— 𝐍𝐎𝐏𝐏𝐄𝐑𝐀-𝐁𝐎 —
𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑸𝒖𝒂𝒕𝒓𝒆
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- Je vous demande pardon ?!
- Ne me fais pas répéter gamine, tu as très bien entendu.
- Bien sûr que j'ai entendu ! Je voulais juste vous donner une chance de rattraper vos conneries !
- Yoï ! Tu devrais faire attention à ce que tu dis devant père si tu ne veux pas avoir de problème miss.
Jean ne parvient pas à retenir un éclat de rire nerveux alors qu'elle dévisage l'empereur et son bras droit, assis face à elle dans la salle de réunion.
A peine une heure plus tôt, c'est le phénix en personne qui est venu la chercher dans sa cabine, déposant au passage une tenue de rechange toute simple composée d'un pantalon en toile noir, d'une chemise beaucoup trop grande et échancrée, d'une paire de bottes à talons vertigineux et d'une paire de sous-vêtements eux aussi noirs et des plus équivoques qui lui avaient fait remonter les sourcils bien haut sur le front. Elle s'était pourtant contentée d'un regard consterné en direction du pirate qui n'avait fait qu'hausser les épaules en précisant que c'était là tout ce qu'il avait pu trouver dans un laps de temps si court.
La voilà donc affublée de la tenue la moins professionnelle qui soit, à écouter attentivement les deux hommes lui exposer leurs conditions concernant la récupération du Yami Yami No Mi et autant dire qu'elle est à deux doigts d'enfoncer sa tête dans la table.
- J'ai compris mère poule, je m'excuse ! Pas la peine de t'énerver pour si peu, soupire-t-elle. Mais dis-moi on a arrêté de se vouvoyer tous les deux ?
D'un geste désespéré, la brune se masse l'arête du nez, cherchant une méthode douce et pédagogique de leur démontrer leur stupidité sans en arriver à son exécution.
- Donc, arrêtez-moi si je me trompe mais, vous voulez monter une opération super secrète pour aller chercher votre fruit du démon ?
Hochements de têtes approbateurs de la part des deux pirates.
- Jusque-là on est d'accord donc et pour ce faire, vous voulez m'envoyer moi en plus de sept autres pirates ?!
Elle s'étrangle légèrement sur la fin de la phrase tant celle-ci lui semble relever de la folie pure et dure. Mais les deux hommes se contentent d'hocher la tête à nouveau comme si tout cela était parfaitement normal.
- Très bien ! Elle rit jaune. Dans ce cas, expliquez-moi quelle partie de « Super secret » vous échappe au juste ?!
- Je t'ai dit de baisser d'un ton mercenaire-yoï, soupire Marco le phénix. Tu n'as pas ton mot à dire sur cette partie du plan
- Ah bon ?! Aux dernières nouvelles je suis quand même celle qui doit emmener vos petits culs de pirates décérébrés jusqu'à ce foutu fruit ! Mais peut-être as-tu négligé ce détail, Ô tout puissant phénix !
La tension monte encore d'un cran entre les deux partis mais Jean est bien décidée à ne pas se laisser faire. Dans cette histoire, elle engage sa crédibilité, ses relations et surtout sa sécurité. Il n'est pas question que cet oiseau de malheur ou son capitaine ne décident à sa place. Et au diable leur puissance et leurs égaux démesurés.
C'est finalement Barbe Blanche qui, le premier, tente de déminer la situation.
- Que tout le monde se calme, essayons de ne pas en venir aux mains inutilement…
Puis il lui lance un regard prudent et elle est presque flattée de voir que l'homme le plus fort du monde est actuellement en train de marcher sur des œufs pour ne pas la vexer. Peut-être qu'il est bien plus intéressé par le fruit des ténèbres qu'il n'en donne l'air finalement.
- Mais Marco a raison sur ce point, poursuit-il. Nous ne pouvons pas te laisser partir sans une équipe minimale de sept personnes et ce autant pour ta sécurité durant le voyage que pour la sécurité de notre investissement, il termine.
