Je le sais, je le sais, pas besoin de me le dire, vous me détestez et c'est normal. Mettre plus de une, deux… ( je suis entrain de compter sur mes doigts), quatre semaines à poster la suite de ma fic, c'est tout simplement pas charitable de ma part. Mais que voulez vous, y a une part en moi un peu bad girl qui ne peut s'empêcher de tourmenter son lectorat. Je plaisante bien évident. Tout le monde sait que je suis un ange pure sucre qui ne ferait pas de mal à une mouche (faut pas le prendre au pied de la lettre parce qu'au paradis des mouches – et oui il existe – y en a certaines qui me doivent leur passage de vie à trépas). Tout ce blabla pour vous dire que je suis vraiment désolée de ce retard pas très sympathique. La seule chose que je peux espérer c'est que la suite que j'ai écrite vous plaise.

Concernant les rewiews (adorables, formidables rewiews…je vous adore), j'ai décidé de procéder différemment pour y répondre. Pour cette fois-ci, je fais une réponse globale et envoie des bisous monstrueux à ceux qui m'ont postés leur message plus que réconfortant, alors merci :

-Ninou, Shiri, Aliri (double merci), Althéa, Missa (double merci à toi aussi, et non t'es pas folle, un peu jetée peut être), Dobbie, Dega, Debby Hermione, Ranit's, Allis 13, Mahel, Kikou 224, Morri et Lisandra.

Tout d'abord je crois devoir un peu expliquer l'absence flagrante de Remus et Lily Evans. Concernant cette dernière, il me faut rappeler – pour ceux qui l'auraient oubliée – que dans mon histoire elle a un an de moins que le reste des Maraudeurs. Elle ne rejoindra donc Poudlard que l'année d'après. Pour Remus, les choses sont un peu plus complexes. Selon ma version, notre adorable loup-garou est arrivé directement en seconde année. Il n'a pas pu entrer à Poudlard dès ses 11 ans à cause de sa particularité qui effrayaient beaucoup de responsables de l'école. Donc Mr débarque lui aussi un peu plus tard.

Pour Spider, le mystère reste entier mais je suis sûre que ce chapitre vous éclairera (ou vous embrouillera, au choix) un peu plus sur ce personnage pour le moins bizarre.

Pourquoi Rogue s'est il retrouvé à Equilhem ? Premièrement parce qu'il était orphelin (ok, vous allez me dire que je ne vous apprend rien). Comment est il devenu orphelin ? Cà c'est une question qui demande une réponse mais çà ne sera pas pour aujourd'hui.

Il y aura bien d'autres prophéties dans ma nouvelle fic. L'épitaphe gravée sur la tombe de Zinnia n'en est que les prémices. Mais elles viendront plus tard quand le pouvoir d'Yselle commencera à se déclarer. Quand çà précisément ? Ce sera à la suite d'un évènement traumatisant qu'elle va vivre par la suite mais chut ! Je ne peux pas en dire plus.

James est t-il déjà amoureux de notre Zélie ? Je ne crois pas. Il est très intrigué par elle en tout premier lieu. Par la suite, il s'y attache vraiment de façon très singulière. Il a sûrement un peu envi de jouer les grands frères protecteurs auprès d'elle. Yselle a le don d'attirer l'affection des autres sur elle. Dans 'La complainte des Edelweiss', elle en faisait d'ailleurs référence comme d'un sort que sa mère lui aurait jeté à sa naissance pour qu'elle soit aimée par tous. Est-ce vraiment pour cette raison que la plupart des garçons qui l'entourent finissent par s'attacher à elle ou bien n'y a t-il la dessous rien de magique ? Bonne question.

Quand à l'empreinte de… sur la tombe de Zinnia, c'est soit une preuve d'amour ou soit une marque de possession. Vous verrez bien si… peut vraiment avoir des sentiments envers quelqu'un d'autre.

Voilà pour mes réponses à présent bonne lecture.

L'EDELWEISS

CHAPITRE III : Rendez-vous au prochain hiver.

            Quand les trois enfants quittèrent la forêt interdite, le jour déclinait déjà. Yselle, groggy par les pleurs, s'était laissée guider par James jusqu'à leur maison. Elle se souvenait s'être pelotonnée dans l'un des larges fauteuils qui ornaient leur salle commune puis plus rien. Elle s'était sûrement endormie là sans plus de retenue, envahie par une fatigue soudaine, rattrapée par le flot d'émotions qui l'avait submergée quelques heures auparavant. Yselle s'était réveillée l'esprit brumeux. Embrouillée dans des couvertures, le visage enfoui dans le moelleux des coussins, la fillette ne savait plus très bien où elle se trouvait. Au bourdonnement des oiseaux, elle su que le soleil s'était levé depuis à peine quelques heures. Avait elle dormie si longtemps ? Yselle ouvrit péniblement les yeux. La lumière douce du petit matin rayonnait à travers la pièce. Une chambre. Elle était dans une chambre qui n'avait rien avoir avec la sienne. Comment était elle arrivée l ? N'était elle pas censée s'être endormie dans la salle commue ? Elle se releva légèrement en prenant appui  sur ses coudes. De part et d'autre du lit où elle reposait, se trouvaient deux autres baldaquins du même genre. Un peu partout s'éparpillaient des monceaux de vêtements, d'objets hétéroclites et autres bricoles que les propriétaires du lieu n'avaient pas cru bon de ranger plus convenablement. A première vue, Yselle était seule dans cette chambre, à première vue seulement.

« -Bon…bonjour, bégaya une voix mal assurée sur sa droite. »

Yselle tourna vivement son visage. Un garçon dodu, le menton confondu dans un cou trop court se tenait à quelques pas d'elle avec une certaine gêne dans le regard.

« -Bonjour, répondit t-elle aussitôt en se redressant un peu mieux. Je m'appelle Ysella Edelweiss. »

« -Oui…oui, je le sais, reprit le petit gras en tordant ses doigts nerveusement. Moi, c'est Peter Pettigrew. »

« -Tu es en première année, n'est ce pas ? »

Peter confirma d'un mouvement de tête timide.

« -Alors, je suppose que je me trouve dans le dortoir que tu partages avec James et Sirius, reprit elle. Peut être que ma question va te paraître un peu étrange mais pourrais tu m'expliquer ce que je fais là à dormir dans un lit qui n'est pas le mien ? »

« -C'est pour çà que je suis ici, justement, tes deux amis m'ont chargé de tout expliqué un fois que tu serais réveillée. »

« -Et où sont ils au juste ? »

« -Partis manger, répondit t-il. Ils ne devraient pas t… »

Peter n'eut pas le temps de finir sa phrase. La porte de la grande chambre s'ouvrit largement laissant entrevoir deux silhouettes familières.

