Titre : Le Caravansérail

Auteur : Alana Chantelune (alanachantelune@caramail.com)

Résumé général : Malika Nassim, une fillette tunisienne de douze ans, apprend qu'elle est une sorcière et qu'on l'attend au Caravansérail, l'école de Magie, où son mystérieux oncle Hichem est professeur.

Résumé du chapitre précédent : Malika est une fillette de onze ans et demi qui apprend qu'elle est une sorcière. Son oncle Hichem, professeur au Caravansérail, l'école de Magie du Maghreb, l'aide à faire ses achats de la rentrée. Puis, son père l'emmène à l'Obélisque des Mirages, où une caravane de dromadaires et de tapis volants attend les élèves. De jeunes étudiants encadrent le tout. Une route de sable rouge apparaît pour mener la caravane à l'école.

Disclaimer : Les sorciers et la magie sont la propriété exclusive de J.K. Rowling… Enfin, p'têt que non… Ca serait drôlement fortiche d'avoir créé la magie, et puis ça serait d'abord du vol, les hommes de l'antiquité l'avaient déjà inventé.

Mais bon, cet univers magique-là en particulier lui est totalement emprunté !!

Beta-reading : Angharrad, qu'on applaudit bien fort, parce qu'avec tous ses projets, c'est pas facile !! Merci !!

Note : ici commence à apparaître le petit monde du Caravansérail. Dans les deux chapitres suivants, tous les protagonistes seront réunis. J'ai énormément de mal à mettre en place la répartition, je le dis tout de suite… C'est pour ça que je l'ai reléguée au prochain chapitre, qui sera donc (beaucoup) plus lent à arriver. Par contre, le chapitre 8 est bien avancé, donc il sera posté assez vite après le 7 !! Ca vous console ? (J'espère…)

Par contre, j'ai une petite galerie de personnages assez sympa, qui doit encore s'étoffer, mais là, c'est pas mal, je crois. N'hésitez pas à critiquer ou à me filer des tuyaux sur le Maghreb et la culture arabe, je veux que ça fasse « vrai » !!!

Par contre, pour la chanson du Caravansérail… Toutes mes excuses, je ne suis pas poète et je sais que ce n'est pas terrible.

J'ai changé le nom du jeune homme que Malika a rencontré au restaurant, c'est un détail… J'ai aussi rajouté les noms de famille des étudiantes, mais je donne leur explication à la fin de ce chapitre.

Au début, j'utilisais ce chapitre pour expliquer l'élémentalisme, mais j'ai fait machine arrière sur ce concept, alors je l'ai supprimé. De plus, ça en laisse pour la suite et permet de garder un voile de mystère sur cette discipline.

***GRANDE NOUVELLE  !!!!!***

Reveanne m'a fait un fanart !!! Elle m'a fait un fanart !!! Un dessin d'une fic à moi !! J'en suis gaga !! C'est le summum pour un auteur de fic, à mon avis !!! En plus, son dessin, est fantastique !! C'est El Nazed le Fourbe, qui apparaîtra dans le chapitre sept, mais si vous voulez en savoir plus sur lui, allez dans mon profil pour lire ma fic "Sorcier International", il y a deux articles sur ce sorcier… "particulier"....

En plus, sur le dessin de Reveanne, il a la classe ! Il est mystérieux, sombre, l'air un peu méprisant et arrogant… Elle a aussi fait un SD, là, il a l'air plus crétin… Son dessin est vraiment ravissant, les traits sont simples, élégants, et pourtant c'est bien le nez pointu, la barbichette, et elle lui a fait un super turban-coiffe !!! J'adore ce dessin !!

***MERCI REVEANNE !!***

(Je clame ma joie et mon bonheur, là…)

Conseils musique :

Le voyage : rien d'autre que "Lawrence d'Arabie" !!! Qu'y a t-il de mieux, vraiment ? Avec les petits écarts légers pour les facéties des élèves, et les longs morceaux où résonnent les cuivres pour la longue marche.

Second départ de la caravane, après la halte : "Dinosaure", de Disney, piste 9, 'Across the Desert'

Vue du Caravansérail : "Gladiator" : Splendeur of Rome

Présentation des personnages :

Malika Nassim : héroïne de notre histoire. Onze ans et demi, elle apprend qu'elle est une sorcière. Volontaire, très excitée par ce qui lui arrive, elle souffre toutefois de l'attitude de sa famille.

Hichem Nassim : Mystérieux oncle de Malika, prof de Magie. Séparé de sa famille depuis des années, c'est un héros, semble t-il, chez les sorciers, mais pourquoi est-il si coincé ?

Les parents de Malika : Si le père semble regretter la mésentente survenue avec son frère, la mère reste très hostile à la magie, et reporte sur sa fille une partie de sa peur.

Youssef : 18 ans, grand frère de Malika. Le plus amical de tous dans la fratrie.

Samira : 16 ans, sœur de Malika, au caractère bien trempé.

Kader : 14 ans, frère de Malika, et son tortionnaire. Un vrai sale gosse, celui-là!

Naïma : 9 ans, sœur de Malika. La chouchoute de la famille, une peste en puissance ?

Titus : le vieux chien de la famille Nassim. Brave bête crasseuse qui roupille tout le temps.

Rokhaya : jeune étudiante du Caravansérail, africaine, très belle, elle aide Malika.

Hâdiya Mondhoû : étudiante, dirige la Caravane.

Roxanne, Karine et Maria : d'autres étudiantes qui assurent la sécurité du voyage.

Chapitre six : La Caravane de la Route Rouge

Le soleil dardait ses rayons brûlants. Il n'y avait plus un souffle de vent. Le paysage de pauvres petites collines asséchées et caillouteuses se fit plus aride, et les traces d'herbe disparurent tandis que la Route Rouge serpentait jusqu'à l'horizon. Il n'y avait ni ville, ni village, ni construction ou même simple présence humaine, où que l'on regardait aux quatre coins de l'horizon. Seule la caravane semblait vivante, elle seule semblait exister dans le vaste paysage. Le ciel d'un bleu pur voyait agoniser quelques petits nuages qui s'étiolaient rapidement. Les dromadaires de la caravane avançaient nonchalamment de leur pas assuré, et Malika entendait, à l'arrière, les échos des conversations animées des élèves.

Par contre, en tête de la caravane, les nouveaux se faisaient plutôt discrets. Ils avaient tous tordu le cou pour voir l'Obélisque des Mirages et leurs familles s'éloigner d'eux.

C'était étrange, d'ailleurs, la rapidité avec laquelle ils étaient devenus de simples points à l'horizon. Malika était sûre que les dromadaires ne marchaient pas si vite que ça…

C'était sans doute la Route Rouge. C'était une route magique, évidemment !

