Prompts du jour : Grossesse/Secret
À toi pour toujours
Chapitre 4
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La main posée sur la poignée de la porte, Jaime prit une grande inspiration, comme pour se donner un semblant de courage, puis entra. Il s'aperçut avec stupeur que la pièce était comme figée dans le temps. Quelques livres et bibelots étaient toujours posés sur les meubles, et Jaime était certain que s'il ouvrait l'armoire, il y trouverait certaines des robes de Cersei. Sa couronne était même encore posée sur le bureau. Quand elle l'avait retirée, le jour de la prise du Donjon Rouge, se doutait-elle qu'elle ne la porterait plus jamais ?
« Je... je pensais que Daenerys se serait débarrassée de toutes ses affaires. »
Il s'empara presque craintivement de la couronne, la fit tourner entre ses doigts.
« C'est ce qu'elle voulait faire... mais je l'ai convaincue de tout laisser en place. »
Jaime l'interrogea du regard, curieux d'en savoir plus.
« Je... je me sentais seul, quand nous nous sommes installés dans le Donjon, » avoua t-il. « Cersei était supposée morte... et toi, tu étais dans le Nord... nous avions gagné mais, d'une certaine façon, j'avais l'impression d'avoir tout perdu. »
Il en demeura presque sans voix. Il savait qu'il manquait à son petit frère, ce qui était réciproque, mais il avait de toute évidence négligé l'ampleur sa peine...
« Je viens dormir ici, parfois... ça me donne l'impression d'être proche de vous. »
Jaime essuya ses larmes du bout des doigts et appuya son front contre le sien.
« Je suis désolé, Tyrion. Je suis tellement désolé... »
Son petit frère accepta son étreinte réconfortante avec reconnaissance.
« Pas autant que moi, » soupira t-il avant de s'écarter.
Une fois leurs larmes séchées, ils s'assirent sur le lit et partirent à la découverte du contenu de la quatrième lettre.
Jaime,
Je me demande ce qu'il est advenu de ma chambre. La reine dragon l'a t-elle détruite dans un accès de fureur ? A t-elle brûlé toutes mes affaires ? A t-elle réduit ma couronne en cendres ?
J'espère qu'il en reste quelque chose, ne serait-ce que pour que, l'espace d'un instant, tu puisses imaginer que rien n'a changé, que je suis toujours la reine et que nous n'avons plus à vivre dans le secret, toi et moi.
Je crois que, malgré le deuil de mes enfants et la menace de la guerre qui planait sur nous, la période de mon règne a été la plus heureuse de ma vie. Enfin, je pouvais me promener accrochée à ton bras sans me soucier de qui nous serions susceptibles de croiser, je pouvais t'embrasser au détour d'un couloir sans craindre pour nos vies, je pouvais dormir dans tes bras sans devoir te réveiller à l'aube pour que tu t'éclipses.
Peux-tu imaginer à quel point tu m'as manqué lorsque tu es parti ? Longtemps, je me suis demandé pourquoi j'étais restée plantée là au lieu de te courir après et de te supplier de rester avec moi et notre enfant à naître. Les journées me semblaient mornes, notre lit était devenu si froid.
Je n'ai jamais cessé d'espérer que tu reviennes. Quand le Donjon Rouge est tombé et que j'ai perdu la dernière chose qui me restait, ma couronne, j'ai compris que je t'avais perdu pour toujours.
Reviens-moi, Jaime. Reviens-moi.
Cersei
Au fond, que se serait-il passé, si Jaime était revenu ? Aurait-il pu la sauver ? Auraient-ils pu vivre libres et heureux, loin du feu et des larmes ? Il a longtemps essayé de se convaincre qu'elle était condamnée, qu'il n'aurait rien pu faire pour elle, qu'il avait bien fait de rester dans le Nord avec Brienne.
Il n'était plus sûr de rien, à présent, sinon qu'elle lui manquait et qu'il se languissait de ses lèvres et de son cœur.
« L'enfant... » murmura t-il. « Est-ce que tu crois qu'il a survécu ? »
Tyrion fronça les sourcils, pensif.
« C'est possible... »
Son cœur s'était mis à battre plus vite. Etait-il possible que le fruit de leur amour soit vivant, quelque part dans le monde ?
Un souvenir lui revint, celui de la première nuit après que Cersei lui ait annoncé sa grossesse inespérée, et ce fut tout naturellement qu'il se mit à raconter.
.
Jaime était blotti contre Cersei, la main posée sur son ventre, l'air pensif.
« Quelque chose ne va pas ? »
Elle rayonnait, il le voyait, et il était heureux de la voir si heureuse, mais un soupçon de doute grandissait en lui.
« Je... je ne sais pas être père, » confia t-il. « Je ne sais pas comment m'y prendre avec les enfants. »
Pour des raisons évidentes, il ne s'était jamais comporté comme un père avec Joffrey, Tommen et Myrcella, mais s'il devait être tout à fait honnête avec lui-même, cela ne lui avait pas vraiment manqué. Comment ferait-il une fois que le bébé serait né ?
« Tu apprendras, » le rassura Cersei en déposant un baiser sur sa mâchoire. « Je t'aiderai. »
« Je... je ne sais pas, Cersei... »
« Ne t'en fais pas. Tout ira bien. »
Elle se redressa et prit son visage en coupe.
« Je te guiderai. »
« Vraiment ? »
« Vraiment. »
Il lui offrit un petit sourire, et elle s'allongea de nouveau entre ses bras.
« Dans un sens... j'imagine que je ne peux pas être pire que Robert, » plaisanta t-il.
Cela eut le mérite de la faire rire.
« Non, » confirma t-elle, amusée. « Tu ne peux pas être pire que lui. »
Un peu rassurée, il déposa un baiser sur le ventre de Cersei.
Il n'avait pas la moindre idée de comment être un bon père, mais il ferait son possible. Pour elle.
Pour leur enfant.
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« S'il est en vie, j'imagine que l'enfant doit mon détester pour les avoir abandonnés, lui et sa mère, » fit Jaime d'un air sombre.
« Non, Jaime... Cersei ne lui aurait jamais dit du mal de toi. »
Au fond, c'était ce qu'il espérait. Que l'enfant l'attende et soit prêt à l'accueillir à bras ouverts... qu'il puisse réparer le mal qu'il lui avait causé, ne serait-ce qu'un peu...
Je veux revenir, Cersei.
Je le veux vraiment.
« Quelle est la prochaine destination ? » demanda t-il à Tyrion.
« Castral Roc. »
Jaime déglutit difficilement.
« Eh bien... on dirait que nous allons rentrer à la maison. »
