Chapitre 10 : Ce froid mêlé de pluie.
Sanzô regarda la scène avec amertume. Pourquoi était-ce toujours les innocents qui payaient dans des situations pareilles ?
Gokû regarda son maître avec des yeux pleins de larmes. Il comprenait pourquoi ce dernier avait tiré. Il ne lui en voulait pas. Mais c'était tellement... injuste.
Mais la mort de Videl et d'eux-mêmes aurait été tout aussi injuste. Encore une fois, il n'y avait pas eu d'autre voie que de briser quelqu'un à jamais...
Nekebia était à genoux sur le sol. Elle ne pleurait plus, mais ses mains tremblaient. Ses doigts étaient agrippés de toute leur force à l'herbe humide de la clairière...
Ses longs cheveux bruns lui retombaient sur le visage. Du coin de l'?il, elle regarda Videl. Ce dernier avait déjà perdu un grand ami, et il venait d'en perdre un autre... Mais il restait debout, sombre, très droit... cependant, il lui était impossible de cacher l'expression de douleur qu'il avait sur le visage. Doucement, il s'était approché de Nekebia et avait posé une main sur son épaule en signe de réconfort.
« Laisse-moi... » souffla-t-elle. « Tout est de ma faute, je ne mérite pas ta compassion... »
Videl soupira et répondit tout bas : « De quoi te souviens-tu ? »
La youkai parut étonnée de la question.
« Je... je ne sais plus bien. La femme drapée de blanc était là, j'ai perdu le contrôle de moi-même, c'était comme... comme si quelqu'un d'autre prenait ma place... mais je sentais qu'il se passait quelque chose de terrible. J'avais mal, on aurait dit qu'une force m'empêchait de « remonter à la surface », et puis j'ai lutté, lutté... j'étais à bout de forces. Je suis à bout de forces. Et puis j'ai enfin eu l'impression que quelque chose se relâchait, mais pas complètement. J'ai vu du feu, et un revolver pointé sur moi... et puis... j'ai vu Davok... à terre... ça m'a fait un choc épouvantable, tout est redevenu net... »
Videl soupira longuement et relâcha son étreinte.
« Tu vois, c'est de sa faute à elle. A l'autre toi. »
Nekebia lui demanda, troublée : « Une autre moi ? »
Le silence était pesant. Puis Sanzô prit la parole :
« Il faudrait peut-être éteindre ce feu avant que toute la forêt ne finisse en cendres, et nous avec. » Il jeta un regard triste à la jeune femme. « On va aller au calme, et on s'expliquera. »
Videl invoqua un sort d'eau qui se répandit sur les alentours en une fine pluie, qui finit par être torrentielle. Le feu finit par s'éteindre, mais tous étaient trempés. La pluie ne s'arrêterait pas avant un bon moment...
Epuisés après de longues minutes de marche sous ce temps de déluge, ils trouvèrent refuge sous une énorme souche déracinée.
Sanzô s'adossa à la paroi végétale et soupira longuement. L'eau de ses cheveux mouillés dégoulinait sur ses vêtements et dans son cou, rendant ses habits encombrants et pesants. La pluie était chaude mais sa robe de moine trempée commençait à lui donner froid. Gokû le regarda défaire le haut de son vêtement. et rougit quand il vit que Sanzô venait de s'en apercevoir. Le moine parut troublé et demanda : « Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? »
« R..rien... » balbutia Gokû. Il y eut un silence empli de gêne, puis le garçon reprit, tentant de changer la conversation : « Enfin...je me demande quand même... quand est-ce qu'on va manger ? »
Sanzô haussa les épaules.
« Comment veux-tu que je sache ? »
Le jeune bonze jeta un coup d'?il à Nekebia. Videl était parti trouver un endroit proche où le dragon-ogre et le squelette pourraient monter la garde...
Le youkai avait expliqué à la jeune femme ce qu'il s'était passé en détails, les révélations de l'Autre Nekebia... et depuis, la guerrière s'était terrée dans un mutisme douloureux. Tous les malheurs semblaient l'accabler en même temps...
Sanzô eut un serrement de c?ur. Il savait que Davok comptait beaucoup pour elle... Mais il était mort, et de ses propres mains. Elle venait de perdre un être qui lui était très cher, quelqu'un à qui elle n'avait pas pu poser toutes les questions qu'elle aurait voulu, croyant qu'elle aurait tout le temps pour le faire...