Maintenant, les premières années, bercés par le rythme de leurs montures, comprenaient qu'un voyage à dos de dromadaire n'était pas si excitant que cela. Qu'y avait-il à faire d'autre que de regarder droit devant soi ?

Malika soupira.

"Tu penses à ta famille ? Elle te manque déjà? " demanda Rokhaya en se tournant à demi vers elle.

"Non, non." assura nerveusement Malika.

Elle prenait soin de ne pas trop serrer ou de ne pas trop s'accrocher à la jeune fille pour ne pas la gêner.

"Ne t'en fais pas. D'ici moins une heure et demi, on changera les cavaliers et vous pourrez vous dégourdir les jambes."

"Et on va marcher longtemps ?" s'inquiéta une fille sur le dromadaire à leur gauche.

"Un peu. Vous n'en mourrez pas !!" fit Rokhaya en roulant des yeux mais en gardant le sourire.

"Ca va être long ?" demanda un garçon sur un autre animal, derrière eux cette fois.

Rokhaya se tourna et parla d'une voix assez forte pour être entendue de tous les petits cavaliers autour d'elle.

"Toute la journée. Nous n'arriverons qu'à la nuit tombante à l'école."

"Et pour manger ?" s'inquiéta une fille un peu dodue à leur gauche.

"A la mi-journée, nous atteindrons une oasis. Nous mangerons là-bas. Tout a été préparé."

Cela sembla rassurer les enfants ; un garçon s'exclama même avec un grand soulagement qu'il avait prévu un casse-croûte, mais qu'il était resté dans sa malle, et qu'il ne savait plus où elle était. Cela fit rire les autres.

"De toute façon, c'est super bon, ce qu'on mange au Caravansérail, m'a dit mon frère." clama une fillette sur un dromadaire à l'arrière.

"Il a quel âge ?" demanda Malika en tournant la tête vers elle.

"Il est en cinquième année, et il fait des courses et du Quidditch !" répondit l'autre fièrement.

"Oh ! Aussi du Quidditch ?" s'enthousiasma un garçon sur le dromadaire d'à-côté.

"C'est quoi le Quidditch ? " demanda le garçon qui avait prévu un en-cas, évitant à Malika de poser la question.

"C'est un sport. Sur des balais volants." expliqua Rokhaya à la cantonade.

"Pas sur des tapis ?" s'étonna t-il.

"Nan, c'est un sport européen, alors c'est sur des balais. Mais c'est génial ! Sur les tapis, on fait des courses !" répondit la sœur du sportif.

A ce moment, un jeune homme sur un tapis volant passa devant eux.

"Tout va bien ?" questionna t-il.

Rokhaya fit un signe affirmatif, et il se porta plus à l'avant, ou deux de ses collègues jouaient le même rôle que Rokhaya.

"Woaw ! Nous aussi on volera sur des tapis et des balais ?" demanda une fillette blonde, celle que Malika avait vu sous la tente.

"Bien sûr. Ca fait partie des cours, mais il paraît que le professeur n'est pas un fervent amateur de Quidditch et qu'il n'aime pas les balais volants."

"Mais il y a du Quidditch, maintenant, au Caravansérail !!" s'agita le garçon sur le dromadaire de droite. "Mon cousin m'a dit que le Directeur était d'accord, qu'il y a eut un tournoi l'année dernière !!"

"Eh ! Fais attention, tu nous bouscules !" grogna une des deux filles qui partageaient son dromadaire.

"Oui, il y a du Quidditch et un tournoi." assura Rokhaya. "Ce sont les étudiant qui en sont responsables et l'organisent. Comme on vient de pays où il y a déjà du Quidditch depuis longtemps, c'est plus simple. C'est Wolfgang Skat, l'un des garçons de la Caravane d'Algérie, qui supervise ça."

"Toi, tu en fais du Quidditch, Rokhaya ?" demanda Malika.

"J'en ai fait. J'étais pas mauvaise, mon équipe a gagné deux fois de suite dans mon école. J'étais Gardienne."

Malika eut la nette impression que la jeune femme venait de monter très haut dans l'estime des plusieurs élèves autour d'eux, à en juger par les regards admiratifs qu'ils lui lançaient.

Une fille but à sa gourde, et évidemment, cela donna soif à beaucoup d'autres. Les gourdes inépuisables devinrent le grand intérêt de tous. Le garçon sur le dromadaire à droite fit couler l'eau de sa gourde par terre. Cela ne s'arrêtait pas. Il aurait pu la laisser rependre de l'eau pendant tout le voyage. Malika et les autres étaient impressionnés.

Derrière elle, la fille qui avait un frère dans l'équipe de Quidditch s'amusait à envoyer des jets d'eau autour d'elle.

Ce qui devait arriver arriva : on se mit à l'imiter, et en quelques secondes, les enfants se mirent à s'arroser les uns les autres en riant. Malika fut aspergée de droite et de gauche, mais elle parvint à toucher plusieurs fois ses adversaires.

"Stop !! Ca suffit !!!" cria Rokhaya. "Vous êtes idiots ou quoi ? Vous allez faire paniquer les dromadaires, et si ils s'écartent de la Route Rouge, vous serez perdus dans le désert, et il n'y aura que peu de chance qu'on vous retrouve !"

Les jets d'eau cessèrent aussitôt.

"Pardon…" fit Malika, et les autres l'imitèrent, honteux et inquiets.

"Comment on peut se perdre ? Il suffit de revenir sur la Route !" demanda la fille qui avait lancé le jeu.

"Comment t'appelle-tu ?" demanda Rokhaya.

"Laïla. Laïla Sûricate. Mes parents sont Moldus." ajouta t-elle, comme pour s'excuser.

"Hé bien, écoute, Laïla. Comme vous avez pu le voir, nous sommes déjà en plein désert. La Route est magique. Si tu la quittes, elle s'éloignera très vite de toi, et elle disparaîtra. Tu te retrouverais au milieu de nul part, et tu imagines ce que tu pourrais bien faire, toute seule dans le désert, sous cette chaleur ? Il n'y aurait personne pour te secourir. Il ne faut jamais quitter la Route Rouge." expliqua t-elle gentiment.

C'est alors que Malika entendit, venant de l'arrière de la caravane, une sorte de chant.

"Oh. C'est parti !" soupira le garçon au tapis qui revenait dans leur direction.

Curieux, les premières années tordaient le cou pour entendre les voix venant de l'arrière :

… va la Route Rouge ?

Au Caravansérail !!

Où file et vogue la Caravane ?

