Chapitre 9 : the rise of Sodom and Gomorrah
Davok ne put retenir Nekebia bien longtemps. Celle-ci avait trouvé une force surhumaine en même temps que sa nouvelle personnalité.
D'un coup vif, elle s'était dégagée, et le beau youkai la regardait à présent avec une profonde tristesse dans les yeux. Pourquoi... et comment avait-elle pu changer autant? Il fallait absolument restaurer son ancienne personnalité, mais il ne savait pas par quel moyen. Il ne l'avait pas protégée et veillée pendant tout ce temps pour la voir se détruire sous ses yeux... à ce rythme là, elle était capable de se tuer elle-même, et les autres avec elle.
« Nekebia, arrête ça! la supplia Davok. Ça n'amènera à rien... je ne sais pas ce que tu as vécu chez ces humains, mais on t'a recueillie, nous les youkais. On ne t'a posé aucune question, on t'a acceptée sans jamais te maltraiter, tu es devenue importante au sein du clan... ces humains sont morts, s'ils étaient coupables de quoi que ce soit, ils l'ont déjà payé de leur vie. »
Nekebia le fixa quelques secondes. Puis, lentement, elle répondit :
« Tu n'as pas l'air de connaître la ville d'Undo... en fait, vous les youkais, ne vous êtes installés ici qu'assez récemment, et ne connaissez que la ville sous l'aspect fantômatique qu'elle a aujourd'hui. Je la connaissais, moi, au temps où la vie l'habitait encore... beaucoup connaissaient la ville de réputation, mais personne ne savait comment elle se nommait. En fait, elle était plus connue sous le nom de... nouvelle Gomorrhe. »
Videl sursauta. Il avait déjà entendu ce nom, et cela ne lui rappelait rien de plaisant... « Gomorrhe ? » murmura-t-il. « Tu veux dire... comme Sodome et Gomorrhe ? »
Nekebia eut un sourire triste.
« Oui, ces deux villes d'Asie mineure, tristement célèbres pour leur cumul de vices et d'horreurs. De véritables nids de perversité et de crime, et tout ce qui suit. La légende dit que Sodome et Gomorrhe ont été détruites en un instant par le soufre et le feu, de la main de Dieu. Je ne sais pas si c'est vrai, je n'y crois pas trop. Peut-être un heureux tremblement de terre... »
Elle se mit à rire.
« Mais ici, ce n'était pas un tremblement de terre. C'était des Purificateurs. Quatre gars qui sont un jour arrivés d'on ne sait où... ils se disaient des dieux. Enfin... divinitées ou pas, ils ont déchaîné un vent empoisonné sur toute la ville et ont même abattu bon nombre de gens de leurs propres mains. Certains quartiers ont été soufflés : voilà Undo revenue à l'état de village. »
Gokû ne comprenait pas bien. La vieille voyante avait parlé de « cerbère, le monstre triple », désignant les agresseurs. Mais Nekebia veait de dire qu'ils étaient quatre, et les statues dans le village le montraient aussi. Y-avait-il donc quelqu'un de gentil parmi les quatre visiteurs ? Pourquoi ? D'ailleurs, il ne savait plus bien s'il avait bel et bien vu quatre statues. Quelque chose d'étrange l'empêchait de se rappeler clairement. Dans son souvenir, il en voyait tantôt trois, tantôt quatre... Voyant Nekebia en état de discuter, il demanda :
« J'ai vu quatre statues de pierre dans le village, mais une vieille nous a dit qu'il y avait trois agresseurs seulement. »
Nekebia souleva un sourcil et répondit : « Il y en avait bien quatre. Mais...oh... cette vieille a l'air de savoir beaucoup de choses... plus qu'elle ne devrait. Qui est-ce ? à quoi ressemblait-elle ? »
Gokû hésita. Il avait l'impression d'en avoir trop dit.
« Je...je ne sais pas » répondit-il. « Elle ne nous a pas dit son nom. Mais elle était juste vieille, brune, avec un pendentif et... avec... un tatouage comme le vôtre... »
La jeune femme eut un hoquet de surprise.
« Comme le mien ? c'est impossible, je suis la seule qui... » puis, après quelques secondes de silence : « Je puis le passé, l'autre Nekebia est le présent... la vieille... ce serait... »
Une expression d'inquiétude se figea sur son visage lorsqu'elle finit sa phrase : « ...le futur. »
Davok, qui était resté silencieux jusque là, intervint :
« Je ne vois pas comment tu peux te dédoubler ainsi... mais si cette vieille est vraiment le futur de Nekebia, alors il faudrait savoir le futur de laquelle des deux personnalités elle est ! cela déterminerai la survie de l'une ou l'autre Version. »
Nekebia rit à nouveau. « C'est évident qu'elle est mon futur à moi. Comment l'autre pourrait gagner, faible comme elle est ? »
Puis une lueur malsaine brilla dans son regard. « Vous aviez presque réussi à détourner mon attention, vermines. Mais ne vous inquiétez pas, je n'ai pas oublié que je comptais vous tuer. »
Lentement, elle émit un flot de paroles étranges et complexes. Quand les youkais comprirent ce qu'elle était en train de faire, ils tentèrent de l'en empêcher.