Un peu comme Komyo pour Sanzô.
« Nekebia... » murmura le jeune homme. La youkai releva doucement la tête et il put voir des traces de larmes sur ses joues. Ce n'était pas étonnant. Il continua :
« Nekebia, je suis désolé... Mais il n'y avait pas d'autre moyen. C'était toi qui aurait dû... enfin... »
Il pesta contre lui-même de savoir si mal s'exprimer dans ces situations là.
La jeune femme le fixa de ses yeux brillants de larmes et répondit :
« Je sais... ne te force pas à t'excuser, ça ne te ressemble pas. »
Sanzô eut l'impression qu'un éclair de froid venait de lui parcourir le c?ur.
« Tu me crois insensible, c'est ça ? » répliqua-t-il, quelque peu blessé. Il ne savait pas pourquoi la phrase de la guerrière lui avait fait tant d'effet...
Nekebia eut un sourire triste.
« Ne te fâche pas... dit-elle en un souffle. Je voulais juste dire... que j'aurais sûrement fait pareil à ta place. Si j'étais dangereuse au point de vous massacrer, alors tu as fait le bon choix... mais... tu as raison, c'est moi qui aurais dû mourir. Pas Davok. Mais ça, personne n'y peut rien. »
Gokû, qui écoutait attentivement la discussion, intervint naïvement: « Nekebia... tu penses que qui aurait été le plus regretté ? Davok ou toi ? » Devant l'impudence de la question, Sanzô frappa le garçon de son baffeur. « Ta gueule, bakasaru ! c'est pas une question qui se pose, ça ! » « Eeeh pourquoi tu me frappes ? et je suis pas un saru ! » « Je te frappe parce que t'es con, et si, t'es un saru ! »
Mais Nekebia ne répondit pas. Cette question était peut-être blessante et naïve... mais elle ne pouvait s'empêcher d'y réfléchir. Si c'était elle qui était morte, Davok n'aurait pu le supporter. Il se serait peut-être donné la mort, se maudissant d'avoir été incapable de la protéger... et Videl aussi aurait été effondré. Et ses autres compagnons youkais de la forteresse qui étaient attachés à elle...
La mort de Davok lui causait beaucoup de mal à elle, et sûrement à Videl aussi, mais aux autres ? elle ne pensait pas. Davok n'était pas très sociable avec les autres youkais du clan, il était surtout très proche de Nekebia...
C'était en restant en vie et non en se sacrifiant que l'on pouvait apporter du bien aux autres. Elle le découvrait à l'instant... mais pour Davok... c'était tellement injuste...
La pluie continuait à tomber inlassablement, et Videl était revenu depuis un quart d'heure déjà. Tous sentaient la fatigue monter, mais le petit vent froid qui soufflait régulièrement au c?ur de la forêt les empêchait de dormir.
Nekebia vit Sanzô allumer une cigarette. Il avait l'air encore plus nerveux depuis que la pluie avait commencé à tomber. Soupirant, elle l'entendit demander à Gokû où étaient « Hakkai » et « Gojô », leurs deux autres amis, sûrement. Le garçon eut une réponse vague qui ne parut pas satisfaire le bonze, qui afficha une expression inquiète et frustrée. Quelques minutes plus tard, elle vit Gokû demander quelque chose.
« Sanzô. » murmura le garçon.
« Nanda ? »
« J'ai froid. » répondit Gokû.
Sanzô soupira et répondit : « Et alors ? moi aussi. »
Le garçon resta quelques secondes silencieux, puis finit par appuyer timidement sa tête contre l'épaule de son maître. Ce dernier parut un peu gêné quand il sentit Gokû se blottir tout contre lui, et murmurer : « Tu partiras plus jamais comme ça, hein ? j'ai eu tellement peur que tu sois.mort. Sanzô.»
Le moine s'aperçut que Gokû venait de s'endormir. Il avait une respiration toujours aussi bruyante. cela fit sourire le jeune homme. Gokû, qui paraissait toujours aussi insouciant. avec un optimisme à toute épreuve. qui avait si facilement confiance en les gens qu'il rencontrait. il était tout le contraire de lui.
