********chapitre1: impatience**********

Harry se réveilla comme d'habitude légèrement nauséeux à cause d'une angoisse sans cesse présente, matin après matin.

Mais aujourd'hui était différent. Harry se leva d'un bond faisant fi de son mal-être. Il était neuf heure et il fila droit dans la salle de bain. Dès qu'il sortit, ruisselant, une serviette nouée autour de la taille, une autre frottant ses cheveux avec vigueur, il vit Dobby qui déposait un plateau plein de choses succulentes sur une petite table près de la cheminée.

Le jeune homme se laissa tomber dans un fauteuil, attrapant au passage un toast et marmonna un « merci » inintelligible à l'attention de l'elfe de maison.

Dobby était son elfe de maison. Un elfe rémunéré bien sûr! Harry y aurait tenu même si une loi abolissant l'esclavage des elfes de maison n'avait été votée sous l'impulsion d'Hermione. Cela avait pris du temps. Cela avait été très long et laborieux, pour tous.

Pour les sorciers qui ne le concevaient pas mais aussi pour les elfes de maison eux-même qui l'avaient au début plutôt mal vécu.

La S.A.L.E était donc devenue une association soutenue par le ministère pour faciliter la transition. Harry qui avait toujours regardé cela d'un œil amusé et parfois même exaspéré, avait enfin compris à quel point cela comptait. Pas seulement pour Hermione. Mais pour la société qui allait survivre au règne de terreur de Voldemort.

C'était un des tenants et des aboutissants de la guerre. Pouvait-on prôner l'égalité entre sorcier de sang pur et sorciers de sang mêlé, puis rejeter aussi sec les autres créatures?

Étaient-ils meilleurs que Voldemort s'ils exploitaient tout un peuple?

Le jeune homme qu'il était à dix-huit ans avait alors tout mis en œuvre après le combat final pour soutenir le combat d'Hermione. Même Ron avait fournit beaucoup d'efforts.

Finalement un poste important à la SALE avait été proposé à Dobby qui refusa poliment. Il osa pourtant, les yeux rempli d'angoisse et la voix tremblante, demander si M. Harry Potter n'aurait pas besoin d'employé maintenant qu'il quittait l'école pour s'installer seul.

Dumbledore avait exulté de joie avec un regard pétillant comme il savait si bien le faire. Harry avait accepté bien volontiers car malgré sa conduite de « fan du survivant » , Dobby était son ami. Aussi bizarre soit-il!

Hermione avait immédiatement affirmé à Dobby que Winky serait certainement utile elle aussi.

« Les hommes étaient si désordonnés», avait-elle ajouté en roulant des yeux.

Les larmes de l'elfe de maison s'étaient alors écoulées comme si on avait ouvert le robinet d'une fontaine.

Harry savait que pour Dobby c'était important. Elle était bien mieux et ne buvait presque plus de bièrreaubeurre, mais Dobby ne la laissait jamais seule et prenait soin d'elle.

Le jeune homme lui adressa donc un sourire chaleureux pour marquer son accord.

Dobby arriva dans l'appartement londonien d'Harry le soir même. Il pleura encore quand il apprit qu'ils auraient un grande chambre pour eux seul. Winky aussi semblait reconnaissante. Le jeune homme n'en était pas sûr car après un sourire furtif son regard s'était perdu dans le vide.

Et la vie avait recommencé comme ça.

Dobby et Winky étaient présents et cela apaisait un peu la solitude de Harry. Dobby faisait le plus gros du travail et la plus grande activité de sa compagne consistait à se promener en chantant, à faire apparaître des bouquets dans les vases ou à rester là près de la cheminée de la cuisine, les yeux fixés sur le feu marmonnant des comptines.

Parfois Harry la regardait en espérant qu'un jour elle verrait l'amour de Dobby et qu'elle sortirait des ténèbres où elle était encore.

Ce matin en tous cas le jeune homme ne pensait pas à cela. Il ne pouvait penser qu'à une chose!

Harry était excité ce matin. Il mit une magnifique robe de sorcier. Se regarda dans le miroir passant la main dans ses cheveux pour essayer une fois encore de les dompter, mais abandonna vite. Il savait que son interlocuteur s'en fichait pas mal.

BOUM, en un instant il avait transplané derrière une poubelle dans une ruelle sombre et sans issue. Une ruelle qui se trouvait juste à côté du ministère de la magie. Bien sûr il aurait pu utiliser la poudre de cheminette mais il ne voulait pas avoir l'air de sortir… et bien d'un conduit de cheminée.

Il se dirigea vers la vieille cabine téléphonique et répondit à la voix monocorde « -Harry Potter, j'ai rendez-vous avec Ron Weasley »

Il lui tardait de revoir son vieil ami. Bien moins pour la raison qui l'amenait que parce que pendant ces deux mois il lui avait beaucoup manqué. Il devait rencontrer Ron au sujet de la coupe du monde de Quidittch qui devait être organisée l'été suivant, ce qui se trouvait être dans à peine deux mois. Cela faisait la deuxième fois qu'elle allait avoir lieu depuis la chute de Voldemort. Cependant, c'était la première fois qu'il rencontrait Ron pour raison professionnelle.

La coupe du monde aurait lieu en Australie et Harry en tant que capitaine de l'équipe nationale devait mettre au point certains détails avec le directeur du département des sports magiques. Il savait que rien de tout cela ne serait réglé aujourd'hui mais il enverrait leur manager pour le reste.

Harry se retrouva dans l'immense hall du ministère. Un badge accroché à sa robe. Il regardait la nouvelle fontaine trônant au milieu de la pièce. Un immense planisphère soutenu par une sorcière, un sorcier, un elfe de maison, un géant, un centaure et une moldue. Harry s'approcha et lu la petite plaque d'or devant le monument et lut « fontaine de l'égalité: l'union sacrée ». Harry sourit. Bien sûr que les moldus n'avaient eu aucun rôle dans l'issue finale, mais ils avaient payé un tribut élevé eux aussi…

Harry ne pu s'empêcher de penser à l'arche qui sa cachait dans les sous-sols, au département des mystères. Son esprit imprima immédiatement le visage de Sirius devant ses yeux. Mais y avait-il un instant où il ne pensait pas à « ses » morts?