Trop tard.
Une tempête de feu destructeur s'abattit sur eux en un instant.
* * * * * * * * * *
Loin, dans le village d'Undo, une vieille voyante mélangeait ses cartes. Avec un soupir, elle en tira une puis la retourna. « Munen, la naissance de Gomorrhe »
« L'explication est venue, le souvenir revient... là par quoi tout a commencé... »
Un silence.
« Cette ville était vraiment ignoble, c'est vrai. Mais ces quatres inconnus qui sont arrivés. je leur ai lancé ce sort de pétrification, mais.l'un d'eux était différent. Sa statue a bien été formée mais son âme ne s'est pas prise à l'intérieur. Car mon sort ne fonctionnait que sur les dieux. »
Elle se prit la tête entre les mains, comme pour mieux se rappeler.
« Il ne ressemblait pas vraiment aux autres non plus. Il était plus frêle. Son regard sournois. je m'en souviendrai toujours. s'est posé sur moi alors que je voyais ma ville se détruire sous mes yeux. Il m'a dit : « Ils sont morts mais le monde reste toujours aussi plein, hein ? Mais pour toi, ça a l'air de faire une différence. tu n'as pas l'air triste de les voir mourir. Je me trompe ? Si les humains te dégoûtent tant, change de camp. quitte à faire un millier de morts, oui, change de camp. »
Je n'ai compris ce qu'il a voulu dire qu'après, quand cette rage m'a prise soudainement. Quand j'ai tué un miller de youkais pour en devenir une moi- même. Et puis cet homme, je l'ai revu. J'étais devenue alors une guerrière sans pitié et sans autre sentiment que la haine. Il y avait quelque chose de changé en lui. Il avait l'air plus grave. Il a alors passé sa main dans ses cheveux bruns et m'a dit : « Comme on se retrouve. ça y est, tu es devenue une youkai. Mais dis-moi, ce n'est pas une vie que tu as là. C'est un enfer. En fait, ça a toujours été un enfer pour toi, j'imagine. Je suis désolé. j'aurais dû faire plus attention à toi. Ne jamais te confier aux gens d'ici. Undo a tellement changé depuis le temps. »
Je ne me rappelle plus bien ce qu'il a dit alors. Mais je sais que ça m'a choquée profondément. Il ne m'a même pas dit son nom. mais c'était lui qui m'avait confiée, alors que je n'étais encore qu'une petite enfant, aux gens de ce village. A ce temps là, c'était sûrement un coin tranquille. Mais ça a changé si vite. Je me souviens de ses dernières paroles, avant de partir : « Ne t'inquiète pas, cette fois je vais faire de mon mieux.Je viens de jeter un sort sur les environs. Les youkais qui y vivront seront toujours calmes et en paix. jamais atteints par quoi que ce soit. Tu pourras enfin VIVRE. »
Je ne savais pas de quoi il parlait, mais maintenant, je vois. cette vague de haine qui s'est abattue sur tous les youkais du pays nous a épargnés. Sûrement grâce à ce sort.
« Et maintenant, il va falloir oublier tous ces mauvais souvenirs. Ce n'est pas évident. Je vais t'aider. »
Une aura est sortie de sa main et a fondu sur moi. Et puis ce fut le noir total. »
La vieille femme leva la tête et regarda la lune briller faiblement dans le ciel. Dehors, il n'y avait plus que le bruit du vent.
« Et après, je me suis réveillée dans une forteresse. Ces yeux. ces yeux d'un bleu intense me regardaient avec bienveillance. Je ne me rappelais plus de rien, mais j'ai tout de suite su que je pourrais me laisser guider par lui, puisque je ne me souvenais plus de rien. J'avais l'impression de sortir d'un mauvais rêve. Il m'a sourit faiblement, il a posé sa main sur mon front. Je n'ai pas été effrayée par les nombreux tatouages qu'il portait sur le corps, ni par ses oreilles pointues. C'était un youkai, et j'en étais une aussi. Il m'a demandé mon nom. Je lui ai répondu que je ne me souvenais plus de rien. Il m'a regardée quelques instants, puis il a sourit en me demandant si je trouvais que « Nekebia » m'irait bien. Tout ce qui semblait sortir de sa bouche avait un aspect mélodieux, presque magique... J'ai tout de suite acquiescé. Il me semblait que cela faisait des années que personne n'avait été agréable avec moi. » Elle soupira.
