Bonjour ! ^^
Un gros merci à Rinku13, AliFantasque, Dragsou et Destrange d'avoir réviewé le chapitre précédent.
(L'univers et les personnages appartiennent à JK Rowling. L'inspiration provient tout droit du film "The Hangover".)
Bonne lecture ! :)
Chapitre 6 ― La punition du concierge
Tandis qu'ils suivaient Rusard dans les cachots, Remus, Sirius et Peter s'interrogeaient du regard avec anxiété.
― Je me demande ce qu'on a encore fait, chuchota Sirius.
― Ça ne peut pas être pire que tout ce qu'on a déjà fait à Pré-au-Lard, dit Remus à voix basse. Et ce qu'on a fait à McGonagall… Vraiment, il ne faut jamais rien dire à Fanny…
― Peut-être que ça concerne Servilus ? avança Peter en regardant défiler les torches sur les murs de pierre. On s'approche de la salle commune des Serpentard, non ?
Remus se remémora comment Rogue, à la Cabane hurlante, avait manifesté une rage dévastatrice pour avoir été ligoté de la sorte. Peter avait raison. Ils allaient sûrement découvrir la raison pour laquelle les Serpentard les poursuivaient.
Des bruits de pas précipités résonnèrent derrière eux. Surpris, Remus se retourna en même temps que les deux autres. Lily Evans les rejoignait en courant, ses longs cheveux roux voltigeant dans sa nuque.
― Merci Merlin, je vous retrouve, haleta-t-elle en s'arrêtant auprès d'eux. Ça fait des heures que je cherche James. Où est-il ?
― Plus tard, Miss, grinça Rusard en posant ses yeux pâles sur elle. Ces trois fauteurs de troubles sont occupés à me suivre.
― Ils ont fait quelque chose de mal ?
Le visage de Lily se décomposa de déception. Dans son regard scintilla alors tout le danger qu'elle largue subitement James parce qu'elle n'avait jamais admiré ses bêtises. Remus s'inquiéta et estima préférable de la rassurer au plus vite :
― James n'a rien fait. Je ne sais pas où il est, mais il sera là comme prévu à la fête.
― J'espère pour lui qu'il n'a rien fait ! s'exclama Lily, les joues rougies. Si j'apprends qu'il a encore été méchant gratuitement avec Severus, il n'aura qu'à rester à la salle commune ! Je ne souhaite pas sortir avec une brute !
― Il n'a pas touché du tout à Rogue, promit Remus même s'il n'en savait rien en réalité.
― Exactement, tout va bien, mentit Sirius en donnant un coup de coude à Peter pour l'inciter à refermer la bouche et à l'appuyer d'un hochement de tête. Rusard veut simplement nous montrer quelque chose et je doute beaucoup que ce soit nous les coupables.
― N'en soyez pas si sûr, Black ! gronda Rusard en frémissant des bajoues. Vous avez laissé des preuves évidentes de votre passage ! Vous avez signé votre crime ! Et bougez-vous maintenant, je n'ai pas toute la journée !
Il attrapa Sirius par l'oreille et l'entraîna à son côté en lui arrachant des cris de douleur.
― Aïe ! Aïe ! Aïe !
― On se revoit plus tard, chuchota rapidement Remus à l'adresse de Lily.
Il s'engagea derrière les autres en soupirant de découragement. Pourvu que Lily donne une chance à James. Ce dernier serait bien malheureux s'il la perdait le lendemain même où il avait enfin gagné son cœur.
Peter renifla avec mépris.
― Les filles ! déplora-t-il à voix basse. Toutes pareilles !
― Lily est importante pour Cornedrue, répliqua Remus pendant que Sirius continuait de gémir entre les doigts de Rusard. Si elle accepte de sortir avec lui, c'est parce que son attitude a changé. Si elle apprend qu'on a encore tourmenté Rogue…
― Et alors ? Notre vie est bien ennuyeuse depuis qu'on est sages…
― Tu ne comprends rien, s'agaça Remus.
