Chapitre 6 : Une intervention du ciel

Cela faisait bien une demi-heure de Gokû courait à perdre haleine. Les arbres défilaient autour de lui : étrangement, le garçon ne s'était pas aperçu tout de suite que leur couleur avait changé : ils étaient passés du vert sombre au doré éclatant. Instinctivement, cette couleur le réconforta. C'était comme ces jours de pluie, où il attendait patiemment que le soleil réapparaisse pour enfin se sentir joyeux... cette chaleur, cette couleur or, c'était toujours ce qui le guidait quand il se sentait perdu. Et c'était toujours se qui le plongeait dans une profonde torpeur quand il le perdait de vue.

Sanzô...

Cette forêt était grande, mais il devait bien se trouver quelque part ! Il finirait bien par le retrouver, même s'il fallait qu'il y passe des jours entiers... Mais peut-être aurait-il dû attendre Hakkai et Gojô. Ils devaient sûrement s'inquiéter à l'heure qu'il était... mais qu'importe, à deux ils savaient se débrouiller, et lui était fort : oui, il devrait se montrer très fort, encore cette fois. Pour ne pas les décevoir. Pour ne pas décevoir Sanzô...

Il courait encore quand soudain, au détour d'un chemin, une lumière aveuglante l'éblouit. Il plissa les yeux, puis les ouvrit lentement, émerveillé. Devant lui se trouvait un très haut miroir sculpté, brillant de mille feux... des pierres précieuses y étaient incrustées et la glace reflétait une image assez trouble. En fait, à bien y regarder, le miroir ne reflétait rien de précis. Cependant, les teintes or et argent du magnifique objet attiraient de plus en plus Gokû, qui ne put s'empêcher de s'en approcher. Délicatement, et avec un émerveillement total, il caressa les contours dorés du miroir...

« Quel est ton nom, visiteur ? »

Gokû recula soudain. Qui avait parlé ?

« N'ais pas peur. Je suis Cairn, le miroir enchanté. C'est un miracle que tu sois encore vivant après tout ce parcours dans cette forêt maléfique... »

Le garçon fixa le miroir et crut y voir apparaître un visage légèrement flou.

« Que...que me voulez-vous ? » demanda Gokû, assez peu rassuré.

« Dis-moi ton nom et je pourrai t'aider... je t'indiquerai le bon chemin... que cherches-tu ? »

Une soudaine bouffée d'espoir emplit le c?ur du jeune youkai. Voilà un cadeau qui lui tombait du ciel ! Magique ou pas, ce miroir pourrait l'aider à retrouver Sanzô !

« Je m'appelle Son Gokû, et je suis à la recherche d'un ami... »

« Quel ami ? »

« Il s'appelle Sanzô. Il... il faut absolument que je le retrouve, il est en danger ! »

Le miroir sembla sourire mais Gokû ne s'en aperçut pas. Lentement, au dos du miroir, se grava le nom de Son Gokû, à la fin d'une liste immense de plusieurs milliers de noms...

« Bien, je vais t'aider, Son Gokû. Approche-toi. Regarde moi... »

Le garçon obéit et se plaça juste devant le miroir. Il y regarda avec insistance et s'aperçut qu'une image se formait peu à peu... il se vit, inquiet. Mais quelque chose était derrière lui. Quelqu'un... Une personne aux longs cheveux blonds. Puis l'image floue changea et devint beaucoup plus nette. Cette fois, il n'y avait pas de doute : des cheveux assez courts et d'un beau blond doré, ces yeux violets inspirant le respect, ces traits fins et ces habits de moine...

« Sanzô ! » s'exclama Gokû. Il se retourna soudain, mais personne ne se trouvait derrière lui. Le garçon regarda à nouveau le miroir, et Sanzô était pourtant toujours là, un peu en retrait de lui.

« Sanzô ! SANZO ! ! ! » cria Gokû, posant ses mains sur le miroir. Que se passait-il ? son maître se trouvait-il DANS ce miroir ? cependant, l'angoisse de Gokû se transforma peu à peu en un sentiment plus positif. A présent, Sanzô lui souriait...