« Davok. »
* * * * * * * * *
Quand Sanzô ouvrit les yeux, il ne reconnut tout d'abord pas l'endroit où il se trouvait. La chaleur insoutenable du brasier qui l'entourait lui faisait mal à la tête. Suffoquant, il regarda autour de lui. C'était bien la même clairière. mais qui avait pu. ?
Soudain il vit des corps calcinés au bas des arbres en flammes. Mais qu'est- ce qu'il se passait ici ? L'un d'eux se trouvait tout près de lui. le regardant de plus près, le jeune homme s'aperçut qu'il s'agissait de cadavres noircis de dryades, comme celle qui l'avait attaqué. A ce qu'il avait entendu dire, elles étaient rapides et difficiles à tuer : celle qu'il avait abattue avait été affaiblie auparavant, par quelque chose - ou plutôt quelqu'un - qu'il n'avait pas vraiment vu. Sa vision était troublée à ce moment là, et il n'avait pas relevé la tête pour identifier ses « sauveurs ». Sûrement Nekebia et ses compagnons.
Quelque chose attira son attention vers la gauche. Il ne rêvait pas : c'était bien Gokû qui se battait, là-bas ! mais Sanzô découvrit étonné l'identité de son adversaire : Nekebia ! Ainsi Gokû l'avait retrouvé et l'avait cru en danger.
Péniblement, Sanzô se leva et s'avança vers les deux combattants.
« Arrêtez ! » cria-t-il.
Etonné, Goku obéit et stoppa. Son ennemie fit de même.
« Baka ! je ne suis pas en danger ! lança-t-il à son ami. Si j'avais voulu leur fausser compagnie, ça fait longtemps que je l'aurais fait. Je suis ici de mon plein gré. »
Gokû parut étonné mais Nekebia ricana : « Allons, tu ne disais pas ça tout à l'heure. »
Sanzô fronça les sourcils. La youkai semblait.différente. Plus sauvage.
« Je t'emmerde » lui répondit-il sèchement.
Cette dernière, furieuse, montra les alentours de la main. « Comment oses- tu te moquer de moi ? Tu vois ce carnage, c'est moi qui l'ai fait. Et ce n'est qu'un début. Prends garde. »
Oh oui, elle avait vraiment changé.
« Sanzô ! » cria Gokû. « Elle n'est pas dans son état normal ! y'a un truc de son pendentif qui s'est réveillé et elle c'est la personnalité du passé de la fille qui a refait surface ! » « Tu peux pas apprendre à parler clairement, baka saru ? » s'exclama le moine.
« Euh. enfin faut pas arracher le pendentif sinon elle va mourir ! » répondit le garçon, paniqué.
A ce moment là, Sanzô vit Davok, tout près, finir d'invoquer un contresort pour Videl. Nekebia avait donc lancé des sortilèges à ses propres compagnons ?
Le jeune bonze dit à Gokû :
« Si elle est devenue folle au point de causer tant de morts, de brûler la forêt et de tenter d'anéantir ses propres amis, alors je ne vois pas où est le problème. »
Gokû sembla effaré.
« Eh, Sanzô ! on ne peut quand même pas la. »
« Pourquoi pas ! tu crois qu'elle hésiterait à nous tuer, elle ? dans l'état où elle est ? »
La youkai ricana : « Pour des raisons personnelles, j'ai encore besoin de toi, le bonze. Mais ce que dit ton ami est vrai : je suis une des deux personnalités de Nekebia. L'autre, celle que tu connaissais, est « endormie » en ce moment. Si tu m'enlèves le pendentif, elle mourra avec moi. Tu ne voudrais pas tuer une innocente ? »
Avec un petit soupir de mépris, Sanzô répondit : « Je l'ai déjà fait et je pourrais le refaire, si encore une fois c'est la seule solution. »
Davok, qui avait entendu ses paroles, lui lança : « Arrête ! il y a sûrement un moyen de la ramener à elle, ne fais pas ça. Il doit bien y avoir une solution !!! »
Gokû eut un serrement de c?ur en repensant aux quatre femmes youkais qu'ils avaient rencontrées durant leur voyage. Ils s'étaient liés d'amitié avec elles, sauf Sanzô qui se méfiait de tout... mais elles avaient été possédées par un démon et s'étaient révélées être des ennemies. Mais c'était malgré elles... il n'y avait que deux solutions : soit elles mouraient, soient c'était les quatre compagnons qui se faisaient tuer. Bien entendu, le choix avait été très difficile, et encore une fois ce fut Sanzô qui avait eut le courage de le prendre. Il avait invoqué son sutra et emprisonné les jeunes femmes dans une aura, et un coup de revolver avait suffit à les tuer - et à leur redonner leur liberté, en quelque sorte. Elles leurs étaient apparues dans la mort en un dernier au revoir pour les remercier...
