Auteur : Alana Chantelune (alanachantelune@caramail.com)

Titre : Le Caravansérail

Résumé du chapitre précédent : Malika arrive au Caravansérail après une journée de voyage à dos de dromadaire. Elle s'est fait une amie de Laïla, de famille Moldue tout comme elle, et a rencontré une sympathique étudiante, Rokhaya. Etre la nièce du Professeur Nassim fait beaucoup parler les autres élèves, mais certains vont même jusqu'à médire de lui. Au moment de la répartition, dans un grand amphithéâtre, les élèves sont répartis en cinq madrasas. Mais quand vient le tour de Malika, le Miroir d'Âmes qui donne les couleurs des madrasas aux enfants s'éteint brusquement !!!

Disclaimer : Tout est JK Rowling, même si Harry Potter n'apparaît pas ici…

Beta-readeuse : Angharrad, toujours partante et qui me soutient !! Ca fait du bien !!

Conseils musique :

Déambulation dans les couloirs : le thème très beau qu'on entend dans Sleepy Hollow. ou alors celui de Batman returns. La musique de Danny Elfman est enchanteresse !

El Nazed le Fourbe : Indiana Jones et la dernière croisade, quand ils sont dans le dirigeable, recherchés, et qu'Indy jette l'officier nazi par la fenêtre en disant aux autres voyageurs : "Pas de ticket!"

Le Foyer : Harry Potter and the Philosopher's stone, piste 8, Christmas at Hogwart

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Dessins : pour admirer ceux de reveanne sur El Nazed ainsi que le portrait d'Hichem et Malika, allez sur son site (aussi disponible en lien sur sa page ff.net) :

En plus elle en a fait des nouveaux !!! Oui !!!!! Je sais que je l'embarrasse de parler d'elle comme ça, mais elle a fait un dessin d'El Nazed en plein délire avec des esclaves qui le servent, un autre tiré de la couverture d'El Nazed à Bagdad, où il est poursuivi par des objets pointus, et enfin, un mignon dessin de Malika et Rokhaya. Si tu veux, reveanne, je te nomme Groupie n°1 d'El Nazed… Et je promets de ne plus trop me servir de la massue sur lui… Ca fera un heureux, je vous le dis…^__^

Profitez-en donc aussi pour regarder ses autres dessins sur "Hidden Beneath" (je l'ai enfin lu !) et les fics de Fred et George… et lire ses fics ! (C'est bon, reveanne, passe-moi les 60 euros… ben oui, la pub c'est pas gratuit ! lol )

Et en plus, la Fantastique, Formidable, Merveilleuse et Inépuisable Reveanne m'a écrit une Bulle !!!! Oui, comme pour la fic de Fred et George !!! C'est une bulle sur El Nazed !!!! (Encore lui, oui !) Je la posterai, c'est sûr, après le chapitre 9 !!! Je suis sûre que vous vous marrerez autant que moi ! *saute de joie*

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Note : après quelques critiques, j'ai un peu corrigé le chapitre précédent, et je commence à me poser des questions. J'aimerai que vous y répondiez rapidement :

- Le nom de la madrasa de Charmarîn fait-il vraiment trop Pokémon ? Ca fait longtemps que je ne regarde plus Pokémon (ça va faire trois ans que je ne regarde plus rien vu que j'ai plus de télé…L). Je vais criser si j'apprend qu'il y en a un qui porte ce nom, argh… Dois-je le changer ?

- Est-ce que je continue à mettre le descriptif des personnages avant le texte, où ça vous barbe ? Peut-être trouvez-vous ça insultant parce que quand même, vous avez lu le le reste, et vous pensez que j'imagine que vous avez une mémoire en passoire… En fait, c'est juste que j'utilise des noms bizarres et que je poste lentement, alors je pensais qu'un récapitulatif pouvait être bénéfique…

Répondez vite, j'en tiendrai compte pour le prochain chapitre !

Note bis : s'il y a des points partout dans le chapitre précédent, c'est parce que ff.net ne veut plus afficher mes sauts de lignes vides !!! Grrr !! Alors je suis obligée de mettre des points pour aérer le texte.

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Présentation des personnages :

Malika Nassim : héroïne de notre histoire. Onze ans et demi, elle apprend qu'elle est une sorcière. Volontaire, très excitée par ce qui lui arrive, elle souffre toutefois de l'attitude de sa famille.

Hichem Nassim : Mystérieux oncle de Malika, prof de Magie. Séparé de sa famille depuis des années, c'est un héros, semble t-il, chez les sorciers, mais pourquoi est-il si coincé ?

Rokhaya Awél : jeune étudiante du Caravansérail, africaine, elle aide Malika.

Laïla Sûricate : fille de Moldus, amie de Malika dès le voyage, elle est délurée et n'a pas la langue dans sa poche. Son frère, Tabet, est en 5e année et fait du Quidditch.

Hûsam Thanekhros : 2e année, très méprisant, il aime enfoncer les enfants de Moldus.

Gamal et Ghizlène Kâlifon : frère et sœur, 3e et 1ère année. Comparses de Thanekhros, ternes et pas très futés apparemment…

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Chapitre huit : El Nazed et le Coffrippon

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Malika se sentit atrocement perdue. Pas de couleurs, pas de madrasa pour elle !!! Alors pourquoi avait-elle eut une baguette ? Elle était sorcière ou pas ?

C'est avec cette question muette qu'elle fixa son oncle dans les yeux, tandis que les murmures d'étonnement faisaient un bruit insupportable autour d'elle.

Il était crispé, les yeux légèrement agrandis, emplis d'anxiété. Maika sut à cet instant qu'il avait redouté ce qui venait d'arriver, que son visage lugubre n'était que l'appréhension de cet instant. Un moment, Malika eut l'impression qu'il allait se lever, mais au moment ou il faisait mine d'ouvrir la bouche, une vague de lumière explosa à la figure de Malika…

Des paillettes bleues et rouges cuivrées jaillirent du Miroir d'Âmes qui venait de se rallumer. La stupeur fit place au soulagement chez Malika, et elle leva des yeux soulagés vers la table des professeurs. Son oncle se détendit, et eut juste une ébauche de sourire.

Et puis ses yeux redevinrent neutres..

Les Charmarîn se mirent à applaudir bruyamment. Malika respira encore un grand coup, calmant ses battements de cœur, et se pressa vers eux.

Dans les gradins, elle s'assit non loin de Rokhaya, remarquant soudain que la plupart des élèves la regardaient en murmurant entre eux.

"Bienvenue, Malika !" annonça joyeusement Rokhaya en se tournant vers elle. "Ca va ?"

Malika ne put que hocher la tête, et jeta un œil autour d'elle. Elle regarda devant elle, et reconnut que l'un des autres étudiants devant les élèves de sa madrasa était le jeune homme rencontré à la Médina Magique, Thomas. Il avait retiré sa coiffe, mais même de dos, il paraissait encore plus rouge que le jour où elle l'avait vu. Quand il se retourna inopinément pour regarder les élèves, elle remarqua que la peau de son visage était presque brûlée sur ses joues, et il était recouvert d'une substance visqueuse et blanchâtre. Il avait l'air assez morose.