Ses yeux se posèrent sur les youkais qui dormaient non loin d'eux. Videl, qui semblait avoir un sommeil agité, et qui portait désormais une responsabilité énorme sur les épaules. La pluie tombait inlassablement sur le sol humide de la forêt, sur les feuilles sombres étalées à terre. Nekebia, qui. qui le regardait. Avec ce regard intense, qui fit une étrange impression au jeune homme. Il soutint son regard. De longues secondes passèrent. puis elle détourna les yeux.
« Tu n'aimes pas la pluie. » murmura-t-elle en regardant les gouttes tomber sur les racines sombres des arbres qui les entouraient.
« Non, pas vraiment. » répondit-il lentement.
Elle le regarda passer une main dans ses cheveux blonds encore mouillés. L'endroit n'était pas tout à fait à l'abri de la pluie. l'eau trempait son habit noir, déjà moulant par temps sec, mais qui l'était encore plus avec l'humidité ambiante. Les yeux violets du jeune moine se tournèrent à nouveau vers la youkai, et une expression inquiète s'afficha sur son visage lorsqu'il la vit observer son pendentif.
« Ne fais pas de connerie » lui dit-il. « Si tu l'enlèves. »
« Si je l'enlève je ne serai plus une menace pour personne » répondit-elle calmement.
« Fais pas ça. » lui lança-t-il, tout bas, pour ne pas réveiller les autres. « Tu ne voudrais pas que Davok soit mort pour rien. ? »
Nekebia ne regarda pas son interlocuteur et continua à relever son collier, très lentement. « Je lui ai promis que je trouverai une solution pour me débarrasser ce cette personnalité cruelle qui me hante. Voilà, j'en ai trouvé une. »
Sanzô éleva un peu la voix, qui se fit plus dure. « Arrête ça tout de suite. Y'a des gens qui tiennent à toi. Y'en a aussi qui comptent sur toi. »
La youkai eut un soupir las. « Qui ? Videl ? Il m'oubliera vite. Les youkais de la forteresse ? Ils s'y feront. Je ne suis pas une grande perte. Je ne comprend pas pourquoi j'ai toujours gardé ce pendentif sur moi. rien de tout cela ne serait arrivé si un jour il m'avait pris l'idée de l'enlever. »
Elle souleva le collier et commença à le faire passer au-dessus de son front. Mais une main plaquée sur ses poignets arrêta son geste.
Nekebia leva les yeux et vit le visage de Sanzô tout près du sien. Elle sentait son haleine chaude contre son visage.
« Je te dis de pas faire une telle bêtise. Ce serait trop facile de crever, là, comme ça. »
Les mains du jeune homme serraient à présent de toutes leurs forces les poignets de Nekebia, à lui en faire presque mal.
« Mais je. » répliqua-t-elle, détournant le regard.
Sanzô libéra une de ses mains et prit le menton de la jeune femme de manière à ce qu'elle le regarde à nouveau dans les yeux.
« Le désespoir, je connais ça. » lui souffla-t-il. « Moi aussi j'ai souvent eu envie d'en finir, de me tirer une balle dans la tempe. Mais je l'ai pas fait. »
La youkai murmura : « Qu'est-ce qui t'a retenu ? »
Sanzô jeta un regard discret à Gokû, qui dormait à présent sur le sol.
« Des gens que je ne pouvais pas abandonner. » répondit-il.
« Tout cet amour que tu reçois sans jamais le rendre, tu le mets où ? » répliqua sèchement Nekebia, les larmes aux yeux.
Le c?ur de Sanzô se serra. Pourquoi les paroles de cette youkai le coupaient toujours comme du verre ? Comme cette vitre qu'il croyait incassable, placée entre les gens et lui. Gokû, Hakkai et Gojô arrivaient parfois à voir au travers. mais Nekebia la cassait. Littéralement. Comme touchant tous les points faibles. les éclats partaient en tous sens, le blessant lui, la blessant elle. et tout ce qui se trouvait autour.
Dans l'ombre, il ne vit pas les yeux de Gokû s'ouvrir. Le garçon réprima un petit cri de surprise. Il voyait Sanzô, accroupi tout près de Nekebia. Sa bouche était à peine à quelques centimètres de celles de la youkai. Le garçon ne pouvait entendre que de faibles murmures prononcés d'une voix douce. La main droite de Sanzô prenait le menton de la jeune femme d'une manière délicate, et l'autre main était posée sur ses poignets.
