Youpi, youpi (la joie me rend cinglée mais vous êtes prié de la partager avec moi), j'ai finit… (Batterie de tambour, le suspense monte)…mon cinquième chapitre. Là, je sens que vous êtes tous contents. Et vous avez intérêts ('Nell la menace' vient de se réveiller). Je suis très satisfaite de moi. J'ai bossé comme une dingue sur cette nouvelle partie en deux semaines, vingt pages tapées, je trouve çà honnête. Non ?

Je l'ai déjà dit précédemment mais préfère le répéter au cas où vous auriez oubli : ce chapitre commence au milieu de la quatrième année de nos héros (en plein mois de Janvier pour être plus précise). Tout commence à se chambouler à partir de cet épisode. Si le début semble des plus joyeux pour Yselle, il n'en est rien à la fin. Mais vous verrez vous-même.

Je dois seulement vous prévenir que j'ai réutilisé une partie que j'avais écrite pour la Complainte des Edelweiss. Ce n'est pas par paresse mais parce que c'est moi qui décide.

Bonne lecture.

Ness : Désolé de te répondre un peu tard. Merci pour tes rewiews. J'espère que ce chapitre te plaira autant que les précédents.

Petite-Rhiannon : Pas de relation entre Voldy et sa petite fifille dans ce chapitre mais il reviendra bien un moment ou un autre. Bisou à toi.

Lisandra : De rien. C'est un grand plaisir pour moi surtout quand on m'envoie de si gentil rewiew.

Gwen : Je suis heureuse que la Complainte t'ait plus. Encore plus de savoir que la suite ne te déçoit pas trop. Bisou à toi et à un gros merci.

Lily Petite Etoile : J'espère que la suite de l'Edelweiss n'alourdira pas trop ton ordi. Pas grave que tu n'es pas rewiewé la Complainte tant que mes fics te plaisent (je devrais pas dire des choses pareils, on va finir par plus m'envoyer de rewiew). Merci à toi.

Bee orchid : D'abord un énorme bisou et un énorme merci à toi. Toujours de merveilleuses rewiews. Je ne pourrais plus dire que je ne savais pas que tu aimais le personnage de Lucius. Çà tombe bien moi aussi je l'adore (sinon je n'aurais pas fait de lui le p'tit n'amoureux d'Yselle dans la Complainte. Côté question, je n'ai pas pensé à incorporer Narcissa à mon histoire. Si je le fais ce sera plus tard. Concernant HP 3, je l'ai déjà vu deux fois. Je ne peux pas dire que c'est un chef d'œuvre, que j'ai été transporté par la réalisation (il y a trop de lacune pour que j'en arrive à un tel avis) pourtant je l'ai bien aimé. J'ai beaucoup rigolé la première fois que je l'ai vu et appréciée de le voir une 2ième fois. L'atmosphère est encore plus magique que dans les précédents film et comme tu le dis si bien les acteurs sont devenus super craquants (pour mon petit cœur de midinette çà compte beaucoup). Conclusion : je serais sûrement la première à acheter le Dvd quand il sortira. Quand aux fanarts, tu peux me les envoyer sans problème. Je serais d'ailleurs très heureuse de les avoir. Si tu as des adresses de sites où je peux les trouver tu peux aussi me les donner. Ce serait très sympa de ta part. P.S : Tu es folle, je suis folle, on est d'accord. On a plus qu'à monter un club. Bisou à Missa et l'esprit qui la tourmente.

Ninou : Pas grave si t'es pas une grande dessinatrice, continue à m'envoyer des rewiews, çà me suffit amplement. Voldy qui aime quelqu'un d'autre ? La question reste entière malgré les apparences. Pour moi les choses sont plus compliquées mais on verra bien. On n'est pas à l'abri des surprises. Bisou Ninou.

Shiri : Prend ton temps pour les dessins, je ne suis pas pressée. Tu as raison, j'ai oublié de mettre la légende concernant Merry mais c'était seulement pour rappeler à ceux qui auraient déjà oublié que Merry Tecker était la sœur adoptive d'Yselle ainsi que la mère adoptive (y a beaucoup d'adoptés dans cette histoire) d'Hermione. Concernant Voldy, je dirais qu'il est surtout ravi de savoir qu'il pourra un jour utiliser les pouvoirs de sa fille. Mais chut ! Il faut le dire à personne.

Aliri : Etrange, Voldemort qui aime quelqu'un ? Lui qui est si gentil, si soucieux de son prochain. Moi, perso, çà ne m'étonne pas de lui. J Je suis contente que tu ne te sois pas fais mal cette fois-ci (je me soucie beaucoup de mes lecteurs et encore plus de mes rewiewers fidèles). Encore une fois, je me suis pressée pour envoyer ce chapitre (essentiellement parce qu'on me l'a demandé). Merci à toi et bonne suite.

Althea : Je voulais faire un gros coup de pub pour prévenir que j'avais mis un nouveau chapitre mais paraît que c'est interditJ. Tu me le diras si ce chapitre est aussi bien que le précédent ? Bisou à toi et à bientôt.

L'EDELWEISS

Chapitre V : Une chanson douce à son oreille.

Quatrième année à Poudlard…

La petite chapelle de Poudlard était habituellement un lieu vide et silencieux. Il en était ainsi à toutes heures de la journée mise à part quand la chorale de l'école venait y établir ses quartiers trois fois par semaine. Durant ces moments d'agitation besogneuse, cet endroit étroit se transformait en grande caisse de résonances, une salle de concert à l'acoustique parfaite d'après ce qu'en avait dit Mona Fleurety, il y a quelques années de cela. La finesse de cette nef unique au plafond nervuré invitait au travail et à une certaine discipline. Passé la cacophonie des premières minutes, les apprentis choristes retrouvaient tout leur professionnalisme. Sous la mesure de leur tout nouveau meneur de chœur, la très jeune et sémillante, Ysella Edelweiss, le petit groupe de chanteurs répétait consciencieusement. Mais en ce jour d'hiver rien n'était comme d'habitude. La petite chapelle, cage de verre enchâssée dans de lourds faisceaux de pierre, avait perdu sa tranquillité coutumière. L'averse qui s'abattait sur l'école depuis trois jours faisait résonner sa fureur sur les grands vitraux de la précieuse église. Très vite la symphonie de voix à peine matures avait plus ou moins réussit à couvrir ce tambourinement incessant.

Three gipsies stood at the castle gate,

They sang so high, they sang so low,

The lady sat in her chamber late,

Her heart it melted away as snow.

Trois bohémiens se tenaient debout à la porte du château,

Ils chantaient si fort, ils chantaient si bas,

La demoiselle les écoutait assise dans sa chambre,

Son cœur fondant comme de la neige.

Des timbres aigus mêlés aux vibrations des barytons de dernière année. Yselle regarda son groupe, bien disposé en rang sur les marches de l'autel, chantonner comme de parfaits enfants de choeur. Une oreille attentive, l'autre partie s'égarée dans les clapotements de l'eau qui filait sur les plombs des vitres. Son esprit finit rapidement par s'égarer on ne sait trop où.

They sang so sweet, they sang so shrill,

That fast her tears began to flow,

And she laid down her silken gown,

Her golden rings and all her show.

Ils chantaient si doucement, il chantaient si aigu,

Que très vite ses larmes sont devenues des flots,

Et elle a déposé ses habits de soie,

Ses anneaux d'or et tout ses ornements.

Yselle s'approcha lentement d'une grande lancette aux carreaux blancs entrecroisés de losanges. Son regard s'attarda sur le paysage noyé sous les eaux. La pelouse était encore verdoyante et les arbres nus comme des vers mais pas de neiges. C'était la première fois depuis qu'elle se trouvait dans cette école qu'un mois de janvier était étonnement vert. Pas le moindre îlot blanc, pas la moindre gelée, pas la moindre stalactite pendue aux traverses des fenêtres, rien qui se rapporte au climat hivernal de Poudlard si ce n'était un froid anesthésiant.

She plucked off her high-heeled shoes,

a-made of spanish leather, O,

she walked in the street with the bare

bare feet all out in the wind and weather, O.

Elle a enlevé ses hautes chaussures

Faites dans un cuir espagnol, O,

Elle a marché dans la rue, sans richesse,

Les pieds nus exposés au vent et au temps, O.

La jeune griffondore songea un instant à ses dernières vacances de Noël. Elle en rie presque en repensant à la tête que Severus avait faite quand elle l'avait traîné avec elle aux sports d'hiver. Severus sur des skis. Ce souvenir était des plus caustiques.

O, saddle to me my milk-white steed,

And go and fetch me my poney, O,

That I may ride and seek my bride,

Who is gone withe the wraggle taggle gipsies.

O, sellez mon blanc destrier,

Et allez me le cherchez, O,

Que je puisse galoper jusqu'à ma fiancée,

Qui est partie avec la bande de bohémiens.

