Draco

- J'ai une grande nouvelle à te faire part! S'exclama un Lucius enthousiaste.

- Ne me dis pas que tu as retrouvé tes hideuses chaussettes porte-bonheur que ta chère Narcissa t'a offert pour Noël. Dit Severus en roulant les yeux.

- Celle où ma tendre moitié a brodé le superbe blason des Malfoy?

- Oui, exactement. Celles-là.

- Ne sois pas stupide, Sev'!

- Bah quoi, comme si je pouvais deviner ce qui se trame dans ton esprit tordu…

Faisant fi de la remarque quelque peu insultante, Lucius annonça d'un ton pompeux:

- Cissa attend un enfant.

- Pfff.. Manquait plus que ça. Un petit emmerdeur de première de plus en ce monde qui perpétuera la digne race des Malfoy. Se moqua-t-il.

L'ignorant à nouveau, le futur père poursuivit :

- L'héritier du sang des Malfoy. MON héritier. Tu te rends compte?! Tu réalises l'étendue de tout ça? La portée que ça aura?

Délaissant son sourire sardonique, Severus lui dit :

- Mes félicitations. Sincèrement, je suis heureux pour toi.

- Tu l'as dit!

- T'as une idée de comment tu vas l'appeler, ce gosse?

Lucius fronça les sourcils.

- Ce n'est pas un simple ''gosse'', comme tu sembles l'insinuer. C'est un Malfoy, héritier…

- Du sang des Malfoy, ton héritier, oui, je réalise l'étendue et la portée de tout ça. Alors, tu vas l'appeler comment, ton petit prodige?

- Quelque chose de féroce, de noble, qui irait avec son rang…. Cissa et moi on pensait à Julius. C'est classe, non?

- Oh non, pas encore un damné nom finissant en –us.

- Je te ferai remarquer que le mien ainsi que le tien se terminent en –us.

- Raison de plus. Julius était le nom de mon rasoir de grand-père et celui d'une bonne dizaine de mes aïeuls. Pourquoi ne pas trouver quelque chose d'un peu plus créatif qui le distinguera des communs mortels?

Le jeune homme à la chevelure blonde comme le blé fit une moue boudeuse.

- Si t'es si intelligent vas-y, trouve-le, ce nom.

Ils tombèrent dans le silence pendant un instant, tous deux réfléchissant intensément.

- Que penses-tu de Draco? C'est original, c'est unique, c'est féroce, comme tu le voulais… Suggéra finalement Severus.

- C'est génial! J'adore. Draco. Draco Malfoy. Merlin, ce que ça sonne bien!

Severus leva les yeux au ciel.

- Humm.. Sev'?

- Oui, je sais que je suis brillant mais tu peux me le redire, c'est toujours aussi valorisant.

- Nan, je voulais plutôt te demander…

- Bon, quelle faveur as-tu à me demander? Je sais que ce n'est pas de l'argent, tu n'es jamais à cours de fric, sale petit gosse de riche, alors qu'est-ce que c'est?

- C'quetuacceptraisdêtresonparrain?

- Tu peux répéter un brin plus lentement? Tu devrais sérieusement songer à prendre des cours d'élocution pour que tu puisses devenir intelligible, Lucius.

Celui-ci prit une grande inspiration puis déclara :

- Est-ce que tu accepterais d'être le parrain de Draco?

Il y eut un silence durant lequel la gêne de Lucius s'accrut.

- Écoute, je connais ton avis sur les mômes alors si t'en as pas envie, c'est OK…

- Non!

- Mouais bon je demanderai à Lestrange alors. Il est pas aussi sympa maos c'est quand même le beau-frère, hein?

- Je veux dire, bien sûr que j'accepte Lucius. Dit Severus avec un sourire, pas l'un de ses sourires crispés, méprisants ou mauvais mais un véritable sourire.

- Pour de vrai? Tu m'le jures?

- Bien sûr. Même que je suis touché que tu aies pensé à moi. Ça ne m'avait même pas effleuré l'esprit, à vrai dire.

Le jeune Malfoy s'avança vers lui, d'une manière hésitante, et soudainement, il prit son ami entre ses bras pour le serrer contre lui. Severus se raidit à ce contact, peu habitué à des effusions d'émotions de la part de Lucius, chose qui le convenait parfaitement puisqu'il n'était lui-même pas très démonstratif. Leur étreinte dura un moment éphémère puis, ils se détachèrent l'un de l'autre en gardant les yeux rivés sur le sol. Un nouveau moment de silence pendant lequel Lucius se racla la gorge d'un air embarrassé et Severus regagna graduellement son stoïcisme.

- Hum. Merci vieux. Je suis très heureux que tu sois d'accord. Le petit Draco aussi, d'ailleurs, j'en suis persuadé.

- C'est moi qui te remercie d'avoir pensé à un pauvre paumé comme moi pour quelque chose que je sais très significative pour toi.

Lucius lui lança un regard reconnaissant. Ils n'avaient pas besoin de mots ni de gestes particuliers pour se comprendre. Un bref coup d'œil suffisait.

- Bon bien, j'ai des invités sur le feu…

- Et moi, il y a sûrement Cissa qui m'attend à la maison…

- Alors, bonsoir.

- C'est ça, bonsoir, vieux.

Ils se séparèrent, chacun retournant de l'endroit où ils étaient venus.