S02E09
J'avais sans doute trouvé le moyen de rendre mon oncle heureux, je pense. C'était une bonne idée en théorie, dans la pratique, ça faisait mal. Je regardai le liquide couler dans le grand verre, relâchant le couteau dans l'évier en grimaçant de douleur. Je savais qu'il ne pouvait pas me mordre parce qu'il allait me tuer mais si je lui donnais un verre de mon sang, ça devrait aller. Non ? J'avais peut-être coupé un peu trop, le sang coulait trop vite et le verre était déjà rempli, je tournai mon bras pour mettre la coupure vers le haut mais le sang continuait de couler toujours aussi abondamment, tâchant mon t-shirt puis mon jean, une petite flaque commençait à se former à mes pieds. Je commençai à paniquer, je ne voulais pas mourir.
Alec apparut dans la cuisine, il regardait ma plaie avec envie, ses yeux pourpres s'assombrirent jusqu'à devenir noirs. Je crois que j'avais fait une grosse bêtise parce qu'il voulait littéralement me manger. Je ne savais pas si j'étais plus effrayée par la mort ou par ce vampire assoiffé de mon sang.
« Aro ! hurla-t-il si fort que j'étais sûre d'avoir perdu un peu d'audition.
Il ne lui fallut que quelques secondes pour apparaître et d'à peine une de plus pour constater les dégâts sur mon poignet, il se précipita de sa vitesse vampirique pour placer sa main sur ma plaie.
« Que ceux s'étant nourri récemment monte la garde. Éloigne-toi de ma fille, Alec.
Alec n'obéit pas jusqu'à ce qu'Aro émette un grondement de sa gorge. Alec disparut aussitôt.
« Qu'as-tu fait ?! Déplora-t-il.
Je grimaçai pour m'empêcher de pleurer, échouai lamentablement.
« Oh mon dieu ! S'écria ma sœur en découvrant la scène.
Je commençai à voir des étoiles et me sentis un peu plus faible. Aro me déplaça pour pouvoir me retenir de son bras libre dans ma chute.
« Pourquoi ? Fit Aro désespéré. Pourquoi as-tu fais ça ?
« Marcus ne mange pas de gâteaux...
J'avais la bouche sèche et plus l'énergie nécessaire pour continuer ma phrase. Je voulais simplement... qu'il soit heureux.
« Il faut appeler une ambulance, paniqua Bella. L'emmener à l'hôpital.
« L'ambulance n'arrivera pas à temps, l'emmener moi-même est impossible elle ne survivra pas au voyage, ses battements cardiaques sont déjà laborieux.
« Non, pleura ma sœur.
Je ne sentais plus vraiment la douleur, je ne sentais plus grand chose, à vrai dire.
« Mon ange, mia figlia, je ne peux pas te perdre, je suis désolé.
Je sentis vaguement qu'on me pinçait l'autre poignet puis une douleur fulgurante me fit reprendre mes esprits. Aro me mordait. Je hurlai pour qu'il me relâche, ce qu'il fit mais la douleur foudroyante continuait, elle se répandait même dans mes veines.
« Je suis désolé, répéta-t-il.
Je le sentis me porter et me déplacer mais la douleur était si intense que je ne pouvais même pas ouvrir les yeux. Je continuai de hurler dans ses bras, serrant les dents, gesticulant pour tenter de calmer le feu qui me consumait. C'était horrible, je changeais d'avis, je voulais mourir. Pitié, faites que je meurs la seconde d'après.
Trois jours. Trois jours de douleurs et de hurlements et puis tout s'arrêta. J'ouvris les yeux sur un plafond gris. Je me sentais étrange mais j'allais bien. J'entendis des pas s'approchant de moi, je me redressai pour découvrir Aro debout près de mon lit. Il s'approcha encore et s'assit sur le lit sur lequel j'avais été mise. Un regard autour de la pièce me confirma que je n'étais pas dans ma chambre. Les murs étaient en pierres lisses, tout comme le sol, il y avait une porte en bois mais aucune fenêtre. Je cherchai la source lumineuse qui me permettait quand même de voir dans une pièce hermétique à la lumière mais n'en trouvai aucune. Je regardai mon poignet à la recherche de ma blessure mais il n'y en avait aucune trace, même pas une cicatrice, pareil pour mon autre poignet, il était indemne.
« Mia figlia, souffla-t-il en caressant mes cheveux. Il se peut que tu sois confuse et que tu aies oublié certaines choses. Sais-tu qui je suis ?
« Tu es mon père, répondis-je. Je me sens bizarre.
« Prends une inspiration.
Je le fis et me sentis tout de suite mieux. Je n'avais pas remarqué que j'avais arrêté de respirer.
« Je me sens différente.
« Tu es un vampire, maintenant.
J'écarquillai les yeux.
« Tu étais sur le point de mourir, je n'avais pas d'autre choix que te transformer.