L'odeur du chocolat chaud au coin du feu, le goût mielleux du pain d'épice sorti du four, la douceur des laines d'alpaga, le bruit du vieux phonographe enraillant un air de jazz, tout lui revenait en mémoire avec une douceur nostalgique. Elle avait aimé passer ses instants privilégiés avec son ami d'enfance. C'était bien les premières vacances qu'ils partageaient ensemble sans qu'il n'y ait l'ombre de son père ou de Mr Malfoy qui vienne planer sur leurs jeux d'enfants. Maman Tecker avait été des plus attentionnée avec son ami, Papa Tecker avait joué les bons pères de famille et Merry avait discuté longuement avec le jeune garçon des bienfaits de la pharmacopée moldue. Severus avait rendu la politesse avec toute la maîtrise que la jeune Yselle lui connaissait. Quelles étaient belles et heureuses ces vacances ! Des vacances d'une insouciance terriblement apaisante.

O, he rode high and he rode low,

He rode through wood and copses too,

Until he came to an open field,

And there ge espied his a-lady, O.

O, il a chevauché les hautes et les basses vallées,

Il a traversé la forêt ainsi que les taillis,

Jusqu'à ce qu'il arrive dans un champs découvert,

Et qu'il y retrouve sa demoiselle.

Des voix dissonantes et des trémolos hésitants. Il y avait quelque chose de réconfortant de se trouver ainsi protégée des intempéries dans cette chapelle mirifique, le corps et l'âmes, réchauffés par les bulles-au-chaud qui dansaient dans l'air comme des baudruches étincelantes. Yselle en avait gardée une près d'elle pour profiter de la douce chaleur qui en émanait. Le ballon lumineux ramené à ses pieds, la jeune fille ne pouvait s'empêcher de trembler à chaque nouvelle onde d'air chaud. Yselle se recroquevilla un peu plus contre le mur comme pour emmagasiner cette chaleur providentielle. Malgré ce système de chauffage ingénieux, l'église conservait sa fraîcheur coutumière. La chapelle était connue pour son caractère réfrigérant : bienfait inespéré l'été venu mais supplice sous le joug de l'hiver. Certains des élèves avaient gardés bonnets et cache-nez de laines. Yselle en avait fait autrement. Le col de sa chemise ouvert en grand, sa gorge blanche exposée aux courants d'air, l'Edelweiss n'avait que faire de préserver sa voix d'un quelconque rhume. Il y avait bien longtemps que le jeune fille s'était fait un avis sur ses médiocres qualités de soprano. Alors qu'importe qu'elle tombe malade et que sa voix s'enraille, sans elle ce chœur aurait peut être plus de chance d'être à peu près juste.

'What makes you leave your house and your land ?

Your golden treasures for to go?

What makes you leave your new-wedded lord,

To follow the wraggle taggle gipsies, O?'

'Qu'est ce qui vous a décidé à quitter votre demeure, vos terres,

Et vos trésors dorés pour partir ?

Qu'est ce qui vous a décidé à quitter votre nouvel époux et maîtres,

Pour suivre une bande de bohémiens ?'

Yselle tenta de se concentrer sur le chœur hétéroclite qui entamait soigneusement un autre couplet. Malgré elle, elle ne pu s'empêcher de tourner son regard indifférent vers la haute verrière, offrant son dos à voir au reste des élèves choristes.

'What care I for my house and land ?

What care I for my treasure, O?

What care I for my new-wedded lord?

I'm off with the wraggles taggles gipsies,O!'

'Pourquoi me soucierai-je de ma demeure et de mes terres ?

Pourquoi me soucierai-je de mes trésors, O ?

Pourquoi me soucierai-je de mon nouvel époux et maître ?

Je suis libre parmi la bande de bohémiens, O !'

Yselle repoussa nonchalamment une mèche de cheveux derrière son oreille avant de tenter d'enrouler sa trop longue chevelure autour de sa baguette. Ce fut en vain. Ses lourdes boucles brunes retombèrent, pour la énième fois, sur ses épaules.

'Last night you slept on à goose-feather bed,

with the street turned down so bravely, O.

Tonight you'll sleep in cold open field,

Along with the wraggle taggles gipsies.'

'La nuit dernière vous dormiez sur un matelas en plumes d'oie,

A l'écart du danger de la rue, O,

Cette nuit vous dormirez dans le froid de ce champ découvert,

Ici avec la bande de bohémiens.'

Peut être fallait t-il qu'elle songe à les couper. James s'en était encore plaint ce matin quand il s'était réveillé à ses côtés, le visage piégé dans la chevelure soyeuse de son amie. Appuyé par Sirius, le jeune Potter lui avait instamment conseillé de se débarrasser de ses longues boucles enfantines comme l'avaient fait la plupart des filles de son âge qui arboraient toutes de sémillants petites coupes au carré à la mode. Yselle avait néanmoins du mal à troquer ses anglaises brouillons qui réchauffaient si bien ses oreilles l'hiver venu.

'What care I for a goose-feather bed,

with the street turned down so bravely, O?

Tonight I'll sleep in a cold open field,

Along with wraggle taggle gipsies, O.'

'Pourquoi me soucierais-je d'un matelas en plumes d'oie,

A l'écart du danger de la rue, O ?

Cette nuit je dormirais dans le froid de ce champ découvert,

Ici avec la bande bohémiens, O.'

La jeune fille ne pouvait s'empêcher de croire qu'en coupant ses cheveux elle y perdrait son âme mais cette notion purement affective dépassait complètement les capacités de réflexions de James et de Sirius. Qu'importe que sa mèche demeure mal ajustée, que ses boucles soient chiffonnées, Yselle se retrouvait dans cette image désordonnée et farouche que lui renvoyait chaque matin son miroir.

« -Qu'est ce que çà donne ? »

« -On était bon, tu trouves pas ? »

Le chœur avait fini et attendait l'avis du chef. Yselle émergea de sa torpeur lentement mais sûrement.

« -Comme d'habitude tu ne nous as pas écout ?! se plaignit l'un de ses camarades chanteurs. »

« -Bien sur que si, se défendit t-elle. »

« -Pas possible tu regardais dehors, renchérit un autre. »

« -C'est là que tu te trompes, sache que j'ai la capacité de faire plusieurs choses à la fois. Pourquoi crois tu qu'on m'ait nommée chef ? demanda Yselle avec une prétention caricaturale. »

« -Parce que personne voulait de la place, répondit naïvement une jeune poutsouffle de seconde année. »

Quelques gloussements à peine retenus se firent entendre dans la chapelle squelettique.

« -Non, protesta l'Edelweiss ulcérée par le peu de cas que l'on faisait de ses capacités de meneuse. Pas du tout. C'est parce que j'ai des aptitudes hors du commun qui correspondent tout à fait avec les responsabilités inhérentes aux fonctions de chef d'orchestre, reprit t-elle le nef fièrement pointé en l'air. »

« -Ah, ouais ?! Alors peut être que notre 'chef' va pouvoir nous dire si sa troupe de chanteurs asthmatiques est potable ou bien s'il faudrait mieux qu'on se reconvertisse fissa en club d'échecs, ironisa d'une voix traînante Henry Morgan un élève de sixième année qu'Yselle connaissait bien pour son humour corrosif et l'attitude désinvolte qu'il affichait volontiers durant leurs répétitions. »

« -Toujours aussi sarcastique, Henry?! lui lança t-elle à son tour. »

« -Toujours, c'est ma d'vise, répondit t-il d'un air dégagé. »

Yselle lui envoya un petit sourire crispé avant de se concentrer à nouveau sur sa petite cohorte de chanteurs qui semblaient attendre désespérément son compte rendu.

« -Bien, alors, pour résumer, on est loin d'atteindre des sommets de grâce lyrique mais vu votre niveau çà reste correcte, avoua t-elle avec une lassitude flagrante avant de faire le tour de chaque chanteur. Berthille, trop de montée en aigu dans la seconde strophe, une octave de plus et on était bon pour refaire les vitraux de la chapelle.

La jeune Berthille en question hocha aussitôt la tête, rouge de honte.

« -Nestor, revoie ta diction, continua Yselle impassible en se tournant vers un garçon de cinquième année à l'allure débonnaire. Impossible de comprendre quoi que se soit à ce que tu baragouine. »

« -'Es 'a 'a 'au'e, tenta t-il d'expliquer sans succès. »

« -Quoi ? J'ai rien compris, reprit Yselle. »

« -Il dit que c'est pas de sa faute, expliqua Exina qui semblait être la seule à maîtriser le langage mystérieux de Nestor Needlecraft. »

« -Et pourquoi çà ne serait pas de sa faute ? demanda l'Edelweiss en posant ses mains sur ses hanches pour se donner un semblant d'autorité. »

« -'Ai 'oin'é 'a 'an'e 'an 'un 'i'oi', reprit Nestor avec autant de difficulté. »

« -Toujours rien compris. »

« -Il s'est coincé la langue dans un tiroir, traduisit aussitôt Exina. »

Yselle jeta un coup d'œil perplexe en direction de Nestor Needlecraft.

