Chapitre 37 : le tout pour le tout

Le couple était rentré directement au loft, afin de se reposer et de faire le point sur les documents dérobés chez Killian. Emma était fatiguée, mais elle s'obligea à contempler leur butin. Elle ne pouvait détourner son regard de ces feuilles, caressant l'espoir qu'elles étaient la solution à tous leurs problèmes.

- Emma ? Comment te sens-tu ?

- Nauséeuse, stressée, excitée, déterminée.

- C'est rare de te voir aussi prolixe sur ton ressenti.

- La situation est quelque peu grisante, tu ne crois pas ? On pourrait peut-être faire tomber le conseil d'administration et ce vieux roublard de Pan. Et par conséquent, blanchir ton nom. Tu retrouverais ta vie.

- Ma vie, c'est toi, maintenant.

Elles se rapprochèrent et échangèrent un tendre baiser. Puis la blonde l'interrompit, afin de se plonger dans sa lecture. Regina secoua légèrement la tête, amusée par l'état d'esprit de sa compagne, et cuisina rapidement, afin de leur préparer un en-cas pour le dîner. Elles compulsèrent les pages noircies durant trois bonnes heures, avant qu'Emma ne s'effondre sur le dos du sofa.

- Je ne vois plus rien…

- Moi non plus. Il est temps de nous coucher, il fera jour demain.

Elles se levèrent, avant qu'un détail n'attire l'attention de Regina, lorsqu'une feuille tomba à terre.

- Nom de… C'est pas possible…

- Quoi ? Tu as vu quelque chose ?

- Regarde.

Elle ramassa le bout de papier, et le tendit à sa moitié. Elle fit des yeux ronds, et contempla la brune.

- C'est… Je ne sais pas si ça nous servira, mais Killian était vraiment parano pour conserver une preuve pareille, contre Pan. Il ne lui faisait absolument pas confiance.

- Ce qui est une bonne chose pour nous.

- C'est la preuve qu'il t'a remplacée par moi, uniquement pour pouvoir asseoir son autorité et t'écarter, afin que tu ne lui mettes pas des bâtons dans les roues. Regina, c'est la preuve qui te disculpe ! Il s'agit de l'ordre donné à Killian de me placer à la tête de la société immobilière à ta place et de tout faire pour t'évincer !

- Attends, Emma, il y a quelque chose qui me turlupine.

- C'est-à-dire ?

- Jamais Killian n'aurait pu me mettre en porte-à-faux, vis-à-vis de la comptabilité de l'entreprise… Il y a donc une taupe dans ce service, aux ordres de Pan… Peut-être que…

- Tu penses à Ruby ?

- Je n'exclus rien.

- Je ne sais pas… Ce serait vraiment atroce… Et pourtant, j'ai toujours envie de croire en elle. Elle nous a protégées jusqu'au bout. Je ne crois pas…

- Emma, tu sais, je n'étais pas tendre avec mes employés autrefois. Beaucoup avaient du ressentiment à mon encontre, et je ne peux pas leur donner tort.

- Ok, alors, il faut que nous enquêtions discrètement sur le sujet.

- Je ne pense pas que cela sera simple, mais nous n'avons guère le choix. Si Pan, ou le conseil d'administration se doute de quelque chose, nous sommes finies. Tu seras renvoyée, et ça m'étonnerait que tu puisses partir sans être inquiétée, du fait de ta petite enquête.

- Tu as raison, comme toujours… Allons dormir, je ne rêve que de tes bras, Regina.

Cette dernière lui prit la main et la guida vers leur chambre à coucher, afin de profiter de la chaleur de l'autre, dans ce cocon de bonheur qu'était leur appartement.