« On est où ?
« Dans le sous-sol de l'aile est. Tu vas devoir t'entraîner à te déplacer normalement avant de pouvoir sortir d'ici.
« Mais papa, je sais marcher, protestai-je.
Il me sourit comme s'il était fier que je sache faire quelque-chose qu'on apprenait avant nos deux ans. Puis je compris que c'était la première fois que je l'appelais ''papa'' depuis mon adoption. Je me levai pour lui montrer que je tenais même debout. Il se leva à son tour et s'éloigna pour s'adosser près de la porte.
« D'accord, montre-moi, déplace-toi jusqu'au mur d'en face.
Il croisa les bras et souleva un sourcil. Je levai les yeux au ciel et me dirigeai jusqu'au mur. Il arriva si vite que je ne m'arrêtai pas à temps et rentrai littéralement dedans, passant de l'autre côté. Je toussai la poussière que j'avais avalé et époussetai mes habits qui avaient été changés pendant ma transformation. Je me retournai pour voir que j'avais fait un grand trou d'à peu près ma taille dans le mur qui était pourtant épais d'une quarantaine de centimètres. Aro apparut derrière cette nouvelle entrée.
« Pardon, fis-je déconfite.
« Ce n'est rien. Je n'ai pas compté le nombre de fois qu'on a dû réparer les murs du sous-sol.
Je revins dans la pièce en passant par le trou que j'avais fait, Aro me bloqua en m'attrapant les bras parce que je venais de foncer sur lui.
« Il va falloir plus d'entraînements. Recommence.
Il se décala et me laissa faire. Je me concentrai et m'arrêtai juste avant mon lit mais entraînée par l'élan, je basculai vers l'avant, ne pouvant plus avancer mes pieds, je battis des bras pour me redresser. J'avais dû être ridicule mais je n'étais pas tombée sur mon lit.
« Encore.
Je me tournai pour m'arrêter avant le mur mais échouai de plus bel. Je cassai de nouveau le mur, agrandissant le trou béant que j'avais déjà fait sauf que cette fois, je n'avais pas du tout touché le mur. Il s'était cassé avant que je ne le touche. Je revins, trop vite de nouveau mais m'arrêtai à un mètre de mon lit et me tournai vers Aro.
« Je n'ai pas touché le mur, je le jure.
« Oui, j'ai vu. C'est ton don, je savais que tu en aurais un si tu devenais immortelle, il s'est déjà manifesté quand tu étais humaine.
« Ah bon ?
« Je n'avais pas pu t'approcher quand tu as eu peur de moi, tu te souviens ? Quand je suis venu te voir à la clinique.
Il me fallut du temps pour m'en rappeler.
« Je pensais que tu essayais de danser.
« Non, rit-il. J'essayai d'avancer mais ''quelque-chose'' me poussait en arrière. À l'instar de ta sœur, tu as peut-être un bouclier... mais le tiens serait physique.
Il s'approcha des débris du mur et récupéra une pierre, il revint à sa position initiale et me jeta la pierre à toute vitesse, je m'attendis à la douleur bien que le mur ne m'avait pas fait mal. La pierre retourna aussi vite vers lui sans m'avoir touchée et se brisa sur son torse. J'écarquillai les yeux en le regardant essuyé sa chemise.
« De la télékinésie, nomma Aro.
« C'est pas moi ! Me défendis-je.
« Je t'assure que c'est toi, mon ange.
« Je te jure que non, ça ne peut pas être moi, je n'ai rien fait, rien décidé ou quoi.
Aro s'approcha de moi pour me prendre la main et rejoua la scène dans mes souvenirs.
« Effectivement, tu n'as rien contrôlé, remarqua-t-il. Peut-être est-ce subconscient ?
Il relâcha ma main pour ramasser un autre caillou qu'il me jeta dessus.
« Mais ! Me plaignis-je avant que la pierre ne fasse demi-tour.
Il l'évita habilement en usant de sa vitesse vampirique que j'arrivais parfaitement à suivre, maintenant. Je réfléchis à ce truc et finis par me souvenir de la vitre cassée et eus l'explication à ce phénomène.
« Ce n'est pas moi, papa. C'est le fantôme.
« Le fantôme ?
« Le fantôme de ma chambre, quand j'habitais à... euh... pas ici. Ce garçon, mh... Jake! Jake m'a embrassée de force et je n'arrivais pas à m'en défaire alors le fantôme a cassé ma fenêtre pour le détourner de moi. C'est le fantôme, il m'a suivie. Il a dû te pousser quand j'avais peur de vous et il m'a protégée du mur et de la pierre.
« Un fantôme, donc, sourit-il.
« Mh mh, acquiesçai-je en hochant la tête.
« Est-ce que ça vaut le coup de te convaincre que c'est ton subconscient ?
« Non, je t'assure que c'est le fantôme.
