Chapitre 8: Départ

- Lyciane, dit Ginny, je te présente Irmanius, qui a voulu faire ta connaissance. Irmanius, c'est Lyciane, la fille dont je t'avais parlé.

Lyciane fit la bise au grand noir aux yeux souriants. Il était en septième année, lui avait dit Ginny, et s'était montré très intéressé par un petit rendez-vous avec la jolie jeune fille aux cheveux blond cendrés, aux yeux d'un brun chatoyant.

- Alors, tu es nouvelle, c'est ça? interrogea Imanius avec un sourire engageant.

Lyciane acquiesça et raconta quelques bribes de ses histoires habituelles. Le grand garçon avait un certain charme. Ginny choisissait bien les personnes qu'elle lui présentait.

Ils s'étaient installés tous les deux dans des fauteuils de la salle commune de Gryffondor, Ginny s'était éclipsée comme par miracle. Soudain le tableau de la Grosse Dame s'ouvrit avec fracas. Hermione surgit à grands pas, talonnée par Harry et par Ron, tous trois affichant un air décidé. Lyciane se sentit soulevée par derrière et, sans avoir eu le temps de s'excuser auprès d'Irmanius, disparut de la salle. Le garçon se frotta les yeux pour vérifier qu'il n'avait pas rêvé, puis demanda à une fille qui passait:

- Excuse-moi Il y avait bien une fille blonde, là, assise en face de moi?

L'élève haussa les épaules:

- Je sais pas.

- Tu t'as pas vu passer trois espèces de furies en uniformes de Gryffondor?

La fille le regarda plus attentivement, demanda doucement:

- Tu t'es sûr que ça va? Tu veux que j'appelle Pomfresh?

Irmanius secoua la tête:

- Laisse tomber, dit-il.

- Aïe!! cria Lyciane quand Hermione la laissa retomber sur le sol dur.

Elle se releva, regarda autour d'elle. Ils étaient dans une salle de classe déserte. Les trois amis l'encerclaient, comme lui coupant toute retraite tout en faisant mine de rien.

- Alors? lança Hermione d'un ton impérieux.

- Alors quoi? fit tout à fait sincèrement Lyciane.

- Qu'est-ce que c'est que la voie des Enfers?

Là encore, la réaction de Lyciane fut parfaitement sincère: elle n'avait jamais entendu ce nom.

- De quoi tu parle? fit-elle innocemment.

- Qu'est-ce que c'est l'endroit d'où tu viens, réattaqua Hermione avec plus de vigueur.

Cette fois, Lyciane blêmit. Elle n'allait pas pouvoir s'en sortir avec un de ses mensonges usuels, elle le sentait.

- L'en droit d'où je viens? répéta-t-elle en avalant sa salive. Ben, là, je viens de la salle commune, et avant, de la tour d'astrono

- N'essaye pas de mentir! cria Hermione comme une vraie méchante dans un film d'espionnage. Je te parle de l'endroit d'où tu viens réellement. La voie des Enfers. Ta maison. Ton monde.

Lyciane sentit la terreur l'étreindre. Ils savaient. Tout ce qu'elle avait fait pour le cacher était inutile, ils savaient.

- Mon monde murmura-t-elle dans un sanglot désolé.

Brusquement elle éclata en pleurs désespérés. Ils savaient tout. Dumbledore allait la massacrer. Pourtant, elle ne leur avait rien dit, rien du tout, seule Ginny savait mais elle avait promis de se taire et elle l'avait même aidé à protéger son secret Ce n'était pas sa faute s'ils avaient découvert, Hermione était trop intelligente pour elle, elle n'aurait pas pu lui cacher la vérité plus longtemps, ça devait arriver à un moment ou un autre Mais même une fois tous ces sujets de panique rejetés, elle continua de pleurer. C'était tout simplement trop pour ses nerfs.

