Jeux d'enfants
Auteurs : Yerno et Charlie
Disclaimer : Rien n'est à nous, et heureusement, sinon on se ferait taper très souvent... ;)
Merci pour tous vos feedbacks, vos commentaires nous ont fait très plaisir!! ;) Mais n'hésitez pas, comme d'habitude, une question, un reproche, un compliment, nos emails n'attendent que vous! (Yernomailyahoo.fr ou )
Voici là 3ème partie, le POV est toujours celui de Carol, vous connaissez la chanson...
Bonne Lecture !
Samedi 27 avril 2002
18 heures.
La nuit était tombée et les étoiles commençaient à faire leur apparition. Doug et moi étions assis dans notre divan, à contempler le sol... Nous réfléchissions. L'appel de l'inspecteur Jackson nous avait franchement troublés. Il n'y avait plus aucune solution, et le désespoir commençait à nous gagner. C'est alors qu'on frappa à la porte. Trois coups. Boum. Boum. Boum. Mes muscles se raidirent, mon sang se glaça, un frisson parcourut mon corps. C'était lui. J'en étais certaine.
Mercredi 24 avril 2002
17 heures 30.
Je l'avais embrassé... J'avais embrassé cet homme, j'avais
éprouvé des sentiments pour cet homme qui avait totalement détruit ma vie. Mais
il fallait que je me re-concentre, que j'écoute ce qu'il avait à dire pour se
justifier...
" Je savais que Carol ne me pardonnerait jamais, prononça Luka
pour commencer, je savais qu'elle n'accepterais jamais de voir les petites. Mais
moi... moi... j'avais tellement envie de les voir. Elles me rappelaient mes
propres enfants, morts à la guerre. C'étaient des souvenirs agréables, j'aurais
tout donné pour eux. Mais il y avait Doug, et je savais que jamais elle
n'accepterait de me laisser entrer chez elle... Je voulais revoir leurs jolis
petits visages. C'est pour ça qu'elles n'ont pas pleuré quand je suis entré dans
la chambre. Elles se sont tues, parce qu'elles me connaissaient, parce qu'elles
me faisaient confiance... Elles savaient que j'étais le gentil ami de leur mère
qui s'était occupé d'elles pendant près d'un an... Mais Carol m'avait totalement
abandonné. "
Doug me lança un regard brillant de larmes, il était bouche bée.
Je commençai à pleurer lorsqu'il me prit dans ses bras. Je pensais qu'il m'en
aurait voulu, mais rien ne semblait transparaître. Il était abasourdi. Nous
l'étions tous, y compris les inspecteurs, qui n'avaient jamais connu une telle
histoire.
" Pourquoi n'avoir pas demandé à Carol auparavant à voir les
jumelles ? demanda l'inspecteur Jackson. Je peux concevoir que vous ne
souhaitiez pas recevoir un refus... Mais que cela vous aurait-il coûté de
demander ?
-Je ne voulais pas subir l'humiliation du " non ", répondit Luka.
Je n'aurais pas supporté qu'elle me réponde par la négative.
-L'humiliation
du " non " ?
-Avez-vous connu l'horreur de la guerre, inspecteur ? Avez-vous
seulement idée du choc psychologique que cela peut engendrer sur un cerveau
humain ? Je suis devenu hypersensible à des tas de choses... Je ne supporte plus
certaines émotions fortes, et tout ça me pousse à me comporter d'une manière
plutôt étrange... Je ne sais pas ce qui m'a pris de kidnapper les jumelles...
C'était une pulsion... "
J'avais envie de lui cracher à la figure. Il avait
tué mes petites sur une pulsion. L'inspecteur lui demanda alors, comme si elle
avait lu dans mes pensées :
" Mais alors... pourquoi les avoir tuées ?
-Je
ne voulais pas, répondit-il. Tout ça était un accident... Alors que je
traversais le fameux pont qui se trouvait une cinquantaine de mètres où les
jumelles sont mortes, je voyais la corde se fragiliser. Je me suis dépêché, mais
je crois que ça n'a fait qu'empirer les choses... La corde a lâché, le pont à
commencé à s'écrouler, j'ai eu le réflexe de me jeter contre le rocher qui se
trouvait juste en face - j'avais déjà presque entièrement traversé le pont -
mais je n'ai pas eu le réflexe de retenir le couffin où se trouvaient les
jumelles... J'ai réalisé après deux secondes que je venais de lâcher les bébés
que j'aimais tant dans le vide, leur retirant ainsi... la vie... "
Luka se
mit à pleurer. Je voyais bien que c'étaient des larmes sincères, des larmes qui
venaient du plus profond de son cœur. Il aimait beaucoup les jumelles, je n'en
avais jamais douté... Doug et moi pleurions le plus discrètement possible, nous
ne parvenions pas à dissimuler notre immense chagrin.
