Supernatural - Barns Courtney

She doesn't sleep - Anthony Arnorim

Falling Up - A million in Vermillion

Dance When you Cry - Fiji Blue

Little Talks - Of Monsters and men

Never Let me Go - Florence + The machine

Hey, if you don't mind
I think there's something wrong with a friend of mine
She's wasting away all her time
Looking through the past for something
You'll feel it coming, her mind's a running


Londres, 15 avril 2030, 2h00 du matin heures de Londres

Han Derrick tenait Allénore Rameaux à la gorge.

Elle battait des pieds pour leur faire toucher le sol et cherchait désespéramment l'air. Il la soulevait d'une main et de l'autre, lui caressait la joue. Un geste tendre mais qui la faisait se sentir sale. Elle commençait à voir des paillettes blanches danser sous ses paupières. Elle entendait son sang battre dans ses tempes.

– Tu vas mourir. Tu vas mourir. Tu vas mourir.

Et Allénore secouait la tête, sa gorge glissant contre la main immonde et moite de Han Derrick.

– Je t'ai dit que si tu nous trahissais, je te le ferais payer très cher.

Et Allénore se débattait.

– Rose. Albus. Scorpius. Nilam. Alza. Tommy. Qui sera le prochain ou la prochaine, ma douce ?

Et Allénore hurlait dans le fond de sa gorge, jusque dans ses poumons.

– Marco, Noanne, Hayden, Lola… Jia Li… Morts et mortes. Creuseras-tu leurs tombes pour qu'ils ne soient pas seuls ? Y plongeras-tu les corps de tes amis pour qu'ils aient de la compagnie ?

Et Allénore s'épuisait à lui résister.

– Et Louis ? Te souviens-tu de ce jour où je l'ai empoisonné ? Te souviens-tu de son visage, de son pouls inexistant sous tes doigts, causé par un poison que je n'aurais jamais pu préparer sans toi ?

Et Allénore continuait de vouloir crier de toutes ses forces en sentant ses forces la quitter.

Han murmurait à son oreille des mots tranchants qui la faisait saigner de l'intérieur. Allénore ferma les paupières et n'entendit qu'une seule phrase, avant de se laisser mourir :

– Tu savais que je ne te laisserai jamais tranquille, Mistinguette.

Lorsqu'Allénore rouvrit les yeux, sa gorge était irritée et sèche. Elle hurlait sauf que contrairement à son mauvais rêve, elle produisait un son qui aurait pu réveiller tout l'immeuble. Elle se redressa, sentant un poids anormalement trop lourd sur sa poitrine. Gribouille sursauta et partit se réfugier dans un coin du lit, surveillant du coin de l'œil sa maîtresse.

La panique.

Profonde et poignante.

La peur.

Puissante et terrifiante.

La saleté.

Incrustée et tenace.

Il l'avait tenue et elle s'en arracherait la peau.

Allénore fouilla des yeux sa chambre, à la quête de trois objets.

Elle entendait la voix de Lev, son psychomage, lui commander de se concentrer sur les objets qui lui ferraient reprendre pieds avec la réalité.

Le bracelet en améthyste que Rose avait offert à Allénore pour son anniversaire, toujours à son poignet. Une photographie prise par Scorpius, d'eux tous, réunis et en pleine crise de fou rire. Le nouveau sweat de Louis, l'ancien étant toujours entre les mains d'Aurore, la petite sœur d'Allénore. Elle tendit la main pour s'en saisir et y plongea le nez.

– Allénore ! Allénore ! Tout va bien ?

La brune plissa les yeux. Rose, en robe de chambre, tenait sa baguette illuminée et regardait sa meilleure-amie avec inquiétude. Emmitouflée dans une couverture qui ne la quittait jamais lorsque Scorpius était loin d'elle, elle chuchota d'une voix blanche :

– Tu criais.

Allénore ne pouvait pas répondre.

Alors Rose attendit et lui répéta que tout allait bien.

– J'ai fait un mauvais rêve, marmonna-t-elle après un moment. Je suis désolée.

Allénore quitta son lit, en traînant derrière elle le sweat de Louis. Gribouille et Rose sur les talons, elle rejoignit l'une des salles de bain de la colocation pour se passer un peu d'eau sur le visage. Elle frotta.

Un peut trop fort.

Elle passa une main sur sa gorge.

Elle sentait encore les doigts de Han Derrick l'empoigner et la serrer.

– Tu hurlais un prénom, indiqua Rose.

– Demain, je demanderai à Nilam de me faire de nouvelles potions de sommeil, soupira Allénore.

– Non. Ces potions te rendent léthargiques la moitié de la journée. Tu n'as plus de prescription et Nilam n'enfreindra pas cette règle. Pas s'il s'agit de toi.

– Tu lèves tous les assurdito que je lance, Rose. Et je ne veux pas vous réveiller toutes les nuits avec mes cauchemars.

– Et moi, je ne veux pas que tu ne me réveilles pas toutes les nuits à cause de tes cauchemars.

Allénore s'appuya sur la vasque et tritura ses bracelets. Elle sentit le fossé qui s'était creusé entre elle et Rose. Elle savait que Rose se donnait toutes les peines du monde pour le reboucher.

Allénore l'en empêchait.

« Rose ne devrait pas être amie avec un monstre ».

Rose méritait le soleil et la chaleur, la joie et l'insouciance. Allénore était froide, sanguinaire parfois, triste et hantée. Elle n'était plus ce que Rose avait toujours vu en elle. Plus seulement…

– Je ne peux pas te forcer à nous parler Allénore. Je ne peux pas non plus te forcer à me faire confiance de nouveau.

Elle resserra les pans de la couverture sur son corps. Rose avait toujours froid quand Scorpius n'était pas là. Elle avait appris à dormir avec lui, si bien que lorsqu'il partait en mission, elle se sentait noyée dans leur grand lit aux draps froids…

– Te faire confiance ? Je n'ai jamais cessé de te faire confiance Rose, murmura la polyglomage.

– Vraiment ? Alors pourquoi je sens que tu te retiens de te confier ? Pourquoi je sens que tu t'empêches de nous raconter ce qu'il t'est arrivé ? Pourquoi quand j'évoque le prénom Han, tu te mets à trembler ?

– Han Derrick était un Mage Noir qui aurait pu réduire le monde en flammes s'il en avait eu l'ambition. Han… Han m'a fait plonger dans un enfer dont j'ai peur, Rose. J'ai été addict au conscidisti parce que je suis faible et que Han savait lire en moi. Il savait probablement que j'étais une polyglomage et que je ne maîtrisais pas mon pouvoir, que les émotions des autres, la force des miennes, étaient en train de me submerger. Rose… Je n'ai tué directement, de ma main, qu'une seule personne : Han Derrick. Et il me hante.

Rose savait pour l'addiction d'Allénore au conscidisti. Louis lui en avait parlé lorsqu'il était rentré un jour, désemparé et ne sachant plus comment aider Allénore. Lorsqu'elle avait réemménagé à la colocation, Rose avait jeté dans les toilettes les anciennes pilules de Scorpius, légèrement dosées, qui en avait eu suite à une mauvaise malédiction qui l'avait un peu amoché. Albus et Scorpius n'avaient rien dit, en la regardant faire. Ils avaient simplement approuvé d'un signe de tête.

