Fandom : Servamp
Ship : Mikuni/Tsurugi
Rating : T
Résumé : Tsurugi regardait la nouvelle chambre qu'on lui avait accordée. Elle était bien, assurément. Et pourtant, il ne se sentait pas à l'aise, à l'intérieur. Sans doute parce qu'il y était seul...
Merci beaucoup, Moira-chan, pour ta bêta ! Ton avis m'a bien rassuré :)
C'est le premier texte que j'écris sur ce fandom. Tsurugi est mon personnage préféré :) J'espère que ça vous plaira !
Bonne lecture :)
Jour 23 : S'il te plait, reste
Tsurugi regardait la nouvelle chambre qu'on lui avait accordée. Il ne pouvait le nier, elle était bien. Elle était même plus spacieuse que la dernière qu'il avait eue. Et pourtant, il ne s'y sentait pas à l'aise. Bien sûr, il n'en avait parlé à personne. Parce qu'il prenait toujours ce qu'on voulait bien lui donner sans chipoter. Comment pourrait-il se montrer difficile, après tout, alors qu'il ne possédait rien ? Il était déjà reconnaissant d'avoir une chambre, d'avoir un lieu où il pouvait se sentir en sécurité. Pas comme... Non. Au lieu de finir sa pensée, Tsurugi préféra sourire. Il aimait tant sourire. Tout lui paraissait plus simple comme ça et si tout était simple, les problèmes n'existaient alors plus... n'est-ce pas ?
Ah... Tsurugi aimerait tant que ce soit le cas. Mais, malgré sa reconnaissance, un froid étrange l'étreignait toujours lorsque ses yeux s'attardaient sur la chambre. Un vide. Un manque. Ereinté par ce sentiment, il s'avança dans la pièce et finit par se coucher sur son nouveau lit. Son regard se tourna ensuite vers le plafond. Ah... Il pouvait voir le plafond maintenant. Avant, il n'apercevait que le sommier du... que le sommier du lit de Kuni... Tsurugi fixa le plafond, songeur. Etait-ce pour ça qu'il se sentait mal ici ? Comme s'il était à l'étroit ? Etait-ce parce qu'il était seul ? Il en avait pourtant l'habitude. Combien de journées n'avait-il pas passées seul, enfermé dans une pièce, à attendre le retour de Tai ? Il en avait perdu le compte depuis longtemps. Dans tous les cas, sa situation n'avait rien de nouveau. Non, rien...
Alors pourquoi était-ce différent, malgré tout ? Depuis quand avait-il perdu l'habitude d'être seul ? Il n'aurait pas dû. Mais sa cohabitation avec Kuni l'avait perturbé, plus qu'il ne l'aurait cru. Il avait aimé discuter toutes les nuits avec Jeje. Il avait apprécié observer Kuni. Ce garçon si éloigné de lui. Qui avait tout ce dont lui-même aurait pu rêver. Tsurugi ne l'enviait pas, pourtant. Ils n'avaient rien de semblable, à quoi bon se comparer ? Mais sa vie le fascinait. Sa présence avait été étrangement réconfortante.
Tsurugi se souvenait sans peine de la sensation de ses doigts parcourant ses nombreuses cicatrices. Kuni n'avait jamais détourné le regard. Il avait voulu savoir. Tsurugi, fidèle à lui-même, lui avait demandé de l'argent en échange. Kuni avait payé. C'était... inattendu. Tsurugi lui avait alors parlé. Il lui avait raconté chaque horreur qui se cachait derrière ses cicatrices. Kuni l'avait écouté, sans paraitre dégoûté. Et ses doigts n'avaient jamais cessé de frôler sa peau.
Du moins, jusqu'à ce jour-là. Quand Kuni lui avait montré son pouvoir. Tsurugi ne s'était pas attendu à ça. Cette corde douloureuse autour de son cou, le choc dans le regard de Kuni. Et puis, la révulsion. Si la laideur de son torse ne l'avait pas fait fuir, savoir qu'il avait du sang sur les mains s'en était chargé. Il lui avait posé des questions. Tsurugi s'était contenté de sourire. Il n'avait fait que suivre les ordres de Tai. C'était normal. C'était nécessaire. Mais Kuni semblait avoir vu clair en lui. Il n'était qu'un chien exécutant les ordres de son maitre. Tsurugi avait ri à ces mots. Il en riait encore aujourd'hui. Oui, c'était ce qu'il était. Et alors ? Kuni ne pourrait jamais comprendre le lien qui l'unissait à Tai. Et c'était bien pour ça qu'ils ne pourraient jamais se comprendre mutuellement.