Pythy, Ahlam fut envoyée à Sandrelûn. La file des élèves diminuait.

Malika se concentra sur Laïla. Elle espérait vraiment qu'elles pourraient être ensemble, et elle croisa les doigts en attendant que sa camarade soit appelée.

La répartition se poursuivit. Enfin, ce fut au tour de Laïla de poser le pied sur le Miroir.

Malika se mordit la lèvre d'angoisse. Et puis, ce fut le miracle : Laïla reçut le foulard bleu aux liserés de cuivre de Charmarîn.

Elle se précipita vers sa madrasa, et se glissa à côté de Malika.

"C'est génial ! On est ensemble !! Hey !! Tabet !! Je suis là !!!" piailla t-elle en direction du haut des gradins.

Malika n'avait même pas remarqué que Tabet Sûricate faisait parti de la même madrasa qu'elles. Pourtant, elle aurait du se souvenir des couleurs de son foulard et des manches de sa robe!

"J'avais pas remarqué!" railla le cinquième année, mais le ton était affectueux, et plusieurs élèves rirent.

Tamagna, Faroudjia arriva à Charmarîn et courut avec un cri de joie s'asseoir à côté d'Aawiya Blabhyll, juste derrière Thomas, qui dut les réprimer pour faire taire leurs gloussements d'excitation.

La Répartition semblait s'éterniser à présent. Malika était tout à fait soulagée, mais cela devait être difficile pour les derniers à passer. On parlait beaucoup à présent, certains se plaignant ouvertement de leurs estomacs vides.

Enfin Zifnab, Zâhid fut envoyé à Ambrilys, et la vice-directrice alla prendre place à la droite du directeur, après un coup de baguette magique qui fit redescendre le socle du miroir dans les entrailles de la scène.

Le directeur, le petit homme au centre de la grande table des enseignants, se leva alors. Il s'adressa à la foule des élèves d'une voix un peu rauque et pompeuse.

"Mes chers enfants, bienvenue en cette nouvelle année au Caravansérail ! Je suis très heureux d'accueillir vos nouveaux condisciples. Comme chaque année, les étudiants sont là pour vous guider et vous leur devez respect et obéissance."

Il y avait de légers sous-entendus dans sa voix.

"Cette année, nous accueillons donc Rokhaya Awélé, Hafîza Grenath, Liao Jong-Mah, Sirâj Ibn Brez, Tariq Kahdor et Nathaniel Sephiroth." déclara le directeur en désignant les six étudiants qui se levèrent chacun de leur banc et se tournèrent face aux élèves pour être bien vu de tout le monde. Il y eut des applaudissements.

"Je dois aussi vous présenter votre nouveau professeur de Vaudou, Mademoiselle Aiguila Woult."

Une femme se leva à la table des professeurs et salua. Les élèves applaudirent poliment.

"Les premières années doivent savoir que cet amphithéâtre est notre lieu de réunion privilégié. Chaque matin de la semaine, à huit heures, ainsi que le samedi à dix-huit heures trente, vous devez être ici avant de vous rendre à vos cours. Seuls les élèves étant en retenue, ou immobilisés à l'Infirmerie, ou ayant une autre justification légitime en sont excusés. Les consignes et remarques de la journée sont données durant cette réunion, et nous en profitons pour entonner joyeusement la devise, puis l'hymne de notre école!" continua t-il avec une allégresse qui avait l'air un peu sarcastique.

Beaucoup d'élèves cachèrent leurs sourires.

"Allons donc, mes chers enfants, que nos jeunes recrues commencent à les apprendre! Debout!"

Les élèves, les étudiants et les professeurs se levèrent d'un même mouvement et le Directeur se dressa du mieux qu'il put en tendant sa baguette magique en l'air (mais cela n'empêcha pas chacun de constater qu'il était le plus petit membre du corps enseignant!). Des rubans de lumière dorée en jaillirent, écrivant en grosses lettres des paroles que les élèves entonnèrent avec sérieux :

Accueilli en ce lieu sacré,

Je prête le serment des sorciers

Je m'engage à travailler,

A respecter mes aînés,

A obéir aux lois de la communauté,

A honorer celles de l'hospitalité.

Toujours en tant que magicien,

Je serai digne de la baguette que je tiens.

Puis les professeurs se rassirent, et les paroles d'une chanson s'inscrivirent, aussitôt entonnées avec beaucoup plus d'enthousiasme par les élèves. Malika eut du mal à suivre au début :

Depuis la nuit des temps

Il nous protège des vents,

Nous grandissons en ses murailles,

Notre école du Caravansérail !

Des noms glorieux construisent notre voie,

Emblèmes de nos cinq madrasas :

De Sandrelûn nous avons la soif des secrets,

Le goût du savoir et de la vérité ;

De Mirajaâd, nous avons l'habilet

Et l'astuce qui sied face à l'adversité ;

De Manticoran nous avons le souffle guerrier,

Toujours prêt à défendre notre communauté ;

De Charmarîn nous avons la volonté,

De ne jamais se laisser abattre par l'adversité ;

Et d'Ambrilys nous avons l'équité,

Le sens de la justice et l'intégrité.

Comme les cinq doigts de la main,

La voix claire et la baguette prête,

Marchons, marchons sur leur chemin,

Et chantons, chantons à tue-tête,

Sur les traces de ces glorieux sorciers,

Afin de faire leur fierté !

La chanson s'acheva dans un chorus joyeux, qui résonna dans l'amphithéâtre. Le directeur s'éclaircit la gorge.

"Bon, et ben maintenant qu'on en a finit avec les formalités, à table !"

Sur cette déclaration très terre-à-terre, où le ton un peu cérémonieux avait totalement disparu et s'était transformé en langage presque vulgaire, le directeur se détourna brutalement et quitta la scène par le fond. Les professeurs ne s'en formalisèrent pas et le suivirent.

Aussitôt, la foule des élèves se leva des gradins en parlant à qui mieux-mieux. Ils criaient et se bousculaient, sortant de l'amphithéâtre par des ouvertures à mi-hauteur ou par celles qui menaient à la fosse. Les premières années se levèrent, interdits, faisant un vague mouvement pour les suivre.

Heureusement, les étudiants étaient là pour les guider :

"Par ici !" déclara une étudiante plus que rondouillarde. "Nous allons au réfectoire. Suivez-nous."

Et les premières années suivirent le flot des élèves affamés. Le réfectoire n'était pas loin de l'amphithéâtre : en quelques minutes, les étudiants conduisirent les nouveaux des cinq madrasas dans une vaste salle où des dizaines de longues tables basses étaient déjà remplies d'élèves.

Il n'y avait pas de cloisonnement des élèves comme dans l'amphithéâtre, mais on remarquait toute de même que de nombreux adolescents préféraient rester avec ceux de leur madrasa.

Les murs du réfectoire s'ornaient de mosaïques aux motifs de fleurs ou géométriques. Sur une estrade trônait la table des professeurs, comme dans l'amphithéâtre.

