Disclaimer: Pas à moi. A JKR.
Réponses aux reviews: Merci à tout le monde, déjà :). Je persiste à dire que non, je ne peux pas donner le nom du perso du chapitre un, mais quand j'aurai avancé dans Philtra Temporis, il sera facile de deviner.
Shinia Pour le nombre de chapitres prévus, aucune idée vv;;; Cette préquelle n'était même pas prévue.
Arana Euhhhh... Je ne peux pas faire signe, désolée. Mais tu ne devrais pas avoir de mal à vérifier ta supposition (ou pas) dans quelques chapitres de PT. M'ci pour la review :)
Crépuscule
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C'est un hurlement inhumain, strident, suraigu, qui vrille les vieilles pierres du château comme le doloris perce le corps d'une douleur si pure qu'elle peut vous rendre fou.
Bellatrix pourrait en témoigner.
Je m'enfonce dans mon fauteuil en m'efforçant de garder l'impassibilité qui sied à mon nom, mais c'est une terreur sans bornes qui me fait crisper les mains sur les accoudoirs tandis que le cri se poursuit encore et encore. Personne ne devrait être autorisé à crier comme ça.
Héra, ça ne devrait même pas être dans le registre d'une voix humaine.
Il y a quelques instants, j'étais à peine angoissée à l'idée de la bataille finale, et si je déambulais nerveusement à travers les appartements de Severus, c'était plus par agacement que par crainte. Ce répugnant elfe déloyal, libéré par une ridicule erreur de Lucius; cette vermine, Duppy, s'affairait autour de moi en me proposant thé, petits gâteaux et autres banalités. Pendant ces moments, j'aurais donné cher pour que Dumbledore m'ait laissé ma baguette avant de m'enfermer - "pour ma sécurité " dans ces donjons. Ca m'aurait permis de corriger cette petite vermine dégénérée pour sa trahison, et, tant qu'à faire, son comportement exaspérant et sa simple existence. Je l'ai chassé.
Maintenant, je donnerai cher pour qu'il soit présent, pour qu'il me confirme que je ne suis pas la seule à pouvoir entendre cette plainte à glacer le sang.
Qui pourrait crier ainsi, ici, à Poudlard, dans le plus isolé des donjons, derrière les protections de Severus, l'endroit le plus sûr de l'endroit le plus sûr?
C'est un de ces cris qui ne durent que quelques secondes, mais semblent s'étirer sur une éternité, et je me demande combien de temps il faudra pour qu'il s'arrête enfin, que mon coeur se remette à battre, que je puisse à nouveau respirer.
Je ne suis pas superstitieuse - je ne suis même pas Irlandaise - et qu'est ce qu'une de ces créatures viendrait faire ici? - mais de vieux récits me reviennent en mémoire, à propos des lamentations de la Dame Blanche de la douleur... Des lamentations sur les morts à venir.
Le son se meurt peu à peu, jusqu'au retour du silence.
Je tremble comme une feuille et je ne trouve même plus la force de bouger. Le silence est aussi terrifiant que les hurlements.
Une seconde. Deux secondes. La terreur me paralyse encore, et je ne peux penser à rien d'autre qu'au cri, dont la présence résonne encore contre les murs de la pièce. Ensuite, je réalise que ma main gauche a pris une teinte bleue, cyanosée, et c'est à mon tour de hurler.
La marque.
La marque.
La marque des ténèbres, oh Eris, qui brûle comme les feux de l'enfer, au point que la chair de mon bras se couvre de cloques et en /fume/, mon dieu, mon dieu, mon dieu...
Mais je sais que mes cris n'ont pas l'intensité de la voix d'il y a quelques instants.
La douleur se calme peu à peu, devient tolérable, et - après avoir fouillé les étagères de Severus à la recherche d'une potion de guérison - je peux me soigner.
La marque est encore là, mais une sensation manque. Je suppose que ça signifie que Voldemort est tombé.
