La terre vaine

Disclamer : Les personnages sont à JK Rowlings, et l'histoire à Issy (The wasteland). Le poème (The Wasteland, la Terre vaine en français) est de T.S. Eliot. IL a été traduit, mais malheureusement, le tirage est épuisé, vous allez donc devoir vous contenter de ce que j'ai fait. Quelques poèmes de l'Espace entre les étoiles font leur retour dans ce chapitre. Le poème pour bannir les êtres est tiré de la trilogie de Cecilia Dart-Thornton, Bitterdyne, qui n'a pas été traduit en français.

Note : ceci est une séquelle de l'Espace entre les étoiles, du même auteur. Il est préférable d'avoir lu cette histoire pour mieux comprendre celle-ci.


Quatrième Partie : Mort par l'eau.

Gentil ou Juif

O tu tournes la roue et regardes dans la direction du vent,

Souviens-toi de Phlébas, qui était jadis aussi beau et grand que toi.

TS Eliot, La Terre Vaine, Quatrième Partie, Mort par l'eau. (1)

Telae Domus, Mai 1998

Helena fut la première à arriver à Telae Domus.

Valerius commença à pleurer dans ses bras. Il détestait quand elle transplanait plus que tout au monde. « Shhh, shhh, shhh » dit-elle d'un ton apaisant.

Ca la rendait toujours déprimée à chaque fois qu'elle revenait ici. Déprimée d'abord, puis désespérée – tant de destruction ! Tant de morts ! – mais cette fois, elle jura qu'elle ne désespérerait pas.

Bill transplana à côté d'elle. « Qu'est-ce que nous devons faire ? »

Helena lui tendit Valerius. « Garde le juste content, dit-elle. Je vais faire le reste. »

Telae Domus. La Maison de l'Araignée. Endroit d'un millier de rêves. Rêves qui ont été piégés comme des mouches dans la toile collante de Voldemort. Il avait mangé Diana, Lily, Regina, Aralinda…

… mais elle ne le laisserait pas manger la mort.

Elle frappa dans ses mains une fois, deux fois, trois fois pour éviter les esprits mauvais. Trois fois, c'est magique, après tout. Puis elle commença à chanter.

« Hypericum, sel et pain,

« Fer froid et baie rouge,

« Pierre qui s'ennuie et pâquerette éclatante,

« Sauve-moi de l'Etre malveillant.

« Verveine rouge, ambre, cloche,

« Vêtements retournés, cendres aussi,

« Air sifflant et sorbier des ciseleurs,

« Eau courante, secourez-moi.

« Coq avec ton cocorico,

« Bannis les Etres, et les ténèbres aussi. »

Aucun Etre malveillant ne viendrait ici. Elle espérait.

Helena se demandait si elle aurait pu faire ce que Regina avait fait. Déchirer un écheveau de fils de la Tapisserie, sachant qu'elle mourrait, sachant qu'elle devrait perdre toutes les personnes qu'elle aimait – pour la deuxième fois, pas moins – et cependant le faisant quand même.

J'ai abandonné ma sœur, pensa-t-elle, mais je ne pense pas que je pourrais m'abandonner moi-même. Ce serait… abandonner tout le monde.

Valerius. Bill. Même Severus, à sa manière, était cher à son cœur.

« As-tu fini ? demanda Bill, berçant Valerius. Est-ce que tu as besoins que je mette des murs, ou quoi que ce soit ? »

Helena secoua la tête. « Pas de murs. Pas à Telae Domus.

- Mais…

- Nous n'avons pas besoin d'eux ici. »

Elle ferma les yeux. Viens à moi, viens à moi, viens à moi…

« Venez, alors, et rencontrez-moi

« Dans le Monde sous les Tissages

« Et nous récolterons les pommes

« Qui sont sous la mer

« Je suis Telae Domus du sang, hôte des sombres batailles

« Je suis la femme des compagnons libres

« Je suis la torque d'or, plus brillante que le soleil

« Je suis la lumière du héros, la flamme du courage sur les sommets

« Je suis fír flámethon, vérité de la dame

« A travers moi

« Les ténèbres cèdent à la lumière

« La peine à la joie

« Je suis la briseuse menaçant le destin funeste

« Je suis le champion sanglier, impitoyable et rouge

« Je suis la tombe de votre espoir

« Je suis la fille d'Arachnée, dame des tisseurs

« Je suis Helena, Grande Prêtresse !

