Chapitre 322 : Knowing me, knowing you

Il observe mes paumes cheminant en remontrant le long des cuisses, sur le pantalon ample.

"Tu comptes aller jusqu'où... comme ça ?..." avant de siffler entre ses dents imbriquées lorsqu'elles atteignent leur cible en plein.

"Tu partages avec le Shinigami que j'aime la manière d'être beaucoup trop vêtu." froncée, finissant par rire à ce que je sens s'ébattre sous mes attentions.

"Si tu... me le demandes poliment... je tomberai la robe... sitôt seul avec toi..." levant le menton, en proie à de délicieuses sensations dans tout le corps.

"Poliment, uh ?... Je peux savoir ce que tu entends par là ?..." jouant des pouces rassemblés sur le joli renflement. "Tu veux que je m'agenouille comme tous ces macaques savants ?"

"God, no !..." outré. "Ça, c'est à moi de le faire." me faisant basculer pour me savourer à pleine bouche aussitôt la voie trouvée.


"Il y a une erreur de temps ici." corrigeant les exercices de Mimiko avec une patience phénoménale mise à rude épreuve. "Et cette tournure est incorrecte."

"Mimiko, ça nous ferait gagner du temps si tu pouvais te concentrer. A cause de toi, le souper est toujours retardé !..."

"N'accable pas ainsi ta sœur, Nanako."

"Mais Geto-Sama !..." soupirant.

"Rien ne t'empêche de prendre un goûter en rentrant." pragmatique, connaissant les besoins d'une adolescente en pleine croissance. "Nous soupons tous ensemble, ce soir."

"Cool. C'est Larue qui cuisine ?"

Quel touchant portrait de famille... si ce n'est que leur père a pour ambition d'éradiquer une bonne partie de la population et qu'elles partagent cette vision extrémiste.

"Si tu n'as plus rien à faire, aide Larue à dresser la table."

"OK !..." quittant la pièce.

"Geto-Sama, j'ai faim." annonce Mimiko.

Le concerné soupire.

"Mimiko, ce devoir est à rendre pour demain."

"Ben oui mais j'ai faim..." butée.

"Geto-Sama, c'est prêt !..." signale la voix presque fluette de Larue.

"On peut y aller ?" s'impatiente Mimiko.


Il déguste, bol tenu délicatement dans sa paume, l'autre maniant les baguettes. Sa façon me rappelle celle de Jin.

Je suis certaine qu'il s'est réservé un fléau pour le dessert. Et je ferai en sorte qu'il ne le déguste pas seul !...

Il ne désarme pas et remet une couche à Mimiko qui comptait filer au lit en douce.

J'aime sa poigne de père dans un gant de velours.

"Bonne nuit, Master Geto."

"Bonne nuit, Manami." faisant coulisser la porte derrière lui.

Sur la table, dans une coupelle, repose un fléau exorcisé aujourd'hui.

"Elle ne t'a jamais fait de remarque nous concernant ?" questionnais-je, curieuse.

"Elle ne se permettrait pas." sur un petit sourire complice. "Elle sait ce qui nous lie."

"Elle ne t'a plus sollicité depuis ?"

"Non." s'installant avec grâce, nous servant un thé chaud.

"Et qu'est-ce qui, selon toi, l'empêche de rivaliser avec moi ?..."

Petit rire. "Allons... vous n'êtes pas du même niveau. Si elle a lu ton aura, ce dont je ne doute pas une seule seconde, elle sait que si elle venait à se dresser sur le chemin pavé de Léviathan, son sort serait fait. Avisée, oui. Téméraire, non."

"Tu veux que je te dise ?..."

Il m'adresse son attention.

"... ça te plaît férocement que je fréquente Satoru."

Petit sourire. "On ne peut décidément rien te cacher." savourant une gorgée de thé parfumé.

"Ça en rajoute à ce passif toujours très actif."

"Joliment tourné." avisant le fléau, l'attrapant délicatement. "Je ne te propose plus ?..."

Je secoue la tête. "Par contre, je ne refuse jamais de te voir procéder à cet acte que je juge hautement... délictueux autant que sexuel."

"Crois-moi, je vais t'en offrir pour ton compte." faisant lentement passer l'orbe mi-sombre, mi-mordorée, devant son regard étroit.

"Raconte-moi son histoire..." fascinée.

"C'est un peu particulier... une mère qui n'a jamais su faire le deuil de son enfant."

Je cligne.

"Vois-tu, tant que le deuil n'est pas fait, l'objet des remords et des regrets se trouve dans l'incapacité d'aspirer au moindre repos."

"A quoi ressemblait-il ?..."

"Alors... sa forme était pour le moins particulière : sa tête ressemblait à celle d'un nourrisson montée sur le corps d'un adolescent. Il possédait une trompe et des oreilles de pachyderme. L'enfant semblait particulièrement apprécier cet animal... Sa main gauche avait la forme d'une tétine, l'autre d'une épingle à nourrice."