Jean croise les bras sur sa poitrine, contrariée et ne manque pas de fusiller du regard Marco qui semble littéralement jubiler sur sa chaise. Dans ses précédentes missions pour le compte du marché parallèle, elle a toujours eu horreur qu'on lui impose des camarades, alors des chaperons... Car elle ne se fait pas d'illusions, les pirates de Barbes Blanches auront tous pour ordre de la surveiller plus que de la protéger. Mais elle ne leur en veut pas pour ça, c'est de bonne guerre.
Aussi elle laisse échapper un long soupir frustré avant de finalement acquiescer, à contre cœur. Avec elle ils seront donc une équipe de huit. Cela présente plus d'inconvénients que d'avantages, c'est certain. Tout d'abord ils devront faire en sorte de voyager en plus petits groupes pour ne pas éveiller ni les soupçons de la marine ni ceux des anciennes connaissances de son père. Il lui sera également beaucoup plus compliqué de s'éclipser en cas de problème et de même, garder sept pirates à l'œil en même temps sera beaucoup plus difficile que ce qu'elle avait initialement prévu.
D'un autre côté, elle bénéficiera également d'une force de frappe et de dissuasion plus importante en cas de besoin. Un avantage non négligeable, surtout dans les endroits où elle compte se rendre. En plus, que ça leur plaise ou non, chacun de ces hommes aura également pour mission de la protéger jusqu'à ce qu'elle leur donne le fruit.
Et puis de toute manière, elle a beau être dépitée et fermement opposée à l'idée, comme l'a si bien dit cet idiot de phénix, ce n'est pas comme si elle avait vraiment le choix.
- Bon, elle soupire. Et on parle de qui au juste ?
Une main passée dans sa chevelure brune, elle jette un coup d'œil curieux et un peu inquiet aux deux pirates qui échangent un long regard avant de se décider à lui donner la fameuse liste.
- Pour les commandants, commence Barbe Blanche. Ace, Thatch, Rakuyo et Izou…
- Et trois hommes de la seconde division qui se sont portés volontaires, termine Marco.
Si elle avait eu quelque chose dans la bouche, Jean l'aurait certainement recraché au visage des deux pirates. Mais ça n'est pas le cas alors elle se contente de les fixer comme s'ils venaient de lui annoncer que Davy Jones et Gol D. Roger ont eu un enfant et qu'il s'agit de l'amiral Akainu.
- Quatre commandants ?! Autant nous balader avec une pancarte « Nous sommes des méchants en train de faire quelque chose d'illégal » accrochée dans le dos ! Et puis quoi encore ?! C'est hors de question !
- Nous avons jugé qu'il s'agissait d'un minimum et ils savent tous très bien comment se faire discrets, ne les sous-estime pas gamine, menace l'empereur.
- Et moi je vous dis que c'est hors de question ! Je vous rends l'argent, vous me laissez partir, on oublie cette histoire, ciao, bye bye !
- Cent millions de berry.
- Quoi cent millions de berry ?! Rage-t-elle.
- J'ajoute cent millions de berry au montant de la récompense si tu pars avec l'équipe que nous avons formée, explique le capitaine.
Cela a au moins le mérite de clouer le bec de Jean qui ne sait pas quoi rétorquer à la proposition du Yonko. Pourquoi s'acharner à vouloir envoyer ces pirates-là en particulier parmi les centaines de fils qu'il a à sa disposition ? Pourquoi s'acharner au point d'ajouter une rallonge aussi énorme.
- Pourquoi ces sept-là en particulier ? Pourquoi pas d'autres moins connus ? Questionne-t-elle.
- Pour des raisons qui nous appartiennent et que tu n'as pas besoin de connaître, coupe Marco.
- C'est toujours ma mission aux dernières nouvelles alors si, je suis, un minimum, concernée par l'identité des personnes qui vont m'accompagner, claque-t-elle.
Jean et le phénix se fusillent du regard pendant de longues secondes, jusqu'à débuter un puéril concours de celui qui détournera le regard en premier. C'est finalement Barbe Blanche lui-même qui sépare son fils de la mercenaire en relançant les débats.