Allénore savait comme il était facile de parler à Rose. Elles avaient grandi ensemble. Elles avaient tout appris ensemble. Elles avaient rendu en retard leurs livres à la bibliothèque ensemble. Elles avaient aimé, détesté, pleuré, rit ensemble.

Allénore n'imaginait pas sa vie sans Rose.

Sans plus aucun de ses amis.

– Rose… J'ai tenu deux ans, grâce à toi, Albus, Scorpius, Nilam… Vous n'avez jamais quitté mes pensées. Je t'assure. Mais je ne veux pas vous présenter cette version de moi. Celle qui est capable de tuer pour sa survie.

– Je serais ravie de la rencontrer pourtant. C'est grâce à elle que tu es ici, que tu es rentrée. Mais que crois-tu Allénore ? Que nous allons nous enfuir parce que t'es loin d'être parfaite ?

– Torturer et tuer ne sont pas ce que j'appellerai des petites imperfections, Rose.

– Allénore… Je… Je t'accepte comme ça. Avec ce que tu as fait et ce que tu n'as pas fait.

Allénore agrippa les bords de la vasque. Son cœur débordait d'amour pour Rose.

Rose si patiente. Rose si loyale. Rose si incroyable…

Qu'avait-elle fait pour mériter une telle amitié ?

– Comment le peux-tu ?

– Parce que tu es ma sœur d'âme. Parce que je sais qui tu es. Parce que je sais que tu es l'une des plus belles personnes que je connaisse.

– Tu es ma sœur d'âme, répéta Allénore en un demi-souffle.

Peut-être que cette histoire de sœurs d'âme les rassurait. Peut-être qu'elles avaient besoin de croire que l'une et l'autre s'aimeraient malgré tout, malgré leurs pires défauts et toutes leurs noirceurs. Peut-être que ce lien entre elles, n'était qu'un moyen de se dire qu'elles ne seraient jamais seules. Peut-être que tout ça n'était qu'un mensonge.

Ou peut-être que leurs âmes étaient vraiment sœurs et que cela les ravissaient autant que cela les effrayaient, maintenant qu'elles grandissaient.

Rose lui sourit, et attrapa sa main dans la sienne.

Ce geste chassa le clin d'œil de Han Derrick dans le miroir du sous-sol de ce bar clandestin. Un clin d'œil qui hantait Allénore depuis qu'elle l'avait vu.

Juste une seconde.

Une seule seconde.

– Allons nous recoucher, proposa la rousse.

Allénore hocha la tête et suivit Rose jusqu'à la chambre de Scorpius, dans laquelle elle dormait avant d'être réveillée par les cris d'Allénore. Elles se serrèrent toutes les deux dans l'immense lit. Rose glissa un bras autour de la taille de sa meilleure-amie et déposa un baiser sur sa joue. Allénore et Rose s'apaisèrent dans les bras l'une de l'autre avec une rapidité déconcertante.

– Ne me laisse plus jamais repartir, sanglota Allénore contre son amie.

Rose la serra un peu plus contre elle.

Elles n'avaient jamais été très tactiles toutes les deux.

Mais parfois… Oui, parfois, elles en avaient besoin.

Londres, 15 avril 2030, 3h34 du matin, heures de Londres

Louis était exténué. Il avait à peine récupéré de sa récente mésaventure à Pékin, qu'il avait dû filer en Roumanie poursuivre un stage de découverte sur les soins des dragons sauvages. Il était ensuite parti avec toute sa promotion en Équateur, pour observer les dernières espèces de Rouge-morts encore en vie. Il était maintenant en vacances pour deux semaines, mais seulement parce qu'il avait des partiels à réviser pour le début du mois prochain…

Louis Weasley savait qu'il n'était pas très sérieux de rentrer à Londres. Mais il n'avait jamais été du genre très sérieux, surtout quand il était question de passer du temps avec ceux qu'il aimait. Alors, il avait prit le premier portoloin pour Londres pour rejoindre sa famille et surtout, Allénore, dont il avait bien peu profité à Pékin.

On n'avait jamais retrouvé les personnes qui l'avaient enlevé là-bas et cela le mettait dans une colère noire.

Il avait mille histoires à raconter à Allénore, et avait hâte d'être près elle et de dormir. Il n'était jamais autant reposé que lorsqu'ils partageaient le même lit. Il ne savait pas trop pourquoi… Allénore avait sa propre magie.

Il ouvrit la porte de la colocation que partageaient Rose, Albus, Scorpius et Allénore. Dès qu'il eut passé le seuil, il délaça ses grosses chaussures de randonnées pleines de boue et posa son énorme sac de voyage sur le parquet. Il sourit, en découvrant une nouvelle paire de basket aux énormes strass multicolores – sûrement la dernière extravagance vestimentaire de sa petite-amie - et sursauta, une main sur le cœur, lorsqu'il remarqua Scorpius Malefoy, dans la cuisine, avec une tasse de thé fumante près de lui.

Le Briseur de sorts servit une deuxième tasse à contrecœur.

Parfois, il s'en voulait d'être un Malefoy et de suivre inconsciemment certaines règles que la bienséance lui imposaient. Comme faire en sorte que chaque visiteur se sente bien accueilli chez lui. Scorpius ne souhaitait qu'une chose : dormir dans son lit auprès de Rose.

Il y avait juste un petit obstacle…

Obstacle que Louis Weasley résoudrait, Scorpius en était persuadé.

– Tu es rentré depuis longtemps ? lui demanda Louis.

– Une demi-heure avant toi. Ma mission en Papouasie s'est terminée hier.

– Vous avez trouvé de nouvelles choses à propos de la civilisation qui a protégé les dragons foudres ? l'interrogea le magizoologiste avec intérêt.

Scorpius hocha la tête et ne put s'empêcher de sourire. Louis était quelqu'un d'intéressé et d'intéressant. Ça lui écorchait la bouche de l'admettre parfois…

– Je te passerai le rapport quand j'aurai terminé de le rédiger. Mais Emmalee et moi avons découvert plusieurs autres anti-chambres protégées par des maléfices de sang. Plusieurs ossements indiquent la présence d'autres créatures magiques …

– C'est fascinant. Avez-vous trouvé d'autres salles à pensine ? s'émerveilla Louis.

Scorpius fit voleter la tasse de thé jusqu'à Louis qui s'en saisit. Il ne répondit pas à sa question et croisa les bras sur sa poitrine.

– C'est gênant, hein ?

– De quoi ?

– Ces moments où on oublie de se détester toi et moi, répondit Scorpius.

Louis se mit à sourire, amusé pour une raison que Scorpius ignora… L'ancien Gryffondor semblait soudainement plongé dans ses souvenirs.

– On devrait peut-être arrêter. De se détester, je veux dire.

– Je ne saurais pas comment faire…, se désola faussement l'ancien Poufsouffle.

– Pourquoi on s'en veut déjà ?

– Allénore, soupira Scorpius.

Maintenant qu'elle était revenue, on aurait pu penser que les deux hommes auraient fait la paix et ils l'avaient fait. En quelques sortes. Enfin, du moins, ils simulaient une entente cordiale pour ne pas blesser Allénore, qui étrangement, ne s'était pas encore aperçue de l'animosité qui irradiait de Scorpius et Louis chaque fois qu'ils étaient dans la même pièce.

– Je l'aime, déclara Louis.