« -Mademoiselle s'est enfin réveillée ! C'est pas trop tôt, tonna joyeusement Sirius à peine entré dans le dortoir. »

Il marcha les mains dans ses poches jusqu'à un lit vide qui devait être le sien. Il s'affala sur le rebord de son matelas face à une Yselle un peu perdue.

« -J'ai cru que tu ne te réveillerais pas, ajouta James. »

Le garçon s'avança vers la gamine qui tournait vers lui son regard encore ensommeillé.

« -J'espère que tu as bien dormi au moins, poursuivit il en prenant place à côté de la fillette. »

« -Je suppose, répondit t-elle simplement. C'est ton lit ? demanda t-elle subitement au jeune Potter. »

« -Oui, je…enfin on…, tenta t-il d'expliquer. »

« -Ce que James essaie de te dire, reprit Sirius avec nonchalance. C'est qu'on voulait pas te laisser dormir en plein milieu de la salle commune. J'ai proposé à notre cher Potter de te réveiller mais il m'a dit qu'il valait mieux pas et qu'il pouvait très bien te porter jusqu'à ta chambre. »

Yselle dirigea son regard étonné vers James qui préféra détourner son visage de ses grands yeux ronds qui finirent par l'observer avec une certaine tendresse.

« -C'est ce qu'il a fait, continua Sirius en jetant à son tour une œillade en direction de son meilleur ami. Mais il s'est passé un truc étrange quand on a voulu entrer dans le dortoir des filles. En résumé on s'est retrouvé comme deux idiots avec toi sur les bras, alors on a préféré t'installer avec nous dans notre chambre. James s'est gentiment proposé pour partager son lit. »

« -Tu as dormi avec moi ? demanda aussitôt Yselle en se retournant une nouvelle fois vers le jeune Potter. »

Ce dernier, un peu gêner, toussota légèrement pour s'assurer que sa voix ne le trahirait pas.

« -Oui, répondit t-il avec une désinvolture feinte. Sirius n'aime pas partager, je me suis donc dévoué. J'espère que…que çà ne te déranges pas. Enfin, je veux dire, j'espère que tu n'es pas fâchée d'avoir dormi avec moi cette nuit.»

« -Bien sur que non. J'ai bien dormi c'est tout ce qui compte, reprit Yselle avec une évidence déconcertante. Je dors toujours mieux quand je ne suis pas toute seule. »

James, un peu troublé par cette réponse spontanée, regarda la jeune fille attentivement jusqu'à ce qu'elle se tourne vers lui pour lui offrir un sourire reconnaissant.

« -Merci, conclut t-elle avant de centrer son attention sur Sirius. Et merci à toi aussi de t'être abstenue de me prêter un bout de ton lit, ajouta t-elle ironiquement à l'égard du jeune Black. »

« -Oh, de rien, répondit Sirius. De toute façon, c'était mieux comme çà. Comme l'a dit James, je n'aime pas la promiscuité alors partager mon lit c'est hors de question. »

« -C'est ta femme qui en sera ravie, enfin si jamais tu en trouves une, murmura Yselle avec une espièglerie retrouvée. »

« -Qu'est ce que tu as dit ? demanda un Sirius soupçonneux. »

« -Moi ? Rien, nia t-elle innocemment. »

Le rire de James prouvait bien le contraire.

            Les choses s'étaient rapidement remises en ordre à un tel point qu'Yselle se demandait parfois si sa dispute avec Sirius et James avait une réalité. Le seul élément qui demeurait de cette altercation semblait être cette longue conversation qu'elle avait partagée avec ses deux amis. Elle ne se rappelait plus très bien en quel terme elle était parvenu à leur parler de son enfance, ni comment elle avait évoqué sa nouvelle vie auprès d'une famille moldue qu'elle avait fini par considérer comme la sienne mais elle se souvenait en avoir éprouvée un soulagement certain, un soulagement qui, auparavant, ne lui avait pas semblé nécessaire mais qu'elle appréciait à présent. Ce qui avait changé après cela était incontestablement le lien qu'ils partageaient tous trois. La confiance qu'Yselle avait placée dans les deux garçons et l'intimité de leur nouvelle relation avait favorisées la symbiose fraternelle qui s'était brusquement tissée entre eux. Leur groupe s'était formé et chacun y avait trouvé une place confortable sans que personne n'ait rien à redire à ce sujet. A ce trio improbable s'était curieusement greffé un quatrième élément. Peter Pettigrew s'était immiscé avec une facilité étrange dans le groupe que formaient Yselle, James et Sirius sans qu'aucune de ses trois personnes n'amorce un quelconque mouvement de rejet à son égard. La discrétion de Peter était son principal atout. Il était là sans être là. Sa présence auprès du trio ne se manifestait que par de rares interventions dans telle ou telle conversations. En plus de cette capacité à un total effacement de soi, Peter avait également développé avec une maîtrise estimable le sens de la flatterie. Il maniait cet art avec beaucoup de simplicité et une spontanéité qui se révélait bien souvent fictive. Mais de cela ces nouveaux camarades, pas regardants sur le bien fondés de ces flagorneries, n'en étaient pas conscients ou feignaient de l'être. De tous trois, James était celui qui se laissait le plus facilement prendre aux pièges de cette diatribe adulatrice. Sirius, pour sa part, s'en était rapidement lassé. Peter, dont le corps pataud dissimulait un esprit vif, avait fini par comprendre que le jeune Black n'était plus réceptif à ses louanges immodérées. Il avait donc pris l'habitude de s'en abstenir, préférant développé avec Sirius un rapport moins entretenu. Quand à Yselle, Peter n'avait pas eu trop de mal à sympathiser avec elle. D'un naturel avenant et pouvant parfois faire preuve d'une gentillesse spontanée, la fillette avait fini par consolider la place de celui qu'elle avait surnommé affectueusement 'Pitty Peter'.

dérivatif inventé par moi-même de Petit Peter pour ceux qui veulent tout savoir.

Au commencement de l'hiver…

            Quand Yselle revint, le petit matin était à peine une onde de lumière rayonnant à la surface du grand lac. Sans bruit, elle arpenta le chemin tortueux qui la mena jusqu'à la salle commune de sa propre Maison. Elle gravit dans un silence respectueux les escaliers qui menaient à son dortoir. Ses quatre camarades de chambrés semblaient encore plongées dans un sommeil brumeux. Aucune d'elles n'aurait pu remarqué son absence cette nuit. Yselle s'en félicita. Elle s'allongea dans les draps chiffonnés de son lit, lasse, elle ferma ses paupières et attendit que le sommeil vienne la bercer quelques instant encore avant que l'heure du réveil ne sonne. Ainsi, allongée dans son lit, elle ne s'aperçut pas qu'elle n'était pas la seule à avoir perçu la faible lumière du jour. Winnifred  Wintly, dite 'Winnie' pour les intimes, sa camarade de première année, l'avait surprise sans que nul ne le sache mais connaissant Winnifred il ne faudrait pas très longtemps avant que le reste des griffondores n'apprennent qu'Ysella Edelweiss n'avait pas dormi dans son lit la nuit passée.