― Non, je ne comprends pas, s'énerva Peter. Servilus n'est qu'un torchon. Il n'a rien de Patmol ou de Cornedrue. C'est un minable faible sans aucune fierté. Je ne comprends pas pourquoi on devrait arrêter de lui donner des baffes.
― Parce que c'est méchant !
― Taisez-vous derrière et marchez en silence ! mugit Rusard en arrachant un cri de plus à Sirius qu'il tenait toujours par l'oreille.
Remus et Peter coupèrent court à leur dispute et poursuivirent leur chemin en échangeant un regard noir. On n'entendait plus que les plaintes de Sirius.
Une minute plus tard, ils arrivèrent devant un cachot dont Rusard ouvrit la porte dans un grincement de gonds rouillés. Sirius, content d'être relâché, se frotta l'oreille en étouffant des jurons.
― Voilà votre crime scandaleux, annonça Rusard en leur faisant signe d'entrer. Un désordre des plus révoltants !
Remus s'avança le premier et découvrit une salle de classe abandonnée, dont les chaises et les tables avaient été renversées et jetées en tous sens. Une grande étagère avait été calcinée, des livres déchirés se répandaient partout et une partie du plafond s'écroulait en gravats. De toute évidence, il y avait eu un combat.
― Ce n'est pas nous, dit Sirius en enjambant une flaque d'encre noire sur le sol.
― Si, c'est vous ! affirma Rusard en le vrillant d'un œil redoutable.
― Et quelles sont les preuves qui vous permettent de nous accuser ? demanda Sirius avec défi.
Rusard étira un sourire mauvais sur ses lèvres. Il se faufila entre les meubles fracassés en direction d'un tableau piqueté d'humidité et s'arrêta devant.
― Là ! siffla-t-il en désignant une ligne de texte rédigé à la craie. Vous avez signé ! « Nous étions là, nous étions bourrés et nous sommes fiers de nos méfaits ! »
― Ça ne veut rien dire, protesta Sirius. Le « nous » pourrait être n'importe qui !
― Heu… Patmol, dit Remus en posant une main sur son épaule pour attirer son attention sur le mur derrière eux. Rusard a raison, on a effectivement signé…
Le mur de brique était entièrement barbouillé de nombreux messages grossiers tracés à l'encre noire et brillante. On pouvait y lire « Patmol a chié partout à l'infirmerie ! » ou encore « Queudver aime les grosses bites ! » Lorsque Remus lut : « Lunard bande fort quand il baise McGonagall », son cœur effectua une chute périlleuse dans le fond de ses talons.
― Putain qu'on est cons, souffla Sirius d'un air dépassé.
― Ce n'est pas vrai que j'aime les bites, dit Peter, perturbé.
― Vous serez punis pour ça ! déclara Rusard d'une voix forte et victorieuse. Votre directrice de maison sera mise au courant, et pendant que je m'en vais la voir, vous me nettoierez tout ça maintenant et sans magie !
Il sortit des poches creuses de son vieux cardigan quatre paires de gants de caoutchouc qu'il jeta sur le bureau professoral, quatre guenilles et une grosse bouteille d'eau de Javel. Un grand seau rempli d'eau était déjà posé au pied du mur.
― Votre ami Potter peut se féliciter de ne pas être là, continua Rusard d'une voix sifflante. Mais si je le croise sur mon trajet, il ne m'échappera pas non plus !
― Est-ce qu'il était là aussi avec nous ? demanda Remus en fouillant fébrilement les graffitis obscènes.
― Oui, regarde, répondit Sirius d'une voix blanche.
Il montra du doigt un message qui disait : « Cornedrue a refait le portrait de Servilus ! » Le cœur de Remus chancela une nouvelle fois dans sa poitrine.
― Il faut absolument qu'on efface tout ça, dit-il.
― En effet ! ricana Rusard en revenant vers la porte. Vous ne partirez pas d'ici avant que tout soit propre. Ma jolie Miss Teigne s'assurera que vous travaillerez bien. N'est-ce pas, ma belle ?