Timidement, les première année gagnèrent les tables vides (bien évidemment devant la table des professeurs). Un siège en bout de chaque table était réservé à un étudiant aussi, quand Malika vit Rokhaya s'asseoir à une table vide, elle indiqua à Laïla d'un coup de menton de s'y installer.

Elles se retrouvèrent assises avec de nombreuses filles de leur madrasa, quelques garçons, et aussi quelques élèves d'Ambrilys.

Tous les visages étaient tournés vers la table des professeurs. Visiblement le Directeur attendait que tout le monde soit assis. Quelques premières années tournaient encore à la recherche de place entre les tables.

Quand tout le monde fut assis, le Directeur se leva et frappa dans ses mains. Aussitôt, les tables qui ne comportaient que des couverts vides se remplirent de plats et de mets les plus divers.

Malika en était bouche bée. Les élèves et les étudiants commencèrent à se servir, et les premières années les imitèrent avec un léger temps d'hésitation.

Pendant un temps, tout le monde était tellement affamé qu'il n'y eut que le bruit de mastication  et de tintement des couverts qui emplissait  le réfectoire.

Au bout d'un moment, un peu lancés par Rokhaya, les élèves commencèrent à discuter entre eux.

"Faroudjia et moi, on se connaît depuis qu'on est petite, on habite le même village en Algérie." expliqua Aawiya, qui avait de bonnes joues rondes et des cheveux crépus qu'elle avait tiré en une dizaine de petits palmiers sur son crâne, son foulard enroulé sur ses épaules.

"C'est vraiment trop qu'on soit dans la même madrasa! Trop chouette!!! Mais on l'espérait vraiment, et puis, ça ne me surprend pas, on a toujours été ensemble !" s'extasia Faroudjia.

Elle avait gardé son foulard sur la tête, mais ses tresses s'en échappaient. Elle avait de grandes dents que son sourire permanent laissait constamment dépasser.

"Personne n'est sorcier dans ma famille." expliquait Ferran Hazim un garçon à droite de Rokhaya. "Mon père est pâtissier, il était complètement ahuri quand j'ai reçu ma lettre ! Et toi ?" demanda t-il à un garçon à côté de lui qui mangeait le nez dans son assiette.

"Heu… Je m'appelle Fadel Ibn Saba. Je suis iranien, mais je vis ici, chez mon oncle. Je suis de famille sorcière, complètement !"

"Moi c'est ma mère qui est Moldue." déclara Zaïm Ben Amleth, un garçon d'Ambrilys. "Quand mon père le lui a appris le jour de leur mariage, ses parents à elle ont voulu rompre tout engagement parce qu'ils le croyaient fou. Mais quand il a commencé à se servir de sa baguette magique, ma grand-mère s'est tout bonnement évanouie !"

La table éclata de rire.

Laïla racontait avec animation comment son frère et elle avaient appris leur appartenance au monde de la sorcellerie.

Et puis, ce fut le tour de Malika.

"Je viens de famille Moldue, et aucun de mes frères et sœurs ne sont sorciers, mais…"

"Son oncle est sorcier ! Il est ici, c'est le professeur Nassim!" coupa Laïla, les yeux brillants.

Il y eut quelques cris d'étonnement étouffés. Certains élèves, ceux de famille sorcière, la regardaient les yeux ronds, et même Rokhaya avait un regard étrangement appuyé.

"Je me posais la question depuis que j'ai entendu ton nom de famille." dit-elle doucement.

Mais les autres ne furent pas aussi discrets.

"C'est ton oncle ?" tonna Faroudjia.

"Ca alors!", s'exclama un garçon avec des cheveux roux.

"Ben quoi, qu'est-ce qu'il a son oncle?" fit Ferran complètement paumé à son voisin de table.

"Tu as de la chance! Tu dois savoir plein de chose en Défense Magique !" fit une fille d'Ambrilys avec admiration.

"C'est clair que t'es avantagée…" renchérit un autre garçon.

"Mais pas du tout ! " s'emporta Malika avec une voix un peu désespérée. "Je ne savais même pas qu'il était professeur de Défense Magique, je ne savais pas qu'il était sorcier, je ne l'avais même jamais vu avant le mois dernier !"

Il y eut un petit silence autour de la table, et Malika se rendit compte avec effarement que sa voix avait un peu portée.

La table derrière, remplie de troisième années, la regardait, et même deux ou trois professeurs avaient tourné la tête vers eux.

"Je veux dire, je suis exactement comme vous autres." reprit-elle en se concentrant sur son assiette.

"Bien évidemment." sourit Rokhaya. "Une des cousines de ma mère était infirmière de mon école, et elle ne m'a jamais fourni de mots d'excuse pour sécher les cours, hélas. En plus, mes parents recevaient des rapports particuliers de sa part…"

Les élèves gloussèrent.

"Moi, j'ai plein de frères, de sœurs et de cousins ici." déclara Meriem Arbib. "Ils sont quasiment tous à Charmarîn ou à Sandrelûn."

Elle essaya de les repérer et de les citer tous, mais dans cette foule, c'était difficile.

Ils en étaient au dessert, à présent, et certains anciens se levaient déjà de table pour se rendre à leurs dortoirs. Malika se sentait épuisée. Elle n'aspirait plus qu'à s'avachir dans un lit douillet. Ses camarades étaient plus silencieux également. Certains même dodelinaient de la tête.

Au bout d'un moment, la salle ne fut plus qu'à moitié pleine, et le Directeur frappa de nouveau dans ses mains :

"Allons, il est temps d'aller au lit ! Même si il n'y a pas classe demain, Dimanche, vous aurez à faire pour présenter l'école à nos nouvelles recrues! Allez !"

Dans un raclement de chaises, les élèves se levèrent et quittèrent le réfectoire en bavardant.

"Les premières années doivent se regrouper par madrasa et attendre que les étudiants chargés de celle-ci les emmènent aux dortoirs." déclara finalement le Directeur aux nouveaux un peu perdus.

Les premières années se levèrent et se regroupèrent, tandis que les étudiants avaient semble t-il plein de choses à organiser, car ils s'étaient regroupés à une table dans le fond et parlaient avec animation.

Malika et ses condisciples se retrouvèrent donc debout à attendre le bon vouloir de ces messieurs-dames pour enfin aller au lit.

Soudain, une fille de Manticoran s'approcha du groupe de Malika. Elle était suivie de Ghizlène Kâlifon et d'une fillette solide, aux paupières et aux joues tombantes, les cheveux entièrement dissimulés par le foulard de Manticoran.

La première fille se planta devant Malika. Elle avait le nez fin, la bouche en forme de cœurs, des sourcils élégants ; ses cheveux d'un noir de jais soigneusement coiffés dépassaient en mèches brillantes et ondulées de son foulard. Elle aurait pu être très belle si elle ne levait pas si haut le menton et si elle ne tordait pas sa bouche en pointe de façon supérieure.

"Salut." fit-elle en dévisageant Malika. "Il paraît que tu es la nièce du professeur Nassim?"

Malika hocha la tête, méfiante, en jetant un œil à la table des professeurs. Mais ceux-ci avaient quasiment tous déserté le réfectoire ; seule la petite dame aux robes rousses et Faiza Chamaniak discutaient à l'autre bout de la grande table.