Au Caravansérail !!

Où vont les dromadaires de l'Obélisque des Mirages ?

Au Caravansérail !!

Où se cachent les esprits des éléments?

Au Caravansérail !!

Au Caravansérail !!

Au Caravansérail,  pour mettre le désert sans dessus dessous !!!

Qu'est-ce qui traverse le Sahara comme un bateau des sables ?

Le Caravansérail !!

Qu'est-ce qui est plus vieux que le temps ?

Le Caravansérail !!

Qu'est ce qui est plus grand que les montagnes ?

Le Caravansérail !!

Qu'est-ce qui sera notre maison?

Le Caravansérail !!

Le Caravansérail !!

Le Caravansérail,  pour mettre le désert sens dessus dessous !!!

Où allons-nous, futurs mages et sorcières?

Au Caravansérail !!

Quel est le plus grand, le plus sacré des secrets du désert ?

Le Caravansérail !!

Il est de pierre, il est de temps, il est de sable et vent,

Le Caravansérail !!

Et nous y serons chez nous pour longtemps,

Au Caravansérail !!

Au Caravansérail !!

Au Caravansérail, on y va pour faire les fous !!!

La chanson était dynamique, rythmée et joyeuse. Elle donnait de l'entrain. Malika avait envie de se joindre aux élèves; mais elle ne connaissait pas les paroles.

Elle ne voyait pas ce qu'il y avait de problématique dans cette chanson, mais les élèves ne s'en tinrent pas là : ils chantèrent d'autres chansons, telles que celles qu'on chante dans les colonies de vacances, qui se moquaient des cours et des professeurs. Elle ne retint pas grand-chose, si ce n'est "qu'en Invocation, le prof est plus méchant qu'un dragon" et que "le prof d'Astro est sourd comme un pot". Ensuite, il y eut une chanson absolument ridicule sur un étudiant "qui aurait mieux fait de rester chez lui" et de la liste impressionnante de misères qui lui arrivaient à l'école (du fait des élèves, bien sûr).

La chanson du Caravansérail fut chantée plusieurs fois. Il y eut aussi quelques chansons Moldues que la plupart connaissaient. Enfin, les voix se fatiguèrent, et le calme revint à peu près.

Un peu devant Malika et Rokhaya, certains première année étaient en grande conversation avec une autre étudiante, celle qui s'appelait Roxanne. Mais Malika ne pouvait entendre tout ce qui se disait. La Route Rouge avançait à présent dans un vrai désert, plat, poussiéreux et caillouteux.

Les enfants retournèrent à la contemplation du paysage. Les chants s'étaient tus. Désormais, ils marchaient en plein désert. Au loin, derrière eux, on distinguait des montagnes qui diminuaient peu à peu. Le ciel était d'un bleu pâle, sans nuage, et la Route Rouge tranchait sur l'immensité du sable pâle et brillant. On sentait maintenant la chaleur et la lumière douloureuse du soleil. Malika se désaltéra pour la quatrième fois au moins.

On entendit alors des cris et des rires, mais aussi des jurons.

"Mais c'est pas vrai !!! Chaque année c'est pareil !! Descendez !! Non, stop !!! Vous serez consignés !!"

Des étudiants criaient. Des élèves s'amusaient à sauter sur les tapis remplis de bagages, entamant une course poursuite et plusieurs étaient tombées par terre. Avec des jurons, deux étudiants et la jeune fille nommée Maria utilisèrent leur baguettes pour les remettre sur les tapis.

Les élèves riaient et se dispersaient entre les dromadaires, qui les évitaient avec flegme. Bien évidemment, il fut impossible de repérer les énergumènes qui avaient fait ce petit coup d'éclat. Apparemment, c'était une habitude, et les jeunes gardiens de la caravane s'attendaient à des récidives avec résignation.

Au bout d'un moment, les élèves furent invités à descendre de leurs montures et à laisser la place à d'autres. Grâce à des sorts de Lévitation, il n'y avait pas besoin de faire asseoir les bêtes, mais il y eu quelques ratés, comme une fille qui fut carrément catapultée par dessus le dromadaire qu'elle visait, faisant tomber sa copine au passage.

Malika regarda la scène d'un air intrigué. En fait, Rokhaya et Karine, la jeune fille asiatique, mais qui parlait parfaitement le français, avaient repéré la fille qui avait été recouverte de tâches rouges en train de jouer avec sa baguette.

Elle avait réussit son coup puisque ses deux "ennemies" s'étaient lamentablement vautrées devant tout le monde.

"Tu as de la chance qu'on ne soit pas à l'école, tu aurais reçu une punition. Tu ne crois pas qu'il y a des choses plus intelligentes qu'une vengeance idiote ?" la sermonna Karine.

"Elles m'ont humilié !"

"Et toi, tu es aussi stupides qu'elles !" soupira la jeune asiatique. "Tu ferais mieux d'aller en queue de cortège, je ne veux plus de problèmes !"

Karine se tourna ensuite vers Rokhaya :

"Tu verras, c'est souvent comme ça. C'est absolument crevant !! Dans mon école, on ne pouvait pas se permettre ce genre de choses !!"

"Vous ne faisiez jamais de farces, ou de coups en douce ?" s'étonna l'Africaine.

Karine eut un instant d'hésitation, puis sourit gauchement :

"Disons qu'on savait garder l'apparence de petits sorciers modèles !"

Il y eut encore plusieurs éclats de petits malins qui jouaient à sauter sur les tapis porte-bagages. Durant le trajet, Malika se retrouva à marcher à côté de quelques autres premières années, alors que certains étaient allés rejoindre leurs frères, sœurs, cousins ou amis le long de la procession. Un grand étudiant à lunettes, aux cheveux mi-longs attachés en une queue de cheval marchait à leur hauteur, ainsi que Rokhaya, un peu en avant. Malika se retrouva à côté de Laïla, reconnaissable par ses yeux pétillants et sa voix un peu criarde quand elle riait. Sa chevelure était cachée par son foulard, mais  une mèche de cheveux noirs aux reflets roux, ondulés, dépassait de son front.

"Salut. Comment tu t'appelles ?"

Malika se présenta.

"Tu es de famille sorcière ?" questionna Laïla.

"Mes parents sont Moldus, mais mon oncle est sorcier."

"Moi c'est pareil, mes parents sont Moldus, mais mon frère est sorcier. Il s'appelle Tabet. Il doit être avec ses copains."

Elle fit une grimace en se tournant à demi vers l'arrière de la caravane avec un geste du menton.

"Il a dit qu'il ne voulait pas que je vienne l'embêter durant le voyage. Il est sympa, mais un peu lourd. Il fait du Quidditch, tu sais !!" reprit-elle ave plus d'enthousiasme.

