Manji.
Nadeshiko : Tu m'as fait peur dis donc ! Tu es Manji n'est-ce pas ? ( Il fait un signe de tête affirmatif ) Moi c'est Nadeshiko.
Manji : Tu connais la légende des piliers de pierre ?
Nadeshiko : Quoi ??? ( Dans sa tête ) Ne me dites pas qu'il connaît mes pouvoirs et le fait que je voudrais voir les Sept Piliers ?
Manji : Les piliers de pierre qui sont cachés chez Grand-mère Li.
Nadeshiko : Chez Yelan ?
Manji : Oui. On raconte qu'à toutes les nuits d'éclipse de lune, les fantômes des piliers se réunissent.
Nadeshiko : Les fantômes des piliers ? De quoi ont-ils l'air ?
Manji : On raconte qu'il y a trois femmes et quatres hommes. Tous des chinois. Ils mettent leur main sur les piliers en prononçant une sorte de formule magique et que tout s'illumine. Mais ensuite, on ne sait pas ce qu'ils font. Le hasard veut qu'une éclipse soit prévue ce soir.
Dans l'esprit de Nadeshiko résonnèrent alors les paroles de Kirjala dans l'avion qui la menait à Hong-Kong.
« Des pilliers d'au moins 4 mètres qui soutiennent un plafond en voûte, un peu comme dans la Grèce Antique. Ils représentent chacun un élément. L'amour, la sincérité, l'amitié, la lumière, l'équilibre, la création et l'intelligence. C'était un lieu de rendez-vous privilégié de l'Ordre du Soleil Rouge. C'est là qu'ils se réunissaient le plus souvent. Chaque membre avait un pilier unique. Malwalosce avait celui de l'amour, Kyla Hidoshi, la voyante, avait celui de l'intelligence. Clow Reed possédait l'amitié, Malika Lozako, la cousine de Kyla, avait l'équilibre, Sheyo Itamaki, l'expert en arts martiaux, avait la création et le grand chef, Sanjiro Hemukawa avait l'ultime ; la lumière. »
Nadeshiko : Tu crois aux histoires de fantômes ?
Manji : On ne peut pas dire que je n'y crois pas.
Nadeshiko : Mais pourquoi me racontes-tu ça à moi ?
Manji : Tu le comprendras.
Voix de fille : Manji ?
Tomoe venait de sortir par la porte arrière de la maison. Nadeshiko la trouva tout de suite mystérieuse avec ses grands yeux verts et ses cheveux qui tombaient sur ses épaules comme des rideaux.
Tomoe : Que fais-tu ici ?
Manji : Je discutais avec notre petite-cousine. Tu sais que c'est l'éclipse ce soir ?
Tomoe devint livide. Ses yeux s'agrandirent de surprise. Son regard passa de Nadeshiko à Manji. Elle échappa l'arrosoir qu'elle tenait dans ses mains qui se renversa à ses pieds.
Tomoe : Les fantômes reviennent ce soir ?
Manji : Oui.
Tomoe : Je ne veux pas... Je...
Nadeshiko : Qu'as-tu Tomoe ?
Tomoe : Je... Je... Non...
Tomoe n'en dit pas plus et ramassa son arrosoir. Elle entra dans la maison en tremblant.
Nadeshiko : Qu'est-ce qu'elle a ?
Manji : On ne sait pas pourquoi mais à toutes les éclipses de lune, Tomoe fait d'affreux cauchemars. Elle me dit qu'une sorcière aux cheveux rouges veut la tuer mais elle ne me révèle jamais les autres détails. Tomoe est très sensible et elle déteste avoir ces visions. Elle ne se confie qu'à moi. Ma sœur pense souvent que le diable va venir la chercher et que les visions qu'elle a sont mauvaises. Elle pense que son don est nocif et qu'il causera un malheur.
Nadeshiko : Un don ?
Manji : Ma sœur peut voir l'avenir. Moi je vois le passé.
Nadeshiko : Tu es sérieux ?
Manji : Très sérieux. Parfois cela m'aide à déterminer les événements qui arriveront mais ce n'est pas aussi précis que les prédictions de Tomoe.
