Disclaimer : L'univers et les personnages de "Wes & Travis" ne m'appartiennent pas.

Relations : Travis Marks / Wesley Mitchell

Rated : MA (réservé à un public averti, relations sexuelles explicites) (dans le chapitre 1)

Note : CE FANDOM EST. DÉCÉDÉ. JE POSTE QUAND MÊME, PARCE QUE JE SUIS MASO. J'ai cette fic terminée sur mon PC depuis... un moment... et je l'aime trop, guys. S'il y a quelqu'un ici, s'il-vous-plaît dites-moi ce que vous en aurez pensé :')

Note 2 : Cette histoire est en 3 parties, le premier chapitre se passe avant la série, les deux autres se passent après, et je posterai un chapitre par semaine pendant trois semaine (y compris ce premier jour) ! Mon idée de base étant... "et s'ils avaient couché ensemble avant le début de la série ?" :O Enfin bref, ça m'a beaucoup plu d'écrire cette petite histoire ! J'espère que ce sera lu :))

Enjoy !

. . .


- Chapitre 3 -

-Travis ? Est-ce que tout va bien ?

Alex avait l'air d'être surprise de le voir. Rien d'étonnant, il ne venait pas souvent. Il aurait voulu offrir un grand sourire pour faire bonne mesure, mais ça paraissait déplacé et il ne parvint à lui en adresser qu'un petit, sans les fanfares. Elle s'écarta pour le laisser passer.

-Entre, je t'en prie.

Il passa la porte en se raclant la gorge et, comme il ne savait pas vraiment comment aborder le sujet de manière naturelle, il décida d'aller droit au but.

-On avait thérapie, ce matin.

Il marcha sans trop savoir où s'arrêter, ni d'ailleurs quoi faire de son casque, de ses bras ou du reste de lui-même, et finit par se tenir droit comme un piquet près du piano, la lanière de son casque entre ses mains jointes devant lui. Elle refermait la porte derrière eux et le rejoignait dans son salon – il la vit incliner légèrement la tête sur le côté.

-Je croyais que vous n'y étiez plus obligés ? s'étonnait-elle.

Elle le dépassa pour aller à sa cuisine où elle baissa le feu de sa gazinière tandis que Travis laissait échapper un petit rire nerveux.

-Ouais, hm, on a… on a décidé de continuer.

Elle se retourna vers lui, les yeux écarquillés.

-Oh ?

Mais elle n'avait pas l'air décontenancée, au contraire même. Elle avait l'air… agréablement surprise. Elle ouvrit son frigo et sortit deux bières, dont une qu'elle posa pour lui sur l'îlot près d'eux. Travis la regarda faire, nerveusement.

-Tu sais, dit-elle, je crois que c'est une bonne idée. Wes et toi réglez bien mieux vos problèmes quand vous avez un-

-J'ai appris que tu savais.

Son décapsuleur dans la main, elle suspendit son geste. Travis eut du mal à déglutir. Il n'avait pas l'habitude de se sentir aussi… mal-à-l'aise. Mais elle n'avait pas l'air de comprendre. Ce qui était, à vrai dire, mille fois pire.

-Quoi ?

-Ce matin, précisa-t-il. Ce matin j'ai appris que tu savais, pour Wes et moi.

C'était la phrase la plus angoissante qu'il avait eu à prononcer de sa vie. Il s'était attendu à la voir changer d'attitude, se faire plus froide peut-être, ou même avoir pitié, ou même rire, de dédain, ou de ressentiment, ce qui aurait été pire que tout. Mais elle plissa les yeux.

-Oui, je savais, dit-elle, prudemment. Wes ne te l'avait pas dit ?

Travis fit doucement non de la tête, encore incertain de ce qu'il devait comprendre. Alors… elle pensait… qu'il savait… qu'elle savait ?

-Oh, fit-elle. Je pensais… je pensais qu'il te disait tout.

Ouais. Lui aussi. Il baissa les yeux vers la bière qui l'attendait sur le comptoir. Alex, avec un sourire contrit, glissa doucement le décapsuleur dans sa direction. Il le prit, presque comme un réflexe, mais ne s'en servit pas. Il le fixa, un instant. Quelque chose… quelque chose n'allait pas. Quelque chose le dérangeait. Il fronça les sourcils.