- Alors gamine, six-cents millions et mon équipe, est-ce que tu marches ?
- Ouais, elle marmonne. Mais à la première entourloupe je mets les voiles et tu peux dire adieu au fruit et à l'argent vieil homme.
- Gurarararara ! Ça me semble être un marché équitable !
Malgré le sentiment persistant de s'être fait entubée, Jean tente de se détendre en se laissant glisser au fond de sa chaise. Même si elle ne se prive pas d'un regard mauvais en direction du premier commandant qui lui renvoie une œillade dégoutée, elle déteste ce gars. Il semble cependant que la tension soit redescendue d'un cran dans la salle de réunion.
Distraitement elle noue ses longs cheveux bruns en un chignon bas qu'elle fixe à l'aide d'un lacet trouvé dans le fond de son armoire, sûrement oublié là par le précédent utilisateur de la cabine. Elle n'aime pas particulièrement ses cheveux bien qu'elle les ait adorés sur leur propriétaire d'origine, croisée il y a quelques années de cela sur une île hivernale où elle avait été envoyée tuer un homme d'église qui s'en prenait à des enfants.
Perdue dans ses pensées, elle ne loupe cependant pas une miette de l'échange silencieux entre Barbe Blanche et son fils. Face à elle, les deux hommes partagent de longs regards qu'elle devine pleins de signification. Jean retient de justesse un sourire revêche qu'elle cache sous un masque de cordiale politesse.
Elle ne sait pas ce que les deux hommes mijotent mais s'il y a bien une chose qu'elle sait par expérience, c'est que l'on ne peut pas avoir confiance en la parole d'un pirate, car il fera toujours passer son intérêt avant le vôtre. C'est un trait propre aux individus de leur espèce, à trop vouloir courir après trésors et merveilles, on en oublie ses principes. Aussi, Jean sait déjà qu'une fois qu'ils auront le fruit des ténèbres entre les mains, elle aura tout intérêt à disparaître très vite et très très loin des pirates de Barbe Blanche.
Cependant, parmi toutes les questions auxquelles les pirates n'ont pas voulu répondre, il y en a une qui la taraude plus que les autres :
- Mais pourquoi ceux-là au juste ?
- Nous avons estimé qu'ils correspondaient le mieux au voyage qui vous attend, explique le géant. Qui plus est, ils sont tous habitués aux missions discrètes donc pas la peine de t'inquiéter à ce sujet.
Jean n'est pas rassurée pour autant, en effet ils ne sont pas particulièrement réputés pour être les pirates les plus discrets des mers. De plus, elle a bien du mal à imaginer Portgas faire preuve de retenue. Elle esquisse un rictus moqueur au souvenir de leur dernier échange et du petit numéro de putois en colère qu'il lui a servi. Elle n'a vraiment aucun mal à imaginer sa tête déconfite à l'annonce de sa nouvelle mission.
Finalement, elle se résigne et laisse échapper un soupir désespéré avant de se redresser. Ce n'est pas le plan qu'elle avait en tête mais c'est toujours mieux que rien et elle se console en pensant à tout l'argent que ces petits contretemps vont lui rapporter.
Décidée à clore cette réunion sur une touche positive, Jean amorce un semblant de sourire à l'attention du pirate et de son commandant.
- Bien, puisqu'il semblerait que nous soyons tombés d'accord sur le plan, nous pourrons régler les détails plus tard. Quand partons-nous ?
Elle ne rate pas le haussement de sourcils sceptique du premier commandant qu'elle se contente d'ignorer d'une moue arrogante.
- Nous atteindrons la prochaine île d'ici deux jours si la météo se maintient-yoï, lâche le phénix.
Bien qu'il tire toujours une tête de six pieds de long, Jean sent tout de même le regain d'énergie dans sa voix. A n'en pas douter, les questions de navigation le passionnent bien plus que la présente réunion. Elle est vaguement tentée de le taquiner à nouveau mais il ne lui en laisse pas l'occasion.
