Jeux d'enfants
Auteurs : Yerno et Charlie
Disclaimer: Vous croyez sérieusement qu'à partir du quatrième chapitre tout allait nous appartenir d'un seul coup? Z'êtes bien naïfs... Rien n'est à nous!
Merci à vous tous pour tous les commentaires que nous avons reçus (comment ça on se répéte?!?). Ce chapitre étant le dernier, nous espérons que vous aurez pris autant plaisir à lire cette fic que nous en avons eu à la créer ;)
P'tit mot de Charlie: Comme vous le savez, je suis à l'origine de cette fic... se la pète Sérieusement, je tenais à dire que cette fic était ma façon de rendre hommage à toutes ces familles dont les enfants ont disparus, ont été violés, tués, ou qui restent encore dans l'incertitude. Leur attitude est souvent très courageuse, et par cette humble fic je leur apporte tout mon soutien. Donc pour ceux qui pensaient que c'était "une drôle d'idée", je leur répondrais que c'est juste la réalité, c'est horrible mais c'est ainsi. (Comment casser le moral...). Bref, c'était le pourquoi du comment de cette fic...
Bonne Lecture quand même...
Samedi 27 avril 2002
18 heures 15.
Je regardai son visage... Luka avait tellement changé. Il
n'était plus l'homme charmant qu'il m'avait séduite lorsque je l'avais rencontré
: il était l'assassin de mes filles. Il ne l'avait peut-être pas fait exprès,
mais il les avait tuées, et à présent, il se maintenait debout devant moi, prêt
à se tirer une balle en pleine tête. Je l'aurais presque poussé à tirer si ma
conscience ne m'avait pas arrêtée alors qu'un accès de haine s'emparait de moi.
Je fixai ses yeux et lui dis :
" Tu es trop lâche pour affronter ta
conscience ? "
Il me fixa à son tour. Il avait l'air surpris que je puisse
lui dire une telle chose alors qu'il était au bord du suicide.
" Je... je ne
peux plus supporter ça, me dit-il. Les petites sont mortes à cause de moi...
-En effet, répondis-je. Et comme je l'ai dit, tu es trop lâche pour
affronter ta conscience... "
Ses yeux commencèrent à briller, et une larme
roula contre sa joue. Je fis un pas en avant, puis un autre, puis encore un
autre jusqu'à ce que je ne me retrouve plus qu'à un mètre de lui. J'avançai
encore un peu, j'étais à présent si proche de lui que je pouvais sentir sa
respiration contre mon visage. Il parlait avec difficulté et se sentait
visiblement très mal.
" Si je meurs, prononça-t-il entre deux sanglots, ça
compensera peut-être partiellement le mal que je t'ai fait... Je voulais juste
les revoir... "
Cette phrase me mit hors de moi : qu'est-ce qu'il espérait ?
Que croyait-il ? Que sa vie valait autant que celle de mes deux petites à mes
yeux ? Mais je fis mon possible pour que ma colère n'explose pas. Au fond de la
pièce, je voyais Doug, qui, lui aussi, se retenait le plus possible, les poings
serrés.
" Ca ne changera pas le cours de l'histoire, murmurai-je à l'oreille
du docteur Kovac. Alors donne-moi cette arme... Elle te fera du mal et ne
ramènera pas mes filles à la vie. S'il te plaît, Luka... "
Je vis son doigt
desserrer la détente, son bras s'affaiblir et se laisser tomber contre son
corps. Doucement, j'approchai ma main de la sienne, l'effleurant, toujours très
légèrement, de peur de déclencher en lui un nouvel accès suicidaire. J'eus un
frisson en posant mes doigts sur sa peau : j'avais laissé cet homme vile et
destructeur me prendre dans ses bras, me toucher. Je ne pouvais plus le
supporter, et son visage me donnait envie de vomir. Mais il fallait que je me
calme, afin de garder le contrôle de la situation. Garder mon sang froid, garder
mon sang froid. Je ne cessais de me répéter cette phrase, mais plus les secondes
passaient, plus j'approchais de la crise de nerfs. Je pris l'arme doucement
entre mes doigts, me précipitai ensuite dans la cuisine pour la poser le plus
loin possible du croate. Lorsque je revins dans la pièce, je vis Doug courir
vers Luka, se jeter sur lui et le frapper.