- Mon monde, sanglota-t-elle. Mon monde, il est comme le vôtre. Les mêmes gens, les mêmes choses Mais dans mon monde, il n'y a pas de sorciers, et tout le monde croit que vous êtes des personnages de roman Mais moi je n'ai pas voulu venir ici, bien sûr, je suis contente de vous avoir rencontrés, mais j'en ai simplement marre de mentir à tout le monde, marre d'inventer des excuses pour expliquer mes bizarreries, j'aimerais bien rentrer chez moi maintenant et parler de tout ça à Mary, et recommencer à aller à des cours normaux auxquels je ne comprendrai rien, de la physique et des mathématiques, mais au moins je ne serai pas la plus nulle avec ma baguette dont je n'arrive à rien faire, même pas des étincelles idiotes, ou alors seulement quand Rogue passe à côté de moi et que je mets le feu à sa robe, et j'aimerais bien aussi que vous arrêtiez de me soupçonner tout le temps parce que je ne fais pas exprès de vous cacher des trucs, c'est pas moi qui ai décidé de vous mentir c'est Dumbledore, au début il ne voulait même pas que je reste mais je l'ai convaincu, enfin malgré moi, j'ai fait de la magie mais j'en avais jamais fait avant, alors il a accepté que je reste mais je devais parler de mes origines à personne, puis Ginny a lu mon journal mais là aussi je n'y étais pour rien...

Elle poursuivit sa litanie tout en se calmant peu à peu. Harry, Ron et Hermione la regardèrent cesser lentement de pleurer, l'écoutèrent débiter ses phrases sans rapport les unes avec les autres jusqu'à ce qu'elle s'arrête totalement et les regarde, un peu confuse, les yeux encore rouges et humides.

- Donc tu viens bien d'un autre monde? insista Hermione.

- Oui, fit timidement Lyciane.

- Dumbledore est au courant? demanda Ron.

Lyciane hocha la tête.

- Et Ginny aussi? enchaîna Harry.

Nouveau hochement de tête.

- Avec qui as-tu fais l'échange? demanda Hermione.

- Quoi?

- Qui est parti dans ton monde quand tu es venue dans le nôtre? Tu as bien rencontré quelqu'un, pour tout connaître sur nous en arrivant.

Lyciane allait répondre d'une dénégation, quand la porte s'ouvrit à la volée:

- Hermione! Harry! Ron! Lyciane n'y est pour rien! cria Ginny. C'est moi qui lui ai dit d'inventer cette histoire de mondes parallèles, mais en fait c'est juste un jeu! Elle ne vient pas du tout d'un autre monde, elle est nouvelle, c'est tout! Ce n'est du tout ce que vous croyez!

- Tout va bien, Ginny, je ne leur ai rien dit, dit Lyciane avec un sourire triste. Ils ont deviné tout seuls.

- Oh fit Ginny, qui rougit aussitôt. Oui, mais Dumbledore

- Dumbledore ferait mieux de ne pas nous cacher des choses s'il ne veut pas qu'on essaye de les découvrir, dit Harry. Et maintenant, toutes les deux, vous allez nous expliquer tout ce qu'on aimerait savoir.

- Attends un instant! l'interrompit Ginny. Depuis quand vous êtes réconciliés, tous les trois?

- Depuis qu'on sait qu'Hermione est un Animag fit Ron.

Un regard meurtrier de son amie le fit taire, mais trop tard.

- Ahah, je le savais! fit Lyciane. J'avais deviné juste!

- Oui, et tu avais aussi promis de fermer ta bouche, rappelle-toi, dit Hermione d'un ton agressif.

- Oui mais ça, c'était quand toi tu avais promis de ne pas chercher à savoir d'où je venais, contre-attaqua Lyciane, qui reprenait de l'assurance. Ce n'est pas moi qui ai rompu ma promesse en premier.

Les deux filles se défièrent du regard. Elles avaient deux personnalités qui ne pourraient jamais s'accorder, comprit Harry avec une pointe d'amusement.

- Ok, c'est bon les filles, on a plus urgent à faire que se disputer! Lyciane, explique-nous exactement quel est ce monde d'où tu viens.

- Non, vous, expliquez-moi ce que vous avez découvert! s'écria-t-elle. J'ai aussi le droit d'être mise au courant!

Hermione soupira bruyament, mais Harry dit:

- Très bien, on te dit tout et tu nous dit tout, ça te va? Asseyez-vous, il y en a pour un petit moment.

- Hermione, dit Ginny, je peux te poser une question?

- Vas-y.

- Après que tu aie découvert de quoi parlaient ces livres, qu'est-ce qui t'a décidé à apprendre l'animagie?

