S02E10

« Tu ne fais aucun effort, me gronda Afton.

J'étais dans le jardin arrière du château, je m'entraînais à bouger des choses. Du moins j'essayais de m'entraîner à bouger des choses mais personne ne voulait me croire quand je disais que c'était le fantôme qui faisait ça. Je levai les bras pour montrer mon agacement, la lumière du soleil dansa sur ma peau scintillante et je me mis à l'admirer.

« Concentre-toi, Princesse.

« Je ne fais pas exprès.

« Je vais finir par croire que si.

Je me concentrai à nouveau mais fus à nouveau déconcentrée par Alec qui arrivait, il s'arrêta devant moi. Je ne l'avais pas revu depuis qu'il avait failli me manger, dans la cuisine.

« Je sais que j'interromps ton entraînement mais je n'ai pas pu te parler avant de partir en mission. Je voulais m'excuser pour avoir failli t'attaquer et pour t'avoir probablement terrifiée. Je suis vraiment désolé, Princesse.

Maintenant que je connaissais l'attraction du sang tout en sachant qu'à ce moment, le mien coulait hors de mon corps, je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Surtout qu'il avait tout fait pour ne pas m'attaquer puisqu'il avait appelé mon père.

« Tu ne m'as pas attaquée au final, ça a dû être difficile, c'est oublié.

Il me sourit et s'inclina pour me remercier. Afton le chassa prétextant que j'avais déjà bien assez de distractions pour en rajouter.

« Bouge l'un de ces objets, Princesse, m'ordonna Afton.

Je soufflai, agacée.

« Je te dis que ce n'est pas moi, c'est le fantôme.

Il faudrait un nom pour lui.

« Alors demande au fantôme de bouger l'un de ces trucs.

Il y avait une spatule pour détapisser, un outil de jardinage et un pot de fleur vide. Aucun d'eux n'avait bouger jusqu'à présent.

« Fantôme, bouge le pot.

Rien ne se passa.

« La spatule ?

Afton secoua la tête, je grognai de frustration. C'était un fantôme effronté qui se moquait bien de nous. Je décidai de l'appeler Snooky, ça lui allait parfaitement bien. [Snook : pied de nez (affront, bravade)]

« Snooky ! Grondai-je.

« Quoi ? Fit Afton. Est-ce que tu m'insultes ?

« C'est le nom de mon fantôme.

Afton me regarda de travers.

« Je comprends maintenant pourquoi Aro ne voulait pas te transformer, à la base.

« Hé, c'est méchant !

« Toutes mes excuses, Princesse.

Je lui lançai un regard assassin auquel il répondit par un sourire.

« Essaye à nouveau.

J'essayai, encore et encore mais aucun objet ne voulait bouger. La faute leur incombait peut-être, au final.

« Laisse-tomber, abandonna Afton. Allons-voir Aro pour que tu lui expliques à quel point tu es une mauvaise élève.

Je me renfrognai. Ça faisait 27h que j'étais un vampire et j'étais déjà bien accoutumée à mon nouvel état, le seul point qui me dérangeait, c'était cet entraînement. Je ne pense pas vouloir revenir en arrière, j'étais toujours la même, je n'avais pas changé et le sang était bon, au final. J'étais plus pâle et mes yeux étaient devenus pourpres mais j'étais toujours moi.

Je pouvais me balader partout sauf dans l'aile ouest où les humains étaient regroupés quand ils ne travaillaient pas. J'avais toujours un garde pour me suivre et m'empêcher de faire la moindre bêtise. Afton me guida dans le château, à la recherche de mon père, nous le trouvâmes à la bibliothèque d'oncle Marcus, discutant avec ce dernier près d'une étagère. Ils se tournèrent vers nous en nous voyant arriver.

« Alors ? S'enquit Aro.

« C'est la pire élève de l'histoire des vampires, annonça Afton. Elle ne fait aucun effort.

« J'ai essayé, protestai-je. Snooky ne veut pas m'obéir.

« Snooky ? Demanda Aro.

« Son ''fantôme'', expliqua Afton en mimant les guillemets. Elle lui a donné un nom.