Malika sourit. Elle aussi parlerait sans doute de Youssef de cette façon énergique, pensa t-elle. Mais pas de Kader, se rembrunit-elle aussitôt.

"Tu as de la chance, mes frères et sœurs ne sont pas sorciers."

"Oh ? Je pensais que dans une famille, même Moldue, quand il y avait un enfant qui était sorcier c'était pareil pour les autres…"

"Pas chez moi." soupira Malika. "Mes frères et mes sœurs l'ont plutôt mal pris."

"Ils devaient être jaloux" décréta Laïla. "Moi aussi je l'étais un peu quand on a appris pour Tab." avoua t-elle. "Mais maintenant, c'est mon tour !"

Elle poussa un cri de joie en faisant un petit bond, et Malika ne put s'empêcher de rire.

Laïla et Malika se racontèrent d'où elles venaient chacune, et ce quelles faisaient à l'école Moldue, et combien c'était bizarre de quitter tous les gens qu'elles y avaient connu … Laïla se lança ensuite sur tout un tas d'explication sur le Quidditch que Malika ne suivit absolument pas, mais Laïla elle-même ne semblait pas très sûre de certains détails.

Puis, la conversation dériva sur l'étudiant qui marchait un peu derrière elles, à présent, répondant aux questions angoissées d'autres nouveaux élèves.

"Il a un accent, il doit être allemand, ou danois, ou russe, ou je-ne-sais-quoi…" suggéra Laïla.

"On a qu'à demander à Rokhaya." proposa Malika.

Elles accélérèrent le pas pour venir se mettre à la hauteur de la jeune fille.

"Rokhaya ?" demanda Malika.

"Oui ?"

"Il vient d'où, le garçon, derrière ? Il a un drôle d'accent."

"Stanislas ? Il est ukrainien, m'a dit Hâdiya. Il est en dernière année d'études, normalement."

"Que venez-vous étudier au Caravansérail, si vous avez déjà fini vos études de magie ?" s'interrogea Malika.

La jeune africaine sourit.

"L'élémentalisme."

"C'est quoi ?" demanda Laïla avec empressement, d'autres enfants autour d'elles devenant soudain très attentifs, et se rapprochant un peu de la jeune fille.

"Et bien, c'est une magie particulière et difficile à maîtriser. Elle est surtout dangereuse, c'est pour cela que son enseignement est réglementé."

"Et ça consiste en quoi ?" demanda Malika.

Rokhaya fit une pause avant de répondre.

"Il s'agit de maîtriser les puissances élémentaires de la matière, de la magie à l'état brut. Par ce biais, les élémentalistes sont capables d'entrer en relation avec les Djinns."

"Les Djinns ?" s'exclama un garçon.

"Les génies, si tu préfères. Il sont nombreux et variés ; certains sont très dangereux, d'autres  protecteurs, mais ils ont tous l'esprit tordus et ont très indépendants. Vous les étudierez quand vous serez plus grands. Le directeur du Caravansérail est le Maître des Elémentalistes du monde."

"Il doit être très fort !" souffla un garçon.

"Oui. C'est un des sorciers les plus puissants du monde."

Les enfants furent impressionnés.

"Il y a beaucoup d'élémentalistes au Caravansérail ?"

Malika avait mille et une questions à poser.

"Bien sûr !" répondit Rokhaya avec un petit rire. "Presque tous les professeurs sont des élémentalistes. Le contrôle de la formation est très strict, car c'est dangereux. Il n'y a qu'au Caravansérail qu'on a le droit d'enseigner cet art, et il faut passer une série d'examens pour être admis comme étudiant."

"C'était dur ?"

"Oui, mais ça en vaut la peine. Les étudiants comme moi et les autres sont chargés de s'occuper des élèves entre les cours et des activités. Nous nous occupons de la discipline, quoi."

"Vous êtes des surveillants." conclut Laïla.

"Exactement."

"Et vous donnez des punitions  " risqua t-elle.

Rokhaya la regarda, amusée.

"Quand il le faut !" rétorqua t-elle.

"J'aimerai bien devenir élémentaliste !" s'exclama un garçon.

"C'est très dur. Contentez-vous d'apprendre la magie, ce sera déjà bien assez !" rit Rokhaya d'une voix claire.

De nouveau, ils se turent. Malika commençait à fatiguer. Il faisait chaud, si chaud… Elle n'avait plus vraiment envie de discuter, bien qu'elle eut encore tant de questions… Laïla et les autres élèves non plus ne parlaient plus. Marcher dans le sable rouge était fatiguant. Elle sentait ses chevilles devenir lourdes et tirées. Elle s'abreuva plusieurs fois à sa gourde, et enroulait son foulard sur son visage de telle façon qu'il ne lui restait qu'une fente pour regarder où elle allait. Mais au moins, elle avait un peu moins chaud sur le visage de cette façon, et la luminosité la gênait un peu moins.

Mais elle avait chaud ; elle sentait la sueur couler sur son visage et dans son dos. A son côté, Laïla avançait un peu courbée, comme si le poids de la chaleur du désert se faisait sentir sur ses épaules. L'air était sec, le ciel bleu et dur, le soleil encore plus dur. Malika cessa bientôt d'essayer de s'essuyer le visage, car elle défaisait son foulard et son visage se retrouvait à découvert, exposé aux rayons brûlants, ce qui lui donnait encore plus chaud. En définitive, mieux valait supporter la sueur et boire autant qu'elle le souhaitait grâce à la gourde inépuisable.

Sa médaille, par contre, restait étrangement fraîche contre peau. En regardant la Route Rouge se détacher sur le sol pâle, écoutant le souffle et les pas des dromadaires à côté, elle laissa son esprit dérivé vers son oncle et tout ce qu'il lui avait dit. Pourquoi fallait-il cacher sa blessure à d'autres sorciers ?

Trois barrissements de la trompe d'Hâdiya la tirèrent de sa rêverie.

"On arrive à l'Oasis !" clama Rokhaya, en se portant en avant d'un pas vif.

Des "Ahh !" et des exclamations de joies retentirent sur la Route Rouge.

Effectivement, quelques minutes après, Malika et Laïla virent le reflet du soleil sur de l'eau, entouré par de nombreux palmiers et buissons. En s'approchant, les élèves découvrirent que des tentes semblables à celle de l'Obélisque des Mirages avaient été dressées.

