Je pensais certains choses enterrées, détruites à jamais... je crois m'être trompée.
Chapitre 323 : Strong Allies
Mes sons montent de plus en plus haut, tandis que je bouge sur lui, mains crispées sur ses épaules. Son souffle, qui rend parfois quelques beaux rauques roulant dans sa gorge, me balaye le cou. Sa prise dans ma nuque est si présente !...
A califourchon sur lui, lui profondément inséré, assis, se tenant d'un bras tendu sur l'arrière, menton levé, visage tourné vers le plafond à mesure que l'orgasme approche, savourant nos sexes imbriqués ainsi que l'aisance du coulissage rendu de plus en plus voluptueux.
Nous jouissons à cris étouffés.
Je cesse et pose le front contre son épaule tandis qu'il caresse mon dos et mes cheveux.
"Fabuleux... merci, Rachel." soufflé contre ma peau.
Nous en sommes moites. Je mordille le tracé de sa jugulaire encore battante.
Au bain !...
Nanako adresse un coup de coude discret à sa sœur, indiquant, d'un mouvement de menton, le sourire béat qui demeure résolument fixé sur les lèvres de leur père adoptif.
"Je parie que c'est à Rachel qu'on le doit..." fixé à l'oreille de sa sœur.
"Sans aucun doute possible." sourit cette dernière, heureuse de voir leur père dans cet état.
L'ouïe très fine de Geto les a captées. Il n'en dit rien, rendant son sourire plus épanoui encore. Il détient enfin la famille qu'il espérait...
Il s'installe derrière moi, me prenant entre ses jambes, nouant les bras sur mon ventre.
Je laisse ma tête reposer contre son épaule. "Hey..." levant la main pour caresser ses cheveux à l'aveugle.
"Mes filles grandissent..." sur un petit sourire.
"Forcément."
"Non, je veux dire... elles sont parvenues à deviner celle qui se cachait derrière mon sourire."
"Ce ne sont plus des enfants, Suguru."
"Je pense leur avoir apporté les bases pour affronter ce monde. Et envisager sereinement celui qui vient." toujours aussi convaincu par ce qu'il prêche.
"Yes. And your word is law."
"Et tu y seras ma reine." à mon oreille, tendre et souriant.
"Nan, attend, tu passes ton doigt par là..." lui indiquant le chemin en se saisissant de sa main pour la guider sous le jeu des ficelles tendues.
Nanako rougit fortement.
"Je te gêne ?..." questionne Eliott, conscient de son charme sur la jeune fille.
"Oui... non... enfin..." retirant lentement sa main. "Qu'en penserait Geto-Sama ?"
"Je vois. C'est parce qu'il vous a sauvés, ta sœur et toi ?"
"Oui. Ce village de macaques... complètement étranger aux dons..."
"Ma mère m'en a un peu parlé. Ça a été sanglant. A la hauteur de sa colère, j'imagine."
"Il a tout de suite été d'une gentillesse incroyable envers nous, tu sais... il nous a rassurées en se servant des codes que nous partagions... puis il a tué tous ces singes dehors, hors de notre vue."
"Attentionné, en effet. Il y a immédiatement eu un lien fort entre vous. Comme moi avec ma mère."
"Toi, tu étais dans quelle situation avant de rencontrer Rachel ?"
"Très malheureux. Mes parents m'ont mis à la porte la nuit de Noël... parce que j'avais osé afficher ma véritable nature."
"Oh... quels primates dépourvus d'intelligence !..."
"Maman m'a immédiatement accepté tel que je suis. Elle a immédiatement eu une affection innée à mon égard."
Sourire de Nanako. "On a quelque chose en commun..."
"Plus que tu ne le penses... les personnes comme ton père et ma mère savent voir bien au-delà des simples apparences."
Posés dans le jardin intérieur. Suguru se voue à l'entretien de la végétation.
"Pourquoi la robe de moine bouddhiste ?" questionne soudain Eliott.
"Pour inspirer la confiance." sans détour. "Qui se méfierait des intentions d'un humble prêtre ?..." taillant un arbuste au feuillage permanent.
"Et pour la symbolique, je présume ?"
"En effet. La signification a toujours eu très forte influence dans le monde du jujutsu."
Eliott me tient contre lui, installés dans l'engawa(1) de l'habitation.
Il revient vers nous et glisse une fleur dans mes cheveux.
"Je tiens beaucoup à ta mère, tu sais, Eliott."
"J'ai pu le noter, oui." souriant.
"Et je sais aussi qu'elle tient énormément à toi."
"Suguru, je veux que tu m'inities." dis-je soudain, rompant la discussion.