La magizoologiste ne prononça pas la suite de sa phrase qui était « et ça te dérange, mais sache que j'en ai strictement rien à foutre ».

Toujours accoudé au comptoir, Scorpius haussa un sourcil. Il n'avait jamais compris ce besoin qu'avait Louis de revendiquer à qui voulait l'entendre qu'il aimait Allénore. C'était comme s'il s'en vantait ouvertement, comme s'il était fier de pouvoir porter à son bras une pierre aussi précieuse qu'Allénore Rameaux. Scorpius était de ceux qui montraient et démontraient leur amour. Pas de ceux qui le déclamaient et l'exhibaient.

Les « je t'aime » perdaient de leurs sens quand ils étaient trop souvent prononcés. Scorpius disait les siens avec une intensité telle, qu'il en était fatigué après avoir fait sortir d'entre ses lèvres ces trois mots.

– Je sais qu'elle ne vous a jamais expliqué les raisons qui l'ont poussé à rejoindre les Autres il y a deux ans et demi.

– Elle voulait se racheter. Elle voulait arrêter son père. Elle pensait que tous ces massacres étaient de sa faute et que c'était à elle, d'arrêter Richards.

Louis écarquilla les yeux.

Il oubliait trop souvent comme Scorpius et Allénore semblaient parfois partager le même cerveau.

Il en était toujours un peu jaloux, s'il était tout à fait honnête.

Rose, pour le rassurer, lui avait un jour dit que Scorpius et Allénore étaient si semblables qu'ils étaient comme deux traits parallèles, condamnés à aller pour toujours dans la même direction, sans jamais se croiser. Elle avait ajouté avec humour, que lui et Allénore, au contraire, étaient probablement leurs perpendiculaires qui se croisaient parfaitement, et Louis avait arrêté d'écouter la métaphore parce qu'il n'y avait pas compris grand-chose…

– Elle n'a pas eu besoin de me le dire, expliqua Scorpius. A la minute même où j'ai appris qu'elle était la fille de ce monstre, j'ai su pourquoi elle nous avait abandonné. Pour nous protéger et parce qu'elle pensait avoir à racheter ses fautes et celles de Richards.

– Tu aurais été plus utile que moi là-bas. En France je veux dire… J'ai bien mis deux mois avant de le comprendre…

– Là où il m'a seulement fallu deux secondes, se vanta Scorpius.

– N'en fais pas trop…

Scorpius éclata légèrement de rire, franchement amusé. Il était très content d'avoir Louis pour distraction. Il savait que dès demain, son père le ferait appeler pour parler des deux sièges au Mangemagot qui l'attendaient.

Scorpius n'avait pas trouvé le courage d'en parler à ses amis.

Mais il allait refuser.

Il allait refuser et mettre son père en fuseboom, lui qui avait toujours tout fait pour ne pas le mettre en fusebomm justement...

Enfin plus ou moins. Scorpius avait été réparti à Poufsouffle, s'était acoquiné avec un Potter, une Weasley et une née-moldue… Ce dernier écart aux traditions familiales allait sûrement être le coup de grâce.

Drago Malefoy avait toujours pris sur lui pour accepter son fils tel qu'il était. Ça n'avait pas toujours été facile, mais Scorpius avait toujours été reconnaissant à son père de l'aimer malgré le fait qu'il n'était absolument pas la personne qu'il aurait voulu qu'il soit.

Scorpius ne rachèterait pas le nom des Malefoy. Jamais. Son père ne pourrait pas le lui imposer.

– Tu la rends heureuse, admit-il plus sérieusement. Alors… Je peux au moins te supporter.

– Vous lui avez manqué tous les trois, souffla Louis. J'avais beau être là, je ne lui suffisais pas.

– Ça te rend malade, hein ?

– Non, sourit sincèrement Louis. J'aime le fait que vous soyez important pour elle. Allénore a sa vie, et j'ai la mienne. Elles coïncident sur beaucoup de plans mais elle comme moi, nous avons besoin de vivre nos propres aventures chacun de nos côtés. Et quand on se les raconte, quand on se retrouve… C'est chouette Malefoy. J'aime le fait qu'elle se sente en sécurité chez vous. J'aime le fait qu'elle vous a comme amis et qu'elle puisse me pourrir auprès de vous quand je le mérite.

Scorpius leva les yeux au ciel. Louis termina son thé en silence et se dirigea vers la chambre d'Allénore. Scorpius l'arrêta :

– Ta copine est dans mon lit.

Louis se retourna, un nouveau sourire amusé sur le visage :

– Je te casse la gueule tout de suite ou …

– Avec Rose. Quand je suis rentré, elles étaient comme ça. Allénore a dû faire un cauchemar. Elle en fait de plus en plus en ce moment. Albus et Nilam sont au Chaudron Baveur. Ils avaient besoin d'être entre eux.

– Je peux faire quelque chose pour Allénore, mais concernant Rose, ça me gênerait de la bouger de ton lit… , plaisanta Louis.

– Je ne te demande rien, Weasley, grogna le Briseur de sorts. Va donc la réveiller. Allénore sera contente de savoir que tu es rentré.

– Et toi, tu seras content de retrouver ta place auprès de Rose. C'est donnant-donnant, je suppose.

– Ne m'en veux pas de participer à mon propre bonheur.

– Jamais, Malefoy. Jamais…

Louis hocha la tête et ouvrit délicatement la porte de la chambre de Scorpius. Il secoua doucement l'épaule d'Allénore, qui tenait fermement dans ses bras son sweat rouge. Elle papillonna ses yeux et toujours à moitié endormie, se mit à sourire en apercevant Louis. Trop fatiguée pour parler, elle se leva maladroitement et se colla à lui. Louis l'enveloppa de ses bras et la guida jusqu'à sa chambre. Il la borda, saluant Gribouille au passage, et déposa un baiser sur son front, avant de la rejoindre.

Rose, que rien ne pouvait perturber lorsqu'elle dormait, se blottit naturellement contre Scorpius lorsqu'il se glissa dans leur lit.

– Tu es rentré…, marmonna-t-elle.

En fait, depuis deux ans, Rose ne dormait jamais que d'un demi-sommeil. Un sommeil de chat. Un sommeil de personne qui attendait toujours le retour des gens qu'elle aimait avant de se laisser aller dans les bras de Morphée.

– Oui, je suis rentré.

Rose se rendormit immédiatement et lorsqu'elle était tout proche de lui, comme ça, paisible, Scorpius se sentait au bord du monde.

Scorpius ouvrit le tiroir de sa commode pour changer de t-shirt et caressa d'une main l'écrin rouge qu'il y avait caché, entre deux pulls, depuis neuf mois.

Il contempla Rose, ses cheveux roux tout ébouriffés qui formaient presque un troisième oreiller, son petit nez mutin, ses tâches de rousseurs et ses pieds qui sortaient de sous la couette.

Rose était belle et intelligente, elle avait la tête dans ses expériences et dans ses sciences, elle pensait à ses livres, à sa famille, ses amis et Scorpius était fier et heureux de savoir que Rose lui accorderait toujours une place près d'elle.

