Chapitre 19 : Le temple

(Note de l'auteur: désolée, j'ai mis extrêmement longtemps à me remettre à écrire cette fanfiction... mais voilà ENFIN le chapitre 19 )

Gojô leva les yeux au ciel, puis secoua la tête. Il ne lui semblait pas connaître cet endroit... que faisait-il ici ?

Lentement, il se releva et se frotta le dos.

" Eh bien... cette forêt commençait vraiment à me pomper l'air... " pensa-t-il. " Pas mécontent d'en être sorti ! "

Il jeta un oeil tout autour de lui, mais ne vit personne.

" Où sont les autres ? Mm... ils ont peut-être atterri ailleurs... "

Etrangement, il ne ressentait plus aucune faim ni aucune soif. La petite prairie dans laquelle il se trouvait était verdoyante et sans trace d'humidité... Un petit sentier non loin de là longeait une rivière aux eaux calmes, et une jeune femme promenait son chien.

" Hep, mademoiselle ! " appela Gojô en avançant vers elle. Cette dernière se retourna et lui sourit. Mais le jeune homme se sentit presque s'étrangler. Le choc qu'il avait subi dans la forêt à cause des maléfices avait dû détraquer ses sens... il entendait les sons déformés...

" Où sommes-nous exactement ? " lui demanda-t-il.

L'inconnue haussa les épaules et répondit : " Eh bien, près du village abandonné d'Undo... pas loin de la ville de Tsen-ten. "

Gojô acquiesça et ne put s'empêcher de laisser traîner ses yeux sur la courte robe de la jeune femme.

" Jolie robe " fit-il avec un clin d'il séducteur.

L'inconnue lui sourit et répondit en retour :

" La votre n'est pas mal non plus, madame. "

Il se sentit presque avoir une crise cardiaque.

Vivement, il regarda ses habits, et s'aperçut qu'il portait une longue robe de soie bleue. En tâtant son visage, il le découvrit plus fin, et se tâcha les doigts en les passant sur ses yeux maquillés. Il ne put s'empêcher de pousser un cri affolé - et c'était un cri de femme. Alors ce n'étaient pas les récents évènements qui avaient détraqué son ouïe ! il avait désormais VRAIMENT une voix de femme !

" Quelque chose ne va pas ? " demanda l'inconnue, incrédule. Mais Gojô prit un air gêné et répondit vivement en s'éloignant : " Euh... je viens de m'apercevoir que j'avais oublié quelque chose, euh... là-bas ! ", indiquant un point au loin derrière un bosquet.

Sur ce, il courut à toutes jambes - enfin, le plus vite qu'il pouvait avec la robe - vers ces dits buissons et vérifia, à l'abri des regards, ce qu'il redoutait le plus.

" Naaaaaaoooonnn ! c'est pas vraaaai ! " gémit-il en frappant du poing par terre.

Il resta ainsi quelques minutes, tentant de se remettre les idées en place. Et si. Il était absolument et complètement devenu une femme.

" Je me suis jamais senti aussi... nu de ma vie, même si je mettais trois tonnes de vêtements sur moi... " souffla-t-il. " Mais qu'est-ce qui a pu arriver ? c'est un cauchemar, c'est pas possible... "

Il se pinça, et ressentit une vive douleur.

" Bon eh bien... ça m'a l'air hélas bien réel... "

Il se releva avec peine, mais ne parvint pas à se souvenir de ce qui avait pu se passer. Sa théorie la plus probable était qu'on avait dû lui lancer un sort remarquablement puissant, le manipulant génétiquement...

Son regard se dirigea vers la petite ville en contrebas. Tsen-ten ? peut-être y trouverait-il une réponse... voire ses amis, qui pourraient l'aider à trouver une solution.

" Oh non pitié... pas me montrer comme ça devant Sanzô... il va se foutre de moi, ça va être la pire honte de ma vie. A la limite, Hakkai rira un peu, Gokû pigera rien... mais les sarcasmes du bonze, je crois pas que je pourrai supporter ! "

Une idée horrible lui vint à l'esprit. Et s'il devait rester ainsi jusqu'à la fin de sa vie ? s'il n'existait pas de remède à son problème ?

LUI, une fille ?!! adieu la drague... bon, il était vrai que certaines filles aimaient d'autres filles, mais lui n'arriverait jamais à s'habituer à son nouveau corps.

" J'aime les femmes, mais pas au point d'en devenir une ! " soupira-t-il en se mettant en route.

