Chapitre 5: 15 ans
Et finalement, Ghamina accepta la proposition de Isaak. Les quatre soeurs déménagèrent dans un appartement plus petit. Elles continuèrent d'aller à l'école du quartier et prirent des petits boulots à coté, souvent pour le Temple. Et Ghamina continue de sortir avec Isaak. Toujours en secret, Ghamina voit Baralai. Ils ont eut un reve fou tous les deux: se construire un vaiseau, qui volerait au-dessus de Spira, loin de Bevelle et Zanarkand, un endroit où ils pourraient vivre tous les deux en paix. Un endroit ou Ghamina pourrait mettre ses petites soeurs à l'abri de la guerre. Un vaisseau assez puissant pour les protéger. Un vaisseau possédant sa vie propre, comme les Chimères.
Ils baptisèrent ce projet "Vegna". Baralai et Ghamina s'investirent beaucoup dedans. Ce fut elle qui se chargea du design, et de l'énergie, utilisant les techniques de Zanarkand. Lui, il se chargea de la programmation et des pièces mécaniques. Depuis plus d'un an maintenant que le projet avait commencé, il sera long à mener à son terme au moins 4 ans. Mais c'est une lueur d'espoir pour Ghamina. L'espoir d'échapper à la guerre.
Entre l'entretien de Ghamina par Isaak et les petits boulots des soeurs, elles parvenaient à vivre correctement. Les trois plus jeunes étaient assistantes d'un Invokeur et prenaient très à coeur leur participation à la vie de la famille.
Mais un fois de plus, Isaak rejoint Ghamina au Centre Technique et la tire un peu à l'écart, le visage grave.
Isaak:"Ghamina.... tes soeurs ont été capturées par Bevelle pendant une mission..."
Ghamina ne laisse même pas le temps au garçon de poursuivre sa phrase. Affolée, oubliant toute prudence, elle invoke Soeur sur place et saute sur son dos. Puis elle s'envole malgré les appels désespérés de Isaak. En trois coup d'ailes, Vent s'engouffre dans la Crypte du Gagazet, puis dans les entrailles de Spira, au plus profond de l'Au-Dela, pour remonter jusqu'à Bevelle. Au risque de se faire surprendre par les soldats ennemis, elle vole jusqu'aux souterrains menant au fond de la Voix Infinito. C'est par là que Baralai passe pour la rejoindre. La vue d'un manteau Vert familier la fait stopper en route. Descendant de Bevelle sur son glisseur, Baralai lui fait signe de s'arreter. Ghamina saute à terre et s'agrippe toute tremblante au jeune homme. Elle balbutie avec peine: "Baralai... mes soeurs... prisonnières à Bevelle."
Il ferme les yeux, le visage crispé.
Baralai:" Oui.......... je sais.... Elles ont été ramenées par une patrouille cette après-midi. Le clergé de Bevelle voulait qu'elles leur apprennent l'Art des Invokeurs... ils les ont menacées... et..."
Ghamina: "Mes soeurs! Qu'est-il arrivé à mes soeurs?!"
Baralai: "Elles... elles... je ne sais pas, je ne comprends pas... elles sont.. à l'arrière du glisseur."
Ghamina se précipite vers la machine et pousse un cri d'horreur. Serrées les unes contre les autres, prises dans un seul bloc de Crystal, les corps sans vie de ses soeurs se présentent à ses yeux.
Baralai: "Personne n'a compris ce qui s'est passé. Tout à coup, les furo-lucioles les ont entourées, et en se dissipant... elles étaient comme ça."
Mais Ghamina n'écoute même plus. Tombée à genoux sur le bord, elle frappe frénétiquement des poings sur le cristal réunissant les trois petites. Elle hurle: "Idiotes! Idiotes! Idiotes! Vous aviez promis de revenir!!"
Baralai attrape Ghamina par les mains:"Arrete, tu vas te faire mal!"
Ghamina continue à hurler: "Elles se sont suicidées! Ces idiotes de soeurs! Idiotes!!!!!"