Miss Teigne, la chatte grisâtre et efflanquée du concierge, venait de s'asseoir dans le chambranle de la porte et fixait tour à tour Remus, Sirius et Peter de ses yeux jaunes et globuleux.
― Et n'oubliez pas ! rappela Rusard en se tournant vers les trois amis, menaçant. Aucune magie ! Sinon, je le saurai !
― Vieux débris de saleté, marmonna Sirius dès que Rusard fut assez loin dans le couloir. Et toi, tu ne m'approches pas, face de poils, ajouta-t-il à l'adresse de Miss Teigne, sinon je te botte le derrière.
― C'est horrible ce qu'on a fait, souffla Remus en contemplant le mur couvert d'abominables proclamations. « Servilus a dû payer pour être un salaud comme les siens. » Croyez-vous qu'on ait vraiment fait tout ça ?
― « Queudver a mis ses grosses couilles de rat dans la figure de Servilus », lut Peter à voix haute. Non, je ne crois pas…
― « Patmol a titillé Servilus avec la langue », déchiffra Sirius avec horreur. Non, moi non plus, je ne crois pas.
― De toute évidence, Rogue était avec nous, déduisit Remus en lisant : « Servilus porte toujours des caleçons très crasseux. » C'est ici qu'on a dû l'attacher et le bâillonner.
Éminemment mal à l'aise, Remus alla chercher trois paires de gants parmi les quatre sur le bureau et revint vers Sirius et Peter.
― Allez, enfilez ça et commençons sans tarder, dit-il d'une voix mal assurée. On ne peut pas se permettre de rester ici trop longtemps. Il faut trouver Cornedrue et maintenant j'ai peur que ce soit les Serpentard qui l'aient retrouvé avant nous…
― Oh, putain, tu as lu ça ? s'esclaffa Sirius avec stupeur. « Queudver a branlé Servilus ! »
― Merde ! s'horrifia Peter. Ce n'est pas vrai !
― On a sûrement exagéré, dit Remus raisonnablement. Arrêtez de lire et mettez-vous au travail.
Il leur fourra dans les mains chacun une paire de gants et en enfila une aussi en se retenant du mieux possible de regarder les messages. Il ramassa une guenille par terre, la plongea dans le seau d'eau déjà mousseuse et entreprit de nettoyer les graffitis d'encre. Il faisait disparaître les mots : « Lunard approuve le fait que McGonagall se prend beaucoup mieux que la pétasse de Karline », quand Sirius laissa échapper une exclamation d'effarement.
― Lunard, ne lit pas ça, ça va te traumatiser, avertit-il d'une voix étranglée.
― Quoi ça ? demanda Peter en suivant aussitôt le regard de Sirius, la guenille encore sèche au bout de la main.
Remus voulut s'en empêcher, mais il lut quand même l'affreuse déclaration au bas du mur : « Lunard a sucé Servilus ! » Le choc lui fut violent. Comme s'il venait de recevoir un coup de poêle sur le crâne, il laissa tomber sa guenille à ses pieds avec un bruit mouillé.
― Ce n'est pas vrai ! glapit Remus. C'est avec McGonagall que j'ai couché, pas avec Rogue ! C'est écrit partout sur les murs !
― C'est écrit aussi, dit Peter : « Patmol a enculé Servilus. »
― Bordel de putain de grosse merde molle de Merlin ! s'écria Sirius en jetant sa guenille dans le seau si brusquement qu'il éclaboussa le bas du pantalon de Remus. On ne s'est quand même pas tapé une partouze avec l'enfoiré de Servilus !
― Restons calmes, on a sûrement exagéré, gémit Remus qui avait de plus en plus de mal à y croire pendant qu'il lisait : « Servilus jouit comme un goret. » Il y a sûrement une explication à tout ça…
― Quelle explication ? demanda Sirius avec colère. On a eu envie de se payer la tête de Rogue, exactement comme on le faisait tout le temps avant, on l'a amené ici et tout a dérapé parce qu'on était bourrés ! Pas étonnant que Rogue veuille se venger ! Il n'a sûrement pas dit à sa bande ce que nous lui avons fait, mais il a dû inventer quelque chose pour les inciter à se lancer à notre poursuite !