« On verra plus tard, alors. Il va falloir que je te parle d'une partie plus périlleuse de ton nouvel état mais non moins nécessaire.
« D'accord.
« Assieds-toi près de moi.
Je m'assis à ses côtés, le lit fit un craquement menaçant parce que j'avais encore été trop vite.
« Tu es un vampire maintenant, il va donc falloir te nourrir comme un vampire. Tu seras bientôt incommodée par ta soif et ça sera instinctif mais je préfère te prévenir pour ne pas que tu sois trop déroutée.
Je fronçai les sourcils.
« Du sang ? Demandai-je.
« Oui.
« Beurk, beurk, non ! Je veux manger des gâteaux... ou même des pâtes. Pas du sang, s'il te plaît.
« Je n'y peux rien, mia figlia. Tu ne peux plus manger de gâteau.
« Si ! Je suis sûre que si.
« Très bien, attends-moi ici.
Il repartit et revint plusieurs secondes plus tard avec un cookie en main. Il me le tendit, je le pris et croquai dedans avec un regard qui voulait dire ''je te l'avais bien dit''. Je recrachai le morceau aussitôt et jetai le cookie comme s'il allait m'empoisonner.
« Berk, c'est pas bon !
Il me regarda à son tour avec le regard ''je te l'avais bien dit'', je plissai les yeux, soupçonneuse.
« C'est un cookie empoisonné ! Ou il est mal fait avec des produits périmés.
« C'est l'un des tiens.
J'aspirai l'air pour rétorquer mais abandonnai, ne trouvant pas d'autre explication me donnant raison. Aro m'incita à me déplacer dans ma chambre provisoire pour maîtriser ma vitesse et retourner à celle, extrêmement lente, qu'utilisaient les humains.
Après des heures à me déplacer, j'arrivai à maîtriser ma vitesse correctement. La gêne que j'avais commencé à ressentir une heure après ma transformation commençait à devenir comme une brûlure et je salivai beaucoup. Je me frottai la gorge en grimaçant. Aro disait que c'était la soif mais je persistai à dire que j'allais très bien parce que je ne voulais pas boire de sang. Du tout.
« Tu as soif, insista-t-il. Il faut que tu te nourrisses, mon ange... parce que bientôt, tu ne contrôleras plus rien et tu te nourriras que tu le veuilles ou non.
Je fis une moue boudeuse mais consentis à avouer que j'avais vraiment soif. Il appela Félix, j'entendis des supplications étouffées par le mur de ma pièce. Félix ouvrit la porte et tira un homme d'une vingtaine d'années dans ma chambre. Son odeur... si je devais la décrire, je dirai qu'elle était alléchante. Je souris et me jetai sur lui pour mordre là où je pouvais. Dans le mouvement, il était tombé en arrière, j'étais à quatre-patte près de lui et j'aspirai le sang, remordis dans son épaule pour en avoir plus, encore et encore. Quand il n'eut plus une seule goutte, il avait arrêté de bouger et de crier depuis plusieurs secondes. C'était bon, c'était vraiment très bon. Je me redressai et m'assis sur mes pieds.
« Merci gentil monsieur, le remerciai-je en tapotant son front.
Je cassai l'os de son crâne, zut. J'avais déchiqueté son épaule, j'espérai ne pas lui avoir fait trop mal. Aro s'agenouilla pour se mettre à ma hauteur, il me maintint le menton pour me forcer à le regarder et sortit un mouchoir de sa poche avec lequel il entreprit de m'essuyer.
« Tu apprendras à te nourrir plus proprement, m'assura Aro en jetant le mouchoir tâché de sang sur le corps du gentil monsieur que Félix attrapa pour l'emmener ailleurs.
Le sang m'avait contentée et avait fait disparaître la brûlure de ma gorge. Au final, mon père avait raison, le sang était un délice indescriptible, je ne l'aurais jamais cru si je n'y avais pas goûté.
« Bella peut venir me voir ?
« Non, mon ange, tu ne peux pas voir ta sœur.
« Mais... pourquoi ? chouinai-je.
« Parce que c'est dangereux pour elle.
Une fois ma vitesse parfaitement maîtrisée, j'attaquai le contrôle de ma force et ce n'était pas une mince affaire. Il me fallut quelques heures supplémentaires pour la gérer. Je pouvais alors quitter le sous-sol pour emménager dans ma chambre qu'Aro avait réaménagée dans ses appartements. Je ne pouvais pas retournée dans mon ancienne chambre car l'aile ouest était réservée aux humains travaillant au château mais maintenant que j'étais vampire, je pouvais vivre avec mes parents adoptifs.
Et bien... voilà. Jamie est un vampire, ne me hurlez pas dessus parce qu'elle a mangé un humain :c j'y suis pour rien, j'étais au cinéma.
Je pense... que vous êtes pressé de voir le prochain épisode. (Je vous l'assure, vous l'êtes)
