Bonjour, bonjour, voici le troisième chapitre des investigations de cette chère Dolores. Hum... hum... saisissez une boisson chaude, détendez-vous et n'hésitez pas à laisser une petite review avec votre avis !


Chapitre 3 : Le manoir des Malefoy

Monsieur le Ministre, je suis sûre qu'une enquête plus approfondie permettrait de déterminer quels membres du ministère sont encore dignes de confiance. Les ramifications de la Ligue s'étendent jusque sous notre nez, nous ne pouvons plus l'ignorer.

Fudge freina des talons et Dolores manqua de le percuter, son bloc note serré contre elle. Ils se trouvaient dans le couloir menant aux salles d'audience, prêt à démarrer un nouvel interrogatoire.

Vous trouvez que je n'en fais pas assez ? demanda le ministre de la magie sur un ton où pointait la colère et le reproche. Nous sommes dans ces auditorium du matin au soir, à rallonger nos listes de prévenus, que voulez-vous de plus, Dolores ?

Elle afficha un sourire contrit. Cornélius ne lui parlait jamais de cette façon, mais il fallait dire qu'elle ne le contredisait pas souvent. Dolores sentait le vent tourner, les reporters de la gazette étaient sur leur dos du matin au soir et ils perdaient des points à chaque nouveau sondage d'opinion. Fudge devait redresser la barre, et vite, sinon la grande investigatrice ne donnait pas cher de leur peau.

Loin de moi l'idée de vous critiquer, Monsieur le ministre, reprit-elle d'une voix légèrement chevrotante. Je suggérais juste de ne pas négliger certains suspects. Nous n'avons que très peu interrogé Lucius Malefoy, pourtant, les aurors nous ont donné des éléments quelque peu compromettant à son sujet…

Fudge eut un geste impatient de la main.

Scrimgeour s'emporte pour un rien. Il fait du zèle en espérant rafler ma place.

Il émit un bruit de bouche qui exprimait à la fois le dégoût et le mépris.

Je refuse d'importuner des membres éminents du ministère sans autre forme de preuve concrète. Les fonds que versent Malefoy à notre bureau sont bien trop importants pour que nous nous permettions de l'offenser. Et il nous reste fidèle, quand d'autres nous tournent le dos. Concentrons-nous sur les coupables potentiels, voulez-vous.

Il se remit en marche et Dolores le suivit de son pas pressé.

Et quant à ma proposition d'interrogatoire sous le contrôle de détraqueur ? Ne pensez-vous pas que nous obtiendrons de meilleurs résultats ? J'ai lu des études à ce sujet et il s'avère que les accusés…

Fudge leva de nouveau la main, sans pour autant ralentir le pas.

Nous verrons, Dolores, nous verrons. Avez-vous avancé sur l'affaire Dumbledore ?

Eh bien, oui, Monsieur le Ministre, répondit Ombrage le souffle court, trottant derrière l'homme au chapeau melon. Nous surveillons toujours son courrier et dressons la liste de ses visiteurs. Mais, veuillez m'excuser, je ne pense pas qu'Albus Dumbledore, aussi impertinent soit-il, ait un quelconque rapport avec la Ligue des sang-pur.

Ils venaient d'arriver devant la salle de leur prochaine audience. Fudge salua avec un sourire faux plusieurs sorciers et sorcières qui attendaient là, puis pénétra dans l'auditorium vide.

Il reprit à voix-basse, pour contrer l'acoustique de la salle :

Vous seriez surprise, Dolores. La nature des gens n'est pas toujours celle qu'ils affichent en public. Sous ces airs de génie loufoque, il se pourrait que Dumbledore ait des choses à se reprocher.

Pourtant, c'est bien lui qui vient de coincer Macnair pour exécution abusive de créature magique et en remontant le fil, nous venons de prouver son implication dans la Ligue.

Fudge marmonna en montant les marches. Il ôta son chapeau, passa sa main dans ses cheveux qui devenaient épars et agrippa son pupitre d'un air résigné.

Il est tout à fait capable de nous jeter en pâture l'un de ses fidèles pour couvrir ses traces, continuez à enquêter.

Ses fidèles ? s'étonna Dolores, parvenu à sa hauteur. Vous pensez réellement qu'il est à la tête de la Ligue des sang-pur ?

Le ministre la fusilla du regard.