La jeune fille réfléchit soigneusement. Elle répondit:

- Au début, j'ai lu tout le travail qu'il fallait accomplir, par curiosité, par fascination aussi, je crois. Je n'avais jamais réussi à trouver un livre qui parle de la transformation en animagus, ils sont très réglementés. J'ai donc tout lu, et c'en est resté là. Ensuite sont venues les vacances d'été, je ne pouvais pas faire de magie et ça ne me serait même pas venu à l'idée. Cependant, ce que j'avais appris dans les livres me trottait dans la tête. Presque sans m'en rendre compte, je me suis mise à accomplir la première étape, à savoir me concentrer de longues heures sur ma propre personnalité, essayer de déterminer l'aspect de mon caractère qui ressemblait suffisament à celui d'un animal pour être exploité. Quand j'ai compris ce que j'avais fait, c'était déjà la rentrée des classes et j'ai décidé de laisser tomber. Mais à peine deux jours après, j'étais déjà de retour dans la petite pièce sans porte, à relire le processus d'apprentissage, à essayer de déterminer jusqu'à quel point je m'étais avancée.

"Si je n'en ai parlé à personne, c'est parce qu'au début j'avais vaguement honte. Je savais que c'était interdit, mais j'étais très attirée par cette expérience, et je savais aussi que si je vous en parlais vous voudriez le faire vous aussi et qu'alors je ne pourrais plus reculer. Puis j'ai progressé, et je me suis convaincue que si je vous en parlais vous me reprocheriez de vous avoir dissimulé mes activités. Alors j'ai continué sans rien dire.

"Sur la fin, l'apprentissage devient très compliqué, il demande beaucoup d'investissement. J'ai souvent eu peur que les profs comprennent en voyant que j'accomplissais certaines actions à heures fixes. Mais je ne pense pas qu'ils aient compris, pas même McGonagall. Vous tous, en revanche, vous avez bien repéré que quelque chose se passait, et je me rends compte que j'aurais dû avouer plus tôt, au lieu de déclencher cette crise. Je suis désolée.

Elle avait conclu avec un petit sourire de réconciliation, sourire qui s'adressait à tous, mais en croisant son regard Lyciane sut qu'elle n'était pas vraiment concernée. Hermione n'était pas une méchante personne, mais elle ne pouvait réellement pas s'entendre avec la nouvelle. Ce n'était pas une question de mauvaise volonté, c'était une question de caractères qui s'opposaient. Lyciane le regrettait.

Après un petit moment, Harry revint au sujet qui les inquiétait le plus:

- Bon, dit-il, qu'est-ce qu'on fait maintenant qu'on a tout tiré au clair?

- Ça me paraît évident, dit Hermione. Si l'équilibre de notre monde est altéré, c'est à cause de la présence de Lyciane. Il faut qu'elle rentre chez elle.

Elle avait dit ça sans méchanceté aucune, et les autres durent admettre que c'était une réflexion logique. Lyciane, quant à elle, se sentit bien malheureuse. Un instant auparavant, elle avait exprimé son désir de rentrer, mais là c'était différent. Elle avait l'impression qu'on allait se débarrasser d'elle.

- C'est logique, dit Ginny, mais comment on s'y prend?

- Dobby, dit Harry. Il a dit quelque chose à ce sujet.

- Dans ce qu'il a entendu dans le bureau de Dumbledore, compléta Ron, il y avait ceci: Dumbledore se demandait si une certaine magie très ancienne, cachée autrefois quelque part dans Poudlard, ne serait pas en mesure de tout réparer. Mais il ignore où est cette magie.

- Quel genre de magie pourrait bien faire voyager les gens d'un monde à l'autre? s'interrogea Hermione.

- Et comment la trouver? renchérit Ginny. Poudlard est vaste, très vaste.

- Pas de problème! s'écria Lyciane. On a qu'à suivre la voie des limbes!

Les quatre autres se tournèrentvers elle avec une expression aterrée. Puis Harry leva la tête vers le ciel:

- Ohé, l'écrivaillon! Ona! Un peu de scénar ça ferait pas de mal!

Aussitôt une main géante s'abattit au milieu de l'assemblée, attrapa les cinq élèves avec une facilité déconcertante et leur fit faire un bon spatio-temporel abasourdissant.

Ils étaient dans un couloir sombre qu'ils ne connaissaient pas. Harry se releva le premier, aida Lyciane à se remettre sur pieds. Les autres s'époussetaient, regardaient autour d'eux.

- Il s'est passé quoi? demanda Ron.

- C'est quoi la voie des limbes? lança Ginny à Lyciane.