Il y eut un peu de cohue tandis que les élèves se précipitaient, qui pour se vautrer sous les vastes tentes agrémentées de tapis moelleux, qui pour se rafraîchir les pieds dans l'eau, qui pour aller aux tentes réservées aux besoins pressants…

Malika et Laïla retirèrent prestement leurs chaussures, remontèrent leurs robes et allèrent patauger au bord de l'eau avec d'autres élèves. Beaucoup en profitèrent pour s'arroser la nuque et les cheveux. Une séance d'arrosage débuta, mais fut immédiatement interrompue par les étudiants qui houspillaient tout le monde, en réclamant de l'aide pour installer les dromadaires, et pour chasser les petits malins qui recommençaient à faire les clowns sur les tapis volants. Hâdiya, Roxanne et un grand étudiant noir à lunettes s'étaient rendus dans une tente dont les draps étaient baissés.

Malika et Laïla se débrouillèrent pour rejoindre Rokhaya, mais un garçon qui avait suivit la conversation qu'elles avaient eut avec la jeune fille les interpella :

"Elle a dit qu'il fallait aller s'asseoir, ils vont nous apporter à manger."

Ils rejoignirent donc tout le groupe de premières années, et trouvèrent de la place en s'asseyant en cercle avec d'autres.

Par petits groupes, ils avaient commencé à bavarder, libérant leur visage de leurs foulards pour être plus à l'aise à l'ombre des tentes. Malika put découvrir le nez retroussé de Laïla, son grand sourire aux dents un peu en avant, et ses cheveux ondulés aux reflets roux qui lui arrivaient aux épaules, tenus en arrière par des barrettes.

"J'ai hâte qu'on soit arrivé." se plaignit un garçon malingre. "Il fait tellement chaud… Et puis c'est pas amusant…"

"On aura chaud tout le temps, de toute façon." répondit une fille dodue coiffée avec des couettes.

Rokhaya et un étudiant au teint mat arrivèrent, portant de larges paniers, qu'ils déposèrent au centre de chaque cercle d'élèves, et tout le monde se rua dessus.

Ils eurent droit à de délicieuses galettes de pain hazim (pain sans levain), dans lesquelles ils découvraient divers assaisonnements de viandes et de légumes cuits. Ensuite, il y eut toute une série de fruits secs ou juteux. Enfin, tout le monde eut droit à du thé brûlant dans de drôles de petites tasses d'un vert étincelant. (On boit toujours du thé brûlant dans le désert, pour mettre son corps à une température proche de celle de l'air afin de  ne pas trop transpirer et de se déshydrater.)

A la fin de leur repas, Laïla prit le bras de Malika et l'entraîna avec elle, laissant les autres terminer leur repas.

"Viens, on va voir mon frère !"

Elles se frayèrent un chemin entre les cercles d'élèves qui mangeaient et bavardaient, et Laïla eut soudain un cri de victoire.

"Là-bas !" s'exclama t-elle en désignant un cercle d'élève sous une autre tente.

Un garçon de taille moyenne, ayant les mêmes cheveux ondulés que sa sœur, était entouré de deux garçons et trois filles. Malika remarqua en s'approchant que les garçons et l'une des filles arboraient des symboles et des couleurs différentes sur leurs foulards et leur ceintures que Tabet et les autres. Celles de Laïla et d'elle-même étaient d'un beige terne et maussade

"Tab ? Tu as les biscuits ?" demanda Laïla.

Le jeune garçon tendit un sachet à sa sœur.

"Ch't'en ait gardé." postillonna t-il, la bouche pleine.

Elle regarda dedans.

"Quoi, c'est tout ce qu'il reste ?" pesta t-elle, le front plissé.

"On a partagé."

"Attends" rit une fille au visage pointu, coiffée avec négligence d'une queue de cheval. "On a tous des trucs, servez-vous !" proposa t-elle en tendant un linge rempli de petits cubes verdâtres enfarinés.

"Les loukoums, c'est ma mère qui les a fait !" ajouta un ami de Tabet.

Les fillettes se servirent en remerciant tandis que Tabet faisait les présentations.

"Je vous présente ma petite sœur Laïla, la folle furieuse."

"Toi-même ! Bonjour, voilà Malika, elle est nouvelle comme moi !"

On la salua.

"Tab est membre de l'équipe de Quidditch, pas vrai, Tab ?" s'exclama Laïla.

"Ouais !" répondit un garçon à la place de l'intéressé. "Nous aussi on fait partie de l'équipe de Quidditch ! On attendait ça depuis longtemps !!! Ca fait que deux ans qu'on a une vraie compétition. Avant, on ne faisait que des match pour rire."

"C'est à cause du prof de Vol. Il trouve que c'est un sport dissident, que cela provoque un esprit d'hostilité." soupira une fille.

"Et c'est quoi comme jeu ?" demanda Malika. "Laïla a essayé de m'expliquer, mais…"

"…mais t'as rien pigé !!" coupa Tabet. "Pas étonnant, elle n'y connaît rien. (Laïla eut une exclamation courroucée, mais son frère l'ignora.) Bon alors, écoute, le Quidditch, c'est le plus beau sport du monde…"

Dix minutes plus tard, Malika était complètement perdue dans les explications de Tabet et de ses amis, qui se coupaient la parole et parlaient en même temps. Laïla avait un petit air goguenard. Malika commença à se demander si elle comprendrait un jour ce drôle de jeu.

C'est alors qu'une voix grave retentit dans son dos.

"Hé ! C'est bien toi qui étais avec le professeur Nassim ? Salut, vous autres !"

Malika se retourna. Un jeune homme de dernière année s'était approché de leur cercle. Elle le reconnu : c'était le jeune homme du restaurant. Il avait un sourire affable. Laïla et les autres s'étaient interrompus, intéressés, et Tabet et ses camarades répondirent au salut.

"Oui…" répondit Malika. "Il m'a emmené faire mes courses scolaires."

"C'est vraiment étonnant." s'étonna le septième année. "Je ne savais pas qu'il s'occupait aussi des première années de famille Moldue. Tu as eu de la chance ! Quel honneur !"

"C'est mon oncle." expliqua Malika.

Il y eut un silence stupéfait autour d'elle. Le jeune homme avait écarquillé les yeux et ceux des amis de Tabet se braquèrent sur elle. Malika se sentit un peu gênée d'être ainsi au centre de l'attention.

"Ton oncle est prof ? Tu ne me l'avais pas dit !" s'étonna Laïla.

"Tu es la nièce de Nassim ? Hichem Nassim ?" s'étrangla un ami de Tabet. Il dut tousser car il avait avalé de travers, et la fille à côté de lui se fit un plaisir de lui taper dans le dos, un peu par réprimande, aussi.

"Je ne savait pas qu'il avait une nièce!" s'exclama une autre camarade de Tabet avec des yeux en boules de loto. "C'est dingue !!"