Remus poussa une longue plainte en se prenant la tête à deux mains.
― J'en ai marre ! Je veux que tout ça se finisse !
― Croyez-vous que ce soit Servilus qui m'a sucé… ? interrogea soudain Peter en se frottant l'entrejambe avec angoisse.
― Oui ! répondit Sirius avec vigueur, convaincu. C'est sûrement lui ! On a dû le forcer à le faire parce qu'on trouvait ça drôle. Cherche le message, c'est sûrement écrit quelque part…
― Ça suffit ! s'énerva Remus en ramassa sa guenille d'un geste tremblant. Il faut effacer ça en urgence, avant que McGonagall ne vienne ! Il faut aussi retrouver vite Cornedrue ! Je suis de plus en plus certain que les Serpentard lui ont mis la main dessus.
Il plongea la guenille dans l'eau savonneuse et s'attaqua à la révélation : « Cornedrue a roulé une pelle à Servilus. »
― Tu pourrais peut-être vérifier de temps en temps sur la carte, Queudver, pour voir si Cornedrue ne serait pas de retour au château.
― Il est peut-être prisonnier quelque part à Pré-au-Lard, songea Sirius en repêchant sa guenille dans le seau. Regarde aussi, Queudver, si la bande de Mulciber n'est pas rentrée aussi.
― Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises, formula Peter dans une série de couinements.
Miss Teigne, assise dans le chambranle, continuait de les tenir à l'œil, à l'affût.
― Ils sont dans leur salle commune, informa Peter en consultant la carte. Mulciber, Avery, Regulus, Rogue… Ils sont tous là.
― Tu vois Cornedrue quelque part ? demanda Sirius en s'approchant, sa guenille dégoulinante.
― Non…, dit Peter dont les yeux fouillaient partout sur le plan de l'école. Il n'est pas avec les Serpentard, ni à notre salle commune, ni au dortoir, ni nulle part…
― Continue à chercher, conseilla Remus. Il y a beaucoup de monde à l'école. Peut-être que tu finiras par trouver son nom quelque part. En attendant, Patmol, aide-moi à nettoyer ça au plus vite.
― Pourquoi c'est Queudver qui surveille la carte et nous qui faisons le ménage ? ronchonna Sirius.
― Il nous aidera après…
Remus et Sirius se remirent au travail, effaçant des déclarations toutes aussi gênantes les unes que les autres : « Patmol est prêt à absolument tout pour obtenir des plans à trois » ou « Queudver aime se caresser les mamelons » ou « Cornedrue a donné la fessée à Servilus » ou encore « McGonagall ronronne et griffe de plaisir quand Lunard lui fait l'amour ».
Remus rougit en frottant fébrilement l'encre. Pourvu que Rusard n'ait pas lu tout ça. McGonagall serait bien outrée d'apprendre que Remus avait affiché sans aucune retenue toutes les descriptions de leur aventure au mur du cachot. D'ailleurs, les lire lui-même le troublait autant sinon plus que d'apprendre qu'il avait sucé Rogue. Il n'avait pas de preuves pour Rogue ― il voulait surtout continuer à croire qu'il s'agissait d'exagérations ―, mais pour avoir couché avec McGonagall, il en avait eu la confirmation du professeur McGonagall elle-même, ce qui le dépassait encore avec honte extrême.
― « Lunard a embrassé les jolis seins de McGonagall », lut Sirius en laissant échapper un rire amusé.
― La ferme et continue d'effacer, grinça Remus en s'empourprant de plus belle.
― « Patmol va se taper ce soir un plan à trois des plus enflammés », lut Peter d'un ton morne. J'aurais aimé que ce soit l'une d'entre elles qui m'ait sucé…
― Surveille la carte, toi ! s'agaça Remus en lui jetant un regard sévère.