Il marcha sur le chemin irrégulier qui menait à Tsen-ten, tout en remuant de sombres pensées. Il espérait bien trouver une solution... mais peut-être que ses compagnons ne le reconnaitreront pas? ils avaient déjà été confrontés à des youkais créant des clones, ou se servant d'illusions... Le kappa se passa une main sur le front, imaginant Sanzô lui tirer un balle dans la tête sans même chercher plus loin.

"L'enfer..." murmura-t-il.

De loin, il voyait déjà se dessiner les toits de la petite ville. Il avait envie d'y arriver le plus vite possible, mais redoutait aussi ce moment. Il avait l'impression que tout le monde le regarderait avec des yeux étonnés ou moqueurs...

Quelques minutes plus tard, il marchait dans les rues de Tsen-ten. Etrangement, il n'y avait que des hommes... Gojyo regarda la fontaine, où habituellement se retrouvaient les femmes des villages pour discuter, mais encore une fois, il n'y vit que des hommes. Ceux-ci, de loin, le regardaient avec des sourires étranges, parlant à l'oreille des autres puis riant vulgairement. Il se sentit soudainement encore plus oppressé que d'habitude. Comme il était bizarre et à la fois effrayant de se retrouver dans le rôle du traqué... de se retrouver femme, au milieu des hommes vous dévorant des yeux, lançant des propos grossiers ou commentant la tenue que vous portez...

Le kappa baissa la tête, faisant mine de les ignorer, et se dirigea vers une boutique où il pourrait peut-être trouver une femme. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il détestait se trouver en minorité dans un endroit pareil... Approchant du petit stand rempli de fruits, il s'aperçut qu'il aurait affaire à un vendeur et non à une vendeuse. La panique commença à s'installer en lui.

"Vous... désirez quelque chose, mademoiselle?" fit l'homme barbu avec un petit sourire en coin.

Rien de spécialement amical. Le sourire collait plutôt bien à son regard qui déshabillait sa cliente de haut en bas. Gojyo déglutit difficilement et tenta de garder une voix calme.

"Je... je voudrais savoir si vous avez vu un bonze blond et deux de ses serviteurs passer par ici..."

Le marchand éclata d'un gros rire.

"Non, rien de ce genre, ma jolie. Par contre, ça te dit rien, un grand gars viril comme moi?"

Gojyo commença à reculer de quelques pas. La proposition avait été faite sur un ton un peu trop agressif à son goût... Brusquement, il se cogna à quelqu'un derrière lui. Se retournant, le kappa étouffa un petit cri.

"Eh bien, on tente d'aller quelque part, ma belle?"

Un grand homme aux cheveux hirsutes et au sourire se voulant séduisant se pencha vers Gojyo, qui cette fois tenta de se faufiler hors de là. Il y parvint, courant aussi vite que sa robe le lui permettait. Paniqué, il vit que les quelques hommes qui se trouvaient dans le coin se mettaient à courir à sa poursuite. Sonc coeur battit tout de suite dix fois plus vite, à mesure qu'il voyait ses poursuivants se rapprocher et la distance qui les séprait diminuer dangereusement. Ce fut quand il se prit le pied dans une racine et qu'il tomba à terre que tout, autour de lui, commança à tournoyer et devenir noir...

Il se réveilla, tremblant encore, dans l'herbe humide au bord de la route. Au-dessus de lui, Hakkai et Gokû le regardaient avec des yeux inquiets.

"Ah, enfin!" s'exclama Gokû.

"Je commençais à me faire du souci" ajouta Hakkai, soupirant de soulagement.

Gojyo ne s'était jamais senti aussi bien de sa vie. Il sauta sur ses pieds et se remis debout en deux secondes, et serra ses deux amis à leur faire mal.

"Mec!!! je suis un meeec!" hurla-t-il de joie.

Gokû le repoussa et Hakkai le regarda d'un air un peu incrédule.

"Euh, je ne sais pas quel cauchemar tu as fait, mais... enfin si, j'imagine." lâcha le grand brun. "Re-bienvenue dans la réalité. Ces cauchemars ont été assez éprouvants pour nous aussi... ça paraissait si réel... mais maintenant que la brume noire s'est dissipée, ça va mieux."

Gojyo continuait de se regarder de haut en bas avec un sourire ravi. Il avait à nouveau ses habits normaux, et plus aucune robe. Tout le reste semblait redevenu normal aussi. Mais ce cauchemar lui avait donné une leçon de morale...

"Je crois que je ne vais plus draguer pendant quelques temps..." murmura-t-il.