Nadeshiko : Essaie de me prédire quelque chose.
Manji : Dans environ 10 secondes, un corbeau va se poser sur la branche du pommier qui pousse derrière toi et il va manger la chenille dont l'œuf a éclos là il y a trois jours.
Dix secondes plus tard, un gros corbeau se posa sur la branche et prit une chenille verte qui vagabondait sur la branche, dans son bec. Il l'avala d'un trait, lissa ses plumes et reprit son envol en croassant. Nadeshiko en resta bouche bée.
Manji : Tu vois que je te dis la vérité... Si tu veux une autre preuve, le papillon qui s'est posé sur la fleur orange il y a deux minutes va venir se poser sur la fontaine et puis sur ta tête avant d'aller boire le nectar des fleurs de l'autre côté du jardin... Tout ça... Maintenant.
L'insecte aux couleurs chatoyantes quitta son perchoir parfumé qu'était la fleur orange et effectua les déplacements que Manji avait prédits.
Nadeshiko : Mais pourquoi tout me dire à moi ? C'est très... dangereux de révéler ces informations, tu sais.
Manji : Tu as le cœur pur... Et en plus, tu as un secret toi aussi. Un secret qui ressemble au mien.
Nadeshiko ( en pensée ) : Il lit dans les cœurs et les esprits... Ce garçon est vraiment à part...
Manji : Et si nous allions voir Tomoe ? La pauvre doit être traumatisée...
Nadeshiko : Euh... D'accord...
Un peu nerveuse, Nadeshiko suivit Manji qui lui tenait la main. Le petit garçon la guida à l'étage et entra dans une chambre aux couleurs reposantes qui s'harmonisait avec des couvre-lits aux motifs de planètes. Tomoe qui était assise sur son lit, les yeux rougis et les joues humides de larmes, leva timidement la tête. Manji lâcha la main de Nadeshiko pour aller l'enlacer comme seul un frère attentionné peut le faire. Après leur accolade, Manji invita Nadeshiko à s'asseoir sur son lit, à la gauche de celui de Tomoe où il avait pris place.
Manji : Tomoe... Raconte-nous ce que tu sais.
Tomoe ( renifle ) : Sur quoi ?
Manji : Les rêves que tu fais.
Tomoe : Pourquoi je le devrais ?
Manji : Parce-que Nadeshiko doit le savoir.
Tomoe : Oh... D'accord... ( Prend une grande inspiration ) À toutes les éclipses de lune, je fais le même rêve. Je suis dans le jardin de Grand- mère Li, l'astre du ciel se couvre. Les lucioles tournoient autour de moi. Je vois les sept piliers. Sortis de nulle part arrivent Sept Fantômes. Quatres hommes et trois femmes. Ils mettent leur main chacun sur un pilier, prononcent une formule et les pierres où leurs mains sont posées s'illuminent. Cette vision là s'efface pour laisser place à... Une fille qui te ressemble un peu, le visage dans le noir, accompagnée d'une chatonne ailée et d'un garçon aux oreilles pointues, qui est debout sur l'arche d'un temple au coucher du soleil. Ensuite, je me sens aspirée dans un tourbillon et je me retrouve dans une grande salle...
La respiration de Tomoe s'accéléra. Nadeshiko devina que c'était le début de la partie cauchemardesque de son rêve.
Tomoe : Par terre il y a 13 bougies noires autour d'un cercle magique. Soudain, je me retourne et une fille aux cheveux rouges, portant une très belle robe noire me prend par la gorge. Elle m'étouffe et me jette au milieu du cercle des bougies noires. Il y a comme des sables mouvants... J'ai de plus en plus de mal à respirer... J'entends le rire de la fille... Le rire du diable. La dernière chose que j'entends en me réveillant est... « L'aube se lèvera, le crépuscule mourra » et une chanson qui dit « Amakané, zoubach leo taman oyazo leiya eterna remo zaba xiao len. » Pendant que j'étouffe sous la vase, je vois Manji, ma mère, mon père subir le même sort. Ils saignent... Ma respiration devient de plus en plus difficile... et ensuite, je me réveille. Je ne veux pas que ça arrive !!!!