            James, Sirius et Peter avaient pris place à leur table dans un réfectoire à moitié rempli. Tandis que le reste de l'assemblée semblait prisonnier d'une profonde léthargie. Les cours commenceraient bientôt mais la plupart des élèves demeuraient encore sous le joug d'une fatigue certaine. Les trois griffondores quand à eux étaient plus alertes que la plupart de leurs camarades. Ils avaient débuté leur matinée comme à leur habitude. Réunis autour d'un savoureux petit-déjeuner, ils s'étaient engagés dans une de ces conversations légères et plaisantes dont ils étaient coutumiers. Le sujet du jour s'était rapidement porté sur la décadence flagrante du corps enseignant et sur son incapacité à animer un cours à l'intérêt évident. Ils avaient ainsi passé en revue chacun de leur professeur respectif, depuis la lunatique Miss Ombrella Taraxa jusqu'à l'adorable mais non moins empotée Mrs Orthilie Hasty sans oublié Mr Marat Angus et ses sarcasmes incisifs qui faisaient de lui l'être le plus redouté au sein de cette école, titre qu'il semblait affectionner avec une délectation propre à son esprit tordu. Captivés par la pertinence de leur conversation, James et ses acolytes ne s'étaient en rien souciés de la présence d'un petit groupe de filles postées sur leur droite. Winnie, accompagnée de ses nouvelles mais néanmoins meilleures amies Adélie Swan, Emma Von Blum et sa grande sœur Suzie ainsi que de Nonnée Desprès, semblait tenir ses camarades en haleine. James et Sirius ne portèrent aucune attention à la discussion frivole qui paraissait animer ce petit groupe de filles sans intérêt jusqu'à ce que le nom d'Yselle s'échappe des lèvres de 'Winnie la commère'. Le jeune Black se tourna aussitôt en direction de la griffondore qui poursuivait sans gêne son récit.

« -…elle pensait sûrement que personne n'y verrait rien mais elle a oublié que j'ai le sommeil léger. Elle avait beau faire très attention le bruit de ses pas m'a tout de même réveillé. En tout cas une chose est sûre, Yselle n'a pas dormi dans son lit la nuit dernière. Je donnerais n'importe quoi pour savoir où elle était et surtout avec qui… »

« -Tu n'as qu'à demander à l'un des trois garçons derrière toi, lui répondit Emma Von Blum en désignant d'un geste de la tête le groupe de Sirius, James et Peter. Elle était sûrement avec eux, elle ne les quitte pas d'une semelle. »

« -Vas-y, demande leur, renchérit Adélie Swan en poussant du coude sa camarade pour l'encourager à se jeter dans la gueule du loup. »

Winnie, dont l'audace égalait sa faculté à faire de tout et rien un sujet de conversation, inspira profondément avant de se tourner vers les trois jeunes griffondores qui, bien qu'ayant perçu la fin de cette conversation, firent mine de n'en rien savoir.

« -Dis moi, Sirius, tu ne saurais pas par hasard où était Yselle la nuit dernière ? demanda t-elle au jeune Black en plissant ses paupières diaphanes d'un air inquisiteur. »

Sirius, qui ne semblait pas aimé le ton impertinent de Winnifred, marqua un temps de pause avant de concéder à lui répondre. Sans même tourner la tête vers elle et avec un mépris palpable, il répliqua :

« -Qu'est ce que tu racontes encore, Wintly ? »

« -Ne fais pas le malin avec moi, Sirius, je sais bien que tes copains et toi, vous avez entendu ce qu'on racontait, reprit t-elle en secouant sa tête pour affirmer sa certitude. Alors où est ce qu'elle était votre 'Zélie adorée' ? Elle est restée dormir dans votre dortoir ou bien peut être qu'elle vous a accompagnée dans une de vos combines louches dont vous avez le secret. Alors ? »

« -Alors, rien du tout, répondit le jeune garçon avec un détachement hautain. »

Winnifred Wintley lui adressa un petit regard perfide avant de lui jeter un 'fi' réprobateur.

« -Si vous ne voulez pas nous le dire, c'est parce que vous ne savez rien, conclut Emma Von Blum en levant son nez retroussé en l'air avec une assurance désagréable. Arrêtez de jouer les malins, vous trois. Apparemment votre copine vous fait des cachotteries. C'est pas le genre de chose qu'on attend d'une amie. N'est ce pas les filles ?»

Les filles en question approuvèrent toutes d'un hochement de tête, seule Nonnée Desprès resta à l'écart de cet accord unanime.

« -Mêle toi de tes affaires, Von Blum, intervînt alors James avant de reposer sa petite cuillère sur le bord de son assiette à présent vide. C'est pareil pour vous, ajouta t-il d'une voix glaciale en se tournant finalement vers les cinq filles qui, confrontées au regard sombre du garçon, ne purent s'empêcher de frémir. »

Emma, qui n'avait pas aimé cette prise à partie, voulut répliquer prestement mais ce fut en vain. James avait jeté sa serviette sur le plat de la table d'un geste dédaigneux avant de se lever et de se diriger vers la sortie. Sirius, dans une synchronisation parfaite, avait fait de même tandis que Peter, plus lent, recueillait une dernière pâtisserie avant de rejoindre ses amis d'un pas rapide.

            La journée se passa sans encombre majeur. Sirius, James et Peter retrouvèrent Yselle lors de leur premier cours de la journée. Aucun des trois n'évoqua ce qui s'était passé entre le groupe de Winnie et eux dans le Grand Hall. Ils s'abstinrent donc de demander à leur amie des explications sur sa prétendue absence dans son dortoir la nuit passée. Etait ce la preuve de leur désintérêt concernant cette histoire ? Bien sur que non. Mais les trois garçons avaient déjà échafaudé un plan pour deviner le pourquoi du comment, un plan qu'ils mirent en œuvre le soir même. Mais en quoi consistait ce plan exactement ? Tout simplement à espionner Yselle cette nuit pour savoir si les commérages de Winnifred Wintley étaient exactes. Cachés dans un coin de leur salle commune, James, Sirius et Peter attendaient que Mademoiselle apparaisse. Leur attente fut longue et ils faillirent, à plusieurs reprises, s'endormir à même le sol jusqu'à ce que des petits pas timides viennent les sortir de leur torpeur. James fut le premier à extirper le bout de son nez  de sa cachette. Il jeta un regard vers la silhouette minuscule qui traversait leur salle. C'était Yselle sans aucun doute. Ses boucles brouillons semblaient plus sombres que jamais, à présent que seule la lune venait les éclairer. Elles retombaient en pagaille sur la blancheur immaculée de sa longue robe de coton transpercée par la lumière de la nuit.