Le lendemain, Emma repartit au travail, espérant comprendre qui avait été la taupe, qui avait pour mission de faire tomber sa compagne, tandis que cette dernière se rendait chez les Charming, afin de voir Henri, et de leur faire part des dernières trouvailles. Les retrouvailles avec Henri furent bruyantes et fusionnelles. Le bambin partit en trombe de sa chambre, lorsqu'il vit sa mère par la fenêtre, et se précipita dans ses bras, afin de la saluer. Elle le réceptionna et l'étreignit avec amour. Son enfant lui avait cruellement manqué durant son périple, et il lui tardait de le revoir. Il babilla sans cesse durant une bonne demi-heure, avant qu'elle ne soit à son tour happée par Mary-Margareth, qui souhaitait avoir des nouvelles de sa fille. Henri laissa donc les adultes, quelque peu à contrecœur, et Regina fit un compte-rendu détaillé de leurs aventures. Une fois qu'elle eut terminé, elle demanda si Aladin pouvait fouiller du côté de la comptabilité de la société immobilière, et plus spécifiquement sur des ordres de virements louches, ou un dossier qui n'aurait rien à voir avec des chiffres. La requête le fit tiquer, mais il n'en montra rien. Regina reprit son fils avec elle, afin qu'il réintègre le loft avec sa famille. L'enfant se rendit peu de temps après à l'école, et Regina partit travailler à la boucherie à son tour. Le quotidien reprenait progressivement ses droits.

Emma travaillait d'arrache-pied depuis son retour au bureau. Les parapheurs et autres contrats s'étaient entassés sur sa desserte, prévue à cet effet, et elle craignait maintenant que son stylo ne rende l'âme, à force de signer, ou sa main, une crampe pointant déjà le bout de son nez. Elle souffla et replaça le douzième parapheur de la matinée, afin qu'il soit débarrassé par sa secrétaire. Cette dernière semblait passablement soulagée de la voir revenir, et avait été aux petits soins pour elle. Elle avait maintenant toujours une tasse de café chaud à portée de main. Elle sortit de la pièce et se rendit dans la salle de convivialité, afin de s'acheter une viennoiserie. Elle avait faim, et ne se sentait plus le courage d'affronter encore un de ces contrats à rallonge, sans une bonne dose de calories. Elle tomba alors sur Prof, qui avait visiblement eu la même idée qu'elle.

- Bonjour, comment allez-vous, madame Charming ?

- Fort bien. Et vous-même ?

- Un peu de rhumatisme, mais avec toute cette pluie, quoi de plus normal ?

- Bien sûr. Tout se passe bien dans votre service ?

- Oui, même si Ruby nous manque à tous. Sa pétillante présence d'autrefois crée aujourd'hui un grand vide.

Il soupira, tout en regardant ses chaussures. Emma se retint de le prendre par les épaules, afin de le réconforter elle était la directrice, et cela aurait très certainement été malvenu. Face au malaise de l'homme, Emma tenta une autre approche.

- Dites-moi, Prof, vous travaillez ici depuis un sacré bout de temps, si je ne m'abuse…

- Oui, depuis dis-sept ans, madame.

- Quelle longévité ! Et sauriez-vous qui pourrait me renseigner, discrètement, sur les employés qui avaient accès au serveur privé ?

- Les serveurs privés ? Ah oui, les employés ne les utilisent pas, seulement les patrons.

Emma réfléchit à toute vitesse. Donc, la personne qui avait rédigé le contrat mettant en cause Pan et Killian, et qui avait également écrit l'ordre d'écarter Regina était Pan lui-même ? Cela lui parut peu probable. Il ne ferait jamais le menu boulot. Une idée lui traversa l'esprit, mais cela la fit durement déglutir.

- Alors, les secrétaires ont aussi accès à ces serveurs, afin de s'occuper de leur administration ?

- Oui, tout à fait. Enfin, pas toutes. Seulement celles du conseil d'administration, de monsieur Pan et la vôtre, si ma mémoire est bonne.

- La mienne ?

- C'est la seule qui soit encore en poste au sein de l'entreprise. C'est assez drôle d'ailleurs. Elle a l'air jeune, mais je crois qu'elle a surtout une bonne crème anti-rides.

Et sur cette boutade, il se mit à rire doucement.

- Veuillez m'excuser, c'était tout à fait déplacé.

- Pas de mal, et vous avez aussi répondu à ma question. Merci. Et que ça reste entre nous.

Comment cela avait-il pu être aussi simple ? Une discussion, provoquée par un excès de gourmandise, avait très certainement tout débloqué. Il lui fallait maintenant s'introduire dans l'ordinateur de sa chère secrétaire, qui était un peu trop collée à ses basques, à son goût.