Le garçon sentit son c?ur faire un bond. Voir Sanzô sourire, c'était un peu comme voir Hakkai s'énerver : ça n'arrivait quasiment jamais... pourtant, il savait que Sanzô l'avait déjà fait. Qu'il lui avait déjà sourit... peut- être plus furtivement, moins longtemps, mais pour Gokû, il s'agissait là de preuves d'affection si rares et de tant de valeur qu'il voulait les garder en mémoire pour toujours.

Ses yeux n'arrivaient plus à se détacher du miroir. pendant de longues minutes, il observa cette scène de totale harmonie qu'il voudrait tant voir se réaliser. il se vit peu à peu se rapprocher de son maître jusqu'à se tenir au creux de ses bras protecteurs. Mais après tout, ils se protégeaient toujours l'un l'autre. dès le jour où il avait connu Sanzô, lorsque celui-ci l'avait délivré de sa prison de roche, Gokû ne pouvait imaginer vivre sans lui. Ça aurait été comme un monde né au c?ur de la nuit qui avait soudain goûté à la splendeur du soleil, et à qui on aurait voulu le lui retirer. Facile de vivre dans le froid lorsque l'on a aucune idée de ce qu'est la chaleur. Mais une fois découverte, il ne faut jamais, plus jamais la laisser partir.

Soudain, Gokû vit avec horreur l'image de Sanzô s'effacer du miroir.

« Eh ! qu'est-ce qu'il se passe ?! » cria-t-il à Cairn. « Rendez-le moi ! Pourquoi est-il parti ?! »

Cairn se mit à émettre un petit rire, puis déclara : « C'est ce qu'il se passe quand deux personnes en même temps veulent voir dans le miroir. »

Gokû sursauta. « DEUX ? »

Il se retourna. La déesse Kanzenon Bosatsu se tenait derrière lui, un étrange sourire sur le visage.

« Eh bien, eh bien. » ricana-t-elle. « Je vois que nos chemins se croisent à nouveau, Son Gokû. » Elle lança un regard avide vers le miroir et soupira : « C'est un objet qui m'appartient. J'aimerais le reprendre. tu ferais mieux d'aller au secours de Sanzô au lieu de t'attarder ici. »

Le garçon fronça les sourcils. « Ce miroir allait me dire où le trouver ! ne le prenez pas, j'en ai besoin. Sinon, je ne pourrai jamais savoir où les youkais l'ont emmené !. »

Puis, semblant réfléchir quelques instants : « Eh puis pourquoi vous n'allez pas le sauver si vous savez qu'il court un danger ? Vous êtes une déesse ! aidez-moi ! »

Kanzenon esquissa un sourire malin et répondit : « Cette situation m'amuse. Ça faisait tellement longtemps que rien de divertissant n'était arrivé. vous quatre, Sanzô, Hakkai, Gojô et toi, vous êtes vraiment ce qui me captive le plus en ce moment. Si je me mettais à vous sauver, ce ne serait plus drôle. »

Gokû sentit la colère monter en lui : « Mais on m'a raconté comment vous avez sauvé Sanzô la dernière fois, lorsque. Rikûdo nous avait attaqué. alors pourquoi ne le sauveriez-vous pas à nouveau ? »

Cairn, le miroir, semblait s'amuser de la situation. Après quelques secondes de silence, il lança à Gokû : « Mais la dernière fois, ton maître était inconscient. Kanzenon est une profiteuse... Déesse de la compassion et de la fertilité ? Tu parles. Je l'appellerais déesse de la perversité et du vice ! elle aurait pu en deux secondes lui redonner une grande vitalité grâce à ses nombreux pouvoirs divins. Mais elle a opté pour. »

Kanzenon sembla soudain furieuse et le coupa : « De quoi te mêles-tu, saleté de miroir ! comment oses-tu insulter une déesse telle que moi ?! je pourrais te réduire en morceaux par ma seule volonté. »

Cairn ricana et répondit : « Allons, allons. vous n'en ferez rien, car vous avez trop besoin de moi. Il faut bien un miroir magique comme moi pour empêcher les dieux de trop tomber dans l'ennui, n'est-ce pas ? »

La déesse parut encore plus en colère, mais essaya tant bien que mal de se maîtriser. « Ne te crois pas si précieux, Cairn. Je pourrais bien trouver d'autres sources d'amusement. »

Cette phrase ne sembla guère rassurer le miroir, qui se tut immédiatement.