Nadeshiko : Certains de tes rêves se sont déjà réalisés ?
Tomoe : Oui. En réalité, ce sont mes cauchemars qui se réalisent... J'avais rêvé un jour que mon petit lapin mourrait écrasé sous une voiture dans la rue. Pourtant, sa cage ne s'ouvre jamais sauf quand je la nettoie et que je le nourris. Mais un jour, il a réussi à sortir et est allé dehors... Il est mort exactement comme je l'ai rêvé... Et si ce rêve là se réalise aussi, je vais perdre tous ceux que j'aime... Et je ne veux pas que ça arrive !!!! ( Pleure )
Nadeshiko ( essuie les larmes de Tomoe ) : Tout va bien, Tomoe. Ça n'arrivera pas, je te le jure.
Manji : Ce soir, va voir les fantômes.
Nadeshiko : Mais qu'est-ce que je vais devoir faire ? Et si ils veulent...
Manji : Ils ne te feront rien. Tu es spéciale et cette particularité te permettra de leur parler. Si ils montrent de l'agressivité envers toi, montre-leur ça.
Manji prit une amulette dans un tiroir et le donna à Nadeshiko. Un symbole de protection était peint sur la plaque de bois vernis carrée.
Manji : Garde-la précieusement. Je te la donne.
Nadeshiko : Merci Manji...
Ce soir là, à la table du souper, Nadeshiko mangea peu, tournant et retournant entre ses doigts l'amulette de Manji. Elle regardait l'horloge frénétiquement, comme le jour où elle était allée dans le Labyrinthe d'Anarmaya.
Yelan : Quelque chose ne va pas, Nadeshiko ?
Nadeshiko : Non, tout va bien, grand-mère. Je n'ai pas trop faim, c'est tout. Je peux aller dans le jardin ?
Yelan : Mais bien sûr.
Nadeshiko : Merci grand-mère.
Nadeshiko sortit dans le jardin des Li et les effluves parfumées des fleurs l'entourèrent. L'allée baignée de la lueur du soleil couchant serpentait entre les rosiers blancs. Nadeshiko suivit la petite route, cherchant les sept piliers. Elle passa devant un petit étang où les joncs abritaient des poissons argentés et écouta le dernier chant du rossignol joyeux perché quelque part au sommet d'un chêne noueux. Après presque dix minutes de marche parmi la flore, elle commençait à désespérer. Une idée logique lui parvint à l'esprit. Courant le long du chemin en sens inverse, Nadeshiko rentra dans le manoir Li et grimpa les escaliers quatre à quatre jusqu'à sa chambre. Kirjala qui lisait paisiblement, dressa les oreilles et releva la tête vers son amie.
Kirjala : Où étais-tu ?
Nadeshiko ( essoufflée ) : Dans le jardin... Comment... On retrouve... Des lieux magiques ?
Kirjala : Pourquoi tu veux savoir ça ?
Nadeshiko : Tomoe... Manji... L'éclipse... Les fantômes... je veux les voir !
Kirjala : Tu parles des Sept Piliers ? C'est donc ce soir... Bien. Je vais t'aider. On va utiliser une incantation qui nécessite quelques ingrédients... Il fait encore soleil, donc ça sera facile. Vas dans le jardin me chercher une rose blanche fanée et un Lys Tigré. Essaie de me trouver un briquet ou des allumettes et un bol s'il te plaît... Et une Obsidienne, tu sais, les pierres noires.
Aussitôt, Nadeshiko redescendit dans le jardin et rapporta les fleurs demandées à Kirjala. Elle se glissa en douce à la cuisine où plusieurs servantes faisaient la vaisselle en bavardant, dos tourné à Nadeshiko. La jeune fille fouilla dans quelques tiroirs et trouva un bol et une boîte d'allumettes provenant d'Amérique, sûrement un souvenir de voyage pensa la magicienne. Restait à trouver l'Obsidienne. Nadeshiko monta à l'étage et alla voir dans la chambre de sa Grand-mère. Heureusement vide.
Nadeshiko ( pense ) : Où est-ce qu'elle range ses bijoux ? Ah, ce coffre là- bas... Ça doit être ça...