"Je m'appelle Najîba Hôdesan." reprit l'autre avec arrogance. "Elle, c'est Zâfira Bafukuh, et voici Ghizlène Kâlifon." reprit-elle en désignant ses deux suivantes.

"Oui, on s'est déjà rencontrées." répondit Malika avec une pointe de ressentiment.

Elle n'avait toujours pas digéré l'attitude de Thanekhros à son égard.

Najîba eut une petite moue contrariée mais se reprit vite.

"Dommage qu'on ne soit pas dans la même madrasa, on aurait pu mieux se connaître. Mai j'ai beaucoup d'amis ici, si tu as besoin de quelques chose, n'hésite pas à demander." déclara t-elle d'un voix haute.

Malika la regarda, sidérée. Elle avait l'impression que cette fille lui faisait la charité !

"Je croyais que les étudiants étaient là pour ça." rétorqua posément Malika sous les yeux des autres premières années, qui écoutaient avec attention. "Tu viens d'arriver, comme moi, je doute que tu en saches beaucoup plus que nous."

Najîba eut une moue dédaigneuse et ses yeux brillèrent de colère.

"Mon arrière-arrière-grand mère était Directrice du Caravansérail, si tu veux savoir. Il faut que tu saches qu'il y a des gens qui valent mieux que d'autres ici. Apparemment, je ne vois personne de qualité autour de toi!"

Laïla laissa échapper une exclamation scandalisée, mais d'autres élèves de Charmarîn et d'Ambrilys reniflèrent avec mépris à ces paroles. Malika décida qu'elle aimait cette fille encore moins que Thanékhros.

"Si arrogance et vantardise sont des qualités, en effet, je ne m'en entoure pas, moi." répliqua Malika.

Cette fois, la fille eut un rictus de haine. Son amie Zâfira Bafukuh intervint avec fiel :

"Mon cousin nous avait prévenues. Elle va se prendre pour la reine à cause de son oncle!"

"Tu as raison… Regardez-moi cette mijaurée!"

Malika fut outrée, mais ce fut Laïla qui bondit à la rescousse de sa nouvelle amie. Elle fit un pas en avant si vivement que les deux autres reculèrent, Ghizlène Kâlifon restant toujours en arrière.

"Celle qui se vante de sa famille et de ses relations, ce n'est pas Malika, que je sache! Remet les choses à leurs places, avant de raconter n'importe quoi sur une personne que tu ne connais même pas!" claqua Laïla.

La querelle ne put dégénérer, car les étudiants, attirés par le bruit ou ayant enfin finit leurs délibérations, s'approchèrent.

"Bon! Tout le monde en groupe!" brailla un grand garçon noir et mince à lunettes. "Vous vous remettez par groupes. Six étudiants sont affectés plus particulièrement à une madrasa, alors suivez bien vos guides !" Il consulta un parchemin. "Charmarîn , vous allez avec Rokhaya Awélé, Thomas Mayefer, Ismen Canasta, Hakim Tillibari, Râwiya Sadouri et Stanislas Zeitnot."

Les étudiants concernés levèrent la main, et Malika remarqua qu'ils avaient un badge aux couleurs de sa madrasa.

"Tu as bien fait de tenir tête à celle-là." souffla Meriem Arbib à Malika. "Mais fait attention. Sa famille est puissante."

"Tu la connais ?" demanda Laïla.

La fillette fit une grimace.

"De réputation ; certains de mes oncles et tantes ont à faire avec ses parents au Ministère. Et tout le monde sait que les Hôdesan sont puissants et sans scrupules. Et puis, elle a été odieuse pendant le voyage. J'étais avec elle dans la caravane du Maroc." confia Meriem.

Laîla et Malika hochèrent la tête.

Les élèves étaient sur le point de quitter le réfectoire, quand une fille poussa un cri terrifié.

Une forme translucide venait de surgir d'un mur.

Elle flottait en l'air, à quelques centimètres du sol, son voile et sa large ceinture de toile flottant derrière elle. Elle portait un pantalon un peu bouffant et deux fins cimeterres.

On aurait tout dit d'une reine guerrière des contes pré-islamiques, seulement… On voyait à travers elle.

C'était un fantôme.

Malika et d'autres élèves eurent un mouvement de recul.

Les étudiants aussi s'arrêtèrent.

Mais ce n'étaient pas d'effroi ; l'expression du visage de la femme fantôme les avait visiblement interpellé. Elle avait l'air tendue et inquiète, et on voyait bien qu'elle n'était plus toute jeune, des rides marquant son front et ses joues.

"Dame Aux Epées?" s'étonna Ismen Canasta, une des étudiantes en tête du groupe de Charmarîn .

Les autres étudiants avaient suspendu l'appel des madrasas restantes pour voir ce qui se passait, et tout le monde tendait le cou pour entendre.

"Je suis désolée, je viens vous prévenir, il est encore devenu fou… il a agressé des élèves de troisième année qui ont dut grimper sur des corniches!"

"Il ? Vous ne voulez pas dire… ?" questionna Thomas.

"Et il se dirige par ici !!" continua la dame fantôme d'une voix plaintive en hôchant la tête.

"Vous pouviez pas le dire plus tôt ?" rugirent les étudiants.

"Alerte !" fit Thomas. "Le Coffripon se ramène ! Tout le monde reste tranquille, ne faites pas de mouvements brusques et surtout ne dites rien qui pourrait le vexer!"

Les étudiants rassemblèrent leurs élèves avec précipitation, dont la plupart étaient intrigués.
"Le quoi?" s'étonna Malika.

Mais personne n'eut le temps de lui répondre, car la chose apparut en coup de vent, en bondissant contre les tables vides du réfectoire.

Il sauta dessus, renversa les chaises, piétina les couverts, bouscula les tables… et se tourna vers le petit groupe des étudiants et des premières années.

C'était une malle.

Ou un coffre.

En bois.

Sculpté, l'air plutôt ancien.

Ce qui n'en faisait pas un coffre ordinaire, c'était qu'il avait des douzaines de pieds, que ces pieds étaient en formes de serres de rapace, et surtout que ces pieds étaient vivants.

L'autre chose qui en faisait un coffre étrange, c'était… qu'il semblait bien avoir des dents…
Quand il souleva son couvercle, il le fit en le courbant, comme un sourire, et l'on put voir des formes de dents, ce qui lui donnait l'expression de sourire avec sadisme. Il ne lui manquait plus que des mains pour se les frotter.

Il avança, cahin-caha, l'air menaçant.

"Oh, non, Coffripon, ce sont les nouveaux, tu ne vas pas les embêter pour leur arrivée?" fit d'un air chagrin Hâkim Tillibari, un grand étudiant malingre au visage lugubre sous ses lunettes.

Le Coffripon claqua du couvercle avec véhémence, s'approchant par petits bonds comme un chien qui aboie. Il fit le tour des élèves de Charmarîn, menaçant, et ils ne pipèrent mot. Puis il se dirigea vers les autres, toujours l'air agressif. Malika et Laïla virent nettement que Najîba Hôdesan s'efforçait de se reculer le plus possible et de placer d'autres élèves devant elle. Elle poussa même Ghizlène Kâlifon en avant.