Merlin qu'il était complètement amoureux de cette femme. Avec Rose, il n'y avait plus d'espace et il n'y avait plus de temps. Tout était infiniment grand. Rose papillonnait, de sa passion pour les baguettes, à son amour du Quiddtich, de l'admiration qu'elle portait à sa mère, à l'adoration qu'elle vouait à son père, de l'amour inconditionnel qu'elle donnait à son frère, de ses livres qu'elle lisait avec joie, sans fatigue, comme si elle voulait retenir les mots en parcourant les pages de ses yeux… Quand Rose aimait, elle aimait beaucoup. Scorpius, avec elle, découvrait une vie où tout était infini, calme et de nature à rêver.

Lui qui avait les pieds sur terre… Il lui avait toujours fallu Rose dans la vie, pour se rendre compte que si on ne décollait pas de temps en temps, on ne pouvait pas s'apercevoir que la vue était si magnifique en bas.

Rose était grognon, un peu peureuse, loin d'être parfaite. Mais elle était parfaite pour lui. Elle était celle dont il avait envie, nuit et jour à chaque seconde.

Alors pourquoi n'arrivait-il pas à lui passer cette maudite bague au doigt ?

Londres, 16 avril 2030, 16h45 heures de Londres

– Il y a une école de magie, en Afrique du sud, où les jeunes sorciers et sorcières apprennent sans baguette.

– Il fût un temps où nous n'avions pas besoin d'elles, pour pratiquer la magie, déclara Lord Richard en brossant sa barbe avec gravité.

– Nous n'en avons pas besoin. Mais elles affûtent nos sorts, canalisent la magie et nous offrent une plus grande amplitude, observa Albus.

– Il est vrai, il est vrai… Mais l'essence même de la magie ne réside pas en cette accessoire. Sinon, le premier moldu venu pourrait faire de la neige en été. La baguette n'est qu'un outil. Le peintre peut se servir de ses doigts mais est plus précis avec un pinceau…

– Je ne connais pas d'autres accessoires qui permettent aux sorciers de jeter leurs sorts avec autant de précision et de puissance. Nous avons inventé beaucoup d'artefacts magiques mais aucun d'aussi maniable qu'une baguette magique.

– Certains artefacts sont aussi faits pour être uniques.

– Vous songez au Voile ? devina Albus.

– Mon ami, vous lisez dans mes pensées !

– L'avez-vous observé ? De vos yeux ? Mon père l'a vu, ainsi qu'une de mes tantes et l'un de mes oncles. Ma mère aussi. Mais ils n'aiment pas en parler. Mon frère est Auror. Il a emmené sa petite-amie l'observer pour un rencard…

– Un rencard ?

– Un rendez-vous.

– Oh votre frère fait sa cour et à une gente demoiselle !

– James ne fait pas la cour. Et Citlali Tucker n'est pas une gente demoiselle. Enfin si, son père est Lord du Derbyshire mais je l'ai déjà vu bourrée et …

– Bourrée ?

– Alcoolisée, traduisit Albus.

– Votre frère semble s'être trouvé là un très bon parti ! Cependant courtiser une lady dans un tel lieu et en présence du Voile me semble être bien peu commun…

– Mon frère est quelqu'un de peu commun.

– Cette caractéristique semble être de famille.

Albus sourit à son ami. Le fantôme inclina la tête.

– J'ai pu observer le Voile une fois, en accompagnant l'une de mes connaissances au département des mystères. C'est un objet dont la magie est puissante.

– Je veux juste comprendre d'où vient la magie. Comment l'enferme-t-on ? Comment et pourquoi se manifeste-t-elle ?

– Mon garçon…, s'amusa légèrement le fantôme. Ce ne serait plus de la magie si nous avions toutes ces réponses.

– Non ce serait de la science, concéda Albus. Ma cousine Rose s'intéresse à ces questions également. Elle cherche à améliorer les baguettes magiques et à repousser les limites de ce qu'elles peuvent nous offrir…

– Une personne intelligente. Je n'aurais jamais pensé qu'une femme puisse fabriquer un jour des baguette cependant.

– Rose est l'une des sorcières les plus douées que je connaisse. Aujourd'hui, les femmes sont Aurors, potioniste…

– Comme votre bien-aimée Nilam…, hocha la tête Lord Richard.

– Comme ma bien-aimée Nilam, reprit Albus en souriant. Les femmes sont diplomates, enchanteresse…

– Votre amie Allénore viendra-t-elle aujourd'hui ? Il me tarde de la rencontrer, vous qui me conter avec tant d'admiration ses prouesses en sortilèges et enchantements !

Albus soupira et secoua la tête. Lord Richard sembla vouloir lui tapota l'épaule en signe de compassion mais sa main ne fit que traverser le corps d'Albus qui frissonna. La sensation était désagréable. Mais il n'en montra presque rien, ne voulant en aucun cas froisser son ami.

– Comme je vous envie d'avoir une si belle famille et tant d'amis, fit tristement le fantôme.

– Vous avez des amis vous aussi.

– Mon jeune, tout jeune ami… J'erre dans ces lieux depuis si longtemps. Parfois… Parfois je regrette de ne pouvoir en sortir.

– Je voudrais que vous le puissiez. Il y a tant de belles choses à découvrir…

– Je suis heureux de vous entendre me les raconter. Toutefois, la joie d'en apprendre sur ce nouveau monde n'égale en rien le profond chagrin qui m'étreint de penser que tout ceci est inaccessible et que bientôt… Bientôt, vous ne serez plus là. Combien de siècles me faudra-t-il pour retrouver un si loyal ami que vous ?

– Oh rassurez-vous mon Lord, il me reste encore quelques belles années à vivre, fronça les sourcils Albus. Je ne suis pas pressé de vous quitter. Et peut-être obligerai-je mes enfants à vous visiter…

Le vocabulaire du Lord déteignait sur le sien…

– J'aurais plaisir à les rencontrer ! Dame Nilam a des hanches faites pour enfanter et je suis persuadée qu'elle vous …

– Malheureux ne dites jamais ça devant elle où elle serait capable de vous tuer une seconde fois et pour de bon ! plaisanta le brun.

La boutade ne fit pas rire le fantôme. Un voile passant devant ses yeux.

Comme un espoir.

– J'aimerais qu'elle le puisse…

– Allons, Lord… Vous ne pensez pas ce que vous dîtes, bredouilla Albus.

– Vous offenserais-je si je vous contredisais ?

Albus s'adoucit et referma définitivement le manuel qu'il était venu consulter.

– Non, bien sûr que non.

– Quand on a vécu aussi longtemps que moi, que toute notre existence se résume même à une demi-vie sans but ni intérêt… La mort vous paraît être une délivrance.

Albus aurait souhaité pouvoir prendre le fantôme dans ses bras et il baissa les yeux, de voir ceux de Lord Richards exprimer la même pensée. Albus déglutit, ne sachant quoi répondre à cela.

– Vous me manqueriez beaucoup.

– Cette pensée me touche, jeune ami.

Mais elle ne suffisait pas.

– Pourquoi… Enfin… Non pardon. C'est indélicat.

– Demandez, Albus, l'encouragea le fantôme.

– Pourquoi êtes-vous devenu un fantôme ?

