Titre : La couleur de tes yeux

Auteur : Gaëlle

Genre : POV - angst

Source : Saint Seya

Blabla d'auteur : J'aime bien les 'tits chevaliers mais je n'aime pas leur pouvoir… pas dans le contexte dans lequel je veux les faire agir, en tout cas… Donc, comme je suis seule maîtresse à bord, considérez que les chevaliers au retour de toutes leurs batailles ne possèdent plus leur cosmos. Qui a dit c'est habituel dans mes fics ? Mauvaises langues, va ! Z'avez bien raison ! ^-^

Côté disclaimer : le blabla habituel : Les chevaliers ne m'appartiennent pas, ce sont les bébés de papa Kurumada (j'ai failli écrire papa Hervé, comme quoi le conditionnement… le premier qui m'apporte une gamelle en agitant une clochette, hein ! -_-). Bref les choupis ne sont pas à moi et c'est bien malheureux… On disait que je possédais Mu et Seya et on me laisse rêver, meeerciiiii ! ^-^

Bon j'arrête la mon petit délire et je commence la fic ! Bonne lecture !

La couleur de tes yeux

II

(Mu)

Infirme...

Je n'aurais jamais cru être un jour être réduit à dépendre totalement des autres...

Lorsque je me suis réveillé, il y a presque six mois dans un lit d'hôpital, j'ai d'abord cru que c'était la fatigue qui m'empêchait de bouger...

Mais j'ai rapidement déchanté.

Colonne vertébrale endommagée...

J'ai eu de la chance de survivre au choc paraît-il...

Je n'en suis pas si sûr...

Sans Aldébaran...

Il est resté à mon chevet, à mes côtés...

Il ne m'a pas quitté... m'a empêché de sombrer totalement dans la dépression... a supporté mes crises de larmes et d'auto-apitoiement.

Je n'en suis pas particulièrement fier...

Totalement immobilisé, je pouvais à peine bouger la tête...

Moi qui était l'un des plus puissants chevaliers d'Athéna, j'en étais réduit à accepter la becquée...

Je n'ai jamais été particulièrement vaniteux, ni orgueilleux mais je ne me suis jamais senti aussi humilié de toute ma vie...

C'est Aldébaran qui s'en est chargé, mettant amis et infirmières dehors pendant les moments les plus embarrassants, qui s'est occupé de me nourrir et... de me laver.

Je crois n'avoir jamais autant rougi de ma vie.

Je crois aussi que je n'ai jamais été aussi heureux de l'avoir pour ami.

Puis, il y a eu la rééducation...

Après quatre mois de coma, mes muscles avaient fondu, il n'en restait rien... ou presque

Mais à l'idée de remarcher à nouveau, je me sentais capable de tout.

A nouveau, il a bien fallu que je déchante...

Si je pouvais à nouveau bouger un peu mes bras et mon torse, ma moelle épinière avait été irrémédiablement endommagée.

Et mes jambes restaient toujours immobiles, sans vie.

Je n'ai pas pleuré.

J'ai simplement annoncé à Aldébaran que je voulais sortir de cet hôpital.

Il n'a pas protesté.

Je crois qu'il comprenait...

Le soir même, il m'emmenait.

Le voyage reste flou dans ma mémoire tout ce dont je me souviens est la présence solide de mon ami à mes côtés et la voix de Dokho comme on me posait sur un matelas.

Je pense m'être endormi immédiatement.

Je me réveille au bruit d'une chute et de celui des roues de ma chaise roulante.

Je tourne la tête et ne peux m'empêcher de sourire – amusé malgré moi.

Quelqu'un s'est pris les pieds dans ma chaise roulante et de débat pour s'en sortir, les fesses en l'air et les mains tâtonnant...

Je reconnais cette tête brune.

" Seya ? "

Mon cœur se serre lorsque je vois ses yeux vides se relever, fixés sur le vide, tandis que sa tête se tourne avec hésitation dans ma direction.

Je ne suis donc pas le seul à...

" Mu ? "

" Oui... Je suis là. "

Je force sur ma voix pour en sortir autre chose qu'un murmure... Même après avoir dormi, je me sens toujours épuisé.

" Je ne peux pas... "

" Je sais... fais un pas vers la gauche et avance tout droit. "

Il reste pensif un moment avant d'obtempérer et je lève la main pour effleurer la sienne lorsqu'il arrive à portée. Il tâtonne un moment avant de s'asseoir sur le lit.

J'essaye de lui faire un peu de place mais comme d'habitude ma partie inférieure ne collabore pas.

" Bonjour Seya... Tu me pardonneras si je ne me lève pas. "

Je grimace devant l'amertume de mes propos et jette un coup d'œil un peu coupable vers mon cadet.

Il se contente de serrer ma main qu'il n'avait pas lâchée.

" On m'a parlé d'un autre chevalier qui… avait aussi des problèmes... Je ne savait pas que c'était toi. "

Je ne peux m'empêcher de sourire et de presser doucement sa main en retour.

Sa voix est hésitante, ça ne cadre pas avec le Seya que je connais...

Ca nous a changé tout les deux...

La porte s'ouvre soudain nous arrachant à nos pensées respectives. Shiryu entre, suivi d'aldébaran.

" Seya ! "

Il sursaute, manque tomber de son coin de lit et tourne la tête vers la voix du dragon.

Ce dernier semble soudain hésiter, ferme les yeux avant d'avancer doucement et de l'aider à se lever.

" Désolé... Je ne voulais pas te faire peur... Je venais voir si tu t'étais réveillé et tu n'étais plus dans ton lit... Tu as faim ? "

Un gargouillement bien peu gracieux s'échappe du ventre du petit pégase, détendant l'atmosphère.

