JOUR 8 : Avoir peur de demander de l'aide

Personnages : Amy & Penny & Bernadette

Merci à Ju pour l'idée


T'es pas assez féminine.

Tu te maquille pas... tu t'épiles pas... t'es pas une vraie fille !

Garçon ! Garçon !

Face à son miroir, les phrases valsaient dans son esprit. Il y avait celles qu'elle avait entendu jeune, dans la cour de récréation et dans les couloirs du lycée. Et il y avait celles de la veille, qui n'avaient pas été dites à voix haute, mais qu'aucun silence ne pouvait cacher. Amy avait cru qu'une fois adulte, tout irait pour le mieux, qu'une fois entourée de gens aussi brillants qu'elle, elle n'aurait plus à craindre les quolibets et le jugement des autres. Mais il fallait croire qu'elle s'était trompée. Lorsqu'il s'agissait de l'apparence féminine, les préjugés avaient la vie longue...

Le laboratoire avait en effet annoncé organiser un grand bal pour Noël, l'occasion pour les chercheurs de se réunir et passer un moment convivial. Amy avait été enthousiaste, réfléchissant à voix haute à ce qu'elle pourrait bien mettre pour l'occasion.

Et là, une de ses collègues avait souri :

- J'ai un très bon esthéticien si tu veux.

- Pourquoi faire ? S'était étonnée Amy.

- Et bien pour ton monosourcil, avait répondit la dame avec candeur.

Quand elle avait compris que la brune n'avait jamais eu l'intention de s'enlever sa taroupe, elle avait rougit et bredouillé une excuse, avant de fuir précipitamment. Amy avait bien vu que sa proposition avait été faite sans méchanceté, mais cette manière de présumer qu'elle voulait absolument se débarrasser de sa pilosité tout de même terriblement blessée.

Le reste de la journée n'avait pas été mieux.

À chaque fois qu'elle laissait trahir son enthousiasme du bal, elle recevait la même mine surprise. À la fin de la journée, elle avait bien comprit le problème : elle n'était pas assez jolie ou féminine pour que l'on croit qu'elle puisse s'intéresser à une fête ou aux robes qui l'accompagnerait.

Une fois rentrée chez elle, elle s'était ruée sur le miroir.

Aller au bal... comme ça ?

Garçon, garçon !

Amy n'est pas une fille !

Son souffle se fit si court qu'elle ressentit le besoin urgent de faire quelque chose. Elle farfouilla dans sa trousse à pharmacie pour en sortir cette pince à épiler qu'elle n'avait jamais utilisé. Elle qui savait manier éprouvette et dosette avec brio se sentait soudain si maladroite qu'elle se dit qu'elle ferait mieux de demander de l'aide à Penny ou Bernadette. Mais... et si ses amies se révélaient comme les autres ? Si elles se moquaient de son incompétences ? Si elles lui faisait comprendre qu'elle se débattait en vain, que rien qu'elle puisse faire ne la transforme en cygne ?

Non.

Supporter ces phrases d'inconnus était dur, mais si elle les lisaient dans les yeux de ses amies, elle ne le supporterait pas.

Alors Amy prit la pince, tâchant de se convaincre qu'elle avait bien raison de vouloir se débrouiller seule.

Quand on frappa à sa porte, Amy envisagea de longs instants de ne pas ouvrir. Néanmoins, elle se força à le faire ; après tout, c'était elle qui avait demandé à Penny et Bernadette de venir chez elle un jeudi soir à 22h, elle n'allait pas les laisser dehors maintenant.

- C'était quoi l'urg... demanda Penny avant de s'interrompre. Je vois.

Bernadette, derrière, poussa la blonde pour voir ce qui se passait et ne put retenir un petit cri surprit en découvrant le carnage.

Il manquait à Amy une bonne moitié de sourcils.

Elle avait été si malhabile dans sa gestion de la pince qu'elle avait épilé les mauvais poils – un peu trop à droite au début, puis un peu trop à gauche après avoir essayé d'égaliser et au final, une vraie catastrophe.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda Bernadette, horrifiée.

- Je n'ai pas envie d'en parler... sanglota Amy.

Elle vit ses deux amies se regarder, inquiètes, mais elles acceptèrent sa décision sans broncher.

- On va arranger ça, promit plutôt Penny.

- Oh oui, vraiment ? Parce que tu crois que ça ça va s'arranger ? Que quoi que ce soit chez moi peut être arrangé ?

- Amy... je ne sais pas ce qui se passe, mais il n'y a rien chez toi qui ai besoin d'être changé ou arrangé. Tu es déjà parfaite, d'accord ?

Bernadette hocha la tête en soutient aux propos de Penny. Amy se sentit alors tout d'un coup être entourée par deux paires de bras qui tâchaient de lui transmettre tout leur amour.

- Merci... murmura-t-elle. Je... je veux quand même bien arranger ça, si possible.

- J'ai des brosses et du crayon à sourcil, répondit Bernadette. Je peux aller les chercher et être de retour dans une demi-heure.

- Et pendant ce temps, je peux t'apprendre à manier une pince, pour la prochaine fois, proposa Penny.

Encore une fois, Amy mit un peu de temps à répondre. Mais cette fois-ci, la cause n'en était pas à la tristesse des moqueries. Elle était simplement émue de voir ses amies sacrifier sans y réfléchir à deux fois leur soirée. Elle se fit alors une promesse : ne plus jamais hésiter à les appeler à l'aide.