– Lorsque je suis mort, mon épousée attendait notre premier enfant. Je devais partir en guerre pour mon Roi pour le fameux siège de Boulogne-sur-mer. J'ai été tué ici-même, de la baguette d'un pleutre, à la solde d'un homme qui voyait d'un mauvais œil que je sois si proche de la couronne et pourtant si réfractaire à l'idée de faire la guerre pour récupérer quelques territoires aux français … Au moment même de quitter ce monde, j'ai pensé à ma pauvre femme, seule, avec notre enfant à venir. Je lui avais promis d'être de retour pour la naissance. Alors je suis resté. Ma femme m'a présenté notre petite fille. Ma fille m'a présenté ses fils. Ses fils m'ont présentés leurs enfants, jusqu'à ce que plus personne ne vienne. Jusqu'à… vous. J'ai observé les sorciers et sorcières venir ici, s'instruire, parler de guerres, de paix, de Mages Noires, de morts, de vies, de découvertes et j'en étais lassé. Lassé de les voir m'éviter, de les ennuyer. Vos curiosités ont ranimé le souvenirs des miennes Albus. Elles m'ont rappelées mon caractère d'antan, aussi vif que le vôtre. Mais elles ne sont plus vraiment les miennes.

Lord Richard avait parlé d'une voix froide et triste, encore plus glacial que l'air qui l'entourait.

– Je ne regrette pas, Albus. Cependant, si on me proposait maintenant de mettre fin à mon existence, je dirais oui sans hésiter, ne serait-ce que pour satisfaire ma dernière et unique curiosité.

Albus l'interrogea silencieusement.

– Qu'y-a-t-il après cet ultime voyage ?

Albus avait la gorge nouée et les mains blanches.

– Si je pouvais … Je serai triste de le faire, mais si c'est ce que vous souhaitez et que j'étais en mesure de vous le donner, je vous le donnerai, Lord Richard.

Albus était loyal, persévérant, gentil et bienveillant.

– Vous faîtes honneur à la maison Poufsouffle, mon ami.

Il était fier qu'on le lui dise.

Londres, 26 avril 2030, 17h00, heures de Londres

Cela faisait toujours beaucoup rire Nilam Wallergan quand elle entendait des gens dire d'Albus qu'il était quelqu'un d'introverti, de réservé et de très discret. Parce que par le string de Merlin, elle ne connaissait pas de personnes plus bavardes qu'Albus Severus Potter. Quand il était avec sa famille ou ses amis, il ne la fermait jamais.

Mais là…. Il était vraiment beaucoup trop silencieux.

– Al… Tout va bien ?

Albus sursauta et posa les yeux sur Nilam, qui semblait soucieuse.

– Tout va bien ? lui redemanda-t-elle. Ça fait plus de dix minutes que tu touilles ton thé en fixant le vide.

– J'ai eu une conversation avec Lord Richard aujourd'hui. Sur la mort.

– Oh.

Nilam ne savait quoi répondre à ça.

Albus était une personne lumineuse. La mort, l'obscurité, le malheur… Il ne les avait expérimenté qu'à travers les autres.

Il ne connaissait pas la violence et la véritable noirceur.

– Il est malheureux.

Nilam chassa une mèche de cheveu d'Albus, qui couvrait son front et déposa un baiser sur ses lèvres. Nilam détestait le voir triste.

– Comment on tue les fantômes Nilam ?

– Là, tu me poses une colle, sourit-elle tendrement en passant une main dans les cheveux noirs d'Albus. Tu sais bien que c'est impossible. On ne tue pas les fantômes… Ce qui est mort ne saurait mourir.

– C'est cruel d'exister quand plus rien ne nous attache au monde.

Nilam s'étonnait d'entendre Albus parler de la mort en des termes si banals et légers.

– La vie est une chance, Al.

Merlin elle n'en revenait pas de dire un truc aussi niais et cucul. Le genre de trucs que Rose et Allénore écriraient sur les murs de leurs chambres.

– Bien sûr qu'elle l'est.

Nilam avait tout fait pour que la sienne soit belle et elle y était enfin parvenue. Elle fit glisser ses lèvres jusqu'aux siennes, et répéta son geste jusqu'à embrasser son sourire.

– Salut ! fit joyeusement Allénore en arrivant derrière eux.

Une tasse de thé apparut en face d'elle, ainsi qu'une chaise, sur laquelle elle s'assit. Allénore retira ses lunettes de soleil et les remonta sur le sommet de son crâne, profitant du soleil qui plongeait le Chemin de Traverse dans une ambiance presque estivale. L'un de ses origamis se frotta contre la joue d'Albus avant de faire son nid dans ses cheveux noirs.

– Je suis en retard, pardon, s'excusa Allénore. Mon cours s'est terminé un peu en retard et j'ai été appelée par le clan des vampires d'Écosse. Les rumeurs d'un projet de lois d'élection des membres du Magenmagot leurs sont parvenues et ils semblaient très mécontents de ne pas en avoir eu vent par le Ministère de la Magie lui-même.

Une théière voleta jusqu' à Allénore et la servit. Albus commanda une nouvelle part de gâteau au chocolat et tendit l'assiette à son amie, qui commença à manger, semant pleins de miettes dans ses cheveux.

– Qu'ont donné tes recherches du jour ? demanda Allénore en se tournant vers lui.

– Les artefacts magiques et l'origine de leur puissance magique. Une sorcière autrichienne a créée une flûte qui tuerait ceux qui entendraient un son qui en proviendrait. Elle a été détruite en 1056 et les archives magiques sont assez incomplètes. Cependant, plusieurs sources racontent qu'elle aurait été construite dans du bois de sureau et enchantée par un fantôme.

– Les fantômes ne peuvent plus faire de magie…, fronça les sourcils Allénore.

– Ça n'a jamais été démontré. Peut-être qu'ils le pouvaient avant.

Non, ça ne tenait pas la route et ils en avaient tous conscience…

– Ou peut-être que ce n'était pas un fantôme.

– A quoi penses-tu ?

– Une créature magique… Plusieurs d'entre elles en seraient capables.

– Un ungaikyō, intervint Nilam.

Le brun glissa une main dans la sienne alors qu'elle souriait. Il savait qu'elle masquait un peu de sa peur de sa récente aventure avec Scorpius, Allénore et Louis. Nilam était une dure à cuire, mais elle n'était pas infaillible, et parfois, Albus craignait de l'oublier…

– C'est une possibilité, admit-il.

– Je crois que j'ai déjà lu quelque chose dans l'un des manuels de Louis, sur la magie des ungaikyōs. On devrait faire des recherches à la Bibliothèque magique de Londres ! proposa Allénore avec enthousiasme.

Albus ne put s'empêcher de sourire. Il adorait ces moments qu'il passait avec Allénore… Ces moments où le temps ralentissait et où ils lisaient ensemble pendant des heures, n'interrompant leurs recherches que pour en discuter et élaborer toutes sortes de théories. Rose et Scorpius n'avaient jamais été très fascinés par l'Histoire de la magie. Mais Allénore… Allénore l'avait toujours suivi et épaulé dans sa passion.

– Tu es libre demain ?

– Je te cède ma journée entière si tu fournis les chocogrenouilles.

– Vendu, accepta Albus.

Nilam sourit et fit signe à Scorpius et Rose, qui arrivaient main dans la main, pour qu'ils les rejoignent. Ils devinèrent tous à la tête du blond, que quelque chose n'allait pas.

– Vous croyez qu'il l'a redemandé en mariage et qu'elle refusé ? se moqua un peu Nilam.

– Scorpius sait qu'on lui cache quelque chose depuis des mois. Il ne tardera pas à découvrir ce qu'il s'est passé lors de l'attaque de Londres…, leur apprit Albus.