19 heures 30.
Doug et moi venions de rentrer chez nous. Mark nous accueillit
à bras ouverts en voyant que nous n'avions pas l'air d'aller très bien.
"
Alors ? Ils ont réussi à lui faire avouer ? nous demanda-t-il.
-Oui, répondit
Doug, il avait même tout avoué avant que nous arrivions.
-C'est fantastique !
s'exclama Mark un peu trop vite. Alors, vous devez avoir l'esprit plus serein
non ? Libéré ? "
Son enthousiasme retomba aussitôt lorsqu'il vit nos visages
décomposés.
" Que se passe-t-il ? demanda le médecin chauve.
-C'est Luka,
répondis-je la voix tremblante. "
Il y eut un silence. Mark resta bouche bée.
Il ne savait plus quoi dire. Il s'assit et me regarda, l'air compatissant. Il me
posa ensuite une nouvelle question :
" Je ne comprends pas... Que s'est-il
passé ? "
Je ne pus retenir ma colère, j'avais accumulé trop de pressions ces
derniers jours, et le pauvre Mark en fit les frais :
" Que s'est-il passé ?
IL S'EST PASSE QU'IL A KIDNAPPE ET TUE MES FILLES ! C'était peut-être un
accident selon lui, mais le résultat est le même ! Mes deux jumelles sont mortes
! MORTES ! "
Je pris tout mon élan pour lui donner une gifle monumentale...
Je ne savais pas pourquoi je faisais ça, mais je ressentais une véritable
libération au fur et à mesure que cette violence ressortait de moi. Je pris une
lampe et la fracassait contre le sol. Doug et Mark me regardaient détruire notre
maison, le regard impuissant. J'allai dans la cuisine où je pris un couteau à
viande. Lorsque les deux hommes me virent entrer avec l'arme à la main, une
panique inqualifiable s'empara d'eux.
" Carol, s'écria Doug, calme-toi ! Ca
ne sert à rien de péter les plombs ! "
Je pris l'arme blanche entre mes deux
mains et l'enfonçai avec une violence incomparable dans le canapé. Je le
déchirai, ressortis tous les morceaux de tissus divers qui se trouvaient à
l'intérieur, je massacrai ce meuble que nous avions acheté et choisi tous les
deux, avec l'homme que j'aimais. Mais plus rien n'avait d'importance... Je me
dirigeai ensuite vers la table de la salle à manger, où je gravai le mot "
jumelles " sur le bois verni. Ma rage était devenue totalement incontrôlable,
toutes les pressions que j'avais subies ces derniers jours explosaient, laissant
place à une haine sans limite... Doug s'approcha de moi, je me retournai
aussitôt vers lui, le regard rouge sang :
" T'avises pas de m'approcher ! OK
? lui hurlai-je au nez. J'en peux plus Doug ! Tu comprends ? J'ai envie
d'exploser, et tu pourras pas m'en empêcher ! "
Il plongea son regard dans le
mien. Ce regard triste, ce regard vide. Et avec un désespoir, il prononça ces
mots, qui me détruisirent :
" A quoi bon détruire tout ce qui nous appartient
? Ca ne fera pas revenir les filles... "
22 heures.
J'étais allongée dans mon lit aux côtés de Doug.
" Je suis
désolée, dis-je. Je sais que je ne peux pas revenir en arrière, et pourtant, si
je le pouvais, crois-moi... Je n'arrive pas à croire que je me sois comportée
d'une telle manière. Ce n'est tellement pas moi...
-Tu as eu des problèmes
difficiles ces derniers jours, répliqua-t-il, c'est normal que tu éclates au
bout d'un moment.
-Mais... et toi ? Tu sembles tellement
distant...
-J'espère que tu ne l'as pas pris mal. C'est juste que... J'ai
l'impression de ne pas réaliser ce qui se passe. C'est tellement flou... Je
n'arrive pas à y croire. "
Après une dizaine de secondes de silence, nous
nous tûmes et tentâmes de nous endormir. La fatigue nous rongeait de jour en
jour depuis la mort des petites, elle était d'ailleurs sûrement pour beaucoup
dans mon " pétage de plombs " de la soirée. Je manquais tellement de sommeil que
je ne parvenais même plus à me contrôler. Mes yeux se fermèrent. Ce fut la
chute... Cette chute qu'on a l'impression de vivre lorsqu'on plonge dans un
sommeil profond. Cela faisait si longtemps, si longtemps...