Gokû reconcentra son attention sur la déesse, et s'exclama avec emportement : « Vous pourriez au moins me dire où est Sanzô, si vous ne voulez pas bouger ! » Devant un silence pesant, le garçon lança un regard implorant à Cairn. Ce dernier soupira et se décida à dire :

« Ton maître est dans la forêt, plus au nord, sur le chemin du Temple des âmes. » Puis, regardant Kanzenon avec un air sournois, il dit d'un ton faussement innocent : « En compagnie de youkais et d'une très belle femme. »

Apparemment, cette dernière phrase eut l'effet escompté et la déesse sursauta.

« Qui est cette femme ? » demanda-t-elle avec un peu trop de précipitation.

Cairn sourit et répondit sur le même ton faussement innocent : « Ah, ça, je ne sais pas. Il faudrait aller voir sur place. »

Kanzenon regarda Gokû et soupira : « Allez, viens, je vais te téléporter là- bas avec moi. Parce que si une fille entre dans mon jeu, ce n'est plus drôle. »

Puis, jetant un regard furieux au Miroir : « Tu ne fais que gagner un peu de temps. Dès que j'en aurai fini avec cette histoire, je viendrai te chercher. »

Sur ce, elle se volatilisa avec Gokû en un tourbillon scintillant.

« .si vous parvenez à me retrouver. » ricana Cairn en disparaissant lentement. Avant de devenir totalement invisible, il se dit à lui-même : « Son Gokû. Dommage, ça aurait fait une bonne victime. »

* * * * * * * * *

Nekebia, après quelques minutes de pause, regarda à nouveau du côté de Sanzô. Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien faire à regarder les arbres comme ça ? Il y avait quelque chose qui clochait.

Inquiète, elle se tourna vers Davok. Ce dernier était occupé à contempler les étoiles, et leur éclat se reflétait dans ses superbes yeux bleus. Sa peau, d'une pâleur extrême, était décorée de tatouages spécifiques au clan des Tueurs de l'ombre. clan réputé pour le courage et la puissance de ses membres, mais aussi plus tristement célèbre pour sa quasi-totale extinction lors de la dernière grande guerre des clans du sud qui avait eu lieu il y a quelques années. Davok en était apparemment le seul survivant. Il avait souvent ce regard pensif et un peu triste, et ses longs cheveux argentés flottant au vent rappelaient à Nekebia qu'il n'avait jamais aussi bien porté son nom : Davok, « Le fils de la lune »

Il finit par s'apercevoir que Nekebia le regardait et se tourna vers elle, rougissant légèrement. La jeune femme lui sourit d'un air confus et lui dit, désignant vaguement Sanzô de la main : « J'ai l'impression que ça fait un peu trop longtemps qu'il regarde ces foutus arbres pour que ce soit naturel. Tu crois pas ? »

Davok jeta un ?il au moine et répondit : « Au début, je me disais que ça devait être un caprice de bonze de vouloir être seul avec la nature, mais c'est vrai que là... »

Il se leva et se dirigea vers Sanzô. Nekebia regardait la scène d'un air inquiet. Décidément, cette clairière n'avait pas l'air si paisible que ça... des choses étranges s'y passaient sans qu'ils puissent les voir... était-ce vraiment possible ? peut-être que leur ami Fei-gon s'était fait prendre à un piège aussi subtil que celui-ci : s'endormir dans une clairière semblant calme, pour ne plus jamais se réveiller...

