Je sais.

Je suis une horrible auteure, ingrate et sans pitié, qui laisse ses lecteurs chéris sur des suspenses atroces. Je laisse mariner mes fics pendant des mois interminables sans signe de vie. Y aurait-il des lois dans le merveilleux monde de la fanfic que ça ferait longtemps que j'aurais été condamnée à mort dans d'inimaginables souffrances, avec malédiction pour mes prochaines 140 réincarnations en prime.

Que dire? Il a y plusieurs explications, peu qui m'excusent vraiment. Tout ce que je peux faire pour l'instant est de vous supplier bien bas de me pardonner et de vous servir un extra-chapitre, qui saura, j'espère, combler vos attentes.

À toutes, un gros merci pour vos encouragements, et un tout spécial à Mikan pour m'avoir donnée la dernière poussée d'encouragement qu'il me fallait pour écrire ce chapitre (allez sur mon site pour voir son fanart tout simplement magnifique de Rin et de son bébé).

Car oui, bébé il y a…mais trêve de bavardages! Mesdames, la suite!


Sesshoumaru, mon seigneur, mon amour

Chapitre 5 : Ashura

Je pense : Elle était là. Tous disaient : « Qu'elle est belle ! »
Tels furent ses regards, sa démarche fut telle,
Et tels ses vêtements, sa voix et ses discours.
Sur ce gazon assise, et dominant la plaine,
Des méandres de Seine,
Rêveuse, elle suivait les obliques détours.

Ainsi dans les forêts j'erre avec ton image :
Ainsi le jeune faon, dans son désert sauvage,
D'un plomb volant percé, précipite ses pas.
Il emporte en fuyant sa mortelle blessure ;
Couché près d'une eau pure,
Palpitant, hors d'haleine, il attend le trépas.

Tiré de « Odes » d'André Chénier

« Takimura-sama? »

Rin passa une tête incertaine dans l'embrasure de la porte coulissante. Tout au fond du petit temple de fortune, le visage ruisselant de gouttes de douleur, mal éclairé par une lanterne à la flamme vacillante, gisait Takimura-sama. Le moine imposant d'il y a quatre ans n'était plus qu'un vieillard ratatiné et rachitique, attendant la mort dans des soubresauts de douleur qui le laissaient livides et sans forces.

« Rin-chan…entre donc, je voulais te voir ».

La voix chevrotante qui filtrait au travers des quintes de toux sévères était douce et compréhensive, sans la moindre note de rancune, et Rin se sentit une fois de plus assaillie par les remords et la honte, ces vagues immenses qui lui tordaient l'estomac jusqu'à ce qu'elle s'endorme d'épuisement. Des torrents de larmes jaillirent de ses yeux bruns profonds quand elle s'effondra à genoux à côté du moine, saisissant sa main moite et froide dans ses deux petites paumes et la couvrant de baisers désespérés.

« Rin-chan…pourquoi pleures-tu? »

« C'est ma faute…je sais que…c'est ma faute…je le sais et pourtant…je n'ai jamais pu vous le demander…Takimura-sama, pardonnez-moi! Pardonnez-moi, je suis tellement ingrate! Je ne mérite pas tout ce que vous… »

Un doigt glacé se posa sur les lèvres craquées de Rin, l'empêchant de poursuivre son discours désordonné d'hoquets et d'excuses confuses. Devant elle, le visage crevassé de rides se fendit sur un sourire maladroit et édenté, et Rin se remit à pleurer de plus belle.

« Shhh…ma douce, ma belle Rin-chan, mais de quoi te sens tu pécheresse? Quel est ce crime si grave qui m'empêche de voir ton beau sourire? »

En voyant ces deux prunelles emplies d'amour pour elle, Rin se sentit au bord de la nausée la plus horrible qu'elle n'ait jamais éprouvée. Elle était un être immonde. Elle avait volé la vie d'un homme, sucé son essence hors de sa moelle, tiré le jus de ses forces jusqu'à ce qu'il soit sec et malade en pleine connaissance de cause.

Et cet homme bon se mourrait devant ses yeux, après des mois d'agonie. Incapable de réprimer un tremblement, elle demanda :

«Takimura-sama…vous croyez que les égoïstes comme moi ont le droit d'exister? »

« Égoïste? Tu n'es pas égoïste, ma petite Rin-chan. Ne vas jamais penser ça. »

« Mais je savais le mal qui vous rongeait, Takimura-sama. Je le savais et pourtant…pourtant je n'ai rien fait!! Je n'ai pas eu le courage…je…je… »

« Rin…te souviens-tu de la première fois que l'on s'est rencontrés? Tu courrais comme un animal traqué dans la forêt et tu m'as supplié de t'aider, non pas pour toi mais pour l'enfant que tu portais. Tu te souviens? »

Rin hocha la tête en se mordant les lèvres. Ces instants de fuite insensée étaient encore vifs dans sa mémoire et revenaient souvent hanter ses cauchemars déjà trop nombreux.