- Je vais rester travailler tard, ce soir, mon petit doigt me le dit.

Emma passa sa journée enfermée dans son bureau, guettant l'heure où tout le monde rentrerait à la maison, afin de fouiller à son aise dans l'ordinateur de sa secrétaire zélée.

Une fois les employés partis, Emma patienta encore une petite heure, avant de sortir de son antre. Elle avait envoyé un message à sa compagne, afin de la prévenir, sommairement, de son plan et de ne pas l'attendre de sitôt. Elle se faufila au poste de sa secrétaire et entra les mots de passe qui forçaient le système. Elle remercia intérieurement Aladin, qui avait toujours ce genre de couteaux suisses en poche. Elle perdit un temps infini dans les méandres des différents répertoires, avant de tomber, presque par hasard sur celui qu'elle soupçonnait cacher des documents compromettants. Elle tenta d'entrer plusieurs fois dans les dossiers, mais ils étaient cryptés, et la clé de déchiffrement d'Aladin ne fonctionnait pas sur eux. Elle perdit son sang froid, et tapa sur la machine, qui ne lui répondit que par un grincement désapprobateur. Puis, elle se souvint que sa secrétaire pestait souvent contre les mots de passe à retenir. Elle avait toutes les difficultés du monde à s'en souvenir, et avait tout soigneusement consigné dans un calepin. Elle chercha fébrilement ledit calepin, qu'elle trouva au fond d'un tiroir, sous une montagne de dossiers et de bricoles. Il était plutôt bien caché, elle devait en convenir. Elle le feuilleta rapidement et trouva ce qu'elle désirait. Elle en trembla. Sa souris faisait presque des bonds sur l'écran, tant elle était nerveuse. Elle lut les documents rapidement, mais ne se trompa pas quant à leur nature. Il s'agissait bien des documents trouvés chez Killian. Elle se redressa, et accusa le choc. Sa secrétaire… Elle savait maintenant comment Regina avait été si facilement trahie. Décidément, le conseil d'administration avait le bras long, et beaucoup de personnes à sa botte. Trop, même. Elle surprit un élan de haine montant de sa poitrine, et provoquant un grognement sourd. Il fallait qu'elle garde précieusement toutes ces informations. Elle fit des captures d'écran, et les imprima, puis les sauvegarda sur le disque dur d'Aladin, avant de tout refermer et de partir en catimini, le cœur battant à cent à l'heure. Elle héla un taxi, et lui donna l'adresse du pub d'Auguste. Elle avait besoin de parler à une personne neutre, dans cette histoire, et elle ne pouvait plus attendre une minute.

Emma entra dans le pub sans vraiment remarquer que les clients se faisaient déjà rare, à l'intérieur. Elle fit le tour des yeux, avant de trouver un siège à sa table fétiche. Elle eut un pincement au cœur, en sachant que plus jamais elle ne la partagerait avec sa complice, Ruby. Elle croisa le regard du patron, qui fut surpris de la voir ici, à une heure aussi tardive. Il se dirigea vers elle, après avoir salué deux clients qui partaient.

- Bonsoir Emma, ça fait longtemps que tu n'es pas venue dans mon bar…

- Bonsoir Auguste. Je sais, je suis impardonnable, mais j'avais besoin d'un endroit où je me sente un peu chez moi, en sécurité.

- Tu sais que tu as un immense appartement pour ça, ainsi qu'une magnifique brune à tes côtés ?

- Oui, mais… Parfois, on doit partager avec quelqu'un d'autre, pour obtenir un avis éclairé. Ou juste une oreille attentive… Je ne sais pas.

- Emma, que se passe-t-il ? Ça me fait plaisir de te voir, hein, ne te méprends pas. Mais je sens que tu ne me dis pas tout.

- Je peux les faire tomber.

- De quoi tu parles ?

- Du conseil d'administration.

- Tu as réuni les preuves nécessaires ?

Devant l'air incrédule du tenancier, la blonde posa sa main sur son bras.