N'est ce pas évident ? Le bon Dumbledore, l'homme adulé, aux multiples récompenses, celui à avoir arrêté le dernier mage noir en date. Je vous le dis, ce qu'il vise, c'est ni plus ni moins que ma place.

Dolores Ombrage resta interdite. Son regard décrypta les traces de fatigue sur le visage de son supérieur et elle se demanda une fois de plus si son jugement n'était pas altéré. Elle avait tant cru en lui, mais il se murmurait dans les couloirs que la situation le dépassait. Elle avait pensé que son nouveau poste de Grande Investigatrice pourrait le soulager dans ses fonctions, mais preuve en était que Dolores n'avait plus d'emprise sur le ministre de la magie. S'il était trop préoccupé pour prendre des décisions, elle se passerait de son accord, pour le bien de tous, bien sûr.

Une fine pluie avait commencé à tomber en cette matinée d'Octobre. Dolores grimaça au vu des frisottis qui se formaient déjà dans ses cheveux châtains. Elle leva sa baguette vers le ciel et un parapluie invisible l'isola du ciel chagrin. Elle débarrassa sa courte cape rose en cachemire de quelques gouttes de pluie et se mit à taper du bout du pied sur les pavés en attendant ses collègues.

Les activités de leur bureau tournaient rarement autour d'homicide ou de disparition. Dans cette zone rurale de l'Angleterre, on avait surtout affaire à du détournement de l'artisanat moldu, des affaires de voisinage ou de l'effacement de mémoire. Quand des œufs de poulet cracheur de feu se retrouvaient par mégarde dans un marché aviaire local, cela devenait vite un grand capharnaüm.

Dans la première partie de sa carrière, Dolores avait travaillé sur des affaires bien plus prestigieuses, au sein même du ministère de la magie. Elle avait côtoyé les aurors les plus influents, les juges les plus prestigieux, les oubliators de renommée nationale, jusqu'à devenir le bras droit du ministre de la magie en personne ! Les aurors avait été plus que sollicité dans la campagne de lutte contre la Ligue des sang-pur, que Cornélius Fudge n'avait su gérer avec brio, ce qui lui avait valu sa place, d'ailleurs. Rufus Scrimgeour, chef du bureau des aurors, s'était empressé de s'asseoir dans le fauteuil de Fudge. Certes, il avait su redresser la situation, mais Dolores n'appréciait guère le personnage. Son animosité envers Scrimgeour avait atteint son paroxysme lorsqu'il l'avait muté dans ce bureau de campagne reculé, dans le petit village de sorcier de Louvet-les-oies.

Barty Croupton, nouveau chef du département de la justice magique, qui travaillait main dans la main avec le nouveau ministre, lui avait reproché ses auditions abusives sous le contrôle de détraqueur. C'était également lui qui avait mis Black sur la sellette pour son mépris de la hiérarchie.

Dolores refusait d'être mise dans le même sac que cet énergumène, qui se mouchait avec les règlements. Si même Potter n'avait pu sauver sa tête, c'est qu'il avait dû sacrément se prendre le bec avec Croupton. Pour ce qui était de la mutation de Parvati Patil, Ombrage avait entendu des bruits de couloir. Elle aurait été accusée d'insubordination lors d'une mission de filature. Il faudrait qu'elle lui en touche deux mots à l'occasion, encore un sale coup de Barty, assurément. Neville Londubat, pas de question à se poser, personne au ministère n'aurait voulu avoir ce garçon timide et maladroit dans les pattes. Sa grand-mère avait eu le bras assez long pour lui trouver cette place d'assistant.

Dolores regrettait la vie londonienne, mais surtout, son ancienne influence sur les affaires de l'État. Oui, on lui avait laissé le titre de grande investigatrice, mais elle soupçonnait que ce ne soit là qu'une forme de moquerie de la part de Scrimgeour. Elle n'avait aucune utilité à afficher ce titre pompeux quand elle confisquait à un sorcier loufoque sa poubelle mordeuse, qui terrifiait le voisinage.

La disparition de Bellatrix Lestrange entre ses mains, cela allait faire grincer quelques mâchoires au département de la justice magique. Si le vieux Barty Croupton apprenait qu'elle avait résolu l'enquête, elle l'enverrait directement dans la tombe.