Cette fois, il se repassait la même chose : Nekebia était quelqu'un de calme et de gentil, mais une personnalité maléfique avait pris son contrôle et à cause de ça, elle allait mourir. Non, il ne fallait pas... même si le garçon ne connaissait que très peu Nekebia, il avait eut le temps de s'apercevoir que la jeune youkai portait beaucoup de respect à Sanzô, et traitait bien ses amis... elle ne pouvait pas être quelqu'un de néfaste ou de cruel...
« Arrêtez avec votre espoir stupide ! s'exclama Sanzô. Vous préférez vous faire tous tuer ? c'est ce qu'elle veut, elle l'a clairement dit. Et elle en est fière ! Elle est aussi plus forte que nous tous réunis. »
Nekebia activa son épée d'énergie et répliqua, jetant un regard au moine:
« Il y en a au moins un qui a compris. »
Elle bondit vers Videl et lui assena un puissant coup, qui le fit tomber brutalement. Puis elle tint son épée toute prête à lui trancher la gorge.
Un déclic de revolver dont on enlève le cran de sûreté se fit entendre.
La jeune femme eut soudain l'air terrorisée en voyant que le bonze serait vraiment capable de la tuer. Il avait un sang-froid impressionnant...
Mais elle ne s'arrêta pas pour autant. Elle vit les yeux de Videl briller de terreur, voyant la lame fondre sur lui. Sanzô pressa son doigt sur la détente.
BAM !
Le coup était parti.
Sanzô vit le corps, fumant, tomber mollement sur le sol en un cri d'agonie.
« Non ! » s'écria Gokû. « Tu n'as pas pu... »
Il écarquilla les yeux.
Ce n'était pas Nekebia qui était tombée.
La jeune femme fut soudain entourée d'une aura blanche et le cri perçant qu'elle lança réussit à dissiper complètement le Shka et l'aura maléfique qui l'emprisonnait. Sa personnalité calme avait refait surface.
Sanglotant, elle tomba à genoux devant le corps de Davok.
« ...Pourquoi ? »
gémit-elle en posant ses mains autour du visage de son ami. Une de ses larmes tomba sur la joue du guerrier et ce dernier ouvrit péniblement les yeux.
Le silence était insupportable... puis le youkai prit faiblement la parole :
« Tu sais bien... je ne t'aurais pas laissée mourir... »
La jeune femme vit ses magnifiques yeux bleus devenir un peu plus troubles.
« Non, Davok, non ! reste avec nous... je t'en prie, ne pars pas... on a tous besoin de toi... »
Le faible sourire sur les lèvres du youkai la poussa à continuer sa phrase.
« ...j'ai... besoin de toi... »
Il regarda la femme qu'il aimait penchée au-dessus de lui. Lentement, il leva la main et lui caressa délicatement la joue. S'il devait mourir, alors il voulait que la dernière personne qu'il vît, ce fût elle...
Il ne se souvenait plus du moment où il était tombé amoureux de Nekebia. Peut-être dès le jour où il l'avait recueillie... Il l'avait trouvée endormie au pied d'un grand chêne, repliée sur elle-même... Malgré les blessures qu'elle portait, elle avait semblé très paisible. Du sang tachait sa longue robe blanche... Il se souvint de la pensée qui l'avait traversé à ce moment là. « Un présage de l'apocalypse ? même les anges commencent à tomber du ciel... »
Il l'avait ramenée au fort, soignée... puis quand elle s'était réveillée... il avait enfin vu ses yeux s'ouvrir le matin sur un monde où les regards n'étaient que terreur, où personne n'osait croire en l'espoir... sur ce monde où il n'avait vu encore que des yeux se fermer.
C'était les siens qui allaient se fermer, à présent. Il le sentait.
Il voyait Nekebia devenir de plus en plus floue au-dessus de lui. Il sentit à nouveau de la chaleur sur sa joue. Une larme qui dévalait lentement son visage...
« Nekebia... promets-moi une chose. »
La jeune femme serra la main du youkai.
« Tout ce que tu veux. Mais ne dis pas ça, tu ne vas... tu ne vas pas... »
Il effleura de ses doigts les lèvres de Nekebia pour lui faire comprendre de ne pas finir sa phrase. Puis il reprit : « Promets-moi que tu te débarrasseras à jamais de cette personnalité qui ne te ressemble pas... il y a sûrement un moyen... »
« Oui, oui... » répéta-t-elle entre deux sanglots, serrant la main de plus en plus fort. Un faible sourire se figea sur les lèvres de Davok, et la jeune guerrière sentit la pression de la main se relâcher. Ses yeux étaient fermés. Elle ne sentait plus son souffle chaud contre sa peau.
Lentement, très lentement, elle se pencha sur son visage et posa ses lèvres sur les siennes. Les larmes lui brouillaient encore la vue quand elle murmura : « J'aurai vraiment tout raté dans ma vie... »
Le corps de Davok s'évapora en une fumée noirâtre, tourbillonnant quelques instant dans l'air chaud de la clairière en feu, pour s'envoler lentement vers le ciel.