Ses deux amis le fixèrent puis éclatèrent de rire.

"Toi, kappa pervers?" s'amusa le petit youkai. "Qu'est-ce qui a pu te dégoûter à ce point? je parie que dès que tu croiseras à nouveau une fille, tu ne pourras pas t'en empêcher."

Hakkai sourit à son tour. "Oui, c'est plus fort que toi."

Mais Gojyo fronça les sourcils. "Peut-être... n'empêche que... j'aimerais pas être une fille se faisant accoster..."

Gokû, avança de quelques pas vers le chemin de terre et répondit: "Surtout par toi: un vrai harceleur!"

Mais cette phrase ne fit pas rire Gojyo. Il resta songeur, et, voyant ses amis reprendre leur route vers la direction présumée du Temple des âmes, les suivit d'un air distrait.

Videl s'adossa à un arbre, haletant. Il avait couru pour échapper à la pluie de foudre et avait du mal à retrouver toute son énergie. Il avait retrouvé le squelette et le dragon-ogre quelques minutes plus tôt, mais personne ne savait où se trouvaient Nekebia, Sanzô et Gokû...

"En tout cas, je sais où sont Löwen et Davok..." Le youkai leva les yeux au ciel d'un air douloureux. "Il sont sûrement en paix là où ils sont..."

Du regard, il suivit le squelette faire des allers et retours sur le chemin de terre.

"Qu'est-ce que tu fais?" demanda le youkai roux.

Le mort croisa les bras et répondit:

"Je cherchais juste à savoir si cette étrange brume noire était parvenue jusqu'ici... apparemment, il y en a un peu qui flotte dans les environs, mais elle est trop ténue pour avoir un effet vraiment nuisible... je ne ressens rien parce que je suis un mort, mais toi, tu dois te sentir un peu affaibli..."

Videl se prit la tête entre les mains et se laissa glisser le long des racines de l'arbre.

"C'est vrai, je me sens bizarre..." soupira-t-il, "mais je pense que ça va aller. Il me faut juste un peu de temps pour récupérer."

Soudain, le cri du dragon-ogre se fit entendre. Le squelette, qui était parti en courant voir la cause du cri de l'animal, revint à toute vitesse vers Videl.

"Le dragon-ogre a rencontré quelque chose de plus grand que lui!" s'écria-il, terrifié.

Le youkai se releva soudainement, le coeur battant.

"Plus grand que lui? mais quelle créature peut être plus grande que..."

La réponse à sa question apparut sous ses yeux. Le sol trembla lorsque l'être gigantestque posa son pied granitique près d'eux.

"Oh non..."

Après quelques minutes de repos, Nekebia se releva difficilement et s'adossa au mur glacial.

" Enfin debout ? " dit une voix grave dans la pénombre.

Sanzô sortit des profondeurs de la grotte et s'avança vers la youkai. Il avait remis sa robe de moine, mais le sang séché la tachait encore sur le dos.

" La brume noire a l'air de s'être dissipée... " remarqua Nekebia. " Elle créait des cauchemars, comme tu as pu le constater... "

Elle hésita à regarder son interlocuteur dans les yeux, et n'osait pas prononcer les mots qui lui brûlaient les lèvres. Tant pis, autant se lancer...

" M...merci pour tout à l'heure. " murmura-t-elle.

Sanzô, qui ne s'attendait pas vraiment à ça, détourna le regard, avec un petit " Mnn " ténu en guise de réponse. Mais il paraissait assez troublé.

" Le fond de la grotte est obstrué par des éboulis. " déclara-t-il pour changer de conversation. " On va devoir ressortir et trouver une chemin praticable pour aller à ton fameux temple... "

Ils sortirent donc de la caverne et se retrouvèrent sur le petit chemin.

" Je me demande ce que sont devenus les autres " marmonna Nekebia. " Videl, Gokû ils ont peut-être rencontré tes amis partis à ta recherche. "

Sanzô rechargea son arme. Il allait bientôt être à court de munitions

Sur un signe de Nekebia, ils se dirigèrent vers le fond de la forêt, longeant la caverne. Le chemin allait être bien plus long ainsi, et sûrement plus dangereux aussi bien que la brume noire semblât avoir endormi une grande partie des créatures de la forêt. Ils seraient tranquilles pour un petit bout de temps.

" Dis m'en plus sur ce village, Undo " lança Sanzô d'un air détaché.