« -Ouais, logique. C'est sûr que çà arrive à tout le monde, lança t-elle d'un ton sarcastique avant de reprendre la liste de ses critiques. Théotime, tu vas trop dans les graves alors qu'il n'y en a pas besoin. Gudule, cesse de piailler à chaque fin de phrase. Et puis il faudrait plus d'harmonie dans l'ensemble. »

« -Déjà qu'on est pas en harmonie avec notre propre voix alors avec celle des autres c'est même pas la peine de compter là-dessus, commenta Henry Morgan. »

« -Merci pour le morale des troupes, Henry. C'est avec des personnes aussi motivées que toi qu'on va y arriver, répliqua l'Edelweiss dans une demi grimace. »

« -Chef ? Chef ? Vous pensez qu'on sera prêt pour le prochain concert ? demanda une élève de troisième année qui tirait frénétiquement la manche d'Yselle pour attirer son attention. »

« -Béatrix, je t'en prie, cesse de me vouvoyer pendant les cours de chant. »

L'Edelweiss s'était retournée vers la jeune fille qui continuait à sautiller en fixant ses yeux grands ouverts sur Yselle.

« -Quand au concert, reprit la griffondore, on a le temps avant de s'en soucier. »

« -Oui mais c'est très important, protesta Béatrix de sa petite voix nasillarde. »

« -Très, répondit Yselle avec sarcasme. Je ne vit que pour çà. Bien, je crois qu'on a fait le tour. On se voit dans deux jours. »

Yselle quitta la chapelle d'un pas allègre. La chorale était finie, elle pouvait enfin vaquer à des occupations plus enrichissantes. Peut être qu'elle parviendrait, aujourd'hui, par trouver le livre sur le contrôle des transmutations phénoménologiques qu'elle cherchait depuis si longtemps. La jeune fille en frissonnait d'avance.


Très rapidement, elle atteignit la salle commune de sa maison escortée pour l'occasion par les deux seules griffondores qui s'étaient fait enrôlé de gré ou de force dans la chorale de l'école : Nonnée Desprès, élève de quatrième année, avec qui elle partageait en partie son dortoir et Fay Dickinson qui s'était rabattue sur le chant faute de pouvoir atteindre cette année le titre de préfète en chef si convoité par la gente féminine depuis que Laszlo Saint-Lô avait lui-même obtenu ce poste. Partager les mêmes appartements que Laszlo semblait être un privilège que beaucoup de filles enviait à Editha Egghead. Yselle était loin de s'accorder avec le reste de ses camarades sur ce qui paraissait être une évidence. Pour résumer, le chef de l'équipe des serpentards lui faisait froid dans le dos. Severus lui-même avait semblé peu enclin à trouver à Saint-Lô la moindre once de sympathie. Lucius pensait tout autrement. Mais l'avis du jeune Malfoy n'avait jamais été une référence pour la jeune Edelweiss. L'esprit de Lucius était bien trop perfide pour qu'elle puisse naïvement se fier à ses propos. Tandis que Nonnée et Fay discouraient sur les progrès de leur chorale, Yselle avançait silencieusement. La pluie martelait toujours fenêtres et façades dans une fracas mélodieux. Aujourd'hui encore, ses amis et elle ne pourraient se rendre dans leur refuge secret, à l'abri des regards indiscrets. Aujourd'hui encore, ils devraient se contenter d'attendre que le temps se fasse plus clément, que les sentiers de la forêt interdite soient à nouveau praticables. Yselle soupira profondément. Ils étaient si près du but. Encore quelques séances et leurs efforts seraient enfin récompensés.

« -Salut Remus, lança t-elle quand elle arriva dans la salle commune. Bonne matinée ? »

« -Pas autant que la tienne, souffla t-il dans un sourire complice. »

Ce garçon était adorable. Yselle ne pouvait s'empêcher de le penser à chaque fois qu'elle croisait son regard tendre, son visage avenant et puis…cette mélancolie latente qu'elle savait dissimulée dans les tréfonds de son âme.

Remus Lupin était un élève hors norme. Contrairement à ses camarades, le jeune Remus avait rejoint Poudlard au début de sa seconde année. Répartis chez les griffondores, il avait pris ses quartiers dans le dortoir que Sirius, James et Peter partageaient déjà depuis un an. Très rapidement, le garçon réservé qu'il était se joignit à la mauvaise troupe que formaient ces trois diables de griffondores. Il devînt au fur et à mesure un élément prépondérant de cette fine équipe. Elève studieux, calme et réfléchi, son caractère semblait aux antipodes des tempéraments survoltés de James et Sirius. Pourtant, entre eux, l'alchimie avait pris, les liens s'étaient tissés avec une force que chaque année passée ensemble avait fini par rendre inaltérables. Cette amitié quasi fraternelle avait pris un jour nouveau quand le terrible secret de Remus avait ét découvert par ses amis. La réaction de ces derniers avait été plus qu'un réconfort pour le jeune garçon habitué à l'isolement depuis que la vie avait fait de lui un exclu. Un loup garou. Remus avait dès lors vécu dans un isolement traumatisant. Auprès d'Yselle et de ses trois nouveaux amis, il avait enfin eu la possibilité de s'ouvrir aux autres et d'apaiser ainsi son jeune esprit si tôt soumis à une réalité pesante. Puis il y avait eu James. James et sa proposition inattendue : devenir animagi pour se trouver en tout temps en tout lieu auprès de Remus. Cette suggestion avait exalté l'esprit aventurier de Sirius qui avait aussitôt accepté. Peter avait été un peu plus nuancé à ce sujet. Devenir animagus était un défi de taille qui pouvait se révéler très dangereuse. Mais il avait fini par se laisser porter par la vague d'enthousiasme de ses deux amis. Yselle, quand à elle, avait refusé. Cette décision bien étrange stupéfia tout un chacun pourtant la jeune fille ne céda pas. Pour des raisons qu'elle s'abstint de donner, elle préféra ne pas se joindre à eux. Sirius et James l'avaient quelques peu mal prit. Ils n'avaient pas caché leur déception. Par chance, Remus avait su être plus compréhensif. Qu'importe si Yselle ne devenait pas animagi, qu'importe qu'elle n'essaie même pas de l'être, son amie avait prouvé de mille autres manières l'attachement qu'elle lui portait. L'Edelweiss était une jeune fille sensible et aimante. Il le savait. Malgré sa défection au projet intrépide de James, Yselle avait tenu à les aider autant qu'elle le pouvait. Ce fut elle qui se chargea de trouver tous les manuels nécessaires à l'apprentissage de cette discipline. Ce fut elle à nouveau qui se compromit à aller dans le Quai des Embrumes pour y dénicher les livres interdits dont ils avaient besoin. Ce fut encore elle qui leur proposa le lieu où ils pourraient en toute tranquillité s'essayer à de nouvelles expériences. Yselle les avaient menés dans le cœur de la forêt interdite, là où sa mère reposait depuis plus d'une décennie. Un lieu calme et inconnu. James avait été ravie de savoir qu'ils étaient les seuls à connaître cette clairière silencieuse, plus encore quand il avait appris qu'Yselle s'était abstenue de parler de son existence avec Severus Rogue. Le jeune Potter avait été touché plus qu'un autre par cette marque de confiance. Son orgueil se gonflait par le simple fait de croire qu'Yselle pouvait privilégier leur amitié au détriment de celle qu'elle partageait avec le serpentard.

Remus se reposait dans un fauteuil épais, le visage profondément marqué par la fatigue. La nuit dernière l'avait épuisé. Yselle s'approcha de lui avant de se placer derrière le canapé que son ami occupait. Elle entoura ses bras autour du cou du jeune loup-garou, l'embrassa gentiment avant de lui murmurer à l'oreille :

« -Ta nuit n'a pas été trop dure ? »

Remus n'eut pas le temps de répondre. Une jeune griffondore de troisième année vînt se présenter eux.

« -J'espère que je ne vous dérange pas. »

Yselle releva aussitôt ses yeux vers la jeune fille avant que Remus ne prenne la parole.