- Oui, j'ignore si cela sera suffisant, mais je ne peux plus attendre. Ou bientôt, ce sera mon cadavre, ou celui de Regina, que l'on trouvera…

- Oh, Emma…

- Elle me manque, tu sais…

- Oui, à moi aussi. Parfois, quand la porte s'ouvre, j'ai l'impression d'entendre sa voix. Mais c'est une autre femme, avec une voix un peu similaire. Ça me brise systématiquement le cœur.

- Nous sommes de grands sentimentaux.

- Et alors, que comptes-tu faire, maintenant ? Tout envoyer à la police ?

- Oui. J'en ai marre d'avoir peur, et de me faire rouler dans la farine par le vice-président. Il est temps qu'il comprenne qu'il n'a plus les cartes en main.

- Je suis ton homme ! Que dois-je faire ?

- Hum. Je vais monter le dossier, mais j'aimerais te donner une copie, au cas où…

- Qu'il t'arrive un truc ?

- Oui.

Le visage d'Auguste exprima une profonde détresse, à l'entente de cette sentence. Emma se reprit.

- Si jamais les documents disparaissent avant que la lumière ne soit faite sur cette affaire, je souhaiterais que tu prennes le relais pour tout exposer à la presse.

- Les journalistes ? Je ne comprends pas.

- Si je ne réussis pas, c'est que la police est corrompue… Donc, il ne reste que le contre-pouvoir de la presse.

- Ok, je vois. Fais attention à toi, Emma.

- Bien sûr, j'ai une famille, je ne suis pas complètement stupide.

Le grand gaillard lui sourit, et lui fit une tape amicale dans le dos.

- Alors, que fais-tu encore ici ?

- Tu as raison, je file !

La femme d'affaires se leva, et au moment de franchir la porte, elle se retourna.

- Et tu sais quoi ? Je n'ai même pas soif !

Elle sortit sur cette annonce, fière d'elle. Elle héla un taxi, et s'engouffra dedans, afin de rejoindre sa dulcinée.

Le week-end suivant, elle se rendit avec sa famille chez ses parents, afin de tout mettre en musique. Elle empila les preuves qu'ils possédaient, et en fit le tour, avec une nervosité palpable. Regina semblait presque dans un autre monde, ne comprenant pas que tout puisse enfin s'arrêter, et redevenir plus simple pour elle. Aladin sauvegardait un maximum de données, sur un serveur crypté, mais était également nerveux.

- Emma, je pense que c'est trop tôt, on ne va pas réussir à les abattre avec si peu de preuves…

- Mais on en trouve pas. Il n'y a aucun panneau rouge qui indique : je suis un commanditaire de meurtre, un connard fini et un manipulateur financier et psychologique ! Je mérite la taule ! On va faire avec ce qu'on a !

- Certes… Mais ce n'est pas une raison pour être aussi sarcastique.

- Désolée.

Mary-Margareth et David firent leur apparition, les sourcils froncés et l'air renfrogné. Ils s'assirent et joignirent leurs mains, David prenant enfin la parole.

- Les enfants, nous venons de recevoir par la poste une invitation quelque peu… Inattendue ?

Tous levèrent les yeux vers eux, impatients de connaître la suite.

- Un gala de bienfaisance de ton entreprise, Emma, où nous sommes conviés, en tant que mécènes reconnus dans le monde de la petite enfance. Ça sent le traquenard à plein nez.

- Décidément, il a toujours un coup d'avance, on dirait.

Emma sentit son échine se hérisser d'angoisse. Elle ne pouvait pas voir ses parents, et bienfaiteurs, se faire prendre dans les griffes de cet abominable personnage. Puis une idée lui vint.

- C'est prévu pour bientôt ?

- D'ici une dizaine de jours.

- Parfait.

Tous fixèrent la blonde bizarrement, comme si elle avait perdu l'esprit.

- J'ai un plan. Et une vengeance à terminer.

Et elle exposa son idée, les autres trouvant cela risqué, mais passablement culotté. Emma prit le dossier papier mettant en cause le conseil d'administration, pour une bonne moitié en tout cas, et Pan, son ennemi intouchable. Elle prit les clés de la berline de ses parents, et partit poster son enveloppe. Avant de la laisser tomber dans la boîte aux lettres, elle lut une dernière fois sa destination : poste de police central, service financier. Elle soupira, la lâcha, et reprit le volant. Les dés étaient jetés.