Davok ne put retenir Nekebia bien longtemps. Celle-ci avait trouvé une force surhumaine en même temps que sa nouvelle personnalité.
D'un coup vif, elle s'était dégagée, et le beau youkai la regardait à présent avec une profonde tristesse dans les yeux. Pourquoi... et comment avait-elle pu changer autant? Il fallait absolument restaurer son ancienne personnalité, mais il ne savait pas par quel moyen. Il ne l'avait pas protégée et veillée pendant tout ce temps pour la voir se détruire sous ses yeux... à ce rythme là, elle était capable de se tuer elle-même, et les autres avec elle.
« Nekebia, arrête ça! la supplia Davok. Ça n'amènera à rien... je ne sais pas ce que tu as vécu chez ces humains, mais on t'a recueillie, nous les youkais. On ne t'a posé aucune question, on t'a acceptée sans jamais te maltraiter, tu es devenue importante au sein du clan... ces humains sont morts, s'ils étaient coupables de quoi que ce soit, ils l'ont déjà payé de leur vie. »
Nekebia le fixa quelques secondes. Puis, lentement, elle répondit :
« Tu n'as pas l'air de connaître la ville d'Undo... en fait, vous les youkais, ne vous êtes installés ici qu'assez récemment, et ne connaissez que la ville sous l'aspect fantômatique qu'elle a aujourd'hui. Je la connaissais, moi, au temps où la vie l'habitait encore... beaucoup connaissaient la ville de réputation, mais personne ne savait comment elle se nommait. En fait, elle était plus connue sous le nom de... nouvelle Gomorrhe. »
Videl sursauta. Il avait déjà entendu ce nom, et cela ne lui rappelait rien de plaisant... « Gomorrhe ? » murmura-t-il. « Tu veux dire... comme Sodome et Gomorrhe ? »
Nekebia eut un sourire triste.
« Oui, ces deux villes d'Asie mineure, tristement célèbres pour leur cumul de vices et d'horreurs. De véritables nids de perversité et de crime, et tout ce qui suit. La légende dit que Sodome et Gomorrhe ont été détruites en un instant par le soufre et le feu, de la main de Dieu. Je ne sais pas si c'est vrai, je n'y crois pas trop. Peut-être un heureux tremblement de terre... »
Elle se mit à rire.
« Mais ici, ce n'était pas un tremblement de terre. C'était des Purificateurs. Quatre gars qui sont un jour arrivés d'on ne sait où... ils se disaient des dieux. Enfin... divinitées ou pas, ils ont déchaîné un vent empoisonné sur toute la ville et ont même abattu bon nombre de gens de leurs propres mains. Certains quartiers ont été soufflés : voilà Undo revenue à l'état de village. »
Gokû ne comprenait pas bien. La vieille voyante avait parlé de « cerbère, le monstre triple », désignant les agresseurs. Mais Nekebia veait de dire qu'ils étaient quatre, et les statues dans le village le montraient aussi. Y-avait-il donc quelqu'un de gentil parmi les quatre visiteurs ? Pourquoi ? D'ailleurs, il ne savait plus bien s'il avait bel et bien vu quatre statues. Quelque chose d'étrange l'empêchait de se rappeler clairement. Dans son souvenir, il en voyait tantôt trois, tantôt quatre... Voyant Nekebia en état de discuter, il demanda :
« J'ai vu quatre statues de pierre dans le village, mais une vieille nous a dit qu'il y avait trois agresseurs seulement. »
Nekebia souleva un sourcil et répondit : « Il y en avait bien quatre. Mais...oh... cette vieille a l'air de savoir beaucoup de choses... plus qu'elle ne devrait. Qui est-ce ? à quoi ressemblait-elle ? »
Gokû hésita. Il avait l'impression d'en avoir trop dit.
« Je...je ne sais pas » répondit-il. « Elle ne nous a pas dit son nom. Mais elle était juste vieille, brune, avec un pendentif et... avec... un tatouage comme le vôtre... »
La jeune femme eut un hoquet de surprise.
« Comme le mien ? c'est impossible, je suis la seule qui... » puis, après quelques secondes de silence : « Je puis le passé, l'autre Nekebia est le présent... la vieille... ce serait... »
Une expression d'inquiétude se figea sur son visage lorsqu'elle finit sa phrase : « ...le futur. »
Davok, qui était resté silencieux jusque là, intervint :
« Je ne vois pas comment tu peux te dédoubler ainsi... mais si cette vieille est vraiment le futur de Nekebia, alors il faudrait savoir le futur de laquelle des deux personnalités elle est ! cela déterminerai la survie de l'une ou l'autre Version. »
Nekebia rit à nouveau. « C'est évident qu'elle est mon futur à moi. Comment l'autre pourrait gagner, faible comme elle est ? »
Puis une lueur malsaine brilla dans son regard. « Vous aviez presque réussi à détourner mon attention, vermines. Mais ne vous inquiétez pas, je n'ai pas oublié que je comptais vous tuer. »
Lentement, elle émit un flot de paroles étranges et complexes. Quand les youkais comprirent ce qu'elle était en train de faire, ils tentèrent de l'en empêcher.