Il s'approcha tout près d'une fillette qui glapit de peur quand il fit mine de la mordre.

"Ca suffit, Coffripon!" s'exaspéra une étudiante maghrébine qui avait les cheveux noués en un chignon serré. "Ils sont épuisés et nous aussi, si le Directeur ou le Professeur Nassim apprennent que tu joues à les intimider dès le soir de leur arrivée, ça ne va pas leur plaire!"

Aussitôt le Coffripon se mit à trépigner de rage et vint sauter avec fureur devant la jeune fille, poussant de vrais grognements.

"Ah, non! Tu veux aussi que l'Infirmière apprenne que tu agresses des gens qui rentrent juste de voyage et qui ne t'ont rien fait?" s'écria t-elle quand il commença à tirer et déchirer le bas de sa robe.

Le Coffripon cessa son manège. Il eut un reniflement (c'était étonnant de voir un coffre de bois renifler), se dressa sur ses pattes (et il était impossible de décrire son attitude comme autre chose que dédaigneuse), claqua une fois du couvercle vers la jeune fille, puis vers les élèves, avant de tourner le dos et de s'en aller par une autre entrée avec… mépris (si, si). Les élèves poussèrent un soupir de soulagement.

Les étudiants aussi, et ils félicitèrent celle qui avait tenu tête à la "chose". Malika regretta qu'elle ne fut pas chargée de sa madrasa, mais la jeune fille avait un badge aux couleurs de Mirajaâd. C'était la première fois qu'elle voyait un coffre en bois vivant !! Elle se demanda quelles autres surprises l'attendaient dans l'école…

Enfin, ils purent quitter le réfectoire et se mettre en quête de leur dortoir. Malika n'aspirait qu'à un bon lit….

Les élèves de première année suivirent donc les étudiants responsables de leur madrasa.

Les nouveaux Charmarîn  tournèrent à gauche en sortant du réfectoire. Ils traversèrent de nombreux couloirs, montèrent quatre escaliers, descendirent un tunnel en pente, franchirent plusieurs portes dont une cachée derrière une tapisserie, quand soudain, une voix retentit :

"Hé bien, jeunes gens, où donc vous rendez-vous ainsi ?"

La voix venait du mur de droite. A la stupéfaction de Malika, c'était un petit personnage d'une grande tapisserie qui avait parlé. Plusieurs élèves s'agglutinèrent autour de lui, les yeux ronds. Le petit personnage enroula sa barbichette autour de ses doigts, visiblement ravi d'être au centre de l'attention.

"Vous parlez ?" s'exclama un garçon.

"Evidemment !! Je me présente, jeunes agneaux égarés sur le chemin de la connaissance : je suis le Grand El Nazed, éminent, glorieux et puissant résident du Caravansérail. N'hésitez pas à vous incliner, si le directeur dirige les vivants de cette école, je suis le véritable et immuable maître de ces murs !!!"

Malika vit Meriem Arbib qui mordait son sac pour ne pas rire, et Fadel Ibn Saba qui avait les sourcils haussés, une expression amusée sur le visage. Le bonhomme était si obséquieux !

"Vous êtes depuis longtemps ici ?" demanda un garçon.

"Très, c'est pourquoi je connais tous les détails du palais et que je le dirige à la perfection. Soyez déférents à mon égard et je vous en récompenserai !"

D'autres élèves essayaient de cacher leur fou-rire. Les étudiants levaient les yeux au ciel. Mais El Nazed continuait de pavaner, certains élèves le contemplant avec ébahissement.

"N'oubliez pas qu'à chaque fois que vous passerez devant moi, vous devez vous incliner et me saluer, qu'à chacune de mes questions il doit y avoir réponse respectueuse et que tout dans cette école doit m'être rapporté ; je fus un illustre personnage du monde Magique de mon temps, et même du monde Moldu ; sorciers et Moldus, paysans et sultans s'inclinaient devant moi !! Oui, mes chers enfants, je vous le dis, je mérite bien mon titre de Seigneur !! Vous n'oublierez pas, n'est-ce pas ?"

Malika avait un sourire amusé, qu'il était drôle !!! Elle ne croyait à aucun mot qu'il disait. Mais d'autres élèves étaient à présent morts de rire et ne le cachaient plus.

"Comment donc, impertinents mécréants ? Vous vous gaussez du grand El Nazed ? Sachez que je puis faire de cette école un véritable enfer pour vous !!!"

"Comme dans vos dernières aventures, "Maître" El Nazed ?" coupa Hakim avec exaspération. "Il est sorti le mois dernier!"

Et il tira de sa robe un album de bande dessinée souple dont la couverture bougeait. C'était le même petit homme que sur la tapisserie, qui courait en rond en essayant d'échapper à divers ustensiles coupants qui lui volaient après. Il passait sans cesse d'un bord  l'autre de la couverture, en faisant mille mimiques toutes plus drôles les unes que les autres. Cela faisait bizarre de voir ce grand échalas terne d'Hakim avec un ouvrage comique planqué sous ses robes.

La réaction du El Nazed de la tapisserie valut son pesant d'or. Son visage se défit en quelques secondes. Puis sa bouche trembla exagérément, alors qu'il cherchait à répliquer. Enfin, le rouge lui monta à la figure, et il se mit à trépigner.

"Rhhaaa !!! Insolents ! Comment osez-vous brandir devant le Grand El Nazed ces torchons remplis d'inanités et de mensonges !! Encore un !!! Jamais donc on ne cessera de rouler dans la fange le nom glorieux d'El Nazed le Grand, moi, qui suis destiné à gouverner le monde !! A genoux, non, à plat ventre, misérables pourceaux, et suppliez si vous voulez ma mansuétude !!! Infamie, je vous ordonne de faire pénitence !!"

Il gesticulait comme un fou et sautait sur place, trépignait de rage. C'était hilarant, son turban tomba même sur ses yeux et il se cogna à une colonne du décor de la tapisserie, ce qui fit rire davantage les élèves.

"El Nazed !"

"Ce sacré Nazie !"

"J'avais hâte de le voir !!"

"Il est encore plus drôle !!"

"Quel bouffon !"

L'album passa de main en main, et Malika et d'autres enfants de Moldus purent lire le titre : "El Nazed à Bagdad"

"Mais c'est qui, ce type ?" demanda Malika à Meriem, qui avait les joues rosies par le rire.

"El Nazed le Fourbe, le sorcier le plus calamiteux de l'Histoire !!! C'est lui qui a créé le Coffripon !! Il y a des livres sur lui, je te les prêterai, c'est tellement drôle !! Et des BD aussi. Au fait," fit-elle en se tournant vers l'étudiant qui récupérait sa bande dessinée, "tu pourras me la prêter ? Je ne l'ai pas encore lue."

"Pas de problèmes!" fit Hâkim avec un haussement d'épaules.

A ce moment, les étudiants vinrent les inciter à continuer leur route vers les dortoirs. Ils avaient suivi l'échange avec un grand amusement.

"Comment osez-vous ! Comment osez-vous ! A terre, rampez, sombres larves !" continuait de pérorer El Nazed.