« -Bien sur que non, Lily. Tu as besoin de quelque chose ? »

« -En fait, c'est à Yselle que je dois parler, précisa la jeune élève à la magnifique chevelure de cuivre aussi rutilante que les timbales des grandes cuisines de Poudlard. »

« -Tu veux me parler en priv ? demanda alors l'Edelweiss qui se tenait à nouveau droite comme un pic. »

« -Oh, non, c'est seulement à propos de la chorale, expliqua t-elle. Winnie Wintly m'a dit que c'était toi qui la dirigeais cette année et m'a conseiller de venir te voir. »

Yselle eut un petit sourire retenu. Suivre un conseil de 'Winnie la commère' était pour elle le comble de la naïveté mais elle s'abstint de le préciser à la jeune fille qui posait à présent son regard émeraude sur elle. A cet instant, l'Edelweiss eut comme un étrange pressentiment qui s'effaça au moment où la voix douce et mélodieuse de Lily résonna à nouveau.

« -J'aimerais faire parti de la chorale. Y a t-il une place de libre ? »

« -Si tu es motivée, tu es la bienvenue, répondit Yselle d'un air désinvolte. Notre troupe de chanteurs serait ravie de t'accueillir. Tu peux te joindre à nous Samedi après-midi. Nous répétons dans la chapelle qui jouxte la bibliothèque. »

« -Très bien j'y serais, ajouta t-elle avec enthousiasme avant de porter son regard étonné vers le visage abîmé de Remus. Comment t'es tu fais ? lui demanda t-elle.»

Remus, un peu gêné hésita un court instant avant de lui répondre d'un air convaincant :

« -Je me suis rendu dans la volière pour poster une lettre ce matin. Un hibou a foncé sur moi et m'a attaqué sans raison. »

« -Oh, c'est affreux, commenta t-elle. J'espère que çà ira. »

« -Ne t'inquiète pas, c'est plus inesthétique que douloureux, expliqua t-il. »

Lily parut convaincu par cette version. Après avoir salué ses deux camarades griffondores, elle les laissa seuls dans la grande salle commune à présent vide et silencieuse.

« -Lily Evans est une fille très gentille, je suis sûre qu'elle et toi vous vous entendrez bien, reprit Remus. »

Yselle se dirigea vers une petite boîte métallique pour y retirer un peu de ouate et une bouteille de Kipikpa. Puis elle vînt prendre place près de son ami.

« -Tu la connais bien ? demanda t-elle au jeune Lupin tout en agitant le flacon de liquide bleu qui prit peu à peu une teinte lumineuse. »

« -Nous avons été répartie au même moment. Elle pour sa première année, moi pour ma seconde. C'est la première personne de cette école avec qui j'ai parlé, expliqua t-il avant d'émettre un léger grognement quand Yselle tamponna d'eau froide ses larges plaies. »

« -Arrête de jouer les douillets, se moqua t-elle. Je sais très bien que çà ne pique pas. »

« -Je fais çà juste pour la forme, répondit t-il dans un demi sourire. »

« -Alors, comment tu t'es fais ? reprit t-elle en continuant à jouer les soigneuses attentionnées. »

« -Je ne me rappelle plus vraiment. Je crois que je me suis fais attaqué par quelque chose de poilu hier soir mais je ne sais pas vraiment ce que c'était. »

« -On dirait des griffes de félin ou quelque chose de ce genre, ajouta t-elle en examinant d'un peu plus près les égratignures qui balafraient le visage de son ami. Je suis sûr qu'elles disparaîtront rapidement. »

Yselle continua à le soigner jusqu'à ce que l'équipe de quidditch fasse irruption dans la salle commune. Un groupe de joueurs dégoulinants

« -Alors cet entraînement ? questionna Remus aussitôt qu'il aperçu ses amis. »

« -Plutôt mouillé, répondit sobrement Sirius tandis qu'il se débarrassait de son ciré sur lequel l'eau de pluie continuait à perler. »

« -Mouill ?! Je dirais plutôt inondé, rectifia James en passant une main nerveuse dans ses cheveux humides. »

Peter Pettigrew apparut à cet instant derrière les deux joueurs de quidditch, le corps protégé dans une grande pèlerine imperméable qui le faisait ressembler à un énorme ballon vert.

« -Peter, tu ne devrais pas les accompagner sous la pluie, le gronda gentiment Yselle quand elle constata l'allure chiffonné du petit grassouillet. Tu vas finir par tomber malade. »

« -Et nous alors ? protestèrent en chœur James et Sirius. »

« -Nous aussi, on pourrait très bien tomber malade à force de s'entraîner par tous les temps, poursuivit le jeune Black d'un air faussement capricieux. »

« -Vous, vous le faites pour la gloire. Peter, lui, n'a aucun intérêt dans cette histoire, répliqua t-elle en le défiant du regard. »

« -Bien sur qu'il en a un, objecta James. Il rêve comme nous de voir Saint-Lô et son équipe de serpents se prendre la pâté du siècle. »

Sirius Black fit mine d'applaudir la tirade de son ami avant de reprendre à son tour :

« -Dans un mois, Saint-Lô aura perdu son arrogance et nous, on entrera dans l'histoire de l'école. »

« -Rien que çà, se moqua Yselle. »

« -Et oui, m'dame. J'en frémis de joie rien qu'en imaginant à quoi va ressembler notre écrasante victoire, reprit James en brandissant un poing conquérant. »

Un miaulement pareil à une longue plainte stridente vînt mettre à mal l'argumentation orgueilleuse du jeune Potter.

« -On a oublié. On a trouvé ta boule de poil qui traînait dehors sous la pluie, expliqua Sirius tandis que le chat d'Yselle apparaissait sous la cape de Peter tout grelottant de froid. »

« -Oh, mon pauvre petit Spider, lança la jeune fille en se précipitant pour prendre le matou dans ses bras. »

Son chat se laissa faire avec une indolence coutumière. Yselle caressa précautionneusement le pelage miteux de cet animal à la silhouette incongrue.

« -Déjà que ce chat était affreux mais maintenant il ne ressemble plus à rien, constata Sirius en regardant qu'elle soin son amie prenait à l'égard de son chat. »

« -Si à une serpillière, renchérit James qui s'était en fin débarrasser de son habit de pluie. »

« -Ne les écoutes pas, mon nounours, t'es peut être pas beau mais tu es le plus intelligent. »

Tout en parlant ainsi à son chat, Yselle sortit sa baguette de sa poche avant de sécher d'un sort bien calculé le poil esbroufé du petit félin.

« -Et nous alors ?! se plaignit aussitôt Sirius. Tu vas nous laisser crever de froid ?! »

« -Pas la peine de m'en soucier, répliqua t-elle tout en écrasant Spider contre elle pour mieux le câliner. Vous êtes tellement forts. Vous n'avez pas besoin de moi et de mes maigres capacités de sorcières pour vous en sortir. »

« -Vilaine peste ! lança le jeune Black dans une grimace. »

« -Et dire que j'ai la gentillesse de partager mon lit avec une chipie comme toi, s'offusqua James. »

« -C'est parce que tu es trop frileux. Tu as besoin de moi pour ne pas mourir de froid la nuit, répliqua t-elle en se rapprochant de lui insidieusement avant d'embrasser la joue du jeune homme pour mieux l'amadouer. »

« -Mouais, c'est toi qui le dit, répliqua t-il peu convaincu. »

« -T'a meilleure mine que ce matin, reprit Sirius qui venait de s'apercevoir que les blessures de Remus semblaient moins impressionnantes qu'il n'y a quelques heures. »

« -Miss 'Chipie' m'a soigné, expliqua t-il en désignant Yselle d'un mouvement de tête. »

« -Tu soignes Remus, tu te soucies de la santé de Peter et de ton vieux matou tout moche, énuméra James faussement indigné. Mais de Sirius et moi tu n'en à rien à faire. »

« -C'est parce que vous êtes de grands garçons, se défendit t-elle en lançant un clin d'œil complice vers Remus qui lui répondit d'un sourire franc. »


Une énième séance de répétition venait de se terminer pour le chœur de Poudlard. Yselle et Lily pressèrent le pas pour rejoindre le Grand hall. Le déjeuner devait déjà avoir commencer, pensaient t elles. Henry Morgan et Nestor Needlecraft – qui avait depuis retrouvé l'usage de la parole – avaient été les premiers à se précipiter en direction du réfectoire. L'Edelweiss ne pouvait leur en vouloir de préférer la nourriture au chant. Elle-même n'aurait pas hésiter un instant entre ces deux options. Néanmoins elle devait avouer que depuis l'arrivée de Lily Evans dans leur orphéon les choses s'étaient arrangées un tant sans peu. La jeune griffondore s'était révélée être une chanteuse émérite. Sa voix à la clarté envoûtante était un véritable enchantement au sein d'une chorale qui avait du mal à maintenir une justesse approximative. Par ses talents, sa gaieté naturelle, Lily avait su remonter le moral de la petite troupe. Quelques uns s'imaginaient même avoir grâce à elle un certain succès quand ils auraient à se produire devant le reste de l'école. Yselle était loin de cultiver des ambitions similaires mais elle était la première à reconnaître le don incontesté de celle qui était devenue, au fil des jours, son amie. Il lui arrivait parfois de lui demander d'entamer pour elle ses airs préférés. En salle commune, de travail ou dans les couloirs de Poudlard, Lily acceptait toujours de chantonner. Son timbre mélodieux apaisait le cœur de l'Edelweiss mieux que ne l'auraient fait les chocolats de leur jeune infirmière, Mrs Pomfrey.