Nadeshiko, un peu mal à l'aise d'emprunter ainsi des choses sans la permission de Yelan, aperçut un superbe coffre à bijoux en or posé sur une commode. Elle l'ouvrit et fouilla parmi les colliers de diamants et de perles, les bracelets en ivoire sertis de rubis, les boucles d'oreilles en émeraude ou en topaze, les bagues serties de quartz roses et trouva finalement une minuscule chaîne en or où pendait une grosse Obsidienne, une pierre noire légèrement tachetée, aussi appelée « Pierre de Lumière ». Soudain, une voix la fit sursauter et son cœur manqua de flancher.
Yelan : Nadeshiko ? Que fais-tu ici ?
Nadeshiko : Euh... Grand-mère ! Je... voulais... regarder tes bijoux... J'explorais la maison et j'ai vu... Je suis désolée... Je n'aurais pas dû.
Yelan : Ce n'est pas grave... Je sais que tu ne voulais rien voler... ( Sourit et prend le collier des mains de Nadeshiko ) Tu as trouvé mon vieux collier.
Nadeshiko : Il est joli.
Yelan : C'est un cadeau qui me vient d'un ami très cher. Un certain Utsuki Kouroï. Je devais avoir ton âge quand je l'ai eu à mon anniversaire. Je te le donne.
Nadeshiko : Mais... Grand-mère... C'est trop... Garde-le.
Yelan : J'insiste... ça te fera un souvenir de Hong-Kong.
Nadeshiko ( sourit ) : Merci. Je l'apprécie beaucoup.
Yelan : De rien, ma petite.
Nadeshiko sourit et prit le collier avant de sortir de la chambre. Soulagée que sa grand-mère n'ait pas remarqué son manège, elle alla dans sa chambre. Le soleil commençait à disparaître et l'orangé du ciel faisait place au bleu de la nuit. La lune commençait à se préciser. Une pleine lune. Nadeshiko étala les ingrédients devant Kirjala.
Kirjala : Merci... Bon, on a pas beaucoup de temps. L'éclipse va commencer dans moins de trois heures et le soleil se couche. ( Émiette la rose blanche dans le bol ) Tiens le Lys et donne moi les allumettes. Répète après moi. Que le cadeau de la terre, au feu soit consumé.
Nadeshiko : Que le cadeau de la terre, au feu soit consumé.
Kirjala : Qu'en ces cendres brûle l'éternité. ( Met le feu à la rose et fait signe à Nadeshiko d'ajouter le Lys ) Esprits voyageurs, montrez moi la voie.
Nadeshiko ( ajoute le Lys qui se consume avec la rose ) : Qu'en ces cendres brûle l'éternité. Esprits voyageurs, montrez moi la voie.
Kirjala : Montrez nous le chemin qui conduit aux Sept Piliers, lorsqu'à minuit l'heure aura sonné !
Nadeshiko : Montrez nous le chemin qui conduit aux Sept Piliers, lorsqu'à minuit l'heure aura sonné !
Kirjala prit l'Obsidienne dans ses pattes et les avança au dessus du feu. Nadeshiko y posa les siennes par dessus la pierre. L'Obsidienne rayonna un court instant alors que les cendres des fleurs s'éteignaient. Kirjala et Nadeshiko lâchèrent la pierre qui tomba dans le bol.
Kirjala : Maintenant on doit attendre... La magie va faire effet dans trois heures.
Au moment où elle prononçait ces mots, Yelan Li regardait par la fenêtre les constellations naissantes. Son regard gris acier se perdit dans le ciel.
Yelan : C'est commencé...
À suivre...
Salut Ici Opaline !! Ce chapitre m'a pris beaucoup de temps à écrire, j'espère que vous appréciez le résultat !! J'espère que je ne vous endors pas trop avec mes longs textes. Lol. J Un petit scoop pour la suite... Sakura va bientôt jouer un rôle très important dans l'histoire et Dawn va refaire surface ! je vous laisse le suspens. !! Envoyez moi vos commentaires bien vite, je les attend avec impatience ! En passant, un gros merci à la très sympathique Kari qui publie mes fics fidèlement ! Écrivez-moi en grand nombre !
!
Opaline
