Chapitre 21 : légitime

Le silence devenait pesant, ça faisait déjà plusieurs heures que les deux rescapés marchaient pour s'éloigner du lieu où ils avaient été tenus prisonniers, et personne n'avait dit un mot. Quand ils furent plongés dans la forêt, certains que personne ne les avait suivis, ils firent une pause pour souffler un peu.
- Danna ? lança alors Deidara avec tout le courage qu'il avait pu rassembler.
Aucune réponse ne lui parvint. Il voulait seulement lui demander comment il allait, mais l'autre était vraisemblablement hermétique au dialogue.
- Danna, dites moi quelque chose, s'il vous plaît.
Toujours rien. Deidara soupira et il se leva pour s'approcher de la marionnette massive, puis il déclipsa l'ouverture et entra à l'intérieur, sous le regard surpris de son partenaire qui était assis au fond, recroquevillé sur lui même.
- Je vous ai vu faire suffisamment de fois pour comprendre comment ça fonctionne, se justifia le blond avec un léger sourire. Je veux savoir comment vous vous sentez, Danna. Je vous en prie, ne m'ignorez pas.
- Je n'ai rien à dire, je ne veux pas parler.
- Vous vous sentez coupable, n'est ce pas ? Pourquoi ?
Sasori posa son regard sur lui.
- Comment ça pourquoi ? C'est pas évident ?
- Non pas vraiment, vous avez toléré certaines choses pour me sauver, mais que ce soit sous la menace de me tuer ou sous drogues, c'était sous la contrainte.
L'autre afficha une mine dégoûtée.
- Non, c'est toujours pareil, qu'importe avec qui. Qu'importe les contraintes, quand on me touche je réagis, je me déteste pour ça, ça les encourage, ça m'enfonce toujours plus, alors évidemment que je m'en veux.
Deidara fronça les sourcils.
- Oula, alors pardonnez moi mon audace Danna, mais vous n'êtes pas vraiment à jour sur le sujet. Un viol n'est jamais ok, même si la victime réagit, même si elle frissonne, même si elle a un orgasme. Que vous ayez ressenti du plaisir, avec Hidan, Orochimaru ou n'importe qui ne vous rend pas consentant. A partir du moment où il y a une contrainte quelconque, une entrave physique, l'utilisation d'un produit chimique, une menace, même une insistance après un non, c'est un viol. Et les viols, les agressions, ne relèvent toujours que de l'agresseur, jamais de la victime. Je me doute que vous vous sentez mal, mais Danna, vous n'êtes pas responsable, de rien du tout. Ce qui vous est arrivé est injuste, et vous avez fait face avec beaucoup de courage. Ce n'est pas votre faute. Les seuls coupables, ce sont ceux qui vous touchent sans avoir demandé, sans avoir obtenu de oui.
Il y eut un nouveau silence, et Sasori enfouit son visage dans ses genoux.
- Je me sens tellement pathétique. Je ne suis pourtant pas sans défense, je suis fort, alors pourquoi je ne fais jamais rien, pourquoi je me retrouve ainsi ?
- Vous avez le droit d'avoir des moments de faiblesse, et vous avez probablement développé un traumatisme qui vous empêche de réagir quand on vous touche sans consentement.
- C'est pathétique.
- Non, ça ne l'est pas.
Sasori releva la tête pour le regarder.
- Pourquoi tu agis comme ça avec moi ? Depuis quand t'es aussi mature, aussi protecteur. Tu as changé depuis que je te connais….
Deidara sourit doucement.
- Vous êtes tellement occupé par les missions et votre art que vous n'avez pas vu que je suis devenu un adulte depuis longtemps déjà. Et je suis comme ça parce que je me suis attaché à vous, vous comptez pour moi. J'ai du respect, et de l'estime à votre égard.
Sasori resta un instant silencieux.
- Merci, Deidara. Pour un tueur dans une organisation criminelle, tu es étonnamment quelqu'un de bien.
- Vous aussi.
- Non, j'ai tué trop de gens pour ça.
- Moi aussi.
- C'est pas pareil.
- Parce que vous refusez le fait que vous avez tort.
Pour la première fois, Deidara vit l'ombre d'un sourire amusé sur les lèvres de son partenaire. Et ce détail le rendait encore plus beau.


Les deux artistes arrivèrent au quartier général, grâce au blond, Sasori se sentait légèrement moins mal, même s'il repensait encore beaucoup à tout ce qui s'était passé. Soudain, Hidan leur fit face, un grand sourire sur le visage.
- Bah alors, vous étiez passés où vous ?
Sasori fut pris d'une colère incontrôlable contre le responsable de beaucoup trop de ses problèmes, et Hidan ne remarqua son expression furieuse et son regard d'assassin que trop tard. Le marionnette leva son bras, et une lame sortit de sa manche pour plonger dans le torse de l'immortel, qui cria de douleur.
- Putain mais qu'est ce qui tourne pas rond chez toi ?! Tu sais que ça pourra pas me tuer ?! Qu'est ce…
Il s'arrêta en pleine phrase pour écarquiller les yeux de douleur et gémir. Il avait oublié le poison qui enduisait toutes les armes de Sasori, il ne pouvait pas mourir, mais il pouvait souffrir et agoniser indéfiniment. Quand il croisa le regard haineux de Sasori, il eut soudainement peur de lui, pour la première fois.
- Pitié… Pourquoi ? souffla-t-il en gémissant de douleur.
Pain et Konan arrivèrent en trombes, sans comprendre.
- Mais qu'est ce que ça signifie ? demanda la kunoichi.
Deidara ne répondit rien, lui était tout à fait content de la tournure des évènements. Ce fut Sasori qui répondit.
- Cet espèce d'abruti a rencontré Orochimaru sans le savoir, siffla-t-il, hors de lui. Et il a raconté tout ce qu'il savait sur nous. Par sa faute, on vient de passer deux jours dans le repaire de ce sale serpent à se faire interroger et torturer, tout ça à cause de cette saloperie.
- Sasori, s'il te plaît, laisse le, demanda Pain.
Le marionnettiste retira la lame, jetant un regard méprisant à l'immortel qui se tenait le torse en sentant le poison faire effet en lui.
- Je ne savais pas, se justifia-t-il en grimaçant.
- Ton erreur aurait pu nous coûter cher, l'incendia Pain sans aucune pitié.
- Sasori, enchaîna Konan. Est ce que Deidara ou toi avez dit quelque chose à Orochimaru.
- Rien, assura Sasori.
- Parfait, merci, vous êtes une très bonne équipe, vous avez mérité du repos. Pouvons nous faire quelque chose pour vous remercier de votre loyauté ?
Sasori jeta de nouveau un regard sur l'immortel qui souffrait, puis il regarda Konan.
- Je ne veux plus jamais que ce rat soit devant mes yeux.
Elle acquiesça, acceptant, et Sasori commença à partir. La femme fit un petit sourire à Deidara, tout ne s'était pas bien passé, mais un problème était déjà réglé. Pain appela Sasori, qui se tourna vers lui.
- On aura quand même besoin de lui, peux tu me donner l'antidote de ton poison ?
Sasori glissa ses yeux sur le chef de l'organisation.
- Il n'a qu'à essayer de convaincre son partenaire de venir me le demander.
C'était une vengeance vicieuse, mais complètement méritée. Il partit, suivi de deidara qui sourit avec satisfaction.