Stanislas Zeitnot soupira, et pointa sa baguette sur la tapisserie. El Nazed cessa aussitôt de hurla et se mit à bafouiller :

"Non, pitié, je ferai toute ce que vous voulez, vous ne pouvez pas…"

"Aquis !"

La tapisserie fut arrosée et El Nazed se retrouva trempé de la tête au pied.

"Bravo !!" cria Laïla. "Maintenant, il a vraiment tout de la poule mouillée !!"

Et tout le monde éclata de rire, tandis que El Nazed quittait sa tapisserie en hurlant que cela ne se passerait pas comme ça et que le Directeur allait aussitôt régler leur compte à ces impudents, car le Directeur était à ses ordres, et il lui obéissait, le Directeur, parce qu'il était El Nazed le Grand…

Le reste de son délire se perdit dans les couloirs, couvert par l'hilarité générale.

Les étudiants purent enfin traîner les enfants jusqu'aux dortoirs.

Il y eut encore deux escaliers, trois couloirs illuminés par des torches (dont un qui donnait sur l'extérieur, par de minces fenêtres, et l'on pouvait voir les étoiles briller avec éclat), et ils arrivèrent devant un mur de pierre rougeâtre couvert de tapisseries qui agrémentaient les bas-reliefs sculptés. Il y avait aussi des statues de sorciers et de sorcières. Les étudiants désignèrent un renard sculpté en gargouille au dessus d'une porte de bois.

"Hé! Regardez qui nous arrive!" fit le renard en ouvrant ses yeux de pierre.

Il tendit le cou pour examiner les enfants.

"Belle fournée, cette année, on dirait? Alors, y'en a t-il que je peux reconnaître? Toi, là, tu ne serait pas une Arbib? Ou une Méchidi, si je ne m'abuse?" demanda le renard à Meriem, qui répondit avec un hochement de tête vigoureux.

"Ah! Je le savais! Je suis très physionomiste, on me le dit souvent!"

"Ouvre, Vermillon, tu ne vois pas qu'ils sont fatigués?" s'impatienta Stanislas Zeitnot.

"Oh, pardon." répliqua la gargouille, un peu vexée, et la porte s'ouvrit. "Tous les mêmes!" soupira t-il. "Manger, boire, dormir, le reste ne compte pas sauf pour encore aller au lit avec un invité et…" continua t-il tandis que les élèves entraient.

"Vermillon!" s'écria Thomas.

"Paaardon." pouffa le renard, nullement contrit.

La porte se referma.

Ils étaient à présent dans une grande salle agréable, aux murs peints aux couleurs de Charmarîn. Les tapisseries, les tapis, les coussins et les fauteuils étaient également dans ces couleurs. Plusieurs tableaux étaient disposés dans la pièce. Un grand meuble de bois était appuyé contre un mur trois grosses théières étaient posées en évidence sur le présentoir, et à travers les vitrines, on distinguait nombre de tasses, et de boites de thé.

La lumière passait  par de hautes fenêtres qui donnaient elles aussi sur le désert nocturne. Un grand feu de cheminée brûlait devant eux.

"Vous êtes dans le Foyer de Charmarîn." déclara Stanislas Zeitnot.

Il semblait être le plus âgé des étudiants, et donc le responsable. "C'est ici votre lieu de vie. Les dortoirs se trouvent en haut, par ces deux couloirs." fit-il en désignant deux portes. Nous avons nos propres chambres au bout de ces mêmes couloirs. La porte là -bas (et il désigna une petite porte bleue dans l'angle à l'extrémité de la pièce), donne sur notre bureau. Il est strictement interdit d'y entrer sans notre permission. Normalement, il y a toujours l'un de nous que vous pouvez venir consulter en frappant à la porte. Demain, c'est la journée de présentation, vous vous lèverez plus tard que les jours normaux, même si vous devez être tous à dix heures et demi dans l'amphithéâtre. Bon, je vois que vous êtes épuisés, allez donc vous coucher. Demain, on vous lève à neuf heure et quart, d'accord ?"

Le soupir qu'il poussa montra que les élèves n'étaient pas les seuls à avoir sommeil.

"Ah, au fait… pour notre gardien, Vermillon, il est très gentil. Un peu taquin, et il n'a pas la langue dans sa poche, il sait tout ce qui se passe dans l'école. C'est un esprit vif qui aime la conversation et les devinettes. Un conseil, prenez le temps de lui dire quelques mots de temps à autre, pour rester dans ses bonnes grâces. Heureusement, il n'a pas le caractère du Coffrippon…"

Sur cette légère menace, les filles se dirigèrent par la porte de gauche, les garçons par celle de droite. Malika eut le temps d'entendre Hâkim et Stanislas hurler dans leur couloir que ce n'était pas l'heure de faire des blagues idiotes ainsi que quelques rires bruyants, puis le son fut étouffé comme elle avançait dans une sorte d'antichambre biscornue. Ici aussi, on trouvait des fauteuils, des tapisseries et de petites tables.

"Voici l'Antichambre des filles." indiqua Rawiya Sadouri.

Les étudiantes s'avancèrent vers l'extrémité gauche d'une élongation de la pièce, et ouvrirent une porte portant en arabe la mention "Première Année".

Les filles entrèrent dans un long dortoir rectangulaire, avec des lits alignés des deux côtés. Une chaise et un petit bureau, surmonté d'un globe de verre fixé au mur, côtoyaient chaque lit. Des niches superposées étaient creusées à même la roche à gauche de chaque lit, et se fermaient par un rideau. Un système de rideau permettait également de masquer chaque lit et son bureau au regard des autres.

Ca faisait quand même un peu caserne.

Le sol était recouvert de tapis aux couleurs de la section, et les murs de tapisseries. Elles représentaient des scènes animalières et florales. On remarquait tout de même que la pièce était taillée dans la roche. Des fenêtres avaient été aménagées sur le côté droit de la pièce. A l'extrémité de la longue salle, un feu ronflait dans une grosse cheminée. Ici, les tapis étaient plus épais.

Râwiya Sadouri, qui était visiblement la seconde de Stanislas, expliqua le fonctionnement des lits, et en attribua un à chacune, les malles ayant déjà été déposées aux pieds des lits. Malika se retrouva du côté des fenêtres, entre Laïla et Meriem, qui était la plus proche de la cheminée.

Une petite porte à la gauche du feu menait vers une petite salle de bain, où l'on trouvait quatre WC turcs, quatre douches rudimentaires, et six lavabos.

"Il y a bien sûr un véritable hammam, et nous vous le montrerons demain, lors de la visite guidée." commenta Râwiya. "Pour ce soir, vous vous contenterez de vous laver ici. Vous n'avez pas le droit d'entrer dans les autres dortoirs, sauf si vous y êtes invitées par les autres filles. Bien sûr, garçons et filles n'ont pas le droit de se mêler, hormis dans le foyer. On viendra vous chercher vers neuf heure et quart si vous n'êtes pas réveillées! Tout le règlement vous sera expliqué demain. Nous vous servirons de guide les premiers jours, ne vous inquiétez pas."