Lily et Yselle s'installèrent rapidement à leur table. Elles discutèrent longuement avec Remus pendant tout le repas tandis que James, Sirius et Peter épiloguaient une fois de plus sur le match de quidditch à venir. L'Edelweiss crut distinguer quelques 'saletés de serpents', 'puanteurs de lézards' et autres gentillesses s'échapper de la bouche des trois garçons mais elle préféra ne pas y porter attention. Quand elle eut achevée prestement son dessert, elle prit congé de ses amis pour rejoindre la table de Severus qui n'avait pas encore finit son repas. James et Sirius jetèrent un regard désapprobateur en direction de la jeune fille mais ne firent aucun commentaire à ce qu'ils auraient pu qualifier de 'lamentable trahison'. Yselle, avec une insouciance habituelle, vint prendre place au côté du serpentard qui la salua d'un sourire invisible qu'elle seule devina. Lucius braqua aussitôt ses yeux d'acier sur celle qui lui faisait face à présent. Il n'eut pour toute réponse de sa part qu'une grimace enfantine qui l'amusa plus que cela n'aurait dû.

« -Tu as prévu de faire quelque chose de spécial cette après midi au Pré au lard ? questionna t-elle à son ami. »

Severus hésita avant de lui donner une réponse.

« -Nous allons aux 'Palais des délices', répondit à sa place Lucius avec une lueur étrange dans le regard. »

« -Au quoi ? demanda Yselle pour qui le nom de ce magasin était totalement inconnu. »

« -Le 'palais des délices', répéta Lucius d'un ton supérieur qui cachait mal son amusement. Tu ne connais pas ? »

Des gloussements se propagèrent dans l'assistance essentiellement masculine qui l'entourait.

« -Non, je devrais ? interrogea t-elle un peu vexée par le ton moqueur de ces rires. »

« -Tu es une fille, c'est normal que tu ne connaisses pas ce genre d'endroit, rétorqua Larry Maclaghan avant de pouffer de rire à nouveau. »

« -Merci Larry, je sais très bien ce que je suis. Alors dites moi ce que c'est au lieu de vous esclaffer comme des pourceaux pré pubères. »

Yselle avait haussé le ton en toisant du regard la bande de serpentard qui se trouvait près d'elle. Les rires s'atténuèrent un peu mais les visages affichaient toujours un rictus que la jeune fille trouvait des plus horripilants.

« -C'est une maison de passes, répondit enfin Severus avec une simplicité déconcertante tout en essuyant délicatement le coin de sa bouche. »

Yselle tourna ses yeux interdits vers son ami. Severus ? Une maison de passes ? Quel était le rapport ?

« -Tu ne sais ce que c'est, Yselle ? se moqua à son tour Laszlo Saint-Lô qui fixait insidieusement ses yeux orangée sur la jeune Edelweiss. »

« -Bien sûr que si, répondit t-elle vivement en lançant un regard noir vers le capitaine de l'équipe de quidditch. »

« -Arrête ton char, Yselle ! Les gamines comme toi ne savent rien de ses choses là, répliqua Willem Mengelberg un serpentard de cinquième année à la silhouette efflanquée. T'es trop jeune pour comprendre les besoins des vrais hommes.»

« -Depuis quand tu es un homme toi ?! Tu n'y connais pas plus que moi à ce genre de chose, idiot ! rétorqua t-elle avec un ton contrarié qui fit disparaître l'arrogance de Willem Mengelberg. »

« -Allons, Zélie, ne te vexe pas. Willem voulait juste dire que tu n'es pas le genre de fille à te soucier de ce genre de chose, intervînt Lucius avec une diplomatie perfide. »

« -Lucius a raison. Suffit de te regarder. T'es restée qu'une gamine, lança d'un air goguenard un petit rondouillard qui répondait au doux nom de Casimir Duckling. Mes œufs au bacon sont plus gros que tes seins.»

« -Comparer aux tiens, c'est sûre que je ne fais vraiment pas le poids, répliqua t-elle d'un ton grimaçant. »

Sa remarque fit hurler de rire bon nombre de serpentards. Duckling n'avait plus qu'à ramper sous la table et ravaler le peu d'orgueil qui lui restait à cet instant.

« -Casimir a tord, les seins d'Yselle ne sont pas si petits que çà, reprit alors Saint-Lô en jetant un rapide coup d'œil sur la poitrine de la jeune fille qui gonflait et rétrécissait au rythme de sa respiration. En tout cas, ils sont suffisants pour satisfaire un homme.»

Puis le préfet en chef des serpentards intensifia le regard qu'il n'avait cessé de porter sur la jeune fille. Deux iris coralines pareilles aux yeux d'un félin dont les pensées demeuraient insondables. Yselle en fut pour la première fois troublée. Pour la première fois elle ressentit la pression d'un regard poser sur elle. Les mots lui manquaient et elle s'abstint de répondre à ce qu'elle préféra juger comme une plaisanterie. Pourtant l'expression que Saint-Lô affichait à cet instant semblait prouver tout le contraire. Elle croisa presque inconsciemment ces bras devant sa poitrine.

« -Tu es trop gentille avec elle, Laszlo, reprit Lucius d'un ton informel. Yselle est une peste qui a oubliée de grandir. Aucun homme ne peut avoir envie d'elle. »

« -Tout à fait, Lucius, répondit la jeune fille d'une voix soudainement plus légère. D'ailleurs je n'ai aucune envie qu'un garçon me désire ou je ne sais quoi d'autre encore. Surtout si le garçon en question a un esprit aussi pervers que le vôtre. Autant m'enfermer chez les Arum. »

« -Encore une qui finira vieille fille, commenta sardoniquement Larry Maclaghan. »

A quelques mètres de là, un jeune homme observait la scène sans savoir ce qui alimentait la conversation que son amie échangeait avec le groupe de serpentards groupé autour d'elle. Seuls les rires lui parvenaient et les visages animés de cette bande de reptiles puants. James n'aimait vraiment pas voir Yselle au milieu de ces vauriens, encore moins la voir fraterniser avec le pire d'entre tous, Severus Rogue. Tout en lui l'excédait. Sirius et lui avaient tout de suite saisit le caractère perfide du personnage mais Yselle semblait demeurer aveugle devant ce qui était pour lui flagrant. Une main qui se pose sur une épaule, des mots qu'elle susurre à son oreille, un baiser qu'elle lui offre avec une facilité déconcertante…James détestait vraiment les voir ensemble. De son côté, Andrew Spars, capitaine des griffondores, avait constaté avec amusement comment son attrapeur, le jeune Potter, lançait des regards insistants en direction de la jeune Edelweiss.

« -Yselle vient toujours dormir dans ton lit ? lui demanda alors Andrew. »

« -Quoi ? »

James se tourna vers Spars. Il n'avait rien entendu de la question de son capitaine trop absorbé qu'il était à observer ce qui se passait à quelques mètres de lui.

« -Je te demandais si Zélie et toi vous partagiez toujours le même lit. Tout le monde sait qu'elle a pris l'habitude de dormir avec toi depuis votre première année. Maintenant que vous êtes grands, je voulais juste savoir si çà ne devenait pas gênant. »

« -C'est vrai que mon lit commence à devenir trop petit mais à par çà, tout va pour le mieux, répondit t-il naïvement sans saisir le sens caché de cette question. »

« -C'est pas vraiment ce que je voulais savoir, reprit Andrew avec un sourire en coin. »

« -Ah, bon et qu'est ce que tu voulais au juste ? s'étonna James. »

« -T'es un gars en pleine croissance et Zélie est plutôt une jolie fille, alors… »

Spars ne pu continuer plus loin, Sirius venait de manquer de s'étouffer en entendant ses paroles.