Gokû ferma les yeux le plus fort qu'il put. Ce devait être un mauvais rêve. Quand il les rouvrirait, Sanzô serait à côté de lui, et les youkais endormis, comme tout à l'heure.
Il rouvrit les yeux quelques secondes après.
Rien n'avait changé. Sanzô était bel et bien aux côtés de Nekebia, et le garçon ne sentait plus aucune chaleur près de lui. Il sentait surtout le froid au fond de son c?ur, qui battait à tout rompre, au rythme de la pluie violente qui tambourinait au-dehors.
Notes :
Eh oui, je décide enfin de créer une partie « notes » pour cette fanfic ! ^_^ il n'y en aura pas à tous les chapitres, mais juste quand j'aurai quelques petites choses à préciser ^^. ce sera court (enfin.), mais au moins cela permettra de mettre quelques petits trucs au clair : je reviens à plusieurs chapitres précédents. Le Dragon-ogre est une bête totalement inventée par moi : je l'ai d'ailleurs dessiné, je ne sais pas si vous avez vu mon ficart là-dessus, mais. à l'origine, il ne ressemble pas du tout à ça ! pour les connaisseurs (et connaisseuses) de Warcraft 3, identifiez tout de suite mon Dragon-ogre à la créature nommée « Abomination » chez les Undead. Tiens même, je vais vous joindre une petite image, c'est encore mieux !
c'est très laid, hein ? bah voilà, quand j'écris ma fic, je vois mon dragon- ogre un peu comme ça. Pauvre Sanzô qui a failli se faire manger par cette horreur. Quand au titre du chapitre 9, c'est un titre de chanson qui m'a inspirée ^^
J'utilise aussi certains mots japonais qui se retrouvent souvent dans la série. « Nanda ? » signifie « Quoi, (qu'est-ce qu'il y a) ? » , « bakasaru » signifie bien sûr « con de singe », « Urusei » veut dire « Ta/Vos gueules ! » ou « la ferme », comme vous préférez. « Yameru » signifie « arrête ! » (ou arrêtez, dans le sens de « cesser »). « Yamete » a le même sens, mais en plus poli. « Kso » est un juron que l'on traduit souvent par « merde ».
Tiens, au fait, je précise une petite chose ^^ : quand vous voyez les héros dire « Ore ba. » quand ils disent en hésitant « Je. je.. » il faut avoir à l'esprit que si vous êtes une fille, n'essayez pas d'employer ce qualificatif là pour vous ! « Ore » a le sens d'un « je » mais qui renforce le côté viril de la personne, et n'est utilisé que par les hommes. Tout comme dans une des phrases préférées de Sanzô : « Omae o korosu » (Je vais te tuer), le « omae » qualifie un être masculin auquel il parle. Bref, il ne pourra pas dire « Omae o kurosu » à une femme ^_^
Pour les cartes, j'utilise des illustrations de cartes Magic, qui correspondent assez bien à l'esprit de cette histoire. Je modifie parfois les images. je constitue les décorations autour des cartes moi-même avec PSP 7, et j'invente leur nom. D'ailleurs je joue peu aux cartes, j'aime surtout les collectionner, si on peut appeler ça une collection ^^ j'ai largement puisé dans mon deck bleu (de la 7eme édition mais ça vous vous en fichez sûrement ^^) « Bombardier » pour les cartes qui vont suivre dans la fic. Je crois n'avoir rien pris du deck vert « Indompté » mais j'aurai aimé avoir le rouge « Infestation » pour inclure toutes sortes d'ogres ou de bêtes du genre ^^
Au fait, j'ai inclus « Carmen, l'omniprésente insaisissable » parce qu'en voyant la bande-annonce du film/anime Vampire hunter D (version 2000), une des ennemis du héros est une femme qui peut se confondre avec les éléments, dont les arbres. tenez, là voilà :
J'ai un peu délaissé Hakkai et Gojô pour l'instant, mais on les retrouvera au prochain chapitre ^_^. Déjà une chose est claire : je n'aime pas Kanzenon ! mais elle met un peu de piment dans Saiyuki, alors j'y tiens quand même ^_^ elle est peut-être partie pour l'instant mais elle ne lâche pas le morceau si facilement, attendez-vous à la revoir ^^
Sanzô regarda la scène avec amertume. Pourquoi était-ce toujours les innocents qui payaient dans des situations pareilles ?