Sur ce, les trois étudiantes laissèrent les premières années découvrir leur nouvel environnement. Les deux filles qui semblaient bien se connaître, Aawiya Blabhyll et Faroudjia Tamagna négocièrent avec une autre pour prendre des lits mitoyens, et dans un joyeux brouhaha, elles commencèrent à déballer leurs affaires. Malika mourrait d'envie d'aller se doucher.

Elle prit donc uniquement son nécessaire de toilette, et laissa sa malle remplie pour aller se laver avant de devoir faire la queue.

Quand elle ressortie, Laïla, qui attendait son tour, prit sa place. Malika rangea ses affaires dans son 'armoire', et posa ses livres en rang sur son bureau. A côté d'elle, Meriem, déjà douchée, caressait une boule de poils.

"Qu'est-ce que c'est ? Un animal ?" demanda Malika.

"C'est mon rat."

Malika s'approcha du lit. C'était un beau rat noir avec des taches blanches, un pelage soyeux et brillant, et de petits yeux noirs luisants. Meriem fit signe à Malika de le prendre dans ses mains.

"Il s'appelle Luron. Il est très affectueux, et très intelligent. Il me bat toujours aux dames. Par contre, aux échecs, il n'a toujours pas pigé le truc. Il se trompe toujours en déplaçant les cavaliers."

Elle le tendit à Malika, qui avait les yeux ronds d'apprendre qu'un rat savait jouer aux dames. Luron renifla les doigts de Malika et les chatouilla de sa truffe humide. Elle éclata de rire.

"Tu n'as pas peur qu'il se fasse attraper par les faucons, les chiens et les chats de l'école?"

"C'est un Cabotin. Un rat magique. Il sait compter, danser, et quand il est en danger, il envoie des décharges de magie. Il me l'a fait quelques fois quand il était plus jeune et que je lui avais fait peur. On se retrouve tout engourdi, et lui, il a le temps de se sauver !" sourit Meriem.

Au fur et à mesure, les autres filles sortaient de la salle de bain. Laïla eut un soupir attendri en découvrant Luron dans les bras de Meriem et Malika.

"Tabet s'est offert un faucon l'an dernier. Une femelle qu'il a appelé Celeris. Mais elle me déteste, elle n'arrête pas d'essayer de me donner des coups de bec !"

L'ensemble des filles se mit d'accord pour se coucher, elles étaient épuisées. Il y eut quelques grognements, parce que Faroudjia et Aawiya pouffaient encore comme des folles.

"Quand on saura des sorts de silence, vous pourrez papoter comme vous voulez," s'emporta une fille, soutenue par Meriem et Malika. "Mais on veut dormir, maintenant !"

"On les apprends quand, ces sorts ? " souffla Laïla à Meriem.

"Quatrième ou cinquième année, pas avant !" répondit-elle avec un immense bâillement.

Chacune tira alors les rideaux et se pelotonna dans son lit.

Dans le silence du dortoir, les yeux mi-clos, emportée par le sommeil, Malika contempla sa baguette, posée sur son bureau, les tranches de ses livres biens rangés elle écouta vaguement les souffles de ses camarades, leur mouvements dans leurs draps, qui lui parvenaient de façon étouffée. Et puis, sa main se posa sur sa poitrine et entra en contact avec sa médaille. Elle se demanda alors ce qui s'était passé avec la Miroir d'Âmes, mais elle était déjà à demi assoupie, et elle oublia complètement la question en s'endormant.

Elle rêva.

Elle était sur un tapis volant dans le désert, et à côté d'elle, il y avait Thanekhros qui lui répétait qu'elle n'avait rien à faire au Caravansérail. Mais Thanekhros devint Kader, puis la vice-directrice, puis son oncle Hichem avec son air sévère. Elle voulait partir, s'éloigner de cette voix méchante, mais le tapis était devenu brillant, avec une surface réfléchissante, et des volutes de magies s'en échappaient. Sa cicatrice la brûlait, ainsi que sa médaille, mais elle ne pouvait l'enlever. La magie était très différente de celle du Miroir, elle volait comme de l'électricité et la clouait au sol. Et sa médaille se consuma, et sa cicatrice lui faisait si mal… Elle entendit un cri de rage horrible avant que sa cicatrice ne la déchire entièrement…

Malika se réveilla en sursaut. Tout était calme dans le dortoir. Engourdie, elle referma les yeux, se rendormit aussitôt et oublia complètement le rêve.

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- Fin du huitième chapitre –

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Prochain chapitre : Les Maîtres du Caravansérail

Malika apprend à se repérer dans le palais de pierre, et suit ses premiers cours. Si certains professeurs sont compétents, comme le professeur Chamaniak, d'autres laissent à désirer, comme le pauvre professeur de potion… un cousin de Meriem ! Par contre certains sont franchement terrifiants, telle la professeur d'Histoire et Théorie de la Magie !!

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Explication des noms :

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Charmarîn :

Faroudjia Tamagna : Faroudjia signifie "qui dissipe les soucis", et avec son caractère, c'est chose aisée ! Son nom est celui d'un oued (=cours d'eau) de la Numidie Romaine (Algérie actuelle)

Ferran Hazim :le prénom veut dire "Boulanger", et pour le nom, vous connaissez le pain hazim, le pain sans levain ? Normal, il est fils de pâtissier !

Manticoran :

Najîba Hôdesan : Najîba signifie "de noble extraction". Et le nom, il faut lire "Haut de Sang", de sang haut, quoi… Tout ce qui faut pour se sentir supérieure ! C'est la version 'malefoyienne' de notre histoire, bien plus que Thanekhros.

Sandrelûn :

Ahlam Pythy : le prénom veut dire rêveuse, le nom est une déformation du mot Pythie, l'oracle de Delphes chez les Grecs.

Ambrilys :

Zahîd Zifnab : son prénom signifie "Sobre", "Ascétique". Son nom est celui d'un sorcier dans les romans "Les portes de la mort", de Weiss et Hickman. J'aime bien ses initiales : Z. Z. … double Zorro…

Les étudiants :

On verra surtout ceux de Charmarîn ici, puis quelques autres qui se feront remarquer…

Râwiya Sadouri : le prénom signifie "Celle qui Transmet", le nom est celui d'un lieu où se trouvait un fort sous l'empire romain.

Hâkim Tillibari : le nom est aussi celui d'un ancien fort romain (vive ma Maîtrise d'Histoire romaine !). Le prénom signifie "sage, philosophe".

Thomas Maiyfer : Thomas est le nom de mon cousin, et d'un ami. Maiyefer est la déformation du nom d'un de mes voisins, et puis on entend "maille" et "fer" dedans, ça fait penser à une armure… Thomas serait-il un chevalier ? En tout cas c'est un brave type… Il est en 2e année.

Rokhaya Awél : voir chap. précédent. La plus jeune des étudiants de Charmarîn.

Stanislas Zeitnot : voir chap. précédent. C'est le plus âgé et le responsable des étudiants de Charmarîn. A la fin de l'année, il aura finit sa formation.

Ismen Canasta : brésilienne. Canasta : jeu de carte sud-américain.