« -Zélie ?! Une jolie fille ?! s'exclama t-il dans un demi rire. »

« -Bien sûre, confirma Andrew. Suffit de pas être aveugle. »

« -C'est rien qu'une gamine mal peignée, ajouta Sirius. Une chieuse qui plus est. »

« -Les gamines sont loin d'avoir les formes de ta copine, répliqua la capitaine des griffondores en désignant d'un signe de la tête la jeune fille qui se trouvait un peu plus loin. Sans oublier cette petite lumière dans son regard. »

« -Une petite lumière dans son regard, dis tu ? reprit un James sceptique. »

« -Ouais, confirma l'élève de sixième année. Le genre de lumière qui veut dire 'je ne suis plus une petite fille à sa maman', le genre de lumière auquel sont sensibles les vrais mecs mais peut être que vous ne pouvez pas comprendre encore cette subtilité. Çà viendra plus tard. »

« -La seule lumière qu'il y a dans le regard de Zélie, c'est quand elle s'apprête à faire un sale coup ou quand elle est sur le point de piquer la colère du siècle, expliqua Sirius. Il faudrait avoir un sacré grain pour vouloir est confronté à ce genre de regard. »

« -Allé, James, dis moi la vérité, renchérit Andrew. Tu ne t'es jamais retrouvé dans une position compromettante pendant qu'elle et toi vous dormiez ensemble. »

« -Compromettante ? Il n'y a plus rien de compromettant depuis que Miss 'Zizanie' est venue squatter mon lit, répondit le jeune Potter. »

« -C'est parce que vous êtes trop jeunes, fit remarquer Andrew. Çà sera différent quand vos hormones commenceront à vous titiller. »

« -Je crois pas, avoua James. Rien ne changera jamais. Yselle restera toujours Yselle et pareil pour nous. »

« -Si tu le dis, concéda Andrew Spars avant que la Zélie en question ne quitte les serpentards pour les rejoindre. »

« -Vous n'avez pas encore finit de manger ?! se plaignit t-elle. Je vous rappelle qu'on doit aller au Pré au lard cet après midi. Alors grouillez vous un peu. Il parait qu'une troupe de tziganes s'y est installé pour la semaine. Je suis pressée d'y être. Bon, je vais aller chercher mon manteau. Vous avez intérêt à être prêt à partir à mon retour. »

Sur cette dernière menace, Yselle disparut au-delà du Grand hall, emportant avec elle l'odeur subtile de son shampoing à la fleur d'oranger. Sirius se retourna une nouvelle fois vers Andrew.

« -Je te l'avais dit, c'est une chieuse. »

A la table des serpentards, un jeune homme était loin de partager l'avis de Sirius Black.


Malgré la rigueur de cette première semaine de Février, les rues du Pré au lard grouillaient de monde. Le bruit des pas clapotant dans les falques d'eau, qui égrenaient les allées, créait une mélodie discordante. De nombreux enfants de tout âge empruntaient ces chemins encore trempés. Ils se bousculaient d'un magasin à l'autre, remplissant leur musette des milles et un délices que le quartier avait à offrir à leur estomac gourmand. Un peu à l'écart de l'effervescence de la ville, un vieux cirque s'était installé. Un manège de bois, pareille à une yourte mongole, avait été dressé au milieu d'un champ asséché pour l'occasion. Des centaines de tentures aux couleurs chamarrées recouvraient le toit du chapiteau. Autour quelques échoppes avaient été aménagées de manière désorganisée. Partout des lampions colorés flottaient dans les airs comme autant de lucioles lumineuses. Une odeur d'encens capiteux embaumait le lieu. Le parfum des sucreries pétris à la main, des gaufres dorées, du vin chaud et des nuages au sirop se mêlait à ses effluves entêtants. En arrivant près de ce cirque tzigane, à l'ambiance joyeuse, Yselle trépigna comme une fillette. Accroché au bras de Sirius, de James puis de Sirius, la jeune Edelweiss ne cessait d'afficher un sourire gigantesque qui témoignait bien de son excitation du moment. Dans l'ambiance chaleureuse et exotique de ce cirque, Yselle avait finit par oublier la conversation qu'elle avait eu quelques heures plus tôt avec les autres serpentards. Oublier les garçons et leur besoin incontrôlable de jouer aux grands. Oublier le regard de Saint-Lô et ses allusions suspectes. Au milieu de ce vacarme joyeux, Yselle se sentait pleinement heureuse. Quelle idiotie de vouloir grandir quand tout dans l'enfance lui paraissait magique, quand tout lui paraissait encore possible ! La jeune fille papillonna ainsi d'un bazar à l'autre sans se soucier du bon vouloir de ses amis qui pour une fois s'abstinrent de se plaindre trop émerveillés qu'ils étaient par le merveilleux des achalandages qui s'étalaient sous leurs yeux étincelants. Leurs cabas étaient déjà bien remplis, leurs poches pleines quand James s'arrêta net devant une tente parée de tissus moirés. Une lourde pancarte de bois indiquait ceci : « L'antre de Madame Astragala – diseuse de bonne aventure. »

« -Venez, on va s'amuser, lança t-il à ses amis avant de pénétrer sous le haut vent de soie. »

Les autres le suivirent sans rechigner. L'odeur de l'encens semblait plus forte que jamais à l'intérieur de cette mechta noyée dans une fumée aveuglante. Passé quelques secondes, l'atmosphère sembla redevenir plus clair. Les breloques dorées pendus un peu partout reprirent une forme plus distincte. Les cinq griffondores pressés en rang d'oignons à l'entrée de la tente, observèrent ébahis le décor hétéroclite du lieu. Tapis d'orient riches et épais, satins brodés de Chines, paravent en laque du Japon, poteries du Moyen-Orient, miroirs indiens, fioles parfumés de Samarkand. L'ensemble ressemblait à l'amoncellement d'un trésor récolter au fil d'un long voyage. Sirius en fut sûrement le plus émerveillé des cinq. Dans un coin de la petite échoppe, résonnait le son mélodieux d'une cohorte d'oiseaux aux plumages fabuleux. Certains se permettaient d'évoluer librement dans l'espace réduit que cette tente avait à leur offrir.

« -C'est l'avenir que vous cherchez, n'est ce pas mes enfants ? »

Une voix chevrotante vînt les tirer de leur rêverie. Ils tournèrent tous les cinq leur tête dans sa direction. Assise à une table richement garnie, une vieille femme semblait les attendre. Emmaillotée dans ce qui ressemblait vaguement à un sari aux couleurs fanés, Madame Astragala, les invita à s'approcher d'un geste de la main. Ils obtempérèrent aussitôt, James en tête. Les traits de la diseuse de bonne aventure se firent plus clairs quand ils eurent traversé le léger nuage de fumée qui enveloppait encore le lieu. Sa peau était tannée comme le cuir marocain, ses rides n'en étaient que plus belles et plus régulières. Un grain de beauté de la grosseur d'un grain de café ornait le haut de sa pommette droite. Une ligne de petits points noirs avait été dessinée depuis le centre de son front jusqu'à l'arrondi de son menton. Elle portait un large foulard jaune brodé d'or qui venait recouvrir son épaisse chevelure encore parfaitement brune. De larges anneaux parés de perles ajourés ornaient ses lobes d'oreilles que le poids des breloques avait fini par allonger interminablement. Quand à ses yeux, ils demeuraient clos par de larges paupières aux longs cils.

« -Toi, mon garçon, offre ta main à la pauvre femme que je suis pour que je puisse te lire l'avenir. »

James acquiesça immédiatement, charmé par cette voix usée qui conservaient un accent enchanteur dont il lui était impossible de deviner la provenance. Madame Astragala caressa longuement la main qui lui était offerte, une main jeune et lisse qui était loin de ressembler à la sienne depuis longtemps marquée par les rainures du temps. Du bout de doigts, elle parcourut les lignes qui se dessinaient à la surface, les yeux perpétuellement clos. James ne pu s'empêcher de frissonner à se contact.

« -Je vois, reprit t-elle en faisant chanter sa voix avec douceur. Les choses ne me viennent pas très clairement mais je sens du bonheur. Un bonheur intense. La joie insouciante. Tu es un jeune homme fougueux, fougueux mais aussi orgueilleux. Mais cela ne t'empêchera pas d'avoir une vie exceptionnelle, une vie qui durera ce qu'elle durera néanmoins elle sera intense. Tu vas être aimé mon garçon. C'est une chance que peu de gens ont au cours de leur vie. Cet amour vaut bien un sacrifice. »

La prédiction s'arrêta là. Sans dire un mot de plus, la vieille tzigane lâcha la main de James qui, un peu troublé par ce qu'il ne comprenait pas, hésita un instant avant de céder sa place à Sirius. A nouveau Madame Astragala reprit le même rituel pour plonger dans l'avenir de son jeune client.

« -Toi et ton ami vous vous ressemblez beaucoup, remarqua t-elle d'un ton envoûtant. Une ressemblance qui fait de vous des frères pourtant…pourtant votre avenir n'est pas le même. Non, mon garçon. Tu brûle, te consume. Tu ne le sais pas encore mais ce feu qui en toi va te torturer longtemps. »

« -Un feu ?! Quel genre de feu ? C'est une métaphore ? Un truc comme çà ou bien…demanda t-il activement. »

La vieille femme se retourna imperceptiblement vers Yselle.