Suguru cligne. "Au sujet de ?..."
"Au maniement du sansetsukon."
"Ça va être de toute beauté, je sens." se régale Eliott.
"Je suis persuadé que tu disposes d'un talent naturel des armes de toute nature." sourit Suguru.
"Je veux un maître dans l'art."
Nous sommes en nage. Quel adversaire !...
Il est du niveau de Satoru, utilisant certes d'autres techniques, mais demeurant un sacré challenger ! Clairement du genre badass.
"Tu caches bien ton jeu." souriante, respiration vive.
"Je suis du genre plus discret et moins vantard que Satoru." ramenant l'arme sur le côté, s'en ceinturant.
"Tu te défends très bien."
"Tu abandonnes ?" sur un sourire de guerre.
"No way !" m'élançant pour un nouvel échange tout aussi énergique.
Eliott s'en prend plein les mirettes, bientôt rejoint par Nanako et Mimiko.
"Wow !..." impressionnée.
"J'en prends plein les yeux !... Même parmi les Spectres, beaucoup sont d'un niveau bien inférieur."
"Vous... ne comptez pas présenter Maître Geto à Hadès, n'est-ce pas ?" prise soudain de frissons.
Eliott ouvre de grands yeux. "Sauf s'il venait à l'exprimer ouvertement. Mais je sais qu'il ne le fera pas. Il tient bien trop à vous." souriant.
Nous soupons avec appétit.
"Ça creuse, visiblement." nous adresse Eliott.
"Je vais avoir des courbatures dans tout le corps demain !..." riais-je.
Suguru se penche jusqu'à mon oreille. "Et je n'en ai pas encore terminé avec toi." soufflé, telle une promesse, souriant.
Le feu me monte instantanément aux reins. Je tâche de camoufler au mieux le trouble qui m'anime, ce qui n'est pas une mince affaire. Je crispe les mains sur les cuisses pour tenter d'en canaliser la tension.
Il demeure très fier de son petit effet, sourire jouant sur ses lèvres fines.
"Tu es sûr que tu veux rentrer ?" à Eliott.
"Oui, j'ai à faire." se penchant sur mon oreille. "Et toi aussi, visiblement." n'ayant rien loupé de la façon dont Suguru m'a interpelée à table. "Pour tout te dire, moi aussi je suis attendu." demeurant volontairement énigmatique.
"Par... qui ?..." soufflée.
"On se voit demain. Bonne soirée, ma petite maman !..." prenant congé, agitant la main en s'éloignant.
Une autre main, plus large, regagne mon épaule. "Ton fils est exceptionnel. Note que cela ne devrait pas m'étonner au vu de la mère formidable qu'il a." souriant.
"Suguru..." me tournant vers lui, cherchant le baiser, qu'il m'accorde, langoureux au possible, mains de part et d'autre de mon visage, langues prises dans une danse érotique de haut vol.
J'en frémis de délice autant que de ravissement.
Mon sexe palpite en réponse.
"Suguru..." invitant sa main à venir se glisser entre mes cuisses.
Petit rire flatté à mon oreille, tranchant de la main appliquant la pression là où il le faut, me prenant le souffle.
Je me pends à son cou, rendant le toucher de sa main discret.
"Tu vas... me faire jouir dans ce couloir..." à son oreille percée par la large boucle sombre.
"Ne me mets pas de telles idées en tête..." répondu de la même façon, souffle allant en s'accélérant, sexe déjà joliment tendu sous les amples épaisseurs.
Il écarte sa main à regret, regard étroit faisant luire ses pupilles d'une brillance démente.
Sa main passe dans ma nuque, me rapprochant de sa bouche qu'il rend dévorante. C'est vif, bref. Ça nous laisse complètement remués.
"Je te laisse regagner la chambre ?... Je ne tarderai pas." sur un petit sourire explicite.
Je rejoins la pièce, complètement chamboulée et il s'y présente, s'installant en bord du futon, m'accueillant sur lui, jambes écartées.
Je le dégage pour caresser cette colonne palpitante, lui arrachant des souffles vacillants ainsi que quelques belles expressions du désir qui couve en lui.
Nos bas nous quittent rapidement, avides de sentir nos peaux glisser l'une sur l'autre.
Ses cuisses sont agréablement renflées par le muscle. Il est vraiment très beau...
Installée entre ses jambes, mes paumes ne s'en lassent, traçant leur chemin jusqu'au sexe, y faisant grimper les doigts.
Je me penche pour l'accueillir en bouche, ce qui le fait tressaillir.
Une main douce trouve sa place dans ma nuque tandis que je le gâte.
Sa peau granule sous l'afflux des sensations que ma bouche imprime.