« -Spider, Spider, murmura t-elle doucement en scrutant rapidement la noirceur de la salle. Où es tu encore passée Spider ? »

Les trois garçons s'empressèrent aussitôt de se dissimuler le mieux possible. Yselle tourna encore sur elle-même pour tenter d'apercevoir son chat mais elle du se rendre à l'évidence : le matou avait déserté une fois de plus la Maison des griffondores. Alors aussi soudainement qu'elle était apparut, la fillette se dirigea vers la porte de sortie. Les trois garçons lui emboîtèrent le pas. Se tenant à une distance assez raisonnable pour ne pas être vu, ils entreprirent de suivre leur amie dans les couloirs de Poudlard. Mais très rapidement Yselle disparut derrière une épaisse tenture cramoisie. Quand ils tirèrent l'étoffe épaisse pour poursuivre leur route, ils ne trouvèrent face à eux que la masse imposante d'un mur de pierre grisâtre et pas d'Yselle. La fillette avait tout simplement disparue. Incrédules face à ce prodige, ils regagnèrent leur Maison mais demeurèrent dans leur salle commune, bien décidés à accueillir la jeune fille à son retour et à lui demander des explications acceptables.

            Yselle s'était à nouveau réveillée d'elle-même alors que le petit jour brillait à peine. Elle avait rapidement parcouru le chemin qui la menait vers la salle des griffondores comme elle l'avait déjà fait la veille. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle retrouva, avachis dans les lourds fauteuils de leur salle commune, ces trois amis profondément endormis.

« -L'un de vous peut me dire ce que vous faites à dormir ici ? claironna t-elle d'une voix guillerette. »

Le réveil fut immédiat. James, Sirius et Peter ouvrirent en cœur leurs paupières alourdies par la fatigue. Il leur fallut un petit moment avant de retrouver leur pleine conscience.

« -C'est plutôt nous qui devrions te poser des questions, rétorqua Sirius en s'étirant longuement. »

« -Ouais, Sirius a raison, reprit James dans un bâillement à peine réprimé. Où t'es passé hier soir ? »

« -On a essayé de te suivre après que tu ais quitté cette salle mais t'as disparu derrière une grosse tapisserie, ajouta Peter d'une voix éraillée par le sommeil. »

« -Alors comme çà vous me suiviez, fit t-elle mine de s'offusquer en posant ses poings sur sa taille à peine dessinée. »

Les trois garçons semblèrent gênés un instant mais Sirius se reprit rapidement avant d'ajouter :

« -Oui, c'est exact mais si on le faisait c'est parce qu'on avait une bonne raison. »

« -Ah, oui, voyez vous çà, rétorqua Yselle avec une pointe de malice. »

« -On voulait vérifier nos sources…reprit Sirius. »

« -A quel propos ? demanda aussitôt l'Edelweiss. »

« -Winnie prétend que tu n'as pas dormi dans ton dortoir la nuit dernière, expliqua James. »

« -Elle a raison, tout comme je n'y ai pas dormi cette nuit, répondit la jeune fille. »

« -Cà on l'a vu, répliqua Sirius en lui lançant un rictus moqueur. Alors tu nous dis où tu étais ? »

« -Sirius, soit plus aimable, le reprit le jeune Potter. Bon, t'étais où alors ? »

Yselle prit le temps de s'asseoir dans l'un des fauteuils qui l'entouraient. Elle se frotta vivement  sa paupière droite comme pour réprimer la fatigue qui menaçait de revenir l'assaillir. Puis, un peu ennuyée, elle répondit tout de même.

« - La réponse que je vais vous donner ne va certainement pas vous plaire. »

Les trois garçons la regardèrent avec attention.

« -Mais avant tout promettez moi de ne pas vous fâcher, ni de vous moquer, sous peine de ne plus jamais m'entendre vous adresser la parole jusqu'à la fin des sept années à venir, les prévînt t-elle en les menaçant d'un regard sombre et perçant dont elle avait le secret. »

« -Promis, concédèrent t-ils en cœur non sans un peu de réticence de la part de certains. »

« -J'ai toujours eu un peu de mal pour dormir toute seule, avoua t-elle d'une voix moins assurée qu'elle ne l'était habituellement. Il m'arrive parfois de me réveiller en plein milieu de la nuit et je ne suis pas très rassurée. »

« -Dit plutôt que tu as peur, glissa subtilement Sirius. »

« -Non, je n'ai pas peur, protesta t-elle vivement. C'est juste que je ne suis pas très à l'aise dans le noir. Si Spider est près de moi, j'arrive à me rendormir mais ce chat est souvent en vadrouille la nuit tombé. Alors je préfère aller dormir ailleurs. Quelque part où je me sens plus en sécurité. »

« -Où ? demanda James qui redoutait la réponse de son amie. »

« -Eh bien, toute petite j'avais l'habitude de partager mon lit avec… »

« -Rogue, l'interrompit le jeune Potter en braquant son regard sur la silhouette frêle de la fillette. »

Yselle confirma d'un hochement de tête. Les trois garçons, un peu sur le choc, s'abstinrent de tout commentaires. 'Dormir dans le même lit que cette vermine de dernière catégorie', cette simple idée les répugnait au plus haut point. Une telle chose leur semblait inimaginable. Ami ou non d'Yselle, Rogue restait pour eux ce qu'il était : un affreux serpentard, un ennemi  répugnant qui à mesure du temps éveillait en eux des sentiments étrangement néfastes. Ils s'étaient promis de ne jamais remettre en compte l'amitié improbable qui existait entre leur amie et ce machin mais ils n'avaient pas pour autant renoncer à leur hostilité à son égard.

« -Tu es donc aller chez les serpentards, n'est ce pas ? demanda soudainement Sirius. Mais comment as-tu fait pour entrer dans leur maison, surtout que tu n'as pas pris le bon chemin. »

« -Secret, dit elle en se jouant d'eux avec une délice enfantin. Si je vous le dis, je suis sûre que vous n'utiliserez pas cette information comme il se doit. »

« -Allé, ne te fais pas prier, dis nous ce que c'est, la pria James les yeux brusquement suppliants. »

Peter et Sirius l'imitèrent en espérant que cela suffirait à amadouer la fillette.

« -Bien, je crois que je suis bien obligé de vous le dire, concéda t-elle. Disons que je connais quelques passages secrets et que j'ai utilisé l'un d'entre eux pour accéder directement au dortoir de Severus. »

« -Comment c'est possible ? s'étonna Peter.