« -Je ne sais rien, ton cœur ne me montre que le feu puis plus rien. La colère et le noir. Le noir et le ressentiment, expliqua t-elle avec un calme qui tranchait avec le ton inquiet de Sirius. »

« -Je vais avoir une vie malheureuse ? »

« -Non, seulement un peu plus tumultueuse que les autres, le rassura t-elle. Chacun à sa part de joie, tu auras la tienne en jour et en heur. »

Une nouvelle fois, la vieille femme abandonna la main du garçon pour se tourner vers le troisième griffondore qui se présentait à elle : Peter Pettigrew.

« -Tu vivras dans la peau d'un autre, longtemps, peut être pour toujours. »

Ce fut tout ce qu'elle révéla au petit grassouillet qui demeura perplexe face à une déclaration dont il ne comprenait pas la signification. Puis vînt le tour d'Yselle. Remus, qui ne désirait surtout pas connaître son avenir, lui avait poliment cédé sa place. La jeune fille avança avec un peu d'hésitation. Lire en elle était la dernière chose qu'elle voulait mais la curiosité avait déj pris le dessus sur le reste. Madame Astragala mit quelques instants avant de reprendre la parole. Yselle était pendu à ses lèvres. La vieille femme sembla douter. Son front se plissa, ses paupières se froissèrent avant que sa voix caverneuse ne chante à nouveau.

« -Tu vas tomber amoureuse à deux reprises. Deux amours profonds et passionnés. En perdant le premier tu penseras mourir et c'est ce qui t'arriveras. La trahison, celle de l'homme que tu aimeras plus que tout. »

Yselle frémit d'horreur mais demeura muette, son regard perçant rivé sur la silhouette fantomatique de l'aruspice. Autour d'elle tout semblait s'être figé. Seul le timbre sombre de la vieille dame continuait à résonner comme un glas terrifiant.

« -Ton seconde amour prendra vie dans ton propre enfer, là où tu ne crois pas le trouver. Peut être trouveras tu alors le bonheur, peut être mais il te faudra pour çà commettre le pire des crimes. »

Madame Astragala s'arrêta un court instant comme pour reprendre le fil de ses pensées. Son visage se releva vers Yselle et pour la première fois ses paupières s'ouvrirent, laissant apparaître alors le voile qui recouvrait ses yeux aveugles. La jeune fille sentit comme une onde lui parcourir tout le corps, un malaise saisir son estomac. Un mauvais pressentiment s'insinua alors en elle.

« -Pauvre enfant, le chemin que tu vas prendre va bientôt s'assombrir. »

La vieille femme semblait poser sur Yselle un regard affecté.

« -C'est un serpent qui trace ton avenir. Fait attention à sa morsure, petite fille. »

Yselle demeura figer sur sa chaise de bois branlante. Elle mit un certain temps avant de réagir. James posa sa main sur son épaule. La jeune fille sursauta légèrement. Sirius paya la vieille femme de quelques galions. Les cinq élèves quittèrent la tente un à un. Yselle fermait le cortège. Avant de partir, Madame Astragala lui adressa une dernière parole prophétique.

« - Et n'oublie pas que chacune de tes décisions influencera plus que ta vie, Edelweiss. »

La jeune fille adressa un dernier sourire triste à la vieille femme avant de disparaître dans le froid. Elle plongea son visage dans sa grosse écharpe pelucheuse. Plus que du froid c'était du regard des autres qu'elle voulait se protéger, à cet instant, où son esprit s'embrumait des dernières prédictions qui lui avaient été faite. 'Chacune de tes décisions influencera plus que ta vie'. Elle avait déjà entendue ces mots. Plus de quatre ans en arrière. Les paroles du Choixpeau lui revenaient avec une clarté troublante. Et si cette vieille femme disait vrai ? Yselle frémit à nouveau. Toujours se mauvais pressentiment.

« -Ne te prends pas la tête avec ce genre de balivernes, tempêta alors Sirius pour la rassurer. Ce n'est qu'une vieille aveugle qui dit un peu n'importe quoi pour faire son beurre. »

Yselle leva ses yeux rougis d'inquiétude vers son ami. Sirius frotta vigoureusement sa main contre sa joue comme pour faire disparaître les larmes qui menaçaient de couler sur sa peau diaphane.

« -Des balivernes, j'te dis, reprit t-il. Allé, viens, je crois que t'as besoin d'une bonne bière-au-beurre. »


Extrait du journal d'Ysella Bella Adoria Edelweiss (cf. La complainte des Edelweiss ch. XIV),

« Ce soir là, je me rappelle bien être descendu jusqu'à la bibliothèque, j'étais venu pour y travailler. Il n'y avait presque personne cet après-midi là. La plupart des élèves profitaient de la douceur du temps. Je crois avoir entraperçu une serdaigle de 6ième année, Lucille Lemberg, je crois, et un autre poutsouffle Toussaint Diester, celui qui était toujours allergique à tout. Je les ai à peine salué avant de prendre ma place habituelle, celle près de la fenêtre donnant directement sur le grand terrain de quidditch, là où mes amis s'entraînaient. Ils m'avaient proposé de les accompagner mais j'avais refusé. Je n'avais pas encore pardonné à James la méchante farce que Sirius et lui avaient joué à Severus quelques jours plus tôt. J'étais encore très fâché contre eux, c'est idiot de ma part, j'aurais mieux fait d'accepter leur proposition.

J'ai travaillé sûrement un certain temps mais je ne m'en suis pas rendu compte. A peine avais-je achevé mon devoir de métamorphose que la lumière du soleil avait déjà commencé à décliner. J'ai jeté un regard rapide devant moi. La salle était à présent vide. L'horloge annonçait l'heure du repas. Je me suis alors levé prestement pour empiler mes livres. C'est à ce moment là que j'ai sentit une présence derrière moi. Je me suis instinctivement retourné. C'était Saint-lô, le préfet en chef des serpentards, le capitaine de leur équipe de quidditch (un homme insaisissable comme le qualifiait Severus, un gars prometteur pour Lucius). Il m'a regardé longuement avec ses incroyables yeux de chats cornalines qu'ils ne semblaient pas vouloir détacher de moi.

« -Il est tard, m'a t-il dit avec un petit sourire étrange. »

Moi, je ne voulais pas lui répondre. J'ai saisit mes affaires puis je me suis dirigée vers la sortie d'un pas qui se voulait déterminé. Je l'avais à peine dépassé quand il a accroché une de ses mains sur mon bras droit. Tous mes livres sont alors tombés dans un fracas angoissant.

« -Qu'est ce que tu me veux, Saint-l ? lui ai-je alors demandé. »

« -Tu pourrais répondre quand on te parle. »

« -Et si je n'en ai pas envie, ai-je ajouté avec un mépris non dissimulé. »

Je n'aimais pas le ton de sa voix, je n'aimais pas son attitude à ce moment là. Il était venu dans cette bibliothèque pour une raison précise et cette raison hérissait ma peur. Mais il ne fallait pas. Il ne fallait pas lui montrer que j'étais effrayée et qu'il était la cause de cette frayeur à l'instant où il m'a tiré contre lui, quand j'ai sentit ses mains s'appuyer contre ma chaire. Je l'ai repoussé de toutes mes forces. J'ai eu grande peine à me dégager de lui. J'ai aussitôt reculé de quelques pas puis j'ai saisit ma baguette. Peut être parce que je tremblais, peut être parce qu'il était tout simplement plus rapide que moi, je n'ai pas eu le temps de m'en servir qu'il m'avait déjà désarmé. Alors j'ai cherché d'un geste désespéré une dernière possibilité pour m'enfuir. Devant moi aucune issue, seulement cette grande silhouette sombre qui continuait à s'approcher avec une assurance redoublée et ce perpétuel petit sourire de satisfaction. Quand il est arrivé près de moi, il m'a attrapé une nouvelle fois. Il m'a emprisonné contre le bord d'une table avant d'enfermer ses bras autour de moi.

« -Qu'est ce que tu fais ? ai-je alors crié comme pour renfloué mon courage qui commençait à disparaître doucement mais sûrement. »

« -Rien qui ne te déplaira, m'a t-il répondu avec une ardeur dérangeante. »

« -Dégage Saint-lô, je ne suis pas du genre à satisfaire tes petits fantasmes tordus, va voir quelqu'un d'autre, je suis sûre qu'une serpentard sera heureuse de te faire plaisir, ai-je répliqué d'une voix hargneuse. »

La hargne, c'est tout ce qu'il me restait pour lui faire face.

« -Le dilemme c'est qu'il n'y a que toi qui m'intéresse petite garce, a t-il dit d'un ton amusé. »

« -Ne me fais pas croire qu'une gamine comme moi puisse arriver à titiller tes hormones, Saint-lô, lui ai-je craché. Si c'est le cas, c'est que tu es plus malade que ce que je ne pensais. »

Ma réplique ne lui a sûrement pas fait plaisir. Ses mains se sont serrées autour de mes bras avec une force croissante. J'ai croisé à nouveau son regard corail, un miroir sur ses pensées.