"Non, tu sais, " fit Tabet avec un air moqueur. "Ca arrive à beaucoup de gens qui ont des frère et sœurs ! Mais alors… Ta famille est sorcière ?" demanda t-il, un peu confus.

"Non. Ce sont tous des Moldus, sauf mon oncle."

Le garçon de septième année la regarda avec attention.

"Dingue." soufflèrent certains.

"J'aurai jamais imaginé que Nassim avait de la famille, holala !" lâcha une fille.

"Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a mon oncle ?" demanda Malika.

Les élèves se regardèrent, avec un regard éloquent.

"Ben… Il est professeur de Défense Magique avancée… On l'a pour la première fois cette année…"

"Moi je le connais." intervint le septième année. "Au fait, je m'appelle Hakim Deloued. Ton oncle ne donne des cours qu'à partir de la cinquième année."

"C'est un sacré type," assura Tabet. "Vachement connu dans le monde Magique, pas vrai ? Mais personne ne sait vraiment grand-chose sur lui… C'est un peu une légende vivante…"

Hakim approuva :

"Oh, oui, tout le monde connaît ses exploits… Tu n'es pas au courant ? Au début de l'été, il a dirigé une opération internationale en Afrique… Il y avait un couple de Nundus qui semait la terreur. Ils ne savaient pas qu'il y en avait deux, mais ils ont réussi, grâce au professeur Nassim ! C'était dans tous les journaux!"

"Un Nundu ? C'est quoi ?" demanda Malika.

"Le plus dangereux de tous les animaux Magiques. Un guépard géant." répondit Tabet avec passion. "Même plus dangereux qu'un dragon."

"Ah, non, un dragon c'est autre chose !" rétorqua Laïla.

"Un dragon ne répand pas de terribles épidémies que même les Moldus ne savent pas expliquer." estima Hakim d'une voix calme et autoritaire. Il se retourna vers Malika. "Tu sais, cette maladie bizarre et terrible qui apparaît parfois on ne sait comment… Ebola… C'est un des poisons que les Nundus soufflent. Des fois ce sont des épidémies de choléra, ou d'autres horribles maladies… Ca dévaste des villages entiers… Et les Nundus sont féroces… Il faut une centaine de sorciers pour en venir à bout, car ils sont protégés contre la magie ! Et bien le professeur Nassim a mené une équipe, ou plutôt une armée, contre deux de ces monstres il y a quelques temps. On en a beaucoup parlé."

"Oh." fit simplement Malika en repensant à la seule journée qu'elle avait passée avec son oncle.

Plusieurs autres élèves de l'âge d'Hakim s'étaient approchés et écoutaient respectueusement, contemplant Malika avec intérêt.

"Et c'est pas tout !!" s'emporta Tabet. "Il a affronté des mages noirs, il a fait la guerre, il a combattu des dragons, il a aussi défait un repaire de Nécromanciens !!"

"…et il a vaincu des génies malfaisant, et des démons !!" ajouta une fille avec excitation. "Et puis il est si mystérieux, si ténébreux, si charismatique…"

"…et il n'y a sans doute que la moitié de vrai dans tout ça !" sourit Hakim. "Mais ça suffit largement pour en faire un grand homme, élémentaliste et héritier spirituel de notre cher directeur... Je me demande ce que tu vas donner, toi !" termina t-il en souriant à Malika.

"Il est comment, Nassim, en vrai ?" demanda un garçon.

"Je ne sais pas." répondit Malika avec honnêteté. "Je ne l'avais jamais rencontré avant qu'il vienne pour m'expliquer que j'étais une sorcière."

"Ah bon ?" s'étonna Laïla. "Moi, Tabet m'a déjà raconté plein de trucs, avant même que je sache que j'en étais une aussi !"

"Tu ne le connaissais pas du tout ?" s'étonna Hakim. "J'aurais pensé qu'il avait quand même une vie privée…" marmonna t-il, songeur.

A ce moment, la trompe d'Hâdiya sonna de nouveau. Il était visiblement temps de repartir.

"Dépêchons !" ordonna Hakim d'une voix forte en se levant, invitant les autres à l'imiter. "Il faut y aller ! A plus tard, les nouvelles !"

Et il s'éloigna d'un pas rapide avec quelques-uns de ses camarades.

"Pff… " marmonna un ami de Tabet. "Combien tu paries que l'année prochaine il sera là pour nous mener à la baguette ! Et dire que c'est un vrai toutou avec sa copine…"

Il y eut des ricanements parmi les élèves, mais Malika et Laïla se hâtèrent de rejoindre les autres première années.

Cette fois, chacun choisit son mode de déplacement. Malika et Laïla, reposée par la halte, préférèrent marcher, afin de discuter plus facilement.

"Tu m'avais pas dit que ton oncle était sorcier."

"J'y ai pas pensé. Tu sais, il est vraiment bizarre. Je ne croyais pas vraiment que j'étais une sorcière, jusqu'à ce qu'il m'emmène à la Médina Magique."

"Oh !! Moi j'y étais déjà allé avec mon frère !!! On y est allé ensemble, et j'ai acheté ma baguette magique !!! Regarde !! If, plume de phénix, 19,75 centimètres ! Et toi ?" demanda Laïla avec extase et fierté en brandissant sa baguette.

Malika sorti la sienne.

"En fait, je ne sais pas… J'ai pas écouté la vendeuse !!" avoua piteusement Malika.

"Oh ! Quel dommage !! Elle est un peu plus grande que la mienne." estima t-elle en les comparant. " Tu as essayé de faire de la magie ? " ajouta t-elle, les yeux brillants.

"Non, mes parents me l'ont confisqué et m'ont interdit d'y toucher. " répondit Malika avec une moue de déception.

"C'est pas de chance." fit Laïla. "Remarque, moi non plus mes parents ne voulaient pas… Mais Tabet m'a montré comment faire les mouvements correctement avec les cuillères en bois de la cuisine, et après…"

Malika la regarda, amusée.

"Tu t'y es essayée toute seule ?" demanda t-elle, sur le ton de la confidence.

Laïla se pencha vers elle, un sourire un peu contrit sur le visage.

"Oui !!! Dans ma chambre !! J'ai renversé tous mes placards et  mes draps sont devenus bleus rayés jaune, une horreur alors que ma chambre est en rose !"

Elles éclatèrent de rire.

"Je me suis fait disputée - encore -, et Tab n'a pas pu réparer les dégâts, parce que la magie est normalement interdite en dehors de l'école."