Gokû regarda son maître avec des yeux pleins de larmes. Il comprenait pourquoi ce dernier avait tiré. Il ne lui en voulait pas. Mais c'était tellement... injuste.
Mais la mort de Videl et d'eux-mêmes aurait été tout aussi injuste. Encore une fois, il n'y avait pas eu d'autre voie que de briser quelqu'un à jamais...
Nekebia était à genoux sur le sol. Elle ne pleurait plus, mais ses mains tremblaient. Ses doigts étaient agrippés de toute leur force à l'herbe humide de la clairière...
Ses longs cheveux bruns lui retombaient sur le visage. Du coin de l'?il, elle regarda Videl. Ce dernier avait déjà perdu un grand ami, et il venait d'en perdre un autre... Mais il restait debout, sombre, très droit... cependant, il lui était impossible de cacher l'expression de douleur qu'il avait sur le visage. Doucement, il s'était approché de Nekebia et avait posé une main sur son épaule en signe de réconfort.
« Laisse-moi... » souffla-t-elle. « Tout est de ma faute, je ne mérite pas ta compassion... »
Videl soupira et répondit tout bas : « De quoi te souviens-tu ? »
La youkai parut étonnée de la question.
« Je... je ne sais plus bien. La femme drapée de blanc était là, j'ai perdu le contrôle de moi-même, c'était comme... comme si quelqu'un d'autre prenait ma place... mais je sentais qu'il se passait quelque chose de terrible. J'avais mal, on aurait dit qu'une force m'empêchait de « remonter à la surface », et puis j'ai lutté, lutté... j'étais à bout de forces. Je suis à bout de forces. Et puis j'ai enfin eu l'impression que quelque chose se relâchait, mais pas complètement. J'ai vu du feu, et un revolver pointé sur moi... et puis... j'ai vu Davok... à terre... ça m'a fait un choc épouvantable, tout est redevenu net... »
Videl soupira longuement et relâcha son étreinte.
« Tu vois, c'est de sa faute à elle. A l'autre toi. »
Nekebia lui demanda, troublée : « Une autre moi ? »
Le silence était pesant. Puis Sanzô prit la parole :
« Il faudrait peut-être éteindre ce feu avant que toute la forêt ne finisse en cendres, et nous avec. » Il jeta un regard triste à la jeune femme. « On va aller au calme, et on s'expliquera. »
Videl invoqua un sort d'eau qui se répandit sur les alentours en une fine pluie, qui finit par être torrentielle. Le feu finit par s'éteindre, mais tous étaient trempés. La pluie ne s'arrêterait pas avant un bon moment...
Epuisés après de longues minutes de marche sous ce temps de déluge, ils trouvèrent refuge sous une énorme souche déracinée.
Sanzô s'adossa à la paroi végétale et soupira longuement. L'eau de ses cheveux mouillés dégoulinait sur ses vêtements et dans son cou, rendant ses habits encombrants et pesants. La pluie était chaude mais sa robe de moine trempée commençait à lui donner froid. Gokû le regarda défaire le haut de son vêtement. et rougit quand il vit que Sanzô venait de s'en apercevoir. Le moine parut troublé et demanda : « Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? »
« R..rien... » balbutia Gokû. Il y eut un silence empli de gêne, puis le garçon reprit, tentant de changer la conversation : « Enfin...je me demande quand même... quand est-ce qu'on va manger ? »
Sanzô haussa les épaules.
« Comment veux-tu que je sache ? »
Le jeune bonze jeta un coup d'?il à Nekebia. Videl était parti trouver un endroit proche où le dragon-ogre et le squelette pourraient monter la garde...
Le youkai avait expliqué à la jeune femme ce qu'il s'était passé en détails, les révélations de l'Autre Nekebia... et depuis, la guerrière s'était terrée dans un mutisme douloureux. Tous les malheurs semblaient l'accabler en même temps...
Sanzô eut un serrement de c?ur. Il savait que Davok comptait beaucoup pour elle... Mais il était mort, et de ses propres mains. Elle venait de perdre un être qui lui était très cher, quelqu'un à qui elle n'avait pas pu poser toutes les questions qu'elle aurait voulu, croyant qu'elle aurait tout le temps pour le faire...