Je me recroqueville dans le fauteuil, et écoute le silence, m'attendant à entendre la voix retenir à nouveau. L'interlude de la brûlure de la marque ne m'a en rien distraite de ma terreur.
Evidemment, je suis une sorcière, et je sais ce qu'il en est de la plupart des créatures magiques que les moldus transforment dans leurs ridicules légendes. Je connais ces légendes aussi - comme nous pouvions nous moquer des croyances stupides des moldus, dans notre jeune temps...
Et je sais ce qu'est une banshee, et que d'entendre le cri d'une d'entre elles m'aurait tuée.
Faites que ces hurlements ne reprennent pas.
J'ai fait partie des rangs des mangemorts, du cercle le plus intime des serviteurs de Voldemort. J'ai suivi Bellatrix, et son époux, et Lucius en mission. J'ai entendu des cris qui me hantent encore, parce que, contrairement à tous les autres, je n'ai pas perdu la raison.
Mais cette voix, ce soir, avait quelque chose des pleurs de l'enfant qu'on torture, quelque chose des cris la femme qui voit son époux mourir, quelque chose des supplications d'une mère pour voir sa famille épargnée, quelque chose de cris d'agonie...
Pour les moldus, la Bean Sidhe ne pousse son cri que pour annoncer la mort d'un mortel.
Et si c'est l'une d'elles, ce soir, je doute qu'elle soit venue annoncer la chute de Voldemort.
Dumbledore, dans son ô combien immense générosité, m'a fait de belles promesses. Par exemple, de garder ma famille en vie. Mais nous savons tous à quel point le vieux fou est fiable, donc je ne me permets même pas d'espérer.
J'attends, j'attends, et j'attends encore, dans le silence et l'angoisse, jusqu'à ce que la porte s'ouvre sur la figure ridée, fatiguée, du directeur des lieux.
- "Lucius? Draco? Les deux?", je murmure.
- "Lucius... Je suis désolé, Mrs. Malfoy... Draco est vivant, en pleine santé..."
Je reste silencieuse, même si je pourrais le tuer maintenant, sans le moindre état d'âme.
Lucius...
Les minutes passent, et il attend une réaction de ma part, patiemment, depuis le pas de la porte.
Lucius que j'ai regardé basculer dans la folie, comme Bellatrix, Rodolphus, Walden et Antonin. La mort l'attendait à Azkaban, de toute façon.
- "Qui d'autre?"
- "Bellatrix... "
Bella. Alors je suis la dernière, maintenant?
- "Et tous les autres, je suppose?"
Il ne me répond pas, et baisse les yeux, tel le vieillard accusant le poids de ses fautes et de ses échecs qu'il est.
Sur trois personnes qu'il m'avait juré de sauver, il en a laissé mourir deux. Mais il est même incapable de sauver ceux qu'il /veut/ aider. Sirius, perdu dans la mort. Severus, perdu dans l'amertume. Ses précieux Potters, dans l'aveuglement... J'ai menti. J'espérais. Je priais pour Lucius, et Draco, et Bella, et un simple effort du tout puissant Dumbledore. Même si lui les haïssait.
J'espérais, et la peine et la colère en sont d'autant plus intenses, maintenant.
Mais je suppose qu'il n'aurait rien pu faire contre les présages de mort et les lamentations de la Dame Blanche... Et qui aurait voulu les sauver de la mort pour les livrer au baiser du détraqueur?
Seulement moi.
- "Je m'y attendais, professeur... J'ai entendu le cri d'une banshee..."
Et j'ai entendu la voix de la raison bien avant cet hurlement qui n'était sans doute que le produit de mon esprit angoissé. Bellatrix, ma Bella, ma brillante petite soeur, avait basculé dans la folie, tout aussi profondément que ses victimes, les Londubat. Et, que ce soit par l'argent, la menace ou le pouvoir, Lucius n'aurait plus pu être sauvé.
Ce n'est pas pour autant que la douleur est moindre.
J'entends ma propre voix m'échapper en un long gémissement, une plainte involontaire que je ne peux pas retenir, ma propre lamentation sur mes morts aimés...