Elles parlèrent avec animation pendant un moment, racontant toutes les choses bizarres qu'elles faisaient étant plus jeunes avant de se découvrir sorcières, puis de tout ce qu'elles avaient vu à la Médina Magique.

Autour d'elles, d'autres nouveaux essayaient de faire connaissance, et des élèves de troisième et quatrième année marchaient en petits groupes.

Soudain, une voix retentit derrière les deux fillettes.

"Hé !! C'est toi la nièce de Nassim ?"

Elles se retournèrent, et plusieurs élèves autour d'elles les regardèrent, même des garçons de sixième année sur les dromadaires à quelques mètres d'elles.

Malika reconnut tout de suite le garçon qui avait parlé. C'était celui qu'elle avait croisé chez Banthar et Ben, qui lui avait parut si méprisant. Il était flanqué d'un garçon et d'une fille à ses côté : un grand garçon dégingandé, à l'air ahuri même sans ses horribles lunettes qui lui descendaient sur le nez ; et une fille de première année, filiforme, qu'on devinait la sœur du précédent même sans ses lunettes, semblables en tout point à celles de son frère. Les deux garçons avaient les mêmes motifs et les mêmes couleurs sur leurs foulards et leurs manches, remarqua Malika.

"Oui ? Pourquoi ?" demanda t-elle, méfiante, sans cesser de marcher.

"Je voulais savoir… J'y croyais pas vraiment… Moi c'est Thanekhros. Husâm Thanekhros."

"Oui… C'est ce que j'avais entendu, quand on s'est croisé au magasin." répondit Malika avec distance.

Le garçon eut un sourire de commisération.

"Eux ce sont les Khalifon, Gamal, de troisième année et Ghizlène, en première année, comme toi."

"Salut." marmonna la fille.

"Salut…" fit Malika, un peu désarçonnée. "Voici Laïla Sûricate, elle est nouvelle elle aussi."

Gamal Khalifon eut un froncement de sourcil.

"Sûricate? Ne me dis pas que t'es la sœur de Tabet Sûricate, ce cinglé qui ne jure que par le Quidditch ?" fit-il d'une voix plate et nasillarde.

"Si. Ca te pose un problème ?" gronda Laïla.

"Bon sang, je savais pas que ce taré avait une sœur !! Encore une qui ne devrait pas être ici !"

"Pourquoi ? " répliqua vertement Malika en lançant un regard d'avertissement à Thanekhros. "Toi aussi tu crois en ces stupidités comme quoi les enfants de Moldus n'ont pas à aller au Caravansérail ?"

Le garçon eut l'air choqué que la fillette ose ainsi hausser la voix. Sa sœur la regarda avec de gros yeux.

"C'est ça." fit-il, un peu désarçonné, mais gardant toujours une voix et un regard terne, tandis que Thanekhros et sa sœur le regardaient, un peu sidérés qu'il se soit abaissé à confirmer indirectement qu'il venait de dire des âneries.

"Alors Monsieur Stupide, on rira bien quand tu recevras les cours de son oncle, qui est lui aussi enfant de Moldu !" railla Laïla avec un geste d'épaule suffisant.

Le garçon ouvrit et ferma la bouche, enfin conscient qu'il venait de se montrer idiot. Mais Thanekhros parla d'une voix dure.

"Il ne restera peut-être pas assez longtemps pour nous donner des cours, son oncle. Tout le monde sait qu'il n'est là que parce que c'est le chouchou du directeur, et que c'est un criminel qui a toujours réussit à échapper au Ministère !"

Malika s'arrêta, stupéfaite, et planta ses yeux brûlants dans ceux du garçon. Des murmures se firent entendre autours d'eux.

"Qu'est-ce que tu as dit ?" bégaya t-elle de colère, tandis que Laïla poussait un cri d'indignation.

"Ce que tout le monde sait." renifla l'autre. Puis il ajouta narquois. "Alors, toujours aussi fière de son tonton ? Avec une famille pareille, on aurait jamais du t'accepter ici ! Pareil pour l'autre, quand on voit son frangin !"

"Retire ça !" hurla Malika en cessant de marcher et en levant à demi les poings.

Mais aussitôt, un étudiant se porta vers eux, attiré par les éclats de voix. C'était le garçon qui était sur un tapis précédemment.

"Qu'y a t-il ? Pas de querelles, ici !! Par la barbe de Mathusalem, on n'est même pas encore arrivés ! Des nouveaux ? Ca suffit, fichez le camp !"

"Il a insulté mon oncle !" s'indigna Malika.

"Et j'en ai rien à faire." répondit froidement le garçon. "T'as de la chance qu'on ne soit pas encore à l'école. Thanekhros, va voir ailleurs si j'y suis." fit-il d'un ton neutre vers les trois autres.

Thanekhros eut un sourire complice. Puis ses yeux se posèrent sur Malika et ses poings toujours menaçants.

"Et elle ne sait même pas sortir sa baguette. Tu ferais mieux de retourner chez les Moldus !" ricana t-il en avançant assez loin dans la caravane.

"La ferme !" hurlèrent Malika et Laïla.

Aussitôt, l'étudiant s'assombrit.

"Encore ? Je vous préviens, on ne tolère pas ce genre de comportement au Caravansérail. Vous avez intérêt à ne pas vous faire remarquer davantage durant le voyage, vous deux !" gronda t-il.

Malika eut une exclamation d'indignation tandis qu'il leur tournait le dos. Il avait pourtant laissé ce Thanekhros les railler sans intervenir !!

"Quelle enflure !" marmonna Laïla à son côté, et elle fut bien d'accord.

"Je te parie que lui aussi pense qu'on a pas à être ici à cause de nos origines… pff…" continua sa camarade.

Mais Laïla cessa bientôt de maugréer, car de nouveau, elles sentaient les kilomètres parcourus dans leurs jambes, et le soleil de plomb sur leurs têtes.

Il y eut un autre changement de cavalier, et cette fois, on ordonna aux premières années de monter en selle. Malika et Laïla s'empressèrent de partager le même dromadaire. Il y eut encore des chansons, et quelques anciens élèves apprirent les paroles de la chanson du Caravansérail aux nouveaux.

L'après-midi s'étirait lentement, et Malika surprit Laïla à s'avachir sur son dos, endormie par le balancement de leur monture. Elle n'était pas loin d'en faire pareil. A l'arrière de la Caravane, on entendit pendant un moment des tambourins et des flûtes. Puis, au fur et à mesure que le temps passait, les discussions se turent complètement.

Malika ne savait pas quelle heure il était. Cependant, après des heures de voyage, et remarqua que le soleil était très bas… Très bas à l'horizon. Etrangement, les murmures reprirent dans la Caravane. Le ciel commença légèrement à s'assombrir.