Un peu comme Komyo pour Sanzô.
« Nekebia... » murmura le jeune homme. La youkai releva doucement la tête et il put voir des traces de larmes sur ses joues. Ce n'était pas étonnant. Il continua :
« Nekebia, je suis désolé... Mais il n'y avait pas d'autre moyen. C'était toi qui aurait dû... enfin... »
Il pesta contre lui-même de savoir si mal s'exprimer dans ces situations là.
La jeune femme le fixa de ses yeux brillants de larmes et répondit :
« Je sais... ne te force pas à t'excuser, ça ne te ressemble pas. »
Sanzô eut l'impression qu'un éclair de froid venait de lui parcourir le c?ur.
« Tu me crois insensible, c'est ça ? » répliqua-t-il, quelque peu blessé. Il ne savait pas pourquoi la phrase de la guerrière lui avait fait tant d'effet...
Nekebia eut un sourire triste.
« Ne te fâche pas... dit-elle en un souffle. Je voulais juste dire... que j'aurais sûrement fait pareil à ta place. Si j'étais dangereuse au point de vous massacrer, alors tu as fait le bon choix... mais... tu as raison, c'est moi qui aurais dû mourir. Pas Davok. Mais ça, personne n'y peut rien. »
Gokû, qui écoutait attentivement la discussion, intervint naïvement: « Nekebia... tu penses que qui aurait été le plus regretté ? Davok ou toi ? » Devant l'impudence de la question, Sanzô frappa le garçon de son baffeur. « Ta gueule, bakasaru ! c'est pas une question qui se pose, ça ! » « Eeeh pourquoi tu me frappes ? et je suis pas un saru ! » « Je te frappe parce que t'es con, et si, t'es un saru ! »
Mais Nekebia ne répondit pas. Cette question était peut-être blessante et naïve... mais elle ne pouvait s'empêcher d'y réfléchir. Si c'était elle qui était morte, Davok n'aurait pu le supporter. Il se serait peut-être donné la mort, se maudissant d'avoir été incapable de la protéger... et Videl aussi aurait été effondré. Et ses autres compagnons youkais de la forteresse qui étaient attachés à elle...
La mort de Davok lui causait beaucoup de mal à elle, et sûrement à Videl aussi, mais aux autres ? elle ne pensait pas. Davok n'était pas très sociable avec les autres youkais du clan, il était surtout très proche de Nekebia...
C'était en restant en vie et non en se sacrifiant que l'on pouvait apporter du bien aux autres. Elle le découvrait à l'instant... mais pour Davok... c'était tellement injuste...
La pluie continuait à tomber inlassablement, et Videl était revenu depuis un quart d'heure déjà. Tous sentaient la fatigue monter, mais le petit vent froid qui soufflait régulièrement au c?ur de la forêt les empêchait de dormir.
Nekebia vit Sanzô allumer une cigarette. Il avait l'air encore plus nerveux depuis que la pluie avait commencé à tomber. Soupirant, elle l'entendit demander à Gokû où étaient « Hakkai » et « Gojô », leurs deux autres amis, sûrement. Le garçon eut une réponse vague qui ne parut pas satisfaire le bonze, qui afficha une expression inquiète et frustrée. Quelques minutes plus tard, elle vit Gokû demander quelque chose.
« Sanzô. » murmura le garçon.
« Nanda ? »
« J'ai froid. » répondit Gokû.
Sanzô soupira et répondit : « Et alors ? moi aussi. »
Le garçon resta quelques secondes silencieux, puis finit par appuyer timidement sa tête contre l'épaule de son maître. Ce dernier parut un peu gêné quand il sentit Gokû se blottir tout contre lui, et murmurer : « Tu partiras plus jamais comme ça, hein ? j'ai eu tellement peur que tu sois.mort. Sanzô.»
Le moine s'aperçut que Gokû venait de s'endormir. Il avait une respiration toujours aussi bruyante. cela fit sourire le jeune homme. Gokû, qui paraissait toujours aussi insouciant. avec un optimisme à toute épreuve. qui avait si facilement confiance en les gens qu'il rencontrait. il était tout le contraire de lui.