Nekebia vit son ami la regarder d'un air étrange et lui faire signe. Vivement, elle se leva, et le rejoignit près de Sanzô. Ce dernier, de près, avait l'air de dormir. Ses yeux fermés étaient pourtant crispés : son sommeil n'avait pas l'air d'être très paisible... Davok s'aperçut lui aussi que quelque chose n'allait pas. « Nekebia... » souffla-t-il. « Est-ce que tu sais comment font les dryades pour enchanter leurs proies ? » La youkai le regarda d'un air inquiet : « Ne me dis pas que... tu crois vraiment qu'une dryade... l'ensorcèle en ce moment ? »

Elle s'apprêta à secouer Sanzô pour le « réveiller », mais le youkai l'en empêcha. « Tu risquerais de le tuer si tu faisais ça. Il n'est pas forcément en train de dormir... j'ai entendu dire que les dryades pouvaient créer des illusions comme celle-ci. Si tu le touches, cela produira une réaction magique, et qui sait ce qu'il pourrait se passer... »

Nekebia retira donc vivement sa main et jeta un regard angoissé au jeune moine. Comment le sortir de là ?

« Il y a une formule magique qui pourrait faire contre-sort ? » Davok soupira, inquiet. « Je... je ne pense pas, mais c'est à tes risques et périls. »

Soudain, les deux youkais entendirent des cris derrière eux. Lowen était à terre, Videl accroupi à ses côtés, et une femme accompagnée d'un garçon se tenaient devant lui.

« Qu'est-ce que... ? » s'exclama Davok en se précipitant vers eux. A peine eut-il approché de l'étrange couple qu'il se reçut un coup de bâton en plein ventre. Il fut littéralement projeté à terre, sous les yeux horrifiés de Nekebia.

« Lowen ! Lowen ! » criait Videl devant le corps inanimé de son ami. Le youkai roux ne pût retenir un cri de douleur lorsqu'il vit le corps de son compagnon disparaître dans un tourbillon de fumée noire.

« NOOOOOOOOOOOONN ! ! ! ! LOWEN ! ! ! ! »

Le c?ur de Nekebia se serra. Voilà la première victime de sa mission... ses agresseurs allaient le payer, et chèrement. Elle se pencha vers Davok, qui se relevait péniblement. « Qui sont ces enfoirés ? » pesta-t-il. « Ce gosse...c'est une vraie furie... sa puissance n'est pas naturelle ! »

La garçon regarda le youkai aux cheveux argentés d'un air étonné, et dit : « Tiens ? avec la force que j'y ai mise, il aurait dû vraiment mourir sur le coup. Vous allez regretter de vous en être pris à Sanzô ! ! !»

Il courut vers eux, bien prêt à se battre. Nekebia ne comprenait pas bien la situation, mais ce garçon semblait connaître Sanzô : c'était sûrement un de ses amis dont elle avait entendu parler...

« EH ! Nous ne sommes pas tes ennemis, à moins que tu n'insistes vraiment trop ! cria la jeune youkai. Sanzô n'est pas en danger avec nous. Nous discutons et nous le traitons bien ! » Le garçon leur jeta un regard haineux, sous les yeux amusés de la déesse.

« MENTEURS ! il est en danger ! pourquoi il ne bouge plus ? qu'est-ce que vous lui avez fait ? ! »

Il courut vers Nekebia en hurlant. Le fait de savoir son Maître en danger de mort transformait totalement sa personnalité, il paraissait entièrement guidé par la haine.

Davok, voyant sa capitaine en danger, se jeta sur le trajet de son ennemi, et, sans que l'autre puisse réagir, lui administra un coup de poing des plus violents qui envoya le garçon à une dizaine de mètres d'eux.

Quand il s'agissait de protéger Nekebia, il était capable de décupler une force et une résistance sans nom. Heureusement, il ne perdait jamais le contrôle de lui-même...

« Ça va ? » demanda-t-il à la jeune femme.

Elle acquiesça en silence et jeta un regard à Videl, qui, lui, pourrait très bien perdre son sang-froid. Puis elle regarda leurs visiteurs.