Il y eut soudain un cri de joie. Une fille sur un dromadaire pointait l'horizon du doigt. Les élèves se mirent à parler avec excitation. Le cœur de Malika fit un bond, et elle sentit Laïla s'éveiller dans son dos.

"L'école ? On arrive ?" demanda t-elle.

Le deux fillettes fouillèrent frénétiquement l'horizon du regard, tandis que tous les élèves à pied se portaient du côté droit de la Caravane. Un barrissement de trompe retentit. Au loin. Mais ce n'était pas celui d'Hâdiya, il venait de très loin. Et celui d'Hâdiya lui répondit.

Au détour d'un accident de terrain, Malika et Laïla aperçurent enfin ce qui avait tant remué la Caravane : une autre Caravane, sur une autre Route Rouge qui convergeait vers la leur. Il y eut des cris, des sifflements et de hourras des deux colonnes de dromadaires. Peu à peu, les deux Caravanes se rapprochaient pour marcher presque en parallèle.  Malika entendit alors la chanson du Caravansérail retentir. Le refrain était entonné en cœur par les deux groupes, mais les paroles étaient décalées, créant un puissant canon.

Malika distinguait à présent les montures et les figures des autres voyageurs, qui comportaient aussi des tapis remplis de bagages et des étudiants zigzaguant pour surveiller le convoi.

Laïla et elle s'étaient jointe au chœur des élèves, mais soudain, il lui semblait que le bruit avait augmenté.

"Voilà les autres !" hurla un garçon, et Malika crut reconnaître la voix de Tabet.

"Regarde," souffla Laïla à son oreille, "il y a encore une Caravane !"

En effet, en se dressant, Malika put distinguer, au-delà de la deuxième, une troisième Caravane qui se rapprochait. Elle comprit que c'était les Caravanes d'Algérie et du Maroc qui les rejoignaient.  Le soleil avait presque atteint la ligne de l'horizon à présent, et de bleu, le ciel était devenu indigo à l'Est mais jaune et orangé à l'Ouest.

Eloignées de quelques kilomètres les unes des autres, les trois Caravanes arrivaient parfaitement à se faire entendre les unes des autres dans l'immensité du désert qu'elles occupaient à elles seules.

Soudain trois trompes se mirent à sonner, sur un rythme que Malika n'avait encore pas entendu. Aussitôt des cris de joies retentirent des trois Caravanes, et les élèves à pied pressèrent le pas.

Malika tordit le coup pour regarder en avant.

Et c'est alors qu'elle le vit.

Entre deux collines de sable, petite tâche brune qui se rapprochait et qui grandissait rapidement, il apparut devant ses yeux.

Le Caravansérail.

- Fin du chapitre six -

Prochain chapitre : El Nazed et le Coffripon

Arrivée au Caravansérail, premières impressions sur l'école, et répartition pour Malika et Laïla !!! Dans leur dortoir, elle se feront une amie de Meriem, qui vient d'une très grande famille de sorcier : elle a une dizaine de cousins au Caravansérail ! Un autre rencontre sera moins agréable : une horrible gamine, digne de Thanekhros… Mais surtout, Malika rencontrera l'inénarrable El Nazed le Fourbe, ainsi que l'étonnant Coffripon…

Note : j'ai commencé une aquarelle de la Route Rouge, mais… J'ai découvert que peindre un désert était horriblement difficile ! Je ne sais pas si je finirai cette peinture un jour !!!

Explication des noms :

Laïla et Tabet Sûricate : Laïla et Tabet sont les prénoms de deux amis. Sûricate est en fait "suricate" avec un accent. Les suricates sont des petits rongeurs d'Afrique australe.

Khalifon : câlifon, soit "petit calife". Gamal signifie "Chameau" et Ghizlène, "gazelle" (j'ai choisi ce prénom parmi d'autre signifiant aussi gazelle, parce qu'il ne se terminait pas par le son "a", celui-là !). Ils portent des noms d'animaux du désert, alors que leur nom de famille fait penser à une certaine élite sociale, je souhaitais un décalage.
Husâm : "Epée". Thanekhros porte un prénom qui peut être noble, mais aussi sinistre…

Hakim Deloued : "de l'oued" : un oued est un petit cour d'eau du désert, qui disparaît sous trop forte chaleur. Hakim = sage, philosophe.

Wolfgang Skat : le skat est un jeu de carte très populaire en Allemagne. Je vais essayer de prendre des noms de jeux de société pour les étudiant hors Moyen-Orient… Ce sera rigolo… Wolfgang est allemand. J'aime le prénom, celui de Mozart !

Rokhaya Awélé : voilà un autre exemple… L'awélé est un jeu africain bien connu, qui se joue avec des cailloux et une planchette en bois avec deux fois six alvéoles. Sur mon téléphone portable, ça s'appelle "bantumi"… Vous voyez de quoi je parle ?

Stanislas Zeitnot: ukrainien. Zeitnot : terme d'échecs : quand on n'a plus de temps pour préparer ses coups, et que l'on doit jouer sans réfléchir. Stanislas Mehrar est un acteur français que j'aime bien.

Maria Fianchetto : Maria sonne italien. Fianchetto est un terme  du jeu d'échec, qui désigne le déplacement du fou sur l'une des deux grandes diagonales

Roxanne Rami : Rami : jeu d'origine inconnue

Réponses aux reviews :

Reveanne, tout d'abord, à qui je fais pleins de bisous… Pour m'avoir laisser des commentaires à chaque chapitre ! Et bien sûr pour ses merveilleux dessins !

Aria Lupin : ton compliment m'a ait rougir, il est très joli !!! Et c'est pas grave si tu ne l'avais encore lu… Voilà qui est réparé !

Rha Silvia : j'ai besoin de nom avec signification !!! Pour ensuite faire des jeux de mots… Ca va pas être simple…

Miya Black : « comme d'habitude » … N'en rajoute pas, je trouve que le chapitre un n'est pas si bien que ça… Merci quand même !! Quel enthousiasme !

Lunenoire : merci beaucoup d'avoir reviewé ! Mais il va falloir attendre pour tout ça… Oui, c'est la partie difficile à écrire, il faut vraiment que je fasse des recherches…

Aiko : Malheureusement, répondre à ces questions gâcherait tout !! Enfin, ce sont exactement les questions auxquelles je ne peut pas encore répondre (par choix, ne t'en fais pas…) Désolée, garde patience !!!

Merci à vous tous de m'avoir laissé un petit mot, ça fait vachement plaisir… Je cherche en ce moment des noms de jeux étrangers, genre jeux traditionnels, de tous pays !!