Chapitre 24 : Coup de feu.

« Mais qu'est-ce que vous voulez à la fin ?! »

La poigne de Baïkal se resserra sur mon bras, faisant souffrir mon épaule. Je serrai la mâchoire, en découvrant que la douleur dans ma blessure aux côtes s'était réveillée de plus belle. J'aurai pu jurer que ma plaie s'était rouverte. Cependant mon cerveau fut immobilisé par la sensation que j'avais sur la nuque. Il y tenait son pistolet...

« Ici c'est moi pose les questions ! » aboya-t-il.

Sa respiration se faisait lourde, et j'avais l'impression qu'on l'avait poussé à bout.

« Ton amie la karateka m'a salement mis de mauvais poil. »

« Comment ? » Malgré son injonction, je ne pouvais m'empêcher de laisser échapper la question.

Sans relâcher son étreinte, il pointa du bout de son arme à feu dans la direction de l'entrée, vers où se trouvait Genta, ainsi que quelques caisses. J'y vis Mouri Ran, attachée.

« Ran ?! » Je n'avais pas remarqué qu'elle nous avait suivi. Comment avait-elle fait ?

« Humph, les jeunes de nos jours. » Grinça-t-il.

« Encore plus bête que des chiens. »

Je jetai un regard inquisiteur et un brin appréhensif vers lui. Ses yeux étaient froids, insensibles. Je frémis en pensant que c'était les yeux d'un vrai meurtrier. Rien à voir avec les yeux haineux que Conan m'avait montré quelques instants avant. A cette pensée, je fis un effort pour tenter de l'apercevoir, là où il était affalé. J'espérais contre toute espoir qu'il allait se relever, et me sauver comme bon nombre de fois lorsqu'on était au primaire, avec sa fougue et son air déterminé. Quelque chose de ces pensées avait du transparaître sur mon visage, car Baïkal se mit à ricaner.

« Hahaha ! Laisse moi t'expliquer, jeune fille. » Il resserra de nouveau son étreinte et je sentit le bout de son arme appuyé de nouveau sur ma peau.

« Akira... » Dit-il. « N'est pas ton Conan Edogawa ! »

« A... Aki...ra... ? » Je n'osais pas l'interrompre avec mes questions. Mais je souhaitais tout de même en apprendre plus. Et il semblait que mon souhait aller être exaucé.

« Kato Akira. Je m'occupe de lui depuis la mort de Tomoaki, son père. Ce qu'il t'a dit est vrai dans une certaine mesure. Tomoaki travaillait pour le gouvernement afin de relever les fraudes et ainsi de suite...

Il y a dix ans, il avait commencé à mener son enquête sur un certain Conan Edogawa et sur Aï Haibara. Il m'a confié à l'époque que non seulement ces enfants étaient sortis de nulle part, mais en plus ils avaient par moment le plus étrange des comportements.

Mais Tomoaki est mort peu de temps après... Juste quand Kudo refaisait surface avec son 'organisation'. Les policiers ont cru à un suicide, mais je savais que c'était un meurtre. Je ne l'ai dis que récemment à Akira. Je l'avais amené à Aomori afin de lui changer les idées après la mort de son père.

Cependant, lorsqu'il a appris la vérité, Akira n'avait qu'une seule idée en tête... »

Il s'arrêta là. Nerveusement, je cherchai à le regarder de face, mais sa poigne sur mon bras ne desserrait pas. Remarquant ma curiosité, il continua.

« D'après toi, pourquoi a-t-il commença à faire du trafique de drogue en empruntant le nom d'Edogawa ? Pourquoi est-il venu à Tokyo, tout en cherchant à questionner l'ancien entourage de Conan sans éveiller de soupçons ? »

Un bruit s'échappa de ma gorge montrant à quel point je trouvais la formulation fausse et à coté de la plaque. Il eut un petit rire.

« Oui, je sais, tirer dans la jambe du professeur n'était peut-être pas la meilleur des façon de passer inaperçu. Akira a toujours eu ce coté flamboyant et colérique.»