Nekebia sentit son cur se serrer. Grâce au rêve produit par la brume noire, ses souvenirs revenaient peu à peu

" Comme tu as pu le voir dans ce cauchemar, Undo était une ville immonde, pleine de voyous et de brigands de toutes sortes. Les gens n'avaient aucune morale Il paraît qu'un inconnu m'y a abandonnée alors que j'étais toute petite Enfin, " abandonnée " il m'a confié à la famille horrible que tu as vue. Mais à ce temps là, ils étaient bien plus propres, et savaient bien jouer la comédie pour se faire passer pour des gens biens. Mon père enfin, j'imagine que c'est mon père, est donc venu me confier à eux il leur a sûrement donné pas mal d'argent pour qu'ils me gardent. Mais ils se servaient de moi plus comme une esclave que d'autre chose. "

Sanzô ne dit rien. Son passé à lui n'avait rien de très joyeux non plus

" Je savais prédire l'avenir dans les cartes " ajouta la youkai. " Mais personne n'y croyait vraiment. Pourtant, tout ce que je prédisais finissait par arriver, mais les habitants de la ville parlaient de " coïncidences " jusqu'à ce que je ne prédise plus que des malheurs. Je n'y pouvais rien, c'était les cartes ! je ne choisissais rien mais on a fini par me traiter d'enfant maudite, de sorcière les habitants d'Undo me traitaient encore plus mal qu'avant et un jour, j'ai prédit l'arrivée d'étrangers qui viendraient purifier la ville. Tout le monde a ri, s'imaginant des imbéciles venant nettoyer à l'eau savonneuse les rues de la ville mais en fait, comme tu le sais maintenant, il s'agissait de Dieux, venus réduire à néant ce village immonde. Ils ont réussi ils ont tué tout le monde, sauf moi, qui avais été amenée à l'écart par un homme qui me semblait vaguement familier "

Elle s'arrêta de parler quelques instants, et Sanzô murmura :

" Ton père ? "

Nekebia acquiesça.

" Je pense. Je ne me souvenais plus de son visage, mais il me rappelait quelque chose et il m'a dit que c'était lui qui m'avait confiée aux gens d'Undo, et qu'il était désolé que ça se soit passé ainsi C'est fou comme les souvenirs reviennent, depuis ce cauchemar à cause de la brume noire. Je me rappelle que c'est lui qui a lancé un sort pour que les youkais d'ici ne soient pas atteints par la vague de haine de Togenkyô, et c'est lui qui m'a conseillé de devenir youkai, et qui m'a ensuite rendue amnésique"

Le moine blond la regarda d'un air étrange.

" Il doit être très puissant pour avoir lancé un sort de protection sur tous les youkais il n'existe pas de tel sort, à ma connaissance il n'a pu faire ça que par un système de sort de vaccin c'est-à-dire qu'avant même l'arrivée de la vague de haine, il était déjà au courant de la composition de ce " virus " ? "

La youkai fronça les sourcils.

" Je n'avais pas pensé à ça. Mais c'est vrai que c'est intriguant pourtant, dans mes souvenirs les plus lointains, mes parents adoptifs me disaient qu'il s'agissait d'un homme très sage et croyant un homme de religion, peut-être. "

Sanzô haussa les épaules. " Les prêtres n'ont pas le droit d'avoir d'enfant, surtout par ici. Je suis bien placé pour le savoir ! "

Nekebia eut un petit rire moqueur, et, tout en marchant, lui lança : " Les prêtres ne sont pas non plus sensés se battre au revolver, boire de l'alcool et fumer "

" Bon, tu marques un point " sourit faiblement Sanzô après quelques secondes.

Ils arrivèrent à une croisée de chemins.

Nekebia resta perplexe quelques secondes, puis indiqua la route de gauche.

"Je ne suis sûre de rien, mais le temple doit être par là. Vers l'autre côté, ça risque de s'enfoncer dans des marais, je préfère éviter..."

Le jeune moine acquiesça et la suivit. Il avait l'esprit ailleurs. Dès qu'ils auraient libéré les âmes du temple, les esprits errants du village se changeraient alors en démons. Là, le côté maléfique de Nekebia se réveillerait et tuerait tous ces démons... Si tout ce passait bien, sa haine serait apaisée et elle redeviendrait pour toujours "elle-même", sage et calme. Logiquement... Mais ce qui l'intriguait avant tout, c'était ce mystérieux père de Nekebia... un religieux, qui serait de mèche avec les youkais qui ont répandu la vague de folie dans Togenkyô... il connaissait peut-être cet homme... mais il voulait en avoir le coeur net.

