Chapitre 26 : Trahison.
« Si je n'avais pas eu de plans pour Akira, je l'aurai bien tué aussi... »
Ces mots résonnaient dans sa tête, bataillant avec les vagues de son incompréhension.
Il y avait cru, dur comme fer, mais ce qu'il venait d'entendre avait comme l'effet d'une explosion terroriste. Ses notions étaient chamboulées. Comment était-ce possible ? C'était une blague ? Si oui, elle n'était pas drôle. Mais si, en effet, ce qu'il venait d'entendre était la vérité vraie...
Les mains d'Akira tremblaient.
Comment ai-je pu ne pas m'en rendre compte avant ?! Des indices évidents ressurgissait de sa mémoire, apportant foi à ce qu'il venait de découvrir. Mais il savait qu'il n'aurait pas pu s'en rendre compte avant. Il n'avait été qu'un enfant. La mort de son père l'avait secoué, et Baïkal était alors la seule personne à qui il pouvait s'accrocher. Sa mère était morte alors qu'il était tout petit, il n'avait pas de souvenirs d'elle. Son père avait toujours été là pour lui. Baïkal, qu'il avait toujours prit pour un ami de son père, était la seule personne vers qui il pouvait se tourner.
Il l'avait amené loin des vestiges de son père, de sa maison, de son quartier, vers un endroit où il pouvait tout oublier.
- Un endroit où il pouvait se cacher... -
Tais toi... Je ne veux pas y croire !
Il lui avait payé son éducation, l'avait amené avec lui sur ses différents voyages. Il lui avait même appris des choses intéressantes, comme comment tirer avec un pistolet.
- C'était pour mieux se servir de toi... -
Non ! Arrête...
Akira le considérait comme un oncle. Quelqu'un sur qui il pouvait compter... Akira le lui avait même dit à plusieurs reprises.
- Qu'est ce qu'il a du rire en apprenant ça. -
...
Akira se souvenait comme hier de quand Baïkal lui avait fait part de la soi-disant vérité sur la mort de son père. Il n'y avait jamais vraiment pensé avant. Son père était mort, c'était tout ce qu'il savait... Alors lorsque Baïkal lui avait dit que c'était un meurtre...
Et pas n'importe quel meurtre... Un meurtre maquillé en suicide. Le suicide d'un criminel... Son père avait toujours donné de l'importance au respect des lois. Cela ne pouvait pas être vrai.
- Qu'est-ce qu'il doit être déçu de voir son fils depuis le ciel. -
... Papa...
Lorsqu'il avait posé la question de qui avait pu faire une telle chose, Baïkal avait souri. Qui avait pu vouloir la mort de Tomoaki, au point de le faire passer pour un criminel ? Baïkal lui avait passé un dossier... C'était l'un des dossiers sur lequel son père travaillait avant de mourir. Son père y avait écrit qu'il avait de graves soupçons sur un lien entre Kudo Shinichi et Edogawa Conan... Kudo Shinichi était le nom de celui qui avait mis à jour l'organisation. Il lui aurait été facile de falsifier certains fichiers, afin de faire passer son père pour le membre nommé Baïkal. Baïkal n'avait même pas à eu l'en convaincre, Akira avait mordu sans hésitation à l'hameçon. Pour lui, cela avait été Kudo Shinichi le coupable, Edogawa Conan la cause... C'était d'eux qu'il devait se venger... Et Baïkal était prêt à l'y aider.
Il savait que tu te trompais depuis le début...
L'enfoiré !
Baïkal ne l'avait jamais considéré comme un neveu, du moins, pas comme Akira l'avait considéré comme un oncle. Il s'était servi de lui, à des fins personnels, à des fins malhonnêtes. Il l'avait corrompu. Profitant de sa ressemblance avec le petit garçon à lunettes, Akira avait pensé à en prendre le nom, afin de le rechercher. A aucun moment Baïkal n'avait cherché à le raisonner. Même après qu'il ait tiré sur Yoshida, même après qu'il eut blessé le Professeur Agasa. Il n'avait même pas cherché à le corriger quand il avait pris Miyano pour Haibara.
Quel imbécile j'ai été...
Heureusement qu'Akira avait la tête dure. Baïkal n'avait, semble-t-il, pas mis assez de force dans son coup sur le crâne d'Akira, et celui-ci s'était réveillé quelques instants plus tard. Il se serait bien levé tout de suite, mais les propos tenus par Baïkal l'avaient cloués sur place.
- Si je n'avais pas eu de plans pour Akira, je l'aurai bien tué aussi... -
Akira ne pouvait plus tenir. Tremblant de rage, il se leva d'un geste vif, pointant son pistolet vers celui qu'il avait, jusqu'à ce jour, considéré comme un oncle.
Et il hurla...
« Baïkal, je vais te tuer !!! » Le cri du jeune homme fut retentissant.