Trop tard.
Une tempête de feu destructeur s'abattit sur eux en un instant.
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Loin, dans le village d'Undo, une vieille voyante mélangeait ses cartes. Avec un soupir, elle en tira une puis la retourna. « Munen, la naissance de Gomorrhe »
« L'explication est venue, le souvenir revient... là par quoi tout a commencé... »
Un silence.
« Cette ville était vraiment ignoble, c'est vrai. Mais ces quatres inconnus qui sont arrivés. je leur ai lancé ce sort de pétrification, mais.l'un d'eux était différent. Sa statue a bien été formée mais son âme ne s'est pas prise à l'intérieur. Car mon sort ne fonctionnait que sur les dieux. »
Elle se prit la tête entre les mains, comme pour mieux se rappeler.
« Il ne ressemblait pas vraiment aux autres non plus. Il était plus frêle. Son regard sournois. je m'en souviendrai toujours. s'est posé sur moi alors que je voyais ma ville se détruire sous mes yeux. Il m'a dit : « Ils sont morts mais le monde reste toujours aussi plein, hein ? Mais pour toi, ça a l'air de faire une différence. tu n'as pas l'air triste de les voir mourir. Je me trompe ? Si les humains te dégoûtent tant, change de camp. quitte à faire un millier de morts, oui, change de camp. »
Je n'ai compris ce qu'il a voulu dire qu'après, quand cette rage m'a prise soudainement. Quand j'ai tué un miller de youkais pour en devenir une moi- même. Et puis cet homme, je l'ai revu. J'étais devenue alors une guerrière sans pitié et sans autre sentiment que la haine. Il y avait quelque chose de changé en lui. Il avait l'air plus grave. Il a alors passé sa main dans ses cheveux bruns et m'a dit : « Comme on se retrouve. ça y est, tu es devenue une youkai. Mais dis-moi, ce n'est pas une vie que tu as là. C'est un enfer. En fait, ça a toujours été un enfer pour toi, j'imagine. Je suis désolé. j'aurais dû faire plus attention à toi. Ne jamais te confier aux gens d'ici. Undo a tellement changé depuis le temps. »
Je ne me rappelle plus bien ce qu'il a dit alors. Mais je sais que ça m'a choquée profondément. Il ne m'a même pas dit son nom. mais c'était lui qui m'avait confiée, alors que je n'étais encore qu'une petite enfant, aux gens de ce village. A ce temps là, c'était sûrement un coin tranquille. Mais ça a changé si vite. Je me souviens de ses dernières paroles, avant de partir : « Ne t'inquiète pas, cette fois je vais faire de mon mieux.Je viens de jeter un sort sur les environs. Les youkais qui y vivront seront toujours calmes et en paix. jamais atteints par quoi que ce soit. Tu pourras enfin VIVRE. »
Je ne savais pas de quoi il parlait, mais maintenant, je vois. cette vague de haine qui s'est abattue sur tous les youkais du pays nous a épargnés. Sûrement grâce à ce sort.
« Et maintenant, il va falloir oublier tous ces mauvais souvenirs. Ce n'est pas évident. Je vais t'aider. »
Une aura est sortie de sa main et a fondu sur moi. Et puis ce fut le noir total. »
La vieille femme leva la tête et regarda la lune briller faiblement dans le ciel. Dehors, il n'y avait plus que le bruit du vent.
« Et après, je me suis réveillée dans une forteresse. Ces yeux. ces yeux d'un bleu intense me regardaient avec bienveillance. Je ne me rappelais plus de rien, mais j'ai tout de suite su que je pourrais me laisser guider par lui, puisque je ne me souvenais plus de rien. J'avais l'impression de sortir d'un mauvais rêve. Il m'a sourit faiblement, il a posé sa main sur mon front. Je n'ai pas été effrayée par les nombreux tatouages qu'il portait sur le corps, ni par ses oreilles pointues. C'était un youkai, et j'en étais une aussi. Il m'a demandé mon nom. Je lui ai répondu que je ne me souvenais plus de rien. Il m'a regardée quelques instants, puis il a sourit en me demandant si je trouvais que « Nekebia » m'irait bien. Tout ce qui semblait sortir de sa bouche avait un aspect mélodieux, presque magique... J'ai tout de suite acquiescé. Il me semblait que cela faisait des années que personne n'avait été agréable avec moi. » Elle soupira.