– Pauvre Rose, la plaignit Allénore. Pourquoi ne lui dit-elle rien ?

– Je n'en sais rien, avoua Albus. Je pense qu'elle croit qu'il n'était pas sérieux et qu'il lui a fait sa demande seulement sous l'effet de l'adrénaline.

– N'est-ce-pas le cas ?

– Non. J'ai aidé Scorpius à choisir la bague il y a des mois…

Allénore et Nilam le frappèrent toutes deux en même et il cria se dégageant rapidement tout en faisant reculer sa chaise afin d'éviter une nouvelle attaque.

– Et tu ne m'as rien dit ! s'offusqua Nilam.

– A quoi ressemble-t-elle ? demanda Allénore les yeux pétillants.

– Je sais pas, c'est une bague. Elle brille et elle est jolie.

– Oh par Morgane…, se pinça le nez Nilam. Tu me feras le plaisir de me laisser choisir la mienne quand on se mariera.

Albus écarquilla les yeux et regarda Nilam, en se demandant si elle avait bien conscience des mots qu'elle venait de prononcer.

– Eh bien… Vous semblez bien agités ! se réjouit Rose en les rejoignant.

Scorpius déposa un baiser sur le crâne d'Allénore avant d'embrasser la joue de Nilam et de saluer Albus en cognant leurs deux poings.

Il piqua la fourchette d'Allénore et prit une bouchée de son gâteau au chocolat.

– Eh ! se plaignirent de concert Albus et Allénore.

– J'en ai besoin, marmonna Scorpius.

– Tu veux du wiskey-pur-feu dans ton thé ? proposa Nilam en lui tendant sa fiasque.

Il l'accepta et en servit un peu trop dans sa tasse, qui se mit à déborder. Il but son thé cul-sec, avant de partir, prétextant avoir besoin d'aller aux toilettes.

Tous se tournèrent vers Rose.

– Je crois qu'il s'est disputé avec son père, expliqua-t-elle.

Rose soupira lourdement. Scorpius ne disait jamais rien mais il était incapable de dissimuler ses humeurs et Rose savait lire en lui et elles… Albus tendit la main jusqu'à ses cheveux roux et y retira se qui semblait être une toile d'araignée. Il tapota le genou de sa cousine avec empathie.

– Je ne sais pas ce qu'il a dans la tête depuis quelques mois…, avoua-t-elle avec inquiétude.

– Personne ne sait jamais ce qu'il a en tête, marmonna Albus.

Scorpius passa une main sur son visage humidifié. Il regarda d'un œil mauvais l'homme qui venait d'entrer dans les toilettes et qui en ressortit tout aussi tôt.

« Tu es un Malefoy, que tu le veuilles ou non. Tu as des responsabilités. Cette famille a toujours eu un siège au Mangenmagot et il en est ainsi depuis sa création. Ce n'est pas demain que ça changera » lui avait dit son père.

Scorpius avait jeté ses couverts et avait quitté la table.

Son père avait une notion du changement bien à lui. Que des nés-moldus soient maintenant Directeur de la justice magique ne semblait plus le déranger, à condition qu'ils s'appellent Hermione Granger et ait fait leurs preuves.

Comme si les gens avaient besoin de faire leurs preuves pour prouver leurs valeurs…

Scorpius n'ignorait rien du passé de son père, qui avait plusieurs fois montrer une antipathie marquée aux personnes qui n'étaient pas issus de famille de Sang-pur. Une antipathie… le mot était faible. Son père avait participé à leurs traques, à leurs maltraitances et à leurs meurtres.

Scorpius avait sûrement un peu idéalisé son père en pensant qu'il s'était affranchi de tout ça. Et peut-être l'avait-il vraiment fait, dans une moindre mesure, au moins par amour pour son fils.

Alors oui, Drago Malefoy avait admit le fait que les nés-moldus soient aussi capables que lui. Pour autant, il refusait l'idée même de ce projet de loi de membres élus du Mangemagot et continuait de brailler qu'il était du devoir de Scorpius de prendre le siège des Greengrass et de reprendre celui de son père.

Merci mais non merci.

Rester assis toute la journée à voter des lois qui ne le concernaient pas ?

Merci mais non merci.

Ça, c'était un truc pour des personnes comme Allénore ou Albus.

« C'est un privilège, Scorpius », avait répété son père.

Justement. Scorpius ne voulait pas de privilège. Il voulait sa vie, ses donjons, ses temples, ses mystères, quelques mauvais sorts, ses amis et embrasser Rose Weasley tous les jours de sa vie.

Alors… Merci mais non merci.

Il inspira un grand coup, se demandant comment il pourrait en parler à ses amis… Il fourra ses mains dans les poches de son pantalon et sourit en sentant la boîte carrée qu'il avait prise ce matin. Il la sortit, l'ouvrit et regarda la bague.

Pour ça aussi, il aurait aimé avoir un peu plus de courage…

Avant que ses amis ne s'inquiètent, il décida de partir. Il s'amusa d'entendre Rose :

– Vous saviez que l'Inde possède une Charte des droits de la vache ?

– Weasley… Ma mère est indienne. Bien évidemment que je sais ça, rétorqua Nilam.

– Tu triches.

– Non.

– Je suis sûre que tu ne le savais pas. La prochaine fois qu'on joue à ce jeu, je veux qu'on le fasse sous l'emprise du veritaserum, exigea Rose.

– Très bien, accepta Nilam.

– Parfait !

– Merveilleux.

– J'aime votre esprit de compétition, souffla Albus. C'est si relaxant…

– Et vous saviez que les poissons Gouramis s'embrassent sur la bouche et que leurs baisers peuvent durer jusqu'à vingt-cinq minutes ? intervint Allénore.

Tout le monde resta silencieux.

Parfois ils se demandaient tous comment Rose et Allénore faisaient pour savoir ce genre de choses…

– Un point pour moi ! se réjouit Allénore.

Nilam éclata de rire. Elle aimait tant la lumière de ces instants avec ses amis…

Scorpius s'appuya contre la devanture du salon de thé de Beth Carrow.

Ils avaient peut-être grandi tous les quatre, Allénore, Albus, Rose et lui, mais ils jouaient toujours et ils comptaient les points à l'infini. « Vous saviez que ? », ce jeu qu'ils avaient inventé, eux qui aimaient tout savoir, les accompagnerait jusqu'à ce qu'ils soient vieux et fripés.

Deux Poufsouffle, deux Serdaigle, quatre amis.

Les règles avaient un peu changé. Les enjeux également. Nilam s'était jointe à eux. Mais les rires étaient les mêmes.

Cette éternité plaisait à Scorpius.

Il les rejoignit et oublia un instant ses soucis, la main de Rose sur son genoux et les sourires de ses amis comme pansements.