« -Vous vous rappelez le vieux livre que j'avais avec moi dans le Poudlard express ? »

« -Celui qui fais presque ta taille ? demanda un Sirius taquin. »

« -Oui celui-là, confirma Yselle. C'est une Histoire de Poudlard revue et corrigée. Pour être plus précise, il y a dedans des informations qu'on ne trouve pas dans le livre que l'école nous a conseillé de lire. »

« -Quand tu parles d'informations, tu veux dire des passages secrets ? demanda un James très intéressé. »

« -Oui et non. Ce livre donne des indications pour trouver des passages secrets mais il ne mentionne pas leur localisation exacte. Il faut un certain bon sens et beaucoup d'intelligence, fanfaronna t-elle, pour les trouver mais à ce que j'ai pu lire il y en a une quantité incroyable sans parler des autres secrets que cette école renferme. »

Sirius et James échangèrent un long regard. Tous deux affichaient un rictus ravi. Cette information était une bénédiction pour eux. Depuis le temps qu'ils étaient à la recherche de ces 'fichus' passages, Yselle venait les leur livrer sur un plateau doré. Avec un peu de diplomatie, ils parviendraient sûrement, pensaient t-ils, à la convaincre de leur prêter son si précieux livre. L'affaire faite ils n'auraient plus qu'à retranscrire les indications trouvées sur le morceau de Cache-tout que James avait acheté dans l'un des magasins louches qui peuplaient le Quai des Embrumes. Leur plan était parfait. Sirius et James sentaient déjà l'excitation monter en eux tandis que leur rêve de pouvoir circuler dans l'enceinte de cette école en totale liberté devenait à présent réalité. Avec ces passages secrets, les deux griffondors n'auraient bientôt plus de compte à rendre à personne, plus de couvre-feu, plus rien qui ne les empêche de mener à bien tous ce qui viendrait à leur passer par la tête. Ce livre était plus qu'une aubaine, c'était un don inespéré.

« -Où as-tu trouvé ce livre ? questionna Sirius qui venait de se remettre de ses émotions. »

« -Quai des Embrumes, toussota t-elle rapidement l'air gêné. »

« -Tu es allé là-bas ?! s'étonna Peter qui n'arrivait pas à imaginer cette petite chose qu'était Yselle déambuler dans la noirceur de ce quartier malfamé. »

« -Ne me dis pas que tes parents moldus t'ont laissé aller dans un endroit pareil ?! reprit le jeune Black d'un ton soupçonneux. »

«-J'ai été me balader au Chemin de Traverse pendant que mes parents se reposaient à notre hôtel, avoua t-elle. C'est par le plus grand des hasards que je suis tombé sur le Quai des Embrumes. Ma curiosité m'a poussée à mettre mon nez dans l'une des boutiques qui s'y trouvait. C'était une librairie un peu poussiéreuse et pas très accueillante : « Gloom's black books », je crois. Il y avait plein de livres intéressants mais celui-ci coûtait trop cher pour que je puisse en acheter d'autre, alors je n'en ai pris qu'un. »

« -J'aurais jamais cru çà de toi, reprit un James effarer. Aller te promener toute seule aux Quais des Embrumes. Et moi qui pensait être le seul a en être capable. »

« -Te voilà détrôner par notre 'Miss-peur-de-rien-sauf-du-noir', se moqua Sirius. »

« -Je n'ai pas peur du noir ! protesta à nouveau Yselle. J'ai juste un peu de mal à m'endormir quand je suis toute seule, c'est tout. »

« -Ouais, si tu le dis, admit le jeune Black. Bon c'est pas tout mais moi j'irais bien me recoucher un peu avant les cours. J'suis crevé. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Sirius s'était dirigé vers l'escalier de son dortoir. Peter lui emboîta le pas. James et Yselle firent de même. Au moment de quitter son amie, le jeune Potter se retourna une dernière fois vers elle et lui dit :

« -Tu sais, si un jour tu as besoin de dormir quelque part, tu peux toujours venir dans notre dortoir, je serais content de te prêter un bout de mon lit. »

Yselle le regarda avec gratitude avant de venir effleurer ses lèvres sur le velouté de sa joue imberbe.

« -Merci, ajouta t-elle simplement. »

James l'observa à son tour, un peu gêné. D'un geste machinal, il gratta la broussaille de ses cheveux noirs avant de reprendre d'un ton protecteur :

« -Cà sera toujours mieux que d'aller te perdre je ne sais où avec je ne sais qui. »

            Yselle n'avait jamais été une enfant de l'hiver même si elle avait vu le jour en plein mois de Février à une époque de l'année où le vent glacial se matérialisait en une piqûre violente capable de faire naître la brûlure à la surface des chaires rougies. Non, cette saison ne lui plaisait pas. Les grandes étendues de neige immaculée étaient une vraie désolation pour elle. Elle ne trouvait aucune satisfaction à observer le paysage se transformer en landes désertiques, aucune joie à contempler le ciel se figer dans une dramaturgie grisâtre. Yselle ne se rappelait pas à quand remontait cette certaine répulsion pour l'hiver. Ce désamour lui semblait naturel. Elle aimait croire qu'elle était née avec ce sentiment ancré très profondément en elle mais sur ce sujet elle se trompait complètement. La jeune Edelweiss ne pouvait se souvenir qu'âgée de quelques jours à peine elle avait eu à affronter seule les blessures du froid au point d'en être à jamais traumatisée. Il était impossible qu'un tel souvenir demeure encore vivant à la surface de sa mémoire. Pourtant il en avait été ainsi quand au bord de la mort, sa mère, Zinnia Edelweiss, avait, dans un geste de désespoir ultime, délaissé son enfant aux portes monstrueuses d'Equilhem. Ce bébé empaqueté dans des linges qui n'avaient pas été suffisant pour le prémunir des morsures de la nuit glacée, ce bébé qui n'avait pourtant pas pleurer, attentif aux moindres souffles de cette mère qui le quittait sans avoir eu le temps de le chauffer de son amour. Yselle n'aurait pu se rappeler de cette dernière image que Zinnia laissa à son enfant, de ses pleurs retenus qui contractait son visage, de ses gestes incertains mêlés d'un désoeuvrement totale et d'une tendresse infinie qui venaient caresser la douceur d'une peau pure. Ce souvenir ne pouvait lui être familier et pourtant, malgré elle, il s'était enraciné profondément dans l'inconscient de cette fillette au point de faire naître en elle, onze ans plus tard, une mélancolie incompréhensible devant le déploiement grandiloquent de l'hiver. De cette funeste nuit d'adieux, Yselle avait également gardée sa peur d'être seul la nuit tombée. Elle n'avait pris conscience de cette crainte qu'en arrivant chez les Tecker, sa famille d'adoption. A Equilhem, elle avait toujours su se glisser malicieusement dans le lit de Severus sans que personne n'ait quelque chose à y redire. A St Andrews, il en avait été autrement. Laissée seule dans la grande chambre qui lui avait été réservée, Yselle avait rapidement été effrayée par le grand vide qui l'oppressait quand le noir s'installait partout autour d'elle. Pendant des nuits entières, elle demeura figer dans les ténèbres attendant qu'un sommeil improbable vienne la cueillir. Puis elle avait fini par se faire à cette nouvelle réalité, malgré elle. Yselle pensait en avoir terminé avec cette terreur enfantine mais arrivée à Poudlard, elle du se faire une raison. Elle n'avait  trouver qu'une solution simple à son problème : aller chercher le confort dans le lit de ses amis. C'était une habitude qu'elle avait rapidement adoptée avec un naturelle propre aux fillettes de son âge. Il n'en était pas un seul qui s'en plaignait.

