Chapitre 18: L'hôpital. Shinichi soupira. On avait donné au professeur Agasa sa paire de béquilles, et le docteur en charge était entrain de soigner le bras de Miyano. Shuichi gigotait dans son siége, l'air mal à l'aise.
Il ne semblait vraiment pas aimer être à l'hôpital, même si une part de sa nervosité avait probablement quelque chose à avoir avec la manière dont Shinichi le regardait. Le jeune garçon n'avait aucune illusion quant à ce que l'adulte pensait de ses actes.
«Ca fait du bien!» dit à voix haute le voisin de Shinichi en revenant des toilettes, heureux de pouvoir se déplacer seul, même s'il était maladroit dans l'utilisation des béquilles. Le vieil homme vint s'asseoir à coté de Shinichi. Il remarqua soudain l'air inquiet de ce dernier. Le détective «des années 90» jetait de temps en temps son regard sur son téléphone portable, qu'il tenait dans la main.
«Ne t'en fais pas Shinichi. Ran est une grande fille, je suis certain qu'il ne va rien lui arriver.» Shinichi donna un sourire mi-convaincu pour son vieil ami. «Je l'espère bien professeur.» Il se leva et rangea son portable dans sa poche. Il avait appelé le commissaire Maigret en arrivant. Le policier devait arriver d'une minute à l'autre, après s'être assuré qu'il avait envoyé une voiture pour interpeller l'homme que Miyano et Shuichi avait laissé attaché. Shinichi avait hâte que le commissaire arrive, lui ayant aussi demandé certaines informations assez délicates.
«Ah, j'ai l'impression que le commissaire vient d'arriver.» Dit-il d'un ton plus joyeux. Il venait d'apercevoir une voiture de police par la fenêtre.
«Professeur, Shuichi, vous voulez bien aller le rencontrer? Je vais attendre que Miyano ressorte avant d'aller vous rejoindre, d'accord?» Le jeune garçon et le professeur acquiescèrent de la tête, Shuichi visiblement soulagé de pouvoir bouger. Shinichi ne pu s'empêcher de repenser à toutes les occasions où, pour préserver son secret lorsqu'il était Conan, il s'était vu forcé de montrer cette impatience que l'immobilité forcée déclenchait invariablement chez de vrais enfants.
Il concentra de nouveau son attention sur la porte des salles de soins.
Shiho Miyano, de son coté, était soulagée d'avoir enfin accès à un comprimé d'aspirine. Elle l'avala avec un verre d'eau, remerciant, une fois n'est pas coutume, les cieux.
Le jeune médecin généraliste qui avait eu à la soigner lui passa la prescription qu'il venait tout juste de remplir. D'une manière absente elle parcourut le papier rapidement avant de remercier le docteur et de sortir de la salle.
Elle eu une autre pensée pour les cieux en pensant à sa blessure. A un moment dans sa mésaventure elle avait eu peur qu'un des os de son bras n'ait été cassé. Mais elle n'avait tout au plus qu'une fissure dans l'os. Le sang provenait du fait que la barre en fer, que Baïkal avait utilisé pour la désarmer, n'était pas seulement lourde, mais était aussi mal coupée, créant un coté tranchant qui avait entamé sa peau.
Sa migraine, elle le savait, provenait du manque d'oxygène de son séjour dans le coffre et de son inhalation du produit de style chloroforme qu'il avait utilisé.
Tout de même, deux semaines de convalescence. Ce n'est pas qu'elle n'aimait pas l'idée d'être interdite de travail, mais elle n'avait pas vraiment d'idée de comment elle allait passer tant de temps à ne rien faire.
Bah, je trouverais bien... Se dit-elle en pensée.
Elle ouvrit la porte de la main gauche, et retourna dans la salle d'attente.
«Ah Miyano.» Kudo Shinichi était là. «Le professeur et Shuichi sont allés à la rencontre du commissaire.» Shiho cacha sa nervosité, à la pensée que le commissaire était sûrement impatient de la questionner à propos des événements de la journée. «Comment va ton bras?» Demanda-t-il.
« Mieux que je m'y attendais. Le médecin m'a prescrit deux semaines de repos principalement pour s'assurer que ma plaie ne se rouvre pas. J'en connais un qui sera surpris d'apprendre ça!» Répondit-elle, un léger sourire au lèvres. Elle allait peut-être bien pouvoir répondre «oui» à l'invitation pour aller voir le match des Giants d'Osaka.