Son air amusé s'arrêta là.

« Je vais te dire pourquoi... »

Sa voix me donnait l'impression de vibrer, pleine de cruauté et de moquerie.

« Il recherche Edogawa Conan afin de se venger en le tuant et en trouvant des infos compromettantes sur Kudo Shinichi. »

A ces mots, je sentie mes membres s'immobiliser. Se venger... ? Il veut tuer Conan ?!

Ergh... C'est bien ce que je craignais. Shinichi était maintenant à pied, ayant réussi à garer sa voiture plus ou moins conventionnellement pas loin du parking. Il courait dans la direction du bâtiment indiqué sur le plan du professeur. L'eau des flaques d'eau giclait sous l'impact de ses pieds.

« Wouah... !» En tournant le coin, il avait commencé à glisser. Il se rattrapa d'une main, avant qu'il ne puisse s'étaler de tout son long, et repartit de plus belle. Son autre main maintenait son écouteur collé à son oreille. Malgré la pluie, sa propre respiration et ses battements de cœur, il parvenait encore à écouter la conversation. Le portable de Ran était encore allumé.

Shinichi avait été soulagé en entendant à nouveau la voix de Ran un court instant... Cependant les bruits de lutte qui avaient accompagné sa voix et celle d'un autre homme ne semblèrent pas à l'avantage de sa petite amie. Du coup, non seulement il avait manqué la majorité de l'explication d'Akira, mais en plus il se faisait maintenant un sang d'encre pour Ran, qui avait poussé un petit cri avant de ne plus se manifester. Il tentait vainement de se rassurer en se disant que si elle ne faisait plus de bruit, ce n'était pas forcément qu'elle était morte ou grièvement blessée, qui plus est, il n'avait pas entendu de coup de feu.

Il ne faut pas qu'il y ai de coups de feu... pensa-t-il.

« Ah ! » Il était arrivé devant le bâtiment indiqué dans les notes du professeur. Un ancien parking, à 4 étages et probablement un ou deux sous-sols. La construction n'avait pas tenu compte des précautions anti-séismes et des morceaux de l'immeuble avaient déjà commencé à s'écrouler. Il n'hésita cependant pas avant de rentrer par le trou dans le grillage.

« Mais qu'est ce que vous racontez ?! » Une voix, quelque part au fond de mon esprit, prit note que j'avais enfin pété les plombs.

« Pourquoi Conan... Non, Akira voudrait-il se venger de Conan ? Ou de Shinichi d'ailleurs ?! Vous en parlez comme s'ils étaient des assassins !»

Baïkal se contenta de rire sans me répondre. Je lui lançai l'un de mes regards des plus énervés. Ignorant la poigne avec laquelle il me tenait le bras gauche en arrière, je me tortillais pour essayer de lui faire face, afin de déverser sur lui toute ma rage. Que mon coude allait être douloureux, je m'en fichai bien. Il me suffisait de me rappeler de son pistolet pour que je gesticule de plus belle.

De toute façon il a l'intention de me tuer, alors quitte à avoir mal, je veux des réponses !

« Tiens toi tranquille ! Espèce de... »

Serrant des dents, dans un excès d'adrénaline, je lui écrasai les orteils avec mon pied.

« Gyargh ! » Son étreinte se relâcha, et d'un geste brusque je me libérai. Je lui fis face, tout en massant mon coude endolori.

« Tu... »

Son doigt était sur la gâchette du pistolet...

Shinichi était face à un tournant à l'intérieur du parking. Quelqu'un avait allumé toutes le lumières du parking.

Etrange. Normalement il ne devrait plus y avoir d'électricité dans ce bâtiment.

Il cherchait cependant à comprendre où était Ran, les Detective Boys ainsi qu'Akira et ses complices. Les sons qu'il entendait via le combiné téléphonique ne l'aidaient pas, et de nombreuses fuites dans l'immeuble l'empêchait de trouver des traces viables dans les flaques d'eau à l'intérieur.

Allez, réfléchis, Shinichi. Si tu étais suivi par trois adolescents et que tu voulais les piéger, où irais-tu ? Au Sous-sol ou en hauteur ?