« Bon, soupira Aro. Si Snooky ne veut pas obéir, tant pis. Ce n'est pas grave si tu ne contrôles pas ton don, ce n'est pas comme si j'allais t'envoyer en mission, de toute façon.

Je souris malicieusement à Afton. J'avais gagné, je n'aurais pas à subir un second entraînement.

« Je peux voir ma sœur ? Demandai-je sans trop d'espoir.

À chaque fois que je demandai, on me disait non.

« Jamie, je te l'ai déjà expliqué, pas avant que tu ne contrôles vraiment ta soif.

« Mais je n'ai pas soif.

« Tu ne t'es nourrie qu'une seule fois, il faudra quelques semaines pour pouvoir suffisamment contrôler ta soif et plusieurs mois pour la contrôler pleinement.

Je rouspétai dans ma barbe mais Aro me rabroua d'un ''ça suffit maintenant, va dans ta chambre''. Je soupirai et me dirigeai vers la porte puis vers les escaliers me menant au quatrième étage.

-§-

J'ouvris la porte et découvris Bella assise sur son bureau en train de lire le dictionnaire anglais-italien. Elle se leva et se précipita vers moi pour m'enlacer, je la serrai dans mes bras, en contrôlant ma force bien sûr. J'avais (peut-être) désobéi à Aro, comme Afton ne pouvait pas monter au quatrième étage, il m'avait laissée monter seule mais je m'étais arrêtée en route. Ne me dénoncez pas.

« Sœurette, j'ai cru que je ne te reverrai jamais, glissa Bella. Je pensais que tu serais... plus différente mais tu n'as pas changée tant que ça. À part tes yeux effrayants et ton teint pâlot.

Demetri était parti je ne savais où et il aurait été le seul à savoir que j'enfreignais la règle. J'étais consciente que mon père le découvrirait s'il fouillait ma mémoire mais chaque chose en son temps.

« Tu me manquais trop, soupirai-je.

Ma reprise d'air fut sa perte. Littéralement attirée par l'odeur de son sang, je ne pus pas m'empêcher de vouloir y goûter, juste un peu. Je la mordis dans le cou et aspirai le sang, Bella hurla ce qui me fit un électrochoc, je reculai effarée et paniquée par ce que j'avais fait. Elle tomba à genou puis se laissa rouler sur le dos en hurlant, se tortillant dans tous les sens.

« Pardon Bella, regrettai-je. Pardon.

Elle souffrait tellement, c'était insoutenable à regarder. Je savais que c'était pire à vivre. Je m'agenouillai près d'elle et essayai de la maintenir mais je ne savais pas quoi faire.

« Pardon, pardon, pardon, pleurai-je mais aucune larme ne coulait de mes yeux.

Je répétai ce mot mais ce n'était pas assez fort pour montrer à quel point j'avais des remords de lui avoir fait ça, j'avais l'impression qu'un étau comprimait douloureusement l'intérieur de mon buste. La porte s'ouvrit avec fracas, Aro et Marcus entrèrent dans la chambre.

« Jamie... soupira Aro.

Je suppliai Aro du regard, le visage tordu par la peine.

« J'ai pas fait exprès, je voulais pas...

Je me tournai vers ma sœur.

« Pardon Bella.

« Occupe-toi de ta fille, je vais m'occuper de Bella, proposa Marcus.

Aro m'éloigna de ma sœur et Marcus la prit dans ses bras puis il l'emmena avec lui. Aro ne me relâcha que quand son frère et ma sœur ne furent plus en vue. Je pouvais encore entendre ses cris de douleurs, malgré les murs épais qui ne pouvaient pas totalement les étouffer. Je me tournai pour lui faire face, n'osant pas le regarder dans les yeux.

« Je suis désolée, pleurai-je. Me punis pas.

« Je pense que tu as réussi à te punir toute seule.

Pov Edward

L'odeur de poisson envahissait l'air autour du petit marché où je vendais ceux que j'avais pêchés et évidés. Comme chaque samedi matin, par temps nuageux, je participais au marché d'Atammik, un village de 182 habitants situé sur la côte ouest du Groenland. Peu de marchands participaient au marché ici, trouvant le village trop proche de la capitale.