Gosh ! Les fléaux ont une de ces imaginations, je vous assure !...

"Et le voilà." lui faisant effleurer ses lèvres, notant la légère contraction qui anime l'orbe.

Je déglutis. La torture commence.

Mon regard demeure incapable de dévier sur autre chose que cette sphère qui vient lentement s'écraser mollement contre ses lèvres fines.

Il étend le bras pour venir caresser mes lèvres de ses doigts, regard me dardant avec désir.

La sensation du toucher lui fait papillonner des paupières, pupilles signant une perceptible dérive.

Son pouce longe mes lèvres d'une commissure à l'autre, imprimant sur l'orbe cette urgence de m'embrasser.

Le fléau se révulse, face à ce sentiment, dans une colère contenue.

"Je n'ai plus... désiré à ce point depuis Satoru... Rachel..." d'un souffle chaud contre l'être maudit qui se rétracte dans une plainte muette.

"Tu comptes... faire autre chose que me tordre... le ventre ce soir, Suguru ?..." aspirant entre mes lèvres le pouce insistant, le suçotant comme s'il s'agissait de son joli sexe.

Incapable de dévier le regard du jeu érotique de mes lèvres.

"Tu veux... que j'aille plus vite ?..."

"Je... palpite si fort, Suguru..."

"C'est donc un 'oui'." déroulant la langue pour y placer l'orbe et l'avaler, paupières fermées.

Il se passe un instant, le temps que le corps assimile ce nouvel être.

Il ouvre les yeux, souriant, se glissant jusqu'à moi, m'offrant un baiser renversant, doigts s'invitant dans mon col en V pour caresser la naissance des seins, délicatement.

L'instant d'après nous trouve renversés sur le sol, imbriqués, souffles détraqués, nous appelant en nous agrippant l'un à l'autre, mouvements nous arrachant une jouissance bien méritée.


Je m'installe à côté de mon fils, égarant quelques doigts dans ses mèches d'un joli châtain.

"Comment se porte le plus beau de tous ?..."

Petit sourire flatté. "Il survit."

"Allons..." embrassant sa joue.

Son sourire se fait plus carnassier ; révélant sa nature spectrale. "Le milieu de la mode regorge d'âmes en perdition."

"Ah !..." lui préférant ce visage.

"Et toi ?... Toujours perdu entre le yin et le yang ?..." faisant référence à la complémentarité que je trouve dans Satoru et Suguru.

"Toujours." souriante. "Je pense... que je ne trouverai pas mieux en ce bas monde."

"Je dois avouer qu'ils possèdent, en effet, un excellent niveau." me rendant un baiser sur le front. "Je ne doute point que ma petite maman s'amuse beaucoup avec deux aussi beaux spécimens."

Je noue les mains autour de son épaule opposée, posant la tête sur la plus proche d'entre elles, souriante. "Toutes ces vies que nous voyons défiler depuis notre éternité... pfff !" me marrant soudain. "... je parle comme une vieille !..."

Eliott rit.

"Nous pourrions aller souper chez Suguru, qu'en penses-tu ?..."

"Ma foi." souriant.


"Raaaachel !... Tu sais me parler !..." dégotant le dessert choisi pour elle, me sautant au cou.

Nanako a toujours été plus démonstrative que sa sœur. Elle est l'aînée. Mimiko adore être dans ses jupes.

Mimiko trimballe d'ailleurs avec elle un doudou évoquant un pendu, corde comprise.

L'accessoire amuse follement Eliott.

"Regarde, Mimiko, j'ai pensé à toi aussi." déballant des vêtements de poupée pour en vêtir son doudou.

Elle sourit, signe que ça lui convient.

Nanako reçoit un casque pour son téléphone, couleur assortie svp !...

"Trop claaaaasse !..." s'extasie Nanako.

"Tu les gâtes." sourit Suguru.

"Bah eh !..." haussant les épaules, trouvant ça très naturel.

"Maman est comme ça avec les gens qu'elle apprécie." sourit Eliott, glissant une main dans ma nuque.

"C'est une de ses qualités, en effet." lui sourit l'exorciste déchu.

Suguru se pose contre le meuble, regard m'enveloppant.

"On peut commencer, Geto-Sama ?" avant de se mettre à table.

"Je vous en prie. Je prépare le thé."

Le repas est convivial et animé par les discussions.

Je devine, au regard de Suguru, qu'il souhaiterait beaucoup me garder auprès de lui cette nuit.


Aiacos passa sous le nez de Minos, apprêté, eau de toilette musquée flottant derrière lui.

Avec des siècles de pratique, Minos connaissait Garuda par cœur. Un petit sourire joua sur ses lèvres.

