Finalement, je me suis décidée à écrire une histoire entre Orphée et un guerrier divin. Initialement, c'était une proposition de Miss MPREG qui ne m'a jamais réellement quittée l'esprit et qui m'a fait réfléchir.
Cependant, je ne connais pas bien l'arc Asgard : je l'ai vu, il y a longtemps et je ne l'ai pas revisionné. C'est ce qui m'a fait hésité à l'écrire. Au final, je me suis motivée à le faire, comme ça je peux enfin me sortir l'idée de la tête et passer à autre chose XD
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas.
Briser la glace
Asgard était une contrée recouverte de neige et de glace. Partout où on allait, les paysages étaient enrobés d'un manteau blanc immaculé. Le silence et le froid y régnaient en permanence, comme si le temps s'était figé.
Du moins, c'était ce qu'avait constaté Fenrir à son réveil, après avoir été ramené à la vie. Dix ans s'étaient écoulés depuis sa mort et Asgard n'avait pas changé. A la réflexion si, il y avait eu du changement : Hilda avait recouvert sa personnalité bienveillante et pacifique, et avait repris son rôle de grande prêtresse d'Odin.
Elle avait pris le temps d'expliquer à tous ses guerriers ce qu'ils avaient manqué durant cette dernière décennie. Apparemment, le changement de personnalité de Hilda avait été causé par Poséidon qui lui avait passé de force l'anneau des Nibelungen.
Cependant, ce même dieu s'était lui-même fait manipuler par un dénommé Kanon. Cet homme avait été la source de leur combat contre les saints d'Athéna et donc de leur mort.
Ils n'auraient jamais dû combattre et mourir, ils n'avaient rien à voir avec les conflits entre les dieux du Panthéon grec. Cet affrontement qui n'aurait jamais dû avoir lieu avait été déclenché par les ambitions d'un homme. Au final, l'ambition de cet homme avait causé sa propre chute. Et cela démontrait, encore une fois, la stupidité et la folie des humains. Fenrir avait été, une fois de plus, déçu par l'humanité. Cette histoire ne faisait qu'accroître sa misanthropie.
Il n'y avait pas eu que cela. Peu de temps après la bataille entre les chevaliers de bronze et les marinas, la guerre sainte entre Athéna et Hadès avait été déclenchée par le réveil des spectres. Guerre qui s'était soldée par la victoire de la déesse, grâce à ses fidèles chevaliers.
Puis, il y avait eu de longues négociations pour un traité de paix entre les déités. Suite à des échanges et des réunions qui avaient paru interminables, ils avaient enfin réussi à trouver un accord qui avait su satisfaire tous les partis. La résurrection des fidèles guerriers était l'un des termes du traité, celui qui avait demandé le plus de temps et d'arguments avant d'être concédé.
Ainsi, tous les combattants décédés, lors de ces différentes batailles, de tous les Panthéons confondus, s'étaient vus accordés une seconde vie par la grâce divine.
Au début, Fenrir ne voyait pas en quoi ce nouveau souffle avait été une bénédiction. Après tout, dans la mort, il n'avait plus à côtoyer les autres humains. Et maintenant, il allait de nouveau être entouré d'eux. C'était ce qu'il avait initialement pensé.
Toutefois, il fut satisfait de voir que sa patrie n'avait pas changé. Il avait retrouvé Ging et le reste de sa famille adoptive, ainsi que sa maison. Quelque part, cela avait été un soulagement : il allait pouvoir reprendre le cours de son ancienne vie. Ainsi, il retourna vivre auprès de sa meute dans la toundra, sans aucune présence humaine. Une fois de plus, c'était ce qu'il avait imaginé.
Effectivement, il avait mené une existence recluse jusqu'à l'instant où quelque chose l'avait perturbée.
Un jour, alors qu'il chassait, l'Asgardien entendit un son inhabituel provenant de la forêt. Il reconnaissait ce bruit : c'était celui de l'instrument qu'utilisait Mime.
Néanmoins, il y avait tout de même des différences, le son était semblable mais il ne reconnaissait pas la musique. Il avait déjà eu l'occasion d'écouter le jeu de son compatriote, Mime jouait surtout des ballades folkloriques et ce qu'il entendait actuellement n'en n'était pas. Il en déduit donc que ce n'était pas lui. De toute façon, que ferait-il, seul, dans ces terres reculées ?
Mais alors, qui était le musicien impudent qui osait venir sur son territoire ? Furieux à l'idée qu'un être humain empiétât dans son domaine, le guerrier divin fonça tout droit vers la source de la musique. Lorsqu'il arriva, ce qu'il vit le stupéfia.
Il y avait un homme à la chevelure bleu clair, vêtu d'une armure d'argent, assis au milieu de la forêt enneigée, entouré d'animaux et surtout des loups. Et pas n'importe quels loups, c'étaient Ging et sa meute. Ils l'écoutaient jouer, couchés à ses pieds, paisiblement. C'était un spectacle époustouflant à voir.