-Pourquoi t'as accepté de continuer à me voir ? demanda-t-il.

Il releva les yeux pour la regarder, mais se détourna à l'instant même où leurs regards se croisèrent, gêné.

-Je veux dire, même en sachant tu- j'étais invité quasiment tous les mois, tu-

Il se tut. En ce qui le concernait, ça n'avait pas de sens.

-Travis.

Elle lui souriait, doucement, mais il refusa toujours de la regarder. Il baissa les yeux.

-Wes et moi… C'était une période compliquée, dit-elle. On s'est tous les deux fait du mal. Mais… il a été honnête avec moi et je savais que ça ne se reproduirait plus. Vous étiez équipiers, il te confiait sa vie tous les jours, bien sûr que je voulais mieux te connaître.

Il ne comprenait toujours pas comment elle pouvait lui parler avec cette douceur, comme à un ami, après ce qu'il lui avait fait. Enfin, ce que Wes- ce qu'ils lui avaient fait, tous les deux. Travis passait régulièrement de partenaire en partenaire – trop régulièrement, d'après Wes – mais il n'avait jamais été infidèle. Il n'avait jamais couché avec quelque qui était marié, non plus. Enfin. A part Wes. Il aurait bien aimé savoir. Il aurait bien aimé comprendre. A quel point ils avaient été malheureux, à ce moment-là de leur vie commune, pour qu'ils se soient pardonnés.

-Comment tu savais ? demanda-t-il à la place.

Il n'avait toujours pas ouvert sa bière.

-Comment je savais quoi ?

-Que ça ne se reproduirait plus ?

Il releva les yeux vers elle. Elle eut un petit sourire, presque… amusée.

-C'est arrivé ? demanda-t-elle.

-Non.

Son sourire s'agrandit. Travis commençait à voir où elle voulait en venir.

-Si Wes avait voulu continuer à me tromper, il ne serait pas venu se confesser à moi le jour-même de son écart. Il voulait qu'on sauve notre mariage. Et ça a marché, quelques années.

Ouais. Quatre ans. Il baissa les yeux, une fois de plus. Il ne savait plus trop quoi penser.

-Travis. Ce n'est pas à cause de toi, qu'on a divorcé.

Il souffla un petit sourire, peut-être un peu désabusé. Ouais, ce n'était pas la première fois qu'on lui disait ça aujourd'hui. Et d'ailleurs, il commençait à y croire. Le seul truc, c'était que ça ne décollait pas ce sentiment de stagnation dans le fond de sa gorge.

-Je sais que tu as entendu cette histoire mille fois, mais… être mariée à un flic…

Elle contourna l'îlot, prit le décapsuleur de ses mains et lui ouvrit sa bière, avant de la lui tendre. Il leva les yeux vers elle. Oui, il savait. Il la laissa dire, pourtant. Il voulait l'entendre.

-Quand on s'est mariés, Wes et moi on faisait le même métier. On avait le même salaire, on avait les mêmes journées. On partageait absolument tout. Quand il est devenu flic, je savais que ce serait différent, mais rien n'aurait pu me préparer à l'appréhension de le voir partir et…

Elle s'interrompit, chercha ses mots un instant.

-Et puis, il ne se confiait plus à moi. Il ne voulait pas que je sache sur quoi il travaillait, pour m'épargner les horreurs de son travail. On ne parlait plus que du mien, mais il écoutait de moins en moins, il avait toujours la tête dans une affaire. Alors j'ai fini par arrêter de me confier, moi aussi.

Il y avait un brin de nostalgie dans ses yeux. Elle sourit.

-C'est tragique, dit-elle, mais ça arrive à des milliers de couples chaque année.

Il sourit en retour, faiblement. Ouais. Le mariage. Une vraie loterie. Il but sa première gorgée de bière et elle le regarda faire. Elle le regarda… inquiète.

-Travis… ça fait six ans, fit-elle. Pourquoi maintenant ?

Il se contenta de hausser les épaules.

-Je te l'ai dit, c'est ressorti en thérapie.

-Précisément ce matin ? insista-t-elle. Par hasard ?

Ses doigts pianotaient nerveusement sur sa bouteille encore presque pleine, il but une deuxième gorgée, pour gagner du temps. Il n'avait pas vraiment envie de répéter le récit de leur week-end, de ce début de semaine, de ce qu'il s'était passé après l'explosion. Pourtant, il avait conduit jusqu'ici. Il devait bien se douter qu'elle poserait la question. Il haussa encore une fois légèrement les épaules, chercha ses mots.