Jeudi 25 avril 2002
14 heures.
J'étais en train de prendre un bain. J'avais dormi jusqu'à
treize heures ce jour-là, tant ma fatigue était à son comble. C'est alors que le
téléphone sonna. Je me précipitai hors de l'eau, mis un peignoir, manquant de
tomber, n'étant pas totalement sèche, puis j'allai décrocher le téléphone. Trop
tard, on avait raccroché. Je m'apprêtai donc à retourner dans l'eau moussante
lorsqu'une nouvelle sonnerie se fit entendre. Je décrochai, et tombai sur
l'inspecteur Jackson.
" Bonjour, me dit-elle, mademoiselle Hathaway. Il vient
de se passer quelque chose d'assez grave et je tenais absolument à vous mettre
en garde. "
Un frisson me parcourut : tout ceci commençait à devenir
totalement insupportable. Que se passait-il encore ?
" Qu'y a-t-il ?
demandai-je la voix tremblante de peur.
-Et bien, me répondit la jeune femme,
Luka Kovac s'est échappé... Il y a de fortes chances pour qu'il vous rende
visite. Il avait l'air totalement désorienté et semblait s'en vouloir beaucoup
suite à la mort de Kate et de Tess, cela ne m'étonnerait donc pas qu'il tente
d'entrer en contact avec vous. "
Mon cœur commença à battre plus rapidement,
mais il s'emballa d'autant plus lorsqu'on frappa à la porte. Mon regard se fixa
alors sur la clenche, qui commençait à bouger : quelqu'un s'apprêtait à entrer
dans la maison.
" Allô ?... Allô ? ! s'exclamait l'inspecteur Jackson à
l'autre bout du fil, s'inquiétant de ne plus avoir aucune réponse. "
Bip...
bip... bip... Peut-être l'inspecteur pensait-il qu'un problème de liaison
téléphonique venait d'avoir lieu ? Quoi qu'il en soit, elle avait raccroché. La
clé tourna dans la serrure, et la clenche fit un mouvement violent. La porte
s'ouvrit, j'étais sur le point de faire un arrêt cardiaque lorsque les visages
de Doug et de Mark apparurent dans l'encadrement. Je soupirai. Je m'étais
inquiétée pour rien... De toute façon, depuis ces derniers jours, c'était
pratiquement devenu une habitude.
" Que se passe-t-il, ma puce ? me demanda
Doug, l'air inquiet.
-Rien... Je vais finir de prendre mon bain... Il faut
qu'on parle, ensuite. "
Je finis en effet de me laver, puis allai m'habiller
juste avant de rejoindre Doug qui discutait tout en préparant le repas avec
Mark. Je demandai à ce dernier de disposer, poliment, afin que je puisse avoir
une conversation avec mon mari.
" Je t'écoute, me dit Doug en s'asseyant sur
une chaise tout en prenant appui sur la table de la cuisine.
-L'inspecteur
Jackson a appelé, dis-je pour commencer. Elle m'a annoncé que Luka s'était
échappé... Comment ? Je n'en sais rien. Je n'ai pas pu réagir, je n'en ai pas eu
la force, je ne lui ai donc pas posé de questions. Elle m'a conseillé de me
méfier, elle m'a dit que, comme il avait pas mal de remords par rapport à tout
ce qui s'était passé, il allait sûrement tenter de me contacter par tous les
moyens pour s'excuser auprès de moi. "
Doug me regarda. Tout comme moi, tout
à l'heure au téléphone, il n'eut d'abord aucune réaction. Il prit sa tête entre
ses mains et se cogna volontairement contre la table.
" Doug, dis-je, Doug...
calme-toi...
-Quand est-ce que ça va finir ? s'écria-t-il. J'en ai par-dessus
la tête de tous ces problèmes ! Je voudrais être tranquille avec ma femme. Je
voudrais qu'on nous laisse pleurer la mort de nos enfants sans nous importuner
toutes les trente secondes, tu comprends ça ?