            A chacune des marches qu'elle gravissait, Yselle ne pouvait s'empêcher de jeter un regard songeur sur le paysage que les meurtrières, percées dans l'épais mur de l'escalier à vis, laissaient entrapercevoir. Tout était déjà blanc depuis quelques jours. La neige avait accompagné le mois de Décembre comme une mariée son époux aux portes de l'Hôtel. Le grand lac s'était lui aussi parer de son glacial manteau d'Hiver. Si Yselle n'estimait pas beaucoup cette saison, il était une chose qu'elle appréciait plus que tout à cette époque de l'année : la lumière orangée qui s'étalait partout avant que le soleil ne vienne à disparaître longuement. Cet instant béni correspondait bien souvent avec la fin de ses cours. Les rayons, absents toute la journée, éclataient soudainement à l'orée de l'horizon, léchant de leur éclat doux la moindre parcelle de terre. Tout se recouvrait alors de cuivre et d'or. Ces projections précieuses dansaient à la lisière des ombres immensément longues qui s'étalaient comme de grandes asperges immatérielles. La chaleur de cette dernière lumière avait le don de rassurer la jeune Edelweiss. Elle apaisait son cœur mieux que ne l'aurait fait la plus savoureuse des douceurs. Yselle finissait par en oublier même le sentiment d'angoisse qui allait naître en elle quand la nuit prendrait son règne. Pour le moment, elle appréciait innocemment la beauté de ce ciel peint de sublime. C'est le cœur léger qu'elle atteint la porte du bureau de son grand-père. Il l'avait fait appeler quelques minutes plus tôt alors qu'elle étudiait consciencieusement au milieu des rayonnages de la grande bibliothèque. Ces trois amis griffondores avaient, quand à eux, préférés assister aux entraînements de leur équipe de quidditch aussitôt leurs cours achevés. Yselle pouvait facilement visualiser l'image des trois garçons encapuchonnés de la tête aux pieds, debout, le regard admiratif lancé en direction de la fraction des joueurs qui évoluait gracieusement dans les airs, leurs mains accrochées sur la rambarde qui entourait le grand terrain. Il lui suffisait de fermer les paupières pour se trouver là, à leur côté et pour lire l'envi insatiable dans les yeux de James qui plus que n'importe qui rêvait de faire parti de cette escadron d'élite et d'apporter à sa maison honneur et victoire. Ce ne serait pas pour cette année mais plus tard on proposerait sûrement à ce jeune garçon fougueux de devenir l'un des membres de cette équipe.

Quand Yselle approcha de la magnifique porte sculptée qui marquait l'entrée du bureau, elle entendit distinctement la voix de deux hommes tonnés dans le silence de la tour. Deux voix qui lui étaient des plus familières. Albus Dumbledore, son grand-père et Lacasse Malfoy, actuel représentant de la dynastie du même nom, étaient engagés dans une conversation des plus animées. Le ton poli employé par les deux hommes n'était qu'un leurre, Yselle le savait bien. Mr Malfoy et son grand-père ne s'étaient jamais entendus. La fillette l'avait compris le jour où Dumbledore était venu la chercher à l'orphelinat. Par décision du Grand tribunal des législations familiales entre sorciers, le vieil homme avait obtenu le droit de veiller sur son bien être. La première chose qu'il fit, fut de retirer sa petite fille, âgée d'à peine 5 ans à l'époque, de l'orphelinat dans lequel elle avait vécu jusqu'alors. Lacasse avait été très contrarié par cette décision et l'avait fait instamment comprendre à Dumbledore. Le vieux sorcier était demeuré de marbre devant la hargne du bienfaiteur d'Equilhem. Malfoy pouvait bien enragé, cela n'aurait rien changé. Dumbledore avait la loi de son côté. Elle avait fait de lui le tuteur légal de sa petite-fille, Lacasse perdait tout droit sur cette enfant. Malheureusement pour lui, les choses se révélèrent plus compliquées. Malfoy réussit à faire admettre au Grand tribunal que ses années de soin portées à l'enfant répondant au nom d'Ysella Bella Adoria Edelweiss lui octroyait un droit de garde partiel qu'il pouvait faire valoir auprès du bureau des affaires familiales une fois par an. Satisfait de cette décision, Lacasse Malfoy s'appliqua à user de cette ordonnance pour accueillir à nouveau, deux semaines par an,  la fillette au sein d'Equilhem. Cette situation n'avait jamais déplu à Yselle, bien au contraire. Elle était ravie, chaque année, de retourner auprès de Severus, de se retrouver entourer par les murs épais d'un orphelinat que beaucoup de gens jugeaient des plus sinistres mais qui éveillait encore en elle un bien être nostalgique.

« -Je me fiche bien de savoir si vous êtes d'accord ou non, Albus. J'en ai fait la demande auprès du bureau des affaires familiales qui la tout de suite accepter. Je ne fais que vous informer en personne. Il me semblait plus civile de ma part de venir jusqu'ici pour vous porter la nouvelle plutôt que de vous envoyer une missive que je jugeais trop impersonnelle. »

La voix de Lacasse était suave. Fâché ou non, il conservait ce ton placide, enjôleur et ampli d'un sarcasme raffiné qui lui était si particulier. Yselle avait toujours été captivée par ce timbre velouté. Au si loin qu'elle s'en souvienne, cette voix avait toujours été bienveillante à son encontre.

« -C'est trop aimable de votre part, rétorqua Dumbledore en intensifiant l'acier de son regard. Je me demande seulement pourquoi décider de l'emmener pour les vacances d'hiver et non cet été comme les années précédentes. »

« -Il n'y a rien à comprendre, lança son interlocuteur avec un rictus moqueur. Et puis un peu de changement ne peut pas faire de mal. »

Lacasse se leva de son siège, fit quelques pas vers la porte avant de se retourner une dernière fois vers le directeur de Poudlard.