-Tu sais, je me sentais pas… je me sentais pas légitime d'être là pour lui, après votre divorce.

Et puis il grimaça, parce que ça ne sonna pas exactement comme ce qu'il ressentait.

-Je veux dire, se reprit-il, je l'étais, bien sûr, parce que c'est mon ami et qu'il était…

Il s'interrompit, se pinça les lèvres, détourna les yeux. Elle savait. Cette partie-là, elle connaissait. Il grimaça.

-Enfin, j'avais l'impression… d'être… je ne sais pas.

-Hypocrite ? proposa-t-elle.

Il se retourna vers elle, surpris. Oui. Hypocrite, c'était ça. Elle lui sourit, mais ne dit rien. Il n'avait pas eu la sensation de pouvoir être à la fois l'ancien amant et l'épaule de l'ami après le divorce. Il avait fait abstraction, pour Wes.

-J'y ai pas mal repensé, cette semaine, reconnut-il à mi-voix.

Aujourd'hui il avait la sensation de ne pas pouvoir être à la fois l'ancien amant et… le nouveau… quelque chose. Enfin, ce n'était pas exactement ça. Il aurait été impossible pour lui d'être à la fois l'ancien amant responsable du divorce de Wes et le nouveau… peu importait le terme. Maintenant qu'il savait qu'il n'avait joué aucun rôle, ça semblait ne plus être un problème. Et pourtant… et pourtant, il ressentait toujours cette anxiété, là, entre ses deux poumons. Le sourire d'Alex s'élargit, juste un iota.

-Tu l'aimes beaucoup, hein, dit-elle.

Ça le prit de court mais il soutint son regard, malgré tout. Il soutint son regard… au moins trois secondes. Après, ça devint trop dur, et il passa une main nerveuse derrière sa nuque.

-Tu te rends compte que ce que vous avez aujourd'hui, ça n'a rien à voir avec ce que vous aviez à l'époque, pas vrai ?

Et Alex avait l'air si sûre d'elle qu'il risqua un coup d'œil dans sa direction.

-Vous vous voyiez sur votre temps libre depuis deux ans pour travailler sur une enquête dont personne ne voulait, Wes et moi on en était à notre troisième pause de l'année, vous veniez juste de coincer un tueur en série, vous étiez censés ne plus vous revoir qu'à l'occasion.

Bien résumé, bien résumé. Il aurait bien voulu répondre quelque chose, quelque chose d'intelligent, de désinvolte, mais rien ne vint.

-Aujourd'hui vous êtes équipiers depuis six ans, continuait-elle, vous mettez vos vies dans les mains de l'autre tous les jours, vous avez appris à vous connaître. Vous suivez une thérapie.

Il baissa malgré lui les yeux vers le sol. Il savait ce que ça représentait, pour elle, la thérapie de couple. Il se souvenait qu'elle avait essayé de sauver leur mariage, de cette manière.

-Wes n'a jamais voulu en suivre une, pour moi.

Bien sûr, ils avaient fait ça pour sauver leurs postes. Leur équipe. Aujourd'hui ils continuaient, mais… ils avaient vu le bien que ça leur faisait. C'était presque comme… une période d'essai avant de se décider. Un période d'essai imposée. Imposée par le Capitaine Sutton. Peut-être que si Sutton avait menacé Wes de le virer s'il ne suivait pas une thérapie avec Alex, il aurait fini par vouloir poursuivre, là aussi. Enfin, ce n'était pas la question.

-Il t'aime beaucoup, lui aussi, tu sais.

Il échangea son poids de jambes, brièvement. Sa bière dans ses mains était en train de tiédir, mais il avait la gorge serrée.

-Vous êtes de garde, ce week-end ?

Il fit non de la tête, doucement. Non, ils n'étaient pas de garde. Ils avaient fait le week-end précédent – ce tireur, justement. Il n'osait toujours pas la regarder. Son carrelage était magnifique.

-Tu devrais l'inviter à prendre un verre.

Il releva les yeux, surpris. Quelque chose dans son regard dut faire penser à Alex qu'il doutait de son jugement, parce qu'elle ajouta, avec un sourire :

-Je suis sérieuse. Aucune chance qu'il dise non.