"Tu as un rendez-vous galant aujourd'hui, Cos ?"

"Absolument, Minos. Je n'ai pas l'intention de m'encroûter, moi !..." avec cette même provocation qui le caractérisait depuis toujours.

"Tu as raison... je devrai peut-être me remettre en chasse moi aussi."

Garuda saisit son frère par les épaules. "Mais oui, vas-y, éclate-toi !... Oublie Léviathan." regard brillant.


La journée parut interminable à Aiacos qui consultait sa montre-bracelet de force plus que de raison, tic qui n'échappa guère à Minos.

Soudain, la porte de la discrète startup s'ouvrit et tous se raidirent à l'exception d'un seul qui arbora un petit sourire.

"At last."

Rhadamanthys, qui occupait le bureau le plus proche, bondit de sa chaise pour accueillir l'élément indésirable.

"Dis donc, Léviathan, tu ne te serais pas trompée de porte, des fois ?" indiquant la boutique de Crevan d'un mouvement de menton, de l'autre côté de l'avenue.

"Désolée de te décevoir, Rhada."

Le dragon anglais crispa la mâchoire puis claqua la porte de son bureau, mettant ainsi fin à tout échange.

Je m'approchais d'Aiacos et de Minos pétrifié, me dévisageant alors que la haine déversait sa pleine puissance dans toutes ses artères.

"Comm... ent... oses-tu ?..."

C'était amusant, je l'avoue, de lui faire perdre ses mots.

"Hey, Lév'." me sourit Aiacos dont le regard venait de couler lentement sur moi. "Toujours aussi canon."

"Merci, Cos."

"Cos... ne me dis pas que... c'est... ça... ton rendez-vous galant..." bégaya Minos, pale de rage.

"Je te le confirme, Nos." attrapant sa veste. "Sur ce, bonne fin de journée à vous. J'ai laissé quelques dossiers sur mon bureau, si tu venais à tourner en rond cette nuit !..."

Dès qu'il fut à ma portée, mes mains regagnèrent ce torse agréable et un baiser chaud nous unit, sous les yeux effarés de Minos.

"Léviathan... je ne te... permets pas..."

Hey, Minos, c'est toi qui es revenu me chercher des noises au Japon, je te rappelle !...

"Dossiers, Minos." lui indiquant son bureau, partant avec moi sous le bras.


Arrêtés à un fast-food.

"J'avais toujours pensé qu'il s'agissait d'une dent de squale..." avisant le collier d'Aiacos.

"Du tout. C'est celle d'un Garuda." fier. "Sérieux, qu'est-ce que tu veux que je fasse d'un squale ?" amusé, se commandant la moitié de la carte.

Il a toujours eu un appétit féroce mais a su conserver la ligne.


A la startup, Rhadamanthys ouvrit à nouveau sa porte, découvrant un Minos dévasté, assis sur l'accoudoir du canapé de l'espace détente.

"Minos ?..." s'approchant, plaçant une main sur l'épaule de son aîné.

"Je... n'y crois pas... Rhada... elle a réussi à... manipuler Aiacos..."

"Compte sur moi pour lui faire la leçon à son retour. Cette garce ne jettera pas le discrédit entre nous, je peux te l'assurer." froncé.

"J'entends d'ici le rire strident de Crevan quand il va s'aper..."

"Hihihihihi ! Messieurs les Juges... il me semble que vous venez de perdre un élément essentiel, hihihihihi !... Vos têtes !... Quelle tristesse d'avoir ainsi égaré votre cohésion fraternelle... le spectacle en est déchirant, hihihihihihi !..."

"DÉGAGE, CREVAN !"

"Je vous laisse donc à votre deuil." sur une courbette.

Minos fixait un coin de la pièce, yeux écarquillés, au bord de la folie la plus complète. Ses doigts tremblaient tant il s'imaginait me désarticuler à loisir.

"Je vais... tuer Léviathan... c'est elle qui est à l'origine de tout..."

"Je te laisserai volontiers faire, sans toutefois y prendre plaisir." soupira Rhadamanthys.


"Ton portable s'agite." notais-je.

"Je sais. Ce doit être Rhada qui me hurle dessus en mode MAJUSCULES." se marrant comme un gosse en train de faire une grosse bêtise. "A mon avis, celui dont nous avons le plus à nous méfier est Minos. Je crois que son équilibre mental, déjà précaire, va en souffrir."

"Tu le crains ?"

"Ce serait une première !..." amusé.

"Tu es beau, fils des cieux..." caressant sa joue. "Beau et magnétique."

"Alors, ça y est ? C'est bel et bien terminé entre Minos et toi ?"

"Je pense que nous avons commis l'erreur de nous aimer trop fort..."

"Ça... c'est la connerie à ne pas faire."