Sa voix monte sans qu'il soit capable d'en juguler l'écho.
"Gojô." laissant mes doigts monter jusqu'à la chevelure d'un blond polaire.
Ses paupières s'abaissent sur ce regard capable de capter jusqu'au plus infime atome.
"Embrasse moi."
Il tourne lentement le visage vers le mien, lèvres s'entrouvrant lorsqu'elles entrent en contact, souffle se mélangeant.
"Miss you."
Sa bouche prend la mienne, lentement, profondément, dispensant une onde voluptueuse à tout son corps.
"Tu pourrais... avoir toutes les filles... à tes pieds..."
Petit rire en face, lèvres glissant le long des miennes. "Il n'y en a qu'une qui m'intéresse. Sérieusement, je veux dire."
"Tu regardes les autres ?..."
"Ça arrive encore. Parfois."
"Et ?... Ça te fait de l'effet ?..."
"Ça... retombe vite."
Je ris.
"J'aime t'entendre rire."
"Chez toi, alors ?..."
"Comme tu veux."
Nous nous installons sur le canapé. Il croise élégamment les jambes, tasses fumantes de thé devant nous, bras passé derrière mes épaules, le long du dossier.
"Alors, qu'est-ce que tu racontes ?"
"Boh... quelques missions par ci, par là." évasif.
"Des fléaux intéressants ?"
"Un qui se multipliait à chaque coup porté."
"Oh."
"Celui-là m'a obligé à utiliser la Limitless dans toute sa portée."
En ma présence, voilà bien longtemps qu'il a mis de côté le port du bandeau ou de tout autre moyen de camouflage. Ce sont les yeux nus qu'il avise mes atomes et mon aura. La beauté de mes formes n'échappe guère à ses sens masculins avertis. Il apprécie, devinant tout sous mes vêtements.
"Et Megumi, ça va ?" piochant dans quelques apéritifs salés.
"Oui. Il a un regain d'intérêt pour l'école en ce moment, c'est assez amusant à voir. Du coup, je le lâche un peu."
"Il commence à se responsabiliser, c'est bien." souriante.
J'attrape sa main pour poser la mienne sur son dos, amusée par la différence flagrante de taille, riant pour moi-même.
"En même temps, avec un bon mètre 90, le reste demeure en proportion."
"Tout le reste, tu veux dire ?..." avec un sourire particulièrement taquin.
"Oui, tout le reste. Tout, tout." regard fixant un moment l'entrejambe avant de revenir à ses orbes splendides.
Minos consulte d'un œil distrait le SMS entrant. Le moindre de ses poils se hérisse à la lecture du nom de l'expéditeur. Un nom qu'il a pourtant conservé en mémoire dans son smartphone de prix et dans son cœur maudit...
"En pleine réunion... tu choisis bien ton moment, Léviathan." ronchonné.
Regard courroucé de Rhada.
"Oh, ça va !... Tu nous gaves depuis près d'une heure avec tes tableaux croisés indigestes !... Tu peux bien nous accorder une petite pause, non ?" se levant pour s'étirer.
"Rassied-toi tout de suite." grogne le dragon.
"Tout ça est très mauvais pour mon teint. Je vais prendre l'air." quittant la salle sous quelques insultes bien senties en anglais.
Minos enfile son pardessus et son écharpe, se rendant sur le trottoir devant la startup, avisant la devanture florissante des pompes funèbres du Lys avant de reprendre la lecture du message reçu : "Pourrait-on se voir sans heurts cette semaine ?... Je te laisse le choix de l'endroit. Lév'."
A vrai dire, Minos hésite. Parce que cette diablesse de Léviathan a déjà tant de fois piétiné son cœur qu'il ne supporterait pas un nouvel assaut.
Minos souffle, fait les cent pas, revient devant la porte, passant d'un pied à l'autre. Lui, le superbe Griffon, celui devant la folie duquel se sont disloqués un nombre incalculable d'adversaires !...
Lui tremble à présent devant une menace d'un tout autre genre.
"Vas-tu une nouvelle fois me précipiter dans l'abîme, Léviathan ?"
Il hésite avant envoi, s'en pinçant la lèvre.
Son pouce actionne la commande via l'écran tactile. Il attend le retour, fébrile.
"L'abîme, tu en viens, Minos ; )"
La réponse le ferait presque sourire, si son cœur n'était pas déjà en miettes. Par la faute de cette créature. La cent-neuvième Étoile. Du poison dans son état le plus pur. Un poison violent, vicieux.
Minos est assailli de questions, toutes plus vives les unes que les autres. Comment cette créature femelle a-t-elle pu être capable de le mettre ainsi en déroute ?...