Peter rabaissa les yeux sur le morceau de parchemin et Remus trempa sa guenille sale pour s'attaquer maintenant à une phrase particulièrement embarrassante : « McGonagall est la femme de ma vie et je ne laisserai plus personne se moquer d'elle ni même Patmol. » La déclaration était suivie d'une autre : « Fanny Karline n'a qu'à aller se faire foutre ! »
― Je ne comprends pas, dit Remus désespérément. Comment j'ai pu dire des choses aussi méchantes sur Fanny ? Je l'aime, pourtant…
― « Lunard a enfin réalisé que Fanny était une garce et que c'est McGonagall qu'il aime vraiment », prononça machinalement Sirius en guise de réponse.
― La majorité de ces conneries sont fausses ! répliqua Remus en donnant un coup de pied au bas du mur, là où était écrit : « Servilus adore se faire empoigner par les cheveux. » On était vraiment loin de nous-mêmes hier ! Je disais n'importe quoi !
― « Même pété comme un coing, Lunard est sincère quand il parle de ses sentiments pour McGonagall. »
― Ta gueule ! s'emporta Remus.
― Je fais juste lire ce que tu as toi-même écrit sur le mur ! protesta Sirius en reculant d'un bond pour éviter un coup de guenille sale. Je reconnais ton écriture !
Miss Teigne feula pour les ramener à l'ordre et Remus retourna au travail en se renfrognant. Pendant que ses yeux glissaient sur le texte : « McGonagall, contrairement à la harpie de Karline, aime Lunard pour qui il est, même s'il préfère les cravates rouges, même s'il est défiguré de cicatrices et même s'il baise comme une bête un peu brutale », sa gorge se noua et les larmes lui montèrent aux yeux. Il ne voulait pas éprouver cette émotion, mais une bouffée d'affection mêlée d'amour profond le saisit malgré lui pour le professeur McGonagall. Se pouvait-il vraiment qu'elle l'aime aussi ?
Un second feulement menaçant retentit et Remus sursauta. Miss Teigne venait d'ordonner à Sirius de ranger tout de suite sa baguette qu'il avait pointée sur le mur.
― Bah quoi ? se défendit-il avec désinvolture. Quelques petits sortilèges de Récurage n'auraient fait de tort à personne. C'est que c'est long de frotter tout ça. On en aura pour des heures et on doit retrouver Cornedrue.
― Je suis d'accord, mais si Rusard se ramène pour nous obliger à nettoyer autre chose pour nous punir d'avoir utilisé de la magie, on ne sera pas plus avancé, gronda Remus.
― De toute façon, dit Peter. Je ne vois toujours pas Cornedrue sur la carte…
― Alors, ferme ça et viens nous aider qu'on termine plus vite ! s'irrita Sirius.
Peter referma la carte en soupirant et retrouva sa guenille.
Ils passèrent effectivement des heures à tout nettoyer. L'eau du seau devint aussi noire que l'encre qu'il s'évertuait à frotter sur le mur et pas moyen de l'éclaircir d'un sort. Miss Teigne n'admettait pas cela non plus. Il devait être l'heure du dîner lorsqu'ils terminèrent enfin et que Miss Teigne daigna les laisser partir.
― On a eu trop de chance que McGonagall ne soit pas venue, dit Remus en frottant ses mains douloureuses que l'humidité, sous les gants de caoutchouc, avait fait rider et causé quelques ampoules. Peut-être qu'elle n'avait pas envie de nous revoir de sitôt…
― J'ai mal au poignet, se plaignit Queudver en traînant les pieds de fatigue dans les couloirs des cachots. Et j'ai faim ! J'espère qu'on n'a pas loupé le dîner.
― Je piquerais bien un somme, moi, marmonna Sirius, une main sur la tête.
― Pas question, il faut trouver les Serpentard pour qu'ils nous disent où ils ont planqué Cornedrue ! protesta Remus. Ils vont sûrement être à la Grande Salle et ils n'oseront rien devant les professeurs. On va les interroger là.