Ses yeux se posèrent sur les youkais qui dormaient non loin d'eux. Videl, qui semblait avoir un sommeil agité, et qui portait désormais une responsabilité énorme sur les épaules. La pluie tombait inlassablement sur le sol humide de la forêt, sur les feuilles sombres étalées à terre. Nekebia, qui. qui le regardait. Avec ce regard intense, qui fit une étrange impression au jeune homme. Il soutint son regard. De longues secondes passèrent. puis elle détourna les yeux.
« Tu n'aimes pas la pluie. » murmura-t-elle en regardant les gouttes tomber sur les racines sombres des arbres qui les entouraient.
« Non, pas vraiment. » répondit-il lentement.
Elle le regarda passer une main dans ses cheveux blonds encore mouillés. L'endroit n'était pas tout à fait à l'abri de la pluie. l'eau trempait son habit noir, déjà moulant par temps sec, mais qui l'était encore plus avec l'humidité ambiante. Les yeux violets du jeune moine se tournèrent à nouveau vers la youkai, et une expression inquiète s'afficha sur son visage lorsqu'il la vit observer son pendentif.
« Ne fais pas de connerie » lui dit-il. « Si tu l'enlèves. »
« Si je l'enlève je ne serai plus une menace pour personne » répondit-elle calmement.
« Fais pas ça. » lui lança-t-il, tout bas, pour ne pas réveiller les autres. « Tu ne voudrais pas que Davok soit mort pour rien. ? »
Nekebia ne regarda pas son interlocuteur et continua à relever son collier, très lentement. « Je lui ai promis que je trouverai une solution pour me débarrasser ce cette personnalité cruelle qui me hante. Voilà, j'en ai trouvé une. »
Sanzô éleva un peu la voix, qui se fit plus dure. « Arrête ça tout de suite. Y'a des gens qui tiennent à toi. Y'en a aussi qui comptent sur toi. »
La youkai eut un soupir las. « Qui ? Videl ? Il m'oubliera vite. Les youkais de la forteresse ? Ils s'y feront. Je ne suis pas une grande perte. Je ne comprend pas pourquoi j'ai toujours gardé ce pendentif sur moi. rien de tout cela ne serait arrivé si un jour il m'avait pris l'idée de l'enlever. »
Elle souleva le collier et commença à le faire passer au-dessus de son front. Mais une main plaquée sur ses poignets arrêta son geste.
Nekebia leva les yeux et vit le visage de Sanzô tout près du sien. Elle sentait son haleine chaude contre son visage.
« Je te dis de pas faire une telle bêtise. Ce serait trop facile de crever, là, comme ça. »
Les mains du jeune homme serraient à présent de toutes leurs forces les poignets de Nekebia, à lui en faire presque mal.
« Mais je. » répliqua-t-elle, détournant le regard.
Sanzô libéra une de ses mains et prit le menton de la jeune femme de manière à ce qu'elle le regarde à nouveau dans les yeux.
« Le désespoir, je connais ça. » lui souffla-t-il. « Moi aussi j'ai souvent eu envie d'en finir, de me tirer une balle dans la tempe. Mais je l'ai pas fait. »
La youkai murmura : « Qu'est-ce qui t'a retenu ? »
Sanzô jeta un regard discret à Gokû, qui dormait à présent sur le sol.
« Des gens que je ne pouvais pas abandonner. » répondit-il.
« Tout cet amour que tu reçois sans jamais le rendre, tu le mets où ? » répliqua sèchement Nekebia, les larmes aux yeux.
Le c?ur de Sanzô se serra. Pourquoi les paroles de cette youkai le coupaient toujours comme du verre ? Comme cette vitre qu'il croyait incassable, placée entre les gens et lui. Gokû, Hakkai et Gojô arrivaient parfois à voir au travers. mais Nekebia la cassait. Littéralement. Comme touchant tous les points faibles. les éclats partaient en tous sens, le blessant lui, la blessant elle. et tout ce qui se trouvait autour.
Dans l'ombre, il ne vit pas les yeux de Gokû s'ouvrir. Le garçon réprima un petit cri de surprise. Il voyait Sanzô, accroupi tout près de Nekebia. Sa bouche était à peine à quelques centimètres de celles de la youkai. Le garçon ne pouvait entendre que de faibles murmures prononcés d'une voix douce. La main droite de Sanzô prenait le menton de la jeune femme d'une manière délicate, et l'autre main était posée sur ses poignets.