C'était difficile de ne pas plonger et traverser l'océan pour rejoindre l'Amérique et retrouver Jamie mais je devais me montrer patient. Bella m'avait envoyé un message plusieurs jours auparavant pour m'informer que Jamie ne sortirait de la clinique que dans 10 mois. Elle n'était plus à Forks mais restait inaccessible. Quand Jamie m'avait prévenu qu'elle serait hospitalisée en clinique psychiatrique, j'avais trouvé ça injuste. Je l'avais ramenée chez son père pour qu'elle puisse profiter de sa famille jusqu'à ce qu'elle puisse voler de ses propres ailes, si cela était possible. En fin, de compte, elle n'en avait profité qu'à peine trois mois à cause de cette hospitalisation mais c'était un mal pour un bien parce qu'elle avait besoin d'être suivie.

Ça ne serait que dix mois, ça retardera son programme scolaire d'un an et donc nos retrouvailles d'autant. Peu importait quelles études elle décidera de faire, je m'inscrirai aux mêmes cours qu'elle pour rattraper le temps perdu. La seule prérogative était que ses études post-bac se fassent loin de la réserve et de Forks mais Charlie ne souhaitaient pas qu'elles s'éloignent de trop donc Seattle pourrait être un bon compromis.

Dorthe me sortit de mes pensées, c'était une dame d'un âge avancé qui était plus proche de ses mots que de son argent, elle évitait de parler à qui que ce soit. Elle me pointait les poissons qu'elle voulait et payait sans jamais ouvrir la bouche. Cette fois, seulement, elle fouilla dans sa besace et sortit un papier plié en quatre et me le tendit.

Je pris la feuille et l'ouvris. Il s'agissait d'un avis de recherche avec un portrait robot de moi. Il était écrit en Groenlandais : Recherche Edward Cullen, si vous avez des informations, veuillez contacter le 5734 45852. Il y avait une phrase écrit en bas, en tout petit et en anglais : Edward Cullen, je sais qui tu es.

Celui qui me recherchait n'était pas du Groenland puisque ici, je m'appelais Edward Jensen. Il s'agissait forcément d'un vampire qui voulait attirer mon attention mais je n'avais aucune idée de qui ça pouvait être. Je relevai les yeux du papier pour remercier Dorthe. Elle ne savait pas si j'avais fait ou non quelque-chose de mal mais elle m'aimait bien alors elle voulait me prévenir au cas où j'aurais besoin de fuir.

« Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas de problème, la rassurai-je. Alors, je vous sers quoi, aujourd'hui ?

Elle me sourit et pointa les poissons dont elle avait besoin. Je les emballai et les lui tendis. Elle sortit son porte-monnaie et piocha dans ses couronnes danoises.

« Vos poissons sont déjà payés, refusai-je. Un service contre un autre, c'est comme ça que marche le troc, non ?

Elle me sourit et inclina la tête en guise de merci. À la fin du marché, je ramassai mes invendus que j'entassai dans un sac et les emmenai dans les montagnes neigeuses pour les disperser ici et là sur une étendue de plusieurs centaines de kilomètres pour les renards et les ours polaires.

Je m'arrêtai près d'un village pour obtenir du réseau et fis une recherche avec le numéro de téléphone. Comme je l'avais soupçonné, ce n'était pas la police qui avait établi cet avis de recherche. C'était le numéro d'un bar de Nuuk, le Baren kaffe, ouvert de 15h à minuit.

Nuuk, la capitale du Groenland était la plus grande ville du pays, comportant un peu plus de 17 000 habitants. Elle faisait partie des quelques villes ayant des routes goudronnées, la plupart des autres villes et villages n'étaient pourvus que de chemins de terre.

Je me présentais devant le bar après l'heure de fermeture mais la lumière était encore allumée et un homme était assis au bar, regardant son verre sans jamais le boire. Il n'y avait aucune trace du barman. J'entrai dans le commerce, la porte émit un son de clochettes mais l'homme ne se tourna pas, gardant son verre en main en faisant tourner le liquide ambré à l'intérieur.

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« Bonsoir, Charlie.


Si vous aviez d'abord pensé à Logan, le vampire que les filles ont croisé, alors j'ai réussi ma vie.