Sirius lâcha un rire exaspéré et dépassé.
― On a partouzé avec Servilus, déplora-t-il. Vous vous en rendez compte ? Il a dû être aussi bourré que nous pour avoir accepté ça.
― En tout cas, il a aimé, dit Peter avec un sourire dégoûté. C'était écrit partout comment il a adoré qu'on le défonce dans tous les trous…
― Queudver, arrête, coupa Remus, profondément perturbé. On ne lui a rien fait du tout, c'était des blagues, tout ça.
― Ce n'était pas des blagues, Lunard, s'obstina Sirius avec sérieux, et tu le sais très bien. Ce qu'on a écrit sur ce mur concorde avec ce que nous ont raconté Pomfresh, Rosmerta et McGonagall. J'ai gagné mon plan à trois, j'ai chié à l'infirmerie et tu as réellement couché avec McGonagall ! Et Rogue dans la Cabane hurlante, ligoté et furieux ! On a sans doute voulu le punir d'avoir fait exploser l'armure sur Cornedrue hier. Vraiment, rends-toi à l'évidence, Lunard, tu as vraiment taillé une pipe à Rogue, je l'ai vraiment enculé et on est vraiment les dégueulasses qu'on a décrit sur le mur.
― En tout cas, c'était écrit nulle part que Servilus m'a sucé…, mâchouilla Peter.
― Toi, étouffe-toi avec ton gland enflé, putain ! s'emporta Sirius, énervé.
Il arracha une torche du mur et la projeta au loin avec colère. La flamme s'éteignit à l'autre bout du couloir dans un fracas métallique. Remus et Peter tressaillirent.
― Calme-toi, Patmol, dit Remus.
― Je suis calme, bordel ! hurla Sirius, le teint écarlate, les narines dilatées. De toute façon, je n'ai aucune raison de m'énerver ! J'ai juste encrassé ma queue dans Servilus !
― Mais ta gueule ! Ne le crie pas à tout le monde ! paniqua Remus en jetant des regards terrorisés autour de lui. On pourrait croiser des Serpentard.
― Je m'en bats les couilles ! Je n'ai plus de réputation à préserver ! Elle est déjà ruinée !
― Ce n'est pas une raison de ruiner la mienne aussi ! s'enflamma Remus à son tour, le corps parcouru de tremblements. Personne ne sait que j'ai couché avec McGonagall et je n'ai pas envie que tu te mettes à le crier à tout le monde !
Sirius éclata d'un grand rire digne d'un aboiement furieux.
― C'était écrit partout sur le mur ! asséna-t-il, provocant. Tu crois qu'aucun Serpentard n'aurait pu passer par là depuis ce matin ? Et Rusard ? Tu crois qu'il n'a pas lu, lui ? Et qu'il va se taire ?
― Il va croire à des blagues…
― Tu n'as pas seulement couché avec McGonagall, mais tu as aussi sucé Rogue ! Et n'essaie pas de le nier comme tu nies tout le temps tout ce qui te rend mal à l'aise ! Ce n'est pas en te fermant les yeux que les choses désagréables disparaîtront ! On s'est vraiment envoyés en l'air avec Rogue, et étant donné sa tronche de macaque en furie ce matin, je suis loin d'être convaincu qu'il était consentant !
― Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise, au juste ? hurla Remus. Qu'on est de gros salauds ? Qu'on ferait mieux d'abandonner et tout déclarer à Dumbledore pour qu'il nous renvoie ?
― Tu pourrais au moins admettre que la situation est pire que tout !
― Ça va, c'est bon, je l'admets, j'ai mis la queue de Rogue dans ma bouche ! Tu es content, maintenant ?
Il eut une exclamation de stupeur. Remus s'aperçut avec horreur qu'une Serpentard de première année venait de s'arrêter à un mètre d'eux et ouvrait de grands yeux pétrifiés.
― Putain ! jura Sirius avec colère.
Il tira sa baguette et la pointa sans concession sur elle.