« Et tu te souviens de ce que je t'ai dit, Rin? »

Rin hocha la tête de nouveau, presque imperceptiblement.

« Redis-le moi, ma belle Rin-chan. »

« Vous m'avez dit…que…vous me protégeriez, jusqu'à ce que…le danger soit passé. »

« Hmmm. Et jamais, jamais, ma douce Rin-chan, n'ai-je regretté ce serment. Pas même quand mes forces m'ont fuient, pas même quand mon corps se recroquevillait comme une coquille d'œuf pourrie sous l'effet des efforts continus que je lui demandais. Et tu sais pourquoi, ma belle Rin-chan? »

Aveuglée par les larmes, Rin secoua la tête farouchement.

« Parce que tu étais là, Rin-chan. Toi et ton sourire ont éclairés mes pauvres jours jusqu'à la fin. Et mon seul regret est de m'éteindre sans avoir rempli ma promesse. »

« Ne dites pas ça!!! » s'écria Rin, hystérique.

« C'est pourtant vrai. Écoute-moi, Rin…je meurs. Et dès que mon esprit s'envolera pour les cieux, le kekkai que je maintiens depuis quatre ans s'effondrera. Et à ce moment-là, Rin, tu devras faire face au danger. »

Ces seules paroles étranglèrent toute pensée cohérente et logique dans le cerveau de Rin, qui crispa ses doigts sur la toge défraîchie et rapiécée du vieux moine en le secouant comme une désaxée, poussant des cris déchirants.

« Ne faites pas ça!!! Ne dites pas ça…Nous n'y arriverons pas…j'ai besoin de vous…Ashura a besoin de vous!! ASHURA A BESOIN DE VOUS, VOUS M'ENTENDEZ??? Il n'est pas prêt, il n'y arrivera pas…il sera seul, il...»

« Rin », reprit le moine d'une voix plus ferme, « ton fils vit dans une cabane de trois mètres par trois mètres depuis quatre longues années, complètement exclu et caché du monde extérieur. Ce n'est pas une vie pour personne. »

« Mais il est… »

« Ton fils n'est pas malade ni retardé, Rin. Ton fils est différent. Et un jour viendra où il brillera aux yeux du monde autant qu'il brille dans ton cœur. »

Rin s'affaissa sur la poitrine de Takimura, complètement effondrée. Elle savait qu'elle demandait l'impossible, mais pourtant ne pouvait pas se résoudre à le laisser partir. La peur de ce qu'il adviendrait quand le soleil se lèverait la paralysait trop.

Elle sentit la main frêle du vieillard lui caresser la tête dans un geste fragile et réconfortant, comme toujours quand il voulait la calmer.

« Rin…tu vis dans la peur depuis si longtemps…il est temps que tu affrontes tous les démons qui te rongent le cœur une fois pour toutes, incluant le père de cet enfant. Et tu arriveras, Rin-chan, je sais que tu arriveras, ma douce, ma belle Rin-chan…je serai là-haut pour te protéger, je te le promets ».

« Vous me le promettez? »

« Je te le promets. Maintenant, souris-moi, ma douce Rin-chan. »

Bravement, Rin releva la tête et offrit un sourire rempli d'amour, encadré par un rideau de larmes, à celui qui avait sacrifié tout ce qu'il avait pour la protéger.

« Ahhh…c'est mieux comme ça. »

Le souffle court, Takimura émit un gargouillement bizarre, comme s'il se noyait dans sa propre poitrine. Puis il se raidit brusquement et son regard devint fixe.

« Takimura-sama! TAKIMURA-SAMA! NE PARTEZ PAS! Ne partez pas…je vous en prie… »

Le noir se fit dans le vieux temple. Dehors, comme une chute de lucioles, un kekkai de lumière de diffusa dans l'air ambiant.

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Il y eût un gros bruit de bois qui craque avec fracas qui tira Rin se son état hébété et second, figée devant le cadavre de Takimura-sama. Manifestement, Ashura avait trouvé que plus aucune barrière magique ne le confinait dans sa cabane.

Tremblante, Rin se glissa à l'extérieur, tentant d'apercevoir la forme élancée et furtive d'Ashura, du moins, son regard jaune et étincelant dans l'épais feuillage de la nuit. Peine perdue. Une panique lui serra momentanément le cœur. Où était-il?

Elle s'assit sur les marches en pierre du temple et se força à prendre de grandes inspirations. Puis pliant des genoux derrière elle et lissant son yukata en lambeaux, elle appela :

« Ashura? Viens ici, mon béb »

La voix de Rin était douce et aimante : la voix parfaite d'une mère aimant inconditionnellement son enfant. Cette voix, Ashura y répondait toujours, et c'est avec soulagement que Rin aperçut les deux petites oreilles caractéristiques se traîner jusqu'à elle.