- Là-bas nous trouverons un bateau discret et suffisamment grand pour tout le monde puis nous calculerons votre itinéraire en nous basant sur les informations que tu vas nous…
- Il n'est pas question que je vous dise où nous allons, coupe-t-elle.
Elle jette un coup d'œil satisfait à la contraction des poings du pirate, trop heureuse d'en rajouter une couche.
- Vous m'imposez votre équipe, soit. Mais il n'est pas question que je vous fournisse notre itinéraire, c'est bien trop risqué et je ne vous fais pas confiance.
- Ce n'était pas une question-yoï. Tu dois nous fournir vos coordonnées afin que nous puissions vous retrouvez en cas de…
- Et puis quoi encore ?! Vous donner nos coordonnées ? Dites-moi, est-ce que vous voyez pigeon écrit sur mon front ?!
- Je n'ai pas dit ça !
- Non, tu as fait pire ! Est-ce que j'ai l'air d'une débutante ?! Vous croyez que je ne sais pas ce que vous êtes en train de faire ! Que va-t'il se passer ensuite hein ?! Je vais vous le dire ! Vous allez nous suivre et on pourra dire adieu à toute discrétion ! Or nous en avons besoin de cette discrétion !
Le ton monte entre les deux et Jean n'entend pas se laisser faire. Elle se sent franchement humiliée par le peu de considération que le pirate accorde à la qualité de son travail et de ses sources. Elle tue, elle vole, elle blesse mais il n'est pas mieux qu'elle, loin de là ! Le fait qu'il se permette de la juger elle et ses capacités a le don de la faire sortir de ses gonds. Qui plus est, ce pirate de malheur semble sous-estimer sa dangerosité et elle se ferait un plaisir de lui faire passer l'envie de la provoquer.
Heureusement pour eux, Shirohige semble bien vite se lasser de leur petite querelle puisqu'il relâche sans prévenir, une forte dose de son pouvoir directement sur eux. Jean entend distinctement craquer le bois autour d'eux alors que de longues fissures se forment sur la table en bois. La pression est telle qu'elle n'arrive pas à se maintenir et glisse encore plus profondément dans sa chaise, à deux doigts de tourner de l'œil. Dans son malheur, elle a au moins le plaisir de constater que le premier commandant n'en mène pas large non plus.
Au bout de quelques secondes seulement, elle sent ses poumons se contracter et l'air lui manquer si bien qu'elle est obligée de demander grâce en agitant maladroitement la main en direction du géant avant de ne plus pouvoir respirer du tout.
Et aussi vite qu'elle est venue, la pression disparaît alors que l'empereur se redresse de toute sa hauteur. Avachie dans son siège, Jean déglutit douloureusement avant de se redresser et de remettre en place ses vêtements froissés. Cette impressionnante démonstration de force ne la surprend pas vraiment même si elle aurait préféré l'éviter. Elle se trouve face à un empereur après tout, il ne fallait pas s'attendre à ce que tout se déroule selon le plan. Au moins, cela a le mérite de calmer l'ambiance, elle ne parvient cependant pas à retenir un rictus moqueur devant la tête d'enfant puni que tire le phénix.
- Tu m'avais habitué à plus de retenue, fils.
- Pardonnez-moi père.
- La gamine a raison, nous ne pouvons pas les suivre, soupire-t-il. A quoi bon nous lancer dans une mission de cette importance si la moitié de Grand Line est au courant avant même que nous n'ayons atteint la prochaine île. Tous se mettraient en quête du fruit.
Enfin les discussions avancent dans son sens ! Ce n'est pas faute d'argumenter depuis des heures ! Ce n'est qu'une minuscule variable dans leur accord mais chaque point arraché aux pirates constitue une véritable victoire tant elle est dure à obtenir.
- Mais ne crie pas victoire trop vite morveuse, arrête le Yonko. Si tu tentes quoi que ce soit, mes fils ont l'autorisation de t'arrêter par tous les moyens qui leurs semblent nécessaires.