― Oubliettes ! lança-t-il.
Le sort rendit le regard vitreux à la fillette qui demeura un instant perplexe, avant de déguerpir dans le couloir, le bruit de ses pas s'évanouissant au loin.
― Je ne boirai plus jamais de ma vie, déclara froidement Sirius en remettant sa baguette dans sa poche.
― Non, moi non plus, c'est fini, confia Remus avec une envie de pleurer qui lui serrait la gorge. Si c'est pour nous transformer en horribles abrutis pervers, je ne ferai plus jamais la fête !
― Je ne pourrai plus jamais regarder Rogue dans les yeux désormais…
― Je ne pourrai plus jamais non plus regarder McGonagall dans les yeux…
Ensemble, ils se remirent à marcher, l'esprit torturé par les pires tourments. Remus avait encore plus de peine pour Fanny. Il aurait voulu être l'amant parfait pour elle. Hélas, après toutes les horreurs qu'il avait commises la veille, il ne la méritait pas. Il allait la perdre dès qu'elle saurait tout et lui se retrouverait seul au monde, comme un minable.
― Quoi ? demanda soudain Sirius tandis qu'ils s'approchaient de l'escalier qui menait au hall. Pourquoi tu nous regardes comme ça ?
― Pour rien…, couina Peter, le regard fuyant.
Peter n'avait rien dit pendant la dispute et maintenant il se tordait les doigts avec malaise.
― Mais allez, parle, encouragea Sirius. Tu nous as trouvé ridicules tout à l'heure, hein ? Ou alors, tu te sens mal parce que tu n'as pas fait grand-chose d'aussi horrible que nous ?
― Je… j'ai quelque chose à vous dire…, lâcha Peter d'un air contrit.
Remus s'arrêta en même temps que Sirius pour lui faire face.
― Quoi ? demanda Remus, avide. Tu sais ce qui s'est passé à Cornedrue ?
― N-non, balbutia Peter, les épaules voûtées. Je n'ai aucune idée où le trouver. Je veux parler, en fait… des Bièraubeurres qu'on a bues hier soir…
― Comment ça… ? se méfia Sirius d'un air menaçant.
― Je… je m'excuse, les gars, je… ça faisait longtemps qu'on n'avait pas fait la fête et… et qu'on ne parlait que de filles et… j'avais envie qu'on se marre comme avant…
― C'est toi qui nous as drogués ? rugit Sirius dont le teint redevint aussi rouge qu'un moment plus tôt.
Peter émit un couinement apeuré en reculant d'un pas chancelant.
― Mais je ne savais pas que cette potion nous rendrait aussi déchaînés ! se défendit-il en parlant rapidement, le corps se ratatinant de plus en plus devant eux. Je pensais qu'elle nous rendrait juste détendus, plus enclins au plaisir, à nous amener à passer du bon temps ensemble, quoi ! Et surtout, je ne savais pas que ça effacerait notre mémoire ensuite !
― Aaaaaaargh ! hurla furieusement Sirius en se jetant sur Peter.
Il l'envoya contre le mur d'un coup de poing à la tempe, puis le cogna contre la pierre en le secouant de toutes ses forces. Et pendant qu'il se défoulait sur lui, Remus se rendit compte qu'il avait lui aussi envie de démolir Peter. Comment avait-il pu les embarquer dans cette expérience sans même les consulter d'abord ? Comment avait-il pu les empoisonner, eux, ses propres amis ? Surtout après que James ait clairement dit qu'il voulait être en forme pour le lendemain ?
― Qu'est-ce que tu as mis dans nos Bièraubeurres, sale face de rat ? demanda brusquement Sirius en étouffant Peter de ses poignes. Parle !
― C'était une potion d'euphorie, quelque chose comme ça, répondit Peter dont le visage prenait des couleurs violacées. Je ne me souviens pas du nom exact, ce n'était pas écrit sur le flacon…
― Tu ne savais même pas ce que c'était exactement avant de nous l'administrer ? s'indigna Sirius.