Un sourire carnassier orna le visage de Dolores. Bien fait pour lui, auditions abusives, elle eut un bruit de bouche dédaigneux à cette pensée, elle n'était pas là pour dorloter les criminels. Ce vieux tatillon était venu mettre son nez à la moustache impeccable partout et avait fait un ménage sans précédent dans les services du ministère. Il avait laissé la Coopération magique internationale à son assistant, Percy Weasley, un lèche-botte de première. Sa vengeance, la grande investigatrice l'avait ruminé encore et encore. Il n'en saurait rien et elle récolterait les lauriers de cette enquête. Le vieux Barty et cet imbécile de Scrimgeour seraient alors bien obligés de lui refaire une place au soleil. Dolores s'en frottait les mains.

Sirius finit par montrer le bout de son nez, Neville sur ses talons, l'air penaud.

— Allons Londubat, ne rentrez pas ainsi les épaules, vous représentez le bureau des aurors. Vous êtes mon assistant, cela devrait redresser votre port de tête !

Le garçon tenta de bomber le torse dans sa cape bleu marine officielle, sur laquelle on voyait broder leur écusson : une baguette et une loupe croisée avec la mention "investiguer et secourir". En tant qu'auror, Black était également tenu de porter son uniforme en mission, mais il s'en gardait bien et se pavanait dans son sempiternel imperméable en cuir. Dolores savait qu'il était inutile de perdre son temps sur ce point et elle se contenta de soupirer avant de relever la manche gauche de son cardigan.

— À vos montres messieurs, nous transplanons dans trois secondes, un, deux, trois…

Il y eut un léger "pop" quand ils disparurent de la petit arrière-cour pavée et l'espace fut vide, seulement empli du bruit de la pluie d'Octobre.

Ils réapparurent dans un espace boisé, sur une route goudronnée. Les arbres s'égouttaient lentement et l'air fleurait bon le champignon et l'humus. Dolores inspira un bon coup et vérifia du coin de l'œil que Londubat ne s'était pas désartibulé.

Elle se faisait souvent la réflexion que son intégration dans les services du ministère tenait du pur miracle, peut-être "un peu" poussé par son infatigable grand-mère. Elle souhaitait certainement qu'il reprenne le flambeau de ses parents, aurors brillants, avant d'être torturés par la Ligue des sang-pur pour leur approbation des nouvelles politiques d'inclusion moldue. Sur ce point, Dolores avait eu quelques réticences, elle-même conservatrice dans l'âme. Mais l'heure était au changement et quand le vent avait tourné, elle avait su prendre la tangente pour ne pas être assimilée à ces extrémistes. Sa carrière primait sur tout le reste. En fait, au vu du désert que représentait sa vie personnelle, c'était tout ce qu'elle avait. Elle devait bien se l'avouer, depuis son arrivée au bureau des aurors de Louvet, elle s'était adoucie. La tension qui régnait au ministère ne lui collait plus à la peau. Elle avait comme qui dirait lâcher du leste. De mauvaises langues chuchotaient plutôt qu'elle s'était ramollie, mais Dolores voyait là de l'ouverture d'esprit, dû à la sagesse qu'apporte l'âge. Oh, bien sûr, elle n'allait pas jusqu'à embrasser la vocation du ministère d'ouvrir des droits communs aux créatures hybrides tels que les centaures, gobelins et autres elfes de maison, mais elle se gardait bien de donner son opinion sur ces sujets d'actualité. Sa position n'étant plus ce qu'elle était, mieux valait faire profil bas, et guetter l'opportunité de regravir les échelons du pouvoir.

Ils descendirent la route mouillée vers un carrefour et Sirius se mit à siffloter, ce qui irrita aussitôt sa supérieure.

– À gauche, Dolly, lui dit-il alors qu'ils atteignaient le croisement.

— Je sais bien, merci, grinça la grande investigatrice.

Ils poursuivirent sur la route, longeant un champ où paissaient plusieurs bovins à la robe beige. Dolores aperçut le petit sentier qui s'enfonçait entre les fougères mouillées et emboita le pas de ses collègues. La terre sous leurs pieds se changeait peu à peu en boue et les chaussures à talon de la sorcière au cardigan rose se mirent à émettre des bruits de succion à chaque pas. Elle manqua de trébucher plusieurs fois sous les yeux amusés de Black, tandis que Neville pataugeait derrière eux, ruinant son uniforme. Ils atteignirent un portillon de bois, que bordait un pré clôturé de fil barbelé, et portant la mention "propriété privée, défense d'entrer". Dolores tapota le portillon de sa baguette. L'image du pré sembla se déformer dans l'air pour laisser la place à un long chemin bordé de platanes, au bout duquel apparaissait un imposant manoir.