Sous-entendu, un pas de travers et elle pourra dire adieu à sa retraite paisible sous les tropiques. Pas la peine de le lui répéter, de toute manière, elle se considère trop intelligente pour tenter quelque chose d'aussi stupide. Pour une fois dans sa vie, elle ne sera qu'une honnête commerçante et rien d'autre.
Distraitement, la brune fait rouler ses épaules engourdies par la tension et par cette interminable réunion qui, lui semble-t-il, ne prendra décidément jamais fin.
- Une dernière chose, commence-t-elle. Interdiction d'embarquer avec nous des Den Den Mushi ou autres dispositifs de communication de ce genre. Ces bestioles ont été piratées par la marine il y a des années et elle risquerait de nous retrouver au premier appel. Durant toute la durée de la mission je veux que ça soit silence radio. Communiquer avec vous ou n'importe qui d'autre entraînerait beaucoup trop de risques.
- C'est d'accord, concède le pirate. Mais il nous faudra tout de même un moyen de communiquer en cas d'urgence.
- Je n'y vois aucun inconvénient.
Jean observe du coin de l'œil le premier commandant ratifier dans un grand carnet les points abordés juste avant, puis le refermer dans un soupir qui tire un ricanement à la jeune fille.
- Bien, si vous n'avez rien à ajouter nous verrons les détails plus tard. Marco, ramène la dame à sa cabine.
Et sans demander son reste, le grand homme disparaît derrière son trône, bien trop vite et bien trop silencieusement pour un homme de sa taille. La seule chose qui permet à Jean de savoir qu'il se trouve encore dans les parages, c'est le son caractéristique d'une bouteille de rhum que l'on ouvre. Barbe Blanche et le rhum, pourquoi changer une équipe qui gagne…
Elle lève les yeux au ciel dans une moue mi exaspérée, mi amusée avant que son regard ne tombe sur le phénix, debout près de la porte, semblant attendre qu'elle se décide à le suivre. Levant les mains en l'air en signe de paix, Jean se lève à son tour et emboîte le pas au premier commandant. Refermant la porte du bureau derrière elle, ils s'engagent tous les deux dans les couloirs éclairés à la lanterne.
La différence de taille entre son mètre soixante-dix et les deux mètres du pirate la force à trottiner derrière lui pour ne pas le perdre de vue. Tout en le suivant à la trace, elle observe les épaules musclées et tendues du commandant qui semble ne pas vouloir ralentir l'allure. Prenant le temps de détailler un peu mieux le pirate, elle louche sur l'étrange coupe de cheveux de l'homme qu'elle n'arrive pas à comprendre.
Soudain, elle perçoit un changement presque invisible dans le positionnement du pied droit du pirate, suivant son instinct, elle a à peine le temps d'esquisser un mouvement vers l'arrière et de bander ses muscles que déjà la main du blond la saisit à la gorge et la plaque brusquement contre le mur derrière elle.
Par réflexe, elle s'agrippe à sa main et balance ses jambes vers l'avant, frappant l'homme en plein ventre sans pour autant le forcer à reculer. Le blond envahit son espace vital, la forçant à lever les yeux pour le regarder. Ils sont à présent très proches et Jean peut sentir l'aura du pirate s'agiter autour d'eux alors qu'il la fusille du regard.
- Ecoute moi bien mercenaire, parce que je ne vais pas me répéter, grogne-t-il.
Malgré sa position désavantageuse, Jean ne résiste pas à la tentation de lui chercher des noises, c'est plus fort qu'elle, il l'horripile avec son air supérieur. Elle ne sait pas vraiment d'où vient l'animosité entre eux mais ce n'est certainement pas elle qui va essayer d'arranger les choses, elle s'amuse beaucoup trop pour ça.
- Tellement de tension entre nous commandant, j'en ai des papillons dans le ventre, ricane-t-elle.
La poigne autour de son coup se resserre fermement et elle est tirée vers le haut jusqu'à ce que ses pieds ne touchent plus le sol, rendant sa respiration laborieuse et sifflante.
- Pauvre tarée, n'as-tu donc aucun instinct de survie ?