La semaine s'étira lentement, Regina était à fleur de peau, sursautant au moindre coup de fil. Elle faillit faire un arrêt cardiaque, lorsque la sonnette de l'entrée tinta. Ce n'était que le portier, qui apportait les robes de soirée à ces dames. Il en fut quitte pour un regard noir et glaçant de la brune, et de plates excuses de la part de la blonde.

- Détends-toi, tu vas finir par imploser… Ou tuer quelqu'un. Je ne sais pas encore.

- Je ne peux pas m'en empêcher, Emma. J'ai déjà été embarquée par les flics au petit matin, et j'ai peur que cela se reproduise. Je ne veux plus endurer ce genre d'épreuves, j'ai à nouveau beaucoup trop à perdre. Si j'allais en prison ? Je suis certaine que Pan et sa clique ont une parade qui m'incrimine directement. Ou toi.

Regina explosa en sanglots, se sentant ébranlée par cette attente insoutenable. Sa compagne s'approcha doucement,et l'enlaça.

- Je ne permettrai pas que l'on te touche. Ils me passeront sur le corps avant !

Cette tirade la fit sourire, malgré la terreur qui s'emparait d'elle progressivement. Regina avait maintenant un preux chevalier à ses côtés, même si son armure était aussi fissurée que son estime d'elle-même.

Le soir du gala arriva enfin, au grand soulagement d'Emma, qui ne savait plus quoi inventer pour rassurer sa belle. Regina était habillée d'une magnifique robe fourreau noire, qui la couvrait jusqu'au-dessus des genoux. Elle avait relevé ses cheveux en un chignon sophistiqué, et Emma ne pouvait s'empêcher de la reluquer allègrement. Elle s'approcha de la brune, tout en enroulant une main autour de l'abdomen.

- J'ai hâte que cette soirée se termine enfin, pour te faire l'amour. Tu es particulièrement en beauté ce soir.

- Merci. Mais je me sens nerveuse.

- Moi aussi, mais te voir ainsi habillée est un remède naturel à mon anxiété.

- Tu es bête…

Elles rirent de cette situation, et partirent avec Henri, qui serait gardé par Aladin dans la demeure Charming. Une fois parvenue chez les parents de la blonde, Henri bondit dans les bras d'Aladin, réclamant déjà une revanche aux jeux vidéos. Elles se joignirent à Mary-Margareth et David, qui sortirent la berline pour l'occasion. Le trajet fut rapide, et le plan s'élabora plus en détail. C'était un pari risqué, qui pouvait se retourner contre elles, mais elles n'en pouvaient plus d'attendre le prochain coup fourré du vice-président.

Une fois parvenus devant la salle de gala, ils se séparèrent, le couple Charming immédiatement accaparé par les organisateurs de la soirée, afin de faire un petit discours lors du dîner. Emma et Regina se fondirent dans le décor, repérant, au bout d'une bonne dizaines de minutes, Pan et sa clique, qui se pavanaient devant un énième directeur de multi-nationales. Emma fronça les sourcils, mais fut sortie de ses pensées noires par sa compagne, qui la tira par le bras, afin de prendre une coupe de champagne. Elle lui murmura à l'oreille.

- Doucement, inutile de se dévoiler trop vite. Notre plan requiert un minimum d'effet de surprise.

- Je sais, mais c'est plus fort que moi… Quand je le vois, j'ai envie de lui rentrer dans le lard !

Regina sourit. Sa moitié était bien du genre à prendre le taureau par les cornes, lorsqu'elle était énervée. Et Dieu sait que cet homme avait le don de lui taper sur les nerfs ! Elles papotèrent avec des connaissances de sa famille, Emma présentant ainsi sa compagne, qui fut ravie de cette rencontre. Puis elles s'installèrent à leur table, lorsque le signal du dîner fut donné. Alors que l'entrée était servie, Les Charming furent invités à prononcer quelques mots pour ce gala de charité, étant de notoriété publique qu'ils étaient des bienfaiteurs importants. Ils furent assez brefs, ce qui donna le signal à Emma pour les rejoindre sur scène. David reprit la parole.