« Comment ?! »
Baïkal se retourna vivement. Il croyait Akira encore assommé, mais la vue du garçon qui maintenait son pistolet pointé vers lui était suffisante pour l'en dissuader. Rapide comme l'éclair, il dirigea son propre pistolet vers celui dont il avait contrôlé la vie ces dix dernières années.
« Assassin... » Grogna le faux Yamada.
« Je vois que je n'ai pas le choix... » Répondit Baïkal, son sourire prédateur et ses yeux noirs.
Alors que les deux allaient appuyer sur la détente, deux cris s'ajoutèrent à l'échange.
« Nooooon !!! » Firent-elles à l'unisson.
Deux coups de feux retentirent.
« Arrête Conan !! »
Akira et un autre jeune homme s'affaissèrent lourdement sur le sol. C'était Mitsuhiko. D'un bond, il avait réussi à étaler le pseudo Conan hors du champ de tir de Baïkal. La balle d'Akira était partie vers le plafond.
« Lâche moi, imbécile ! » Répondit Akira.
Cependant, Akira ne fut pas le seul que l'on tentait d'immobiliser.
« Dégage ! » Baïkal ne se gênait pas pour essayer d'enlever la poigne ferme avec laquelle Ayumi avait dirigé son bras armé vers le seul.
« Je ne te laisserai plus tuer !!! » Fit elle, luttant pour maintenir sa poigne sur le bras de Baïkal. Celui-ci tenait encore son pistolet.
« Hé, qui c'est que t'appelle Conan, Mitsuhiko ?! » Hurla une autre voix...
Et au même moment, un objet volant non identifié vint assommer Baïkal.
Je m'immobilisai, le bras lourd et inerte de Baïkal glissant hors de mes mains.
Cette voix ?! Ce n'était pas possible. Elle était fluette, exactement comme dans mes souvenirs... Mais dix années étaient passées ! Elle aurait du muer ?!
Mais qu'est-ce que c'est que cette nouvelle sorcellerie... ?! pensai-je.
Mes yeux remarquèrent que l'ovni avait atterri non loin d'un amas de caisses.
Un ballon de foot? Des drôles de palpitations se firent sentir dans mon cœur en voyant le ballon se dégonfler pour s'aplatir comme une crêpe.
« Agh ! »
« Mitsuhiko ! » Mon attention fut tirée vers le cri de mon ami d'enfance.
Akira venait juste d'assommer de nouveau Mitsuhiko. Cela lui était visiblement égal que Mitsuhiko venait de faire de son mieux pour lui sauver la vie.
« Qui va là ?! » Hurla-t-il. Je pouvais voir son regard entaché de furie se tourner vers l'endroit d'où le ballon était venu.
A mon tour, je tournai mes yeux vers l'endroit en question. Retenant mon souffle, j'entendis la voix répondre.
« Personne d'autre que le vrai Edogawa Conan ! »
Je vis une ombre se détacher de celle d'un pilier.
« Co... Conan, c'est vraiment toi ? » Ma voix était tremblante.
« Akira, relâche ton arme ! »
« Pourquoi le ferai-je ?! » Répondit l'interpellé, avec un air belliqueux.
« N'aggrave pas ton cas... » L'ombre semblait ignorer ma question.
« Tu as compris maintenant qui a vraiment tué ton père, et j'ai enregistré son témoignage. La justice va pouvoir s'occuper de son cas. »
« Comme si la justice avait fait quelque chose il y a dix ans ! » Il était encore en colère, je ne le voyais que trop clairement.
... J'hésitai, mais finalement, je pris ma décision.
« Akira... » Dis-je... « Rends toi... Je pense que ton père... Ton père... Il n'aurait pas aimé te voir en hors-la-loi. »
« Qu'est ce que tu en sais toi ?!! » Il se retourna vers moi.
Ca y est, c'est foutu. Je fermai les yeux.
« Qu'est ce que te en sais ?! Il est mort... Mon père est... » Je fus surprise de l'entendre finir en sanglots. Doucement, je rouvris les yeux. Je vis Akira a genoux, il avait jeté son pistolet à terre...
Une main vint se poser sur mon épaule. Je levai la tête pour voir le visage de Shinichi. Il portait des lunettes. Les lunettes de Conan.
« Co... Conan ? » Demandai-je, avec incertitude.
« Shh... » Fit il. « Je te promets de tout t'expliquer. Toute la vérité. Bientôt.»
« T'as intérêt. » Répondis-je, les larmes aux yeux. Il eut un sourire embarrassé.
« Shinichi ...!? » Ensemble nous tournâmes la tête vers l'entrée du sous-sol. Je pus y voir des policiers précédés du commissaire Maigret, qui faisait des signes à l'adresse de Shinichi.
Et c'est ainsi que l'affaire se termina pour Baïkal, Akira, et leurs complices.