- Bien sûr que si, elle rigole. C'est juste qu'être étranglée comme ça dans un couloir sombre et humide, ça a toujours fait partie de mes fantasmes…
Avec une mine purement dégoutée il se sépare d'elle brusquement, rompant son emprise sur sa gorge et elle toussote quelques instants en massant sa trachée douloureuse.
- Je n'ai qu'une chose à te dire mercenaire. Si cela ne tenait qu'à moi, ton cadavre serait déjà en train de nourrir les monstres marins.
- Eh bien, heureusement pour moi, tu n'es que le second et pas le capitaine, pique-t-elle.
Jean voit clairement pulser la veine sur le front du pirate et elle se demande un instant où est passé le commandant que l'on lui avait décrit. L'homme en face d'elle n'a rien du navigateur flegmatique et érudit dont parlent les rumeurs. Rien à voir avec le médecin qui n'utilise la violence qu'en dernier recours dont ses contacts lui ont parlé. Elle se demande si c'est elle qui déclenche cette réaction en lui ou s'il s'agit de sa véritable personnalité.
- Plaisante tant que tu le peux, il grogne. Mais au premier faux pas tu regretteras d'avoir voulu marchander avec les pirates de Barbe Blanche. Personne ne peut se jouer de nous sans en subir les conséquences.
La brune esquisse un froncement de sourcils contrarié, elle commence à en avoir marre de leurs allusions à son côté peu fiable. Elle est mercenaire, bien sûr qu'on ne peut pas lui faire confiance aveuglément cependant, elle est celle qui a le plus à perdre dans cette histoire. Il serait temps qu'ils le comprennent.
Aussi, elle se redresse de toute sa hauteur, tout amusement écarté et le fixe avec sérieux sans détourner les yeux.
- Je ne vous trahirai pas. Je le jure, affirme-t-elle.
Il la dévisage, loin d'être convaincu.
- Ta parole n'a aucune valeur à nos yeux.
- Je sais, mais elle en a pour beaucoup de personnes et pour moi. Je n'ai rien à gagner à vous trahir ni à me mettre en travers de votre chemin. Et puis, vous êtes amusants pour des pirates et, j'adore m'amuser, termine-t-elle avec un sourire.
Un semblant de calme retrouvé, le phénix la dévisage pendant de longues secondes, semblant peser le pour et le contre de la garder en vie. Elle le laisse faire, consciente de son cheminement de pensée et s'amuse à lui montrer une nouvelle grimace à chaque fois que leurs regards se croisent.
Enfin, après une éternité, il a l'air de parvenir à une conclusion qui ne semble pas du tout lui plaire car il se détourne en marmonnant à voix basse des choses qu'elle n'arrive pas à entendre et reprend sa course dans les couloirs, la laissant en plan, toute seule au milieu du Moby Dick.
- Hé ! Comment je retourne à ma cabine ?!
Mais seul le grincement du navire en mouvement lui répond alors qu'au même moment la dernière lanterne du couloir rend l'âme, la plongeant dans l'obscurité.
Mais quel salaud !
𝐒𝐡𝐢𝐫𝐨𝐡𝐢𝐠𝐞 : Barbe Blanche
𝐆𝐫𝐚𝐧𝐝 𝐋𝐢𝐧𝐞 : aussi appelé "La Route de tous les Périls" ou le "Paradis" (première partie) et "Nouveau Monde" par les pirates du nouveau monde est un océan sur lequel se déroule la plus grande partie de l'histoire du manga One Piece.
𝐃𝐞𝐧 𝐃𝐞𝐧 𝐌𝐮𝐬𝐡𝐢 : Ou Escargophones, sont des escargots qui sont habituellement vus avec des téléphones et/ou des machines fax attachés à leurs carapaces. Ils permettent à plusieurs personnes de communiquer même sur de très longues distances. Ils reproduisent la gestuelle (de la bouche en particulier) des locuteurs. Au cours de l'histoire, les escargophones seront énormément utilisés, non seulement pour communiquer, mais aussi pour d'autres tâches, comme la surveillance.
