Burning Away


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Kensei était, une fois de plus, en train de s'acharner sur son sac de frappe, ses pieds survolant le tatami au rythme d'un jeu de jambes endiablé, tête rentrée derrière ses poings. Même sans manier Tachikaze, il imaginait sans peine son Zanpakutô, prolongement parfait de chacun de ses coups, et pouvait presque entendre le vent siffler à ses oreilles.

— Kensei ?

Il se figea et le silence devint soudain assourdissant.

Il cligna des paupières et se tourna en direction de la voix au ralenti. Son cœur battait la chamade et cela n'avait rien à voir avec l'exercice intense qu'il venait de mener.

Mashiro s'avançait d'un pas hésitant sur le tatami, lunettes de soleil couronnant encore sa tignasse verte, maillot de bain orange visible en transparence sous son t-shirt. Sa valise était abandonnée près de la porte.

Kensei n'était pas du genre à poser des questions bêtes, mais il fallait dire que Kensei n'était pas au mieux de sa forme depuis quelques mois :

— T'es rentrée ?

Elle éclata de rire, s'élança vers lui pour sauter à son cou :

— Bah oui, t'es bête, Kensei !

Le mélange de sentiments confus s'éclipsa pour laisser place à son agacement habituel; il tituba légèrement, déséquilibré par son ancienne subordonnée, passa un bras dans le dos de cette dernière pour l'immobiliser.

— Mashiro, qu'est-ce'tu fous ? Je suis dégueulasse là.

Elle leva ses grands yeux noisette vers lui, plaçant une main contre son torse en s'éloignant légèrement. Très légèrement, car il pouvait encore sentir son souffle mentholé sur ses lèvres.

— C'est vrai, ça, admit-elle.

Il fallut encore un moment à Kensei pour réaliser qu'il pouvait la reposer, ce qu'il fit avec une douceur peu caractéristique, savourant un peu plus longtemps le contact de son corps contre le sien, curieusement rassuré par la tangibilité soudaine de sa présence.

Un frisson de déception parcourut son échine quand elle se détacha complètement de lui, et il maudit en son for intérieur son corps pour ses réactions traîtresses. Il était loin d'être au bout de ses surprises, pourtant, Mashiro le contemplait de cet air songeur qui ne présageait jamais rien de bon. Puis, elle s'éclaira et lui dédia son sourire le plus ravi :

— Allez hop, à la douche !

Elle lui saisit la main et se dirigea d'un pas décidé vers les vestiaires, l'entraînant à sa suite. D'abord éberlué, Kensei tenta de protester :

— Putain, Mashiro, à quoi tu joues ?

Il eut comme une absence, un de ces brefs moments où son esprit ne semblait plus rien enregistrer. Ce fut le contact soudain du carrelage froid contre son dos qui le ramena soudain à lui et, plus important, Mashiro qui capturait ses lèvres d'un baiser enfiévré.

L'idée de la repousser l'effleura un bref instant avant de s'évaporer au contact de ses seins pressés contre son torse, ses mains qui exploraient la moindre parcelle de son corps. Le besoin urgent d'échanger leurs positions l'étreignit et, de caractère peu patient, s'exécuta presque aussitôt.

Une partie de lui regrettait de ne pas pouvoir prendre son temps, de reculer d'un pas pour l'observer, pour passer son pouce sur ses lèvres pulpeuses, pour savourer l'éclat de désir qui brûlait dans ses prunelles. Une urgence bien plus primale l'habitait, ainsi que la conviction absolue que s'il s'éloignait ne serait-ce qu'un tout petit peu, s'il perdait ce contact délicieux de leurs corps entremêlés, Mashiro disparaîtrait encore.

Ne me laisse plus, voulait-il murmurer à son oreille, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge, alors il l'embrassa de plus belle, explora son cou, sa poitrine, se délectant de chacun des souffles qu'elle émettait, et de la façon dont elle resserrait sa prise, chaque fois qu'il faisait mouche.

Une de ses mains remonta la jambe interminable de Mashiro, glissa sur sa cuisse, invitation silencieuse qu'elle accepta volontiers, les joues rouges et le souffle court. Tandis qu'elle enroulait ses jambes autour de sa taille, il eut mouvement de bassin impatient et effleura son intimité.

Le gémissement qu'il arracha à Mashiro faillit lui faire perdre pied.

— Kensei…

La supplique rauque de Mashiro fit battre son cœur plus fort, et-


Kensei fut arraché à son sommeil par son réveil.

Il se relaissa tomber dans ses oreillers avec un soupir excédé. Son cœur battait trop vite, et il peinait à agripper les réminiscences de son rêve qui, peu à peu, s'effilochait. Alors il se concentra un peu, frémit quand tout lui revînt.

— Merde.

Il aurait préféré ne pas se souvenir.