Quelques minutes de marche plus tard, ils se trouvèrent en plein milieu d'un bosquet rempli de buissons épineux.

La youkai soupira.

"J'aurais aimé que le dragon-ogre soit là pour déblayer le passage, mais je ne sais pas où il est passé... et puis Videl, et Gokû? où peuvent-ils bien être?"

Haussant les épaules, elle joignit ses mains et ferma les yeux. Récitant une formule dans une langue inconnue à Sanzô, elle fit apparaître une lumière rouge devant elle.

"Aeroblast !"

Une force immense jaillit de la lumière et fonça en rafales sur les buissons d'épineux devant eux, désintégrant tout sur son passage.

Sanzô poussa un petit sifflement en voyant la route complètement dégagée.

"Tu devrais m'apprendre ce sort" lâcha-t-il avec un petit air satisfait. "Quand Gokû et Gojyo m'énerveront un peu trop, j'aurais une solution plus radicale que la simple engueulade..."

Nekebia sourit et haussa les épaules "Dommage pour toi, il n'y que les youkais qui peuvent le faire..."

Mais la voie dégagée fit apparaître quelque chose de bien moins réjouissant. A une centaine de mètres, derrière un énorme chêne qui n'avait pas été déraciné, une gigantesque statue s'élevait.

"Non, c'est impossible..." lâcha Nekebia les yeux écarquillés. "C'est une des statues du village! qu'est-ce... qu'est-ce qu'elle fait là?"

Le bonze fronça les sourcils et s'avança de quelques mètres, sous le regard inquiet de la youkai.

"Le sort qui les retenait immobiles a peut-être été rompu. Elles commençent à se déplacer... mais elles n'ont pas l'air d'avoir retrouvé vraiment leur conscience. Il faudrait qu'on se dépêche de trouver le temple, avant que ces statues redeviennent totalement vivantes."

La guerrière acquiesça et se mit à accélérer le pas, faisant signe à Sanzô de l'imiter. Bientôt, ils se mirent à courir, dépassant la statue immobile avec une certaine appréhension. Ils s'enfoncèrent dans la forêt, évitant les nouveaux buissons qui leur barraient la route, puis parcoururent plus de 500 mètres de forêt humide au sol glissant. Ils faillirent plusieurs fois tomber dans leur précipitation, mais gardèrent leur rythme effréné. Bientôt, Nekebia eut un soupir de satisfaction.

"Là! il est là-bas, je le vois!"

Sanzô releva la tête et vit apparaître entre les feuillages le toit d'un temple en ruines. Ainsi, c'était là...

Il s'arrêta aux côtés de la youkai, devant une grande colonne effondrée. Tout comme elle, il était à bout de souffle, mais heureux d'être enfin arrivé à destination. C'était pas trop tôt...

"Qu'est-ce que l'on doit faire, maintenant?" demanda-t-il.

Nekebia lui lança un reagard grave, puis lui montra la grande porte de pierre aux décors usés par le temps et la végétation.

"Il faut que tu te mettes devant la porte et que tu invoques le pouvoir de ton sutra, je pense. On peut toujours tenter..."

Le jeune homme blond obéit et vint se placer devant la porte. Joignant ses mains, il commença à réciter la formule qui éveillerait le sutra du ciel maléfique... mais il avait l'impression d'ouvrir une boîte de Pandore.

"On matsu mei un! MAKAI TANJYOU!"

Le sutra s'agrandit et vola dans les airs, illuminant les alentours d'une leur éclatante. Les portes, qui semblaient vieilles de mille ans, changèrent soudain de couleur pour paraître aussi blanches que la neige. Les dorures commencèrent à briller, et un déclic se fit entendre.

Devant les yeux étonnés de Sanzô et Nekebia, l'énorme porte s'ouvrit lourdement, dévoilant l'intérieur sombre du temple.

"On y voit rien..." dit Sanzô en plissant les yeux. "Aucune âme ne sort, c'est bizarre..."

La guerrière s'approcha de l'entrée et murmura: "Il ne s'agit là que d'un hall d'entrée, j'imagine. La vraie salle des âmes se trouve cachée plus profondément dans le temple... Mais il fait si noir là-dedans... Je vais pouvoir faire une magie de lumière de lumière, mais je ne sais pas si je vais tenir longtemps. Mes capacités ne sont pas illimitées...

Les deux jeunes gens se regardèrent et, d'un commun accord, entrèrent tous les deux dans le grand hall plongé dans les ténèbres...