- Ma Dame »

Elle ouvrit les yeux. Elle entendit la rapide inspiration de Bill. « Quel est votre nom ? »

L' homme ancien aux cheveux noirs inclina sa tête en signe de reconnaissance. Il était Sirius Black et Severus Snape mêlé en un et fait divin. « Je suis Arawn, répondit-il. Je suis le Seigneur de Annwn, l'Autre Monde. Je suis le Roi des Etres bienveillants. Je suis le Protecteur de Telae Domus. »

Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle devait demander. « Pourquoi les avez-vous laissées mourir ? Pourquoi avez-vous laissé Telae Domus tomber ?

- Pour que les Arachniaes puissent renaître de leurs cendres. Plus fortes. Meilleures. »

Phénix.

« C'est fír flámethon, vérité de la dame, dit Helena.

- Que désirez-vous ?

- Votre protection, et votre bénédiction. De la nécromancie sera pratiquée ici aujourd'hui.

- Vous voulez rappeler les morts ?

- Il n'y a pas d'autres moyens.

- Et que me donnerez-vous, pour cette bénédiction ? »

Elle courba la tête.

Oublie les cris du goéland.

Il y avait toujours un prix à payer.

Oublie la houle de la mer profonde.

Elle releva la tête. « Je vous donnerai ce que vous désirez. »

Oublie le profit et la perte.

« Me donnerez-vous votre mari ? »

Elle prit une profonde inspiration. « Oui.

- Me donnerez-vous votre fils ?

- Oui.

- Me donnerez-vous vous-même ? »

Helena ferma les yeux. « Oui » murmura-t-elle.

Elle sentit des doigts sur son visage comme Arawn la forçait à le regarder. « Alors rien de cela vous n'aurez à donner, dit-il gentiment, et ma protection et ma bénédiction seront votre. »

Elle avait réussi le test.


Helena Weasley parlait à un homme brun, son mari roux se tenant un peu plus loin, quand Niamh et Severus Transplanèrent à Telae Domus. « Que se passe-t-il ? » murmura-t-elle.

Severus regarda Helena et l'homme. « C'est un Etre » répondit-il.

Niamh se déplaça plus près de lui. Elle était une académicienne, une traductrice. La notion d'Etres – des créatures animées par la magie à la place de la vie – la terrifiait au-delà des mots. Ma mère frayait avec eux, pensa-t-elle, et regardez où ça la menée. Morte. Elle refoula une larme et prit la main de Severus. Il ne sembla pas le remarquer. Il fixait Helena.

Jalousie.

Une aiguille – si rouge avec de l'envie qu'elle pouvait presque la sentir physiquement – perça son cœur. Helena. Helena. Helena.

Il… Est-ce qu'il… ?

Elle lâcha sa main et s'éloigna de lui. Il n'apparut pas le noter.

« Bonjour Bill » dit-elle doucement.

Il fut légèrement surpris, mais lui sourit. « Bonjour, Niamh. »

Il avait l'enfant dans ses bras. Elle tendit ses mains.

« Est-ce que je pourrais… le porter ? »

Bill lui lança un étrange regard, mais acquiesça. « Pourquoi pas ? »

Valerius Weasley. Enfant d'Helena Séraphin et de Severus Snape. Non, pensa-t-elle, Helena Weasley. Weasley.

Valerius avait les yeux noirs de Severus, mais ses cheveux étaient dorés. Elle sourit à Bill. « Il ressemble à Helena, » dit-elle doucement.

Un courant sous la mer nettoya ses os en murmures.

Les yeux de Bill étaient pleins d'une émotion indéchiffrable. « Pas assez, murmura-t-il, pas assez. »


Remus était déjà là quand Amélia arriva.

Elle n'alla pas vers lui.

Elle ne savait plus quoi lui dire. Ne savais jamais ce qu'il pensait. Autrefois, il avait été un livre ouvert. Elle avait été capable de le voir se torturer, pouvait le comprendre, pouvait l'aider.

A présent…

Je ne sais jamais ce que tu penses !

Pense !

Elle avait pensé et pensé, mais il n'y avait pas de réponse.

Elle savait combien l'Ordre du Phénix signifiait pour lui. Savait combien la chute finale de Voldemort signifiait. Savait combien Harry comptait pour lui, tout ce qui restait de Lily et James.

Elle avait toutes les pièces, mais ne pouvait pas assembler le puzzle.

Elle avait été avec lui alors qu'il grimpait et chutait, traversant les étapes de sa jeunesse. Comme une amie, comme une amoureuse, comme une connaissance, et à présent comme sa femme. Et jamais avant ne s'était-elle sentit si seule.

Les gens étaient toujours surpris quand ils voyaient Remus et Amélia, parce qu'ils semblaient si incompatibles. Remus avait un esprit bien ordonné. Il était rationnel, il était logique. Il aurait dû épouser quelqu'un comme ça, se dit Amélia, le regardant. Il parlait avec Sirius Black, et ils semblaient tous les deux très sombres. Quelqu'un comme… Helena Weasley, ou Niamh Virdis. Pas moi. Pas moi.