« Qui es-tu ? » cria-t-elle à la femme qui accompagnait leur ennemi. « Tu ne vois pas que nous ne vous voulons pas de mal ? arrête-le, s'il ne sait pas le faire seul ! et si vous êtes là pour le moine, effectivement il est en danger ! Mais pas à cause de nous. C'est le sûrement le coup d'une dryade ! »

La déesse sembla changer d'expression au mot « dryade ». Avec une expression froide, elle dit : « Je suis la déesse Kanzenon Bosatsu, et voilà Son Gokû, un ami de...Genjô Sanzô. » Gokû, pendant ce temps, s'était relevé et tâtait sa mâchoire douloureuse. « La vache ! t'es hyper fort, toi, non ? » cria-t-il à l'adresse de Davok. Il s'apprêtait à repartir au combat quand Kanzenon le stoppa d'un geste : « Ton maître est en danger. Concentre-toi d'abord sur lui pour l'aider ! si tu n'es pas capable de savoir faire face aux situations telles que celles-ci, alors tu n'es pas capable de le protéger convenablement. Te battre contre ces youkais n'aidera pas à le sauver. »

Gokû parut choqué par les paroles de la déesse. Il n'était pas capable... pour Sanzô... comment ça ? c'était peut-être vrai... après tout... peut- être ne manquait-il pas de volonté pour aider son maître, mais il manquait de sens pratique. Qu'est-ce qu'il fallait faire pour sauver Sanzô, là, maintenant ? quelle était la meilleure chose à faire ? Le garçon se sentit soudain stupide d'avoir ainsi obéi à sa haine sans réfléchir aux conséquences. Apparemment, ces youkais n'avaient pas l'air comme les autres, ils paraissaient savoir se contrôler... il en avait tué un, croyant qu'ils emprisonnaient Sanzô avec un sort... qu'avait-il fait ?

Il leva les yeux et vit Kanzenon s'approcher du bonze. D'un geste de la main, elle créa une aura bleue qui anéantit toute illusion. Horrifiés, les youkais et Gokû découvrirent ce qu'il se passait vraiment, juste devant leurs yeux : une créature végétale avait immobilisé Sanzô, et ses racines le recouvraient maintenant complètement. Un flux d'aura semblait aller du jeune homme à la dryade, comme si elle aspirait son énergie.

« SANZO ! ! ! » cria Gokû en se précipitant vers lui.

Mais Kanzenon lui fit signe de s'arrêter et de la laisser faire. La dryade, qui avait été trop concentrée sur sa victime pour prêter attention à ce qu'il se passait autour d'elle, releva soudain la tête et découvrit à qui elle avait affaire. La déesse, avec un rictus méprisant, fit jaillir des éclairs de ses doigts et les appliqua sur la tête de la créature, qui hurla sur le coup. Elle lâcha prise, et lentement, très lentement, ses racines libérèrent Sanzô, qui s'effondra sur le sol. Nekebia fut rassurée de voir Sanzô tousser et cracher du sang : au moins, il n'était pas mort. Mais depuis combien de temps cette dryade absorbait-elle son énergie ? elle avait entendu dire que lorsqu'une de ces créatures s'en prenait à une victime, cette dernière ne vivait pas plus d'une ou deux minutes... Nekebia s'en voulut de ne pas avoir été assez attentive. Cela faisait bien vingt minutes qu'ils étaient arrivés dans cette clairière... c'était un miracle que Sanzô ne soit pas mort. La youkai savait que son aura divine était colossale, mais pas à ce point...

Cependant, la dryade n'était pas encore morte. Elle se tortillait à terre, le temps de reprendre son apparence « normale »... Kanzenon s'apprêtait à lui lancer une nouvelle décharge électrique quand Sanzô, qui s'était assis mais n'avait pas rouvert les yeux, pointa son revolver sur la dryade, haletant.

La créature siffla méchamment : « Allez, dis-moi ton nom. En un millénaire, je n'ai jamais vu quelqu'un comme toi. Un humain avec une aura comme la tienne... J'ai toujours eu comme victimes des horribles youkais ou de grossiers villageois humains... Toi... t'es vraiment différent. » Après deux secondes de silence, elle reprit :

« Allez ! Dis-moi ton n.... »

Une balle se planta en plein milieu de son front avant qu'elle ne puisse terminer sa phrase. « Non. » répondit Sanzô, le revolver encore fumant à la main.

Dans un cri perçant, la dryade disparut dans un éclat de cendres.

Lâchant son arme, le jeune homme s'effondra sur le sol, inconscient.