Chapitre 17: Parking. Nous suivîmes le dénommé «Yamada» sur une a deux centaines de mètres sans gros problèmes. Il n'y avait pas beaucoup de monde dans cette partie de Tokyo et, prétextant la pluie qui partait et revenait en crachin, nous cachâmes nos visages sous nos capuches. Il ne fit pas mine de nous remarquer. Il sifflotait même. J'eu un frisson en pensant aux résultats de l'enquête qu'on avait menée dans la région d'aomori. Rectification: que j'avais menée... Les garçons n'étaient pas au courant de ce que j'avais découvert. Je n'étais pas sure moi-même de vouloir y croire. Je jetai un coup d'œil aux deux autres. Genta avait une mine déterminée, il ne quittait pas notre homme du regard. La dernière fois que je l'ai vu aussi concentré c'était pendant une interrogation de Physique.
Mitsuhiko par contre, avait l'air un peu inquiet. Il jetait de temps en temps son regard derrière lui, dans la direction qu'avait indiqué le radar. J'y lu aisément la cause de son souci. Souriant, je lui indiquai du bout du doigt les lunettes qui dépassaient d'une de ses poches, avant de mimer quelqu'un entrain d'en changer le réglage. Intrigué, il fit ce que je lui ai indiqué de faire, et remarqua le signal multiple que j'avais vu avant. Il me posa la question du regard. «C'est certainement Shinichi.» Lui répondis-je a voix basse. Son regard s'éclaira, et il me sourit en remerciement. Même s'il n'en disait souvent rien, je savais que Mitsuhiko admirait beaucoup Shiho. Il était tout naturel qu'il soit inquiet. Mentalement je croisai les doigts pour que ça soit vraiment Shinichi Kudo, détective extraordinaire, dont on avait vu le signal.
Soudain, Yamada s'arrêta au coin d'une rue. Craignant qu'il ne nous ait repéré, nous retînmes notre souffle. Mitsuhiko eu la bonne idée de nous empêcher de nous arrêter, ce qui aurait attiré son attention à coup sur. Le jeune homme à lunettes héla un homme un peu plus âgé qui se tenait de l'autre côté de la rue. L'homme répondit, et ensembles ils rentrèrent dans un parking abandonné. Nous comptâmes jusqu'à trente avant d'y pénétrer à notre tour. Ran couru aussi vite et prudemment qu'elle pu malgré le sol glissant. Ses pensées étaient dominées par son inquiétude vis-à-vis des Détective Boys. Mais qu'est-ce qu'ils avaient dans la tête? Il y a quelques jours à peine ils étaient tous les trois soignés pour blessures, dont une par balle! Ce n'est pas comme lorsqu'ils étaient enfants où, comme elle l'a appris par la suite, ils étaient accompagnés par un voir deux «adultes» intelligents et responsables sans qu'ils ne le sachent. Qui plus est, Shinichi avait l'air de penser que ces types étaient les mêmes qu'avaient croisé ces mêmes adolescents trop curieux à Aomori. Ces types avaient blessé le Professeur, avait capturé et blessé Shiho aussi. Ils étaient dangereux.
Non! Se dit Ran. Je ne laisserai rien de mal leur arriver... Elle allongea ses enjambées, suivant le signal émit par les lunettes-radars.
Notre cible était rentrée dans la partie souterraine du parking. On pouvait entendre ses pas ainsi que ceux de son compagnon résonner sur les murs de bitume.
Dangereux. pensai-je. S'il voulait nous attirer dans un piége, ce serait l'endroit idéal. Je secouai la tête. Non, ça ne pouvait pas être son genre. A moins que? C'est vrai qu'autre fois il en posait souvent. Je me replongeai dans mes souvenirs avec nostalgie, en me rappelant de toutes les occasions où il en avait posé. Mais en poserait-il un pour nous? Pour Moi?! Je me secouai la tête. Non, c'est idiot, il n'a pas remarqué notre présence, il n'y a pas de raison qu'il y ait un piége. Je ne pus néanmoins me défaire d'une certaine angoisse. Je serrai l'objet dans ma poche, ma main moite. Je bénis les cieux que nos trois paires de pieds soient chaussées de semelles en caoutchouc. Au moins notre filature pourra continuer sans que l'écho de nos pas ne nous trahisse trop fort. Ouvrant grand les oreilles et les yeux, nous cherchâmes notre homme dans la pénombre. Un Parking? Ran regarda perplexe le bâtiment devant elle. Les lunettes confirmaient la présence des adolescents à l'intérieur. C'était une grande construction en bitume, assez ancienne. L'entrée n'avait pas de porte à proprement parler, mais elle était bloquée par un grillage sur lequel était marqué en rouge «Entrée Interdite». L'immeuble était condamné.
Elle n'eut cependant pas grand mal à deviner par où ils étaient rentrés. Elle passa à son tour par le trou béant du grillage, juste à coté du panneau. Une fois à l'intérieur, elle tendit l'oreille et ôta les lunettes. Ils ne lui serviraient plus à grand chose. Doucement, en faisant attention de ne pas faire le moindre bruit, elle se dirigea vers la pente descendante, d'où provenait les légers bruits de pas qu'elle entendait.