C'était comme si toutes les créatures vivantes s'étaient arrêtées de respirer pour profiter pleinement du son de la lyre et du talent du musicien. Comme si la musique avait suspendu le temps et permis de créer un cadre idyllique et harmonieux, empreint de quiétude.
Fenrir n'avait jamais vu Ging aussi serein aux côtés d'un autre être humain que Hilda et lui-même. Il n'avait également jamais ressenti un tel attrait envers ses semblables depuis la mort de ses parents. Et pourtant… Voir cet homme cohabiter placidement avec la faune et la flore lui provoquait un certain émoi. Ou était-ce à cause de cette mélodie aussi poignante qu'ensorcelante ? Il ne le savait pas, mais ce dont il était certain, c'était que cet homme était loin d'être ordinaire.
Même lorsque les dernières notes achevèrent le récital, l'ambiance demeura paisible. L'harmonie ne s'était pas brisée, l'effet enchanteur de la musique persista. Ce fut l'Asgardien qui y mit fin en s'avançant. Les animaux reprirent conscience de leur environnement et s'éparpillèrent rapidement, à l'exception des loups. C'était à ce moment-là que le musicien remarqua sa présence.
« Qui es-tu ? Et que fais-tu ici ? demanda sèchement Fenrir.
— Je me nomme Orphée, répondit calmement son interlocuteur. Ce que je fais ici ? Disons que je me suis retrouvé là par hasard. Je voyage au gré du vent.
— Cette forêt est mon territoire ! Aucun humain n'est autorisé à y pénétrer !
— J'ignorais que ce lieu était un domaine privé, je vais partir sur le champ. Veuillez m'excuser de la gêne occasionnée.
— Attends ! Qu'as-tu fait à Ging et les autres ? C'est la première fois que je les vois aussi calmes en présence d'un Homme.
— Je ne leur ai rien fait. J'ai simplement joué un air, ils avaient l'air de l'apprécier et se sont assis pour m'écouter.
— N'essaye pas de me tromper ! Ging ne s'abaisserait jamais à rester coucher près de toi, si tu étais une personne ordinaire ! Qui es-tu réellement ?
— En effet, je ne suis pas un simple civil. J'ai été chevalier au service d'Athéna.
— Un chevalier d'Athéna ?! Pourquoi es-tu ici en Asgard ?! Es-tu venu nous combattre, nous les guerriers divins, comme l'ont fait les chevaliers de bronze ?! s'emporta l'étoile Epsilon.
Non, loin de là. Je ne suis pas venu ici pour me battre, et je n'ai pas l'intention d'affronter qui que ce soit. Comme je l'ai expliqué, je suis en voyage et mes pas m'ont guidé jusqu'en terres d'Asgard. J'ai quitté le Sanctuaire, avec l'autorisation d'Athéna, pour parcourir le monde. »
Pour une raison qu'il ignorât, Fenrir sut que cet individu ne mentait pas et qu'il pouvait lui faire confiance. D'une part, cela l'agaçait profondément : lui qui haïssait tant les Hommes, c'était tout à fait inédit. D'autre part, le chevalier dégageait une aura bienveillante emplie de sérénité, qui procurait un sentiment de sécurité à tous ceux qui étaient à proximité.
Néanmoins, le guerrier divin ne baissa pas sa garde pour autant. Force de l'habitude, il se montrait toujours méfiant envers les humains.
Alors que le chevalier s'apprêtait à partir, les loups s'attroupèrent autour de lui et le regardèrent attentivement, comme s'ils attendaient quelque chose de sa part. Quelque peu confus, Orphée tendit la main vers l'un d'eux, hésitant. Le loup combla l'écart et mit docilement sa tête sous la paume offerte. Le Grec comprit enfin et caressa l'animal. Très vite, les autres loups lui demandèrent également de l'attention.
L'Asgardien resta sans voix face à cette scène. Sa famille semblait beaucoup apprécier cet humain, à tel point qu'ils réclamassent sa compagnie. A nouveau, l'incertitude le gagna : que devait-il faire ? Le chasser ? L'inviter à rester ? Ni l'un, ni l'autre.
« Il semblerait que Ging et sa meute te tiennent en estime. Une chose rare et inhabituelle de leur part, mais je fais entièrement confiance en leur jugement. S'ils aiment ta compagnie, je ne peux pas la leur refuser. Tu es autorisé à revenir et rester aussi longtemps que ta présence ne les trouble pas. Cependant, si tu fais quelque chose qui brise leur confiance, je te le ferais regretter amèrement.
— Je comprends et je suis honoré par cela. Je vous suis reconnaissant pour cette opportunité. »
Orphée appréciait les endroits calmes où il pouvait se ressourcer en toute tranquillité. Asgard était le lieu parfait, malgré le froid. Les paysages étaient magnifiques et le silence était apaisant. Il s'était arrêté par hasard dans la forêt où vivait Fenrir et ses loups, depuis leur première rencontre, il revenait souvent leur rendre visite. Les animaux semblaient très heureux à chaque fois qu'il venait et aimaient l'écouter jouer. Il se trouvait que lui aussi affectionnait leur compagnie.