" Beeen... "

" Viens, ventre sur pattes, le repas est prêt ! "

" M'appelle pas comme çà ! "

Ils sortent main dans la main, Shiryu guidant son compagnon...

Shiryu sait ce que signifie être aveugle… il agit envers Seya avec naturel, ne le prend pas par le bras pour le guider ostensiblement…

L'ombre de mon ami tombant sur moi me fait lever les yeux.

" Comment te sens-tu ? Un peu mieux ? "

Je souris.

Il a tant fait pour moi et je voudrais tellement le remercier…

Mais à chaque fois que j'ai tenter d'exprimer ma gratitude, il l'a évacuée d'un haussement d'épaule et d'un bougonnement sur le fait que c'était naturel et que j'aurais fait la même chose à sa place.

" Oui… Juste un peu poisseux… "

J'ai transpiré et mes vêtements collent à la peau, l'irritant.

Assez désagréable…

" Tu veux te laver ? "

Je me contente de le fixer avec espoir en hochant de la tête.

" Ils n'ont pas encore de salle de bain, dans cette maison… "

Eeeck !

Comment font-ils pour se laver ?

" Mais il utilisent les sources chaudes… "

Rien que le mot me fait rêver !

" Je suppose que ça te tente ? "

Que oui !

Je me contente de hocher la tête.

Avec un bon sourire, il se penche et me soulève dans ses bras me posant dans ma chaise roulante avant de prendre des vêtements propres, des serviettes et du savon.

Je soupire.

Je n'aime toujours pas dépendre de quelqu'un mais avec Aldébaran… c'est différent.

Je me découvre un caractère plus difficile que je ne le croyais… irritable et presque instable mais, lui, ne se départe pas d'une patience d'ange.

Je souris.

Oui, l'image est la bonne.

Aldébaran est bel et bien mon ange gardien…

Un ange gardien peu conventionnel…

Différent des icônes chrétienne mais qu'importe ?

Rassemblant nos affaires dans un sac, il le jette sur son dos et me soulève comme il le ferait d'un enfant et laisse la chaise là.

Il sait comme je la déteste.

Comme elle représente mon impuissance.

Nous n'en aurons pas besoin, il peut la laisser derrière.

Je l'entend lancer à Dokho quelques mots auxquels je ne prête pas attention.

J'ignore pourquoi mais me concentrer m'est difficile.

Il paraît que c'est à cause du coma, que j'ai besoin de récupérer…

Ironique.

J'ai 'dormi' pendant près de quatre mois mais il me faut me reposer encore…

Je ne cherche plus la logique et me laisse bercer par ses enjambées régulières, ma tête roule contre son épaule et nous cheminons silencieusement jusqu'aux sources que je vois bientôt fumer doucement.

Toujours, sans un mot, il m'assied contre un rocher et prépare nos draps qu'il pose au sec, prêts à l'emploi.

Pendant ce temps, je m'attache à retirer ma chemise.

Mes doigts restent gourds.

Il paraît que ça devrait s'arranger…

Je l'espère.

Je l'entend se débarrasser de ses vêtements avant de voir ses mains entrer dans mon champ de vision.

Il me redresse légèrement avant de m'aider à retirer mon haut. Il s'attaque ensuite à mon pantalon.

Il a réussi à faire cette scène devenir si naturelle que je n'en éprouve plus aucune gène.

Combien de fois ne m'a-t-il pas lavé… Changé.

Dans les bains, il se mettait nu aussi… que je ne sois pas totalement en situation d'infériorité…

Il me soulève à nouveau et nous entrons dans la source.

Que c'est bon…

Il s'assied et me cale contre son torse, entre ses jambes.

Je ne suis plus gêné par la sensation de son sexe dans mon dos et les poils de sa poitrine forment un confortable tapis.

Il me passe le savon et je chipote un instant avec, la sale bête ne cessant d'échapper à mes doigts gourds.

Je me lave le torse et les bras avant de m'amuser à faire de même avec les siens.

Je le sens rire doucement derrière moi avant qu'il ne me soulève à nouveau pour le laver plus intimement.

Je ne peux m'empêcher de rougir.

C'est l'instant qui nous embarrasse toujours un peu…

Comme pour se faire pardonner, il me réinstalle contre lui avant de me masser gentiment le cuir chevelu.

Les yeux fermés, je le laisse faire et profite pleinement du moment.

Sa main dans le dos me soutenant, il me penche en arrière, rinçant mes longues mèches.

Je m'abandonne…

Il pourrait me noyer sans difficulté…

Mais j'ai confiance en lui.

Nous avons toujours été proches, toujours amis…

Depuis le premier jour où nous nous sommes rencontrés.

Et même lors de mon exil, nous avons continué à nous voir malgré l'interdiction du Grand Pope…

Je n'ai pas assez d'ami que je ne veuille en perdre un…

Bien trop tôt, nous sortons de la source et je grelotte misérablement contre lui tandis qu'il m'enveloppe dans une serviette, emprisonne mes cheveux dans une autre et me frictionne vigoureusement.

Il m'habille d'un tour de main, né de l'habitude avant de se sécher rapidement et de se vêtir.

Il revient à mes côtés et fait subir le même sort à mes cheveux qui crissent bientôt le long de mon dos avant de me soulever et de reprendre le chemin du retour.

" Tu te sens mieux ? "

J'acquiesce, les yeux mi-clos.

" Oui, merci… "

Il évacue le dernier mot d'un haussement d'épaule bourru.

" Tu n'as pas faim ? "

Changement de sujet foireux ?

Absolument !

Je ne peux m'empêcher de sourire tout en hochant la tête.

Je n'ai pas d'appétit mais si je ne mange pas, je vais l'inquiéter…

" Un peu. "

A suivre