Londres, 28 avril 2030, 23h46, heures de Londres

Louis avait appris avec le temps qu'il attendrait toujours le retour d'Allénore avec une appréhension et une angoisse qui ne le quitteraient que lorsqu'elle serait dans son champ auditif ou visuel. Pour patienter, il avait préparé le repas – poisson et frites, l'un des préférés d'Allénore – avait pris une douche et usé de multiples sortilèges ménagers pour changer les draps du lit, chasser la poussière des meubles et cirer le parquet. James et Citlali l'avaient admiré, tous deux en train de prendre le thé, en critiquant bien entendu chaque formule prononcée de la bouche de Louis, qui avait dû supporter leur arrogance commune. D'après James, un recurvite maxima suffisait largement à pulvériser la viande carbonisée de la veille du fond de sa casserole. D'après Citlali, un propetus était bien plus efficace… Ils s'étaient ensuite enfuis de la folie ménagère de Louis, prétextant une sortie à l'opéra. James avait d'ailleurs envoyé quelques signaux d'alarmes à Louis, pensant que son cousin pourrait le tirer de là…

Lorsque la porte de l'appartement s'ouvrit, Louis était en train d'arroser les plantes sur le balcon. La nuit était déjà tombée et le vent d'avril lui rappelait que les beaux jours étaient encore frileux. Allénore était rentrée et les muscles de Louis s'étaient détendus. Il entendit la bouilloire siffler, après quelques longues minutes. Il lui laissait toujours le temps de venir à lui et lorsqu'elle le fit enfin, elle passa ses bras autour de sa taille et il sentit sa poitrine se presser dans son dos. Il joignit ses mains aux siennes, les nouant sur son ventre à lui et la laissa déposer un baiser dans son cou.

Ils restèrent un long moment comme ça.

– Comment tu vas ?

Elle ne répondit pas. Alors il se retourna, trop désireux de la voir, et l'embrassa en passant une main dans ses cheveux. Il sourit d'apercevoir par-dessus son épaule, Gribouille en train de poursuivre Roméo dans le carré d'herbes-à-chat qu'il avait installé deux semaines auparavant.

Louis pouvait deviner aux yeux rougis d'Allénore qu'elle n'avait pas bien dormi et qu'elle avait pleuré.

Il savait que la guérison n'était pas linéaire. Il y avait des hauts et des bas, qui brinquebalaient son estomac et leurs cœurs tant les ascensions et les descentes étaient parfois brutales et imprévisibles. Mais ils les acceptaient. Tant qu'ils étaient ensemble, ils savaient qu'ils seraient capables de tout surmonter.

Louis Weasley et Allénore Rameaux étaient ensemble dans les bons comme dans les mauvais moment. C'était ainsi et pas autrement.

– Je recommence à faire des cauchemars, avoua-t-elle.

– Tu en as parlé à Lev ?

Allénore mâchouilla ses lèvres, nerveuse et secoua la tête. Il noua ses mains autour de sa nuque et fit courir ses lèvres le long de son visage.

– Je sais pourquoi mes mauvais rêves sont revenus.

Louis fronça les sourcils, attendant la suite.

– A Pékin, juste après que nous t'aillons libéré de cette créature… Dans un autre miroir, j'ai aperçu le visage de Han Derrick.

Le cœur de Louis rata un battement. Au fond de lui, il espérait qu'Allénore était en train de plaisanter. Mais Allénore n'associerait jamais Han Derrick et plaisanterie.

– Han Derrick est mort. Nous l'avons tué.

– Je sais très bien ce que j'ai fait, Louis.

– Nous. Nous l'avons tué, insista le magizooliste en la corrigeant.

– J'ai lancé le sectumsempra.

– Je l'ai enfermé dans le caisson des éruptifs. Nous. Nous l'avons tué. Et si c'était à refaire, je le referais encore.

– Tu sais bien que moi aussi…

– Allénore… Derrick est mort. Tu venais de faire face à un épouvantard qui a prit sa forme. Tu as peut-être…

– Lou'. Je sais ce que j'ai vu. C'était le visage de Derrick. Je sais que ce n'est pas logique. Je sais que ce n'est pas rationnel. Mais c'est ce que j'ai vu. Louis… Je crois que Derrick est en vie. Alors, non. Je n'ai pas parlé à Lev de mes nouveaux cauchemars, parce qu'il me ferait probablement interner à Sainte-Mangouste.

Cela expliquait les cernes d'Allénore, son teint pâle et ses doigts de nouveau grignotés.

– Il ne ferait jamais ça.

– Tu sais ce que je veux dire…

Elle quitta le balcon pour se diriger vers la cuisine et commença à tripoter nerveusement une clémentine qu'il avait acheté au marché, même si ce n'était plus la saison. Mais elle aimait tellement ça… Il voulait voir Allénore manger tant elle semblait dépérir ces derniers temps.

– Je sais que ça paraît fou.

– Je te crois.

– Mais j'ai l'intime conviction que c'est son visage que j'ai vu dans ce miroir. J'ai besoin de … J'ai besoin d'être convaincue de sa mort.

– Je te crois, répéta Louis.

Elle écarquilla les yeux, surprise.

– Derrick était intelligent et puissant. Il avait forcément plus d'un tour dans son sac. Il s'agit peut-être d'une malédiction très puissante qu'il t'a jetée, d'un spectre ou d'autre chose, réfléchit Louis. Je n'ai jamais demandé aux Aurors le rapport d'autopsie de sa mort, ni même ce qu'on avait fait de sa dépouille.

– Nous nous étions mis d'accord pour ne jamais le faire. Pour ne jamais savoir qui de nous deux l'avait vraiment tué.

– James et Citlali pourraient nous apprendre ce que nous avons besoin de savoir, marmonna Louis. On ne peut pas alerter Harry. Il …

– Ne me croirait pas.

– Si. Mais il chercherait probablement à nous éloigner de tout ça et c'est la dernière chose que je veux et que tu veux aussi, admit Louis en expirant bruyamment.

Allénore quitta la cuisine pour s'installer à table, devant l'une des assiettes fumantes qui l'attendait. Louis commença à mordiller ses lèvres lui aussi et tourna le dos à la polyglomage. Il était inutile de lui transmettre son stress. Il fit semblant de réarranger la décoration et secoua une boule-à-neige qu'il avait acheté à Paris.

– Je ne veux pas que Han Derrick soit un fantôme qui nous hante, chuchota faiblement Allénore.

– Il ne le sera pas.

Allénore esquissa un demi-sourire, incapable de résister à Louis, ou à son assurance.

– Alors que fait-on ?

Louis pivota sur lui-même et sourit. Il s'approcha d'elle à toute vitesse. Les doigts de Louis prirent un chemin qui fit soupirer et sourire Allénore, tendant les hanches vers lui pour être au plus près de son corps :

– On se régale. On rit. On lit. On parle. On se glisse dans mon lit. On fait l'amour. Pour le reste, nous verrons demain.

Et c'est exactement ce qu'ils firent.

Mais pas nécessairement dans cet ordre.

Et tout aurait pu rester beau et délicieux…

Sauf qu'Allénore se réveilla une fois de plus en pleine nuit, la gorge sèche et le ventre serré. Elle n'avait rien mangé. Elle releva la tête au-dessus du lit et admira Louis, toujours endormi. Un bras replié sous son oreiller, l'autre étiré en travers du côté du lit qu'Allénore occupait, comme pour la toucher. Elle s'assura qu'il dormait, avant de se lever.

Elle s'adossa au mur le plus loin du lit et commença à respirer profondément.

Elle avait envie.

Une seule pilule et tous ses ennuis disparaîtraient.

Elle avait terriblement, horriblement envie.

Des larmes se mirent à couler sur ses joues et ses mains tremblèrent.

Avec un peu de conscidisti, tout irait mieux.