— Mon petit Neville, tiens toi prêt à ouvrir l'oeil, on va entrer dans un sacré nid de serpents, informa Black, le cou tordu pour parler à l'intéressé. T'inquiète pas, ça va être formateur, mais disons qu'on te jette dans le grand bain sans le sortilège têtenbulle.

Le jeune assistant arborait une expression proche de l'incident gastrique alors que Black éclatait de rire.

— Ce que Black cherche à vous dire avec autant de tact, Londubat, reprit Dolores en jetant à Sirius un regard noir. C'est que nous ne nous rendons pas chez n'importe qui. Vous connaissez les antécédents de cette famille, mais ne vous y trompez pas, ils restent influents. La moindre bévue nous serait préjudiciable. Gardez l'œil ouvert, le plus infime indice nous sera utile.

Neville opina du chef, peu sûr de lui. L'ombre des platanes semblait vouloir l'engloutir et il se tassa un peu plus.

Les détails d'un immense portail noir se précisaient tandis qu'ils approchaient. Des entrelacs de fer formaient un style victorien, donnant au lieu un peu plus de majesté.

Le ciel gris venait renforcer la sensation de froid qui s'insinuait dans la poitrine de Dolores alors qu'elle s'arrêtait devant le portail. Au-delà leur apparaissait une large cour de graviers, menant à un escalier en fer à cheval, flanqué de lourds pots en pierre à l'antique, dans lesquelles on avait taillé des arbustes en forme de paons. La bâtisse s'élevait bien droite dans le ciel, faite de pierres apparentes, de fenêtres à croisillons et complétée d'un toit pentu en tuiles noires. Le lieu ne respirait pas la joie de vivre.

— Annoncez-vous, demanda une voix métallique.

Neville émit un petit cri et Dolores se rendit compte qu'un visage formé d'arabesque de fer était apparu dans le portail.

— Grande investigatrice Dolores Ombrage, annonça-t-elle de sa voix la plus assurée. Je suis accompagnée de l'auror Sirius Black et de mon assistant, Neville Londubat.

Le visage resta impassible quelques secondes, puis le fer se déforma de nouveau pour reprendre sa forme initiale et les portes basculèrent vers l'intérieur dans un grincement sinistre.

La double porte du manoir s'ouvrit et Narcissa Malfoy vint au balcon pour les jauger du regard, avant de descendre l'escalier blanc, une main sur la rambarde de pierre. Ses cheveux blonds étaient relevés en un chignon complexe et élégant et elle portait une robe de sorcière d'un vert profond, assortie d'une cape de qualité supérieure. Elle possédait un visage très fin et osseux, ainsi que des yeux clairs, qui semblaient geler tout ce qu'elle regardait. Elle conservait un visage fermé, légèrement pincé, et les rejoignit dans la cour, au milieu des bruits de crissement du gravier.

— Madame Malefoy, salua Black, tout sourire, c'est un plaisir de vous voir.

Elle pinça un peu plus les lèvres, mains croisées, en une attitude qui signifiait clairement : "plaisir non partagé". Dolores eut la furieuse envie de donner un bon coup de pied dans le tibia de Black.

Elle s'empressa de reprendre le contrôle de la conversation :

— Madame Malefoy, nous sommes venus suite à votre appel de ce matin. Nous savons que vous vivez un moment difficile, mais pour le bien de l'enquête, nous allons devoir vous poser quelques questions, ainsi qu'aux membres de votre famille susceptibles d'avoir côtoyé Madame Lestrange avant sa disparition.

Narcissa fixa un instant Neville de son regard glacial et il se figea sur place, les yeux sur la pointe de ses souliers.

— Je vous remercie de vous être déplacés, dit-elle enfin de sa voix mélodieuse et sévère, je vous en prie, suivez-moi à l'intérieur.

Elle conserva les mains croisées alors qu'ils remontaient l'escalier et la porte s'ouvrit sans qu'elle ait besoin d'en abaisser la poignée.

L'entrée révéla un sol au carrelage en damier ainsi qu'une ambiance froide et austère, comme Dolores s'y attendait. Aucune fleur ne venait égayer la pièce, aucune couleur chaude, seulement du noir, du blanc, du vert émeraude et des touches d'argent.