« -N'oubliez pas, je viendrais moi-même la chercher au début des prochaines vacances. »

Dumbledore demeura silencieux, les yeux continuellement dirigés en direction de cette silhouette altière qui s'apprêtait à disparaître de son champ de vision. Quand il ouvrit en grand la porte, Lacasse Malfoy se retrouva face à une petite forme chiffonnée mais des plus exquises à ses yeux. Yselle se tenait devant lui, muette.

« -Oh, Ysella, s'exclama t-il d'un ton aimable. Je suis ravi de te voir. »

L'Edelweiss ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire rayonnant. Elle s'inclina rapidement pour lui adresser une jolie révérence.

« -Toujours aussi charmante, reprit t-il en caressant la tête de la fillette. »

Yselle aimait sentir les doigts de Mr Malfoy s'emmêler dans ses boucles. C'était un rituel. A chaque fois qu'ils se revoyaient, Lacasse Malfoy tendait une main tendre vers cette petite fille. Un geste affectueux, un geste rare de la part d'un homme comme lui. Lacasse Malfoy, silhouette élancée, merveille de grâce et de subtilité, raffinement à l'extrême qui faisait de cet être un spécimen des plus attrayants. Mais au-delà de cette apparence avantageuse, le sieur Malfoy demeurait le meilleur représentant de sa caste. C'était ainsi qu'il voulait être vu et c'était ainsi qu'il était perçu par tous. Le moindre de ses mouvements semblaient avoir été calqués sur le manuel des us et coutumes des grandes familles aristocratiques. Il n'était aucun homme qui aurait pu rivaliser avec son assurance. L'esprit perché au-dessus du commun des mortels, Lacasse Malfoy semblait inatteignable. Yselle ne l'imaginait pas autrement. Il lui aurait été difficile de l'envisager d'une façon différente. Impossible pour elle, de voir en lui un être  à proprement dit 'normal'. Elle aurait d'ailleurs été incapable d'être fascinée par une personne transpirant la banalité. Son monde était un agglomérat de personnalités surréalistes et parmi eux, Lacasse Malfoy tenait une place de choix. Yselle et lui échangèrent un regard furtif, juste le temps pour elle de constater que l'image de cet homme ne changeait pas : grand, les cheveux d'un blond lunaire coupés à la romaine, une pilosité platine dessinée autour de ses lèvres fines, une peau d'une carnation unique. Unique ? Presque. En approchant sa main de la sienne, Yselle pu constater à quel point la pâleur de leur chaire était semblable. La fillette avait toujours cru que l'on ne pouvait ressortir d'Equilhem sans ce teint cadavériquement divin. C'était une particularité qu'il ne lui déplaisait pas de partager avec d'autres et surtout pas avec des personnes comme Severus Rogue. Son Severus à côté de qui, parfois, il lui paraissait être aussi semblable que peut l'être une soeur : même pâleur, même chevelure sombre, même regard ombrageux. Mais les similitudes s'arrêtaient là. Ce n'était pas suffisant pour faire de lui un frère de sang. Qu'importe qu'ils appartiennent à deux familles différentes, Equilhem les avait lié plus profondément que n'aurait su le faire un quelconque lien de parenté.

« -Je dois m'en aller, Ysella, mais peut être voudras tu me raccompagner jusqu'aux portes du château. Nous aurons ainsi l'occasion de discuter un peu. »

Yselle adressa un regard incertain en direction de Lacasse Malfoy puis dirigea prestement ses yeux ronds vers son grand-père.

« -Grand-père ? lança t-elle en guise de question. »

« -Je t'en prie, Yselle, nous pourrons nous voir plus tard. »

La fillette le remercia d'un sourire. Dumbledore observa Lacasse et Yselle disparaître derrière la porte sculptée de son bureau. La situation ne lui plaisait pas mais cela n'avait rien de nouveau. Il demeura un instant le regard concentré sur les éraflures du bois qui se dressait devant lui. Sa petite-fille n'aurait jamais dû rester si longtemps à Equilhem, elle n'aurait, d'ailleurs, jamais dû y mettre les pieds.

Yselle et Lacasse parcoururent le couloir côte à côte. La canne de Malfoy marquait chacun de leur pas. Contre les dalles bossues de la galerie, elle résonnait d'une jolie manière. Mais Yselle n'y prêtait pas attention. Elle avait si souvent entendu ce bruit caractéristique retentir dans les épaisseurs d'Equilhem qu'elle avait fini par en oublier presque l'existence. De temps en temps, la fillette laissait son regard miroitant dériver sur le pommeau d'argent qui coiffait cette hampe d'ébène. Elle avait toujours vu Lacasse Malfoy accompagné de cet objet précieux. Ce fut plus tard qu'elle apprit comment et pourquoi il en avait fait l'acquisition. 'Un accident' lui avait t-on dit. Un accident qui avait rendu le si magnifique Mr Malfoy boiteux. Pourtant, contrairement au grand aigle pathétique à qui l'on aurait brisé une aile, cet homme n'avait rien perdu de sa superbe, en tout cas pas pour Yselle. Cet être restait aussi séduisant qu'un diable, aussi séduisant que pouvait l'être un diable boiteux.

« -J'espère que tu es heureuses de rejoindre Equilhem pour les prochaines vacances. »

La fillette confirma d'un hochement de tête.

« -Je suis sûre que tu y passeras le plus inoubliable Noël de ta vie, poursuivit t-il en affichant un sourire étrange. »

Yselle leva son regard vers lui et y rencontra aussitôt l'argent de ses iris.

« -Je t'offrirais un très beau cadeau, Ysella, expliqua t-il d'un ton intriguant. »

« -Un cadeau ? Un cadeau pour moi ? demanda t-elle étonnée. »

« -Oui mais ne me demande pas de t'en dire plus, reprit t-il avec amusement. C'est une surprise et je veux que çà le reste. »

Lacasse caressa à nouveau les boucles de la jeune fille. Puis son sourire s'effaça.

« -Dommage que tu te retrouve chez les griffondores, ajouta t-il d'une voix plus sombre. Tu es si intelligente comment peut-on te prendre pour l'un de ses abrutis. Quelle étrange répartition. »

Yselle le regarda à nouveau un peu gênée. Elle voulut, un instant, raconté à Mr Malfoy ce que le Choipeaux  lui avait dit mais elle se ravisa sans bien savoir pourquoi. Lacasse la scruta étrangement comme s'il tentait de lire ses pensées mais très vite il détourna son attention pour reprendre son attitude lointaine et dégagée.