« Davok. »
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Quand Sanzô ouvrit les yeux, il ne reconnut tout d'abord pas l'endroit où il se trouvait. La chaleur insoutenable du brasier qui l'entourait lui faisait mal à la tête. Suffoquant, il regarda autour de lui. C'était bien la même clairière. mais qui avait pu. ?
Soudain il vit des corps calcinés au bas des arbres en flammes. Mais qu'est- ce qu'il se passait ici ? L'un d'eux se trouvait tout près de lui. le regardant de plus près, le jeune homme s'aperçut qu'il s'agissait de cadavres noircis de dryades, comme celle qui l'avait attaqué. A ce qu'il avait entendu dire, elles étaient rapides et difficiles à tuer : celle qu'il avait abattue avait été affaiblie auparavant, par quelque chose - ou plutôt quelqu'un - qu'il n'avait pas vraiment vu. Sa vision était troublée à ce moment là, et il n'avait pas relevé la tête pour identifier ses « sauveurs ». Sûrement Nekebia et ses compagnons.
Quelque chose attira son attention vers la gauche. Il ne rêvait pas : c'était bien Gokû qui se battait, là-bas ! mais Sanzô découvrit étonné l'identité de son adversaire : Nekebia ! Ainsi Gokû l'avait retrouvé et l'avait cru en danger.
Péniblement, Sanzô se leva et s'avança vers les deux combattants.
« Arrêtez ! » cria-t-il.
Etonné, Goku obéit et stoppa. Son ennemie fit de même.
« Baka ! je ne suis pas en danger ! lança-t-il à son ami. Si j'avais voulu leur fausser compagnie, ça fait longtemps que je l'aurais fait. Je suis ici de mon plein gré. »
Gokû parut étonné mais Nekebia ricana : « Allons, tu ne disais pas ça tout à l'heure. »
Sanzô fronça les sourcils. La youkai semblait.différente. Plus sauvage.
« Je t'emmerde » lui répondit-il sèchement.
Cette dernière, furieuse, montra les alentours de la main. « Comment oses- tu te moquer de moi ? Tu vois ce carnage, c'est moi qui l'ai fait. Et ce n'est qu'un début. Prends garde. »
Oh oui, elle avait vraiment changé.
« Sanzô ! » cria Gokû. « Elle n'est pas dans son état normal ! y'a un truc de son pendentif qui s'est réveillé et elle c'est la personnalité du passé de la fille qui a refait surface ! » « Tu peux pas apprendre à parler clairement, baka saru ? » s'exclama le moine.
« Euh. enfin faut pas arracher le pendentif sinon elle va mourir ! » répondit le garçon, paniqué.
A ce moment là, Sanzô vit Davok, tout près, finir d'invoquer un contresort pour Videl. Nekebia avait donc lancé des sortilèges à ses propres compagnons ?
Le jeune bonze dit à Gokû :
« Si elle est devenue folle au point de causer tant de morts, de brûler la forêt et de tenter d'anéantir ses propres amis, alors je ne vois pas où est le problème. »
Gokû sembla effaré.
« Eh, Sanzô ! on ne peut quand même pas la. »
« Pourquoi pas ! tu crois qu'elle hésiterait à nous tuer, elle ? dans l'état où elle est ? »
La youkai ricana : « Pour des raisons personnelles, j'ai encore besoin de toi, le bonze. Mais ce que dit ton ami est vrai : je suis une des deux personnalités de Nekebia. L'autre, celle que tu connaissais, est « endormie » en ce moment. Si tu m'enlèves le pendentif, elle mourra avec moi. Tu ne voudrais pas tuer une innocente ? »
Avec un petit soupir de mépris, Sanzô répondit : « Je l'ai déjà fait et je pourrais le refaire, si encore une fois c'est la seule solution. »
Davok, qui avait entendu ses paroles, lui lança : « Arrête ! il y a sûrement un moyen de la ramener à elle, ne fais pas ça. Il doit bien y avoir une solution !!! »
Gokû eut un serrement de c?ur en repensant aux quatre femmes youkais qu'ils avaient rencontrées durant leur voyage. Ils s'étaient liés d'amitié avec elles, sauf Sanzô qui se méfiait de tout... mais elles avaient été possédées par un démon et s'étaient révélées être des ennemies. Mais c'était malgré elles... il n'y avait que deux solutions : soit elles mouraient, soient c'était les quatre compagnons qui se faisaient tuer. Bien entendu, le choix avait été très difficile, et encore une fois ce fut Sanzô qui avait eut le courage de le prendre. Il avait invoqué son sutra et emprisonné les jeunes femmes dans une aura, et un coup de revolver avait suffit à les tuer - et à leur redonner leur liberté, en quelque sorte. Elles leurs étaient apparues dans la mort en un dernier au revoir pour les remercier...