Aucune chance ? Comme dans « zéro chance », comme dans sûre à cent pour cent ? Il n'était pas convaincu. Il tenta de se souvenir les mots exacts que Wes avait prononcé en thérapie, à propose de… de l'incident, après l'explosion, mais il n'y parvint pas. Tout de même, il sourit. Il avait bien fait de venir voir Alex. Il était… il était soulagé. Que ça ne change rien, entre eux. Il sourit.

-Merci, Alex.

Elle pencha légèrement la tête sur le côté, amusée.

-Merci ? répéta-t-elle. Pour quoi ?

Mais elle savait pour quoi, et il laissa échapper un petit rire, but dans sa bière. Pas aussi tiède qu'il l'aurait pensé. Si elle était si sûre d'elle, alors il irait voir Wes. Il n'était pas encore bien sûr de ce qu'il lui dirait, mais… il irait.

…sans doute.

.

Appuyé contre sa tête de lit, la télécommande dans la main, les yeux sur sa télé, Wes comatait sur le lit de sa chambre d'hôtel depuis bien deux heures maintenant. C'était comme être de retour en fac de droit, après un marathon d'examens. Lessivé. Sans compter le fiasco de la séance de thérapie. Pour une fois qu'il s'ouvrait au groupe de son plein gré… pour une fois. Non seulement ça n'avait rien arrangé avec Travis, mais ça avait rendu les choses deux fois pire. Il le détestait, c'était sûr.

Travis avait dit en thérapie qu'il était distant avec lui parce qu'il avait l'impression d'avoir joué un rôle dans son divorce. Dans son divorce ! Mais c'était le truc le moins logique qui était jamais sorti de sa bouche. Alors quoi, Wes manquait de l'embrasser une fois en six ans, et Travis balançait sa petite bombe de fumée pour faire diversion ?

Wes savait que Travis n'était pas intéressé. Si ce n'était que ça, il aurait pu lui en parler, lui dire eh, Wes, au fait, merci mais non, et ça aurait suffi. Pas besoin de prendre ses distances pendant trois siècles comme si Wes avait la peste ou quelque chose comme ça.

Enfin… maintenant qu'il savait qu'Alex avait été au courant pour eux, il avait une bonne raison de lui en vouloir. Et pour ça, il le détestait, c'était certain. Son portable sonna près de lui et en voyant que c'était Travis qui l'appelait il décrocha immédiatement.

-Allô ? lança-t-il – ça sonna peut-être un chouïa trop désespéré.

-Hey, Wes, c'est moi, fit la voix de Travis au téléphone. T'es à ton hôtel ?

S'il était à son hôtel ? Les yeux de Wes firent vivement le tour de la pièce, comme pour s'en assurer.

-Hum, oui, oui j'y suis, dit-il. Pourquoi ?

-Je suis au bar.

Wes fronça les sourcils, le cœur battant ridiculement vite pour la banalité de cette conversation.

-Au bar… de l'hôtel ? hésita-t-il.

-Non sur Westminster Street, fit Travis. Bien sûr à l'hôtel, p'tit génie ! Alors, tu viens ou pas ?

Ça n'avait rien à voir avec le Travis qui avait quitté leur séance de thérapie plein de rage ce matin-là et Wes sentit sa suspicion monter de trois cents pour cent. Qu'est-ce qu'il avait fait depuis qu'il avait quitté le bureau, cet après-midi ? Est-ce qu'il avait bu ? Il n'avait pas la voix du Travis qui avait bu.

-Hum…

Il avait déjà dû garder le silence un brin trop longtemps.

-Oui, okay, j'arrive, fit-il.

Mais avant de raccrocher, il se dépêcha d'ajouter, les sourcils froncés :

-Tout, hm, tout va bien Travis ?

-Au poil.