– Qu'est-ce que tu fais ?

Allénore se dépêcha de déglutir et de sécher ses larmes.

– J'ai mal à la tête.

Elle suffoquait.

– Si tu as mal à la tête, c'est peut-être parce que tu ne dors plus, dit-il en tapotant le lit. Reviens te coucher, Nore.

Allénore n'arrivait même pas à se lever.

– J'ai envie de conscidisti, Louis, sanglota-elle dans son aveu.

Elle en avait tellement honte. Louis se redressa, faisant glisser le drap sur son torse nu, vision qui aurait normalement fait rougir Allénore, mais qui maintenant, lui donnait l'impression de ne pas mériter Louis Weasley et tout ce qu'il avait de beau en lui.

Il la rejoignit, d'un pas un peu ensommeillé et il s'assit à ses côtés, en tailleur. Il mit ses mains en coupe sur l'arrière de son crâne et guida doucement son visage vers le sien. Elle se réfugia un peu plus contre lui et il la laissa pleurer en toute intimité, tout près de lui.

– Je t'aime.

Il lui caressa les cheveux jusqu'à ce qu'elle arrête de pleurer et s'endorme, le ventre creux, les veines brûlantes et quémandant la drogue qui pourrait les soulager, mais entre ses bras.

Londres, 29 avril 2030, 4h55 du matin, heures de Londres

Allénore se réveilla encore, une seconde après que Han ne l'ait tuée.

Louis lui frottait le dos et lorsqu'elle se leva précipitamment pour aller vomir, il lui tint les cheveux sans rien dire. Elle était sur le point de se déshabiller, pour prendre une douche, enlever la saleté, le film poisseux et collant qui couvrait sa peau, cette impression dégoûtante d'avoir été touchée et manipulée par un monstre… Elle voulait érafler sa peau jusqu'à la chair. Chasser la peur.

Mais les lumières de l'appartement s'allumèrent d'un coup, et bientôt, à l'embrasure de la porte, apparurent Citlali Tucker et James Potter, leurs baguettes à la main et prêts à intervenir, comme les parfaits et tout jeunes Aurors qu'ils étaient.

Ils avaient dû être alertés par les cris d'Allénore.

Ils se détendirent en constatant qu'il ne s'agissait pas d'une attaque.

– Tout va bien ici ? s'inquiéta James.

– Juste un cauchemar, répondit Louis.

– Han Derrick, articula lentement Allénore.

Elle se leva en tremblant et se rinça la bouche avant de se laisser glisser sur le sol. Elle s'excusa faiblement de les avoir réveillés, sans remarquer le teint pâle de Citlali et le corps de James, de nouveau tendu et prêt à agir pour contrer la menace.

Tout le monde connaissait Han Derrick.

Tout le monde savait que c'était un puissant Mage Noir.

Louis fut le premier à reprendre la parole :

– Allénore…

– Ils sont Aurors, Louis, l'interrompit-elle. Ils nous aideront.

Il écarquilla les yeux surpris. Il y avait deux ans de cela, Allénore avait refusé de prévenir les aurors, et de les informer du fait qu'elle était la fille d'Ed Richards. Aujourd'hui… Elle s'apprêtait à faire confiance.

Et chaque fois qu'Allénore faisait confiance, Louis fêtait ça comme une victoire.

Chaque fois qu'elle demandait de l'aide, Louis voulait l'embrasser.

Peut-être qu'elle le faisait simplement parce qu'elle connaissait bien James grâce aux heures qu'elle avait passé à la colocation, mais qu'importe. Allénore avait fait du chemin…

– Qu'est-ce qui se passe avec Han Derrick ? demanda Citlali en fronçant les sourcils.

La jeune femme avait pris sa posture d'Auror et une expression professionnelle. James en avait fait de même.

– Je l'ai vu. A Pékin. Dans un bar clandestin.

James écarquilla les yeux et Citlali laissa échapper un hoquet de stupeur.

– Pourtant…

– Nous l'avons tué, je sais, souffla Allénore. Mais j'ai vu son visage, enfin son reflet…

– Son reflet ? répéta Citlali en haussant un sourcil.

– Dans un miroir. Il m'a fait un clin d'œil. Je sais ce que j'ai vu. J'étais consciente et ce n'était pas une hallucination.

– Certains miroirs ont le pouvoir de faire ressortir nos plus grandes peurs, commença prudemment James.

– Je n'ai pas peur du sourire narquois et des clins d'œil de Han Derrick, grogna Allénore. Je sais que c'est étrange…

– Qu'est-ce que tu nous demandes vraiment Rameaux ? l'interrogea Citlali.

Malgré sa chemise de nuit sur laquelle Kate Middleton, nouvellement mariée, saluait la foule en compagnie du Prince William, Allénore ne put s'empêcher de la trouver impressionnante.

– L'accès au rapport d'autopsie. Savoir s'il est devenu un fantôme. S'il hante le caisson dans lequel on l'a tué ou s'il a réussi à s'en échapper. Savoir pourquoi j'ai vu son maudit reflet dans ce putain de miroir. Savoir s'il est enterré pour pouvoir creuser moi-même la terre à la recherche de son corps et avoir la confirmation que les gens que j'aime ne risquent plus rien.

– Le rapport est sous-scellé. La procédure nous interdit de le consulter sans raison valable. Il faut en faire la demande au Bureau des aurors, qui examinera ta demande et…, commença James.

– Ok, je lirai ce rapport, accepta Citlali. Et je t'en rapporterai tous les mots.

– Mais la procédure…

– On s'en fiche de la procédure James.

– Je ne veux pas vous obliger à faire quelque chose dont vous n'avez pas envie, fit tristement Allénore. Mais j'ai besoin de savoir.

Citlali s'accroupit à la hauteur d'Allénore et lui sourit.

Elles n'étaient pas vraiment amies. Pas tout à fait et pas encore.

Elles l'auraient sûrement aimé toutes les deux…

Fouiller dans de vieux dossiers pour aider une personne en détresse et qui angoissait au point d'en vomir la nuit, c'était quelque chose que Citlali était capable de faire.

Après tout, dans ce dossier, il n'y aurait jamais que la confirmation que Han Derrick était mort et en train de pourrir lentement dans un cimetière…

– C'est complètement interdit, soupira James.

– Ne t'inquiète pas, assura Citlali à Allénore. Il fera le guet. James adore les lois, cependant il les a seulement apprises pour mieux les enfreindre.

James commença à râler. Allénore sourit, quand Roméo, le rat de Citlali, quitta son épaule pour venir la chatouiller avec ses moustaches.

– Harry acceptera qu'on lise ce rapport de toute façon. Tu le sais pertinemment. Alors autant épargner à Allénore d'autres cauchemars, argumenta Citlali.

James haussa les épaules. Citlali n'avait pas tort…

– Demain, tu seras fixée, promit l'Auror à Allénore.

James bailla de fatigue mais hocha la tête. Il regarda son cousin droit dans les yeux.

Il connaissait Louis par coeur et savait que tout ça n'augurait rien de très bon.

Louis lui assura d'un sourire timide que tout allait bien. Alors James se détendit et hocha la tête.

— On va vous aider.

Et quand les partenaires Potter et Tucker faisaient une promesse, ils s'y tenaient.


Now wait, wait, wait for me, please hang around
I'll see you when I fall asleep