Cette fois, il se repassait la même chose : Nekebia était quelqu'un de calme et de gentil, mais une personnalité maléfique avait pris son contrôle et à cause de ça, elle allait mourir. Non, il ne fallait pas... même si le garçon ne connaissait que très peu Nekebia, il avait eut le temps de s'apercevoir que la jeune youkai portait beaucoup de respect à Sanzô, et traitait bien ses amis... elle ne pouvait pas être quelqu'un de néfaste ou de cruel...
« Arrêtez avec votre espoir stupide ! s'exclama Sanzô. Vous préférez vous faire tous tuer ? c'est ce qu'elle veut, elle l'a clairement dit. Et elle en est fière ! Elle est aussi plus forte que nous tous réunis. »
Nekebia activa son épée d'énergie et répliqua, jetant un regard au moine:
« Il y en a au moins un qui a compris. »
Elle bondit vers Videl et lui assena un puissant coup, qui le fit tomber brutalement. Puis elle tint son épée toute prête à lui trancher la gorge.
Un déclic de revolver dont on enlève le cran de sûreté se fit entendre.
La jeune femme eut soudain l'air terrorisée en voyant que le bonze serait vraiment capable de la tuer. Il avait un sang-froid impressionnant...
Mais elle ne s'arrêta pas pour autant. Elle vit les yeux de Videl briller de terreur, voyant la lame fondre sur lui. Sanzô pressa son doigt sur la détente.
BAM !
Le coup était parti.
Sanzô vit le corps, fumant, tomber mollement sur le sol en un cri d'agonie.
« Non ! » s'écria Gokû. « Tu n'as pas pu... »
Il écarquilla les yeux.
Ce n'était pas Nekebia qui était tombée.
La jeune femme fut soudain entourée d'une aura blanche et le cri perçant qu'elle lança réussit à dissiper complètement le Shka et l'aura maléfique qui l'emprisonnait. Sa personnalité calme avait refait surface.
Sanglotant, elle tomba à genoux devant le corps de Davok.
« ...Pourquoi ? »
gémit-elle en posant ses mains autour du visage de son ami. Une de ses larmes tomba sur la joue du guerrier et ce dernier ouvrit péniblement les yeux.
Le silence était insupportable... puis le youkai prit faiblement la parole :
« Tu sais bien... je ne t'aurais pas laissée mourir... »
La jeune femme vit ses magnifiques yeux bleus devenir un peu plus troubles.
« Non, Davok, non ! reste avec nous... je t'en prie, ne pars pas... on a tous besoin de toi... »
Le faible sourire sur les lèvres du youkai la poussa à continuer sa phrase.
« ...j'ai... besoin de toi... »
Il regarda la femme qu'il aimait penchée au-dessus de lui. Lentement, il leva la main et lui caressa délicatement la joue. S'il devait mourir, alors il voulait que la dernière personne qu'il vît, ce fût elle...
Il ne se souvenait plus du moment où il était tombé amoureux de Nekebia. Peut-être dès le jour où il l'avait recueillie... Il l'avait trouvée endormie au pied d'un grand chêne, repliée sur elle-même... Malgré les blessures qu'elle portait, elle avait semblé très paisible. Du sang tachait sa longue robe blanche... Il se souvint de la pensée qui l'avait traversé à ce moment là. « Un présage de l'apocalypse ? même les anges commencent à tomber du ciel... »
Il l'avait ramenée au fort, soignée... puis quand elle s'était réveillée... il avait enfin vu ses yeux s'ouvrir le matin sur un monde où les regards n'étaient que terreur, où personne n'osait croire en l'espoir... sur ce monde où il n'avait vu encore que des yeux se fermer.
C'était les siens qui allaient se fermer, à présent. Il le sentait.
Il voyait Nekebia devenir de plus en plus floue au-dessus de lui. Il sentit à nouveau de la chaleur sur sa joue. Une larme qui dévalait lentement son visage...
« Nekebia... promets-moi une chose. »
La jeune femme serra la main du youkai.
« Tout ce que tu veux. Mais ne dis pas ça, tu ne vas... tu ne vas pas... »
Il effleura de ses doigts les lèvres de Nekebia pour lui faire comprendre de ne pas finir sa phrase. Puis il reprit : « Promets-moi que tu te débarrasseras à jamais de cette personnalité qui ne te ressemble pas... il y a sûrement un moyen... »
« Oui, oui... » répéta-t-elle entre deux sanglots, serrant la main de plus en plus fort. Un faible sourire se figea sur les lèvres de Davok, et la jeune guerrière sentit la pression de la main se relâcher. Ses yeux étaient fermés. Elle ne sentait plus son souffle chaud contre sa peau.
Lentement, très lentement, elle se pencha sur son visage et posa ses lèvres sur les siennes. Les larmes lui brouillaient encore la vue quand elle murmura : « J'aurai vraiment tout raté dans ma vie... »
Le corps de Davok s'évapora en une fumée noirâtre, tourbillonnant quelques instant dans l'air chaud de la clairière en feu, pour s'envoler lentement vers le ciel.