" Espèce de sale connard, lui
hurlai-t-il à la figure, comment t'as pu faire ça ? Salopard ! Je te hais ! Je
t'interdis de t'approcher de moi ou de Carol ! T'entends ça, sale enfoiré ? !
"
Je m'approchai d'eux. Luka ne semblait même plus avoir la force de se
défendre. Doug laissait son poing atteindre le visage de son ennemi, tandis que
je faisais ce que je pouvais pour les séparer :
" Doug ? Qu'est-ce que tu
fais ? Ca ne changera rien... Je t'en supplie Doug ! Arrête ! "
Mais il
continuait, il s'obstinait à laisser toute sa haine exploser, à le frapper de
toute sa force. Et c'était d'autant plus difficile pour moi de l'arrêter que
j'avais envie, au contraire, de l'inciter. Mais il ne le fallait pas. Vu l'état
de Doug à ce moment-là, il était prêt à tuer Luka. Je me plaçai derrière mon
mari et fis mon possible pour lui faire lâcher sa proie.
Dimanche 28 avril 2002
10 heures.
Ce matin-là, je me réveillai après une longue nuit de sommeil
toute seule : Doug n'était pas à côté de moi. Je l'appelai, mais il ne répondit
pas. Je me levai lentement, enfilai une robe de chambre et allai voir un peu
partout dans la maison pour voir où il pouvait bien être. J'aperçus alors sa
silhouette à travers la fenêtre du salon. Il était assis dans une barque, le dos
tourné. Je sortis de la maison, une douce brise me caressa le visage. Je
m'approchai de lui et constatai que ses yeux étaient fermés.
" Qu'est-ce que
tu fais ? lui demandai-je. "
Au moment où il ouvrit ses doux yeux, des larmes
commencèrent à rouler sur ses joues.
" On se dit toujours que ce genre de
trucs n'arrive qu'aux autres, me dit-il la voix tremblante. On se dit toujours
que nos enfants sont en sécurité avec nous, on croit que de toute façon, rien ne
pourra leur faire de mal... On ne soupçonnerait pas la moindre personne de notre
entourage les kidnapper et les tuer. Qui plus est si cette personne a été
proche. Vous avez été proche, avec ce Kovac... Tu ne l'as jamais soupçonné.
Jamais tu n'aurais pu imaginer qu'il aurait été capable de commettre un tel
acte. Et pourtant... La vie nous réserve parfois d'abominables surprises... - il
s'interrompit quelques secondes, me regarda avec des yeux pleins de larmes, puis
détourna le regard peu avant de reprendre la parole - ... je n'aurais jamais cru
que quelqu'un en qui tu avais confiance puisse faire ça. Je suppose que la
surprise a été de taille pour toi aussi. "
Je ne savais pas quoi dire.
C'était la première fois que je voyais Doug aussi malheureux. D'habitude, il
était plutôt du genre à cacher ses coups de déprime, car, comme tout homme, il
était plutôt fier, et l'idée de pleurer, surtout devant une femme, qui plus est
s'il y était particulièrement attaché et s'il cherchait à la séduire, le
répugnait. Mais il avait complètement laissé sa fierté de côté et pleurait,
ainsi, devant moi. J'étais tellement troublée par cette tristesse si soudaine
que je demeurais incapable de réagir. Je restais ainsi près de lui, apparemment
stoïque.
" Doug, commençai-je, je... "
Je m'étais interrompue, je ne
savais même pas ce que j'allais lui dire. L'inspiration ne venait pas. Je voulus
parler pour lui dire ces paroles réconfortantes qu'il semblait attendre, mais
aucun son ne paraissait vouloir sortir de ma bouche. Je m'approchai donc de lui
et déposai un doux baiser sur ses lèvres... Je n'arrivais pas à envisager
pouvoir faire autre chose.
" Je n'arrive pas à y croire, me dit-il en
étouffant un sanglot, Carol...
-Je sais, répliquai-je, moi non plus... Moi
non plus, je n'en reviens pas... Luka semblait si gentil, jamais je ne l'aurais
cru capable de commettre un tel crime... Et dire que si je t'avais rejoint dès
le début à Seattle, je n'aurais jamais rencontré Luka, il n'aurait jamais fait
ça...
