SS comme…
Severus se massa les tempes, sentant les prémices d'une migraine poindre dans les tréfonds de son cerveau. Il se demandait parfois comment il pouvait être de la même race que ces énergumènes. Était-il le seul être pensant de cette école?
La cause de tant d'exaspération? Mulciber, Wilkes et Nott qui s'amusaient à inventer des calembours des plus hilarants à propos de ses initiales.
« SS comme sangsue suintante! » s'écria Mulciber, très fier de sa trouvaille.
« SS comme sale salopard! » renchérit Wilkes.
« SS comme salaud stupide! » s'exclama à son tour Nott.
Le petit manège continuait ainsi depuis le début du cours de Métamorphose. Severus ne savait pas vraiment ce qui avait déclenché ce soudain intérêt chez sa personne, mais il aurait préféré continuer à passer incognito plutôt que devoir endurer ce calvaire.
Alors que les joyeux lurons continuaient inlassablement leur litanie, le Slytherin se demanda vaguement s'il devait s'étonner de leur ténacité féroce, leur bêtise incroyable ou de leur manque total de maturité. Il poussa un long soupir de découragement. C'était le genre de jour où il se sentait vraiment différent de tous, où se demandait si c'était lui le problème, s'il aurait dû trouver leurs « blagues » d'une grande spiritualité et les accepter comme si elles allaient de soit.
Il fut tiré hors de ses pensées lorsqu'on lui tapota sur l'épaule. Il se retourna d'un air morne, mais son œil sombre s'illumina lorsqu'il reconnut Lucius.
« Pourquoi tu les laisses faire? » s'enquit ce dernier.
« Parce que c'est inutile de leur dire quoi que ce soit, ça ne ferait que les encourager à continuer.
- Alors, tu vas rester passif face au fait qu'ils se foutent complètement de ta gueule?
- Écoute, Lucius, ils n'en valent pas la peine, laisse tomber. C'est plutôt eux qui sont à plaindre, j'ai peine à croire qu'ils arrivent à trouver quoi que ce soit de drôle là-dedans.
- Sev, tu me déçois. Où est passé ton petit côté combattif? T'as pas envie de te laisser faire comme ça toute ta vie!
- Je te dis de ne pas t'en faire, Lucius. C'est la vie, ils sont cons, ça ne changera pas de sitôt. Je suis leur victime aujourd'hui, demain ce sera un autre.
- Mais en attendant, c'est toi qui subis et je trouve pas ça marrant pour toi, » lui dit-il d'un ton grave.
Severus poussa un soupir et haussa les épaules.
« Merci de ta sollicitude, Lucius, je sais que c'est sincère, mais ça ira. Je peux bien survivre à des petites conneries inoffensives du genre. »
Lucius releva les épaules à son tour.
« C'est à toi d'y voir, vieux. N'attends juste pas que ça devienne pire… »
Lucius se tut et reporta son attention sur McGonagall. La cloche salvatrice sonna enfin après une période qui sembla interminable à Severus. Ramassant ses livres dans une pile désordonnée, il quitta le cours avec un intense soulagement.
xxxxx
« Félicitations, » déclara Lucius le lendemain matin.
Severus releva un sourcil d'un air interrogateur, mais ne put réprimer le petit sourire qui retroussa ses lèvres.
« Je n'en attendais rien de moins de ta part… quoique hier, j'ai été vaguement surpris par ton attitude placide terriblement ennuyeuse. Heureusement que tu t'es repris pendant la nuit… Ce fut le spectacle du siècle, voir ces trois idiots s'exprimer en sifflant. »
S'ensuivit une brève imitation des sifflotements qu'ils avaient émis toute la matinée.
« Le plus tordant fut lorsqu'ils se présentèrent devant Lestrange qui croyait qu'ils se payaient sa tête en essayant de lui faire croire qu'ils parlaient Fourchelangue. Une retenue pour les trois! Vraiment, Sev, c'était l'événement de la journée, tu peux être fier de toi. »
Sans se départir de son sourire narquois, Severus ne fit qu'articuler quelques mots, en appuyant bien sur chacun des S :
« SS comme serpent sournois. »