« -Qu'importe, tout ce qui compte c'est que tu sois heureuse, n'est ce pas ? »

« -Je suppose, murmura t-elle avec une voix qui avait perdu brusquement son enthousiasme. »

Yselle était très attaché à Mr Malfoy sans qu'elle ne puisse expliquer pourquoi. Cet attachement la rendait d'autant plus sensible au moindre variation d'humeur de cet homme. Elle avait très nettement discerné une sorte de déception ternir le timbre de sa voix quand il avait évoqué sa répartition. Ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait une remarque pareille. Lucius s'en était même moqué. Severus avait préféré ne rien rajouter.

Avant de partir, Lacasse s'était agenouillé devant la petite fille. Il avait repris cette expression presque affectueuse qu'il n'était capable d'adresser qu'à elle.

« -Nous nous reverrons pour les vacances. Je viendrais vous chercher, Lucius, Severus et toi. Et je t'offrirais ton cadeau. Cela te va ? »

« -Oui, répondit t-elle simplement en hochant la tête. »

Lacasse lui caressa la joue comme pour lui dire au revoir puis se releva aussitôt avant de disparaître. Yselle aurait tellement aimé embrasser une de ses joues pâles. Elle aurait aimé sentir sa chaleur réconfortante contre elle. Elle avait pensée un instant se pencher pour lui offrir une dernière accolade mais elle n'avait pas osé. Ce n'était pas son père. Quand bien même cet homme s'était occupé d'elle, cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle pouvait se permettre de telles familiarités. Lacasse Malfoy ne l'aurait d'ailleurs peut être pas très bien pris. Si seulement son père pouvait être comme cet homme, si seulement il pouvait être là, à ses côtés comme l'avait été Mr Malfoy. Elle en serait tellement heureuse.

            Les rayons de la lune glissaient dans ses cheveux comme des fils d'argent prisonniers dans un brouillon de boucles sombres. Elle était semblable aux autres fois. Petite, menue, attendrissante dans sa robe de percale blanche chiffonnée par la nuit. James n'eut pas besoin de se frotter les yeux pour deviner qui se tenait timidement devant lui. Il se recula machinalement dans son lit pour lui faire un peu de place et écarta l'édredon tout chaud. Yselle se glissa à côté de lui. Comme à son habitude, une fois allongée, elle tourna son visage vers celui du jeune Potter. Dans la nuit son visage était bleu, ses tâches de rousseur l'étaient tout autant, ses grands yeux étaient pareils à deux perles d'eau sombres. Malgré le sommeil, James pouvait si plonger sans gêne.

« -Tu n'arrives pas à dormir ? demanda t-il en réprimant un bâillement léger. »

« -J'ai un peu peur toute seule dans mon lit, avoua t-elle. Et puis, Spider a encore disparu. »

« -De quoi as-tu peur ? »

« -De me rendormir, expliqua  t-elle dans un murmure. Je fais d'horribles cauchemars. »

« -Des cauchemars ? Quel genre? »

« -Et bien, du genre trop réaliste pour moi, répondit t-elle à voix basse. »

« -Peut être que si tu me le racontais, il te ferait moins peur après, lui souffla James en fixant son attention ensommeillée sur elle. »

Yselle marqua une pause avant de lui répondre :

« -Je rêve que je me noie dans un lac gelé. »

« -C'est affreux ! »

« -Ouais, c'est sûre qu'il y a mieux comme cauchemar, reprit t-elle d'un ton plus léger. Mais ce qui est le plus désagréable c'est quand je me réveille, j'ai toujours l'impression que quelqu'un m'observe. C'est pour çà que j'ai du mal à me rendormir. Je ne suis pas très rassurée. »

« -J'comprend mais tu devrais pas y penser, la rassura le jeune garçon. Ton rêve ne reste qu'un rêve et puis qui pourrait bien te guetter comme çà toutes les nuits ? »

« -Personne, concéda t-elle. Tu as raison çà n'a pas beaucoup de sens. »

James lui renvoya un sourire apaisant. La fillette en esquissa un à son tour.

« -Bonne nuit James. »

« -Bonne nuit Yselle. »

             Au-delà des vallons rassurant de Poudlard, au-delà de ce lac qui l'enserrait dans son étau grisâtre, pendant que la nuit enveloppait suavement le corps de ces enfants, pendant que leurs esprits encore insouciants dérivaient lentement vers un profond sommeil, des voix résonnaient comme des bruissements de fantômes dans  l'épaisseur d'un lieu hanté, d'un lieu lointain. A Eusebach, là où naguère la vie avait eu une raison d'être, dans ce domaine immense, il trônait. Imperturbable dans son fauteuil de cuire, il faisait vogué ses pensées au gré des flammes vacillantes de l'âtre. Il n'avait ni froid, ni chaud. Il ne ressentait ni peine, ni bonheur. Tout semblait vide autour de lui. Le temps lui-même était comme figé. Il attendait. Depuis combien de temps attendait t-il ? Depuis toujours aurait t-il pu répondre. Une silhouette famélique se présenta à lui, projetant involontairement son ombre immense à travers la pièce.

« -Eh bien, Spider, comment va ma fille ? »

« -Très bien maître. »

« -Assis toi et raconte moi de quoi il en retourne. »

A suivre…

A/n : Mais qui c'est ces gens qui discutent pendant que les autres dorment ? Vraiment n'importe quoi cette fic ! Enfin bon c'est pas grave, tant qu'Yselle et ses copains ont leur 8 heures de sommeil tout va pour le mieux. Maintenant revenons aux choses sérieuses : çà vous a plu ? Je l'espère. Il se passe quelques trucs importants dans ce chapitre, vous ne trouvez pas ? Non ? Peter qui fait son trou tranquille, le début de la carte des Maraudeurs, le renforcement de l'amitié entre Yselle, James et Sirius, l'arrivée de Lacasse Malfoy (personnage important), les rêves de Zélie et puis Spider…çà fait quand même pas mal de choses.

La suite à venir sera un peu plus centrée sur Yselle et ses affinités avec deux serpentards en particulier. Il y sera question également de la fameuse surprise que Lacasse réserve à la fillette. Ce sera également la dernière partie consacrée à la première année de nos Maraudeurs. Après çà j'enchaîne directement sur leur quatrième année. J'écrirais un ou deux chapitres puis aller directe pour la cinquième année. C'est à partir de là que les choses vont se corser pour Yselle et ses amis. Voilà le programme. J'espère qu'il vous plaît. Si ce n'est pas le cas, faite le moi savoir.

J'allais presque oublier de vous menacer de ne pas écrire la suite si je ne recevais pas des rewiews à la pelle. Mais je ne crois pas que ce genre de menaces marche vraiment. REWIEWS quand même.

Merci encore et des valises de bisous (c'est lourd mais çà fait chaud au cœur) à tout le monde.