- Chers amis, je ne vous présente plus notre fille, Emma, qui dirige une importante société immobilière, dans notre belle cité. Je lui laisse la parole, car je crois qu'elle a un mot à vous dire.

La blonde déposa un baiser sur la joue de son père, qui se posta derrière elle, avec sa femme, afin de la soutenir. Elle prit le micro, et salua la foule, un sourire en coin aux lèvres.

- Bonsoir et merci de nous accueillir dans un tel endroit, sachez que je le rachèterai, si l'occasion m'en était donnée !

Une salve de rire parcourut la salle, suite à sa boutade. Elle reprit alors plus sérieusement.

- Mais j'aimerais vous parler d'une chose, qui va peut-être vous interloquer. Néanmoins, parmi vous se cache un malfaiteur patenté, un tueur donneur d'ordre, et je ne pense pas que votre générosité doive être entachée par cet homme et ses âmes damnées.

Un silence de mort accueillit ces allégations, alors qu'Emma cherchait du regard Pan. Lorsqu'elle le trouva enfin, il avait clairement blêmi, ne pressentant pas le scandale qui allait éclater devant toute la haute société de la ville.

- Figurez-vous que cet homme, qui est présent ici ce soir, adore manipuler l'argent, à des fins malhonnêtes, afin de s'enrichir, mais aussi les gens, n'hésitant pas une seule seconde à s'en débarrasser lorsqu'ils deviennent gênants. Si je me permets de tout vous dévoiler ce soir, c'est pour la simple et bonne raison que j'ai réuni suffisamment de preuves pour l'incriminer directement, lui et sa clique de voleurs ! De ce fait, il ne pourra plus s'en prendre à ma famille, ou à ma compagne, pour nous faire taire.

Elle vit Pan devenir rouge de colère, alors que son père posait une main sur son épaule, afin de la soutenir. Elle souffla et reprit son monologue.

- Sous le prétexte fallacieux de faire repartir l'économie d'une petite ville, via la reconstruction de bâtiments de pêche, cet homme a blanchi de l'argent, tout en laissant les habitants de Storybrook dans une situation catastrophique. C'est leur enlever le pain de la bouche, monsieur Pan ! Oui, c'est bien de cet homme qu'il s'agit. Il n'a pas hésité à faire viré Madame Mills, afin qu'elle cesse d'avoir de plus en plus d'emprise sur « sa société ». Car il pense réellement qu'elle lui appartient. Or, c'est une entreprise cotée en bourse, qui appartient donc à ses actionnaires et investisseurs, n'en déplaise à ce monsieur. Et lorsque les personnes deviennent un danger pour lui et le conseil d'administration, il s'en offusque et les fait disparaître de la surface de la Terre. Dois-je vous rafraîchir la mémoire et prononcer le nom de Ruby ? Elle est morte, alors qu'elle m'aidait à faire la lumière sur vos malversations. Vous pensiez que j'étais vulnérable, et donc prête à vous obéir comme un bon toutou… Grossière erreur, cher monsieur Pan. Mais c'était sans compter sur une femme admirable, qui m'a redonnée envie de vivre et de me battre, pour que justice soit faite. J'ai failli en mourir, mais aujourd'hui, je suis décidée à vous faire tomber, quoi qu'il m'en coûte. Sachez, si vous décidez d'abattre votre ire sur les miens, qu'un dossier complet est déjà entre la mains de la police.

Elle baissa alors la tête,a fin de reprendre son souffle et calmer le tremblement qui la guettait. Un mugissement se fit alors entendre dans l'assemblée.

- Comment osez-vous, petite écervelée ?!

Pan était debout, un doigt vengeur pointé en direction d'Emma. Elle releva la tête et se tint droite, hermétique à ces menaces. Ses parents se postèrent de chaque côté de la blonde, qui les remercia intérieurement. Elle reprit le micro.