Celle-ci haussa les épaules:

- Je sais pas pourquoi j'ai dit ça, ça me paraissait la chose à dire mais j'ai oublié pourquoi.

Hermione leva les yeux au ciel.

- Bon, on est où maintenant? insista Ron.

- Taisez-vous!

C'était Ginny qui avait parlé. Elle leur fit signe de se baisser, un doigt sur la bouche. Ils se dissimulèrent donc dans l'ombre.

Un instant plus tard, ils entendirent les pas de deux personnes. Retenant leurs respirations, ils regardèrent passer Dumbledore et McGonagall, qui filaient à grands pas.

- J'espère que vous savez ce que vous faites, disait la vieille enseignante.

- Je doute que quiconque le sache vraiment, répondit gravement le directeur. Mais il est nécessaire que quelqu'un l'accomplisse.

- Je vous ai fait part de mes doutes quant à l'efficacité de ce rituel.

- Et moi je vous ai expliqué pourquoi je les ai rejetés. J'ai déjà accompli ce rituel.

Les cinq jeunes sorciers se mirent à suivre les deux professeurs à distance, tout en tendant l'oreille. Ils pensaient savoir de quel rituel Dumbledore parlait.

- C'était il y a bien longtemps, répliqua McGonagall.

- Mais je n'ai pas perdu en talent depuis. Si j'ai été capable de le faire à cette époque, il n'y aura aucun problème aujourd'hui.

La vieille sorcière ne réliqua pas. Après un moment de marche, ils arrivèrent devant une très grande et très épaisse porte en métal noir, bardée de verrous. Dumbledore sortit une minuscule clé du même métal. Mais au lieu de l'introduire dans une serrure, il la promena le long de la porte selon un schéma précis. On entendait les verrous se débloquer partout où passait la clé. Enfin, la lourde porte pivota.

- Après vous, Minerva, dit très galament le vieux sorcier.

McGonagall rentra de son pas raide. Le directeur la suivit, mais alors que Harry allait s'élancer pour empêcher la porte de se refermer, il s'aperçut qu'elle avait été laissée entrouverte. On ne surprenait pas Albus Dumbledore. Il se savait suivi et acceptait de les laisser entrer.

Les cinq Gryffondor pénétrèrent donc dans la salle où leurs professeurs les avaient précédés. En bas d'un escalier taillé dans la pierre, une salle qui tenait plus de la caverne que du palace abritait un unique élément de décoration: un piédestal, sur lequel était placé un vieux grimoire.

- Regardez, murmura Ron. Il est enchaîné.

En effet, une lourde chaîne d'argent reliait le grimoire à son socle. Dumbledore s'approcha de celui-ci, montra quelque chose à McGonagall.

- Regardez ça, dit-il. Le sortilège est si largement fêlé qu'il est pratiquement brisé. Elle a vraiment fait du bon travail.

- C'était une sorcière si excellente, ajouta McGonagall. Ils n'auraient jamais dû la bannir, c'était absurde.

- Ils pensaient qu'elle ne pourrait plus exercer ses pouvoirs là-bas. Il est vrai que la difficulté semble être bien plus grande qu'ici. Il lui aura fallu un demi-siècle pour voir ses projets commencer à aboutir.

Dumbledore pressa ses deux mains l'une contre l'autre. Une lumière diffuse apparut dans l'espace entre ses paumes. Lorsqu'il sépara ses mains la lumière y resta collée et donna l'impression qu'il avait les paumes et les doigts éclairés, le reste du corps dans l'ombre. Il ouvrit alors le grimoire et un souffle de vent décoiffa sa barbe et ses cheveux.

- Arratum et belem, qui orrosis para senquam, qui orrosis nul est possibilus lut-il d'une voix profonde.

Le souffle s'amplifia. Dumbledore commença à crier pour couvrir le bruit du vent de sa voix. Lyciane, cachée avec les quatre autres à l'étage, poussa un petit cri.

- Mes mains! murmura-t-elle avec panique.

Le bout de ses doigts commençait à disparaître. Ginny gémit à son tour et la serra dans ses bras.

- Non! cria Lyciane. Il ne peut pas me renvoyer comme ça!

Elle sortit à découvert, descendit les marches de pierre. McGonagall remarqua sa présence et se mit en travers de son chemin.