Baralai: "Ghamina... Calme-toi..."
Maintenant, elle se serre contre lui en sanglotant. Elle cherche le réconfort, elle cherche quelque chose pour s'accrocher.
Ghamina a ramené ses trois cadettes à leur cachette de la Plaine au Loups. Elle ne réfléchit plus, elle marche comme une machine, soutenue par Baralai. Elle est trop choquée pour arriver à communiquer avec les trois nouvelles Priantes, et même pour Invoker Soeur. Elle titube, trébuche sur les rochers, à la merci du moindre danger. Baralai indécis la rattrape et la guide doucement vers son glisseur. Et il la ramène avec lui à Bevelle.
Bevelle, la ville des couleurs et du soleil, la ville percée des mille passages secrets et sortilège. Baralai en connait beaucoup. Dans le grand batiment principal, il n'a aucun mal à rejoindre son petit appartement de fonction en trainant derrière lui Ghamina, enveloppée de son manteau vert. Elle se laisse guider sans résistance vers un fauteuil. Baralai lui parle doucement tandis qu'il lui prépare une boisson chaude et un calmant. Bercée, Ghamina finit par s'endormir.
Elle ne rouvre les yeux que le lendemain matin et l'environnement dans lequel elle est la surprend. C'est la première fois qu'elle voit ces murs verts, ce sol bleu sombre décorés d'arabesques. Elle est surprise par le manque de fenetre. A Zanarkand tout est fait pour capter le moindre rayon de lumière, mais ici, on dirait qu'on la fuit. La seul source de lumière est une terrasse sur laquelle elle s'engage assez confuse.
Elle laisse alors échapper un cri de surprise devant la vue qui s'offre à elle:" Bevelle!!!!"
Pour la première fois, Ghamina peut contempler les paysage de Bevelle, éclairé par le pâle soleil de l'aube. Enchantée, elle détaille les maisons de pierres rouges, les allées décorées de bannières bariolées, vides pour l'instant. Puis intriguée, elle examine l'endroit où elle se trouve. C'est un petit appartement dans les étages supérieurs du batiment dominant la ville, dont le propriétaire dort, affalé dans un fauteuil près du sien. Ghamina sourit en regardant le visage paisible de Baralai. Chez lui. Elle est chez lui, à Bevelle. Le coeur battant, Ghamina retourne sur la terrasse et appelle le Vent, qui commence à souffler doucement autour d'elle.
Ghamina:"Regarde Lucine. Nous sommes à Bevelle."
En cette période de trouble, aucun Zanarkandien ne mettait plus les pieds à Bevelle. Mais Ghamina, le visage recouvert de fond de tient brun et étouffant dans de lourdes robes vertes et bleues, se promène tranquillement avec Baralai dans les rues de Bevelle. Il se démène pour la distraire, pour qu'elle retrouve le sourire, pour qu'elle garde l'envie de vivre. Elle est chez lui depuis quelques jours maintenant. C'est un peu comme un rêve. Elle ne pense plus à Zanarkand. Elle ne pense plus à rien. Elle aime.
Au bout de quelques jours de rêve, la tête posée sur la poitrine de Baralai, serrée dans ses bras chauds, Ghamina a commencé à revenir à la réalité. Peut-elle rester ici éternellement cachée? Ça ne serait pas vivable. Tant que le conflit ferait rage entre les deux villes, elle ne serait pas en sécurité ici. Le projet Vegna n'est pas encore assez avancé non plus. Elle doit revenir à Zanarkand jusqu'à la fin du projet. Et puis c'est encore un peu tôt... pour décider de vivre ensemble.
Il la raccompagne jusqu'aux portes du Gagazet, mais ne va pas plus loin. La vigilance des Ronsos est sans faille. Après tout ce qu'ils ont partagés, cette séparation est plus difficile que les autres. Le coeur lourd, Ghamina part dans la montagne pour rejoindre la ville au Nord. Elle marche jusqu'à son appartement la tête ailleurs et entre. Devant elle, le salon bien rangé...mais ça et là trainent une robe, une pantoufle, un tube de maquillage. Les restes de ses petites soeurs. La solitude tombe brutalement sur Ghamina quand elle réalise qu'elle n'a plus personne. Pourquoi est-elle revenu ici où plus personne ne l'attends?