Gokû ferma les yeux le plus fort qu'il put. Ce devait être un mauvais rêve. Quand il les rouvrirait, Sanzô serait à côté de lui, et les youkais endormis, comme tout à l'heure.
Il rouvrit les yeux quelques secondes après.
Rien n'avait changé. Sanzô était bel et bien aux côtés de Nekebia, et le garçon ne sentait plus aucune chaleur près de lui. Il sentait surtout le froid au fond de son c?ur, qui battait à tout rompre, au rythme de la pluie violente qui tambourinait au-dehors.
Notes :
Eh oui, je décide enfin de créer une partie « notes » pour cette fanfic ! ^_^ il n'y en aura pas à tous les chapitres, mais juste quand j'aurai quelques petites choses à préciser ^^. ce sera court (enfin.), mais au moins cela permettra de mettre quelques petits trucs au clair : je reviens à plusieurs chapitres précédents. Le Dragon-ogre est une bête totalement inventée par moi : je l'ai d'ailleurs dessiné, je ne sais pas si vous avez vu mon ficart là-dessus, mais. à l'origine, il ne ressemble pas du tout à ça ! pour les connaisseurs (et connaisseuses) de Warcraft 3, identifiez tout de suite mon Dragon-ogre à la créature nommée « Abomination » chez les Undead. Tiens même, je vais vous joindre une petite image, c'est encore mieux !
c'est très laid, hein ? bah voilà, quand j'écris ma fic, je vois mon dragon- ogre un peu comme ça. Pauvre Sanzô qui a failli se faire manger par cette horreur. Quand au titre du chapitre 9, c'est un titre de chanson qui m'a inspirée ^^
J'utilise aussi certains mots japonais qui se retrouvent souvent dans la série. « Nanda ? » signifie « Quoi, (qu'est-ce qu'il y a) ? » , « bakasaru » signifie bien sûr « con de singe », « Urusei » veut dire « Ta/Vos gueules ! » ou « la ferme », comme vous préférez. « Yameru » signifie « arrête ! » (ou arrêtez, dans le sens de « cesser »). « Yamete » a le même sens, mais en plus poli. « Kso » est un juron que l'on traduit souvent par « merde ».
Tiens, au fait, je précise une petite chose ^^ : quand vous voyez les héros dire « Ore ba. » quand ils disent en hésitant « Je. je.. » il faut avoir à l'esprit que si vous êtes une fille, n'essayez pas d'employer ce qualificatif là pour vous ! « Ore » a le sens d'un « je » mais qui renforce le côté viril de la personne, et n'est utilisé que par les hommes. Tout comme dans une des phrases préférées de Sanzô : « Omae o korosu » (Je vais te tuer), le « omae » qualifie un être masculin auquel il parle. Bref, il ne pourra pas dire « Omae o kurosu » à une femme ^_^
Pour les cartes, j'utilise des illustrations de cartes Magic, qui correspondent assez bien à l'esprit de cette histoire. Je modifie parfois les images. je constitue les décorations autour des cartes moi-même avec PSP 7, et j'invente leur nom. D'ailleurs je joue peu aux cartes, j'aime surtout les collectionner, si on peut appeler ça une collection ^^ j'ai largement puisé dans mon deck bleu (de la 7eme édition mais ça vous vous en fichez sûrement ^^) « Bombardier » pour les cartes qui vont suivre dans la fic. Je crois n'avoir rien pris du deck vert « Indompté » mais j'aurai aimé avoir le rouge « Infestation » pour inclure toutes sortes d'ogres ou de bêtes du genre ^^
Au fait, j'ai inclus « Carmen, l'omniprésente insaisissable » parce qu'en voyant la bande-annonce du film/anime Vampire hunter D (version 2000), une des ennemis du héros est une femme qui peut se confondre avec les éléments, dont les arbres. tenez, là voilà :
J'ai un peu délaissé Hakkai et Gojô pour l'instant, mais on les retrouvera au prochain chapitre ^_^. Déjà une chose est claire : je n'aime pas Kanzenon ! mais elle met un peu de piment dans Saiyuki, alors j'y tiens quand même ^_^ elle est peut-être partie pour l'instant mais elle ne lâche pas le morceau si facilement, attendez-vous à la revoir ^^