Minos y a laissé plus de plumes qu'un Griffon n'en est capable. Pourtant... ah oui, pourtant... le fait que Léviathan le contacte ainsi souffle sur les braises d'une relation qui semble loin d'être terminée. Et ce fait terrifie Minos !...
"Que cherches-tu, Léviathan ?" tombe aussi sec. "Qu'as-tu encore à tirer de moi ?..."
"Je trouve cela regrettable d'en être arrivés là."
Il m'appelle derechef, paré à la confrontation. "A qui la faute, dis-moi ?"
"Oh arrête... tu n'es pas tout blanc dans l'affaire, Minos."
Il renifle. Il encaisse. Le moment est intense.
"Je devrai te dire de demeurer éloignée de moi..."
"Mais tu n'en as aucune envie, n'est-ce pas, Minos ?"
"Léviathan, si c'est encore là un de tes plans..." serrant le poing et crispant la mâchoire.
"Je ne veux pas que ça se termine de cette façon entre nous, Minos. Nous nous sommes beaucoup aimés pour des Spectres. Et ça, ça compte, Minos."
Minos s'adosse contre la vitrine du rez-de-chaussée. "Tu es partie en vrille dès lors que Crevan t'a mis la main dessus, Léviathan." fixant la devanture de son opposant.
"Hihihihi ! C'est qu'il l'a mauvaise, le petit Juge !..." se moque Undertaker, à distance.
"Chercher des responsables ne va pas dénouer la situation, Minos. Voyons-nous et discutons-en calmement, tu veux ?"
"Très bien. Je te recontacte pour l'adresse." raccrochant, demeurant encore un instant à l'extérieur avant de regagner les locaux.
L'adresse est prestigieuse, étoilée.
Nous laissons nos effets au vestiaire et nous installons.
Il a revêtu un pantalon gris sur chemise ciel, élégant comme à son ordinaire.
Ma robe noire est simple, hormis une fioriture de dentelle dans le dos.
Je retrouve la fragrance subtile de son after-shave de prix.
Nous consultons la carte en silence.
"J'ignore toujours si l'idée est bonne..." lance-t-il d'une voix presque éteinte.
"Elle l'est." sans lever les yeux des lignes.
"Que vas-tu laisser de moi, Léviathan, lorsque tu m'auras totalement déchiqueté ?..."
"Je ne suis pas là pour ça, Minos."
Si sa main ne tenait pas la carte, je m'en saisirai pour le rassurer...
"Tu me pétrifies, Léviathan." reposant la carte, inspirant après avoir dispensé l'aveu.
"Comment toi, Minos, ô grand roi de Crète, trembles-tu devant si peu ?..." amusée. "Toi qui, de ton vécu, s'est âprement disputé avec tes frères pour l'amour d'un garçon(2) ? Toi qui, montant sur le trône, a écarté tes frères du pouvoir ? Toi qui as eu une multitude de descendants ? Toi qui réprimais avec vigueur la piraterie dans les mers de Grèce ? Toi qui, à l'instar de Kanon, a trompé un dieu(3) ? Toi qui fis enfermer le Minotaure dans le plus mythique des Labyrinthes ? Toi qui assiégeas Athènes et qui, victorieux, réclama, en guise de tribut, l'envoi de sept jeunes garçons et filles de la ville pour servir de pâture au Minotaure chaque année ?"
"Léviathan, Léviathan... comme j'aime t'entendre chanter mes exploits !..." croisant élégamment les doigts sous son menton.
"Tu m'as manqué, Minos..." m'autorisant une caresse sur sa joue.
Le contact ne manque pas son effet. Ses magnifiques iris couleur améthyste étant, à présent, baignés par un trouble sans précédent.
"Oh, Léviathan... je pensais t'avoir oublié... avoir renoncé... quel fou ai-je été ?..." attrapant ma main pour en baiser le dos, épris.
"Toute ton attitude a prouvé le contraire, Minos. Je l'ai su dès que tu es venu me chercher sur la terre nippone. Tu me voulais férocement."
"Tu lis si aisément les cœurs, Léviathan." presque ronronnant.
"Mais, Minos, je ne veux pas que tu t'emballes. Je te sais passionné, un de ces êtres flamboyants qui ne tolère aucun partage."
"J'ai conscience que notre histoire ne peut plus être rejouée et je vais finir par l'accepter."
"Je ne voulais pas que nous terminions en devenant ennemis, Minos. Cela m'aurait peiné. Vraiment."
(1) Coursive extérieure, couverte, à plancher bois, longeant les pièces intérieures
(2) Milétos ou Atymnios
(3) Poséidon