Le guerrier divin, après avoir surmonté sa méfiance initiale, s'installait également pour profiter de ses concerts. Le Grec avait deviné que l'Asgardien n'aimait pas être en présence d'Homme. Alors, il lui avait donné l'espace et le temps qu'il lui fallait pour l'accepter.
Plus le temps passait, plus ils se rapprochaient. Fenrir baissa petit à petit ses défenses, venant à tolérer la présence d'Orphée dans son territoire.
Il pouvait même dire que pour la première fois de sa vie, il s'était fait un ami humain.
A cette pensée, sa perception du monde changea, tout d'un coup, quelque peu. Avant, l'étoile Epsilon se moquait totalement d'être seul, avec des loups pour seule famille, les Hommes l'ayant abandonné.
A présent, il se rendit compte qu'avoir un ami le rendait sentimental : il se retrouvait à souhaiter l'avoir plus souvent à ses côtés. Chaque fois qu'il partait, un sentiment de solitude l'envahissait. C'était quelque chose qu'il n'avait pas expérimenté depuis une éternité. Même s'il pensait que c'était ridicule, il ne pouvait pas s'empêcher de le ressentir.
Un jour, pendant une session musicale, Fenrir lui raconta son histoire. Il n'avait pas vraiment de raison de le faire, mais il sentait qu'il pouvait se confier au chevalier. Quelque part, cela le soulageait un peu. Cela lui faisait du bien de parler à quelqu'un en qui il pouvait avoir confiance, d'autant plus à un être humain comme lui.
Orphée comprit enfin d'où venait la misanthropie de son ami. Une histoire remplie de tragédie et de trahison. Il ne pouvait que compatir. Après tout ce qu'il avait vécu, il était normal qu'il perdît foi en l'humanité.
Le Grec savait, maintenant, à quel point il était honoré de faire partie du cercle de l'Asgardien. Le chevalier d'argent lui rendit la pareille en lui contant sa propre histoire, après tout, son vis-à-vis lui avait ouvert son cœur.
Fenrir était bouleversé par le passé du Grec. Son histoire était également tragique. Cependant, il avait su aller de l'avant, malgré son chagrin et sa perte. Jamais il n'aurait cru que deux êtres humains pouvaient s'aimer autant. Il se surprit lui-même de penser à ce que cela ferait d'être autant aimé par quelqu'un.
A chaque visite d'Orphée, il se retrouvait à le vouloir de plus en plus, sans en comprendre la raison. Parfois, il s'imaginait recevoir l'amour et l'attention de ce dernier. C'était quelque chose qu'il s'était mis à désirer ardemment, depuis qu'il avait appris à le connaître. Aucun autre Homme ne lui avait fait un tel effet.
Et pourtant, il savait que son désir était égoïste. Mais le cœur avait ses raisons que la raison ignorait. Poussé par la passion, il s'était déclaré.
A sa grande surprise, Orphée ne le repoussa pas et accepta ses sentiments. Le musicien avait été touché par sa sincérité et compte tenu de son passé, jamais il n'aurait imaginé que l'étoile Epsilon tomberait amoureux de lui, un humain.
Il ressentait une tendre affection pour cet homme au cœur gelé et meurtri. Tandis que Fenrir avait été ébranlé par la beauté et la pureté de l'âme d'Orphée.
Au fond, ils avaient, tous deux, été marqués par une tragédie, et étaient deux âmes solitaires qui se complétaient pour remplir le vide de leur cœur. Ils étaient persuadés qu'ensemble, ils arriveraient à surmonter leur traumatisme et leur peine, peu importe le temps que cela prendrait.
La présence du chevalier avait créé un miracle : il avait fait fondre les défenses du guerrier divin et lui avait réchauffé l'âme comme aucun autre être humain ne l'avait fait. Faisant fleurir de nouveaux sentiments dans le cœur de cet homme comparable au permafrost.
Les terres gelées d'Asgard ne changeaient jamais. Cependant, parfois, des Asgardiens chanceux pouvaient apercevoir un couple entouré de loups. L'un d'eux jouait divinement de la lyre tandis que l'autre et les loups l'écoutaient paisiblement.
Avec le temps, Fenrir s'était un peu plus ouvert grâce à l'amour et au soutien inconditionnel d'Orphée. De temps en temps, ils leur arrivaient de voyager à travers les plaines glacées.
La plupart du temps, ils restaient dans la forêt avec Ging et sa meute. Le chevalier et le guerrier divin s'étaient installés dans un chalet construit par leurs propres mains. Ils vivaient dans la paix et la quiétude au cœur de l'hiver sempiternel.
C'est une image du jeu Fire Emblem Radiant Dawn qui m'a inspirée cet OS : celle de Rafiel (un prince héron) chantant entouré d'une louve (son épouse : Nailah, la reine des loups) et d'un loup.