« -Ne te sous-estime pas, Zélie, a t-il ajouté d'un ton sarcastique, tu n'es pas trop mal pour une fille de ton âge. »

Il a laissé ses yeux voyagés une fois de plus le long de mon corps, comme pour me détailler avec une malveillance non feinte. Il s'est rapproché de moi puis m'a soulevé avec une rapidité déstabilisante. En quelques secondes, il m'avait hissé sur la table et s'était à nouveau serré contre moi en prenant la peine de se placer entre mes jambes.

« -Mais ce qui m'intéresse vraiment chez toi, a t-il sifflé à mon oreille. C'est ce que tu es vraiment, Miss Voldemort. »

Il le savait. Il savait qui j'étais. Moi qui avais tenté tant bien que mal de cacher mon ascendance, je me retrouvais au pied du mur. Comment Saint-lô l'avait il appris ? Certes, il avait toujours était brillant, d'une intelligence fine et d'une sournoiserie inégalable mais cela dépassait ses capacités de déduction.

« -Une fille avec ton potentielle, ce serai du gâchis de la laisser à d'autres, a t-il poursuivit tout en mordant dans la chaire de mon cou avec une rage qu'une jeune fille de 14ans, une jeune fille comme moi ne connaissait pas encore. »

« -Laisse moi, ai-je à nouveau crié d'un ton autoritaire. »

J'eus à peine le temps de continuer qu'il avait déjà saisit ma bouche dans un baiser violent, entaillant au passage mes lèvres charnus de ses dents acérés. Mon premier baiser. Le sang avait rougis ma peau tout comme il avait tâché la sienne.

« -Un peu âcre mais agréable sur la langue, a t-il alors ajouté en léchant les commissures de ses lèvres dans un geste provoquant. Je suppose que ton sang doit être du premier choix, Voldemort et Edelweiss, c'est un cocktail détonnant. La sang d'une vierge est un ingrédient d'une grande puissance, il est évident que le tient pourrait m'apporter des pouvoirs incalculables et qui c'est peut être l'immortalité. »

« -Qui te dit que je suis encore vierge, ai-je alors répliqué avec une rapidité qu'il le déstabilisa un cours instant. »

« -A ton âge, je suppose que ta bande de griffondores décérébrés ne s'est pas encore penché sur ton cas, m'a t-il répondu avec un rictus amusé. Dans le cas contraire, je ne perdrai pas tout, se taper une fille comme toi c'est toujours une véritable délectation. »

« -Tu es complètement malade, ai-je repris tout en m'agitant comme un petit vers. »

J'ai tenté de marteler mes petits poings contre son torse, de le mordre, de le repousser mais mes efforts étaient vains. Mon sort était jeté depuis longtemps. D'une main ferme il a immobilisé mes bras, de l'autre il a ouvert ma chemise en faisant sauté les petits boutons de nacres qui la fermaient. Puis il a découpé mon bustier rosé avant de faire courir sa langue sur ma peau nue et d'embrasser le galbe de mon sein. A ce moment là, j'étais perdue. J'entendais mon coeur palpiter contre les parois de ma cage thoracique. Ma propre peur accentuait mon anxiété. Je devais réagir, j'en étais consciente mais je ne pouvais plus rien. Il a continué à parcourir mon corps prenant le temps d'apprécier chacune de mes formes jusqu'à glisser une main entre mes jambes, entre mes cuisses. Il a dessaisit sa prise sur mes poignets. Il savait qu'il n'avait plus rien à craindre. Saint-lô avait gagné la partie, il ne lui restait plus qu'à faire durer le plaisir. Moi, je ne pensais qu'à une chose, me venger de ce qu'il me faisait subir, du droit qu'il s'octroyait sur moi. Je voulais le faire souffrir, je voulais qu'il meure. Je sentais ma poitrine brûler d'une rage que je ne me connaissais pas. Si j'avais eu ma baguette, je lui aurais sûrement envoyé la pire des malédictions, je l'aurais mis à genoux et regarder lentement agoniser. Moi, d'habitude si sereine je me découvrais une malveillance terrible, un feu capable de me consumer. Tandis que Saint-lô se faisait plus pressant, ses doigts, à présent glissés en moi, ma fureur ne cessait de croître. Je peux encore sentir son goût si salé sur mes lèvres, sa peau brûlante contre la mienne, cette chaleur que je ne désirais pas. Si je ferme les yeux, je peux revoir cette grande salle vide où ne résonnait plus que nos souffles discordants. Je peux à nouveau me retrouver avec Saint-lô, seule, contre cette table usée par le temps, ses hanches étroitement liées aux miennes. Il suffit de si peu pour que je sois à nouveau cette gamine de 14ans, l'esprit embrouillé, le cœur mangé par la rage. Dans ma tête, une seule pensée se répétait en boucle : je veux que tu souffres, je veux que tu souffres…, jusqu'à ce que je le lui crache au visage. Aussitôt tout s'est figé. Plus de mains contre moins, plus de dents meurtrissant ma chaire, plus de lèvres balayant ma peau. J'ai ouvert mes yeux pour découvrir Saint-lô au sol. Il avait perdu de sa superbe et j'en étais satisfaite. J'avais voulut le voir là à mes pieds, à ma merci. Ses mains collées contre son entrejambe, j'ai vu bientôt se dessiner sur le sol de marbre, une marre rouge de plus en plus large, de plus en plus noire. Je n'ai rien fais. Je suis restée là à observer Saint-lô se tordre de douleur avant qu'il ne tombe inconscient. Je n'ai pas réalisé ce qui se passait, ce que je venais de faire ou du moins je ne l'ai pas voulut. Puis comme réveillée brusquement du cauchemar dans lequel je m'étais glissée, j'ai rabaissé ma jupe et j'ai quitté cette bibliothèque en courant. J'ai couru, couru aussi vite qu'il m'était possible. Tout était vide, un vide qui devenait angoissant à mesure que j'avançais. J'essayais de fuir ce qui était né en moi, ce qui m'était inconnue et qui avait si durement frapp Saint-lô. C'est moi qui l'avait fait tombé à terre, ma seule volonté poussée à bout en était la cause. C'était effrayant de se découvrir des capacités si terribles. J'ai continué à parcourir les couloirs. Au fond de moi, je ne voulais rencontrer personne, je me fichais bien de laisser ce serpent se vider de son sang. Puis, sans m'en rendre compte, je me suis heurtée à quelqu'un. Le professeur de potions, Marat Angus, se tenait devant moi. Il m'a regardé d'un air interloqué. Je devais être affreuse, à cet instant, les cheveux en désordre, les lèvres en sangs, ma main tenant maladroitement fermés les deux pans de ma chemise.

« -Dans la bibliothèques, ai-je simplement soufflé à bout de force. »

Il est parti en courant vers la bibliothèque tandis que je tombais à terre complètement perdue. Mon esprit encore prisonnier d'une peur qui me faisait trembler de tout mon être. J'en aurais pleuré si cela m'avait permis de tout faire disparaître mais je savais que çà n'arriverait pas. Il ne restait plus que ce malaise tapis au fond de moi. Ce soir là, ce n'est pas tant Saint-lô qui m'avait à se point bouleversée mais plutôt ce qu'il avait fais naître en moi, ce mal que j'étais capable de ressentir et de faire subir. Mon père aurait sûrement été fier de sa progéniture. »

A suivre…

A/n : Encore un chapitre qui ne se finit pas. C'est une habitude chez moi. Qu'est ce qu'est devenu le 'pauvre' Laszlo (vous le savez déjà plus ou moins mais faites comme si vous n'étiez pas au courant) ? Yselle va-t-elle se remettre de cette épreuve ? Comment vont réagir ses amis ?...Y a sûrement d'autres questions à se poser mais point trop n'en faut comme dit le dicton.

J'espère que vous aurez apprécié les prédictions de la vieille femme. C'était un moyen détourner pour glisser des prophéties avant qu'Yselle ne commence à utiliser ses pouvoirs.

Pour la suite, attendez vous à un chapitre moins joyeux (j'aime tourmenter mes personnages).

Je ne crois pas que je pourrais le poster aussi rapidement que les deux précédents. J'ai beaucoup de boulot en perspective et je ne veux absolument pas bâcler la prochaine partie à venir. Alors il faudra peut être vous armer de patience. Mais vos rewiews pourront peut être m'aider à me presser un peu. C'est à vous de voir.

Bisous à tous.

P.S : La chanson du début est une vieille comptine anglaise. Vous trouverez facilement la mélodie sur le net si çà vous intéresse. Le titre est 'The wraggle taggle gipsies'. Quand à la traduction, elle est approximative mais çà n'a pas grand intérêt.