Kuni avait pris ses distances après ça. Jusqu'à disparaitre totalement. Et maintenant... Maintenant, Tsurugi ne pouvait que ressentir le poids de son absence. Même lorsqu'ils ne s'entendaient plus, au moins, la simple présence de Kuni rendait la pièce chaleureuse. Ils formaient toujours une équipe. Kuni pensait à lui. Malgré son dégoût pour lui, Tsurugi avait remarqué qu'il attendait toujours son retour avant de s'endormir. Et c'était plus que suffisant pour lui. Il ne demandait pas à être aimé. Il n'aurait même jamais osé avoir cette attente. Mais savoir qu'on pensait à lui, qu'il n'était plus cet enfant perdu et caché aux yeux de tous, c'était... ça avait été plus fort que tout.
Mais à présent... À présent, il était seul, à nouveau. Personne ne l'attendrait jamais dans cette chambre. Personne ne toucherait plus jamais les entailles de sa peau avec autant de douceur. Et personne ne le réchaufferait plus jamais de sa simple présence. Oui. Si cette pièce était aussi peu accueillante, c'était parce qu'il y était seul. Il frissonna. Il détestait ce sentiment, ce froid horrible qui s'insinuait dans ses veines.
Sur cette pensée, il se releva. Puis, sans hésiter, il se dirigea vers l'une de ses armoires et l'ouvrit. Elle était quasiment vide. Ce n'était pas étonnant. Tsurugi ne possédait rien, en dehors de ce qu'on daignait lui donner. Mais, malgré tout, il avait quand même pu y ranger ce qu'il avait de plus cher. Ses doigts touchèrent l'unique chose que Kuni avait laissée derrière lui. Le pardessus de son uniforme. Tsurugi le prit dans ses mains. Il l'amena ensuite à son visage et le sentit. L'odeur de Kuni était encore dessus.
Tsurugi sourit. Peut-être que Kuni avait laissé ce vêtement pour lui. Pour qu'il ne se retrouve pas sans rien. Tout en y pensant, Tsurugi passa ses bras dans les manches. Là, c'était parfait... Satisfait, il alla ensuite se recoucher avec. Kuni avait beau être absent, avec son odeur sur lui, Tsurugi avait l'impression qu'il était encore là. Et puis, le vêtement était si chaud. En fermant les yeux, Tsurugi pouvait sans peine imaginer Kuni juste derrière lui, l'entourant de ses bras. Il se perdit alors dans cette chaleur imaginaire. Et tout de suite, il se sentit mieux. Oui... Il n'était plus seul. Quelqu'un l'attendait à nouveau. Quelqu'un s'intéressait à lui. Et peu importe si ce n'était que dans sa tête. S'il se l'imaginait encore et encore, son futur lui le verrait comme un souvenir. Et c'était suffisant pour l'apaiser. Du moins, un instant.
Alors, nuit après nuit, il se mit à répéter ces gestes. Mettre le haut de Kuni. S'imprégner de son odeur, de sa chaleur. Et imaginer qu'il était réellement là. Tsurugi ne pouvait faire que ça, en attendant... En attendant qu'enfin cette froideur, qui lui glaçait le sang à chaque fois qu'il entrait dans cette chambre, disparaisse. Même s'il se doutait, au fond de lui, qu'elle ne partirait jamais totalement. Parce que, pour ça, il aurait fallu qu'il le comprenne bien plus tôt... et qu'il ait le courage de prononcer les mots qui le hantaient depuis. Des mots qui auraient pu tout changer...
S'il te plait, reste...
Mais il n'avait rien dit. Et il ne pouvait plus désormais que s'attacher à ce vêtement, en espérant qu'un jour, il parvienne enfin à dire cette phrase à Kuni. À cet homme dont il ne voulait plus jamais supporter l'absence. Et peut-être qu'à ce moment-là, les souvenirs qu'il s'inventait deviendraient enfin réels et que le froid le quitterait définitivement...