Les autres étudiants:

Liao Jong-Mah (Mirajâad) : chinoise, le mah-jong est un célèbre jeu chinois !

Sirâj Ibn Brez (Manticoran) : le prénom signifie "Lampe", "Lumière" ; le nom est la déformation du mot "braise", je voulait un nom en rapport avec le feu. C'est lui qui a soutenu Thanekhros dans le chapitre précédent, il sort de sa dernière année au Caravansérail et connaît donc la plupart des élèves.

Nathaniel Sephiroth (Ambrilys) : israélien, le prénom est celui d'un ange, je crois, dans l'Ancien Testament. Le nom est celui d'une catégorie d'ange.

Hafîza Grenath (Sandrelûn) : le prénom signifie "Protectrice". Le grenat est une pierre fine.

Tariq Kahdor (Mirajaâd) : indien. Le prénom est celui d'une étoile.

Autres personnages :

Aiguila Woult : la prof de Vaudou ; Malika ne l'aura pas comme prof, car ses cours ne sont qu'optionnels, à partir de la 3e année. Le prénom vient du mot aiguille, vous savez, pour les poupée-fétiches que l'on utilise pour les malédictions. Le nom est le mot voult déformé : un sortilège, quoi (mot que j'ai découvert dans une fic de reveanne)

Vermillon : rapport avec la couleur rouge

Luron : j'ai pensé à l'expression "joyeux luron" ; au début je voulais un Boursouf, mais j'ai trouvé qu'un rat était plus commun, et puis j'aime bien ces animaux-là, il faut les réhabiliter, parce qu'après Croutârd, ils n'ont plus la côte ! C'est pour ça que Luron a plein de qualités ! Vive les rats ! C'est intelligent et affectueux, ces petites bestioles !

La Dame Aux Epées : c'est une allusion au jeu de tarot, ainsi qu'à la Dame Grise de Poudlard. Faut que je lui trouve un vrai nom, mais on verra quand il y aura quelques autres fantômes en plus.

El Nazed le Fourbe : vous voulez en savoir plus sur lui ? Vous voulez rigoler un bon coup ? Aller lire les trois articles que je lui ai consacré dans un de mes autres fics, Sorcier International.

Le Coffripon : il s'agit d'un vulgaire copiage du célèbre Bagage, qui apparaît dans les Annales du Disque-monde, de Terry Pratchett. C'est un coffre en bois vivant, doté d'un sale caractère. La seule différence, c'est que le Coffripon est une création accidentelle d'El Naze le Fourbe, alors que le Bagage est un meuble en bois de poirier savant.

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CONCOURS !!!!!!!

Attention, celui ou celle qui découvre d'où vient Vermillon, le renard-sculpture gardien du Foyer de Charmarîn, recevra le prochain extrait des bévues d'El Nazed en avant-première ! Trouvez où j'ai déjà parlé de lui !!!!

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Réponses aux reviews (sans El Nazed aujourd'hui… Il revient au prochain coup… Il est fatiguant, vous savez…) :

Butterquifly : je suis très émue de voir que mon histoire t'ai touchée à ce point… pour les critères de sélection, c'est encore un peu confus pour moi, je ne suis pas trop sûre de tout pour l'instant, donc je laisse ça comme surprise… J'ai donné quelques éléments de réponse dans la chanson, mais je ne trouve pas ça terrible… J'aimerai beaucoup lire une fic sur Beauxbâtons, préviens-moi surtout quand tu la posteras !!!

Lunenoire : oui, c'est un peu ça, mais tu comprendras à la fin… Merci !

Loo-Felagund : hé bien, quel enthousiasme !! J'ai honte d'avoir tant tardé, mais c'est dur de cravacher l'imagination… Ca vient ou ça vient pas… tu as bien compris le personne d'El Nazed, j'espère tenir la longueur avec lui… Il a une grande qualit : il ne perd jamais espoir et n'a honte de rien… Il est donc épuisant !

Mais si, Hichem est sympa !! Très sympa !!! Juste horriblement coincé… Tonton Nana, c'est pas mal pour lui…^^ mais j'ai l'impression d'en faire une caricature, j'ai peur d'en faire un exemple de personnage dur mais torturé…. Espérons que je vais réussir à le complexifier…

Je suis d'accord, le chapitre manque de souffle j'espère que les suivants y pallieront, mais j'ai la mauvaise tendance à m'embarrasser de descriptions de la vie quotidienne…

Pour les madrasas, je sais, je sais, je vais y revenir… La chanson apporte des réponses. Mais je ne crois pas que je vais beaucoup en dévoiler. Manticoran n'est pas un autre Serpentard, attention, des sorciers tournent mal aussi à Mirajâad et à Sandrelûn… Mais à Manticoran, ils affichent clairement leurs positions… Il y a aussi quelques bons éléments dans cette madrasa

Le chap ? Oui, c'est fait exprès… Mais c'est l'idée d'Angharrad (et hop… Comment se débarrasser des responsabilités…)

Thanekhros, oui, c'est un genre de Malefoy-Black, mais je vois pas trop la différence entre les 2… la méchante de l'histoire arrive ici…

Ranae : merci !! J'en bave pour les noms, c'est donc un plaisir de voir qu'ils sont appréciés.

Angharrad : ma beta attitrée… Merci quand même pour cette review sympa comme tout !!! Pour les réponses aux review, j'ai fait un essai avec l'autre Fourbe, mais ça ne sera ps tout le temps le cas… Il est coincé dans une fresque de banquet romain pour l'instant. Mais ça ne prendra pas longtemps avant qu'il se fasse expulser, je le connais…

Les enfants de la licorne… Heu… Encore joker ?

Fenice : Chouette ! Une nouvelle lectrice ! Les uniformes ?? Heu, il faut que le tissu soit assez lourd pour garder la fraîcheur. Ils ne sont pas si encombrants….^^;

Reveanne : j'ai bien lue ta review, et je vais en tenir compte. Les critiques, c'est comme les médicaments : pas souvent agréable, mais indispensable à la bonne continuité des choses ! ^^

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Note : le chapitre 9 est fini, oui !!! Il arrivera donc dans 15 jours… Par contre, je cale un peu pour la suite… certains profs me posent des problèmes. Et puis, pour les chapitres d'après… Le Grand Marché et les courses sont censés être un grand moment, mais moi, ça me rebute de l'écrire pour l'instant… En plus, j'hésite sur la question des vacances, (Malika retourne chez elle ou pas ? Je ne sais même pas quand est exactement sa date d'anniversaire !) et surtout, comment les élèves s'adressent-ils aux professeurs ??? Vouvoiement ou tutoiement ?

Sachez, pour vous rassurez, que j'ai terminé la fin. Le dernier chapitre est quasiment écrit en entier.

Et désolée pour la chanson pourrie sur l'école que j'ai livré. Je sais que c'est pas terrible, mais je ne suis pas trop sûre des véritables raisons de la Répartition. J'ai décidé qui étaient les personnages dont les madrasas portes les noms (d'illustres sorciers qui ont chacun posé une pierre dans la création du Caravansérail, mais tous à des époques différentes), mais ça ne va pas plus loin.

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Merci à tous

Alana

Le 2/04/04