Et ça raccrocha immédiatement. Wes regarda son écran, pris de court. Ça n'avait pas l'air d'un bon signe, du tout. Vivement, il sauta de son lit, chercha un instant ses chaussures comme un idiot alors qu'elles étaient juste là sous ses yeux et dès qu'il les eut enfilées il sortit de sa chambre comme s'il avait le feu aux trousses, sans même prendre le temps de vérifier qu'il avait sa clé sur lui. Dans un bref sursaut de panique, il plaqua sa main contre la poche de son pantalon, et soupira alors que les portes de l'ascenseur se refermait déjà sur lui – elle était là. Une fois en bas, il sortit de la cage d'ascenseur bien plus vite qu'il aurait dû, mais ses jambes brûlaient d'adrénaline, et son mauvais pressentiment ne l'avait pas quitté. Au contraire même, il avait grandi. Il ralentit en approchant du bar, soudain plus anxieux encore. Et puis, il se rendit compte qu'il était descendu sans sa veste, et il se sentit brusquement bien peu vêtu. Il resserra sa cravate, pour compenser, passa une main nerveuse dans ses cheveux, déroula les manches de sa chemise. Il repéra Travis sans aucun mal, sur un haut tabouret, accoudé au bar. Il marcha dans cette direction, essuyant la moiteur de ses mains contre les côtés de son pantalon, et tenta d'avoir l'air le plus dégagé possible.

-Alors, fit-il en approchant. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Travis leva les yeux vers lui avec un petit sourire bien trop tranquille pour être sincère.

-T'as remarqué qu'on sortait jamais pour se voir en dehors du travail ? fit-il. On faisait ça, avant !

Wes plissa les yeux.

-Travis.

-On devrait le faire plus souvent, je pense.

Il ne pouvait pas être sérieux.

-Là, par exemple, bon, c'est ton hôtel, poursuivait-il. Mais si je t'avais appelé pour venir prendre un verre avec moi, t'aurais dit oui ?

La façon qu'il avait de le regarder, et la façon qu'il avait eu de poser sa question… ça le fit bêtement rougir. Il pria pour que ça ne se voie pas.

-P-pourquoi tu demandes ça ? balbutia-t-il.

Mais Travis ne répondit que par un petit sourire patient, et Wes se sentit obligé de répondre.

-Ou- hm, oui j'imagine, enfin, ça dépend…

Il bredouillait, c'était ridicule.

-Ça dépend ? répéta Travis. De quoi ?

-J-je ne sais pas… de l'heure ? tenta Wes. Si j'ai autre chose de prévu ?

Travis avait l'air bien trop à l'aise, ça cachait forcément quelque chose.

-Oh, répondit-il. Donc, si t'es libre et que je te demande de sortir prendre un verre avec moi, tu diras oui.

Wes rougit de plus belle, détourna les yeux un instant, gêné. Non, mortifié. Ça sonnait beaucoup trop… comme… enfin ça n'aidait pas son cas.

-Tu sais, fit Travis fièrement, je pense que le Dr Ryan serait satisfaite d'entendre ça.

Il se moquait de lui. Clairement, il se moquait de lui. C'était sa revanche, pour avoir parlé de son attitude de ces derniers jours devant le groupe.

-Ça prouve qu'on est capables de s'entendre même sans l'enjeu du travail, non ? continuait Travis. Passer du temps ensemble.

Wes reposa ses yeux sur lui, poussé par son angoisse.

-Travis, fit-il pour couper court à peu importait ce que ce petit discours était censé être. Tu vas me dire ce qu'il se passe ?

Et Travis eut l'audace d'avoir l'air surpris.

-Je te l'ai dit, fit-il.

-Non, précisa-t-il, je veux dire… est-ce que tu vas me dire pourquoi, vraiment, tu es distant depuis trois jours ?

-Je ne suis pas distant, là.

Wes cligna des yeux, une fois. C'était absolument incroyable. Déjà, si. Si, il l'était. Il était là, présent, mais Wes avait beaucoup de mal à le suivre et, justement, il semblait déterminé à ne pas lui parler de ce qui l'avait vraiment amené au bar de son hôtel. Ce qu'il avait dit, en thérapie, Wes n'y croyait pas. Enfin, si, il le croyait. Il voulait bien croire que Travis avait cru un jour être partiellement responsable de son divorce, simplement il ne croyait pas que c'était pour ça qu'il s'était conduit si froidement avec lui ces derniers jours. Parce que, si c'était le cas, maintenant qu'il savait la vérité, il aurait dû… il aurait dû redevenir comme avant. Il ne pouvait tout de même pas lui en vouloir encore pour ne pas lui avoir dit qu'Alex savait.

