Titre : Derniers instants – Lenne Version
Genre : Spoiler, POV Lenne
Date : 17 Septembre 2004
Je cours. Depuis combien de temps déjà ? Peut-être n'est-ce que depuis quelques minutes, l'angoisse entremêlé au silence étouffant du sous-sol secret donne l'impression qu'il y a des heures qui se sont écoulées depuis mon arrivée. Je cours. Je cherche Shuin. Je cours malgré que chaque pas qui s'ajoute au précédent me déchire le ventre. Je n'arrêterai pas. Je n'en ai pas le temps. Je dois le retrouver avant que les choses n'empirent ! Oh, Shuin...
Mourir est mon destin, Shuin ! Une vie contre des milliers d'autres... C'est simple pour tout le monde, presque tout le monde, mais si compliqué pour toi et moi. Tu le savais pourtant. Notre époque ne nous permettait pas de s'aimer. La guerre qui fait rage, une invocatrice élevée pour mourir, un guerrier ennemi de l'invocatrice... C'était à prévoir, mon amour !
Une intersection. Par où aller ? Droit devant ? À gauche, à droite ? Tout est trop semblable ! Je tourne vers la droite. Je perds l'équilibre. Je glisse sur le sol avant de me relever. Arrivée au bout du couloir, j'aperçois divers objets utilisés lors de cérémonies, rangés là de peur qu'ils ne soient volés vu leur valeur.
Je reste là, quelques secondes, figée sur place, telle une statue murmurant pour moi-même que cela ne peut pas être vrai. Puis, rapidement, je me remets à courir. La douleur de mon ventre me lancine. Je continue droit devant lorsque je retourne à l'intersection. Des sons métalliques résonnent, tout comme le bruit de mes pas. Je reprends espoir en même temps que la peur se met à gronder dans mon corps.
Avant même d'avoir traversé ce couloir, je sais que c'est le bon. Shuin sera là. Vivant. Hors de Vegnagun. Il m'attendra, en souriant, les bras ouverts. Il me dira qu'il m'aime... J'ai beau tenter de me convaincre, je sais bien que ce ne sera pas le cas. Vivant, sûrement. Aucun garde ne parcourent le sous-sol secret du temple. Il ne sourira pas. Et il sera à l'intérieur de Vegnagun, à tenter de le contrôler, ce qui est impossible...
Soudain, je le vois. J'avais raison ! L'arme est déjà mise en marche, mais n'est pas encore en mode offensif. Peut-être plus pour longtemps. Shuin tend le bras vers l'avant. Je crie. Je ne sais pas ce que je cris. Les paroles sortent de ma bouche sans que je ne les pense. Shuin me regarde. Horrifié, furieux, ne comprenant pas.
Je m'entends le supplier d'arrêter, de descendre, de me rejoindre. J'entends des gens qui courent. Le cliquetis d'armures se fait entendre. Des soldats. Je détourne la tête un instant comme pour me convaincre que ce n'est que mon imagination. Ce ne l'est pas. Je détourne à nouveau la tête en direction de Shuin.
Il n'est plus dans l'arme ultime. Il coure vers moi, les bras ouverts. Je m'y jette, profitant de ce contact qui sera probablement le dernier, rassurant même s'il ne change en rien la tournure dramatique des événements. Un sourire triste se dessine sur ses lèvres. Un sourire d'excuse. Je baisse les yeux, cherchant les mots pour lui faire comprendre que je ne lui en voulais pas. Je n'en trouve que trois : « Je t'aime...». Je relève ma tête et je lui souris, les yeux embués de larmes.
Le bruit des balles fend l'air. Décisifs. Achevant l'attente désespérée. Permettant à ma douleur de disparaître, à mon angoisse de s'estomper complètement. Des images de nous me reviennent, en flash, perdant que je tombe. Je n'atteins pas le sol. Je continue à tomber et à tomber et à tomber...
Je tombe vers la mort pendant qu'une larme se glisse le long de ma joue et ne tombe, elle aussi, avec la différence qu'elle, toutefois, atteint le sol de métal froid que je ne sentirai plus jamais...