-Arrête de te faire du mal ! Tu sais aussi bien que moi que tu n'y es
pour rien. Comment pouvais-tu deviner qu'un tel drame arriverait ?
-Je sais,
mais quand on perd quelqu'un de très cher, c'est tellement dur de ne pas
envisager d'autres possibilités...
-Tu sais ce qu'on dit, à propos des " si
"... "
Il essuya une larme qui commençait à couler sur mon visage et
m'embrassa tendrement.
19 heures.
J'étais en train de regarder la télévision lorsque Doug vint me
rejoindre. Il prit place à côté de moi, la tête baissée, il semblait tourmenté,
ce qui ne m'étonnait pas vraiment étant donné les pressions que nous avions subi
ces derniers jours. Il tourna la tête et me regarda. Son visage paraissait
torturé, comme s'il allait m'annoncer une terrible nouvelle.
" Qu'y a-t-il ?
lui demandai-je. "
Il baissa de nouveau la tête, l'air désolé.
"
L'inspecteur Jackson vient de m'appeler, me répondit-il. Il s'est passé quelque
chose aujourd'hui... "
Non, ce n'était pas possible. Pas encore une mauvaise
nouvelle. Je n'avais plus la force d'accuser un nouveau coup. Je me sentais
vaciller au fur et à mesure que Doug baissait la tête, il semblait se sentir
extrêmement mal à l'aise, et à vrai dire, je m'attendais au pire, à ce
moment.
" Que s'est-il passé Doug ? Je t'en supplie, toute cette attente...
Je ne peux plus supporter...
-Je... C'est... C'est trop dur... "
Il était
dans le même état de délabrement mental que moi. Il ne supportait plus rien à ce
qui se passait, les filles lui manquaient terriblement, et toutes ces horreurs
que nous avions subies n'avaient apparemment pas encore pris fin.
"
L'inspecteur Jackson m'a informé de... reprit-il après encore quelques secondes
d'attente. Enfin... Luka s'est pendu aujourd'hui, alors qu'ils allaient le
chercher pour l'interroger une nouvelle fois, devant le juge d'instruction.
"
C'était comme si le ciel me tombait sur la tête, à ce moment. Je
m'effondrai sur les genoux de mon mari en pleurant toutes les larmes de mon
corps. En fait, je ne savais pas si je pleurais par tristesse pour la mort d'un
homme que j'avais vraiment affectionné, ou bien par soulagement, car le procès
n'aurait pas lieu et ainsi, je n'aurais pas à ressasser encore une fois le
moment où j'ai découvert que les filles n'étaient plus dans leur chambre. Je
pleurais parce que j'en avais besoin, parce qu'il fallait que tout cela sorte,
que toutes ces pressions cessent, je n'en pouvais plus, je voulais hurler, mais
plus aucun son ne sortait de ma gorge, j'étais triste et soulagée d'un poids à
la fois. J'étais dans le doute, je ne savais pas si j'allais réussir à en sortir
un jour. Luka était mort. Il n'y avait plus rien à dire.
Lundi 3 juin 2002
Une tombe fleurie et gardée soigneusement en état se dressait
sous les yeux de l'infirmière Carol Hathaway et de l'homme qu'elle aimait, le
médecin, pédiatre, Doug Ross. Tous deux avaient les larmes aux yeux. Ils se
regardèrent, échangèrent un baiser, puis déposèrent leurs lèvres sur leurs mains
respectives, qu'ils posèrent ensuite sur la tombe. Ils s'en allèrent ensuite
lentement sur le chemin parsemé de gravillons. Sur la pierre tombale, qui était
faite d'une pierre élégante, dans des tons gris, on pouvait voir deux photos de
deux bébés qui se ressemblaient. Quelques messages étaient inscrits, par-ci,
par-là. Un poème était gravé dans la pierre :
Elles sont parties comme
elles sont venues,
Elles nous manqueront, c'est certain,
A tout jamais,
nous les avons perdues,
Et ce que nous ressentons n'a rien
d'anodin.
Adieu, nos petites adorées,
Nous nous réfugierons dans le
malheur
Tandis que votre souvenir restera gravé,
Pour l'éternité, dans nos
cœurs...
Juste au-dessus de ce court poème, étaient inscrits deux noms :
Kate & Tess Ross.
FIN
PS: Merci de nous avoir suivis jusqu'au bout !