Un bruit sur le balcon la fait sursauter et un instant, Ghamina a les fol espoir que ses trois soeurs sont là-haut, qu'elles l'attendent que ce n'était qu'un rêve. Elle court vers le balcon. Mais à son grand désespoir, seul Isaak est là-haut. Il l'interpelle presque durement quand il la voit:"Ghamina! Qu'est-ce qui t'as prit! Ou est-ce que tu étais?! T'es énervante à disparaitre comme ça tout le temps!!"
Elle répond d'une petite voix: "Par...don..."
Isaak pousse un soupir d'exaspération.
Isaak:" Pour tes soeurs, on va essayer de les reprendre..."
Ghamina:" Trop ..tard. Elles sont ....."
Isaak: "Hein?! Mais qu'est-ce que tu racontes comme conn...!?"
Ghamina: "Je le sais!! Elles ont rejoint Lucine." Sa voix est presque inaudible quand elle termine " Je suis toute seule maintenant."
Isaak: "Et moi? Je compte pour des prunes?"
Ghamina: " Non, bien sur... Toi, tu es là..tu es toujours là..."
Un temps de silence.
Ghamina:"Est-ce que tu as un peu de temps pour m'accompagner au temple? Je voudrais faire une offrande pour mes soeurs."
Isaak: "D'accord, on y va."
Après avoir fait l'offrande pour le repos des défuntes, les deux adolescents reviennent chez Ghamina. Tout en marchant, elle regarde à la dérobée son petit ami de Zanarkand. Il est toujours là, près d'elle. Toujours là quand elle a besoin d'aide. Toujours là à la soutenir. Il lui a beaucoup donné. En échange, que lui a-t-elle apporté? Davantage de soucis que de joies, davantage de peines que de bonheur, sans doute. Ghamina aimerait faire quelque chose pour lui, pour une fois. Mais qu'a-t-elle d'autre à offrir, à part elle-même?
Chapitre 6: 16 ans
Maintenant, Ghamina vit dans un petit studio, loué par Isaak pour elle dans un quartier chic de la ville. Elle a arreté d'aller à l'école. Elle vit la nuit désormais.
Souvent, elle dort de l'aube à l'après-midi, puis elle va travailler au temple jusque tard le soir. C'est une Mage blanche titulaire maintenant, et elle fait des veille de nuit régulièrement. Quand elle a terminé son service, elle change de Vetisphère pour revetir celle des courtisanes et autres filles de la nuit.
Elle est incapable de rentrer chez elle. Elle ne peut pas affronter la solitude et le silence de son appartement vide la nuit. Alors elle fuit. Quand Isaak vient passer la nuit avec elle, elle reste chez elle. Sinon, elle part dehors. Elle errent dans la ville comme un bise indécise. Là une fête, là un bar, là une rue silencieuse où elle passe sans être remarquée. Des hommes, aussi, de jeunes nobles surtout. Ghamina a ses habitués, de vieilles connaissances, des clients réguliers, plus quelques coup de tête. N'importe quoi, pourvu qu'elle ne soit pas seule les nuits de cafard.
Isaak le sait. Impuissant, il l'a vu sombrer dans la nuit. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il n'est pas un client comme les autres pour Ghamina. Ce qu'il ne sait pas non plus, c'est qu'il y a aussi un autre homme, qui lui ne paye jamais pour avoir Ghamina. Baralai. Leur projet commun progresse doucement ainsi que leurs liens. Ghamina est maintenant familière avec tous les passages secrets de Bevelle. Mais elle hésite encore beaucoup quand elle doit sortir en pleine vue, malgré le lourd manteau qui masque sa silhouette fine de Zanarkandienne. Ghamina voit que Bevelle, tout comme Zanarkand, se dégrade peu à peu, usée, fatiguée par ce conflit interminable. A Bevelle comme à Zanarkand, les rues sont pleines de bannières de deuil, d'orphelins dont personne ne s'occupe, de soldats faisant régner sur la population un controle strict et un angoisse sourde.