Sa réflexion fut interrompue par un bruit qui lui glaça le sang.

Un coup de feu ?!

Il tendit l'oreille plus pour s'assurer que c'était bien un coup de feu que pour en situer l'origine. Il savait que ça ne pouvait venir que du sous-sol.

Jurant entre les dents, il partit comme une fusée vers la pente menant au sous-sol.

La jeune fille se calma au son du pistolet. Son visage était pâle, et ses yeux effrayés, mais elle se tenait encore debout, face à lui. Il pouvait voir ses poings se serrer.

Bien, elle ne va pas tenter de s'enfuir dans l'immédiat.

Souriant, Baïkal Takuta pointa son arme sur elle, vers sa tête cette fois. Son coup d'avant était parti vers le plafond. Il avait tiré afin de la faire se calmer et se tenir tranquille, et cela avait marché.

« On dirait bien que tu veux entendre toute l'histoire ou rien... »

Un petit rire s'échappa de ses lèvres.

« Puisque de toute manière nous savons tout les deux que je ne te laisserai pas repartir vivante cette fois, je vais même te raconter la vérité vraie. »

Il eu un petit plaisir cruel en la voyant pâlir encore plus à la mention de « cette fois ». Elle avait compris que Baïkal aurait très bien pu l'achever la fois d'avant.

« Tu te souviens de l'affaire d'organisation criminelle qui a fait la une il y a dix ans ? »

Lentement, je baissai la tête, indiquant que oui, je me souvenais de cette affaire. Je m'en souvenais même très bien. Shinichi Kudo, après une longue absence, était enfin revenu, et, du même coup, il avait réussi à arrêter le ou les patrons d'une grande organisation criminelle. C'était aussi lui qui, a l'époque, avait le plus réussi à calmer nos peurs concernant la disparition de Conan. Une semaine après, Haibara aussi était partie... chez une cousine d'après ce qu'avait dis le professeur, et Shiho Miyano avait pris sa place chez le professeur, le temps du procès, qui avait eu lieu à huis clos.

« Euh bien, après le procès, nombre de membres de cette organisation furent débusqués et arrêtés. La police avait trouvé accès à une liste complète des membres, par nom de code, lieu d'habitation, même situation. »

Je l'écoutai, ce qu'il disait était vrai, je me souvenais vaguement en avoir entendu parlé par Shinichi à l'époque. Cependant j'étais vaguement impressionné qu'il le sache. Il avait du faire beaucoup de recherches.

« Si je te disais que la mort du Tomoaki avait été maquillée en suicide d'un de ces membres ?! »

Mon cerveau commença a gesticuler dans tout les sens.

Non ce n'est pas possible... Mes yeux s'étaient élargies de surprise.

« Hé oui. Akira et moi, nous savions tout les deux qu'il ne pouvait pas être membre d'une organisation criminelle, donc nous pouvions écarter la thèse du suicide. D'après toi, quelle autres explications possibles y a-t-il ? »

La gorge sèche, je me forçai à répondre.

« Eh bien, que c'est le membre en question qui a maquillé le meurtre... »

« Ou que ce soit quelqu'un qui avait intérêt à voir Tomoaki mort. Préférablement quelqu'un avec des connaissances sur l'organisation. »

« Non ! ... Ce n'est pas possible. »

« Si... »

« Shinichi Kudo n'est pas un meurtrier... ! »

« Un membre de plus ou de moins, qu'est-ce que cela pouvait faire. »

« Vous mentez ! »

« Hé... » L'homme armé me fit un sourire. « Tu as raison. »

« Je suis un menteur. »

Mais alors, que voulait-il donc dire par tout cela ?

« La thèse que Shinichi Kudo soit le meurtrier, est très faible. Même avec quelqu'un d'autre pour faire le sale boulot, cela est très peu probable. Cependant... »

Baïkal indiqua Conan/Akira de sa main libre. Il avait un vrai rictus placé sur le visage.

« Akira y a cru dur comme fer ! »