Elle était Amélia, l'avocate avec le bureau le plus mal rangé de Londres. Amélia qui ne planifiait jamais rien. Amélia, qui laissait la vie lui arriver. Amélia, qui sortirait à toute vitesse comme elle était et parcourrait les rues avec ses cheveux lâchés.

Amélia, qui était enceinte et ne savait pas comment le dire à son mari parce qu'elle ne le comprenait plus.


Ils portaient tous du blanc.

Ginny pensa, par exemple, que ça semblait assez stupide sur Ron, particulièrement en considérant qu'il avait l'air de porter une toge, mais elle ne voulut rien dire. Maintenant n'était pas le moment de taquiner son grand frère. Pas quand il était follement terrifié.

Elle n'était pas particulièrement heureuse elle-même.

Un mois d'entraînement hâtif pour eux cinq, le cénacle, sous un groupe disparate de professeurs. Sirius leur avait appris un peu de défense de groupe, Snape un peu d'Occlumentie et de Légilimentie, et Helena de la magie élémentaire,mais Ginny ne pensait pas que ce fut assez.

Ils portaient tous du blanc.

Agneaux pour le boucher.

Souviens-toi de Phlébas, qui était jadis aussi beau et grand que toi.

« Etes-vous prêts ? » leur demanda Helena. Un homme étrange se tenait à côté d'elle, et Ginny réalisa avec un frisson qu'il était ancien. Un Etre. Un roi des Etres.

« Je suis prête, répondit-elle bravement.

- Je suis prête. » Hermione.

« Je suis prête. » Luna.

« Je suis prête. » Cho.

Les quatre filles qui, dans sa vie, avaient signifié le plus pour Harry Potter. Ginny, Hermione, Luna, Cho. Feu, terre, air, eau.

Helena posa ses yeux sur Ron. Ginny vit son frère déglutir. « Je suis prêt.

- Qui est le Nécromancien ?

- Je suis le Nécromancien. »

Harry.

Ils portaient tous du blanc.

Tous sauf Harry, qui portait du noir.


Les éléments. Quatre points, l'esprit au centre. Résistance passive.

Et Harry, le Nécromancien.

Harry, pensa Ginny, fais attention.

Elle se souvenait du jour où il l'avait demandé en mariage au Ministère de la Magie. Il avait plaisanté, bien sûr – Remus venait juste de demander Amélia en mariage, et Sirius Regina dans la foulée – mais tous les deux avaient flotté d'allégresse sur un petit nuage ce jour là.

Ca avait été le meilleur moment de sa vie.

« Qui rappellerez-vous ? demanda le roi des Etres.

- Lily et James Potter, dit Harry

- Albus Dumbledore. » Remus et Severus en même temps.

« Abelforth Dumbledore.

- Alicia Spinnet.

- Dedalus Diggle.

- Emmeline Vance.

- Charlie Weasley. » C'était ses parents. Ginny sentit les larmes lui piquer les yeux et les refoula. Le feu ne pouvait pas pleurer.

« Marlene McKinnon.

- Benjy Fenwick

- Edgar Bones.

- Caradoc Dearborn

- Gideon Prewett

- Fabian Prewett.

- Dorcas Meadowes. »

La liste continuait et continuait. Tant de morts à rappeler. Tant étaient morts… pour eux.

Ginny entendit sombrement Helena lister tout un lot de prêtresses et regarda autours d'elle. Telae Domus était calme et vert, mais il était trop facile de l'imaginer plein de cris et de sang et de morts.

A côté de Ginny, Cho parla. « Cédric Diggory. »

Sirius fut le dernier. « Regina Lupin. »

La paix avant la guerre.

« Ainsi doit-il être fait » conclut Harry. Ginny le vit prendre une profonde respiration. Elle se prépara.

« Denicalis ! »

Le feu explosa en Ginny. Le djinn s'éveilla.

Tu ne devrais pas être un spectateur.

Nous sommes ici pour combattre.

Et combattre, ils feraient.

Le feu, l'eau, la terre et l'air.

Le djinn, l'ondine, la dryade et la sylphide.

Et l'esprit.

Regardant dans le cœur de la lumière, le silence.

Les morts revinrent.

Celles-ci sont les perles qui furent ses yeux.

Et ensemble, ils entrèrent dans la piscine.


(1) Comme d'habitude, la version originale des vers du début.

Gentile or Jew

O you who turn the wheel and look windward,

Consider Phlebas, who was once handsome and tall as you.