Un grand vestiaire prenait l'espace sur le mur de droite, alors qu'à gauche s'étalait la surface vitrée d'un immense miroir. Précédemment, les Malefoy, comme bon nombre de grandes familles, avaient possédé des elfes de maisons. Mais depuis l'avancée dans le domaine des droits des êtres magiques, et au vu des chaudrons bosselés qu'ils se traînaient déjà, ils avaient renoncé à cette tradition et embauché du personnel de maison. Ainsi, un majordome en robe de sorcier impeccable vint se saisir des capes et de l'imperméable de Sirius.

— Veuillez servir le thé dans le salon des globes, Zenobia.

L'homme pencha la tête avec révérence et disparut par une porte de service.

Narcissa les précéda dans un escalier de marbre blanc, qui descendait vers une grande pièce principale, très haute de plafond. Sirius poussa un sifflement appréciateur. L'immense hall desservait plusieurs salons et se trouvait dépourvu de meubles, à l'exception d'une impressionnante cheminée au lourd manteau de marqueteries sombres. Des flammes vertes brûlaient dans l'âtre et émettaient quelques craquements dans le silence des lieux.

Des gens vivent-ils vraiment dans cette maison ? se demanda Dolores, dont les goûts en matière de décoration intérieure se rapprochaient plus du kitsch et du surchargé que de l'épuré.

Ils furent guidés par la maîtresse des lieux dans un salon à la tapisserie verte, sur laquelle s'épanouissait le M d'or stylisé des Malefoy. Était exposée dans la pièce une collection de globe terrestre, qui tournaient paresseusement sur eux-mêmes. Des créatures marines émergeaient des océans sur les surfaces arrondies, tandis que des dragons s'envolaient d'un continent à un autre. Le tout avait un caractère hypnotisant et le jeune Londubat resta planté devant l'un des plus grands globes, cintré d'un arceau de bois, jusqu'à ce que Black vienne le tirer par la manche. Les grandes fenêtres à petits carreaux ne laissaient voir du dehors qu'un ciel morne et un jardin aux buis taillés symétriquement.

Dolores s'assit avec précaution sur l'un des fauteuils en velours émeraude du salon, devant une table basse en verre et acajou. Un silence de plomb s'installa tandis que le dénommé Zenobia préparait le thé à coup de baguette magique. La grande investigatrice se retrouva avec une serviette en tissu sur les genoux, une tasse en porcelaine dans les mains et un présentoir de pâtisseries sous le nez. Elle sélectionna un biscuit aux écorces d'orange et se dit qu'il était grand temps de lancer les hostilités.

— Madame Malefoy, pour commencer notre enquête, j'aurais besoin que vous me racontiez la dernière entrevue avec votre sœur, ce que vous savez de sa vie, ses fréquentations, ses habitudes.

L'intéressée refusa d'une main le présentoir de gâteaux, déposa sa tasse fumante sur la table et soupira.

— Bellatrix vit chez nous depuis…

Elle tordit ses mains aux longs doigts fins et Neville la fixa avec un regard que Dolores ne lui avait jamais vu.

— Depuis sa sortie d'Azkaban, compléta Black, la cheville droite sur le genoux gauche en une attitude décontractée, un sablé au sésame dans la bouche.

Dolores allait définitivement le tuer et faire passer cela pour un accident.

Narcissa Malefoy lui lança une œillade courroucée.

— Oui, voilà, confirma-t-elle, aussi sèche que du parchemin. Nous avons préféré la recevoir au manoir, pour qu'elle se sente… entourée.

Black ne masqua pas son sourire moqueur.

— Ma sœur ne quitte pas tellement ses appartements, à part pour les repas. Elle fait quelques sorties, avec des personnes dont elle répugne à me donner l'identité.

Les révélations de Narcissa semblaient lui coûter un effort considérable. Il fallait vraiment qu'elle soit inquiète pour sa sœur pour oser dévoiler autant de leur relation et de l'intimité de la famille. La femme blonde replaça une mèche dans son chignon.

— Depuis quelques temps, elle me semblait plus active. À vrai dire, je crois que l'arrivée de la préceptrice de mon petit-fils l'a un peu perturbé…

Dolores baissa le petit doigt qu'elle tenait en l'air pour boire son thé, intéressée.

— La préceptrice de votre petit fils, vous dites ?

Narcissa opina du chef.

— Oui, Hermione Granger.