Enfin, il pouvait encore lui en vouloir. Mais il le lui aurait dit. C'était quelque chose de très concret, et c'était entièrement de la faute de Wes, Travis n'avait jamais aucun mal à lui dire en face ce genre de choses. Nerveusement, il se mordilla le coin de la lèvre.

-Est-ce que c'est parce que j'ai failli t'embrasser ?

Ça sortit presque tout seul et il s'en voulut à la seconde où ce fut prononcé. Travis se tourna vers lui. Toujours aussi anxieux, Wes détourna les yeux.

-Est-ce que tu veux-

Il s'interrompit, il n'était pas sûr de la façon dont il allait finir cette phrase. Enfin, si, il savait.

-Est-ce que tu veux demander au Capitaine de te faire assigner un nouvel équipier ?

Travis cligna des yeux à son tour, surpris. Pas que Wes put le remarquer.

-P-parce que je ne te demande rien c'est… balbutia-t-il. Ça ne veut rien dire, on peut toujours travailler comme avant.

-Wes…

-Mais je comprendrais, je veux dire, si tu ne voulais plus, hm, tu sais si tu ne voulais plus être mon partenaire, dit-il. Je veux dire on a déjà-

Ils avaient déjà couché ensemble.

-Mais c'était il y a longtemps et c'est différent, si ça te gêne de savoir que je-

Qu'il avait des sentiments pour lui – il rougit de plus belle, tenta de se rattraper.

-Enfin, pas que je sois-

Mais la fin de sa phrase mourut dans sa gorge, quand Travis posa soudainement ses lèvres contre les siennes. Wes écarquilla les yeux, et ça ne dura qu'un instant mais il n'y avait aucune chance pour qu'il l'eut imaginé, cette fois. Travis se recula, juste assez pour le regarder, et Wes aurait juré qu'il n'avait jamais rien vu de plus beau que ces yeux là, le regardant comme ça. Ils se regardèrent, un instant, sans rien dire. Wes était bouche bée. Travis eut un sourire… gêné.

-Après l'explosion, j'ai vraiment eu envie de t'embrasser, genre vraiment, fit-il. Mais- mais je pensais que tu voulais pas et ça m'a fait repenser à plein de trucs et…

-Toi, interrompit Wes, tu pensais que moi je voulais pas ?

Travis ricana, comme si c'était le malentendu le plus ridicule de tous les temps – et ça l'était. Wes secoua légèrement la tête, éberlué. Il savait que leurs compétences en communication en dehors du travail étaient basses, mais clairement c'était bien pire que ce qu'ils voulaient bien admettre.

-Merde, souffla-t-il, c'est vraiment une bonne idée qu'on continue la thérapie.

Travis glissa une main dans son cou et l'estomac de Wes fit des loopings. La seconde suivante Travis l'embrassait encore, et cette fois-ci Wes ne le laissa pas reculer si vite – il attrapa le pan de sa veste d'une main, glissa l'autre contre sa hanche. Ce fut seulement quand la langue de Travis se fraya un chemin jusqu'à la sienne que Wes se souvint, dans un éclair de lucidité, qu'ils étaient dans un bar – un bar où on connaissait son visage, par-dessus le marché.

-Je veux pas avoir l'air cliché, souffla-t-il en se reculant, mais c'est un hôtel, et il se trouve que j'habite ici…

-N'en dis pas plus, interrompit Travis.

Il sortit son portefeuille de sa poche, en sortit trois billets qu'il laissa sur le comptoir.

-Mais on a carrément une conversation sérieuse après ça, pressa-t-il en rangeant son portefeuille.

-Oh, carrément, approuva Wes dans un froncement de sourcils évident en faisant un premier pas vers la sortie.

L'instant d'après il appuyait frénétiquement sur le bouton de l'ascenseur, les doigts de Travis enroulés au côté de sa chemise. La montée en ascenseur dura deux baisers entrecoupés d'une brève pause pour respirer, et les portes s'ouvrirent dans un soupir. Wes attira Travis le long du couloir, ouvrit avec sa clé à l'aveugle, et Travis, les tripes en feu, sa langue dans sa bouche, referma la porte derrière eux, habilement, du bout du pied.

Fin


Et voilà ! Si vous avez lu jusque là, je veux absolument savoir ce que vous en avez pensé ! :') (Même si vous lisez dans un siècle !)

Plein d'amour !

Ciao ciao ~
Chip.