Ashura était venu au monde dans la douleur. Rin n'ayant ni expérience, ni aucune notion de ce qui allait lui arriver et de ce qu'elle devait faire, ni sage-femme pour l'assister, sinon un moine d'une soixantaine d'années, l'accouchement et les mois qui suivirent relevaient plus d'un pénible cauchemar que d'un conte de fées.

Comme à toutes les fois qu'elle baissait les yeux sur son fils, Rin se demanda si c'était un manque à cette époque qui l'avait rendu ainsi. Ou alors, y avait-il une marche à suivre, des éléments essentiels à respecter pour les fils de démons qu'elle ignorait? Ou peut-être, plus simplement, des années d'ermitage dans un endroit confiné avaient entravé son développement.

Malgré tout, Rin adorait son fils. Alors que même Takimura-sama avait réprimé un frisson de dégoût en l'apercevant, Rin n'avait éprouvé qu'un immense amour. Les cheveux argentés mi-longs en bataille, les yeux de chats jaunes et perçants, la peau claire et lisse, les griffes acérées et le croissant de lune bleue frontal étaient un rappel éloquent de Sesshoumaru. Ses petites oreilles de chien, penchées sur sa tête, et sa longue queue touffue, témoins de sa nature d'hanyo, lui donnaient un air, selon Rin, mignon et innocent.

Puis il y avait les autres signes. Des canines beaucoup trop proéminentes pour êtres raisonnables, une double rangée de dents, des griffes acérées, certes, mais deux fois trop longues, des pieds poilus plus durs que la corne et des jambes étrangement arquées qui lui donnaient la démarche d'un crapaud sauteur incertain complétaient le tableau.

En plus, Rin s'était vite rendu compte que son fils ne voyait rien, du moins pas avec ses yeux. Son regard, en conséquence, était sec et fixe, brillant de l'éclat d'un bijou mort. Pour arranger les choses, il avait tendance à baver et était définitivement prisonnier de sa gorge; bien qu'il comprît exactement les mots de sa mère, il était incapable de répondre autrement qu'avec des grognements ou des syllabes courtes.

Ce que la plupart des gens ignoraient par contre, était qu'Ashura était prodigieusement fort. En réponse à sa cécité, ses autres sens étaient surdéveloppés. Le pauvre moine invité par Takimura-sama l'année précédente, qui, dévoré par la curiosité et l'interdit, avait ouvert la porte sur ce qu'il avait appelé dans son dernier cri « l'abomination de la nature » en avait fait le triste constat. Un coup de dents sauvage bien placé à la gorge après un bond de près de cinq mètres dans les airs avait achevé l'intrus gênant, et qui sait ce qui serait arrivé à son cadavre si Rin n'avait pas arrêté le bambin aux ongles fumants.

Mais l'épisode s'effaçait déjà dans la tête de Rin, tandis que son fils lui grimpait sur les genoux avec moult grimaces et cris de contentement. Ashura n'était pas méchant, seulement mésadapté. Il ne faisait confiance qu'à Rin, à qui il obéissait aveuglément.

« Ashura » murmura-t-elle en le saisissant dans un câlin tendre et maternel, « je t'ai appelé « démon combattant » pour plusieurs raisons… »

Devant elle, Ashura ouvrit grand les paupières, dans une mimique mi-étonnée mi-inquiète.

Rin sourit, et frotta doucement son nez fin au nez en trompette d'Ashura, ce qui lui valut un gargouillement de rire.

« …mais on en parlera plus tard. Tout ce qui compte mon chéri, c'est que qu'importe ce qui arrivera, jamais rien, rien ne pourra nous séparer. Hein? »

Ashura se tortilla un peu avant de saisir Rin dans un câlin de koala, complètement inconscient du fait qu'il l'étouffait à moitié par l'occasion.

Rin lui flatta les cheveux, avant de donner un bisou sur sa tête et de lever les yeux vers l'horizon.

« L'aube se lève mon chéri. Papa va arriver. »


Chapitre 5-Fin.

Beaucoup plus détaillé, beaucoup plus de angst…aimez-vous? Moi j'ai pleuré en composant ce chapitre, sans rire! Je sais qu'il est un peu confus, et pour celles qui n'aiment pas le portrait d'Ashura, rassurez-vous, ça va s'améliorer avec le temps. En gros, ce qui s'est passé c'est que Takimura, moine respectable, a formé un kekkai autour du temple dissumulant Rin et Ashura aux sens de Sesshoumaru pendant 4 ans. Et maintenant...eh bien...suite au prochain chapitre!

Sur ce, à toutes, une joyeuse rentrée scolaire. À la prochaine!