Lilleyth pénétra dans la petite église.

Elle s'agenouilla devant l'autel, fit un signe de croix avec sa main, puis se releva doucement.

Derrière elle, son père, Gaël, ainsi que le jeune prêtre, ancien ami de la famille, la suivaient.

Les vitraux aux reflets bleutés illuminaient la scène.

Gaël posa sa main sur l'épaule de Lilleyth. A son doigt brillait le sceau de la fondation Luna : un L écrit en lettre majuscule rouge sang, entrelacé de deux serpents, une épée à l'arrière plan.

La jeune femme se retourna, observant son vieux père, ses yeux noir ébène, sa longue barbe blanche, ses gros sourcils gris. Elle lui sourit et avança vers les chaises.

Après le sermon, tous les paroissiens sortirent de la petite église perchée sur l'une des pointes rocheuses de la Bretagne.

Lilleyth se retrouva seule à l'intérieur.

Elle s'approcha d'une statue représentant la vierge Marie portant dans ses bras son fils bénit.

Elle prit un cierge qu'elle alluma et croisa ses mains pour une prière.

Sa robe noire couvrait la majeure partie de son corps, tout en laissant fortement deviner ses formes arrondies. Autour de son cou apparaissaient deux pendentifs : l'un représentait un pentagramme, étoile magique des sorcières, et l'autre, le cigle de la Bretagne celte : Le Triscel, dont la signification a bien souvent été oublié, ensevelie par le temps, ses trois branches courbées désignant la naissance, la mort et la renaissance. Sur ses cheveux, remontés en chignon, était posé un fin châle de laine noire.

Soudain les portes de l'église se rouvrirent et Derek entra. Elle lui sourit, amoureusement :

"Ma prière a été entendue, semble-t-il !"

Il s'approcha d'elle. Elle passa la main dans ses cheveux châtains et regarda son visage fixement.

Le désir brûlant de leur passion était bien plus fort que leur foie ou leur piété.

Ils commencèrent à s'embrasser, tendrement.

Puis ils s'éclipsèrent derrière l'autel, vers les confessionnaux. Lilleyth s'allongea sur le sol de pierre et Derek fit de même à ses côtés.

Il caressa ses lèvres douces comme la rosée du matin, modela son visage, créa la courbe de son cou avec ses doigts délicats. Ses mains s'attardèrent ensuite sur la rondeur de ses seins puis descendirent sur son ventre, elles le parcoururent doucement, apprenant les moindres détails de ce corps si brûlant de plaisir, si parfait au touché.

Lilleyth ferma les yeux et laissa son esprit s'évader.

Enfin, les belles mains de Derek atteignirent le haut des cuisses de Lilleyth. La fièvre montait, les envahissait. Le sang de Lilleyth bouillonnait dans ses veines. Elle mordit ses lèvres pour s'empêcher de dire quoi que ce soit qui aurait pu troubler un tel moment d'excitation.

Les mains de Derek s'échouèrent finalement sur les jambes, à la douceur incomparable, de la jeune femme.

Alors que Derek continuait ses caresses, laissant vagabonder ses mains sur le corps de sa belle amante, elle lui dit, dans un murmure, avec la voix la plus douce que l'on puisse entendre :

"Je t'aime !"

Au dehors, sur le parvis, le prêtre s'approcha de Gaël :

"Vous devez arrêter ce qui est en train de se passer à l'intérieur, sur le champ !"

"Quoi?" demanda le père de Lilleyth qui n'avait aucun idée des plaisirs interdits auxquels se livraient son enfant et Derek à ce moment même.

"C'est un sacrilège ! Lui est innocent...mais elle...elle est le Diable en personne ; sa créature, du moins ! Elle est le démon du plaisir ! Elle doit payer, elle doit mourir !"

Il voulut ouvrir les portes de son église mais celles-ci restèrent scellées.

"Mais que se passe-t-il ?"

Gaël commençait à avoir peur. Seul lui savait que Lilleyth n'était pas réellement sa fille.

En fait, sa femme avait donné naissance à l'enfant du Malin, et c'était cela même qui avait causé sa perte. En réalité, Lilleyth appartenait au Diable. Le prêtre avait raison en tout point, Lilleyth était destinée à devenir la maîtresse de Lucifer.

Les villageois finirent par réussir à enfoncer les portes de l'église.

Ils crurent voir Lilleyth, nue, sur le sol, ses vêtements posés à côtés d'elle, Derek allongé sur elle et embrassant la peau fragile de son sein, tout en laissant sa langue s'hasarder sur le téton rose de celui-ci.

Mais cette vision torride disparut comme par magie de devant leurs yeux et ils ne virent alors plus que Derek allongé, encore perdu dans le plaisir qu'il venait d'éprouver.

Le jeune ecclésiastique leva son crucifix au ciel et prononça quelques paroles en latin, puis en breton, et enfin, en français :

« Je te bannis de cette église et de notre région, suppôt de Lucifer, enfant de Satan, concubine du Démon.

Je te maudis, Lilleyth, fille du Malin. »

Puis il lança quelques gouttes d'eau bénite autour de lui et fit un signe de croix.

Derek, entendant des voix autours de lui, reprit petit à petit ses esprits, mais Lilleyth ne quittait pas ses pensées...