Parmi les filles de la Nuit, à Zanarkand, Ghamina voit de plus en plus de très jeunes filles. Sur le trottoir, pour gagner leur vie, prisonnière de proxénètes de plus en plus nombreux. Ghamina croise souvent les visages tristes et fardés de ces petites femmes quand elle marche au hasard des rues la nuit. Mais son coeur manque un battement quand elle voit la nouvelle fille de la rue Dol ce soir-là. Une toute petite fille, toute maigre, encore une enfant. De longs cheveux bruns encadrant et dissimulant son visage dans lequel le désespoir et la crainte se lisent. Elle n'était pas là hier soir, elle a du arriver aujourd'hui. Elle est si jeune, vraiment trop jeune pour cet enfer. Même les soeurs de Ghamina seraient plus âgées qu'elle maintenant.
Ghamina ne reflechit même pas. Elle attrape la fillette par le bras et l'entraine derrière elle en disant: "Viens avec moi." La gamine est trop surprise pour réagir, mais le proxénète qui guettait plus loin intervient: "Eh toi! Lache-là tout de suite!"
Ghamina se retourne et l'homme sursaute en reconnaissant la "nana" du Prince Isaak. Prudemment, il continue: " Cette fille est à moi."
Ghamina: "Trop jeune. Trouves-en une autre."
L'homme: " Ses parents sont morts sans payer leur dettes, elle doit rembourser."
Ghamina: "Pour le remboursement, adressez-vous à mon copain. Il payera pour moi."
Elle parle naturellement du Prince. Le proxénète sait bien qu'il n'arrivera pas à obtenir le remboursement de dettes fictives par ce moyen. Il devient alors violent et marche vers les deux femmes d'un air menaçant, rameutant d'autres du métier. La petite se serre contre Ghamina en tremblant, mais elle n'a rien à craindre. Une bourrasque enveloppe les deux filles et les grandes ailes caractéristiques de l'Oiseau de Vent commencent à se former. Pour les hommes, c'est trop. Ils partent en courant et criant: "une Chimère!!", ignorant qu'elle n'attaque jamais.
Débarrassées des gêneurs, Ghamina ramène sur Soeur la petite fille impressionnée chez elle. Elle est sauvée, elle n'aura pas à faire le trottoir. Ghamina lui passe une chemise de nuit, lui montre le frigo et la douche et dit qu'elle reviendra dans la nuit. Au moment de partir, elle demande son nom à la petite. Elle répond:"Lenne."
Ghamina: "Alors, bonne nuit, Lenne. Tu n'as plus rien à craindre. Ici, tu es à l'abri."
Depuis ce jour, Lenne est restée dans la vie de Ghamina. La jeune courtisane a décidé de s'occuper de Lenne comme d'une soeur, ou d'une fille. Et Lenne, seule et en mal d'affection, a pris Ghamina comme une mère. Maintenant, quand Ghamina sort du temple, elle rentre chez elle retrouver la petite. Elle ne erre plus dans la nuit. Bien sûr, elle continue à voir ses clients réguliers, plus Isaak et Baralai. Mais elle a reprit un rythme de vie plus diurne, comme celui de Lenne. Cette dernière va à l'école maintenant, une école d'Invokeur. Elle est très douée et peut même aider Ghamina et Isaak dans leur travaille de Mage Blanc/pretre des morts. Ils partent régulièrement en mission à l'extérieur tous les trois. Nombre sont les ames errantes en cette période troublée. Les prières et les danses de Ghamina apaisent leurs peines et les envoient dans l'Au-Dela, pendant que les sabres d'Isaak et les Chimères de Lenne détruisent les monstres et protègent la pretresse.