Ne voyant pas à qui elle faisait allusion, Shinichi posa la question: «Qui ça?» «Mon petit ami...» Dit-elle.
L'air extrêmement surpris du Détective força une réponse plus sarcastique de sa part.
«Allons, tu ne pensais tout de même pas être le seul à avoir une vie privée, Monsieur Je-ne-lui-ai-pas-encore-demandé?» «Demander? A qui?» Questionna Shinichi, se remettant un peu de sa surprise et prenant un air perplexe.
«Tu ne penses pas qu'il est temps que tu lui fasses une proposition? Vous avez suffisamment attendu je crois. Même le Détective d'Osaka a franchi le pas.» Continua-t-elle.
Le Déclic se fit dans la tête de Shinichi. «Ah...» L'air perplexe fut remplacé par un visage embarrassée. «C'est-à-dire que je...» «Elle n'attends que ça,» fit Shiho. «Tu ne peux plus prendre la convalescence de son père comme excuse.» Laissant s'échapper un soupir, Shinichi acquiesça. «Tu as probablement raison.» Il fit un effort conscient pour ne pas ressortir son portable de sa poche.
«Revenons à notre affaire. Pourquoi est-ce que ce Kato Akira et ses hommes ont senti le besoin de te séquestrer?» «Ah? C'est donc Kato son nom de famille? Tu es doué Kudo Shinichi.» D'un regard peu flatté, il lui pria de répondre à sa question.
Elle lui expliqua alors comment ils l'avaient coincé alors qu'elle tentait de les poursuivre. « Idée stupide» rajouta-t-elle. Comment «Akira», qui, sembla-t-il, ne voulait plus qu'on l'appelle ainsi, était persuadé qu'elle était encore Haibara Aï. Elle lui raconta comment Baïkal avait réussi à la «capturer», l'appel via le détective Badge auquel Shuichi avait répondu, et les réserves de Baïkal Takuta quant à sa vraie identité.
«Tout ce que je sais vraiment,» termina-t-elle. «C'est qu'ils mènent visiblement une enquête sur Conan Edogawa, et pas des plus amicales, et que ce sont bel et bien les même types auxquels ont eu affaire nos trois détective boys.» «J'en suis venu à peu prés aux mêmes conclusions, oui. Ran est venue me dire que ce Yamada alias Akira était passé à l'agence. Heureusement, sa mère l'a fait déguerpir sans dommages. Ce qui me dépasse c'est ce que nos jeunes amis ont eu à faire avec lui à Aomori.» «Je peux le dire si vous le voulez...» Surpris, Shiho Miyano et Shinichi Kudo se retournèrent synchrones pour regarder le jeune enfant qui venait de parler.
Shuichi avait un air indécis, qui leur sembla sur le coup étrangement familier. Pourtant il n'avait jamais était indécis avant, du moins dans leur présence.
«J'ai promis à Ayumi, mais je pense que maintenant, il vaudrait mieux que je vous le dise...» Il entama son récit, du voyage à Aomori, de ce qu'Ayumi avait découvert, de ses suppositions, de comment elle lui avait fait promettre de ne rien dire. Les deux adultes écoutèrent en silence, ne posant leurs rares questions que quand Shuichi semblait perdre le fil de son discours.
Lorsqu'il eut fini, Shuichi regarda nerveusement Shinichi.
«Eh bien, merci beaucoup Shuichi! Ton aide m'est très précieuse.» Lui sourit Kudo.
«Mais au fait...» Interrompit Miyano. «Tu n'étais pas avec le professeur et l'inspecteur Maigret?» «Ah!» Le jeune garçon se souvint alors, coupable... «Ils m'ont envoyé vous dire de vous dépêcher... Tonton Maigret est pressé d'en finir avec cette affaire alors...» Il commença à retourner vers le vestibule où attendait les deux moustachus. «Vous venez?» «Oui, oui...» Répondit Shiho, elle ne remarqua pas le sourire sur le visage de Shinichi.
«Hé, Shuichi!» «Hm?» Le jeune garçon tourna les yeux vers le grand détective.
«Quand on aura fini avec l'inspecteur, ça te dirait de rendre visite à tes parents?» demanda Kudo.
«Oh Oui!» s'exclama joyeusement Shuichi.
Shiho était laissée perplexe.