- N'avancez pas, Aghast, il est trop tard pour l'empêcher. Si vous interrompez le directeur maintenant vous allez libérer des forces que nul ne saurait contenir.

Le hurlement du vent les assourdissait, soulevait leurs robes et leurs chevelures. Une grande lumière sortait à présent à la verticale du grimoire, dont les pages se tournaient d'elles-même à mesure que Dumbledore les lisait.

- Professeur, supplia Lyciane, j'ai le droit de savoir! Ne me renvoyez pas sans explication, sil vous plaît!

McGonagall lança un regard anxieux à Dumbledore qui peinait, aux quatre autres jeunes qui avaient suivi Lyciane dans l'escalier. Elle soupira:

- Très bien, je vais vous dire ce qui se passe, cria-t-elle pour couvrir le bruit du vent. Il y a cinquante ans, lorsqu'une sorcière hérétique dont le nom a été oublié a souhaité détruire votre monde, Aghast, la communauté des sorciers a décidé de l'exiler dans celui-ci, où elle ne serait plus en mesure de pratiquer la magie. L'équilibre qui existe entre les deux mondes a alors été rompu, et le chaos se serait ensuivi, si Albus Dumbledore n'avait retrouvé et utilisé la magie de ce vieux grimoire pour bloquer les transferts d'un monde à un autre. Mais récemment, sans qu'on sache comment, ce sceau a été brisé, sans doute sous l'action de la sorcière qui vit depuis cinquante ans dans votre monde.

Lyciane écoutait attentivement, tout en regardant avec angoisse son corps s'estomper. Sa vue et son ouïe se brouillaient tout doucement, comme si elles s'effaçaient elles aussi.

- Vous êtes alors arrivée ici, continuait McGonagall en criant par-dessus le bruit du vent. Votre présence déséquilibre à nouveau la fragile balance des éléments et risque d'entraîner le chaos. Voilà pourquoi il est impératif de vous renvoyer au plus vite, après quoi le directeur fermera définitivement le passage.

- Mais je ne suis pas prête! cria Lyciane.

Elle était abasourdie que des gens décident de son destin ainsi sans lui demander son avis.

Au même moment, les pages du grimoire se mirent à défiler à une vitesse folle, pour se refermer d'un coup. Le bruit cessa avec une soudaineté douloureuse pour les tympans. La lumière retomba, et Dumbledore s'écarta du livre avec un soupir.

- Professeur! cria Ron. C'est raté?

- Non, dit le vieux sorcier en venant vers eux. C'est réussi. À présent, miss Aghast va paisiblement retourner chez elle. Je suis désolé, mademoiselle, mais il me fallait faire vite et j'ai dû prendre cette décision sans vous y préparer.

Lyciane ne répondit pas. Elle avait envie de pleurer. Au lieu de cela, elle se tourna vers ses amis:

- Ginny, dit-elle très vite, j'aurais voulu remporter mon journal. Le reste je m'en fiche, mais ça c'est important. Tu peux aller me le chercher?

- Je file, répondit la jeune fille, avant de partir en courant.

- Hermione, poursuivit Lyciane, tu peux me redire le nom de la sorcière qui a été bannie?

- Jenna L. Gowtrake. Pourquoi? Ça te dit quelque chose?

- C'est possible. Il signifie quoi le L du milieu?

- Heu fit Hermione. Lion, si je me souviens bien. Oui, c'est ça. Jenna Lion Gowtrake.

Lyciane hocha la tête, réfléchit. Mais déjà, tout s'estompait, et elle n'avait plus le temps.

- Professeur, dit-elle en se tournant vers Dumbledore. Tant que votre sorcière sera dans mon monde, elle pourra continuer de nuire, pas vrai? Il faut donc que je vous la renvoie.

Le sorcier fronça les sourcils.

- Comment vous y prendriez-vous pour la retrouver? demanda-t-il très tranquillement.

- Ça, c'est mon affaire, fit-elle avec un petit sourire satisfait. Dites-moi juste comment la renvoyer ici.

- C'est une sorcière très puissante, et vous n'y connaissez pas grand chose en magie, si je puis me permettre, miss, intervint McGonagall.

- Laissez, Minerva, dit Dumbledore. Je commence à penser que mademoiselle Aghast n'a peut-être pas tort.

Il agita sa baguette, fit apparaître un petit miroir rond qu'il lui tendit:

- Arrivée chez vous, utilisez ceci pour nous parler. Je vous donnerai mes instructions pour renvoyer Gowtrake dans son monde d'origine

- Albus! fit McGonagall.