- Monsieur Pan, il est inutile de vous ridiculisez en prime. Un dossier épais comme mon bras vous accable. Blanchiment d'argent, chantage, détournement, abus de biens sociaux, et j'en passe. Qui plus est, vous êtes le commanditaire du meurtre de Ruby, et je ne vous cache pas que je ne vous le pardonnerai jamais. Vous avez voulu m'éliminer aussi, mais une simple rossée, certes difficile à encaisser, aura calmée vos ardeurs. Voulez-vous que nous parlions de Belle French ? Elle aussi, a failli y passer, à cause de votre homme de main, Leroy ! Mais grâce au ciel, il pourrit en prison à l'heure actuelle !

- Tout cela n'est que pure diffamation, et je m'en vais porter plainte, et vous destituer de votre emploi par la même occasion !

- Cela me paraît être irréalisable pour vous.

- Pardon ?! Je suis le chef, encore ! Alors que vous n'êtes qu'une blonde crétine et faible !

Une main s'abattit sur l'épaule de Pan, l'obligeant à s'asseoir directement, sans autre cérémonie.

- Tout doux, raclure, où je te passe l'envie de brailler comme un âne.

Pan tenta de se détourner, afin de connaître l'identité de l'homme qui osait le malmener ainsi, mais il ne parvint qu'à se faire mal, tant la poigne du gars était d'acier. Pan suffoquait tant il était hors de lui. Puis une belle femme vint aux côtés d'Emma.

- Je vous présente Belle French. Si vous aviez des doutes, mesdames et messieurs, je suis certaine qu'elle saura vous convaincre. Oh, et monsieur Pan, c'est le shérif Humbert qui vous tient, en attendant les autorités fiancières, que j'ai contacté avant de venir ici. Ils ne devraient plus tarder.

- Je vais vous traîner devant les tribunaux, et vous allez regretter d'être née, petite conne !

David reprit la parole, devant une assemblée médusée.

- Monsieur Pan, si j'étais vous, je me tairai, vu le peu de choses intéressantes que vous avez encore à nous apporter, sauf si ce sont des aveux en bonne et due forme. Le reste ne m'intéresse pas, et si vous continuez à insulter ma fille, je vais me charger personnellement de vous faire vivre un enfer. Mes avocats sont particulièrement retors.

Beaucoup sourire à cette affirmation, car la réputation du cabinet d'avocats de la famille Charming n'était plus à prouver. Lorsque la police débarqua dans la pièce du gala, un joyeux chahut se mit en branle, alors que Pan et une bonne moitié du conseil d'administration, qui l'avait suivi dans cette soirée mondaine, étaient menottés par la police. Regina reconnut l'inspecteur de la brigade financière, qui l'avait presque harcelée, il y a quelques mois de cela. Elle soupira, en comprenant qu'il n'était pas là pour elle. Néanmoins, lorsque leurs regards se croisèrent, il fut surpris de la trouver là, mais ne s'avança pas vers elle. Elle le suivit des yeux, avant de retrouver Emma, qui se blottit contre elle, toujours en train de planer, du fait de l'arrestation de Pan.

- Regina, je veux rentrer.

- Moi aussi, et la police ne semble guère faire de cas de nous, c'est le moment idéal.

Elles rejoignirent les Charming, qui étaient en grande conversation avec plusieurs de leurs amis, et qui expliquaient la raison de ce manège. Plusieurs d'entre eux opinèrent du chef, tandis que la plupart étaient scandalisés par les manœuvres de Pan et de ses sbires. Emma et Regina prirent congés auprès de l'assemblée, et hélèrent un taxi, afin de retourner dans leur appartement. Les nerfs d'Emma lâchèrent sans sommation, et elle s'écroula sur sa compagne, sanglotant de soulagement.

- Mon dieu, je l'ai fait. J'ai mis fin à ce cauchemar… Je ne pensais plus cela possible… Mais ça y est…

- Ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué…

- Je sais.

En bas de leur immeuble, elles restèrent un instant sur le trottoir, à contempler les étoiles. Un léger vent s'était levé, les faisant frissonner. Une lune éclairait la ville, ainsi que leur avenir. Elles montèrent jusqu'au loft, et s'écroulèrent sur le lit, Emma déjà à moitié dans les vapes. Regina remonta la couette sur elles, après avoir déshabillé la blonde.

- Dormons un peu, je crois que la journée de demain sera mouvementée.

Elles s'endormirent, soulagée de la soirée, qui s'était déroulée sous les meilleurs auspices.