― Mais je pensais qu'elle rendait juste heureux et détendu… c'est ce que Slughorn disait dans son cours la semaine passée… Je suis allé chercher la potion dans son armoire personnelle…
― Je vais te réduire en bouse gélatineuse, tu vas voir !
― Ça suffit ! s'écria soudain une voix fluette.
Remus se retourna avec frayeur. Le minuscule professeur Flitwick se tenait sur la dernière marche de l'escalier et les observait d'un regard ennuyé derrière ses petites lunettes rondes. Sirius hésita à relâcher Peter, toujours en colère, mais comme Remus l'encourageait d'un geste à le faire, il le repoussa en le projetant contre le sol.
― J'enlève trente points chacun à Gryffondor ! gronda le professeur Flitwick de sa petite voix haut perchée. Et que je ne vous reprenne plus à vous taper dessus de la sorte ! On vous entend jusque dans le hall !
Sirius foudroya Peter d'un regard haineux avant de retrouver son calme en époussetant sa chemise.
― Désolé, professeur, dit-il entre ses dents serrées.
― Désolé, répéta Remus en se frottant la nuque, gêné.
Le professeur Flitwick leur lança un dernier regard d'avertissement, puis remonta l'escalier en sautant de ses petites jambes d'une marche à l'autre. Remus soupira profondément et s'engagea dans l'escalier à sa suite.
― Venez, il faut trouver la bande de Mulciber, dit-il.
― Là, c'est sûr que plus rien ne va, ragea Sirius tout bas, tandis qu'ils traversaient le hall bruyant en se mêlant aux foules d'élèves. Comment ne pas être renvoyés si le coupable est l'un de nous ? Espèce de crétin de Queudver !
― Mais McGonagall ne nous renverra pas, rappela faiblement Peter en se frottant le cou. Parce que si elle parle, on la dénonce…
― C'est moi qui vais te dénoncer, Queudver ! coupa Remus avec colère. Quand je pense qu'on a fait toutes ces conneries à cause de toi !
Ils s'approchèrent des portes de la Grande Salle. Le dîner était servi et une bonne odeur de poulet épicé leur emplit les narines. Remus, qui n'avait pas mangé de la journée, sentit son ventre gronder comme dans le fond d'une caverne.
― Ils sont là ! dit Sirius en pointant la table des Serpentard. Rogue mange tranquillement avec ses imbéciles d'amis Mangemorts comme si personne ne l'avait enculé.
― Il doit tout faire pour le cacher, songea Remus en sentant le malaise le ressaisir. Ça a dû être très humiliant pour lui, mais n'en parlons plus, d'accord ? Ça me donne des nausées…
Ils s'avancèrent d'un pas prudent vers la table des Serpentard. Dumbledore était présent à la table des professeurs, alors ils ne risqueraient rien. McGonagall était absente. Sans doute qu'elle s'enfermait encore dans son bureau, à regretter les évènements de la veille, et Remus souhaita fort qu'elle n'ait pas voulu non plus entendre les détails de Rusard concernant les graffitis sur le mur.
Soudain, le professeur Chourave surgit devant eux et leur barra le passage de tout son corps potelé.
― Enfin, vous voilà ! dit-elle dans le brouhaha ambiant de la Grande Salle, les poings sur les hanches.
Sous son chapeau rapiécé, son visage rond laissait transparaître une expression de profonde désapprobation qui ne laissait présager rien de bon. Remus et Sirius échangèrent un regard désespéré avant de darder Peter d'un œil assassin.
― Qu'est-ce qu'on a fait encore ? demanda Sirius d'un ton résigné.
― Ne me demandez pas comment j'ai fait pour savoir que c'était vous, dit le professeur Chourave en fronçant le nez, mais je le sais. Vous avez donc une demi-heure pour rapporter à la serre numéro 3 le Géranium Dentu que vous avez volé durant la nuit et gare à vous si je remarque un seul pétale de froissé !
Merci d'avoir lu ! :)
La suite bientôt...