"Ce n'est jamais arrivé avec toi, pas vrai ?"

"Jamais." terminant son soda.


Il m'attrape, mains dans mon dos, m'embrassant chaudement.

"Je ne voudrai surtout rien interrompre." gronde une voix figée de colère sombre.

Aiacos me relâche, soupirant. "Tiens... Minos."

"Épargne-moi tes grimaces, Cos." sur le pied de guerre, surplis revêtu. "Elle te manipule et toi tu es suffisamment naïf pour tomber dans ce panneau grossier."

"Alors quoi ? Tu vas me provoquer en duel ?"

"Je mettrai ça sur le compte de l'égarement. Par contre, ELLE..." me dardant d'améthystes impitoyables. "... je ne la manquerai pas cette fois, sois-en assuré."

"Tu vois, je ne l'entends pas vraiment de cette oreille." me plaçant derrière lui.

"Ecarte-toi, Cos. Pour ton propre bien. Laisse-moi me charger de cette catin !..."

Mmm... ça y est : le florilège commence...

"Ouvre les yeux, Minos : c'est toi qui t'es égaré. Léviathan n'a jamais demandé que tu t'attaches ainsi à elle."

"Son titre seul me donne des nausées. Ecarte-toi, Cos." avec le geste.

"Ou bien ?..." provoquant. "Regarde-toi, premier Juge des Enfers... tu as complètement perdu les sens pour une subordonnée, toi qui te proclames son supérieur."

"Je ne tolérerai pas que cette traînée sème ainsi la discorde entre nous. Hors de mon chemin, Cos. Laisse-moi m'en occuper une bonne fois pour toutes."

"Hey, j'étais là pour passer une bonne soirée, moi. Je ne l'entends pas la laisser filer."

"Elle te manipule, Cos ! Elle te mène par le bout du sexe !" crachant de rage.

"Tu sais très bien qui, d'elle ou de moi, mène la danse, pas vrai, Minos ? Alors maintenant, tu vas désarmer, rentrer à l'appartement, te boire une petite camomille et passer une bonne nuit de sommeil."

"COS !" lançant la charge.

Garuda a tôt fait de revêtir son surplis pour contre-attaquer.

"OUVRE LES YEUX, COS ! C'EST CE QU'ELLE VOULAIT DEPUIS TOUJOURS !" hurle Minos.

Garuda bloque ses poings des siens. "Je vois surtout que tu as perdu la tête et ce depuis un moment déjà, Minos."

Soudain, une force brute déboule. "STOP." les séparant tous deux. "Que Minos s'occupe de Léviathan, soit. Que ça dégénère en combat fratricide, non."

"DÉGAGE, RHADA !" grogne Minos.

"TE MÊLE PAS DE CA !" rétorque Aiacos.

"SILENCE, TOUS LES DEUX ! Regardez-vous ! Crevan a vraiment toutes les raisons de rire de la situation tant elle est GROTESQUE !"

Minos baisse la tête. Aiacos le darde, impitoyable.

"Léviathan." d'une voix grave. "Hors de ma vue et de celle de mes frères."

"Fort bien, Juge de Wyvern."


J'étale les bras sur le plateau de la kotatsu, y posant ma tête en soufflant.

Il me présente un thé à l'arôme réconfortante.

"Raconte-moi." s'installant gracieusement.

"Boh... c'est comme ça chaque fois que je croise les Juges d'Hadès avec lesquels j'ai eu un lien très intime... j'ai l'impression qu'aujourd'hui, pour deux d'entre eux, nous en sommes arrivés à nous détester avec la même hargne. Il n'y en a qu'un dont la conduite ne pose aucun problème et surprise, ce n'était pas celui que je suspectais."

Suguru sourit, cherchant une de mes mèches des doigts. "Léviathan fait des ravages en laissant derrière elle des cœurs saignés."

"Ça te fait peur ?..."

Il me darde de ses yeux étroits. "Ça devrait ?..."

"Pas pour le moment."

"Je vois." perdant le regard au fond de sa tasse. "Tous ces hommes que tu fais danser..." sur un petit sourire. "... n'est-ce pas là un juste retour de ce que le sexe masculin a toujours fait subir aux femmes depuis la nuit des temps ?..."

"Tu me connais si bien alors que nous nous côtoyons depuis peu de temps..."

"Ton aura ne laisse aucun doute quant à la perspective qui attend tes amants. Et je porte suffisamment de fléaux en mon flanc pour en appréhender la nature et l'histoire de chacun d'entre eux. Qu'importe. Ce qui compte, c'est... le moment. N'est-ce pas ?..."

"Suguru..." attrapant sa main pour en embrasser le dos avec dévotion. "Je voudrai que ce soit différent... crois-moi, je le vou..."

Il barre mes lèvres de son index fin. "Shh. Ce serait te dénaturer."