-J'en ai par-dessus la tête moi
aussi. Mais malheureusement, ça ne change rien de s'énerver, c'est toi-même qui
me l'a dit. "
De nouveau, il me regarda. Puis il quitta la pièce, sans dire
un mot. Je le suivis, paniquant légèrement. Je le vis entrer dans notre chambre,
fouiller dans le tiroir de la commode. Il en ressortit quelques comprimés, en
pris un, avec un verre d'eau, ne remarquant même pas - ou feignant de ne pas
remarquer - que je le regardais toujours. Il s'allongea ensuite, et ferma les
yeux. Je voulais en faire de même, mais je n'avais plus sommeil, la nuit
dernière ayant été follement réparatrice. Du moins, à ce niveau, les blessures
de la perte d'un être chère ne cicatrisant jamais...
Samedi 27 avril 2002
10 heures.
J'étais encore sous la couette, juste à côté de Doug. Celui-ci
me regardait tendrement.
" Tu as dormi comme un bébé... me dit-il. "
Je me
mis à rire nerveusement. A vrai dire, je n'avais vraiment pas l'esprit à rire :
la police n'avait toujours aucune nouvelle de Luka, et celui-ci n'avait pas
donné un seul signe de vie depuis son évasion. Il n'avait pas tenté de
téléphoner, n'avait jamais frappé ni sonné à la porte, il n'avait même pas tenté
le moindre contact par Internet... Nous étions sans nouvelles, et c'était
sûrement encore plus angoissant.
12 heures.
Mark, Doug et moi déjeunions ensemble.
" Je vais bientôt
vous quitter, prononça le meilleur ami de mon mari adoré.
-Vraiment ?
m'assurai-je.
-Oui... Mon congé est bientôt terminé. J'aurais aimé vous venir
davantage en aide, malheureusement, le Cook County crie au scandale lorsqu'on
s'absente trop longtemps. Vous savez ce que c'est... "
Doug, qui n'avait pas
prononcé un seul mot jusqu'ici, regarda Mark dans le blanc des yeux et lui dit,
avec une douceur et une gentillesse extrêmes :
" Ne t'en fais pas, tu en as
déjà bien assez fait. "
En effet, Mark, à son insu, sûrement, nous avait
apportés un soutien psychologique énorme. Sa présence nous avait libérés d'un
certain point : celui du souvenir. Le fait de parler avec lui de choses et
d'autres nous avait permis de penser, même si ce n'était que pour quelques
minutes, à autre chose qu'à la mort de nos enfants, et c'était inestimable.
"
Je ne pense pas vous avoir été d'une utilité flagrante, plaisanta l'homme
chauve.
-Ta présence nous a fait du bien, répliqua son meilleur ami. "
La
solidité de leur amitié me rassurait, car même s'ils ne s'étaient pas vus depuis
des années, ils ressentaient toujours la même estime l'un pour l'autre. Ils
échangèrent un nouveau sourire, que je vécus comme une véritable preuve
d'amitié.
18 heures.
La nuit était tombée et les étoiles commençaient à faire leur
apparition. Doug et moi étions assis dans notre divan, à contempler le sol...
Nous réfléchissions. L'appel de l'inspecteur Jackson nous avait franchement
troublés. Il n'y avait plus aucune solution, et le désespoir commençait à nous
gagner. C'est alors qu'on frappa à la porte. Trois coups. Boum. Boum. Boum. Mes
muscles se raidirent, mon sang se glaça, un frisson parcourut mon corps. C'était
lui. J'en étais certaine. Doug se leva, il alla ouvrir la porte et recula. Je
pus apercevoir une lueur de terreur dans son regard. Je vis alors la silhouette
de Luka s'avancer et entrer dans la maison. Le croate referma la porte, l'arme
au point, tendue vers l'homme de ma vie.
" Je ne peux plus vivre avec ça,
répétait-il sans arrêt, je ne peux plus vivre avec ça...
-Luka ?
m'exclamai-je. Qu'est-ce que tu fais ? "
Il se tendit vers moi et pointa son
pistolet sur mon visage.
" Tu ne peux pas faire ça... Tu ne VEUX pas faire
ça, tentai-je pour le convaincre. "
Il baissa son bras. Je soupirai de
soulagement : cela avait été plus facile que prévu. C'est alors qu'il remonta
son arme contre sa tempe. Son doigt effectua un mouvement infime. Infime.
A suivre....
PS: Vous z'êtes pas marrants! Vous aviez quasiment tous deviné qui était le kidnappeur!! M'enfin, nous espèrons que cette partie vous a plu!! ;)