Elle avait un air vraiment très courroucé.

- ou peut-être simplement la mettre hors d'état de nuire, complèta Dumbledore en lui glissant un regard d'excuse. Nous verrons à ce moment-là.

Lyciane hocha la tête, prit le petit miroir. Il faillit lui passer à travers les doigts et elle dut s'y aggriper. Elle était devenue pratiquement impalpable. À travers les images du monde qui l'entourait, elle commençait doucement à en voir d'autres, des images qui n'avaient rien à voir.

- Harry, Ron, dit-elle en se tournant vers eux. On a pas eu beaucoup le temps de se connaître, mas moi je vous connais depuis longtemps déjà. J'espère que vous ne m'oublierez pas, en tout cas moi je ne vous oublierai jamais.

Ron sourit, esquissa un geste pour lui serrer la main, mais elle s'avança et les prit tous les deux dans ses bras. Quand Harry essaya de poser une main dans son dos, celle-ci passa au travers. Lyciane la regarda avec un petit sourire triste et s'écarta.

- J'étais très heureuse de vous connaître, tous, murmura-t-elle. Je n'ai pas envie de partir déjà, je j'aurais bien aimé passer plus de temps avec vous, et puis réussir à faire de la magie un jour. Le plus drôle, c'est que personne ne voudra croire que je vous ai rencontrés.

Sa voix s'estompait. Les images des personnes qui l'entouraient clignotèrent, furent remplacées par celles d'un endroit sombre et vide.

- Lyciane!

Elle devina plus qu'elle ne vit Ginny qui dévalait les marches, qui s'arrêtait à son niveau et lui tendait un cahier.

- Attrape-le, Lyciane! cria-t-elle. Concentre-toi!

Celle-ci obéit. Le cahier était dans sa main, mais ils ne faisaient pas partie du même monde. Elle tendit toute sa volonté, sentit la surface de l'objet devenir peu à peu substancielle Elle serra les doigts, emporta le cahier avec elle.

Les larmes de Ginny coulaient quand elle vit le fantôme de son amie finir de s'estomper. Elle voulut la serrer dans ses bras, embrassa le vide. Lyciane était partie.

Un objet surgit alors de l'endroit où elle s'était tenue, tomba à terre avec un petit claquement: la baguette magique de Lyciane, suivie de l'uniforme de sorcière, qu'elle portait par-dessus ses vêtements. Ce qui avait appartenu au monde des sorciers ne pouvait la suivre chez elle.

Harry lança un regard interrogateur à Dumbledore, qui ramassa les affaires tranquillement et déclara:

- J'ai usé d'un peu de magie pour lui permettre d'emporter le miroir et son journal. Pour le reste, mieux valait limiter au maximum les transferts de matière. Un simple grain de poussière pourrait avoir des effets néfastes.

Harry, Ron, Hermione et Ginny hochèrent la tête. Après quoi ils reprirent lentement le chemin de leur salle commune. Ils avaient un sentiment d'inachèvement, comme si l'aventure s'était terminée plus tôt que prévue en laissant tout plein de questions en suspens.

– fin du chapitre 8 –

Ça veut rien dire du tout

Comme je l'avais annoncé, fin de cette fic dans un chapitre. J'espère que vous n'avez pas trouvé ça trop bidon, parce que j'ai un peu lutté pour trouver comment renvoyer Lyciane chez elle (le délire avec Harry qui m'interpelle vient de là) et que j'étais en vague panne d'inspiration. J'ai un peu de mal à écrire en ce moment (quoi j'ai écrit deux chapitres en deux jours? Oui, mais ça a rien à voir, ils sont pas bien structurés. C'est pas de l'écriture ce que je fais là, c'est du comblage de trous. Il fallait clore cette fic, je le fais, mais je me fais pas d'illusion sur la qualité de ce que je produis.) Donc j'ai foiré le départ de Lyciane, mais tant pis, au moins maintenant elle est rentrée chez elle et tout va bientôt trouver sa conclusion, et pour une fois j'aurai écrit une fic où dès le début je savais comment ça allait se conclure et j'aurai suivi mon fil conducteur jusqu'au bout. C'est pas beau une telle obstination? Moi je dis, c'est magnifique tout plein. Vive moi! – – –

Ona